À cinq reprises, il est candidat à uneélection présidentielle. Après avoir obtenu un résultat très faible en1974, il se hisse par trois fois en quatrième position du premier tour (en1988,1995 et2007). À la surprise générale, il accède au second tour duscrutin de 2002, à l'issue duquel il obtient 17,8 % des suffrages exprimés face au président sortant,Jacques Chirac, qui bénéficie d'un « front républicain ».
Sa fille,Marine Le Pen, lui succède en 2011 à la présidence du Front national, dont il devient président d'honneur. Il en est exclu en 2015. Il crée le partiComités Jeanne en 2016 et reste président d'honneur du FN jusqu'en 2018. Il quitte son mandat de député européen ainsi que la vie politique active en 2019, après34 ans passés auParlement européen et63 ans après sa première élection comme député.
Jean Louis Marie Le Pen[9],[10],[c] naît le dans la maison familiale deLa Trinité-sur-Mer, dans leMorbihan[11]. Il est le fils unique de Jean Le Pen (1901-1942)[12],marin-pêcheur, président de l'Association des anciens combattants et conseiller municipal deLa Trinité-sur-Mer, et d'Anne-Marie Hervé (1904-1965), couturière et fille de paysans originaires deLocmariaquer et duBono[13].
Ses parents le baptisent Jean, comme son père, Louis, comme son oncle, et Marie, comme lasainte Vierge (il n'accolera Marie à son premier prénom qu'après son mariage)[14]. La famille est essentiellement originaire dudépartement du Morbihan[15].
Son père trouve la mort à bord du chalutierLa Persévérance, dont il est le patron, quand le bateau, qui pêchait lasole, saute sur une mineremontée dans son chalut, le[16]. Son nom figure, depuis lors, sur le monument aux morts de La Trinité-sur-Mer. Jean-Marie Le Pen devient alorspupille de la nation, par jugement du tribunal civil deLorient du[17].
En, à16 ans, il demande au colonelHenri de La Vaissière,alias« Valin », de s'engager dans lesForces françaises de l'intérieur (FFI), mais celui-ci refuse et lui dit :« Désormais, ordre est donné de s'assurer que nos volontaires ont bien18 ans révolus. Tu es pupille de la nation : songe à ta mère[18]. »
Après des études élémentaires à l'école paroissiale et à l'école communale de La Trinité, Jean-Marie Le Pen entre en 1939 aucollège Saint-François-Xavier deVannes où il estboursier[21]. L'établissement est tenu par des jésuites, qui lui donnent, comme il le racontera plus tard, une discipline de pensée et le goût pour la rhétorique[22]. Il doit le quitter en 1943, quand les réquisitions des Allemands contraignent les jésuites à restreindre le nombre d'internes[23]. Il intègre ensuite àLorient lelycée Dupuy-de-Lôme, dont il est renvoyé dès Pâques pour indiscipline, puis à Vannes lecollège Jules-Simon, qui l'exclut en février 1946 à nouveau pour indiscipline[17]. Il obtient son baccalauréat au lycée Claude-Debussy deSaint-Germain-en-Laye, en 1947[17].
Élu président de l'Association corporative des étudiants en droit (la« Corpo » de droit) en 1949, il représente la faculté de droit de Paris lors du congrès de la« Grande UNEF », où ses qualités d'orateur sont remarquées : en 1951, lors d'un congrès de l'UNEF àAix-les-Bains, il s'oppose de façon virulente à l'institution d'un « pré-salaire » étudiant[25],[26]. De 1949 à 1951, il assure également la direction éditoriale du journal de la Corpo,La Basoche[25]. Pendant cette période, il se lie notamment d'amitié avecClaude Chabrol[27]. Il est, pendant un temps, le plus jeune vice-président duComité français Pierre-de-Coubertin.
Bien que n'étant membre d'aucun parti[26], il est proche de l'Action française, dont il vend un tempsà la criée le journal,Aspects de la France[25]. En 1952, critiqué pour ses outrances, il cède la présidence de la Corpo, qui en fait son président d'honneur. En, il sollicite le soutien du président de la République,Vincent Auriol, afin d'organiser le déplacement d'étudiants volontaires pour porter assistance aux populations sinistrées lors d'inondations aux Pays-Bas[26].
En parallèle de ses études, qu'il ne peut financer avec sa seule bourse, Jean-Marie Le Pen occupe les emplois de marin-pêcheur, mineur de fond, métreur d'appartements ou encore ambulant des PTT[28].
Il se lie d'une étroite amitié avecHenri Botey, dit« M. Éric », qui devient, en 1968, le parrain de sa filleMarine, avant la guerre des gangs qui ravagePigalle[33].
Le, àParis 8e, Jean-Marie Le Pen épousePierrette Lalanne (néeen 1935), fille d'un négociant en vin de la bourgeoisie landaise et ex-épouse de l'imprésario Claude Giraud[37]. Trois filles naissent de ce mariage :Marie-Caroline, Yann etMarine. La séparation du couple est fortement médiatisée et notamment marquée par les photos de Pierrette Lalanne dans le magazinePlayboy, dans lequel elle apparaît dévêtue en réaction à certaines déclarations de Jean-Marie Le Pen[38]. Le divorce est prononcé le.
Jean-Marie Le Pen dans sa résidence de Montretout à Saint-Cloud en 2006.
Jean-Marie Le Pen est assujetti à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) depuis sa création, en 1982. Il tient une partie de son patrimoine du testament d'Hubert Lambert, dit Saint-Julien, auteur de nombreux articles dans des revues nationalistes et héritier de la dynastie des cimentsLambert, mort dans des circonstances controversées[43] le, à42 ans, sans enfant[44]. Cette succession, et notamment l'hôtel particulier auparc de Montretout àSaint-Cloud, donne lieu à un début de procès, abandonné après négociation avec le « cousin [Philippe] Lambert »[45],[46]. Pour l'historienneValérie Igounet,« l'héritage Lambert change considérablement la vie de Jean-Marie Le Pen sur les plans politique et personnel. Il lui permet de faire — comme il l'entend — de la politique[47] ».Il cesse de vivre à Montretout en 1991, après son remariage civil avec Jany Paschos, pour s'installer àRueil-Malmaison dans une villa destyle Directoire appartenant à sa femme, mais conserve ses bureaux àSaint-Cloud et continue de s'y rendre tous les jours en entretenant la confusion entre cette maison et le quartier général du FN[48],[49].
Jean-Marie Le Pen et son épouseJany Paschos en 2007.
Le, Jean-Marie Le Pen épouse en secondes noces à Rueil-MalmaisonJany Paschos (néeen 1932), fille d'un marchand de tableaux grec et d'une mère d'origine néerlandaise divorcée de l'homme d'affaires belge Jean Garnier en 1984. Ils se marient religieusement le lors d'une cérémonie célébrée par l'abbéPhilippe Laguérie[50]. Jany Le Pen abjure le protestantisme et professe la foi catholique avant l'échange des consentements, tandis que Jean-Marie Le Pen se marie religieusement pour la première fois[51].
Problèmes de santé
Jean-Marie Le Pen déclare avoir progressivement perdu l'usage de son œil gauche dans lesannées 1970, à la suite d'unecataractetraumatique, dontAlain Jamet affirme, lors d'une émission télévisée, qu'elle fut consécutive à une bagarre électorale où il défendaitAhmed Djebbour, candidat duFront national des combattants, le[52],[53]. Cependant, dans sesMémoires, Jean-Marie Le Pen explique avoir perdu son œil àHyères alors qu'il est en train de monter le chapiteau pour un meeting deJean-Louis Tixier-Vignancour, à la suite d'un choc« en maniant le maillet pour enfoncer une sardine où l'on attache les cordes de tension »[54]. Il abandonne son bandeau pour unœil de verre au début desannées 1980, afin de changer son image alors que le FN prend de l'importance. Dans la perspective desélections européennes de 1984, il commande unehagiographie intituléeLe Pen sans bandeau[55].
Le 3 février 2022, il est victime d'une forme légère d'accident vasculaire cérébral[56], ce qui a nécessité son hospitalisation. Le 15 avril 2023, il est hospitalisé d'urgence à la suite d'un malaise cardiaque, son état est jugé sérieux par ses médecins[57].
En février 2024, il est placé« sous régime de protection juridique » à la demande de sa famille, à la suite de la baisse de ses facultés[58].
En novembre 2024, il subit une nouvelle hospitalisation pour procéder à des examens à la suite d'un état de faiblesse général[59].
Carrière militaire
Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen passe en revue des anciens combattants en 2004.
Il est remarqué par legénéral Massu pour avoir enterré des soldats de confession musulmane selon le rite de leur religion au lieu de les jeter à la mer[65]. En 1970, le leader du FLNKrim Belkacem lui aurait confié que cette attention lui a évité d'être tué par la rébellion algérienne[65].
En 1962, l'historienPierre Vidal-Naquet cite dans un article du journalVérité Liberté[67] des documents établissant que Jean-Marie Le Pen avait, en février et mars 1957, pratiqué latorture durant la guerre d'Algérie[68], notamment un rapport du commissaire de police principal d'Alger, René Gilles, qui relate des faits de torture commis par Jean-Marie Le Pen[69],[70],[71].
Jean-Marie Le Pen affirme lui-même à deux reprises avoir participé à des interrogatoires utilisant des méthodes« violentes » ou de« moyens exceptionnels », avant de se rétracter plus tard. En 1957, il affirme lors d'un débat public, retranscrit par le journalLe Monde :« Nous avons reçu une mission de police et nous l'avons accomplie, selon un impératif d'efficacité qui exige des moyens illégaux. S'il faut user de violence pour découvrir un nid de bombes, s'il faut torturer un homme pour en sauver cent, la torture est inévitable »[64]. Le, il déclare également dans le journalCombat :« Je n'ai rien à cacher. Nous avons torturé parce qu'il fallait le faire. Quand on vous amène quelqu'un qui vient de poser vingt bombes qui peuvent exploser d'un moment à l'autre et qu'il ne veut pas parler, il faut employer des moyens exceptionnels pour l'y contraindre. C'est celui qui s'y refuse qui est le criminel car il a sur les mains le sang de dizaines de victimes dont la mort aurait pu être évitée »[72],[73]. Dans le numéro du lendemain, Jean-Marie Le Pen explique :« Je désirerais éclaircir un certain nombre de points de l'interview parue dans votre journal du vendredi 9 novembre 1962, points qui pourraient prêter à équivoque. […] Les méthodes de contraintes utilisées pour démanteler les réseaux terroristes FLN, qui s'attaquaient exclusivement à la population civile dans le but d'y faire régner la terreur, n'ont, dans les unités que j'ai personnellement connues, jamais pu être assimilées à des tortures »[74]. Jean-Marie Le Pen estime que c'est l'image de la fonction qu'il occupait à l'époque qui véhicule ce genre d'accusations :« J'étais à Alger officier derenseignement […] ; comme tel je dois être aux yeux d'un certain nombre de mes collègues ce qui pourrait être le mélange d'un officierSS et d'un agent de laGestapo »[75].
Il est de nouveau accusé, dans lesannées 1980, d'avoir pratiqué la torture durant la guerre d'Algérie. Lors de son passage àL'Heure de vérité en 1984, accusé parJean-Louis Servan-Schreiber d'avoir manié la« gégène et branché desélectrodes », il parle de« nécessaires obligations imposées par la hiérarchie militaire et politique du temps » et déclare être« scandalisé par de telles méthodes »[76].
Le 12 février 1985,Libération publie des témoignages de cinq Algériens[77] accusant nommément Jean-Marie Le Pen d'avoir, en 1956 et 1957 à Alger, « supervisé » les sévices dont ils furent victimes et, dans certains cas, d'y avoir participé[78],[79]. Face à ces accusations, Jean-Marie Le Pen évoque « un complot du Gouvernement » socialiste à son encontre et dénonce à ses yeux « un montage politique »[80]. Dans la foulée,Libération publie le témoignage d'un ancien légionnaire en poste à Alger qui confirme qu'il a vu Jean-Marie Le Pen pratiquer la torture[81], ainsi que de nouveaux témoignages qui accusent Jean-Marie Le Pen d'être responsable de la mort sous la torture d'Ahmed Moulay[82]. La même année,Le Canard enchaîné publie les extraits du livreLa Pacification[83] de l'ambassadeur algérienHafid Kéramane qui accuse Jean-Marie Le Pen d'avoir pratiqué la torture à lavilla des Roses et à lavilla Sésini, toutes deux utilisées comme centre de torture pendant la guerre d'Algérie[84]. Jean-Marie Le Pen lui-même avait avoué lors d'une réunion de dénonciation de la torture organisée par Les Amis du droit en 1957 :« J'ai été officier de renseignements au 74 boulevard Gallieni [l'adresse de la Villa des Roses]. J'y ai moi-même interrogé des gens »[85],[70]. En octobre 1985, dansLe Monde,Jean-Maurice Demarquet, engagé avec Jean-Marie Le Pen en Algérie, confie : « Il a fait partie lui-même des équipes qui torturaient. Personnellement »[86],[87]. En 1988,René Vautier, dans son filmÀ propos de… l'autre détail, relaie le témoignage de plusieurs Algériens qui affirment avoir personnellement subi la torture sous les ordres du lieutenant Le Pen[88].
En 1992, l'homme d'ÉtatMichel Rocard est condamné par la justice pourdiffamation après avoir accusé Jean-Marie Le Pen de torture en Algérie. Rocard fait appel de cette décision, et remporte cet appel en 1997 face à Jean-Marie Le Pen[89].
Le, à la veille du second tour de l'élection présidentielle, Mohamed Moulay confie au journalLe Monde l'histoire de son père Ahmed torturé le par une vingtaine de parachutistes, parmi lesquels se trouvait Jean-Marie Le Pen[90],[91].
DansLe Monde du 4 juin 2002, quatre anciens militants et sympathisants du FLN algérien affirment avoir été torturés par Jean-Marie Le Pen àAlger en février 1957[92],[93],[94],[95]. Dans ce même journal,Paul Aussaresses déclare avoir « croisé Le Pen à lavilla Sésini»[96].
Jean-Marie Le Pen nie ces accusations de torture[d] et porte plusieurs foisl'affaire en justice. Lors du procès contreLe Monde en 2003, la défense appelle à témoigner Mohamed Moulay, qui évoquait dans le journal la possibilité que son père ait été torturé par Jean-Marie Le Pen. Lors de l'audience, un poignard desJeunesses hitlériennes dont le fourreau porte l'inscription « J. M. Le Pen1erREP »[97] est présenté comme ayant été oublié par Le Pen lors d'une séance de torture[98],[99],[73] ; le généralLouis Martin estime que ce poignard« n'est pas une arme militaire en service dans l'armée française » et déclare trouver cette accusation« risible »[100],[101]. À l'issue du procès, que Jean-Marie Le Pen a perdu en appel, l'enquête duMonde fut qualifiée de « particulièrement sérieuse et approfondie » par la justice, et « la bonne foi » du journal reconnue[84],[102]. La journaliste avait obtenu de Mohammed Moulay, fils d’Ahmed Moulay enlevé ce soir-là par Jean-Marie Le Pen, de pouvoir présenter le poignard au tribunal comme pièce à conviction à forte charge symbolique ; il est désormais auMusée national du moudjahid d'Alger, dans un coffre, non-exposé[103].
Alors que l'historienHamid Bousselham relaie ces accusations de torture[104], les journalistes d'investigationPierre Péan etPhilippe Cohen écrivent, dansLe Pen, une histoire française (2012), que« s'il a sans doute brutalisé des Algériens », Jean-Marie Le Pen n'a« pas pratiqué la torture institutionnelle »[105].
Dans ses mémoires parus en 2018, il explique que« nous avons torturé en Algérie parce qu’il fallait le faire » tout en assurant n’y avoir jamais eu recours[106], mais en 2019 il renoue avec son aveu de 1962 devant les journalistes duMonde :« Le type doit vous dire où sont les bombes, c’est lui qui va fixer la durée de son supplice. S’il parle, son malheur s’arrête. (…) Je le fais sous les ordres de mon capitaine »[73].
En, l'historienBenjamin Stora, à partir d'un podcast pourFrance Inter, déclenche une polémique en affirmant que« Jean-Marie Le Pen n'a sans doute pas pratiqué la torture en Algérie ». L'historien rapporte onze jours plus tard« avoir fait une erreur », n'ayant pas eu connaissance de la décision de justice concernant Jean-Marie Le Pen. Le journalistePhilippe Collin, tenant le podcast, reformule le discours de Benjamin Stora, soulignant que l'« on ne peut pas prouver que Jean-Marie Le Pen a torturé en Algérie mais c'est une possibilité »[89]. Le, à la suite des aveux publiés parLe Monde quelques jours plus tôt[107], cette phrase est à nouveau modifiée et indique désormais :« Durant la bataille d'Alger, en 1957, on peut affirmer aujourd'hui de manière définitive que Jean-Marie Le Pen fut un tortionnaire »[108].
Le, paraît le livreLe Pen et la torture de l'historienFabrice Riceputi, qui retrace l'histoire de la pratique de la torture par Jean-Marie Le Pen, à travers différentes sources (récits de victimes et de témoins, rapports de police, enquêtes journalistiques et archives militaires)[109].
Parcours politique
Jean-Marie Le Pen en 2005, dans sa résidence deMontretout.
Débuts en tant que député
À son retour d'Indochine, en 1955, Jean-Marie Le Pen devient président des Jeunes indépendants de Paris (à la suite deJean Bourdier), et délégué général de l'Union de défense de la jeunesse française[110].
En, l'Assemblée nationale accorde à Jean-Marie Le Pen l'autorisation de servir six mois en Algérie. Il rejoint le Mouvement national d'action civique et sociale (MNACS) deLouis Alloin[118],[119]. De retour en France métropolitaine en, il est exclu, en mai, de l'UDCA, le mouvement poujadiste, et démissionne le mois suivant du groupe UFF, siégeant parmi lesnon-inscrits jusqu'à la fin de la législature. Cette même année, il contribue à la fondation duFront national des combattants (FNC), dont il devient un des deux vice-présidents[119]. À ce titre, il soutient la candidature d'un Français de confessionmusulmane,Ahmed Djebbour, qui est élu député d'Alger en 1958. Le Front national des combattants devient en 1959 le Front national combattant, qui sera dissous en 1961[119]. En 1960, il participe avecJean-Robert Thomazo à la fondation du Front national pour l'Algérie française (FNAF), dont il prend la vice-présidence ; celui-ci est dissous la même année[119],[120].
Revenu d'Algérie, il tente de faire examiner, en vain, un petit nombre de textes relatifs au conflit : un amendement sur ladéchéance de nationalité des terroristes ou une autre invitant le Gouvernement à faire du 14 juillet 1957 la « Journée nationale de l'Algérie française »[111]. Le, à l'Assemblée nationale, lors d'un débat sur lebombardement de Sakiet Sidi Youssef, il interpelle l'ancien président du Conseil des ministresPierre Mendès France, coupable à ses yeux d'avoir bradé l'Indochine, et lui dit :« Monsieur Mendès France, vous n'ignorez pas que vous cristallisez sur votre personne un certain nombre de répulsions patriotiques et presque physiques[121]. » Il l'accuse également d'être le responsable de la situation en ayant accordé l'autonomie interne à laTunisie[122]. Alors que cette déclaration passe inaperçue à l'époque, elle est rappelée dans les médias quelques décennies plus tard, et interprétée comme antisémite. Jean-Marie Le Pen s'en défend, affirmant :« C'est physique, je le trouve très laid. Le fait qu'il soit juif n'entre pas en ligne de compte »[123],[124],[121].
À l'Assemblée nationale, Jean-Marie Le Pen s'apparente au groupe parlementaire du CNIP, lesIndépendants et paysans d'action sociale (IPAS), dont il représente l'aile droite avecAlain de Lacoste-Lareymondie[127]. Il est rapporteur du budget de la guerre à l'Assemblée nationale et de la défense au Sénat de la Communauté. Il ne prend pas part au vote des pleins pouvoirs àCharles de Gaulle[128], ni aux votes d'investiture de ce dernier et duGouvernement de Michel Debré, à qui il propose une« période de fiançailles » de quelques mois[111]. Jean-Marie Pottier relève que« le choix par le gouvernement de l'autodétermination en Algérie le fait vite basculer et le sujet fournit dès lors, en dehors de quelques sorties sur les droits et la santé des étudiants (ses électeurs !), l'essentiel de ses interventions, au Parlement mais aussi en dehors » : il est ainsi arrêté à son domicile en janvier 1960, à l'occasion d'une insurrection des partisans de l'Algérie française à Alger ; il monte à la tribune de l'Assemblée pour défendre son collègue députéPierre Lagaillarde, l'instigateur de la « semaine des barricades », emprisonné à laprison de la Santé ; et il est entendu en novembre 1961 par la police après être intervenu lors d'un meeting à laMaison de la Mutualité où ont été ovationnés l'OAS etRaoul Salan[111],[129]. Au début des années 1960, il rend visite, àMadrid, àAbel Bonnard,Louis Darquier de Pellepoix,Léon Degrelle etOtto Skorzeny[130],[131].
Candidat à sa réélection dans la troisième circonscription de la Seine auxélections législatives de 1962, à nouveau soutenu par le CNIP, il est défait dans le cadre d'une triangulaire remportée par le gaulliste de gaucheRené Capitant[125].
Dès 1963, il estdirecteur de campagne deJean-Louis Tixier-Vignancour en vue de l'élection présidentielle de 1965. Il participe à la fondation desComités Tixier-Vignancour (« Comités TV »), dont il est le secrétaire général de 1964 à 1966[35]. Avec notammentRoger Holeindre etFrançois Brigneau, il rompt avec Tixier-Vignancour à la suite du scrutin présidentiel, lui reprochant notamment un manque d'autorité politique et son appel à voter au second tour pour le candidat de l'union de la gauche,François Mitterrand[132],[133]. Dans des entretiens ultérieurs, Jean-Marie Le Pen déclarera que le plus grand regret de sa carrière politique est de ne pas s'être présenté lui-même à l'élection présidentielle de 1965 à la place de Tixier-Vignancour[134].
Auxélections législatives de 1968, il se présente comme « candidat national indépendant d'union centriste » dans la troisième circonscription de Paris (nouvelle dénomination de la troisième circonscription de la Seine), où il est éliminé au premier tour[139],[140]. Le député sortant, René Capitant, qu'il accuse par son inaction d'être le complice des émeutiers deMai 68, l'emporte à nouveau[141],[142].
En 1972, les responsables du mouvementOrdre nouveau font appel à lui pour prendre la tête duFront national, un parti destiné à l'origine à élargir leur audience. Le FN n'obtient, au départ, que des scores électoraux extrêmement faibles. Candidat auxélections législatives de 1973 dans laquinzième circonscription de Paris, il obtient 5,2 % des suffrages[143]. Alors que le FN recueille 1,3 % des suffrages exprimés en étant présent dans 98 circonscriptions, Jean-Marie Le Pen juge ce résultat encourageant, contrairement à la plupart des militants d'Ordre nouveau[144].
Peu après les élections législatives de 1973, Ordre nouveau est dissous à la suite de violences publiques. Jean-Marie Le Pen rompt ensuite avec les anciens chefs d'Ordre nouveau, dont beaucoup quittent alors le FN pour fonder un parti concurrent, lePFN. Lors de l'élection présidentielle de 1974, se définissant comme le candidat de la« droite sociale, populaire et nationale »[145] et le seul candidat de droite[146],[147], Jean-Marie Le Pen recueille 191 000 voix, soit 0,75 %[148]. En vue du second tour, il appelle à voter en faveur deValéry Giscard d'Estaing, avec qui il a siégé au sein du groupe IPAS à l'Assemblée nationale à la fin des années 1950[149],[150].
Plusieurs événements violents marquent les premières années du FN. Le, un attentat à la bombe détruit son domicile parisien, l'attentat de la villa Poirier[151]. Les vingt kilos d'explosifs, l'une des plus grosses charges qu'ait connues Paris depuis la Seconde Guerre mondiale, détruisent toute une partie de l'immeuble de cinq étages[152]. L'attentat est revendiqué par un comitéantifasciste[153]. Auscrutin législatif de 1978, il s'oppose àÉdouard Frédéric-Dupont dans lacinquième circonscription de Paris, où il recueille au premier tour 3,9 % des suffrages[154] ; pendant l'entre-deux tours,François Duprat, cadre influent du FN, est tué dans l'explosion de sa voiture piégée[155].
Jean-Marie Le Pen n'obtient pas les500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle de 1981.Valéry Giscard d'Estaing aurait alors cherché, sans succès, à obtenir son soutien[156],[157]. Il appelle à voter blanc ou nul au second tour[158],[159]. L'historienne Valérie Igounet indique qu'il a assumé seul le financement de la campagne desélections législatives de juin 1981, grâce à l'héritage légué par Hubert Lambert, en raison de l'absence de tout financement de l'État à cette époque[47]. Lors de ce scrutin, le FN présente ses candidats sous la bannière du « Rassemblement pour les libertés et la patrie », et Jean-Marie Le Pen réunit 4,4 % dans la22e circonscription de Paris[125].
Chef de file des revendications nationalistes
Premiers scores significatifs du Front national
Lors desélections cantonales de 1982, moins d'un an après l'arrivée au pouvoir de la gauche, le Front national présente des candidatures dans une soixantaine de cantons et connait ses premiers succès électoraux, avec des scores avoisinant les 10 % à plusieurs endroits (Grande-Synthe,Dreux-Ouest,Dreux-Est,Pont-de-Chéruy). L'année suivante, lors desélections municipales, Jean-Marie Le Pen propose auRPR et à l'UDF des listes d'union de la droite[160]. Ce scrutin voit une percée du Front national et l'élection de Jean-Marie Le Pen comme conseiller à Paris, sa liste obtenant 11,3 % dans leXXe arrondissement. Quelques mois plus tard, en, lors d'une élection municipale partielle àDreux, la liste conduite parJean-Pierre Stirbois obtient plus de 16 % des voix et fusionne avec la liste RPR-UDF, qui l'emporte au second tour.
Dans le même temps, au printemps 1982, Jean-Marie Le Pen remet une lettre au nouveau président de la République,François Mitterrand, pour dénoncer le manque de visibilité du FN à la télévision, et en particulier l'absence de couverture télévisuelle du sixième congrès du FN. Le 22 juin 1982, François Mitterrand signe une réponse écrite à Jean-Marie Le Pen dans laquelle il juge« regrettable que le congrès d'un parti soit ignoré par Radio-Télévision », et annonce qu'il demande au ministre de la Communication,Georges Fillioud,« d'appeler l'attention des responsables des sociétés Radio-Télévision sur [c]e manquement ». Une semaine plus tard, Jean-Marie Le Pen intervient en direct aujournal de20 heures de TF1[161],[162]. Il obtient un accès croissant à l'espace médiatique, notamment avec son passage àL'Heure de vérité le, sur demande de François Mitterrand[163]. Quelques jours après l'émission, le FN enregistre un millier d'adhésions quotidiennes alors qu'il n'en recueillait en moyenne que quinze jusqu'ici[76]. Par la suite, Jean-Marie Le Pen a su gré à François Mitterrand de lui accorder un traitement « équitable »[149]. À ce sujet,Franz-Olivier Giesbert évoque les propos du ministre socialistePierre Bérégovoy, qui, en juin 1984, considérait que la gauche avait tout intérêt « à pousser le FN » afin de rendre la droite parlementaire « inéligible »[164].
Candidat à l'élection législative partielle de décembre 1983 dans ladeuxième circonscription du Morbihan, Jean-Marie Le Pen dépasse les 12 % et obtient même une majorité absolue des voix (51 %) à La Trinité-sur-Mer, sa commune de naissance[165],[166],[167]. Auxélections européennes de juin 1984, la liste FN qu'il conduit recueille 11,0 % des suffrages. Éludéputé européen, Jean-Marie Le Pen est constamment réélu à partir de cette date jusqu'auxélections européennes de 2014. À la suite de ces élections de 1984, Jean-Marie Le Pen constitue et préside un groupe d'extrême droite au Parlement européen, legroupe des droites européennes (GDE), qui rassemble les élus du Front national, duMouvement social italien – Droite nationale et un élu du parti grec Union politique nationale. Lors desélections européennes de 1989, l'élu grec n'est pas réélu, tandis que le Mouvement social italien, qui effectue un virage vers le centre droit, refuse de continuer à siéger avec le Front national. Le GDE est alors dissous, mais une alliance entre le Front national, le parti flamandVlaams Blok et le parti allemandLes Républicains permet la constitution duGroupe technique des droites européennes (GTDE). Jean-Marie Le Pen préside ce groupe jusqu'aux élections de 1994, qui voient la non-réélection des Républicains allemands. Dès lors, les élus FN font partie desnon-inscrits ; entre 1999 et 2001, ils siègent au sein duGroupe technique des indépendants (GTI), qui rassemble des élus de différentes sensibilités politiques.
La salle Jean Mermoz (île du Ramier,Toulouse), détruite par deux engins explosifs afin d'y empêcher la tenue d'un meeting de Jean-Marie Le Pen, en juin 1984.
En 1986, Jean-Marie Le Pen est élu conseiller régional d'Île-de-France ; lors de l'élection du président de la région Île-de-France, le groupe Front national présente aux deux premiers tours de scrutin la candidature de Soraya Djebbour (fille d'Ahmed Djebbour, qu'il avait contribué à faire élire trois décennies auparavant), première femme musulmane élue au conseil régional d'Île-de-France[168]. Le FN fait élire des présidents de conseils régionaux RPR ou UDF dans les régions où ses voix sont nécessaires pour les faire gagner[169]. Étant député et député européen, Jean-Marie Le Pen démissionne du conseil régional, laissant son siège à Pierre Menuet[réf. nécessaire]. En 1992 et 1998, tête de liste régionale et dans le département desAlpes-Maritimes, il est élu auconseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur[170],[171],[172]. Auxélections régionales de 1998, les listes FN arrivent en deuxième position, avec 26,6 % des voix et 37 conseillers régionaux, soit le même nombre d'élus que pour la droite[171]. Alors que des conseillers de droite — conduits parChristian Estrosi — cherchent à nouer une alliance avec le FN comme en 1986, des élus tels queFrançois Léotard s'opposent à ce rapprochement, ce qui permet l'élection du socialisteMichel Vauzelle à la présidence du conseil régional[173]. Jean-Marie Le Pen perd son mandat de conseiller régional le 24 février 2000, après avoir été condamné à un an d'inéligibilité[174].
Député et candidat à l'élection présidentielle de 1988
La mise en place d'un scrutin de liste proportionnel à un tour par le Gouvernement socialiste permet au Front national d'obtenir35 députés auxélections législatives de 1986. Jean-Marie Le Pen est ainsi député de Paris et préside legroupe Front national – Rassemblement national (FN-RN) à l'Assemblée nationale durant laVIIIe législature. Il revient ainsi au palais Bourbon un quart de siècle après en être parti, un cas rare dans la vie politique française[111].
Dans son premier discours à l'Assemblée nationale, il accuse Jacques Chirac d'avoir frappé le Front national « d'une espèce d'apartheid politique » en pensant qu'il pouvait « transmettre leSIDA »[e],[111].Jean Lecanuet salue« un discours bien fait » etValéry Giscard d'Estaing un discours« chaleureux et vivant »[111]. Tout en décidant de ne pas accorder sa confiance auGouvernement de Jacques Chirac, il se situe dans une« majorité anti-marxiste », anti-socialiste, et se dit prêt à voter au cas par cas des textes de la majorité[111]. Jacques Chirac met en place la stratégie dite du « cordon sanitaire » en désignant personnellement les députés de la majorité chargés de côtoyer ceux du FN et leur demande de ne pas leur adresser la parole[111]. Selon l'historienNicolas Lebourg, il espère« être appelé augouvernement, rêvant duministère de la Défense », et« répond au veto chiraquien par l'isolement de ses élus, pour ne pas qu'ils soient tentés de rejoindre des partis plus faciles à porter socialement et distribuant plus de capital social et financier »[175].
Travaillant à l'amélioration de son image en vue de l'élection présidentielle de 1988, alors que son parti est en ascension électorale, il multiplie les rencontres avec des personnalités étrangères, notamment aux États-Unis, au début de l'année 1987, où il serre la main deRonald Reagan, dont il se veut le pendant français ; lors de son séjour, il est invité par leCongrès juif mondial, qui applaudit son discours pro-israélien[176]. Cette campagne est remise en cause parses propos sur les chambres à gaz en septembre 1987[176].
Durant la campagne présidentielle de 1988, il met en avant le thème de la sécurité, qu'il considère comme la première liberté du citoyen[177]. Il se targue de« dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas » et distingue la« société pluriculturelle, multiraciale, internationaliste », représentée par François Mitterrand et à laquelle ne s'opposent pas les candidats de droite, et la« société du patriotisme national et européen », qu'il estime incarner[177],[178]. Le, il obtient 4,4 millions de voix, soit 14,4 %, un score bien supérieur à ce que lui accordaient les sondages[179],[180]. Les études d'opinion indiquent alors qu'il a réalisé ses meilleurs scores chez les commerçants/artisans, et chez les classes moyennes et supérieures[181]. Jean-Marie Le Pen, qui pensait pouvoir figurer devant ses adversaires de droite Jacques Chirac et Raymond Barre, considère cependant ce score comme un échec[182].
Ce score inattendu de l'extrême droite met dans une situation délicate Jacques Chirac, qui a besoin des voix de Jean-Marie Le Pen pour l'emporter face à François Mitterrand. Or, les relations qu'il entretient avec celui-ci sont tendues[177]. Il avait en particulier déclaré qu'« il était déshonorant de [lui] serrer la main », bien qu'une photo prise en 1987 sur une plage deCap d'Antibes les montre tous deux en maillot de bain se saluant[149]. Entre les deux tours de l'élection, le président du FN estime que les électeurs de la droite classique se réfèrent aux mêmes valeurs que ceux du Front national, ce qui laisse augurer un rapprochement entre les deux hommes[180]. Jacques Chirac rencontre secrètement Jean-Marie Le Pen par l'entremise du généralPierre de Bénouville et en présence deCharles Pasqua et d'Édouard Balladur[183] ; mais à cette occasion, Jacques Chirac aurait déclaré qu'il ne ferait aucune concession sur son programme. Jean-Marie Le Pen ne donne pas de consigne de vote en vue du second tour[149]. Charles Pasqua regrette cette absence d'accord et considère qu'elle a acté l'échec de la droite au scrutin[180]. À l'issue du vote, une étudeSofres indique que 65 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen ont voté pour Jacques Chirac au second tour, contre 19 % pour le président sortant[181].
Dès lors, le journalisteSerge Moati affirme que les différences entre droite et gauche s'estompent pour laisser place à un « front anti-FN »[180]. Jean-Marie Le Pen condamne vivement la décision de Jacques Chirac de revenir au scrutin majoritaire pour lesélections législatives de juin 1988, l'accusant de« violer l'Assemblée nationale » : ce choix annonce la disparition du groupe FN à l'Assemblée[184]. Lors de ces élections, Jean-Marie Le Pen est battu parMarius Masse (Parti socialiste) dans lahuitième circonscription des Bouches-du-Rhône, obtenant 43,6 % des suffrages au second tour[125].
Cette même année, Jean-Marie Le Pen crée l'association de financement Cotelec[185], qui se donne pour mission de « promouvoir l'image et l'action de Jean-Marie Le Pen » et qui accorde régulièrement des prêts au FN ou à ses candidats et lui reverse une partie de ses revenus. Le mode de financement de cette association sera critiqué en 2013 et 2014, notamment à la suite du rejet de ses comptes par laCommission nationale des comptes de campagne et de la réception, via un compte ouvert à la banque suisseJulius Bär, d'un prêt de deux millions d'euros de la sociétéchypriote Vernonsia Holdings Ltd[f],[186],[187],[188].
En 1990, il s'oppose à laguerre du Golfe contre l'Irak et déplore que la France soit« à la remorque de ceux qui se veulent aujourd'hui les gendarmes du monde »[189].
Candidats arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle de 1995 (par département).
Candidat à l'élection présidentielle de 1995, il obtient 4,57 millions de voix, soit 15,0 %, arrivant en quatrième position au premier tour, derrièreLionel Jospin,Jacques Chirac etÉdouard Balladur. Il améliore ainsi sensiblement son score de la présidentielle de 1988, lors de laquelle il avait opté pour une campagne plus libérale sur le plan économique[191]. C'est dans l'Est de la France, en particulier dans le Sud-Est, qu'il rencontre le plus de succès. Cette situation est généralement expliquée par la sensibilité de l'électorat de ces territoires aux thèmes de l'immigration et de l'insécurité[192]. Son discours « anti-élites » est également considéré comme un facteur de succès[192]. Jean-Marie Le Pen refuse de choisir entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, les qualifiant tous deux d'« hommes de gauche » et déclarant :« Pour nous, disons-le clairement, Chirac, c'est Jospin en pire. »[193],[194].
Bruno Mégret, ancien membre duRPR, adhère au Front national en 1987, et devient délégué général du parti l'année suivante. Rapidement, il démontre ses talents d'organisateur et acquiert une forte popularité au sein du Front national[195]. Au cours des années 1990, des divergences apparaissent avec Jean-Marie Le Pen.
Le délégué général du FN apparaît comme plus ferme sur les questions d'immigration, notamment au vu des 50 mesures « concrètes » qu'il propose pour lutter contre celle-ci en 1991[160]. Il met en œuvre une stratégie dedédiabolisation du Front national devant permettre son accession au pouvoir ; dans cette optique, il se montre ouvert à de potentielles alliances avec la droite parlementaire. Son discours met également l'accent sur les questions économiques, où il apparaît comme plus libéral que le président du parti. Enfin, ses positions sont jugées plus atlantistes que celles de Jean-Marie Le Pen en matière de politique étrangère. Dans le même temps, Jean-Marie Le Pen perd le soutien de plusieurs cadres du parti, qui regrettent son manque d'implication dans les élections législatives et locales.
Jean-Marie Le Pen professe des idéesnationalistes, que ses adversaires jugent extrémistes voire xénophobes. Il prône une politique de lutte contre l'immigration, pour lapréférence nationale, et la relance de ladémographie par lanatalité[203]. La médiatisation de son discours sur les questions d'immigration et d'insécurité favorise l'émergence de ces thèmes dans le débat public à partir du début des années 1980. Lenéologisme politique « lepénisation des esprits » désigne l'acceptation progressive par les Français de tout ou partie des thèmes développés par Jean-Marie Le Pen. Le premier homme politique à employer ce terme est le sénateurRobert Badinter, le, lors des débats parlementaires sur laloi Debré relative à l'immigration[g],[204].
Lors de lacampagne présidentielle de 1974, Jean-Marie Le Pen se définit comme le candidat d'une « droite qui ose dire son nom »[23]. Sur le plan économique, tout en dénonçant les excès du capitalisme, il concentre son discours sur les fonctions régaliennes de l'État (ordre, défense, justice), et se montre hostile aux prélèvements obligatoires et aux interventions économiques de l'État. Il est favorable à des privatisations et à une réduction du nombre de fonctionnaires[23], critique l'action des « syndicats marxistes » et se prononce pour un strict encadrement dudroit de grève[23]. Ses priorités sont les mêmes lors de la campagne présidentielle de 1988, lors de laquelle il dénonce un « État bureaucratique, fiscaliste et socialiste »[178].
À partir des années 1990, il s'éloigne de la vision libérale (« reaganienne ») qu'il défendait jusque-là. Il émet des réserves de plus en plus fortes sur lelibre-échange et lamondialisation, dénoncée sous le terme de « mondialisme ». Cette dernière thématique est de plus en plus évoquée dans ses discours, tandis que décline quelque peu celle de l'immigration[205]. Alors qu'il est traditionnellement classé à l'extrême droite ou à droite de l'échiquier politique, le terme de « gaucho-lepénisme » fait son apparition à l'occasion de l'élection présidentielle de 1995, lors de laquelle Jean-Marie Le Pen arrive en tête des votes chez les ouvriers et bénéficie du soutien d'anciens électeurs de gauche[206].
Il met principalement en avant le thème de l'insécurité. Selon lui, l'« absence de sécurité grandissante des personnes et des biens » est liée au phénomène « d'immigration massive » que connaît la France depuis les années 1960-1970. Certains de ses partisans affirment qu'une partie de lacommunauté juive de France s'est rapprochée de ses idées, ressentant une pression de l'antisémitisme en France dont la responsabilité serait à imputer à l'immigrationmusulmane, que Jean-Marie Le Pen dénonce[207].
Au niveau institutionnel, il s'inquiète d'institutions équivoques, à mi-chemin entre régime présidentiel et régime parlementaire, et propose ainsi une révision de la Constitution visant à renforcer les pouvoirs de l'Assemblée nationale et à instaurer une véritable cour suprême[23].
En matière de politique étrangère, sonanticommunisme le conduit à se prononcer, en 1974, pour des« alliances européennes et atlantiques » face à l'« impérialisme soviétique »[23]. Il se pose longtemps en défenseur d'Israël face aunationalisme arabe, au point d'être un temps considéré comme l'homme politique français le plus favorable à cet État[209],[210]. Mais après l'effondrement du bloc communiste, il adopte une position moinsatlantiste et prend ses distances avec Israël. Cette évolution lui attire la sympathie de personnalités plus à gauche, commeAlain Soral, mais l'oppose notamment àBruno Mégret et à de nombreux adhérents du Front national, en particulier des pieds-noirs, qui quittent le parti[211]. En, en pleineguerre du Golfe, Jean-Marie Le Pen se rend àBagdad pour négocier directement avecSaddam Hussein la libération de 55 otages, qu'il ramène en France[212] ; en 1996, il effectue une nouvelle visite en Irak pour soutenir le régime de Saddam Hussein, menacé par le blocus occidental[213]. Par ailleurs, Jean-Marie Le Pen entretient des relations amicales avec l'ancien Premier ministre turcNecmettin Erbakan[214],[215], qu'il rencontre personnellement lors de ses vacances d'été àAltınoluk(en) en 1997[216]. Dans un entretien accordé au bimensuelFlash en septembre 2009, il revient sur cette amitié et déclare à propos d'Erbakan :« il faut savoir qu'il s'agit d'un religieux, très profondément croyant, persuadé comme moi que l'islam risque de se corrompre dans la fréquentation ou dans l'intimité d'un Occident décadent ».
À l'approche du scrutin présidentiel de 2002, l'extrême droite apparaît très affaiblie et divisée en raison de la scission de 1999[217]. Les sondages accordent longtemps à Jean-Marie Le Pen moins de 10 % des suffrages, tandis que le président sortant, Jacques Chirac, et le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, sont donnés favoris[218].
Pendant la campagne, il appelle à la constitutionnalisation de lapréférence nationale, à l'expulsion immédiate des immigrés en situation irrégulière, à la fin duregroupement familial et à la suppression de l'acquisition automatique de lanationalité française[219]. Il souhaite également une hausse significative des moyens mis à la disposition des forces de l'ordre et l'application du principe de « tolérance zéro »[220]. Au niveau économique, il dénonce « trente ans defiscalo-étatisme » et se prononce pour l'allongement de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à65 ans[219]. S'il mène une campagne au ton apaisé, s'affirmant par exemple « candidat ducentre droit » afin de se distinguer de la candidature deBruno Mégret, il profite, selonNicolas Lebourg, d'« un climat anxiogène, où la thématique de l'insécurité devient la grille de lecture du pays et où chacun fait ainsi,mezza voce, la campagne du candidat frontiste »[221].
Candidats arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle de 2002 (par département).
Le, lors du premier tour de l'élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen obtient 4,8 millions de voix et 16,9 % des suffrages, se classant en deuxième position sur 16 candidats, derrière Jacques Chirac (19,9 %) et devant Lionel Jospin (16,2 %). Malgré un contexte de forte abstention (28,4 %), il améliore son résultat de plus de 200 000 voix par rapport à la présidentielle de 1995[222]. Il réalise ses meilleurs scores dans l'est de la France, avec un pic de 26 % dans les Alpes-Maritimes et de 27 % à Marseille[223]. Les enquêtes d'opinion indiquent l'importance qu'apporte son électorat aux questions d'immigration, de délinquance et de chômage[217].
Cette élection constitue un événement important dans la vie politique française dans la mesure où c'est la première fois qu'un candidat classé à l'extrême droite se qualifie pour le second tour d'une élection présidentielle. Le traditionneldébat d'entre-deux-tours n'a pas lieu, Jacques Chirac refusant de débattre avec lui en direct sur les chaînes de télévision[224]. Les médias soulignent alors la stratégie du président sortant visant à ne pas effrayer les électeurs de gauche, qui s'apprêtent à voter massivement pour lui, et à éviter toute confrontation directe avec Jean-Marie Le Pen[225],[h].
Le, Jean-Marie Le Pen recueille 17,8 % des voix, contre 82,2 % à Jacques Chirac. Il améliore son score de 720 000 voix par rapport au premier tour[228]. Auxélections législatives de juin suivant, le Front national obtient 11,1 % des voix, soit quatre points de moins qu'en 1997.
Dernières campagnes électorales
Sa candidature auxélections régionales de 2004 enProvence-Alpes-Côte d'Azur est rejetée par le préfet de région pour cause d'absence de domiciliation ou d'attache fiscale dans la région[229],[230]. Il retrouve son mandat de conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur après lesélections régionales de 2010, lors desquelles il réalise le meilleur score pour un candidat FN au second tour (22,9 % des voix au niveau régional et 23,8 % dans les Alpes-Maritimes, où il est tête de liste)[231],[232]. Le, en tant que doyen d'âge, il préside la séance inaugurale, qui voit la réélection du socialisteMichel Vauzelle à la tête de la région[233]. Jean-Marie Le Pen préside ensuite le groupe FN au conseil régional de PACA ; avec 21 élus, celui-ci est le plus important groupe FN d'une région française[234].
La liste qu'il conduit auxélections européennes de juin 2004 dans lacirconscription Sud-Est obtient 12,2 % des voix, ce qui lui permet de faire son retour au Parlement européen[235]. Il est réélu cinq ans plus tard, enjuin 2009, sa liste ayant recueilli 8,5 % des suffrages[236] ; alors qu'il est pressenti pour être le doyen d'âge du Parlement européen, ce qui lui aurait permis de présider la session inaugurale[i], les députés européens adoptent en mai 2009 une modification du règlement interne du Parlement européen afin d'écarter cette possibilité[237],[238]. Le25 mai 2014, la liste FN qu'il mène arrive en tête du scrutin dans le Sud-Est avec 28,2 %[239]. Lors de la8e législature, il fait partie des élus français les moins présents auParlement européen[240],[241],[242].
Jean-Marie Le Pen en 2006.
En vue de l'élection présidentielle et desélections législatives de 2007, Jean-Marie Le Pen lance un appel à différents partis et courants politiques pour constituer une « union patriotique », dont il serait la tête ; Bruno Mégret, qui préside leMouvement national républicain (MNR), ainsi que le Parti populiste (PP), répondent favorablement à cet appel, contrairement àPhilippe de Villiers, président duMouvement pour la France (MPF)[243],[244]. Durant cette campagne, Jean-Marie Le Pen évoque fréquemment les difficultés qu'il éprouverait pour obtenir les500 parrainages d'élus nécessaires à la validation de sa candidature et dénonce en particulier la publication des listes de parrains. Âgé de78 ans au moment du scrutin, il est le doyen d'âge des candidats français à une élection présidentielle au scrutin direct.
Pendant la campagne, il est fortement concurrencé sur le thème de l'immigration par le candidat de l'UMP,Nicolas Sarkozy ; Jean-Marie Le Pen appelle alors à privilégier« l'original à la copie »[245]. Le, le président du FN arrive en quatrième position du premier tour avec 3,83 millions de suffrages, soit 10,4 %, ce qui constitue un net recul par rapport au scrutin de 2002 et son plus faible score depuis l'élection de 1974[246]. Le, il invite ses électeurs à« s'abstenir massivement » au second tour, qualifiant le choix entre les deux candidats de choix entre« bonnet rose et rose bonnet »[247],[248]. SelonTNS Sofres, 27 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen auraient suivi sa consigne d'abstention ou auraient voté blanc ou nul, 61 % s'étant prononcés en faveur de Nicolas Sarkozy[249],[250]. Plusieurs observateurs jugent que ce dernier a mené campagne en vue d'attirer à lui les électeurs frontistes, stratégie qui se serait révélée gagnante au vu de son score et du faible résultat de Jean-Marie Le Pen.
Par la suite, Jean-Marie Le Pen alterne critiques et compliments envers le nouveau président de la République, disant de sa campagne« qu'elle pourra être étudiée à Sciences Po »[251] et que« la France a voté contre une nouvelle catastrophe socialiste », tout en considérant qu'elle« a le président qu'elle mérite »[252]. À l'occasion du congrès qui se tient à Bordeaux en novembre 2007, Jean-Marie Le Pen est réélu pour trois ans président du FN, pour la première fois par le vote des militants après la modification des statuts intervenue à l'été. Il obtient 97,6 % des voix, maisValérie Igounet souligne qu'il s'agit d'« une unanimité de façade puisque 14 secrétaires départementaux sur 96 refusent de parrainer sa candidature »[253].
Le, Jean-Marie Le Pen annonce qu'il ne se représentera pas à la présidence du FN à l'issue duprochain congrès du parti, et qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de 2012[254]. Il apporte son soutien à sa fille,Marine Le Pen, qui est élue présidente du parti en, face àBruno Gollnisch. Devenu président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen anime des réunions publiques dans des fédérations frontistes. Il est également présent à plusieurs grands meetings de la campagne présidentielle de 2012 de Marine Le Pen.
Au cours de lacampagne présidentielle de 2012, Jean-Marie Le Pen fait connaître son désaccord avec sa fille Marine sur la proposition de celle-ci de restaurer l'âge légal de départ à la retraite à60 ans avec 40 annuités de cotisation, lui-même ayant prôné lors des scrutins précédents l'allongement de cet âge à65 ans[255].
Le, après avoir mis plusieurs fois en doute la stratégie de « dédiabolisation du Front national », Jean-Marie Le Pen revient sur ses propos polémiques de 1987 en réaffirmant que les chambres à gaz sont un« détail de l'histoire »[256]. Le, il se refuse à considérer lemaréchal Pétain comme un traître[257]. Marine Le Pen annonce alors sa décision d'engager une procédure disciplinaire contre son père et l'invite à se retirer de la vie politique[258],[259]. Il renonce alors à se présenter auxélections régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur[260].
Le, le bureau exécutif du Front national le suspend de sa qualité d'adhérent du parti jusqu'à la tenue d'un vote par courrier des adhérents visant à entériner une réforme des statuts qui supprime la présidence d'honneur[261],[262]. Jean-Marie Le Pen dénonce une « félonie » et affirme ne pas souhaiter la victoire de sa fille à l'élection présidentielle de 2017[263], estimant qu'elle est sous l'influence deFlorian Philippot, avec qui il est en désaccord sur plusieurs sujets[264]. Avec son fidèleBruno Gollnisch, il ne fait pas partie du groupeEurope des nations et des libertés (ENL), que sa fille parvient à fonder au Parlement européen en.
Jean-Marie Le Pen est convoqué le devant le bureau exécutif, réuni en formation disciplinaire. À l'issue de son audition, il est exclu du parti « à la majorité requise », en l'absence de Marine Le Pen et de Florian Philippot[265],[266].Louis Aliot,Marie-Christine Arnautu,Bruno Gollnisch etMarion Maréchal font connaître leur opposition à cette exclusion[267],[268] alors que plusieurs élus quittent le FN ou en sont exclus, dénonçant un changement d'orientation du parti[269],[270]. Selon un sondage Ifop, 53 % des sympathisants du FN approuvent l'exclusion de Jean-Marie Le Pen[271].
Attaquant en référé la décision du bureau exécutif du FN de, il obtient gain de cause à trois reprises au cours du mois de[j]. Sur le fond, le, le tribunal de grande instance de Nanterre valide son exclusion du Front national mais le maintient dans sa fonction de président d'honneur du parti, ce qui lui permet de conserver le droit d'être convoqué à toutes les instances du FN (bureau exécutif, bureau politique, commission d'investiture)[276],[277]. Pour autant, Marine Le Pen s'oppose à sa participation aux instances du parti, lui refusant notamment l'accès au bureau politique[278]. Le, la cour d'appel de Versailles se prononce dans le même sens que le jugement de première instance[279] tout en condamnant le Front national à lui verser 25 000 euros de dommages et intérêts[280].
Lors duXVIe congrès du FN, en, les militants du parti adoptent les nouveaux statuts proposés par la direction qui suppriment notamment la fonction de président d'honneur que Jean-Marie Le Pen occupait depuis 2011[281].Laurent de Boissieu estime cependant que« l'héritage de l'ancien chef reste prégnant, comme le prouvent les bons scores obtenus à l'élection du comité central par deux de ses proches,Bruno Gollnisch (5e) etMarie-Christine Arnautu (10e) »[282].
Dans sesMémoires de 2019, il écrit à propos de Marine Le Pen :« Elle a certaines qualités pour faire de la politique : du cran, de l'allant, de la répartie. Mais elle n'a pas confiance en elle. Cela explique ses fautes. Son côté dictatorial. […] Elle ne supporte pas la contradiction. […] J'étais la seule opposition dans son nouveau FN : c'est pour cela qu'elle m'a viré ». Il reproche également à sa fille une« ouverture à gauche » du parti et sa« recherche éperdue de dédiabolisation au moment où le diable devient populaire ». Il qualifie en revanche sa nièce Marion Maréchal de« femme exceptionnellement brillante »[283].
À la fin de l'année 2020, il engage la dissolution de ses associations de financement Cotelec et Promelec, qui participaient jusque-là au financement des campagnes du Rassemblement national (ex-Front national)[284].
Comités Jeanne,Mémoires et retraite
Après avoir envisagé la création d'un « Rassemblement Bleu-blanc-rouge » afin d'« agir dans le même sens que le Front national »[285], il annonce en mars 2016 le lancement desComités Jeanne pour peser sur la ligne politique du FN[286]. Il appelle à voter pour celui-ci lors desélections régionales de 2015[287] et indique que son association Cotelec a prêté six millions d'euros au parti pour la campagne présidentielle de 2017[288], lors de laquelle il annonce son vote pour Marine Le Pen[289]. Auxélections législatives qui suivent, les Comités Jeanne présentent plusieurs candidats dans le cadre d'une alliance avec leParti de la France,Civitas, laLigue du Sud et leSIEL[290]. Jean-Marie Le Pen rejoint l'Alliance pour la paix et la liberté (APF) l'année suivante[k],[291].
Jean-Marie Le Pen à une séance de dédicaces de sesMémoires en 2019.
Le, il publie le premier volume de sesMémoires, qui couvre la période allant de sa naissance à la fondation du Front national[54]. L'ouvrage est publié aux éditions Muller, dirigées parGuillaume de Thieulloy[292]. Le manuscrit est d'abord passé entre les mains d'éditeurs de renom commeRobert Laffont etAlbin Michel, qui ont renoncé à la publication en raison de menaces d'auteurs de changer d'éditeur[293],[294]. Imprimé à 50 000 exemplaires, l'ouvrage est épuisé avant même sa parution[295]. Réédité à 100 000 exemplaires, il est l'essai le plus vendu en librairie et surAmazon en février et mars 2018[296],[297]. Le second volume de ses Mémoires,Tribun du peuple, sort en[298].
Après avoir déclaré qu'il ne souhaitait pas se présenter auxélections européennes de 2019 et appelé à l'émergence d'une nouvelle génération de candidats[299], il laisse entendre à l'été 2018 qu'il n'exclut pas d'être candidat une dernière fois[300],[301]. En, il indique qu'il accepterait de figurer sur la liste du Rassemblement national, mais Marine Le Pen lui oppose une fin de non-recevoir[302],[303]. Il quitte le Parlement européen en, après y avoir siégé pendant34 ans, entre 1984 et 2019 (hormis un interlude de 2003 à 2004 en raison de sa peine d'inéligibilité)[304].
En, Jean-Marie Le Pen crée un institut à son nom afin de mettre à disposition du grand public les archives retraçant son parcours politique. Son secrétaire général,Lorrain de Saint Affrique, le décrit comme le pendant de l'INA pour la« droite nationale »[305].
Après un malaise cardiaque au printemps 2023, il décide, avec l'accord de sa fille Marine, de ne plus prendre part au débat public, ne publiant plus sonJournal de bord hebdomadaire et ne recevant plus la presse[306].
En,Mediapart publie des extraits vidéos où on peut voir Jean-Marie Le Pen en train de chanter avec Match Retour, un groupe de rock proche de la sphère néonazie. Sa fille Marine Le Pen annonce porter plainte pourabus de faiblesse[307].
Mort, réactions et funérailles
Jean-Marie Le Pen meurt le àGarches (Hauts-de-Seine), à l'âge de96 ans, dans un établissement médical où il avait été admis depuis plusieurs semaines[308],[309],[310],[311]. Il est alors le dernier parlementaire de laIVe République à être encore en vie[312]. Le Premier ministreFrançois Bayrou publie un message d'hommage qui suscite la controverse à gauche et au centre :« Jean-Marie Le Pen aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était »[313].
Sa mort est célébrée lors de rassemblements de centaines de personnes dans plusieurs villes de France[314],[315],[316]. Selon un sondage de l'institut CSA, 68 % des Français se disent choqués par les rassemblements célébrant la mort de Jean-Marie Le Pen[317]. Le ministre de l'Intérieur,Bruno Retailleau, du partiLes Républicains, condamne ces rassemblements en affirmant :« Rien ne justifie qu’on danse sur un cadavre. La mort d’un homme, fût-il un adversaire politique, ne devrait inspirer que de la retenue et de la dignité. Ces scènes de liesse sont tout simplement honteuses »[318]. Jean-Marie Le Pen lui-même avait déclaré à la mort deJacques Chirac :« Mort, même l'ennemi a droit au respect. » Ces mots sont repris parSophie Primas,porte-parole du gouvernement, après ces rassemblements[319].
Sa fille cadetteMarine, qui apprend la nouvelle alors qu'elle revient d'un déplacement àMayotte (à la suite du passage ducyclone Chido), lui rend hommage le lendemain du décès en concluant son message par « Bon vent et bonne mer, Papa ! »[320]. Dans un communiqué duRassemblement national lui rendant hommage, il est écrit :« Au cours de six décennies de combat politique actif, il s’est avéré être un visionnaire, imposant dans le débat public les grands sujets qui structurent aujourd’hui la vie politique comme ladémographie et son corollaire l’immigration, lamondialisation et le déclassement de la France, lasouveraineté nationale et lerisque de dilution dans l’Union européenne »[321].
Sa tombe estvandalisée dans la nuit du 30 au[326],[327]. La préfecture annonce que la gendarmerie du Morbihan va réactiver une surveillance du site[328],[329].
Propos haineux, négationnisme et affaires judiciaires
Jean-Marie Le Pen en 2005.
Durant son parcours politique, Jean-Marie Le Pen tient de façon récurrente des propos jugés provocateurs,racistes,antisémites etnégationnistes[330],[331],[332],[333],[334],[335] qui lui valent denombreux procès. Ces provocations,« transformées en véritables événements politiques »[334], visent à« attirer l’attention sur lui »[334] et n’ont« pas cessé avec la progression spectaculaire » du FN après 1983[334]. Elles sont« d’abord destinées aux militants, à l’occasion des grands rassemblements » du FN, afin les« mobiliser », selon l'historienMathias Bernard[334]. En 2015, Marine Le Pen y voit« une stratégie avouée » de« provocation » parce qu'il pensait que« la polémique est positive pour le mouvement »[336]. Ce dernier a toujours« toujours dit que ladédiabolisation », voulue par sa fille« était un leurre, puisque ce sont nos adversaires qui nous diabolisent »[337].
Le nombre de condamnations en Justice de Jean-Marie Le Pen s'élève en tout à 25[338] ou 26[339] selon les sources, dont six au seul titre du « point de détail »[339], la première ayant eu lieu en 1964, pour« coups et blessures volontaires » datant du 24 février 1960 sur le boulevard Saint-Germain, la victime se plaignant d'une« dent cassée » et d'une« arcade sourcilière fendue »[340].
Déclaration sur les « sidaïques »
Évoquant les malades dusida au cours de l'émission d'Antenne 2L'Heure de vérité, le, il déclare :« En revanche, je crois que le « sidaïque » — c'est unnéologisme, il n'est pas très beau, mais je n'en connais pas d'autres — est contagieux par sa transpiration, ses larmes, sa salive, son contact. C'est une espèce de lépreux, si vous voulez »[341],[342].
Démographie en Afrique et Ebola
Il tient des propos controversés sur la question de la démographie en Afrique lors d'une réunion publique, le :« MgrEbola peut régler ça en trois mois ». Dénonçant l'emballement médiatique qui entoure cette phrase, Jean-Marie Le Pen ne revient cependant pas sur ses propos[343].
Condamnation pour apologie de crime de guerre et contestation de crimes contre l'humanité
Le, la cour d'appel de Paris le condamne à deux mois de prison avecsursis et 10 000 francs d'amende pourapologie de crime de guerre. Le texte figurant au dos de la pochette d'un disque de chants nazis intitulé « LeIIIe Reich : Voix et chants de la révolution allemande » édité par sa société d'éditions, laSerp, indiquait :« La montée vers le pouvoir d'Adolf Hitler et du Parti national-socialiste fut caractérisée par un puissant mouvement de masse, somme toute populaire et démocratique, puisqu'il triomphera à la suite de consultations électorales régulières, circonstances généralement oubliées […] »[344],[345],[346].
Le, interrogé auGrand Jury RTL-Le Monde à propos de la contestation par desnégationnistes de l'utilisation par les nazis dechambres à gaz, il déclare :« Je n'ai pas étudié spécialement la question, mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de laDeuxième Guerre mondiale ». Ces propos révisionnistes travestissent la réalité historique : plus de deux millions de personnespérirent dans les centres d'extermination nazis, dont un grand nombre par gazage. Les propos de Le Pen, qui interviennent alors qu'il courtisait auparavant l'électorat juif, entraînent des départs de militants et cadres du FN, ainsi que la réprobation de la quasi-totalité de la classe politique[347],[348].
L'argumentation ultérieure de Jean-Marie Le Pen repose sur le fait que ces chambres à gaz ne sont pas le seul lieu où des gens ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout en exprimant ses regrets et après avoir pourtant accordé une minute de silence aux victimes juives du nazisme[349], il réitère cette formule du « détail » à ce sujet en 1997, 2008, 2009 et 2015[350],[351],[352],[353],[354]. Ses déclarations font partie des griefs qui conduisent à son exclusion du FN en 2015.
Sur le fond, le, il est condamné par cette même cour à verser un total de près d'1,2 million de francs aux associations parties civiles pour banalisation decrimes contre l'humanité et« consentement à l'horrible »[357],[358],[359]. Le, deux ans après qu'il a reparlé des chambres à gaz comme d'un « détail », la cour d'appel de Versailles le condamne à verser entre un franc symbolique et 5 000 F dedommages-intérêts à onze associations plaignantes[360].
Le 27 mars 2018, il est condamné définitivement à 30 000 euros d'amende pour négation de crime contre l'humanité pour avoir réitéré ses propos en 2015[354],[361].
En, il déclare, dans l'hebdomadairenégationnisteRivarol, que« l'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 km2 » et que« si les Allemands avaient multiplié les exécutions massives dans tous les coins, comme l'affirme lavulgate, il n'y aurait pas eu besoin de camps de concentration pour les déportés politiques »[362],[363] ; il promeut une thèse révisionniste au sujet dumassacre d'Oradour-sur-Glane[364]. Ces propos, qui nient la réalité historique de la persécution — et de la déportation — des Juifs et d'autres civils par le régime nazi, aidé par lerégime de Vichy[365], provoquent l'ouverture d'uneinformation judiciaire à la suite d'une plainte déposée par l'associationFils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), représentée parArno Klarsfeld.
En 2016, Jean-Marie Le Pen est débouté de ses demandes auprès de laCour européenne des droits de l'homme, alors qu'il prétendait que ses condamnations pour « apologie de crimes de guerre » et « contestation de crime contre l'humanité » auraient été une atteinte à sa liberté d'expression. La Cour relève notamment que les peines ne sont pas disproportionnées, d'autant que les propos« tendaient en réalité à réhabiliter une organisation criminelle »[369].
Pour provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciale
Par un arrêt du, Jean-Marie Le Pen est condamné au versement d'un franc symbolique pour « antisémitisme insidieux ». Il avait déclaré l'année précédente, à propos de journalistes juifs ou d'ascendance juive :« Je dédie votre accueil àJean-François Kahn, àJean Daniel, àIvan Levaï, àElkabbach, à tous les menteurs de la presse de ce pays […] »[357],[370].
Lacour d'appel de Paris le condamne en à une amende pour provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciale, pour avoir en 1984 qualifié de« danger mortel […] l'hégémonie tenant à l'explosion démographique dutiers monde, et en particulier dumonde islamo-arabe, qui actuellement pénètre notre pays ». En 1993, la Cour de cassation annule les dispositions portant condamnation du délit de provocation à la discrimination raciale[371]. En 2005, la cour d'appel de Paris le condamne également pour incitation à la haine raciale pour avoir déclaré un an auparavant :« Le jour où nous aurons en France, non plus cinq millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont. Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux »[372].
Dans les colonnes deRivarol du, il affirme :« […] D'autant que, quand je dis qu'avec25 millions de musulmans chez nous, les Français raseront les murs, des gens dans la salle me disent non sans raison : « Mais Monsieur Le Pen, c'est déjà le cas maintenant. » » Pour ces propos, le, la cour d'appel de Paris le condamne à 10 000 € d'amende pour provocation à ladiscrimination, à lahaine ou à la violence raciales[373],[374],[375].
Le, lors de l'université d'été du Front national auCap d'Agde, il déclare :« Monsieur Durafour et Dumoulin, obscur ministre de l'ouverture dans laquelle il a d'ailleurs immédiatement disparu, a déclaré : « Nous devons nous allier aux élections municipales, y compris avec leParti communiste, car le Parti communiste, lui, perd des voix tandis que l'extrême droite ne cesse d'en gagner… »M. Durafour-crématoire, merci de cet aveu »[378]. Le jeu de mots, allusion auxfours crématoires descentres d'extermination nazis, fait scandale (voirinfra). Les principaux arguments de défense seront qu'auparavant,Michel Durafour avait lancé un appel public à« exterminer le Front national »[379]. Pour cette affaire, sonimmunité parlementaire de député européen est levée le[380].
En, la cour d'appel de Versailles le condamne à un an d'inéligibilité et trois mois de prison avec sursis pour« violences sur personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions ». Il est accusé d'avoir agressé lamaire de Mantes-la-Ville et candidatesocialiste auxélections législatives de 1997,Annette Peulvast-Bergeal, qui faisait partie d'un rassemblement l'ayant conspué et ayant bloqué son véhicule lors de sa venue dans la ville dans le cadre de cette campagne électorale[390],[391],[392],[393],[394].
Victoires judiciaires
Jean-Marie Le Pen a remporté plusieurs procès face à des journaux, associations et éditeurs, notamment l'hebdomadaire trotskysteRouge en 1974,L'Événement du jeudi en 1986 puisL'Humanité en 1989[395],[396],[397].
Caricatures le présentant comme un nazi
Concernant lescaricatures le présentant comme unnazi ou unfasciste, en 1985, la cour d'appel de Paris condamne pour diffamation publiqueSerge July, directeur de publication deLibération, dans le cadre d'une caricature le montrant arborant unecroix de fer sur la poitrine, attaquant le siège duParti communiste français[398]. En 1990, le tribunal de grande instance de Paris condamneOlivier Ranson, journaliste, David Saada, directeur de publication du mensuelL'Arche, et leFonds social juif unifié, éditeur du mensuel, pour l'avoir comparé àAdolf Hitler, la juridiction estimant que la démarche du mensuel est« outrancière compte tenu du mal absolu que représentent Hitler et les siens à l'égard des juifs »[399]. En 2019, il fait condamner le publicitaireJacques Séguéla, qui l'avait qualifié de nazi[400].
en[405], il perd les poursuites engagées contre Jean-Michel Thénard, journaliste deLibération, qui a repris l'interview du docteur Jean-Maurice Demarquet, en le contextualisant, auMonde, démarche qu'avait négligé ce dernier qui est lui condamné[405] ;
en 1997, la cour d'appel de Rouen déboute Jean-Marie Le Pen de ses poursuites en diffamation enversMichel Rocard ;
le suivant, Jean-Marie Le Pen est débouté de ses poursuites en diffamation puis perd en appel, l'enquête duMonde sur son rôle dans la torture étant qualifiée de « particulièrement sérieuse et approfondie » par la justice, et « la bonne foi » du journal reconnue[84],[410],[411]. Le journal a produit son poignard, gravé de son nom, oublié dans l’appartement de la famille Moulay, dont le père a été torturé à mort devant ses six enfants sans lâcher un seul nom[412].
Plus généralement, depuis la fin des années 1990, il a perdu tous ses procès sur la torture, selon l’historienFabrice Riceputi[412].
Procès contre le MRAP et Patrick Bruel
En, poursuivi par leMRAP, il est relaxé par le tribunal correctionnel de Nanterre après que leFNJ a diffusé aux élections régionales de 2010 des affiches intitulées « Non à l'islamisme » présentant une femme envoile intégral à côté d'une carte de France recouverte dudrapeau de l'Algérie avec desminarets en forme de missiles[413],[414].
En, il fait uncalembour à l'égard du chanteurPatrick Bruel et d'autres artistes en utilisant le terme de« fournée » dans une édition de son journal de bord audiovisuel. Il est relaxé pour ses propos en[415], même si sa filleMarine Le Pen a estimé qu'il s'agit d'une« faute politique » etLouis Aliot, un des vice-présidents de ce parti, qualifié le choix de ce terme de« stupide politiquement et consternant »[416]. LeFront national décide alors de ne plus héberger son journal de bord sur son site internet[417]. Jean-Marie Le Pen ouvre son propre blog sur internet et y publie une lettre ouverte à Marine Le Pen, dans laquelle il la vouvoie et rend publiques leurs dissensions[418],[419].
Autres affaires et mises en examen
En, il est mis en examen pourdiffamation à caractère raciste pour avoir déclaré en 2009 que« 90 % des faits divers ont à leur origine soit un immigré soit une personne d'origine immigrée »[420],[421].
Dans l'affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen, Jean-Marie Le Pen est mis en examen en 2019 pour « détournement de fonds publics » et « complicité » de ce délit[425]. En 2023, le parquet de Paris requiert un procès contre leRassemblement national et27 personnes liées au parti, dont Jean-Marie Le Pen et sa fille[426]. Le procès se tiendra du au[427],[428]. L'avocat de Jean-Marie Le Pen, François Wagner, précise que ce dernier « ne peut plus se déplacer et (que) ses facultés sont considérablement altérées ». Le, il est donc annoncé que le tribunal décidera après l'avis d'experts, au mois de juillet, si Jean-Marie Le Pen, qui sera alors âgé de96 ans, est en état de préparer sa défense et d'assister au procès[429]. Le, letribunal judiciaire de Paris annonce que Jean-Marie Le Pen n'est pas apte à assister au procès[430]. Il devait être représenté par sa filleMarie-Caroline Le Pen[429].
Détail des mandats et fonctions
Les observateurs soulignent que Jean-Marie Le Pen affiche une longévité inédite parmi les dirigeants politiques français, son premier mandat remontant à 1956[431],[432].
Le Pen 90 : analyses et propositions, Présent,, 168 p.
Le Pen 91 : analyses et propositions, Présent,.
Le Contrat pour la France avec les Français, Paris, Presses bretonnes,, 63 p.
J'ai vu juste : avertissements et analyses au service des Français, Éditions nationales,, 140 p.(ISBN978-0-290-91785-1).
Lettres françaises ouvertes : Marie-France Garaud, Philippe de Villiers, Charles Pasqua…, Objectif France puis Godefroy de Bouillon,, 165 p., 21 cm(ISBN978-2-913744-00-4,BNF37075777).
↑a etbJean-Marie Le Pen est largement classé à l'extrême droite par de multiples experts politiques[3],[4],[5],[6],[7],[8].
↑Patronyme breton fréquent, aux souches multiples, dont les quelque 400 foyers qui le portent ne sauraient être tous cousins, il ne vient pas du breton pen, « la pointe, le chef », comme plusieurs de ses biographies le précisent. Ses formes anciennes (Le Paen, Le Péen) le montrent ayant plus probablement eu le sens de « païen ».Cf.Jean-Louis Beaucarnot,Le dico des politiques. Origines, cousinages, parcours, personnalités, indiscrétions,Éditions de l'Archipel,,p. 84.
↑En 2011, face àPatrick Poivre d'Arvor qui demande :« Avez-vous torturé en Algérie ? », Jean-Marie Le Pen répond : « Non, absolument pas. J'ai dit un jour dans un débat : « Nous avons torturé » parce que j'ai pris en quelque sorte la crosse de laGrande muette, qui ne pouvait pas parler […] et j'ai essayé d'expliquer aux gens que dans une guerre révolutionnaire comme celle-là, les secrets et les réseaux secrets étaient un des dangers de la pose des bombes[Quoi ?] et que par conséquent les procédés de luttes n'étaient pas les mêmes que dans une banlieue ou une ville française en temps de paix ».Cf.« Jean-Marie Le Pen et Gilbert Montagné (18:50) »[vidéo], surina.fr,France 5,(consulté le).
↑« Nous n'acceptons pas, monsieur le Premier ministre, que vous ayez, en quelque sorte, bravé le pays en nous frappant d'une espèce d'apartheid politique, matérialisé de façon naïve, hier, par le fait que les bancs qui nous entouraient n'étaient pas occupés, comme si vous pensiez que nous puissions transmettre le SIDA — un sida politique, s'entend, car j'espère que dans ce domaine, nous sommes au-dessus de tout soupçon ».
↑Mediapart indique que Cotelec« fonctionne comme une petite banque ». Selon Jean-Marie Le Pen, Cotelec s'appuierait sur « plus de 1 500 prêteurs », dont il a toujours refusé de donner les noms, y compris à ses trésoriers. Elle a prêté 4,5 millions d'euros divisés en quinze prêts à Marine Le Pen pour l'élection présidentielle de 2012.
↑« « En même temps qu'elle nous aliène le cœur de tant de jeunes Français issus de l'immigration, [cette loi] ouvre un boulevard aux succès électoraux du Front national […] et à la « lepénisation » des esprits. » » (« Robert Badinter accuse Jean-Louis Debré de favoriser la « lepénisation » des esprits »,Le Monde,.
↑Le poste de doyen d'âge du Parlement européen présente un caractère honorifique, le doyen ne pouvant que superviser l'élection duprésident du Parlement. Le doyen ne peut plus prononcer de discours à cette occasion depuis 1989 et l'intervention controversée deClaude Autant-Lara, député FN critiqué pour ses propos négationnistes (voir« Parlement européen: le "doyen" Le Pen sème la discorde », surLa Presse,).
↑Tout d'abord, le, le tribunal de grande instance de Nanterre annule sa suspension du parti pour des motifs de forme, et le rétablit dans ses droits attachés à sa qualité d'adhérent et de président d'honneur[272],[273]. Le 8 juillet, cette juridiction suspend en référé le vote des adhérents frontistes sur la réforme des statuts[274]. Le 28 juillet, la cour d'appel de Versailles confirme la nécessité d'un congrès physique[275].
↑L'APF évoque un « événement historique » et décrit Jean-Marie Le Pen comme un « homme doté d'une valeur et d'un courage incroyables ».
↑Roger Fressoz est condamné à 8 000 francs de dommages-intérêts, la cour estimant que son journal avait« manqué aux obligations de mesure et d'objectivité relatives à tout journaliste, même satirique » et que« le bénéfice de la bonne foi ne peut donc lui être reconnu »[403].Serge July est notamment condamné à 10 000 francs de dommages-intérêts, la cour estimant que les journalistes avaient« introduit dans leur texte un certain nombre de contradictions ou d'erreurs » et qu'ils avaient« trop évidemment cantonné leurs recherches et auditions aux citoyens algériens concernés et à leurs sympathisants, omettant d'entendre Jean-Marie Le Pen lui-même et tout témoin possible, civils et militaires, de l'autre « camp » », considérant que« le journaliste qui enquête sur des événements déjà anciens mettant en cause une personnalité actuelle et qui porte contre elle des accusations d'une extrême gravité, ne saurait aucunement être exonéré de devoir rechercher sérieusement la vérité et de transmettre à l'opinion une information sincère et aussi impartiale que possible »[404]. Enfin,Jean Bothorel et Francis Esménard sont condamnés à 8 000 francs de dommages-intérêts, 4 000 francs en vertu de l'article 475-1 du code de procédure pénale et à une insertion du jugement dans deux quotidiens dans la limite de 8 000 francs chacune, la cour estimant que le caractère pamphlétaire de l'ouvrage de Jean Bothorel ne saurait faire accorder le bénéfice de la bonne foi, puisque les condamnés ne justifient pas, toujours au sujet de supposées tortures dont se serait rendu coupable Jean-Marie Le Pen en Algérie,« d'une vérification sérieuse des accusations graves de tortures et de violences » portées contre Jean-Marie Le Pen dans cet ouvrage.
↑La listeUFF conduite par Jean-Marie Le Pen réunit 7,8 % des suffrages exprimés, ce qui lui permet d'être élu député[112].
↑Menée par Jean-Marie Le Pen, la liste FN à Paris recueille 11,0 % des suffrages exprimés et deux élus : lui-même etÉdouard Frédéric-Dupont[125].
↑Avec Jean-Loup Vincent, sous la dir. d'Évelyne Pisier,Le Courant anarchiste en France depuis 1945 (mémoire de diplôme d'études supérieures en science politique), Paris, université de Paris, faculté de droit et de sciences économiques,, 132 p.(lire en ligne).
↑Jean Marcilly(it),Le Pen sans bandeau, 1984. L'émissionLe Pen : une affaire de famille, diffusée sur France 2 le, cite à la16e minuteAlain Jamet, cofondateur du Front national et partenaire politique de Jean-Marie Le Pen depuis les années 1950, qui dit l'avoir vu l'œil pendant hors de l'orbite et revenant dans la bagarre après l'avoir lui-même replacé et avoir effectué une visite à la pharmacie du quartier.
« J'ai publié il y a vingt-six ans, dans le numéro 20 deVérité-Liberté, toute une série de documents établissant que M. Jean-Marie Le Pen avait, en février et mars 1957, torturé à des fins essentiellement privées. Ces documents provenaient des archives de Paul Teitgen, secrétaire général, chargé de la police générale, à la préfecture d'Alger. Il était signalé que l'un des intéressés, veilleur de nuit dans un hôtel, avait retiré sa plainte, moyennant une somme de 1 000 000 de francs de l'époque. […] J'ai fait état de ces documents dans mon livreLa Torture dans la République. […] Jamais M. Le Pen n'a porté plainte contre moi »
↑La question : Jean-Marie Le Pen et la torture, documentaire réalisé par José Bourgarel, produit par la Compagnie des Phares et Balises, France 2, 2007.
↑ab etc« Les dernières confessions de Jean-Marie Le Pen sur la torture pendant la guerre d’Algérie : « Je le fais sous les ordres de mon capitaine » »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑a etbÉmilie Grangeray, « « Jean-Marie Le Pen n'a sans doute pas pratiqué la torture en Algérie » : polémique autour d'un podcast de France Inter consacré au fondateur du Front national »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑« La mort d'Ahmed Moulay, mis à la « question » par Le Pen »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Massu, Aussaresses, Le Pen : quand « Le Monde » réveillait les mémoires sur la guerre d'Algérie »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Quatre nouveaux témoins accusent Jean-Marie Le Pen de torture »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Révélations sur Le Pen, tortionnaire en Algérie »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Jean-Marie Le Pen est à nouveau accusé d'avoir torturé en Algérie »,La Croix,(ISSN0242-6056,lire en ligne, consulté le).
↑« Comment "Le Monde” a relancé le débat sur la torture en Algérie »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Torture en Algérie : Jean-Marie Le Pen dément une nouvelle fois »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑« Les dernières confessions de Jean-Marie Le Pen sur la torture pendant la guerre d’Algérie : « Je le fais sous les ordres de mon capitaine » »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑« Les orateurs du " Front national pour l'Algérie française " ont fait acclamer le nom de M. Lagailarde et conspuer celui du chef de l'État »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Régionales 98. Léotard-Le Pen : échange de mots bas. Le débat des rivaux de Paca a viré en pugilat hier sur France 2 »,libération.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Régionales 98. Le fief test de la succession Le pen. En Paca, le président du FN semble piétiner derrière Mégret »,libération.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑L'un des premiers trésoriers en estJean-Pierre Mouchard ;voir surlemonde.fr du 10 avril 2013.Dans undroit de réponse cité en fin d'article, Jean-Marie Le Pen écrit :« Jean-Pierre Mouchard n'a jamais été mon trésorier ni le trésorier de quelque campagne que ce soit, mais le trésorier de Cotelec de 1991 à 1997. ».
↑La phrase « Pour nous, disons-le clairement, Chirac, c'est Jospin en pire. » présente une certaine mais relative analogie avec une phrase antérieure de Jean-Marie Le Pen, prononcée le 14 janvier 1982, et dans laquelle il estimait, plusieurs mois après n'avoir pas pu concourir à l'élection présidentielle française de 1981 :« Si nous devions résumer en une formule la campagne que nous n'avons pu développer, nous dirions que la politique de Mitterrand, c'est, somme toute, celle de Giscard d'Estaing en pire. » [brève non signée], « M. Le Pen : Mitterrand c'est Giscard en pire »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)
Le titre de cette brève ne reprenait pas textuellement les propos de Jean-Marie Le Pen tels que rapportés par la brève elle-même.
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↑Valérie Igounet,Le Front national de 1972 à nous jours : le parti, les hommes, les idées, éditions du Seuil, 2014,p. 260.
↑Par un arrêt du 27 juillet 2001 (no 227686), le Conseil d'État rejette la demande de révision de son arrêt du 6 octobre, lequel aurait dû, selon Le Pen, être rendu par l'assemblée plénière du Conseil.
↑« Encore une victoire pour Jean-Marie Le Pen : la suspension du congrès postal du FN confirmée par la cour d'appel de Versailles »,Le Lab Europe 1,(lire en ligne, consulté le).
↑« FN : la cour d'appel de Versailles confirme l'exclusion de Jean-Marie Le Pen mais maintient son statut de président d'honneur »,Franceinfo,(lire en ligne, consulté le).
↑Laure Cometti, « Mémoires de Jean-Marie Le Pen: Au Rassemblement national : «on s'en fout» des critiques du Menhir »,20 minutes,(lire en ligne, consulté le).
↑GauthierNicole, « Le « détail » de Le Pen sera jugé en Allemagne. Le Parlement européen a levé hier son immunité parlementaire »,Libération,(lire en ligne).
↑a etb« Jean-Marie Le Pen définitivement condamné pour ses propos sur les chambres à gaz »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑a etb« Marine Le Pen sera jugée à partir du 30 septembre pour des soupçons de détournement de fonds européens »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
Alain Rollat et Edwy Plenel (dessins deDenis Pessin, Plantu, Sergueï ; documentation de Brigitte Camus-Lazaro),La République menacée : Dix Ans d'effet Le Pen, Le Monde éditions,, 387 p., 22 cm(ISBN978-2-87899-046-1,BNF35509317).
Alexandre Dézé,« La « dédiabolisation ». Une nouvelle stratégie ? », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé etNonna Mayer,Les Faux-semblants du Front national : sociologie d'un parti politique,Presses de Sciences Po,
Il est président de « Nation française » dont le siège se trouve aussi à Saint-Cloud au début des années 2000. Il s'appelle Charles de Salers. Il a une fille, Justine/Marine, qui le seconde dans son combat. Il arrive au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002. C'est un des trois adversaires du héros, Christophe Dantès, dont celui-ci cherche à se venger. C'est l'équivalent du plus scélérat de ses trois persécuteurs, Danglars.
Dans ce roman noir, qui raconte l'accession à des postes ministériels de plusieurs membres d'un parti d'extrême droite nommé Bloc Patriotique, le personnage de Roland Dorgelles est inspiré de la figure de Jean-Marie Le Pen.