Peintre prolifique, son œuvre est estimée à environ600 tableaux,60 sculptures et plusieurs centaines de dessins et d’études préparatoires. Saville natale lui dédieun musée qui abrite la plus importante collection de l’artiste au monde[2].
Dans les années 1830, il étudie aulycée de Vesoul (établissement scolaire qui prend son nom en 1907), où il montre des talents naturels pour le dessin. Il obtient le baccalauréat en 1840, puis va poursuivre ses études àParis en 1841. Par la suite, il devient l'élève du peintrePaul Delaroche et suit des cours aux Beaux-Arts. En 1842, il expose à Vesoul ses premiers tableaux :Esquisse de bataille,Chiens savants,Moines au lutrin[5],[6].
Il part en Italie au cours des années 1840 avec son maîtrePaul Delaroche. À son retour d'Italie, Gérôme se fait connaître auSalon de 1847 par sonJeunes Grecs faisant se battre des coqs (1846, musée d'Orsay, Paris), toile qui déjà illustre son souci du détail authentique et pour laquelle il reçoit la médaille d'or. Il devient alors chef de file d'un nouveau courant, lemouvement néo-grec, qui compte également parmi ses membres les peintresJean-Louis Hamon etHenri-Pierre Picou[7]. Puis il change de genre et exposeLa Vierge,L'Enfant Jésus et saint Jean, et comme pendants,Anacréon,Bacchus et l'Amour. Gérôme obtient en 1848 une deuxième médaille. Cette même année, il peintLa République dans le cadre du concours organisé pour trouver la figure peinte de la nouvelle république[8]. Il réalise ensuite :Bacchus et l'Amour ivres,Intérieur grec etSouvenir d'Italie (1851),Vue dePaestum (1852),Idylle (1853).
Gérôme effectue des excursions dans l'Empire ottoman, sur les bords duDanube en 1854 et enÉgypte en 1857, tout en remplissant ses carnets de nombreux dessins. En 1855, il envoie à l'Exposition universellePifferaro,Gardeur de troupeaux,Concert russe et une grande toile représentantLe Siècle d'Auguste et la naissance deJésus-Christ, acquise par leministère d'État. Sa réputation augmente considérablement au Salon de 1857, où il expose sept tableaux d'un genre plus populaire, entre autresSuites d'un bal masqué[9].
En 1859, il envoie au Salon uneMort de César et deux petites compositions, pleines de détails érudits, l'une retraçant un détail de gladiateurs et intituléeAve Cæsar, l'autre représentantLe RoiCandaule. L'année suivante, il exposeLa mort de César auSalon de Bruxelles de 1860[10]. À l'issue de cette exposition, il est élevé au rang de chevalier de l'ordre de Léopold[11]. En 1861, il fait paraîtrePhryné devant l'aréopage,Socrate venant chercherAlcibiade chezAspasie,Les Deux Augures.
Gérôme en 1860.
Au même Salon, il envoie une scène orientale,Le Hache-paille égyptien, etRembrandt faisant mordre une planche à l'eau-forte. Ses meilleures œuvres lui ont été inspirées par le courantorientaliste, sur la base de sujets égyptiens ou ottomans :Le Prisonnier et le Boucher turc (1861),La Prière,La Porte de la mosquée El-Hasanein au Caire (1866),Le Charmeur de serpent (1879),Le Marché d'esclaves,Le Marché ambulant au Caire etPromenade du harem[12].
Dès 1862, ses toiles connaissent une large diffusion, notamment due au fait qu'il collabore avecAdolphe Goupil, un éditeur et marchand d'art renommé[7].
Le, il épouse Marie Goupil, fille d'Adolphe Goupil[13]. Ensemble, ils ont quatre filles : Jeanne (1863-1914), épouse du marchand d'art Étienne Boussod, Suzanne-Mélanie (1867-1941), épouse du peintreAimé Morot, Blanche-Valentine (1878-1918), Juliette-Madeleine (1875-1907), épouse de l'éditeurPierre Masson, et un fils, Jean-Armand Gérôme (1864-1891)[14].
Gérôme arrive tardivement à la sculpture. Il commence sa carrière officielle de sculpteur à l'Exposition universelle de 1878 avec son groupeLes Gladiateurs, inspiré du groupe central de son tableauPollice verso (1872), premier exemple des allers-retours permanents entre son œuvre peint et sculpté[7]. Suivent ses groupesAnacréon,Bacchus et l'Amour, et ses statues d'Omphale (1887) et deBellone (1892) (cette sculpture polychrome en ivoire, métal et pierres précieuses, est exposée à l'Académie Royale deLondres et attira beaucoup l'attention),Tanagra. Lapolychromie est une caractéristique technique de ses sculptures. Gérôme parvient à ses fins soit en variant les matériaux comme dans sonBellone, soit en peignant directement la pierre à l'aide d'une cire teintée (Sarah Bernhardt, 1894-1901). Il entreprend aussi une série de sculptures de conquérants, travaillées dans l'or, l'argent et les gemmes :Bonaparte entrant auCaire (1897),Tamerlan (1898) etFrédéric le Grand (1899). C'est également à Gérôme que l'on doit leMonument auduc d'Aumale (1899) qui se trouve devant les grandes écuries àChantilly. Il est l'auteur deL'Aigle blessé, monument érigé àWaterloo, à l'emplacement du dernier carré, deux ans après sa mort.
Gérôme s'est souvent représenté dans ses propres tableaux en train de sculpter (Le Travail du marbre, 1895,Autoportrait peignant la Joueuse de boule, 1901-1902). Il existe également un certain nombre de photographies où il se met en scène devant ses propres œuvres[17].
Jean-Léon Gérôme connaît un large succès de son vivant, si bien qu'il a son buste dans la cour de l'Institut de France. Pourtant, à la fin de sa vie, sa farouche hostilité envers lesimpressionnistes, qu'il considérait comme« le déshonneur de l'art français[18] », contribue au déclin de sa popularité, notamment en France, connaissant en cela le sort réservé par les tenants dumodernisme aux artistes représentatifs de l'académisme.
De nombreux musées conservent ses œuvres aux États-Unis, car des collectionneurs américains l'achetèrent de son vivant. Son influence a été déterminante dans l'esthétique despeplums du cinéma italien du début duXXe siècle et des superproductions hollywoodiennes desXXe et XXIe siècles[21].
Plaque commémorative sur sa maison natale àVesoul.
L'œuvre de Gérôme a fait l'objet de multiples expositions à titre posthume. Un universitaire américain, Gerald Ackermann, a établi le catalogue de ses œuvres et organisé la première exposition à lui être consacrée, en 1981, àVesoul, sa ville natale[22]. En conséquence, un grand nombre de ses œuvres sont visibles aumusée Jean-Léon Gérôme de Vesoul, et la municipalité donna son nom à un de sescollèges. En 2000, Hélène Lafont-Couturier a organisé une exposition ayant pour thème Jean-Léon Gérôme et son marchand de tableaux,Adolphe Goupil, àBordeaux,New York etPittsburgh. Une importante rétrospective lui a été consacrée àParis aumusée d'Orsay en 2010[23]. Une exposition lui a été consacrée aumusée Anne-de-Beaujeu deMoulins en 2012, autour du tableauLa Vérité sortant du puits, armée de son martinet, pour châtier l'humanité, qui est conservé dans ce musée[24].
En 1902,Pathé a sorti un film du même nom qu'un des tableaux de Jean-Léon Gérôme (Un duel après le bal), qui se présente comme une reconstitution des actions qui se déroulent avant et après la scène du tableau[1].
Il est fait référence à l'artiste dans la série téléviséeArrow (saison 7, épisode 5) ainsi qu'à son œuvreDante (Il a vu l'Enfer), 1864.
Dans le mangaTough n°37 de Tetsuya Saruwatari, son œuvrePollice verso y est représentée.
« Je crois que je mérite d'être un peu tranquille, j’ai eu quarante-cinq visites et sur quarante-cinq, il y en a eu quarante-deux qui ont parlé du tableau de Gérôme ! » (Marcel Proust,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1919,p. 78)
↑Rédaction, « Exposition nationale des beaux-arts »,Journal de Bruxelles,no 352,,p. 1(lire en ligne, consulté le).
↑« L'usage de la photographie, avec l'aide du sculpteurAuguste Bartholdi, lors du premier voyage en Égypte en 1865, puis de son beau-frère Albert Goupil en 1868, vient donner un sens particulier de l'exactitude, derrière lequel il masque subterfuges et anachronismes, en prenant bien des libertés avec les contexte chronologique et géographique. » (Dépliant de l'expositionJean-Léon Gérôme (1824-1904), L'histoire en spectacle, musée d'Orsay, du 19 octobre 2010 au 23 janvier 2011.)
Gerald Ackerman,La Vie et l’œuvre de Jean-Léon Gérôme, ACR Édition, collection « Les orientalistes », 2000(ISBN978-2-86770-137-5).
Gerald Ackerman,Jean-Léon Gérôme - Monographie révisée - Catalogue raisonné mis à jour, ACR Éditions, 1986, 1992, 2000(ISBN978-2-86770-137-5),(OCLC883592725), 420 p.
Gilles Cugnier, Gerald Ackerman,Jean-Léon Gérôme, 1824-1904 : peintre, sculpteur et graveur, ses œuvres conservées dans les collections françaises publiques et privées, catalogue exposition,Musée Georges-Garret, Vesoul, 1981.
Laurence des Cars, Dominique de Font-Réaulx, Edouard Papet,Jean-Léon Gérôme (1824-1904), l'histoire en spectacle, Éditions Musée d'Orsay et Skira-Flammarion , 2010,(ISBN978-2-08124-186-2).