Ne pas confondre avecJean-Benjamin de Laborde également guillotiné en 1794
Pour les articles homonymes, voirFamille de Laborde etLaborde.
| Fermier général | |
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| Nationalité | |
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| Famille | |
| Père | Jean-Pierre Laborde(d) |
| Mère | Marguerite d'Aleman de Sainte-Croix(d) |
| Conjoint | Rosalie de Nettine(d) |
| Enfants | François Louis Jean-Joseph de Laborde de Méréville Édouard Jean Joseph de Laborde de Marchainville Ange Auguste Joseph de Laborde de Boutervilliers Pauline de Laborde(d) Alexandre de Laborde Nathalie Lucie Léontine de Laborde(d) |
| Propriétaire de |
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Jean-Joseph Laborde, par la suitemarquis de Laborde, né près deJaca enAragon le, et mortguillotiné à Paris le, est unnégociant,banquier,armateur négrier etplanteur esclavagiste français. Responsable d'une société internationale dès l'âge de vingt ans, Laborde fut, dix ans plus tard, parmi les hommes les plus riches de France[1].

Né en 1724 àJaca (Espagne), Jean-Joseph Laborde est le dernier des quatre enfants de Marguerite d'Aleman de Sainte-Croix et Jean-Pierre Laborde (1673-1739), citoyen deBayonne et négociant en laine, installé àJaca puis à Paris, banquier vers 1717[2], qui ramenait des piastres espagnoles en contrebande[3]. Il rejoint, à l'adolescence, son cousin Joseph Laborde, à la tête d'une compagnie maritime d'import-export àSaint-Jean-de-Luz, lequel est[réf. souhaitée]probablement l'un des quinze enfants du banquierJean-François de La Borde, originaire également deBayonne et cousin par alliance de lamarquise de Pompadour.
Laborde apprend le métier auprès de son cousin, de 1734 à 1739[4], puis prend sa succession quand il décède en 1748. Il contacte alors de nombreux grands négociants et acquiert, en 1751, le monopole de la fourniture de piastres espagnoles à laCompagnie des Indes[5], ce qui est indispensable au commerce desindiennes de coton. Au second semestre de 1758, il rencontre à Paris l'abbé de Bernis, chargé de la diplomatie française.
Il devient le chef d'un véritable empire commercial international, ce qui lui permettra de financer presque à lui seul laguerre de Sept Ans, et porter au même moment sur ses épaules le ministère de son ami proche, leduc de Choiseul qui a, lui, épousé l'héritière d'Antoine Crozat, première fortune de France.
Il participe à latraite négrière, approvisionne les colonies en matières premières et rapporte les produits les plus intéressants financièrement :fruits tropicaux, arbre d'essence rare. L'un desnavires négriers qu'il arme,l'Utile, connaît un destin tragique en 1761 sur l'île Tromelin, dans l'océan Indien. Il possède près de 1 500 hectares deplantations dans la colonie deSaint-Domingue, qu'il fait exploiter pour lesucre[6], et sur lesquelles travaillent 1 400 esclaves en 1789, qui produisaient jusqu’à 700 tonnes de sucre blanc par an. Il mit au total plus de 3,7 millions de livres dans l’achat de ces propriétés, de leur équipement et des esclaves. Il acheta, pour 2,3 millions de livres, 2273 esclaves dont les trois quarts provenaient directement de la traite[7].
Devenu conseiller deLouis XV, il acquiert de nombreuxdomaines outre-mer et sept seigneuries sur le sol français, puis devientfermier général (1759-1767) sur proposition duduc de Choiseul, et enfin banquier de la couronne, succédant ainsi àJean Pâris de Monmartel[8]. Il excelle dans lesspéculations immobilières[9], en province comme àParis, où il achète le l’hôtel du fermier général Étienne-Michel Bouret, l'un des plus imposants de la capitale[10], et crée dans ses vastes jardins deux rues, larue Laffitte, d'abord appeléerue d'Artois, et larue de Provence, revendant le terrain par lots.

Il est aussi, par acquisition en 1764, le derniervidame de Chartres etseigneur de La Ferté-Vidame, installé depuis dans lechâteau de La Ferté-Vidame, qu'il fait reconstruire fastueusement et aménager à son goût, pour la somme de 14 millions de livres, en s'entourant de nombreux artistes. Il y reçoit en 1781Joseph II, futur empereur d'Autriche ; mais les constructions à peine terminées, il sera contraint en 1784, par un ordre de la Cour, de le céder auduc de Penthièvre qui le convoitait[11]. Très échaudé, il s'achète un château beaucoup plus modeste,Méréville.

Il fait aussi l'acquisition le du domaine de la Borde-au-Château, àMeursanges (Côte-d'Or), un ancienmarquisat dont le titre lui est aussitôt confirmé parlettres patentes d', enregistrées à la chambre des comptes de Dijon[12].
Également décrit comme faisant « les plus heureuses spéculations dans les finances »[13], il conseilleLouis XV, la haute noblesse et mêmeVoltaire dans la gestion de leurs portefeuilles financiers. Banquier de la Cour aprèsParis de Montmartel, de 1759 à 1769[14], il estfermier général dans le bail Prévost en 1762, mais se démet dès au profit de Jean-Marie Darjuzon, son protégé[15]. À 45 ans, il est l'un des partisans les plus motivés de la création de la premièreCaisse d'escompte, qui sert à partir de 1767 de complément à laBourse de Paris, et tenta de l'installer sur le terrain[16] où sera finalement bâti en 1783 l'Opéra-Comique. Banquier du roi, il dirige cetteCaisse d'escompte, qui fut liquidée en 1769[17], en même temps que la Compagnie des Indes, puis recréée en 1776 parIsaac Panchaud et installée au 8rue Vivienne, mais sans lui. Lors de la liquidation en 1769 et 1770, Jean-Joseph de Laborde perd 600 000 livres[18] et ne reviendra à la spéculation financière qu'avec l'arrivée aux finances en 1783 deCharles Alexandre de Calonne.
Membre de la commission pour la réforme fiscale dirigée parL'Averdy, l'abbé Terray fut remarqué parRené Nicolas de Maupeou, qui le fit nommercontrôleur général des finances en. Terray l'aida à se débarrasser du duc de Choiseul, limogé le, ce qui entraîne le départ des protégés du duc, au premier rang desquels Laborde.
L'abbé Terray fait suspendre le remboursement de 200 millions de rentes, ce qui amène Laborde à se détourner deseffets royaux pour réinvestir sa fortune dans l'immobilier parisien. La décision de Terray a fait passer la fortune de Laborde de 13,6 millions à 8,04 millions de livres en seulement une année. Malgré cela, pour conserver la confiance du marché, il rembourse tous ses créanciers. Sa fortune est aussi reportée sur sesplantations deSaint-Domingue à partir de 1770. Ce n'est qu'à compter de 1783, qu'il la replace sur des opérations spéculatives[19], sous le ministère deCalonne, qui souhaite augmenter le nombre d'investisseurs, en raison de la dette héritée de laGuerre d'indépendance américaine.
Lors de laRévolution française, son filsFrançois est l'un des rares députés nobles (du bailliage d'Étampes) à rejoindre leTiers état, maisSaint-Just fait arrêter le père qui est guillotiné en comme ex-banquier de la Cour et agioteur-spéculateur.

Il achète en 1784 le petitchâteau de Méréville, où 700 ouvriers travaillent dix ans à l'élaboration d'un grand parc paysager, planté d'espèces rares acclimatées, et qualifié d'oasis parChateaubriand. Parmi les artistes embauchés,François-Joseph Bélanger, qui a construit en deux mois leBagatelle,Hubert Robert, peintre paysagiste, l'ébénisteJean-François Leleu, le peintreClaude Joseph Vernet, etAugustin Pajou, qui sculpte uncénotaphe au navigateurJames Cook.
En 1786, l'architecte François-Joseph Bélanger est remplacé par Hubert Robert. L'année suivante, unecolonne rostrale est bâtie sur une île au cœur du grand lac, en hommage à ses deux fils,Édouard (1762-1786) etAnge Auguste (1766-1786), morts au large deVancouver, lors de l'expéditionLa Pérouse. Le temple de la piété filiale fut dédié à sa fille Natalie.
Jean-Joseph de Laborde a épousé en 1760Rosalie de Nettine (1737-1820), sœur cadette de la trésorière deMarie-Thérèse d'Autriche[20] (Dieudonnée Louise Joséphine de Nettine, 1736-1789), et fille deMatthias de Nettine, trésorier du duc de Lorraine, et deMme de Nettine, née Barbe Louise Josèphe Stoupy (1706-1775)[21]. Du mariage naquirent :
Ses descendants Alexandre et Nathalie ont reçu desindemnités haïtiennes à hauteur de 350 000 francs or (équivalents à 1,7 million de dollars de 2022). C'est le plus important montant versé à une famille[22].