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| Jean-Marie-Claude-Alexandre Goujon | |
Portrait du conventionnel Jean-Marie-Claude-Alexandre Goujon, miniature deJean-Baptiste Isabey, finXVIIIe siècle | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Député de Seine-et-Oise | |
| – (1 an, 2 mois et 2 jours) | |
| Gouvernement | Convention nationale |
| Biographie | |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Bourg-en-Bresse (Ain,France) |
| Date de décès | (à 29 ans) |
| Lieu de décès | Paris (France) |
| Nature du décès | Suicide |
| Sépulture | Cimetière du Montparnasse |
| Nationalité | |
| Parti politique | Montagne |
| Profession | Marin Clerc de procureur Administrateur |
| députés de Seine-et-Oise | |
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Jean-Marie-Claude-Alexandre Goujon, né le àBourg-en-Bresse et mort le àParis, est unepersonnalité politique de laRévolution française.
Issu d'une famille deBresse, son grand-père, Claude Goujon, est directeur des droits réunis àDijon, son père, Alexandre-Claude Goujon, à la ferme des aides de Bourg-en-Bresse. Dans cette ville, celui-ci épouse le Jeanne Marguerite Nicole Ricard, fille de Joseph Ricard, avocat à la Cour, premier secrétaire de l'Intendance deBourgogne née en1745. En1774, la famille s'installe àProvins. À la suite d'un revers de fortune de son père, il doit abandonner ses études et part pourDieppe, puisSaint-Malo pour y apprendre la marine. Embarqué à douze ans comme pilotin à bord duDiadème, il assiste sur leSaint-Esprit à labataille d'Ouessant contre la flotte anglaise[1]. Le lendemain, il écrit à son père une lettre lue à haute-voix dans le jardin duPalais-Royal, sous l'arbre de Cracovie.
Après deux ans passés chez un négociant à Saint-Malo, il obtient une place de sous-inspecteur des équipages d'artillerie àMorlaix, avant d'être employé dans les bureaux de la marine àBrest, puis à Saint-Malo. En1783, à dix-sept ans, il part pour l'Île-de-France, où son oncle Ricard, futur maire dePort-Louis, possède une maison de commerce. De retour en France l'année suivante, en, il retrouve ses parents àRennes, où son père est directeur des messageries, et entre dans les bureaux de l'Intendance deBretagne. En1786, il devient clerc de procureur à Paris, où il se lie d'amitié avec un autre jeune clerc,Pierre-François Tissot[1].
Engagé avec enthousiasme dans les premiers événements de laRévolution, il participe à la saisie d'armes dans Paris insurgé après le renvoi deNecker et devient membre du conseil de la Légion duChâtelet. À la fin de l'année, il acquiert un début de notoriété académique avec un discours présenté au concours de l'académie de Dijon et intituléDe l'influence de la morale des Gouvernements sur celle des peuples, qui est influencé par la pensée deRousseau et deMably. Le prix n'est pas décerné, mais l'académie déclare que seul le discours de Goujon a attiré leur attention. En1791, sa réponse à la lettre deRaynal (où l'Encyclopédiste a attaqué violemment les travaux de l'Assemblée constituante) le révèle au grand public. La même année, il réside àMeudon lorsque la municipalité l'invite à prononcer l'éloge funèbre deMirabeau. Membre de la Société des amis de la constitution deSèvres, il est élu administrateur, puis, après lajournée du 10 août 1792, procureur-général syndic du département deSeine-et-Oise[1]. Le17 septembre, il devient sixième député suppléant à laConvention nationale par 410 voix sur 657 votants.
Engagé dans la lutte contre la vie chère à l’automne 1792, il rédige et présente en novembre à la Convention une adresse de l'assemblée électorale de son département en faveur de la taxation du prix des grains, dans laquelle il montre que la politique économique libérale de l’Assemblée a des conséquences sociales importantes : « La liberté illimitée du commerce des grains est incompatible avec l’existence de notre République. Et en effet, de quoi est composée une République ? D’un petit nombre de capitalistes et d’un grand nombre de pauvres (...) Cette classe de capitalistes et de propriétaires, que la liberté illimitée rend maîtresse du prix des grains, est aussi maîtresse de la fixation de la journée de travail. » Il conclut en demandant l'établissement dumaximum des grains, la limitation des fermes à 120 arpents et la création d'un organisme central de gestion des subsistance, dont les membres seraient élus par le peuple[1].
La Convention, alors dominée par lesGirondins, rejette cette demande. C'est le gouvernement révolutionnaire établi par lesMontagnards qui crée, en, la Commission des subsistances et approvisionnements. Goujon devient le 5brumairean II () l'un des trois commissaires et joue, à ce poste, un rôle majeur dans l'établissement des tableaux nationaux du maximum[1].
Après l'achèvement des tableaux, Goujon démissionne le 2ventôse (). Se tournant alors vers les questions de diplomatie, il est désigné pour une mission diplomatique àConstantinople mais ne part pas. Du5 au, est un éphémèreministre de l'Intérieur etdes Affaires étrangères par intérim, puis remplaceHérault de Séchelles comme député à la Convention le 26germinal (15 avril)[1]. Le 12floréal (1er mai), il estenvoyé en mission par arrêté duComité de salut public dans leVar, lesBouches-du-Rhône et lesAlpes-Maritimes, mais ne semble pas s'y être rendu. Nommé en mission auprès desarmées du Rhin etde la Moselle par arrêté du comité de salut public du 17prairial (5 juin)[2], il quitte Paris le 5messidor (23 juin) avec Tissot comme secrétaire. Aux côtés deNicolas Hentz et dePierre Bourbotte, il participe à la campagne qui voit la conquête duPalatinat[1], adressant au comité de salut public des lettres lues à la tribune parBarère.
À l'annonce du9 Thermidor, il écrit deThionville à la Convention, avec Hentz et Bourbotte, le 13thermidor, pour la féliciter de sa victoire, affirmant : « Périsse quiconque voudra usurper la puissance qui n'appartient qu'au peuple ! Périsse quiconque voudra s'élever au-dessus du niveau de l'égalité ! » Cette lettre est lue lors de la séance du 15thermidor[3].
Toutefois, il est rappelé par arrêté du Comité de salut public du 23thermidor (10 août). De retour dans la capitale le 10fructidor (27 août)[2], il tente de s'opposer à la réaction thermidorienne. Le 12fructidor (29 août), il défend les sept membres des anciens Comités attaqués parLecointre. Le 20pluviôsean III (), il réplique à l'arrestation deGracchus Babeuf et à la fermeture de deux clubs populaires en proposant un décret « contre ceux qui attaqueront les droits de l'homme et la constitution ». Le 18ventôse (8 mars), il est le seul député assez courageux pour voter contre le retour des Girondins, qu'il juge trop portés à se venger des injures passées. Le 21ventôse (11 mars), il fait observer que l'on désigne à présent sous le nom de « terroristes » ceux que l'on appelait auparavant « patriotes » et que cette « dénomination vague » a été « inventée par des hommes qui veulent tout agiter » pour « faire planer le soupçon indistinctement sur toutes les têtes ». Le1ergerminal (21 mars), il combat la loi de grande police présentée parEmmanuel-Joseph Sieyès, jugeant que l'expression « propos séditieux » est « extraordinairement vague » et répond àTallien, qui parle contre laConstitution de 1793, en le menaçant de la colère du peuple. Le 11germinal (31 mars), il appuie l'admission à la barre des pétitionnaires de lasection des Quinze-Vingts. Lors de l'insurrection du 12 germinal (1er avril), il demande que le gouvernement désigne des lieux où chaque district devra s'approvisionner pour s'opposer à la disette. Mais son engagement parmi lesCrêtois insupporte de plus en plus la majorité modérée et libérale. Lors de l'Insurrection du1er prairial (20 mai), Goujon prend la parole vers les dix heures du soir, après l'invasion de la salle par les insurgés, pour réclamer l'élection immédiate d'une commission extraordinaire concentrant tous les pouvoirs des comités dans le but de faire exécuter les décrets votés sous la pression des insurgés. Quand les insurgés sont expulsés des Tuileries, la majorité vote, sur la motion deThibaudeau, l'arrestation des représentants qui se sont montrés favorables à l'insurrection. Arrêté en même temps que onze autres Crêtois, il est transféré auchâteau du Taureau, au large deMorlaix[1].

Le 14prairial (2 juin), les douze hommes apprennent qu'ils vont bientôt être jugés par une commission militaire pour atteinte à la sûreté de l'État. Ils font alors le serment de se poignarder, si celle-ci les condamne à mort[1].
Condamné à mort le 29prairial (17 juin), il se poignarde avec ses coaccusés à l'annonce du verdict. Avant son suicide, il a déclaré : « J'avais juré de la défendre (laConstitution de l'an I) et de périr pour elle ; je meurs content de n'avoir point trahi mon serment », formule qu'il a complétée par un avis lucide sur l'avenir : « Je mourrais plus content si j'étais certain qu'après moi elle ne sera pas détruite et remplacée par une autre constitution (c'est-à-dire laconstitution de l'an III), où l'égalité sera méconnue, les droits de l'homme violés, et par laquelle la masse du peuple se verra totalement asservie à une caste plus riche, seule maîtresse du gouvernement et de l'État. »
Il est inhumé aucimetière du Montparnasse (division 4).
Le, àMettray, il épouse Lise (Marie) Cormery (1771-1843), fille d'un administrateur du département d'Indre-et-Loire native de Mettray, avec laquelle il a un fils unique, Philarète, architecte né à Paris le 28frimairean III (), mort sans descendance àTours le[1],[4].
Camille Desmoulins a fait l'éloge de ces êtres héroïques qui durant la Révolution surent rester admirables, il cite ainsi la lettre de Goujon à Lise Cormery, dans laquelle il lui fait une touchante demande en mariage, non sans oublier sa profession de foi à la patrie. Lise Cormery devient ainsi l'épouse de Goujon, qu'elle accompagne dans son combat jusqu'à son dernier souffle[5].
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