Jean-Claude Juncker a effectué ses études secondaires auprès despères du Sacré-Cœur à l'école apostolique deClairefontaine (commune d'Arlon) enBelgique avant de passer son baccalauréat classique-littéraire aulycée Michel-Rodange àLuxembourg. Il y apprend lelatin[1]. Titulaire d'unemaîtrise en droit de l'université de Strasbourg en 1979[2],il prête serment commeavocat en après avoir suivi le cours complémentaire de droit luxembourgeois. Il n'a cependant jamais effectué le stage d'avocat et s'est immédiatement tourné vers la politique, en rejoignant le secrétariat général du parti chrétien-social luxembourgeois.[réf. nécessaire]
Membre duParti populaire chrétien-social (CSV) depuis 1974, il en devient, en, le secrétaire parlementaire. Il en sera le président entre et.
Juncker est nommé en, à vingt-huit ans, secrétaire d'État au Travail et à la Sécurité sociale dans legouvernement Werner-Thorn-Flesch.
En, il est élu pour la première fois auParlement luxembourgeois et sera nommé ministre du Travail et ministre délégué au Budget dans le premier gouvernement dirigé parJacques Santer, puis, après les élections législatives de, ministre des Finances et ministre du Travail.
En, il se dit « alarmé » par les propos dupapeBenoît XVI opposé à l'usage dupréservatif comme moyen de lutte contre la contamination par leSIDA[3].
En 2009, dans un discours devant la Chambre des députés, il souhaite élargir les possibilités d'avortement au grand-duché. L'article 353 du Code pénal affirme que l'avortement n'est pas punissable si la santé physique ou psychique de la femme enceinte est en danger. Le Premier ministre souhaite que ce soit désormais possible en cas de« détresse d’ordre physique, psychique ou social ». Il propose à cette occasion l’accès gratuit aux moyens decontraception pour les femmes jusqu’à l’âge de 25 ans.
Dans ce même discours, Juncker soutient aussi l'introduction dumariage homosexuel au Luxembourg[4], qui sera finalement introduit en 2015 sous son successeur.
Après les élections législatives de, remportées par le Parti populaire chrétien-social, Jean-Claude Juncker est reconduit à la tête du nouveau gouvernement composé de représentants du CSV et duParti démocratique, mettant ainsi fin à une coalition gouvernementale de quinze ans entre le CSV et leParti ouvrier socialiste luxembourgeois. Jean-Claude Juncker garde également les portefeuilles des Finances et des Communications.
Le, il devient citoyen d'honneur de la ville deTrèves.
En, après la victoire de son parti, qui, avec plus de 35 % des voix, remporte vingt-quatre des soixante sièges aux élections législatives, et trois des six sièges aux élections européennes, Jean-Claude Juncker refuse, malgré l’« amicale » pression de la majorité des dirigeants européens, le poste de président de la Commission européenne.
Lors de la réunion deScheveningen du, Jean-Claude Juncker est porté à la présidence de l'Eurogroupe, pour un mandat de deux ans, à compter du, en devenant ainsi le premier président permanent. Il est reconduit dans ses fonctions pour un nouveau mandat de deux ans, courant jusqu'au. ÀBruxelles, il a été une nouvelle fois reconduit le pour un nouveau mandat de deux ans et demi.
Jean-Claude Juncker annonce la démission du gouvernement pour le, à la suite d'un scandale concernant lesservices de renseignement[6], accusés d'avoir constitué une véritable police secrète et politique en fichant illégalement des centaines de milliers de citoyens[7].
En 2014, il est mis en cause dans l'affaire « Luxembourg Leaks » qui révèle de manière détaillée l'organisation de l'exil fiscal de plus de 1 000 entreprises avec l'approbation de l'administration luxembourgeoise des impôts[10]. Le scandale embarrasse Juncker, ancien Premier ministre du grand-duché du Luxembourg de 1995 à 2013, qui sous la pression politique et médiatique[11] répond le n'avoir« jamais donné d’instructions sur aucun dossier particulier » dans ce cadre[12]. S'il fait valoir que lesrulings fiscaux permettant aux entreprises d'obtenir des engagements de l'administration fiscale sur les impositions futures sont conformes aux règles internationales, il reconnaît également qu'ils vont à l'encontre de la « justice fiscale » et des « normes éthiques et morales »[13].
Pour le quotidienLes Échos, l'enquête « a sapé une partie de la légitimité de Jean-Claude Juncker » qui se verrait ramené « à un rôle de grand ordonnateur de l'évasion fiscale »[14]. Une motion de censure contre Juncker comprenant soixante-dix-sept signataires est initiée par le parti politique italienMouvement 5 étoiles rejoint notamment par l'UKIP et leFront national. La motion précisant que « Jean-Claude Juncker ayant occupé le poste de Premier ministre pendant toute la durée de ces accords le rend directement responsable des politiques d'évitement fiscal »[15]. Elle a peu de chances de réussir, les conservateurs et des sociaux-démocrates qui ont la majorité au Parlement européen soutenant « sans ambiguïté » Jean-Claude Juncker[16].
En, la presse révèle des documents de la justice américaine attestant que Jean-Claude Juncker a rencontré en 2003 les responsables de la politique fiscale de la sociétéAmazon avant l’installation de celle-ci au Luxembourg. Ces faits remettent ainsi en cause ses déclarations de non ingérence dans les accords passés par l’administration fiscale du Luxembourg[17].
Selon des informations citées parThe Guardian, Jean-Claude Juncker a usé de sa fonction de Premier ministre du Luxembourg pour opposer son veto à la plupart des initiatives présentées devant l’Union européenne et destinées à lutter contre l’évasion fiscale des multinationales[18],[19].
En, Jean-Claude Juncker est à l'origine d'une proposition visant à encadrer les rapports entre les commissaires et leslobbyistes[24]. Il s'engage également à rendre obligatoire le registre des lobbies qui exercent à Bruxelles.
Deux ans plus tard, il est l'objet de plusieurs critiques, notamment des pays d'Europe de l'Est et au sein même des personnalités qui l'avaient initialement soutenu, commeAngela Merkel. Lui sont notamment reprochés son fédéralisme trop poussé, son comportement parfois désinvolte, un plan de relance européen jugé faible et sa participation aux pressions contre laGrèce, lePortugal et l'Espagne au sujet de leur redressement économique. Le scandaleLuxembourg Leaks participe également à affaiblir son image[25].
Jean-Claude Juncker annonce, le, qu’il ne briguera pas un deuxième mandat en 2019[26]. Il exprime dans le même temps ses doutes par rapport à l'unité au sein de l'UE, estimant que leBrexit pouvait« diviser sans trop d’efforts les vingt-sept autres États membres » qui évolueraient, selon lui, dans« des directions différentes » et« difficilement compatibles entre elles »[27]. Alors qu'il est considéré comme trop social par les caciques du PPE, il refuse d'apporter son soutien àManfred Weber, désigné par le PPE pour lui succéder après lesélections européennes de 2019 en cas de victoire[28].
En, Juncker rappelle augouvernement populiste italien son obligation de respect des critères européens en matière de réduction de ladette publique, l'Italie ayant une dette publique de plus de 130 % de son PIB alors que les règles européennes en vigueur prévoient le plafond de 60 % du PIB[29]. La Commission européenne réclame quatre milliards d’euros d’économies en plus de 7,5 milliards déjà consentis par l’Italie, et annonce même l'ouverture d'une procédure de sanction à son égard[30],[31]. En, après quelques semaines de doute, le gouvernement italien accepte de revoir son budget à la baisse pour 2019[32].
En raison d'un accident de voiture survenu en 1989, Jean-Claude Juncker affirme souffrir de crises desciatique[34],[35].
Dans les années 2010, les déboires dus à son supposéalcoolisme sont régulièrement relayées par des médias et responsables politiques[36],[37],[38]. Alors qu’il va être élu président de la Commission européenne, en 2014, la presse se fait l’écho des inquiétudes de chefs d’État européens sur ce sujet et ainsi sur son aptitude à assurer sa fonction[39],[40],[41],[42],[43],[44]. Son comportement en tant que président de la Commission européenne lors d’apparitions publiques relance ces spéculations, notamment lorsqu’il apparaît chancelant ou lorsqu’il adopte une attitude jugée exubérante avec des personnalités politiques[45],[46]. Face à ces accusations répétées, Jean-Claude Juncker nie avoir un quelconque problème d'alcool et invoque une sciatique[47],[48],[49],[50].
Jean-Claude Juncker s'est fait remarquer par plusieurs déclarations dans les médias en relation avec certains évènements européens. Cette présence médiatique a amené certains à qualifier cela d'« omniprésence » médiatique[52]. Pour le journalLe Point, Jean-Claude Juncker représente l'aile gauche du PPE[53].
Ces propos ont soulevé des protestations à droite comme à gauche en France.Henri Emmanuelli (PS) a reproché à Juncker de vouloir« contester lesuffrage universel » en France. PourPhilippe de Villiers,« c'est une blessure de ladémocratie et un mépris de lasouveraineté populaire »[54]. Au lendemain de l'annonce des résultats du référendum, Juncker déclare en effet que« la procédure de ratification doit continuer dans d'autres pays » et que la situation serait évaluée au Conseil européen de la mi-[55], conformément à l'acte final du traité signé par les États membres[b],[56]. Il avait en effet estimé inacceptable que le processus de ratification ne puisse continuer en cas de référendum négatif de la France, estimant que les autres peuples devaient également pouvoir s'exprimer lors des référendums ou via leurs Parlements[54].
Après l'échec du traité établissant une constitution pour l'Europe, letraité de Lisbonne fut proposé par les chefs d’État et de gouvernements. Reprenant 90 % du contenu du traité constitutionnel (en en retirant le vocabulaire jugé trop « fédéraliste » et en adaptant certaines dispositions), le traité de Lisbonne fut critiqué car, pour certains notamment en France et aux Pays-Bas, il s'agirait d'une« forfaiture »[57].
Le, soit 6 mois avant la signature formelle du traité par les chefs d’État et de gouvernement, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker aurait déclaré dans l'Agence Europe au sujet de ce projet de traité :« La substance du traité constitutionnel a été préservée. […] Bien entendu, il y aura des transferts de souveraineté. Mais serais-je intelligent d'attirer l'attention du public sur ce fait ? »[58]. Cette prise de position est clarifiée au lendemain du «non» auréférendum irlandais sur le traité de Lisbonne lorsque Juncker déclare :« Je pars du principe qu'il entrera en vigueur mais je ne sais simplement pas quand. S'il n'entre pas en vigueur, nous serons totalement incapables de fonctionner en Europe »[59].
Il ajoute également que l'UE n'est pas en position d'imposer un deuxième référendum aux Irlandais, sous-entendant que cette démarche ne pouvait être entreprise que par le gouvernement irlandais[59]. En ce sens, Juncker réitère sa déclaration sur le fait qu'un processus de ratification soit bloqué par une minorité, estimant que la volonté des autres peuples doit être exprimée. Il s'est ainsi dit« absolument ouvert à l'idée d'un référendum à l'échelle européenne » qui« pourrait être un instrument judicieux »[59].
En 2015, après l'élection d'un nouveau gouvernement grec promettant l'organisation d'un référendum au sujet des réformes à appliquer dans le cadre de lacrise grecque, Jean-Claude Juncker déclare :« Dire que tout va changer parce qu'il y a un nouveau gouvernement àAthènes, c'est prendre ses désirs pour des réalités […] Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens… »[60].
Il clarifie cette position en indiquant qu'il« respect[e] le suffrage universel enGrèce, mais la Grèce doit aussi respecter les autres, les opinions publiques et les parlementaires du reste de l'Europe. Des arrangements sont possibles, mais ils n'altéreront pas fondamentalement ce qui est en place »[61]. Il fait ainsi de nouveaux écho aux problématiques liées aux référendums nationaux par rapport à la défense de l'intérêt commun européen (c'est-à-dire également des peuples des autres États membres)[59]. Conformément au principe de bonne foi dans les traités internationaux, une fois un traité ratifié (et donc accepté après l'avoir négocié, c'est-à-dire que« le point de départ, ce sont les règles fixées d'un commun accord, entre la Grèce et l'UE »[61]), un pays doit en appliquer les règles sinon il y a, notamment, un risque de perte de confiance en ce partenaire. Si le pays ne souhaite plus appliquer ces règles, la solution reste le retrait[62]. Ainsi, déclarant qu'« il n'est pas question de supprimer la dette grecque. Les autres pays de lazone euro ne l'accepteront pas », Jean-Claude Juncker rappelle que l'« on ne peut pas sortir de l'euro sans sortir de l'Union européenne »[61].
En, lors des deux premiers tours l'élection présidentielle autrichienne, qui a vu le candidat duFPÖ échouer de peu au second tour de scrutin (qui sera par la suite annulé), il déclare « à la perspective de voir la droite pure et dure et l’extrême droite l’emporter, je me sens obligé de dire que je ne les aime pas » ajoutant qu'« avec l’extrême droite, il n’y a ni débat ni dialogue possible »[63]. Ces propos vis-à-vis de l'extrême-droite font écho à la façon dont Jean-Claude Juncker accueillitViktor Orbán par les mots « the dictator is coming » (« voici le dictateur ») au sommet deRiga de[64].
En, réagissant à lacrise migratoire en Europe et aux réactions de certains États membres pour contenir le flux des migrants, il déclare que les frontières nationales sont « la pire invention des politiciens ». Il appelle à faire preuve d'une plus grande « solidarité » envers les réfugiés[65].
↑L'acte final disposait en effet :« si à l'issue d'un délai de deux ans à compter de la signature du traité modifiant le présent traité, les quatre cinquièmes des États membres ont ratifié ledit traité et qu'un ou plusieurs États membres ont rencontré des difficultés pour procéder à ladite ratification, le Conseil européen se saisit de la question » (TCE 2004).
↑CécileDucourtieux, AlainSalles et Jean-PierreStroobants, « Jean-Claude Juncker : « Avec l’extrême droite, il n’y a ni débat ni dialogue possible » »,Le Monde,(lire en ligne).
Traité établissant une Constitution pour l'Europe, Journal officiel de l'Union européenne,(lire en ligne).
JessicaBracker, « Décryptage de la première année de la Commission Juncker : les médias ont-ils raison d’en dresser un bilan mitigé, voire négatif ? »,Eyes on Europe,(lire en ligne).
KellyThomas, « Les candidats à la présidence de la Commission inégaux devant les langues »,EurActiv,(lire en ligne).
« L'UE « incapable de fonctionner » sans le traité de Lisbonne selon Juncker »,RTBF,(lire en ligne).
PatriceAndré,Mini-traité : la Constitution par la force, Paris, François-Xavier de Guibert (Desclee de Brouwer),.