Acteur de théâtre de formation, il est révélé dans son pays et à l'international par le cinéma de la Nouvelle Vague en 1960 dansA bout de souffle[1],[2]. Il enchaîne alors les premiers rôles dans des productions franco-italiennes notammentLa Paysanne aux pieds nus (1960),Léon Morin (1961),L'Homme de Rio (1964). Son jeu d'acteur à travers sa gouaille, son empathie et sescascades en font rapidement un héros du cinéma français et italien.
Il est producteur avecCerito films de 1971 à 1988[3]. En 1987, il effectue son retour authéâtre dansKean. Il acquiert par la suite lethéâtre des Variétés. Il y joue notamment dansLa Puce à l'oreille. En 2001, unaccident de santé le contraint à se retirer du cinéma et des planches, si on excepte le filmUn homme et son chien sorti en 2008.
Il a reçu plusieus récompenses notamment unePalme d'or d'honneur et un Lion d'or pour la carrière.
Jean Paul Charles Belmondo[4],[5],[6] naît àNeuilly-sur-Seine. Ses parents sontPaul Belmondo (1898-1982),sculpteur français de renom d'originepiémontaise etsicilienne, né àSidi M'Hamed (ex-Mustapha, devenu en 1904 un quartier d'Alger), et de Madeleine Rainaud-Richard (1901-1997), une artiste-peintre qui a rencontré son futur mari sur le banc de l'École nationale supérieure des beaux-arts[GD 1] de Paris. Il a un frère ainéAlain (1931-2025) producteur de cinéma[7], et une soeur cadette Muriel (1945-) qui fit une brève carrière d’actrice dans quelques films de son frère[8].
Jean-Paul Belmondo vit ses premières années à lavilla Saint-Jacques à Paris, puis en 1938, sa famille emménage au4,rue Victor-Considérant, car son père a son atelier dans d'anciennes écuries au77,avenue Denfert-Rochereau[9]. Jeune homme, il a longtemps occupé un deux-pièces dans le même immeuble[10]. Durant l'enfance de Jean-Paul Belmondo, la famille connaît quelques privations, Paul Belmondo ayant du mal à vivre de son art pendant laSeconde Guerre mondiale et l'occupation allemande[GD 2].
Inscrit dans les meilleures écoles de la bourgeoisie parisienne (école paroissiale de larue Henri-Barbusse,École alsacienne, d'où il est rapidement renvoyé[11],école Pascal, lycéesLouis-le-Grand,Henri-IV etMontaigne)[GD 3], Jean-Paul Belmondo, peu enclin aux études, est un élève indiscipliné. Il découvre très jeune le plaisir du sport, le cyclisme, le football (au lycée, il est gardien de but), puis la boxe, qu'il va longtemps pratiquer en amateur, et brièvement en professionnel durant son adolescence avec quatre victoires, quatre défaites et un match nul pour l'Avia Club Boxe d'Issy-les-Moulineaux[12],[13]. De cette passion pour la boxe il déclare :« À 15 ans, après avoir écouté à la radio la victoire deMarcel Cerdan surTony Zale, je n’avais qu’une idée : faire de la boxe. Mais, pour boxer, il faut avoir faim et avoir la haine. Ce n’était pas mon cas »[14]. En 1948, il admireLes Femmes savantes dans une nouvelle présentation qui marquait les débuts deDenise Gence dans la Maison deMolière. À seize ans, il est atteint d'une primo-infection de latuberculose et ses parents l'envoient dans leCantal àAllanche. Dans le calme et l'air vivifiant, le jeune homme décide de devenir comédien[GD 4].
De retour d'Auvergne, malgré un avis défavorable dusociétaire de la Comédie-FrançaiseAndré Brunot[15], il suit les cours deRaymond Girard et débute au théâtre en 1950 en interprétantLa Belle au Bois Dormant dans les hôpitaux de la ville deParis[GD 5]. Pendant six mois, Raymond Girard va l'aider à préparer le concours duConservatoire national supérieur d'art dramatique, où il est recalé, mais admis en tant qu'auditeur libre en 1951. En, il repasse l'examen d'entrée mais échoue de nouveau. C'est seulement en qu'il est enfin admis.Pierre Dux dont il est l'élève déclare un jour,« qu'avec la tête qu'il a, il ne pourrait jamais prendre une femme dans ses bras, car cela ne serait pas crédible »[16]. Ce professeur du Conservatoire lui prédit un abonnement auxseconds rôles[GD 6]. Jean-Paul Belmondo y reste quatre ans et y rencontre notamment la « bande du Conservatoire » : il se lie d'amitié avecJean Rochefort,Jean-Pierre Marielle,Bruno Cremer,Pierre Vernier etMichel Beaune. Il participe également à des spectacles théâtraux sous la direction deMichel Galabru[GD 7]. AvecGuy Bedos, il se livre sur la place du village ou aux terrasses de café à des numéros de cabaret en jouant des sketchs dePierre Dac etFrancis Blanche[GD 8]. En 1953, il fait la connaissance d'Élodie Constant, danseuse sous le nom de « Renée Constant », qui devient sa compagne. Le couple mène une vie« de bohème », ce qui n'empêche pas les deux jeunes gens d'avoir une fille, Patricia, née le 3 septembre de la même année (morte le 31 octobre 1993, à40 ans, dans un incendie)[GD 9].
Les professeurs de Jean-Paul Belmondo continuent de ne pas tenir son talent en haute estime. En 1956, lors du concours de sortie du Conservatoire, il interprète une scène de la pièceAmour et Piano deGeorges Feydeau : le public l'acclame, mais le jury présidé parMarcel Achard lui fait payer sa désinvolture et lui décerne un simple accessit[17], lui interdisant ainsi l'entrée à laComédie-Française. Les camarades de Belmondo le portent en triomphe pour le soutenir, tandis qu'il adresse unbras d'honneur aux jurés[GD 10]. L'acteur et enseignant au ConservatoireHenri Rollan lui dit alors :« Le professeur ne t'approuve pas, mais l'homme te dit bravo »[18].
En 1953, Jean-Paul Belmondo fait ses vrais débuts sur les planches dans deux pièces auThéâtre de l'Atelier,Médée deJean Anouilh etZamore deGeorges Neveux dans des mises en scène d'André Barsacq. Le jeune acteur se réjouit de jouer dans une pièce d'Anouilh, pour laquelle il est par ailleurs crédité sous le nom de Jean-Paul Belmondo : mais la tragédie s'avère un échec public, ce qui conduira Belmondo à déclarer« Médée est le premier bide de Jean Anouilh, et je joue dedans[GD 11] ! »
En 1956, Belmondo joue dans le filmLes Copains du dimanche, une commande de laCGT qui met en scène un groupe de jeunes aviateurs. Il y croise plusieurs jeunes vedettes en devenir dont le jeuneMichel Piccoli. Mais le film n'aura pas de sortie nationale sous la pression du syndicat des producteurs et ne sera montré que de façon confidentielle au printemps1957 àParis[19], puis les années suivantes gratuitement dans différentscomités d'entreprise. Déçu du sort réservé au film, d'autant plus qu'il était convenu qu'il ne serait payé qu'au pourcentage des recettes en salles, il retourne sur les planches, où il interprète des pièces deFeydeau et deGeorge Bernard Shaw[GD 12]. Sa carrière cinématographique débute vraiment avec un petit rôle, dansSois belle et tais-toi, réalisé en 1958 parMarc Allégret : Belmondo y croiseAlain Delon, également débutant[GD 13]. La même année, il est envisagé pour tenir l'un des rôles principaux du filmLes Tricheurs après queMarcel Carné l'a remarqué dansLes Copains du dimanche[20]. Carné hésite cependant entre lui etLaurent Terzieff pour le rôle du protagoniste. Après une longue indécision, Carné finit par choisir Terzieff, qu'il juge plus crédible pour un rôle d'intellectuel : il embauche cependant Belmondo pour tenir le rôle de l'un des acolytes du personnage de Terzieff, ce qui permet au jeune comédien d'apparaître régulièrement tout au long du film, et d'améliorer sa situation financière en touchant un bon cachet[21].
Belmondo retrouve ensuite Marc Allégret pour les besoins du filmUn drôle de dimanche, avecBourvil etDanielle Darrieux.Jean-Luc Godard, alors critique auxCahiers du cinéma, juge le film exécrable, mais loue le talent de Belmondo en qui il voit« leMichel Simon et leJules Berry de demain ». Belmondo ne cache pas l'influence deJules Berry dans son attitude et son jeu d'acteur[22]. Godard l'embauche ensuite pour jouer dans soncourt métrageCharlotte et son jules : Belmondo inaugure ainsi une période de collaboration au mouvement dit de laNouvelle Vague[GD 14]. Toujours en 1958, Belmondo est rappelé sous les drapeaux pour servir lors de laguerre d'Algérie, ce qui l'oblige à abandonner les représentations d'Oscar et l'empêche de post-synchroniserCharlotte et son jules, qui sort avec la voix de Godard[23]. Une fois démobilisé, il revient en France métropolitaine et se remet en quête de rôles, tout en décidant de se marier[GD 15].
Belmondo tient l'année suivante son premier rôle important dansÀ double tour, deClaude Chabrol. Le film connaîtra une carrière commerciale moyenne. Belmondo enchaîne avec un autre film de la Nouvelle Vague,À bout de souffle, de Jean-Luc Godard, qu'il considère comme moins important que celui de Chabrol[GD 16]. Enthousiasmé par les conditions de travail avec Godard - les dialogues sont quelquefois improvisés[GD 17] -, il tourne ensuiteClasse tous risques, film policier réalisé parClaude Sautet, dont il partage la vedette avecLino Ventura.
Avant même la sortie des films de Godard et Sautet, Belmondo achève la décennie en interprétant le rôle ded'Artagnan dansLes Trois Mousquetaires, dramatique télévisée réalisée parClaude Barma, tournée et diffusée en direct pour Noël 1959. Bien qu'en retirant un surcroît de notoriété, il n'apprécie guère ce premier tournage télévisuel, du fait des cadences imposées aux comédiens par les conditions du direct[GD 18].
En 1960, il est révélé aux côtés de l'actrice Jean Seberg dansÀ bout de souffle. Le film est un succès critique et commercial, s'imposant comme l'un des films-phares de la Nouvelle Vague. Quant à Jean-Paul Belmondo, il a enfin surmonté les réticences que les tournages de cinéma lui inspiraient en tant que jeune acteur de théâtre. Le mois suivant sortClasse tous risques : si le film de Sautet, sorti peu après celui de Godard, est éclipsé par ce dernier, il bénéficiera ensuite de multiples rediffusions télévisées[GD 19]. Très actif au cours des années 1960, durant lesquelles il tourne 34 films[24], Jean-Paul Belmondo devient une figure de premier plan du cinéma français, et s'affirme rapidement comme un interprète aux multiples facettes, capable de tenir des rôles variés sous la direction des plus grands réalisateurs : il se distingue également comme un acteur très physique, appréciant de tourner sans doublure des scènes mouvementées.
Jean-Paul Belmondo sur le tarmac d'un aéroport en 1964 pendant la promotion de L'Homme de Rio
Puis, il joue dansUn singe en hiver réalisé parHenri Verneuil d'aprèsle roman d'Antoine Blondin, et dont il partage l'affiche avecJean Gabin. Très impressionné à l'idée de côtoyer Gabin, Belmondo s'entend finalement à merveille avec son partenaire après avoir eu des moments où Gabin boudait sans parler ni même lui adresser la parole. La fraternité tardive (ils ne se parlaient guère au début du tournage) entre les deux acteurs se retrouve chez les personnages du film, le dialogue deMichel Audiard faisant dire à Gabin, à l'adresse de Belmondo :« Môme, t'es mes vingt ans[GD 23] ! » Si le film obtient un succès commercial inférieur à celui escompté, il est apprécié de Blondin, et Audiard le considère à l'époque comme sa plus belle réussite[25].Un singe en hiver montre en outre un Belmondo capable de tenir tête à l'écran à un grand comédien de la génération précédente. Après plusieurs autres films — parmi lesquelsL'Aîné des Ferchaux de Jean-Pierre Melville, d'aprèsGeorges Simenon — il retrouvePhilippe de Broca pour les besoins deL'Homme de Rio, film d'aventures au rythme endiablé qui lui convient très bien, dont il partage la vedette avecFrançoise Dorléac (sœur deCatherine Deneuve). Sorti en,L'Homme de Rio est pour Belmondo un nouveau triomphe commercial, approchant les cinq millions d'entrées en France. Ce mariage d'humour et d'action allie de surcroît succès critique et public[26]. Le, Jean-Paul Belmondo est par ailleurs élu secrétaire général duSyndicat français des acteurs[GD 24].
Jean-Paul Belmondo et Anna Karina dans Pierrot le Fou
Les succès s'enchaînent, allant du film d'aventures (Cent mille dollars au soleil, d'Henri Verneuil) au film dramatique (Week-end à Zuydcoote aux côtés de l'actrice Catherine Spaak, du même réalisateur). Il retrouve ensuitePhilippe de Broca pourLes Tribulations d'un Chinois en Chine, comédie d'aventures à grand spectacle : sur le tournage, il rencontre et tombe amoureux de sa partenaireUrsula Andress ; son épouse demandera le divorce l'année suivante[GD 25] et la presse internationale rend abondamment compte de la liaison entre les deux acteurs[27] ; ils vivent alors dans une maison située sur l'île des Corbeaux, le long de laMarne[28]. Puis il joue aux côtés d'Anna Karina dansPierrot le Fou (1965), qui marque l'apogée de sa collaboration avec Jean-Luc Godard, et remporte un succès à la fois critique et public[GD 26]. Jean-Paul Belmondo envisage à l'époque, poussé par Ursula Andress, de tenter l'aventure ducinéma américain, ils y vivent pendant 6 mois, mais y renonce finalement, ne se sentant pas à l'aise à Hollywood[GD 27]. Il alterne les œuvres de pur divertissement, commeLe Cerveau, deGérard Oury, et les films plus sombres commeLa Sirène du Mississipi, deFrançois Truffaut : ce dernier film, sorti en, est médiocrement accueilli par un public sans doute déçu de ne pas retrouver l'image de héros positif et désinvolte qui a tant fait pour le succès de l'acteur au cinéma. Jean-Paul Belmondo achève la décennie en donnant la réplique àAnnie Girardot dansUn homme qui me plaît, film deClaude Lelouch, qui ne rencontre pas son public[GD 28].
Il acquiert le surnom de « Bebel », en lien avec le personnage « Pepel » joué parJean Gabin dans le filmLes Bas-fonds (1936) deJean Renoir. Belmondo considérant que c'était un des plus beaux rôles du cinéma, son amiHubert Deschamps s'amuse à l'affubler de ce surnom[29]. À la suite d'une faute de frappe, Pepel est devenu Bebel, et le surnom est resté[28].
Jean-Paul Belmondo en septembre 1971, peu après la sortie du filmLe Casse.
Jean-Paul Belmondo entame la décennie 1970 avecBorsalino, film policier réalisé parJacques Deray, dans lequel il partage la vedette avec son rival au box-office,Alain Delon. Le film remporte un triomphe commercial, approchant les cinq millions d'entrées. La collaboration Delon-Belmondo est cependant ternie par un procès opposant les deux acteurs à la sortie du film, Delon, producteur du film, ayant contrevenu aux modalités prévues en faisant figurer son nom deux fois sur l'affiche (comme producteur et comme acteur). Belmondo obtient finalement gain de cause[GD 29].
En 1971, l'acteur fonde une maison de production,Cerito Films, dans le but de gérer plus efficacement sa carrière et de s'investir dans ses films de manière plus personnelle[GD 30].
En1974, Belmondo connaît cependant une déception (en tant que producteur et acteur) avecStavisky d'Alain Resnais : si le film, contrairement à ce qui a pu être dit, n'est pas un four commercial, il remporte un succès bien moindre que celui auquel l'acteur est habitué. Belmondo, qui apprécieStavisky, vit de surcroît très mal l'accueil médiocre réservé au film et à son réalisateur lors dufestival de Cannes 1974. Dans les années suivantes, l'acteur préfèrera s'en remettre à des cinéastes plus« commerciaux », ce qui suscite de nombreuses critiques qui le peinent bien qu'il s'en défende[GD 31].Stavisky est souvent considéré comme ayant nettement modifié la carrière de Jean-Paul Belmondo, qui s'oriente désormais presque exclusivement vers le cinéma de divertissement[31].
Le virage commercial de l'acteur est symbolisé par les affiches où son nom seul apparaît en haut, écrit en grosses lettres capitales, toujours avec les mêmescaractères, tel unemarque, à partir dePeur sur la ville.
En1975, Jean-Paul Belmondo remporte un très gros succès avecPeur sur la ville d'Henri Verneuil, dans lequel il exécute des cascades dangereuses et risquées, dont une scène où il apparaît suspendu à un hélicoptère au-dessus du vide. Belmondo retire du tournage quelques blessures, qui ajoutent à sa réputation. Si le succès public est plus que jamais au rendez-vous, son succès critique commence à décroître : il déclarera plus tard,« Pour l'intelligentsia parisienne, j'étais devenu un cascadeur, je ne savais plus jouer la comédie »[GD 32]. Belmondo enchaîne polars, films d'aventures, comédies :L'Incorrigible de Philippe de Broca, dans lequel il s'amuse à camper un« anti-Superman, l'anti-séducteur traditionnel, plutôt un grand gosse plus ou moins honnête »,L'Alpagueur dePhilippe Labro,Le Corps de mon ennemi d'Henri Verneuil,L'Animal deClaude Zidi, où il tient un double rôle. À la même époque, un projet de nouvelle collaboration avecJean-Luc Godard — une adaptation du livreL'Instinct de mort deJacques Mesrine — tourne court, et une polémique par voie de presse oppose ensuite l'acteur et le cinéaste[GD 33].
En 1980, il rencontre une exilée brésilienne de vingt ans, Carlos Sotto Mayor, fille d'un banquier. La relation houleuse avec cette comédienne et chanteuse dure six ans[GD 34].
Entre 1978 et 1983, la carrière de Jean-Paul Belmondo connaît son apogée commercial, chacun des films de l'acteur s'avérant un succès public[GD 35] auquel sa gouaille detiti parisien et sescascades sans doublure ne sont pas étrangères[GD 36]. Il enchaîne trois films réalisés parGeorges Lautner :Flic ou Voyou, qui dépasse, pour la première fois dans la carrière de Belmondo, le million d'entrées sur Paris-périphérie[GD 37],Le Guignolo, dans lequel il réédite sa cascade en hélicoptère, etLe Professionnel, ce dernier film dépassant les cinq millions d'entrées en France. En 1982, il dépasse encore le score duProfessionnel avecL'As des as, réalisé parGérard Oury, qui triomphe commercialement malgré des rapports de plus en plus tendus avec la critique, à laquelle Belmondo n'a pas souhaité montrer le film[GD 38].
L'année suivante,Le Marginal, polar réalisé parJacques Deray, est un nouveau triomphe commercial. Mais en1984,Les Morfalous d'Henri Verneuil, tout en remportant un score très enviable, perd un million de spectateurs par rapport aux précédents succès de Belmondo[GD 39]. Les films de l'acteur font désormais l'objet de critiques sur leur caractère répétitif. Ce trait se ressent en particulier sur la publicité de ses films policiers, de plus en plus centrée sur un Belmondo qui, unique point de mire, affecte sur de nombreuses affiches une pose de justicier, ou de« superflic », immuable[32]. Belmondo décide alors d'infléchir son image en revenant à la comédie pure, dansJoyeuses Pâques, réalisé parGeorges Lautner d'après lapièce de théâtre deJean Poiret. Tout en souhaitant se renouveler au cinéma, Belmondo manifeste également ainsi son envie de remonter sur les planches[GD 40].
En1985, Jean-Paul Belmondo tourneHold-up, comédie policière d'Alexandre Arcady. Sur le tournage de ce film qui dépassera les deux millions d'entrées, il se blesse sérieusement en exécutant une cascade, n'ayant pas voulu être doublé. À cinquante-deux ans, le temps des films d'action semble révolu pour lui[GD 41].
En,Le Solitaire, film policier réalisé parJacques Deray, est un échec commercial selon les critères habituels de Belmondo. C'est en effet la première fois, depuis 1963, qu'un film dont il tient la vedette attire moins d'un million de spectateurs dans les salles. L'acteur déclarera plus tard :« Le Solitaire a été le polar de trop. J'en avais marre et le public aussi[GD 42]. »
La même année,Robert Hossein lui propose de remonter sur scène. Belmondo saisit l'occasion et, près de trente ans après avoir quitté les planches, interprèteKean deJean-Paul Sartre d'aprèsAlexandre Dumas, auThéâtre Marigny, de février à, reprenant ensuite la pièce en septembre pour une prolongation de deux mois et demi. Enthousiasmé par ce succès, Jean-Paul Belmondo se dit ravi d'avoir retrouvé sa vocation d'origine[GD 43].
Il crée le prixPaul-Belmondo qui prime un sculpteur contemporain pour la qualité de son œuvre. En 1989, le lauréat estCyril de La Patellière.
En,Claude Lelouch lui offre le rôle principal d'Itinéraire d'un enfant gâté. Belmondo, ravi d'interpréter un rôle de composition qui lui permet de s'écarter de son image cinématographique habituelle, retrouve avec ce film le succès commercial. Sa prestation lui vaut également d'obtenir leCésar du meilleur acteur, lors de la14e cérémonie des César en 1989. Il avait pourtant précisé, dès l'annonce de sa nomination, ne pas être intéressé par le prix, mais l'Académie passe outre en le lui attribuant. Belmondo n'est pas présent à la cérémonie et ne va pas chercher sa récompense, une manière de rappeler que, comme au début de sa carrière lors du concours d'entrée à la Comédie française, le public est le seul jury qui puisse lui accorder des distinctions. De plus Belmondo n'a jamais pardonné au sculpteurCésar, qui a donné son nom à cette récompense du cinéma, d'avoir vivement critiqué le travail de son pèrePaul Belmondo[33]. Il trouvait de plus les statuettes de César sans intérêt[GD 44].
Jean-Paul Belmondo s'éloigne ensuite du cinéma pour plusieurs années : il retrouveRobert Hossein pour une mise en scène deCyrano de Bergerac d'Edmond Rostand. Le spectacle, joué à partir de (peu avant la sortiedu film tiré de la pièce, interprété parGérard Depardieu), remporte un grand succès — attirant plus de deux cent mille spectateurs — et réalise en une tournée internationale, allant jusqu'auJapon. À son retour de tournée, Belmondo vend àCanal+ sa maison de productionCerito Films et fait l'acquisition duThéâtre des Variétés, dont il assure la direction[GD 45].
Il ne revient à l'écran qu'en 1992, pour les besoins deL'Inconnu dans la maison, réalisé parGeorges Lautner, puis laisse passer trois ans avant de tournerLes Misérables deClaude Lelouch, libre adaptationdu roman deVictor Hugo dont une partie de l'action est transposée au vingtième siècle. Aucun des deux films ne remporte un grand succès public, surtout pour ce qui est du film de Lautner[GD 46]. L'acteur est désormais surtout actif sur les planches, où il est l'interprète de grosses productions théâtrales, commeTailleur pour dames etLa Puce à l'oreille, deGeorges Feydeau, mis en scène parBernard Murat. En 1996, le filmDésiré, réalisé par Bernard Murat d'après la pièce deSacha Guitry, est un échec public, victime notamment d'un circuit de distribution réduit[GD 47].
En,Patrice Leconte met en scène Jean-Paul Belmondo etAlain Delon dansUne chance sur deux, comédie policière jouant ouvertement sur la nostalgie des anciens films du duo deBorsalino (Belmondo y exécute à nouveau, à 65 ans, une cascade accroché à un hélicoptère). Ce film, où les deux vétérans donnent la réplique àVanessa Paradis, obtient finalement un score inférieur à celui escompté, dépassant à peine le million d'entrées[GD 48].
La même année, Jean-Paul Belmondo interprète sur scèneFrédérick ou le boulevard du crime, d'Éric-Emmanuel Schmitt. Il donne également son accord àCédric Klapisch pour interpréter, aux côtés deRomain Duris, l'un des rôles principaux dePeut-être. Si cette fable de science-fiction ne remporte qu'un succès d'estime, Belmondo apprécie l'expérience du tournage. Fin, Jean-Paul Belmondo est hospitalisé àBrest à l’hôpital de La Cavale blanche, après avoir subi un malaise pendant une représentation de la tournée deFrederick ou le Boulevard du Crime[GD 49]. Il doit ensuite observer un strict repos. À partir de, Jean-Paul Belmondo ne monte plus sur les planches.
Il retrouve en 2008, après sept ans d'absence, les plateaux de cinéma pour tourner, sous la direction deFrancis Huster,Un homme et son chien. Ce remake deUmberto D. deVittorio De Sica est un drame dans lequel il incarne un homme qui se retrouve du jour au lendemain à la rue. Le film ne rencontre pas un succès public[34].
En 2011, lors dufestival de Cannes, il reçoit unePalme d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Il apparaît au festival accompagné de Barbara Gandolfi. Un documentaire lui est consacré à cette occasion,Belmondo, itinéraire....
Le, àBruxelles, c'est pour l'ensemble de sa carrière qu'il reçoit la médaille de chevalier de l'ordre de Léopold en même temps qu'un Coq de Cristal[35].
Claude Lelouch annonce en le retour de l'acteur dans son prochain filmLes Bandits manchots[36], projet qui n'a pas abouti.
Le, Jean-Paul Belmondo annonce surRTL sa retraite définitive du cinéma et du théâtre[38]. En avril de la même année, à l'occasion de ses 82 ans, il revient sur cette déclaration et confie auParisien qu'il aimerait bien rejouer[39]. En, il apparaît à nouveau en public lors de la soirée d'ouverture duFestival Lumière.
Dans ses dernières années, le projet d'un nouveau retour sur les plateaux de cinéma est évoqué, sans aucun aboutissement. En 2017,Fabien Onteniente annonceCoup de chapeau, où l'acteur incarnerait un père enlevé de samaison de retraite par ses deux enfants pour un dernier voyage entre Paris et l'Italie[41]. Très avancé, le film est retardé puis annulé, n'ayant pas trouvé de distributeur, ni pu boucler le budget[41].Claude Lelouch annonce diverses idées au cours des années 2010, notamment en 2018, aprèssa suite àUn homme et une femme, une suite àItinéraire d'un enfant gâté intituléeItinéraire de deux enfants gâtés et pour laquelle Belmondo etRichard Anconina donnent leur accord[42]. Lelouch envisage aussi de réunirBrigitte Bardot et Belmondo dans un même film, pour s'offrir le retour de deux icônes au cinéma[43].
Le meurt l'acteurCharles Gérard, dont il est très proche depuis leur rencontre en 1948 dans une salle de boxe, avec qui il partage sa passion pour le sport. Il lui rend hommage en ces termes :« Notre amitié sans faille était prioritaire sur les plateaux de tournage. J’aimais le sentir à mes côtés dansFlic ou voyou et tant d’autres films. Oui, il était mon meilleur ami. Le plus important, celui de ma jeunesse. En un mot, il était mon pote »[45].
Dans les heures qui suivent cette annonce, plusieurs personnalités du monde politique et du spectacle lui rendent un hommage. Leprésident de la République,Emmanuel Macron, rend hommage à l'acteur à travers ces mots :« Il restera à jamais le Magnifique. Jean-Paul Belmondo était un trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste, héros sublime et figure familière, infatigable casse-cou et magicien des mots. En lui, nous nous retrouvions tous. »[48],[49]. Le soir même de sa mort, plusieurs chaînes de télévision bouleversent leur programme afin de diffuser des films dans lesquels Jean-Paul Belmondo a joué au cours de sa carrière. Le lendemain, la mort de Jean-Paul Belmondo fait la une de la presse européenne et internationale[50],[51],[52],[53],[54],[55].
Hommage national dans la cour des Invalides le 9 septembre 2021 à la suite de son décès
Le, dans le14e arrondissement de Paris, il épouse Renée Constant, dite Élodie Constant (1934-2024), sa compagne depuis plusieurs années. Le couple a trois enfants : Patricia, née en 1953, devientscripte. Elle meurt le, dans l'incendie de son appartement parisien (le soir-même, Jean-Paul Belmondo joue au théâtreTailleur pour dames[62]) ; Florence, née en 1960, aura trois enfants : Annabelle (1988), Christopher (1993) et Nicolas (1997)[63] ;Paul, né en 1963, sera pilote automobile et aura trois enfants : Alessandro (1991),Victor (1993) et Giacomo (1998).
Le couple se sépare en 1965 puis divorce officiellement en 1968. Élodie Constantin est décédée le 13 septembre 2024, à l'âge de 90 ans[64].
L'acteur vit une histoire d'amour de 1965 à 1972 avecUrsula Andress chez qui il vit à Los Angeles[65] puis avec l'actrice italienneLaura Antonelli les huit années suivantes[66].
Il se sépare en 2008 de sa femme Natty et vit ensuite avec Barbara Gandolfi, femme d'affaires belge et ex-mannequin, ayant notamment à son actif une participation à la versionflamande deL'Île de la tentation ainsi que les couvertures dePlayboy et deP Magazine[68]. La vie privée de l'acteur et les activités de sa nouvelle compagne suscitent l'intérêt de certains médias et entraînent des tensions au sein de sa famille[69]. Fin, Barbara Gandolfi est accusée dans la presse de profiter de Jean-Paul Belmondo par abus de faiblesse et escroquerie[70],[71]. Le, Jean-Paul Belmondo annonce qu’il se sépare de sa compagne Barbara Gandolfi[72].
En 2020,Gala dévoile que Jean-Paul Belmondo serait de nouveau en couple avec Maria Carlos Sotto Mayor depuis plus d'un an[73]. Alors que Carlos Sotto Mayor publie un livre sur leur relation en, deux semaines seulement après sa mort, la famille Belmondo et son avocat l'accusent de n'être revenue soudainement dans sa vie qu'au printemps 2020, profitant de lui pour faire son retour médiatique, disparaissant tout aussi soudainement sans donner de nouvelles au printemps 2021[74].
Trois ans après la mort de Jean-Paul Belmondo, ses enfants se disputent une succession évaluée à plus de 100 millions d’euros. En 2023, Stella Belmondo a lancé une procédure contre sa sœur Florence, l'accusant de donations déguisées qui auraient dû être déduites de sa part d'héritage. Ce premier recours a été rejeté, et Stella a été condamnée à verser 3 000 euros à Florence. Plus récemment, les deux sœurs ont accusé leur frèrePaul Belmondo de « recel successoral », affirmant qu’il aurait accaparé une partie du patrimoine, incluant une villa àAntigua et des actions deCerito Films, la société de production de leur père. Le conflit a révélé des tensions au sein de la famille Belmondo, autrefois perçue comme unie autour de valeurs familiales fortes, et laisse présager une longue bataille juridique[75].
Jean-Paul Belmondo est un des acteurs ayant enregistré le plus d'entrées en France, attirant près de 160 millions de spectateurs (74 films recensés) dans les salles françaises au cours de sa carrière.
À pied, à cheval et en voiture : 3 483 954
Les Tricheurs : 4 953 601
Sois belle et tais-toi : 1 904 380
Un drôle de dimanche : 1 574 480
À double tour : 1 445 587
À bout de souffle : 2 208 962
Classe tous risques : 1 725 662
Moderato Cantabile : 978 012
La Française et l'Amour : 3 056 736
Les Distractions : 955 037
Mademoiselle Ange : 891 190
La Ciociara : 2 024 049
Le Mauvais Chemin : 698 077
La Novice : 689 556
Une femme est une femme : 549 931
Léon Morin, prêtre : 1 702 860
Les Amours célèbres : 2 024 604
Un nommé La Rocca : 1 193 387
Cartouche : 3 610 402
Un singe en hiver : 2 417 209
Un cœur gros comme ça : 30 140
Le Doulos : 1 475 391
Dragées au poivre : 1 017 091
L'Aîné des Ferchaux : 1 484 948
Peau de banane : 1 903 913
La Mer à boire : 344 382
L'Homme de Rio : 4 800 626
Cent Mille Dollars au soleil : 3 441 118
Échappement libre : 2 007 088
La Chasse à l'homme : 1 664 555
Week-end à Zuydcoote : 3 154 140
Par un beau matin d'été : 1 506 874
Pierrot le fou : 1 310 579
Les Tribulations d'un Chinois en Chine : 2 701 748
Tableau des entrées enregistrées en Union soviétique pour les films dont les chiffres sont disponibles (8 films recensés). Belmondo a accumulé un total de 232 millions d'entrées.
Tableau des entrées enregistrées en Italie pour les films dont les chiffres sont disponibles (21 films recensés). Belmondo a accumulé un total de 63 millions d'entrées (incomplet).
Tableau des entrées enregistrées en Allemagne pour les films dont les chiffres sont disponibles (18 films recensés). Belmondo a accumulé un total de 23 millions d'entrées (incomplet).
Tableau des entrées enregistrées en Espagne pour les films dont les chiffres sont disponibles (30 films recensés)1. Belmondo a accumulé un total de 23 millions d'entrées (incomplet).
Par un beau matin d'été : 643 247
Pierrot le Fou : 337 823
Les Tribulations d'un Chinois en Chine : 2 108 561
Trente ans et vingt-cinq films, suivi desDix commandements du Belmondisme, Union Générale d'Éditions, Paris, collection Voici- Ceux dont on parle, 1963, 122 p.
Ce n'est pas l'unique référence à l'acteur dans la culture nippone, car la famille Belmont dont sont issus tous les héros de la série de jeuxCastlevania s'appelait Belmondo avant la traduction occidentale[99].
L'affiche du filmA bout de souffle où il figure avec Jean Seberg est présente dans le filmVanilla Sky de Cameron Crowe sorti en 2001. Elle apparaît dans la chambre de David Aames[100].
Il a inspiré l'acteur Jackie Chan pour ses cascades et l'acteur reprend à son compte plusieurs de ses cascades notammentMister dynamite bourré de références àL’Homme de Rio.
Certains de ses films ont eu un impact sur le cinéma d'action à Hong Kong notamment chez le cinéaste John Woo ou l'acteur Jackie Chan. Ces derniers auront à leur tour plus tard un impact sur Tom Cruise et son Mission impossible 2[101].
↑« À Paris, les parents de Jean-Paul décidèrent de le présenter à l'un de leurs amis, le comédien André Brunot, pour s'assurer de ses éventuelles possibilités. C'est ainsi qu'un soir, à l'entracte, Brunot vit débarquer dans sa loge le timide Jean-Paul, tétanisé par ce robuste comédien de 70 ans. N'ayant pas retenu grand-chose de son aléatoire scolarité, c'est à une fable deLa Fontaine,Le Savetier et le Financier que le jeune homme se raccrocha pour prouver son talent… Il ne fallut pas plus de dix vers pour que le bon ami de papa ne l'interrompe : « Allez, je vais appeler ton père et lui dire qu'il vaut mieux que tu ailles à l'usine ! » Précisant sa pensée, il ajouta : « T'es nul. T'as pas de physique, t'as pas de voix, t'as rien » ». CfLaurent Bourdon,Définitivement Belmondo, Larousse,(lire en ligne), n. p..
Bernard Boyé,Les légendes du cinéma français - Jean-Paul Belmondo, Éditions Autres Temps,2009.
Oriane Oringer,Belmondo, un demi-siècle de carrière, une Palme d'or et la rage de vaincre, Ed. Exclusif, Collection Privée,2011,(ISBN978-2-84891-102-1).
Sandro Cassati,Belmondo le magnifique, City Edition, 2012.
Laurent Bourdon,Définitivement Belmondo, Larousse, 2017, 504 p.
Sophie Delassein,Jean-Paul Belmondo le magnifique, coffret livre-DVD, GM Éditions, 2018.