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| Idées remarquables | théorie des positions syntaxiques |
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Jean-Claude Milner, né le àParis, est unlinguiste,philosophe etessayistefrançais.
Il fait partie, à côté d'autres philosophes français commeJacques Rancière,Benny Lévy etAlain Badiou, d'une génération passée par l'École normale supérieure et inspirée dans sa jeunesse par lemaoïsme.
Professeur de linguistique à l'université Paris VII - Diderot, il contribua à l'introduction en France des théories linguistiques deNoam Chomsky sur lagrammaire générative. Il prend, à la fin desannées 1990, ce qu'Alain Badiou qualifie de « trajectoire post-linguistique », en s'orientant à l'instar de Benny Lévy vers une réflexion sur lajudéité et l'engagement politique.
Jean-Claude Milner est né à Paris d'un pèrejuif d'originelituanienne et d'une mèrealsacienne de tradition protestante. Il est célibataire, sans enfant.
C'est le frère deJudith Milner[1].
Après des études en khâgne aulycée Henri-IV, il est admis en 1961 à l'École normale supérieure, où il suit l'enseignement deLouis Althusser. En compagnie de son jeune camaradeJacques-Alain Miller, il devient un familier deJacques Lacan, dont le séminaire se tient, durant ces années-là, à l'ENS. Il est un temps secrétaire du Cercle d'épistémologie de l'école.
Affilié au mouvement maoïste de laGauche prolétarienne de1968 à1971 — notamment lors de l'affaire Tautin —, il côtoie alorsBenny Lévy, dont il partagera, longtemps après, l'évolution politique. À noter enfin le rôle important joué, dans la formation de Milner, par l'enseignement deRoland Barthes et la lecture des travaux deRoman Jakobson.
Directeur duCollège international de philosophie de 1998 à 2001, il fonde en 1999 la collection « Philia », publiée par leséditions Verdier[2], et qu'il dirige jusqu'en 2004.
Jean-Claude Milner a effectué une partie de ses études aux États-Unis, se formant auMassachusetts Institute of Technology à la linguistique deNoam Chomsky. On lui doit la traduction française en 1971 desAspects de la théorie syntaxique du même Chomsky. Cette traduction a établi la terminologie de l'école française de grammaire générative et contribué fortement à la réception de cette théorie en France.
La carrière universitaire de Milner s'est déroulée à l'Université Paris VII, où il a enseigné la linguistique dans le département de linguistique créé sous l'impulsion d'Antoine Culioli, qui a été sondirecteur de thèse de doctorat. De la fréquentation de Culioli, Milner retire un intérêt pour la question de la détermination et de l'articulation du sens et de la syntaxe. Son ouvrageIntroduction à une science du langage (1989) fonde un projet de linguistique générale reposant sur une séparation radicale entre le sens et la syntaxe (théorie des positions syntaxiques) et une épistémologie combinant les apports deKarl Popper etImre Lakatos. Il a suivi les développements ultérieurs de la théorie chomskienne, sans toutefois se rallier à l'hypothèse d'une justification biologique défendue par le linguiste américain.
Par ailleurs, Jean-Claude Milner a participé aux travaux de l'École freudienne de Paris.
DepuisLe Triple du plaisir (Verdier, 1997), l'œuvre de Milner présente un très net infléchissement, que son ancien camaradealthussérienAlain Badiou qualifie de « trajectoire post-linguistique » (Logique des mondes,p. 548).
La nouvelle orientation de ses recherches, tendant à une réévaluation des catégories de l'antisémitisme (explicite depuisLes Penchants criminels de l'Europe démocratique, 2003[3]), a pris une tournure provocatrice en, au micro de son amiAlain Finkielkraut, lorsqu'il fit une déclaration tonitruante sur l'ouvrage dePierre BourdieuLes Héritiers (« J’ai ma thèse sur ce que veut direhéritiers chez Bourdieu : les héritiers, c’est les Juifs » ; affirmation qu'il a lui-même glosée immédiatement :« Je crois que c’est un livre antisémite » ;France Culture,, vers 9 h 30[4]). Il a également dénoncé la position deNoam Chomsky à l'égard dunégationnisme, position qu'il qualifie de « naïve » (cf.Ordres et raisons de langue). Ces attaques frontales dans le champ des idéologies sont le résultat de ses réflexions sur la structure de la culture européenne, exposées dans la plupart de ses essais de la dernière décennie, duSalaire de l'idéal (1997) àL’Arrogance du présent (2009).
Cette nouvelle orientation s'inscrit dans les débats qui partagent l'héritage maoïste français. À une nouvelle conception du rôle du judaïsme en Europe, Milner adjoint, commeBenny Lévy, une réévaluation de l'engagement politique[5]. Il a publié une interprétation du poèmemallarméenLe Vierge, le vivace et le bel aujourd'hui comme prophétie contre-révolutionnaire (Mallarmé au tombeau, 1999). Comme chezRancière, la lecture politique deMallarmé se justifie par l'importance de cet auteur pour les anciens maoïstes de la rue d'Ulm[6].
À la suite desattentats de janvier 2015 en France, il dénonce le « raisonnement compassionnel » de « certains, intellectuels, journalistes, magistrats » vis-à-vis de l'islamisme radical[7].
Bon nombre de ses livres sont traduits en espagnol (El Amor de la lengua,Los nombres indistintos,El Salario del ideal, d'ailleurs cosigné par E. Folch-Gonzalez, etc.) et en italien (L'amore della lingua,La scuola nel labirinto,I nomi indistinti,Il periplo strutturale).L'amour de la langue fut traduit en anglais par la linguiste Ann Banfield (For the Love of Language).
Parmi ses articles non repris dans les ouvrages ci-dessus, il faut citer (en coll. avec Judith Milner) « Interrogations, reprises, dialogue », inLangue, discours, société. Pour Emile Benveniste, Paris, Le Seuil, 1975,p. 122-148.