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Jean-Marie Tjibaou

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Jean-Marie Tjibaou
Fonctions
Vice-président du Conseil de gouvernement de Nouvelle-Calédonie

(2 ans, 2 mois et 19 jours)
PrédécesseurDick Ukeiwé
SuccesseurDick Ukeiwé
Maire deHienghène

(12 ans)
PrédécesseurYves de Villelongue
SuccesseurJoseph Karié Bwarhat
Président du Front de libération nationale kanak et socialiste

(5 ans)
PrédécesseurCréation
SuccesseurPaul Néaoutyine
Président de l'Union calédonienne

(3 ans)
PrédécesseurRock Pidjot
SuccesseurFrançois Burck
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissanceHienghène (Nouvelle-Calédonie)
Date de décès (à 53 ans)
Lieu de décèsOuvéa (Nouvelle-Calédonie)
Nature du décèsassassinat
NationalitéFrançaise
Parti politiqueFront de libération nationale kanak et socialiste
Union calédonienne
PèreWenceslasTii Tjibaou
ConjointMarie-Claude Wetta
EnfantsJean-PhilippeThii Tjibaou
Emmanuel Tjibaou
Pascal Tjibaou
Joël Tjibaou
Deux autres
Diplômé deFaculté catholique de Lyon
École pratique des hautes études
ProfessionPrêtre catholique
Fonctionnaire territorial
ReligionCatholique
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Jean-Marie Tjibaou[tʃibau] né le àHienghène (Nouvelle-Calédonie) et mort assassiné le àOuvéa (Nouvelle-Calédonie), est un homme politique, figurepolitique dunationalisme kanak enNouvelle-Calédonie.

Biographie

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Prêtrise

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Fils aîné de WenceslasTii Tjibaou, chef de la tribu de Tiendanite, également instituteur dans l'enseignement privé catholique, Jean-Marie est donné à six ans au père Rouel, à la mission mariste de Waré, àHienghène. Seul de ses frères, il ne monte pas à cheval à la fin de la semaine pour retourner à Tiendanite, mais reste sur la côte dans la famille de sa mère, les Mwéau. Ils ne sont pas Bwaxat pour la raison que Bwaxat, ou Powe, est le nom en succession du chef lui-même (et pas un nom de clan) qu'il a, seul, le droit de porter. On est Bwaxat, le fils est Powe, le petit-fils à nouveau Bwaxat, etc.. La confusion vient de la manière dont les gendarmes ont enregistré les noms à l'état-civil.

Il est orienté vers l'engagement religieux par le père Alphonse Rouel (1887-1969), originaire de Saint-Bonnet-près-Orcival en Auvergne. Entré en 1945, à neuf ans, au petit séminaire deCanala, il poursuit ses études au grand séminaire dePaïta et effectue sonnoviciat auprès des Petits frères indigènes de l'Île des Pins jusqu'en 1955. Ordonné prêtre en 1965, il est d'abord envoyé àBourail, comme aumônier de la base militaire, puis est nommé deuxièmevicaire à lacathédrale Saint-Joseph deNouméa dès 1966. C'est à cette époque qu'il est initié aux problèmes politiques, au contact du père Jacob Kapéta, premier vicaire de lacathédrale et aumônier de l'Union calédonienne (UC), alors principale force politique de l'archipel depuis sa création en 1953, de tendancecentriste,démocrate chrétienne, pluriethnique etautonomiste.

Il quitte le pays en 1968 pour suivre des cours à l'Institut desociologie de lafaculté catholique deLyon, puis d'ethnologie à l'École pratique des hautes études en 1970. Il y suit notamment les enseignements deJean Guiart, codirecteur de l'Institut d'ethnologie depuis 1968 (en remplacement deClaude Lévi-Strauss) et spécialiste du pays coutumierkanak de languepaicî. Il commence à préparer une thèse portant sur les effets de l'adaptation de la société traditionnelle kanak au monde moderne. Toutefois, le décès de son père en 1970 le pousse à interrompre ses études et à revenir enNouvelle-Calédonie. Il délaisse alors sa vocation religieuse, demandant et obtenant en 1971 sa réduction à l'état laïc, pour entreprendre une carrière militante. Toujours croyant, il estime cependant qu'« il est impossible à un prêtre dans ce territoire de prendre position, par exemple en faveur de la restitution des terres au peuple kanak[1]. »

Chef indépendantiste

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Militant associatif

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En 1971, il intègre l'administration territoriale, d'abord au service de l'éducation de base (où il rencontre sa future épouse,Marie-Claude Wetta), puis celui de la jeunesse et des sports. Militant associatif, il est à la tête d'un mouvement de renouveau culturel dans la première moitié des années 1970, en organisant surtout la manifestationMélanésia 2000 qui a lieu en 1975 àNouméa, à côté du site actuel ducentre culturel Tjibaou, malgré l'opposition de l'ancien députéMaurice Lenormand, de l'Union calédonienne et duParti de libération kanak (Palika). Cette manifestation, qui regroupe des représentants de presque toutes lesaires coutumières de Nouvelle-Calédonie, réveille chez lesKanak un sentiment de dignité, et reçoit l'appui deRock Pidjot, le député mélanésien, de l'Église libre protestante, et deJean Guiart, aux îles Loyauté. Pour la première fois depuis bien longtemps, la culturekanak apparaît bien vivante, et non plus comme une culture mourante. Pour Jean-Marie Tjibaou, l'objectif de ce festival est de « permettre auKanak de se projeter face à lui-même pour qu'il découvre l'identité qui est la sienne en 1975 »[réf. nécessaire].

Le combat légaliste et non-violent pour l'indépendance

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Il adhère en 1973 à l'Union des indigènes calédoniens amis de la liberté dans l'ordre (UICALO), organisation de Mélanésiens d'inspiration catholique au sein de l'UC. Sa carrière politique est véritablement lancée en 1977. Il est tout d'abord élu enmarsmaire deHienghène, sur une liste dissidente clairement indépendantiste, baptisée « Maxha Hienghen », ou « Relever la tête », s'opposant tout aussi bien au mairegaulliste sortant Yves de Villelongue, officier de marine à la retraite devenu patron de bar, qu'à la candidature officielle de l'UC tirée par Salomon Poatili. Puis, en mai, lors du congrès deBourail, il devient vice-président de l'Union calédonienne, au moment même où ce mouvement, jusqu'ici autonomiste, prend officiellement position en faveur de l'indépendance. Ayant le soutien au sein de la vieille garde du parti de son président, le députéRock Pidjot (lui-même clairement affiché comme indépendantiste depuis 1976), il en devient la nouvelle figure de proue à la tête d'une nouvelle génération incarnée par les quatre autres membres entrés au bureau politique lors de ce congrès : le secrétaire général (d'originemétropolitaine)Pierre Declercq,Éloi Machoro,Yeiwéné Yeiwéné et lemétis (européen etkanak)François Burck. Il fait le choix alors d'une lutte politique fondée sur le respect des institutions en place et lesprincipes de lanon-violence, entretenant des relations étroites avec les paysans duLarzac[réf. nécessaire]. Ce choix n'a pas toujours été partagé dans son propre camp, puisque le FLNKS a reçu une aide financière de la part du gouvernement libyen et que des militants du FULK (Front Uni de Libération Kanak) ont entretenu des liens avec les services libyens du colonelMouammar Kadhafi - notamment en participation à des stages de formation à la solidarité révolutionnaire internationale à Tripoli. Enfin, le 11 septembre suivant, il devientconseiller territorial pour la première fois, étant tête de liste de son parti dans la circonscription Est.

Le, à la veille de nouvellesélections territoriales, il crée une coalition de l'ensemble des forces séparatistes, appeléeFront indépendantiste (FI). Il est une nouvelle fois tête de liste dans la circonscription Est, y obtenant largement le meilleur score (62,74 % des suffrages exprimés et 5 des 7 sièges à pourvoir). Sur l'ensemble du Territoire, les indépendantistes arrivent en deuxième position avec 34,43 % des voix et 14 sièges sur 36, derrière les 40,24 % et 15 élus anti-indépendantistes duRassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) du députéJacques Lafleur. Le, grâce à un changement de majorité à l'Assemblée territoriale, les centristes autonomistes de laFédération pour une nouvelle société calédonienne (FNSC) retirant leur soutien auRPCR et s'alliant auFI, Jean-Marie Tjibaou devient vice-président (et donc chef effectif) duConseil de gouvernement de laNouvelle-Calédonie, également chargé de la Planification, des Finances, du Budget, de la Fonction publique, desMines et de l'Énergie, ainsi que des Relations avec l'Assemblée territoriale, les Parlementaires du Territoire et laCommission du Pacifique Sud (CPS), et le reste jusqu'au, jour du « boycott actif » desélections territoriales par les indépendantistes. En cette qualité de chef de l'exécutif local, et en tant que représentant duFront indépendantiste, il participe du 8 au à la table ronde deNainville-les-Roches, avec, entre autres,Jacques Lafleur. À cette occasion, le secrétaire d'État aux DOM-TOMGeorges Lemoine reconnaît auxKanak leur « droit inné et actif à l'indépendance » tandis que Jean-Marie Tjibaou et sa délégation, tout en reconnaissant les communautés non mélanésiennes deNouvelle-Calédonie comme des « victimes de l'histoire », appellent à l'organisation d'un référendum d'autodétermination rapide (avant 1986) et que seuls lesKanaks et les nonKanak nés sur le Territoire ou ayant un ascendant né enNouvelle-Calédonie puissent participer au scrutin. Ces conditions entraînent le rejet des conclusions de la table-ronde par leRPCR.

L'action clandestine et les « Événements »

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Les deux parties finissent par refuser le statut dit « Lemoine » (du nom du secrétaire d'État), mis en place par la loi du pour préparer l'archipel à cette consultation d'autodétermination et lui donner entretemps une très large autonomie (la compétence du Territoire, de droit commun, n'exclut que les fonctions dites « régaliennes », les principes directeurs du droit du travail, l'enseignement du second cycle du second degré, l'enseignement supérieur et la communication audio-visuelle ; leconseil de gouvernement est transformé en ungouvernement du Territoire dont le président n'est plus le Haut-commissaire mais est élu par l'Assemblée territoriale, tandis que les membres de l'exécutif, nommés par ce président et qui prennent le titre de « ministres », retrouvent des compétences individuelles, ce qui n'avait plus été le cas depuis l'abrogation du statut de la loi-cadre Defferre en 1963). LeRPCR, quoique dans l'ensemble favorable à un certain degré d'autonomie, rejette ce statut qui semble ouvrir la porte à une possible séparation de la République française. De son côté, leFI conteste l'échéance du référendum (fixée à 5 ans maximum à partir de l'application de la loi) et le fait que la question du corps électoral soit discutable (est créé un comité État-Territoire avec notamment pour rôle de préparer les conditions dans lesquelles sera exercé le droit à l'autodétermination, alors que les indépendantistes considèrent que leurs revendications en la matière sont non négociables).

Considérant finalement la quête de l'indépendance comme impossible à obtenir à l'intérieur des institutions territoriales, lors de son congrès tenu àNouméa les 22, 23 et, Jean-Marie Tjibaou transforme leFI en unFront de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), comprenant :

Il décide la mise en place d'un boycott actif desélections territoriales du. La campagne et le jour du scrutin sont marqués par des violences et des barricades montées par des militantsFLNKS. Le symbole du boycott des élections et de l'action indépendantiste est alors incarné parÉloi Machoro, secrétaire général de l'Union calédonienne, qui brise une urne à coup detamioc (appellation locale d'une hachette servant à fendre le bois) dans sa commune deCanala. Cette action, qui fut très médiatisée par le camp loyaliste et présentée comme un paroxysme de violence et de sauvagerie (la photo qui fut publiée et reprise partout cadreÉloi Machoro en plan serré), était en fait une manifestation réfléchie et préparée. L'analyse de la photo en plan large montre d'ailleurs les assesseurs du bureau de vote regardant calmement la destruction de l'urne vide.

Néanmoins, la mobilisation contre le statut Lemoine est le point de départ de ce qui sera appelé « Les Événements », période de violents conflits politiques, sociaux mais aussi ethniques qui va mettre laNouvelle-Calédonie au bord d'une forme de « guerre civile » jusqu'en 1988. Le, lors du1er Congrès duFLNKS organisé dans la tribu deLa Conception auMont-Dore, unGouvernement provisoire de Kanaky (GPK) est institué, avec pour président Jean-Marie Tjibaou. Celui-ci lève alors pour la première fois ledrapeau adopté par les indépendantistes comme leur emblème national, dit « Drapeau Kanaky ». Tjibaou et les membres du secrétariat du FLNKS (dont le secrétaire généralJean-Pierre Deteix) organisent ainsi un véritable gouvernement semi-clandestin, avec ses institutions et ses symboles.

Le drapeau du FLNKS, dit « drapeau de Kanaky ».

Le, il paye très cher cette nouvelle stratégie, puisque sur la route qui mène à la mairie de Hienghène, d'où ils revenaient d'une réunion locale, dixKanaks, dont deux de ses frères, sont assassinés par des « Caldoches » (Néo-calédoniens d'origine européenne) dans une embuscade àHienghène. On a dit, par ignorance des conditions du moment, que Jean-Marie aurait dû être là, et ses avocats ont exploité à tort ce thème, mais il lui aurait fallu un hélicoptère[réf. nécessaire]. La Calédonie était alors coupée en zones imperméables par des barrages indépendantistes, des barrages loyalistes et des barrages de gendarmerie. La maison de Tjibaou était entourée d'un double cercle, de police pour le protéger, et de loyalistes voulant lui faire un mauvais parti. Cette action a eu lieu dans un climat de quasi-guerre civile en brousse, en représailles à des incendies de maisons deCaldoches par des militants Kanak indépendantistes, mais ces incendies n'ont commencé qu'après le massacre deHienghène. Les sept auteurs, membres des familles Mitride et Lapetite ont été relaxés par la cour d'assises de Nouméa le -un jury exclusivement composé d'Européens-, après que le juge d'instruction, un ancien militaire, eut déjà conclu à un non-lieu. À cette occasion, Jean-Marie Tjibaou réagit en déclarant : « La chasse au Kanak est ouverte ».

Il demande, malgré cela, la levée des barrages. De nouvelles violences ont lieu de part et d'autre au début de l'année 1985 : mort d'un jeuneCaldoche de 17 ans, Yves Tual, le, entraînant de lourdes émeutes anti-indépendantistes àNouméa ; mort d'Éloi Machoro, abattu par un tireur d'élite duGIGN le lendemain, lors de l'assaut de la maison d'un Européen occupée par les indépendantistes àLa Foa. En même temps, l'état d'urgence avec couvre-feu est instauré enNouvelle-Calédonie. Jean-Marie Tjibaou milite pour participer à nouveau aux institutions malgré les pressions de l'aile radicale duFLNKS (essentiellement lePalika et leFULK) pour continuer la lutte clandestine et armée.

Ainsi, de 1985 à 1988, dans le cadre du « statutFabius-Pisani », il est président du conseil de larégion Nord, et de ce fait membre duConseil exécutif (aux côtés du présidentRPCR duCongrèsDick Ukeiwé et de ceux successifs duSud,Jean Lèques puisPierre Frogier, ainsi que ceuxFLNKS-UC duCentreLéopold Jorédié et desÎles LoyautéYeiwéné Yeiwéné). Il s'attache ensuite à obtenir des soutiens internationaux au combat indépendantiste kanak, que ce soit dans la région Pacifique (surtout de la part duVanuatu deHam Lini) ou auprès dumouvement des non-alignés. Le, il obtient ainsi le vote par l'Assemblée générale des Nations unies (à la majorité des 3/5e de ses membres) de la résolution 41/41 A affirmant « le droit inaliénable du peuple de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et à l’indépendance » et inscrivant l'archipel sur laListe des territoires non autonomes selon l'ONU. De plus, le, il présente un projet de constitution de « Kanaky » auprès de l'ONU. Mais le retour de la droite au pouvoir en 1986 fait que l'État prend une position plus favorable au maintien de l'archipel dans laFrance[réf. nécessaire]. Unréférendum sur l'indépendance est organisée le 13 septembre 1987 avec pour seule condition une durée de trois ans de résidence pour pouvoir y participer, restriction insuffisante pour les indépendantistes qui décident de boycotter ce référendum (qui aboutit donc à un rejet de l'accès à la pleine souveraineté par 98,3 % des suffrages exprimés, et 58 % des inscrits, la participation n'étant que de 59,1 % des inscrits), le nouveau statut élaboré par la suite par le nouveau ministre des DOM-TOMBernard Pons (d'où son nom de « statut Pons II ») ainsi que desélections régionales et du premier tour de laprésidentielle tenus tous deux le.

Les accords de Matignon et l'assassinat

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Après une nouvelle flambée de violence échappant au contrôle des dirigeants des deux camps, et culminant avec laprise d'otages d'Ouvéa et sonassaut final le qui marque fortement les esprits, Jean-Marie Tjibaou signe le avec, entre autres,Jacques Lafleur et lePremier ministreMichel Rocard, lesaccords de Matignon, qui prévoient unréférendum sur l'indépendance après dix ans et ramène la paix après quatre années de quasi-guerre civile.

Il est assassiné moins d’un an après, le, avecYeiwéné Yeiwéné, son bras droit auFLNKS, lors de la commémoration de laprise d'otages d'Ouvéa, parDjubelly Wéa, unKanak indépendantiste (dont le père avait été malmené par les militaires), ancien conseiller territorial et membre duFULK, opposé auxaccords de Matignon de. Il s'agit du dernier épisode sanglant des années 1980.

Famille

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Jean-Marie Tjibaou s'est marié en 1972 avecMarie-Claude Wetta, alors conseillère rurale au Service de l'éducation de base dans l'administration territoriale. Bien qu'il fût lui-même catholique et déjà favorable à l'indépendance, son épouse est issue d'une famillemélanésienne protestante et très engagée dans la vie politique aux côtés desgaullistes locaux et plus tard des anti-indépendantistes. Elle est en effet la fille deDoui Matayo Wetta, président de l'Association des indigènes calédoniens et loyaltiens français (AICLF, mouvement de défense des intérêtskanak et d'inspiration protestante, ayant participé à la création de l'Union calédonienne en 1953 avec son pendant catholique, l'UICALO, avant de s'en écarter à partir de 1960 et de devenir l'un des principaux alliés de la droitegaulliste), et la sœur deHenri Wetta, qui va participer à la création en 1977 duRassemblement pour la Calédonie (RPC) devenu l'année suivante leRPCR, dont il est un élu dans les années 1980. Malgré leurs opinions politiques et confessionnelles différentes, Jean-Marie Tjibaou va entretenir de très bonnes relations avec sa belle-famille qui lui sert souvent de lien privilégié avec les dirigeants anti-indépendantistes :Doui Matayo l'aide ainsi à préparer le festivalMélanésia 2000 en 1975, tandis queHenri est le seul membre favorable à laFrance au sein de sonconseil de gouvernement de 1982 à 1984.

Marie-Claude s'est de plus fortement engagée aux côtés de son mari dans son combat pour l'indépendance. Après son assassinat, elle s'attache à entretenir sa mémoire et participe à la création en 1990 de l'Agence de développement de la culture kanak (ADCK), en devenant la présidente du conseil d'administration de cet organisme et jouant un rôle de premier plan dans l'élaboration ducentre culturel Tjibaou inauguré en 1998. Elle est membre du Conseil économique et social de la Nouvelle-Calédonie jusqu'en 1999, puis auCES national où elle est nommée en tant que membre du Groupe des représentants de l'outre-mer en septembre 1999 sur proposition du secrétaire d'État chargé de l'Outre-mer d'alors (à savoir Jean-Jack Queyranne). Elle reste au sein de cette institution à la fin de son mandat en 2004, mais désormais au sein du groupe des personnalités qualifiées dans le domaine économique, social, scientifique et culturel, nommée par décret du Conseil des ministres à la demande du Premier ministre (alorsJean-Pierre Raffarin) en. Sur le plan politique, elle est peu écoutée des instances dirigeantes de l'Union calédonienne et duFLNKS, quoique investie par ce dernier pour porter ses couleurs auxélections sénatoriales de 2001 face au sortantRPCRSimon Loueckhote (elle est battue par 52,63 % des suffrages exprimés contre 47,37 %). Elle est, de 1995 à 2000, conseillère municipale deHienghène, commune de la côte est de laGrande Terre dont son époux fut maire de 1977 à sa mort en 1989. En vue desélections provinciales du, elle est présente en seconde position sur une liste « Ouverture pays » menée parLouis Mapou et d'autres dissidents des différentes composantes duFLNKS opposés à la candidature deRock Wamytan à la tête de la liste unitaire du front indépendantiste enprovince Sud et qui, plus généralement, militent désormais pour dépasser la « logique des blocs » traditionnels enNouvelle-Calédonie (indépendantistes contre loyalistes). Suivant la même logique, elle mène une liste degauche baptisée « Engagement citoyen », soutenue par lePalika et lasection locale duPS et opposée à la liste indépendantiste officiellement soutenue par leFLNKS de Jean-Raymond Postic, lors desélections municipales de.

Jean-Marie etMarie-Claude Tjibaou ont eu six enfants, dont quatre fils :

  • Jean-PhilippeThii Tjibaou (1975-2022[2]), sculpteur traditionnel[3] ;
  • Emmanuel Tjibaou (né en 1976), linguiste enlangues kanak, titulaire d'unDEA enLangues océaniennes de l'INALCO avec un mémoire sur l'analyse stylistique des récits traditionnels de la région deHienghène, il est le directeur de l'ADCK depuis 2011 après y avoir été le responsable du département Recherche et Patrimoine (DRP, qui conduit des programmes de recherche sur la culture kanak, notamment dans le domaine du patrimoine culturel kanak intangible)[4] et l'auteur de plusieurs poèmes[5]. En juillet 2024, il est élu député français dans ladeuxième circonscription de Nouvelle-Calédonie. Il est le premier député indépendantiste depuis 1986[6] ;
  • Joël Tjibaou ;
  • Pascal Tjibaou.

Citation

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  • « Kanaké, l'ancêtre, le premier-né, est la parole qui fait exister les hommes. » (cité dans Jean-Marie Tjibaou etPhilippe Missote,Kanaké - Mélanésien de Nouvelle-Calédonie, Éditions du Pacifique, Nouméa, 1975)
  • « Quant à l'indépendance kanak : pour nous il y a ici un peuple indigène, c’est le peuple kanak. Nous voulons d’abord la reconnaissance de ce peuple et son droit à revendiquer l’indépendance de son pays. Ce n’est pas plus raciste que de parler de citoyenneté française. » (cité dans Jean-Marie Tjibaou, La présence kanak, Édition établie et présentée par Alban Bensa et Éric Wittersheim)

Postérité et distinction

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Article détaillé :Centre culturel Tjibaou.

Prévu dans les accords de Matignon, un centre de la culturekanak a été édifié entre 1995 et 1998 par l'architecteRenzo Piano, sur une presqu'île en périphérie deNouméa. Il a été baptisé en l'honneur de Jean-Marie Tjibaou, dont la statue domine le site du centre.

Son nom a également été donné à plusieurs rues enFrance métropolitaine, notamment àAvignon,Bondy,Bourges,Cagny,Champigny-sur-Marne,Héricourt dans laHaute-Saône,Lanester,Montpellier (allée),Saint-Martin-d'Hères etVigneux-sur-Seine. L'avenue Jean-Marie Tjibaou àVitrolles a été rebaptisée « Jean-Pierre Stirbois » par l'ancienne maireCatherine Mégret, issue duFront national (FN) puis duMouvement national républicain (MNR). Ailleurs enOutre-mer, c'est le cas par exemple àSainte-Anne enMartinique ou àSainte-Suzanne àLa Réunion.

Le, il reçoit à titre posthume, conjointement avecJacques Lafleur, la « Colombe de la Paix », prix décerné chaque année depuis 2008 par l'Allemagne soutenue par l'UNESCO[7].

Le, il reçoit à titre posthume un hommage du président de la République françaiseFrançois Hollande[8].

En juin 2022, une statue représentant la célèbre poignée de main entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur est inauguréeplace de la Paix (Nouméa)[9].

Références

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  1. Antonio Raluy,La Nouvelle-Calédonie,p. 171.
  2. Françoise Tromeur, « Disparition du sculpteur Jean-Philippe Tjibaou », surNouvelle-Calédonie La Première,(consulté le).
  3. caledosphere,« JEAN PHILIPPE TJIBAOU », Portrait et entretien avec Jean-Philippe Tjibaou[archive du], surkoodji.com,(consulté le).
  4. L'équipe de l'ADCK sur son site officiel
  5. T. CRETEUX, « Portraits d'ici : Emmanuel Tjibaou », blogLe cri du cagou, 09/10/2008
  6. « Élections législatives 2024. Victoire d’Emmanuel Tjibaou dans la seconde circonscription, la Nouvelle-Calédonie a un député indépendantiste », surNouvelle-Calédonie la 1ère(consulté le).
  7. P. Frédière, « Lafleur rejoint Gorbatchev »,Les Nouvelles Calédoniennes, 19/11/2010
  8. hommage à Jean-Marie Tjibaou
  9. Claudine Wéry, « Une statue de la célèbre poignée de main entre Tjibaou et Lafleur, symbole de paix, inaugurée à Nouméa », surlemonde.fr,(consulté le).

Voir aussi

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Bibliographie

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Filmographie

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  • Mehdi Lallaoui,Jean-Marie Tjibaou ou le rêve d’indépendance, documentaire de 58 minutes pour La Sept/Arte
  • Dorothée Tromparent et Emmanuel Desbouiges,Au nom du Père, du Fils et des Esprits, documentaire de 120 minutes pour NC 1ère

Liens externes

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