Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirBory etSaint-Vincent.

Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent
Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent

Nom de naissanceJean-Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint-Vincent
Naissance
Agen (Drapeau du Royaume de FranceRoyaume de France)
Décès (à 68 ans)
Ancien 10e arrondissement de Paris (Drapeau du Royaume de France Royaume de France)
OrigineDrapeau du royaume de France : entièrement blancRoyaume de France
AllégeanceDrapeau de l'Empire françaisEmpire français
GradeColonel (1814)
ConflitsGuerres révolutionnaires
Guerres napoléoniennes
DistinctionsChevalier de la Légion d'honneurChevalier de la Légion d'honneur (1811)
Officier de la Légion d'honneurOfficier de la Légion d'honneur (1831)
Autres fonctionsNaturaliste
Géographe
Botaniste
Biologiste
Volcanologue
Correspondant du Muséum national d'histoire naturelle
Membre de l'Académie des sciences
Député :

Expédition scientifique dans les Océans d'Afrique (1800)
Expédition scientifique de Morée (1829)
Expédition scientifique d'Algérie (1839)
modifier 

Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent est unnaturaliste,officier ethomme politiquefrançais né le àAgen et mort le à Paris.Biologiste etgéographe, il a contribué à la constitution duracisme scientifique auXIXe siècle[1],[2]. Il s'est intéressé par ailleurs à lavolcanologie, à labotanique et à lasystématique.

Biographie

[modifier |modifier le code]

Jeunesse

[modifier |modifier le code]

Né àAgen le, de Géraud Bory de Saint-Vincent et de Madeleine de Journu, notables d'Agen[3], Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent[N 1] appartenait à une famille royaliste qui l'éleva dans des sentiments hostiles à la Révolution[4]. Il étudie tout d'abord au collège d'Agen, puis auprès de son oncle Journu-Auber[N 2] àBordeaux en 1787. Il aurait suivi des cours demédecine et dechirurgie de 1791 à 1793. Pendant laTerreur, sa famille est persécutée et se réfugie dans lesLandes[3].

En 1794, en tant que naturaliste très précoce, n'ayant à peine que 15 ans, il joue un rôle crucial dans la libération[3] de l'entomologistePierre-André Latreille, dont il avait lu l'œuvre, en le faisant rayer de la liste des déportés aubagne de Cayenne[N 3]. Latreille deviendra par la suite le plus grandentomologiste de son temps et Bory et lui resteront liés jusqu'à la fin de leurs jours. Bory envoie ses premières publications savantes à l’Académie de Bordeaux dès 1796[N 4]. Il entre alors en contact avec de nombreuxnaturalistes. On sait qu'il fut l'élève dugéologue etminéralogisteDéodat Gratet de Dolomieu à l'École des mines de Paris[5].

Après le décès de son père, il s'engage dans lesarmées de la Révolution française en 1799. Grâce à la recommandation deJean-Girard Lacuée, lui aussi originaire d'Agen, il est bientôt nommésous-lieutenant[3]. Il sert d'abord à l'armée de l'Ouest, puis à l'armée du Rhin sous les ordres du généralMoreau[4],[6]. Il est alors affecté enBretagne et s'installe àRennes[3]. C'est à cette époque qu'il acquiert ses sentiments bonapartistes[N 5].

Premières expéditions dans les océans d'Afrique

[modifier |modifier le code]
Carte de l’île de La Réunion dessinée en 1802 par Bory de Saint-Vincent.

En 1799, il apprend le départ prochain d'uneexpédition scientifique en Australie organisée par le gouvernement et obtient, grâce à son oncle et à la recommandation du célèbre naturaliste et homme politique originaire d'AgenBernard-Germain de Lacépède[6], la place debotaniste en chef à bord de l'une des trois corvettes participantes. C'est ainsi qu'après avoir quitté l'armée de l'Ouest fin août puis obtenu du ministère de la guerre un congé indéfini, Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent quitte Paris le et embarque auHavre le à bord de la goélette du capitaineNicolas Baudin,Le Naturaliste[3],[4],[6],[7].

Après des arrêts àMadère, auxCanaries et auCap-Vert, puis le franchissement ducap de Bonne-Espérance, Bory quitte subitement le navire du capitaine Baudin avec qui il était entré en conflit[3] et explore ensuite seul (et avec des ressources limitées) plusieurs îles des mers d'Afrique[4],[6]. Il s'arrête notamment, lors d'une escale, à l'île Maurice en. De là, il rejoint l’île de La Réunion voisine[4], où il effectue en l'ascension et la première description scientifique générale dupiton de la Fournaise, levolcan actif de l'île. Il donne le nom de son ancien professeurDolomieu, dont il vient d'apprendre la mort, à l'un des cratères qu'il décrit comme un mamelon. Il donne son propre nom au cratère sommital, lecratère Bory[6]. De plus, il entreprend de décrire la flore des lichens. Ce travail lui vaudra les faveurs de Bonaparte[8]. Sur le chemin du retour, il poursuit ses explorations géographiques, physiques et botaniques sur l’île de Sainte-Hélène[3].

Il est de retour enFrance métropolitaine le et apprend que sa mère est morte lors de son absence. Il publie sesEssais sur les Îles Fortunées (archipel des îles Canaries)[9], ouvrage qui lui vaut son élection comme correspondant duMuséum national d'histoire naturelle en[4], puis comme correspondant de la première classe de l'Institut de France (division des sciences physiques) au printemps 1808[4],[6]. En 1804, il publie sonVoyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique. L'impression de cette relation dédiée àMathieu Dumas est surveillée par le jeuneJean-Marie Léon Dufour, en qui Bory entrevoit un futur grand naturaliste[7].

Campagnes militaires

[modifier |modifier le code]

Il reprend par ailleurs du service dans l'armée dès son retour et, promucapitaine, il passe au5e régiment de dragons (régiment de cavalerie) du3e Corps d'Armée dumaréchal Davout, dont il devient capitaine-adjoint d'État major le[3],[4],[6]. Il est alors affecté aucamp de Boulogne où est assemblée laGrande Armée deNapoléonIer[3].

Lemaréchal Soult, protecteur de Bory de Saint-Vincent, sous les ordres duquel sert à partir de 1809, et qui le fait nommercolonel en 1814.

De 1805 à 1814, Bory suivra la plus grande partie des campagnes de Napoléon dans la Grande Armée. En 1805, il prend part à lacampagne d'Autriche comme capitaine de dragons et est présent à labataille d'Ulm (15-) et à labataille d'Austerlitz ()[3],[4],[6]. Le capitaine Bory passe ensuite deux ans enPrusse et enPologne et combattit à labataille d'Iéna () et à labataille de Friedland ()[3],[4],[6]. Il continue à lever des cartes (de la Franconie et de la Souabe) et lors de ses passages en Bavière, à Vienne et à Berlin, où il trouve ses propres ouvrages traduits en allemand, il en profite pour rencontrer plusieurs savants, comme les botanistesNikolaus Joseph von Jacquin etCarl Ludwig Willdenow, qui le reçoivent à bras ouverts et le comblent de précieux cadeaux[3]. Il sert à partir d'octobre 1808 dans l'état-major dumaréchal Ney[3],[6], qu'il quitte bientôt pour être attaché aumaréchal Soult,duc de Dalmatie, à partir d' en qualité d'aide de camp[3],[4],[6]. Devenumajor, Bory s'occupe principalement des reconnaissances militaires grâce à son habileté dans les travaux graphiques[6]. Il participe ainsi de 1809 à 1813 à lacampagne d'Espagne et se distingue ausiège de Badajoz au printemps 1811, à la bataille de la Quebara et à labataille de l'Albuera ()[4],[6]. Les événements l'ayant placé à la tête des troupes qui formaient la garnison d'Agen, il se trouve commander les soldats de sa ville natale pendant une quinzaine de jours[4].

En, il devient chef d'escadron, puis est faitchevalier de la Légion d'honneur etlieutenant-colonel à la fin de l'année.

Au côté de Soult, il quitte précipitamment l'Espagne pour prendre part à lacampagne d'Allemagne et participer à labataille de Lützen (), puis à labataille de Bautzen (20-)[3],[6]. Après ces victoires, il revient pour lacampagne de France de1814 et prend part à labataille d'Orthez ()[3]. Il participe également à labataille de Toulouse ()[3], puis organise le lendemain des troupes de partisans et d’éclaireurs dans sa propre région d'Agen[3],[6]. Après la première abdication deNapoléon Ier et son départ pour l’île d'Elbe, que Bory apprend depuis Agen le, il rejoint Paris[3].

Le maréchal Soult, rallié au nouveau gouvernement et devenuministre de la Guerre, rappelle Bory auprès de lui et le fait nommercolonel.

Il lui confie également, le, le service dudépôt de la Guerre (dépôt des cartes et archives) du ministère, place à laquelle ses travaux topographiques lui donnaient droit[3],[6]. Il y reste jusqu’à sa proscription, le. Il s'occupe en parallèle de travaux scientifiques et littéraires, et prend part à la rédaction du journal satirique libéral, anti-monarchiste et pro-bonapartiste, leNain Jaune[3],[4],[6].

Exil politique

[modifier |modifier le code]
LeDictionnaire classique d'histoire naturelle en 17 volumes (1822), dirigé par Bory de Saint-Vincent, qu'il publiera de retour à Paris après 5 années d'exil (1815-1820).

Au retour de l'Empereur, Bory est élu par le collège du département de Lot-et-Garonne, le,représentant d'Agen à laChambre des Cent-Jours et siège dans le groupe des libéraux[N 6]. Il réclame une constitution, prononce un discours retentissant à la tribune[3], se signale par sonpatriotisme et s'oppose violemment au ministre de la Police,Joseph Fouché, duc d'Otrante[N 7].

Absent deWaterloo, son mandat de député le retenant au Corps Législatif, il assiste au renversement de NapoléonIer et auretour de Louis XVIII. Porté alors par Fouché sur les listes de proscription par l'ordonnance du 24 juillet 1815[3],[6], qui condamnait 57 personnalités pour avoir servi Napoléon durant lesCent-Jours après avoir prêté allégeance àLouis XVIII, Bory se réfugie dans un premier temps dans la vallée de Montmorency, d'où, caché, il fait paraître saJustification de la conduite et des opinions de M. Bory de Saint-Vincent[3],[6]. Puis, laloi d'amnisitie du 12 janvier 1816 proclamée parLouis XVIII ne lui laisse plus d'asile en France[3],[4]. Il gagneLiège sous un nom d'emprunt[3],[6]. D'abord invité par le roi dePrusse (grâce à la protection du célèbre naturalisteAlexander von Humboldt) à séjourner àBerlin puis àAix-la-Chapelle, il en est expulsé après dix-huit mois[3],[6]. Il refuse alors de se soumettre à la décision qui lui assignait Kœnigsberg ou Prague pour résidence[6]. Il se voit offrir une place de Général dans la nouvellerépublique de Colombie deBolívar par son ami botaniste (et vice-président)Francisco Antonio Zea, qu'il décline[3]. Bory réussit enfin à gagner laHollande, déguisé en marchand d'eau-de-vie et muni d'un faux passeport, puis laBelgique, àBruxelles, où il fréquenteSieyès, et où il vit jusqu'en1820[3],[4],[6]. AvecAuguste Drapiez etJean-Baptiste Van Mons, il fonde et devient l'un des directeurs scientifiques desAnnales générales des Sciences physiques, éditées à Bruxelles par l'imprimeur Weissenbruch de 1819 à 1821[3]. Les articles, rédigés par des sommités scientifiques internationales, sont illustrés de lithographies imprimées par Duval de Mercourt, puis parMarcellin Jobard.

Le, il lui est enfin permis de rentrer en France[N 8]. Rayé du cadre de l'armée, privé de solde, il revient s'installer à Paris où il réside jusqu'en 1825[6]. Il est obligé pour vivre de s'adonner entièrement à des travaux de librairie et d'édition (de sesAnnales de Bruxelles notamment) et il collabore à divers journaux libéraux[4], dont leCourrier français qui lui réserve la rédaction des séances de la chambre des députés[6]. Il y renonce plus tard, quand, se consacrant entièrement aux sciences, il trouve dans les nombreux ouvrages qu'il vend à des libraires, d'honorables moyens d'existence (voir son imposante bibliographie de 1819 à 1830)[6]. Cependant, en 1823, il se bat en duel au pistolet et est blessé au mollet[3], et en 1825, il est jeté en prison àSainte-Pélagie pour dettes[3],[4], où il reste jusqu'en 1827[N 9],[N 10].

C'est au cours de cette époque féconde, en 1822, que Bory, avec la plupart des savants de son temps dontArago,Brongniart,Drapiez,Geoffroy de Saint-Hilaire,von Humboldt,de Jussieu,de Lacépède,Latreilleetc., débute la rédaction de son grand ouvrage, leDictionnaire classique d’histoire naturelle en 17 volumes in-8 (1822-1831)[3].

Expédition scientifique de Morée (1829)

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Expédition de Morée.

Depuis 1821, uneguerre d'indépendance faisait rage enGrèce[10],[11]. Mais les victoires grecques avaient été de courte durée et les troupes turco-égyptiennes avaient reconquis lePéloponnèse en 1825. Le roiCharles X, soutenu alors par un fortcourant philhellène, décide d'intervenir aux côtés des insurgés grecs. Après labataille navale de Navarin en, qui voit l'anéantissement de la flotte turco-égyptienne par la flotte alliéefranco-russo-britannique, un corps expéditionnaire français de 15 000 hommes débarque dans le sud-ouest du Péloponnèse en. Le but de cetteexpédition de Morée[N 11] était de libérer la région des forces d'occupation turco-égyptiennes et de la rendre aujeune État grec indépendant ; cela est réalisé en un mois seulement[10],[11].

Vers la fin de l’année 1828, levicomte de Martignac, ministre de l’Intérieur deCharles X et véritable chef du gouvernement à l'époque (un ami d'enfance de Bory àBordeaux)[3], charge alors six illustres académiciens de l’Institut de France (Georges Cuvier,Étienne Geoffroy Saint-Hilaire,Charles-Benoît Hase,Desiré Raoul Rochette,Jean-Nicolas Hyot etJean-Antoine Letronne) de nommer les chefs et membres de chaque section d'une commission scientifique que l'on attache à l'expédition de Morée, tout comme on l'avait fait précédemment lors de lacampagne d'Égypte en 1798[3],[6],[12]. Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent est ainsi nommé, le, directeur de cette commission scientifique[3],[4],[6]. Le ministre et les académiciens fixent également les itinéraires et objectifs[12] : « MM. de Martignac et Siméon, m'avaient expressément recommandé de ne pas restreindre mes observations aux Mouches et aux Herbes, mais de les étendre aux lieux et sur les hommes » écrira plus tard Bory[12],[13].

Bory de Saint-Vincent et les membres de la commission scientifique de l’Expédition de Morée étudiant les ruines du stade de l'antique Messène (détail d'une gravure deProsper Baccuet)

Bory et son équipe de 19 savants (dontEdgar Quinet,Abel Blouet etPierre Peytier) représentant diverses spécialités,histoire naturelle ouantiquités (archéologie,architecture etsculpture) débarquent de la frégate laCybèle àNavarin le et y rejoignent le généralNicolas Joseph Maison qui commandait le corps expéditionnaire français. Bory y rencontre également le généralAntoine Simon Durrieu, chef d'État-major de l'expédition, qui était lui aussi originaire des Landes et avec lequel Bory était déjà lié depuis dix ans[3]. Bory reste en Grèce pendant 8 mois, jusqu'en, et explore lePéloponnèse, l’Attique et lesCyclades[12]. Les travaux scientifiques de la commission furent d’une importance majeure dans la connaissance du pays[14],[15],[16]. Les cartes topographiques réalisées furent d’une très grande qualité, inédite jusqu'alors, et les relevés, dessins, coupes, plans et propositions de restauration sur les monuments furent une nouvelle tentative d’inventaire systématique et exhaustif des vestiges grecs antiques. L’expédition de Morée et ses publications scientifiques offrirent une description presque complète des régions visitées et en firent un inventaire scientifique, esthétique et humain qui resta longtemps l’un des meilleurs réalisés sur la Grèce[14],[15],[16]. Bory consigne les résultats de ses recherches et les publie plus tard dans son œuvre majeure de 1832[12].

Suite de sa carrière académique et politique

[modifier |modifier le code]
Portrait du colonel et académicien Bory de Saint-Vincent parÉmile Lassalle en 1834.

À son retour de Grèce, Bory poursuit sa carrière savante : au début de 1830, il se présente au siège vacant de l'Institut laissé par le décès deJean-Baptiste de Lamarck, obtenant les suffrages d'Arago, deCuvier, deFourier et deThénard entre autres[3]. Il participe également à la fondation de laSociété entomologique de France, la plus ancienne société entomologique dans le monde, le, aux côtés de son vieil amiPierre-André Latreille[3].

Bory-Saint-Vincent était occupé de la rédaction de son ouvrage sur la Morée, entreprise par ordre du ministère, lorsque lesordonnances de Juillet, promulguées parCharles X dans le but d'obtenir des élections plus favorables auxUltraroyalistes et qui suspendent la liberté de presse, viennent ranimer ses sentiments politiques[6]. Il combat sur les barricades du faubourg Saint-Germain et est des premiers à l'Hôtel de Ville[4]. Après lesTrois Glorieuses, et à la suite de la nouvelle nomination du maréchal Soult au ministère de la Guerre le, Bory est enfin (après 15 longues années) réintégré dans l’armée, dans son grade de colonel à l’État-major général, audépôt de la Guerre, dans le poste qu'il occupait en 1815[3],[4],[6]. Il y reste tout au long de lamonarchie de Juillet, jusqu'en 1842, quatre ans avant son décès. Le, Bory est faitofficier de la Légion d'honneur.

Vers la même époque, le, il est élu[N 12] député du3e collège duLot-et-Garonne (Marmande) en remplacement de son ami levicomte de Martignac[N 13]. Dans sa profession de foi, il se prononce contre l'hérédité de la pairie, qu'il déclare contradictoire avec le principe de l'égalité devant la loi, pour « la révision des lois municipale, électorale et de la garde nationale » et pour l'incompatibilité du mandat de législateur avec une fonction publique[6]. Les tendances conservatrices de la majorité l'engagent presque aussitôt, après deux mois seulement, à donner sa démission de député[3],[4],[6], le. Il est remplacé en octobre par M. de Martignac.

En 1832, il fait paraître le compte rendu de son exploration en Grèce dans un magnifique ouvrage,Relation du voyage de la commission scientifique deMorée dans lePéloponnèse, lesCyclades et l'Attique[12], pour lequel il reçoit de nombreux éloges[6], et qui lui permet d'être finalement élu membre libre de l'Académie des sciences le.

Expédition scientifique d’Algérie (1839)

[modifier |modifier le code]

Entre 1835-1838, Bory siège à la commission d’état-major et fait rééditer sesJustifications de 1815 sous le titre deMémoires en 1838. Le, unecommission d'exploration scientifique d'Algérie sur le modèle de celles qui furent mises en placeen Égypte (1798) eten Morée (1829) est nommée pour l'Algérie, nouvellement conquise, mais non encore pacifiée[14],[17]. Bory de Saint-Vincent, qui en avait été l'un des promoteurs, en devient le président en tant que colonel d’état-major et se rend sur place, accompagné de ses collaborateurs, pour mener ses identifications, recherches, échantillonnages et autres explorations scientifiques. Il arrive dans les premiers jours de àAlger et visite d'autres villes de la côte. Il repart d’Algérie dans le premier trimestre de 1842[3],[14],[18].

Il publiera de nombreux ouvrages sur le pays, tels laNotice sur la commission exploratrice et scientifique d’Algérie (1838),Sur la flore de l’Algérie (1843),Sur l’anthropologie de l’Afrique française (1845) et l'Exploration scientifique de l’Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842. Sciences physiques (1846-1867).

Dernières années

[modifier |modifier le code]

Malade, Bory songe encore à faire un voyage vers les îles de l’Océan Indien ou l’Algérie. Il meurt pourtant le, à l’âge de soixante-huit ans, d'une congestion cardiaque, dans son appartement du5e étage, 6, rue de Bussy à Paris[3]. Il ne laissait que des dettes et sonherbier, qui fut vendu l’année suivante[19]. Il est inhumé aucimetière du Père-Lachaise (49e division)[20].

Travailleur infatigable, Bory a écrit sur plusieurs branches de l'histoire naturelle, notamment sur les reptiles, les poissons, les animaux et végétaux microscopiques, lescryptogames, etc. Il a été le principal rédacteur de laBibliothèque physico-économique, duDictionnaire classique d'histoire naturelle en 17 volumes et de la partie scientifique del'Expédition de Morée. Il participa à l'Encyclopédie méthodique pour les parties concernant les zoophytes et les vers, ainsi que pour les volumes de géographie physique et à l'atlas qui les accompagne. Il a aussi rédigé de bons résumés géographiques, notamment celui d'Espagne, et a donné àl'Encyclopédie moderne de nombreux articles remarquables par l'originalité des idées.

Bory fut également l'un des principaux auteurstransformistes de la première moitié duXIXe siècle aux côtés, entre autres, deJean-Baptiste de Lamarck[21],[22],[23]. SonDictionnaire classique d’histoire naturelle contenait déjà des informations sur Lamarck et sur le débat sur les espèces, et il est remarquable pour avoir voyagé avecCharles Darwin sur leBeagle[21],[22],[24].

Il fut aussi un fervent défenseur de lagénération spontanée (thème de la célèbre controverse entreLouis Pasteur etFélix Archimède Pouchet) et un ardentpolygéniste. Il pensait, en effet, que les différentes races humaines, au sens de l'époque, étaient de véritables espèces ayant chacune une origine et une histoire propres[25]. Il fut enfin un opposant notoire à l'esclavagisme ;Victor Schœlcher le cite même parmi ses alliés scientifiques en faveur de l'abolition.

Toponymie

[modifier |modifier le code]
Volcan dupiton de la Fournaise sur l'île de La Réunion, dessiné en 1802 par Bory de Saint-Vincent.

Vie privée

[modifier |modifier le code]

En, Bory épouse àRennes où il est en garnison[3], Anne-Charlotte Delacroix de la Thébaudais, avec qui il a deux filles : Clotilde, née le, et Augustine, née le, qu'il surnomme « sa petite Antigone » et avec qui il reste très proche tout au long de sa vie. Son mariage, « contracté trop jeune pour qu'il pût être heureux[3] », ne dure pas. Son épouse meurt en 1823, après leur séparation.

Lorsqu'il est proscrit par l’ordonnance du 24 juillet 1815 et en fuite àRouen, il y rencontre l'actrice de la troupe duThéâtre-Français de Rouen (1802-09) Maria Gros, avec qui il s’installe en 1817. Elle le suit tout au long de son exil entre les années 1815 et 1820[3]. Le naît leur première fille, Cassilda. Une seconde fille, Athanalgide, voit le jour le, mais après la séparation de ses parents.

Décorations

[modifier |modifier le code]

Œuvres

[modifier |modifier le code]

Publications

[modifier |modifier le code]

Une listecomplète des publications de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent peut être trouvée à la fin de l'introduction de Philippe Lauzunp. 52–55 dans « Bory de Saint-Vincent,Correspondance, publiée et annotée par Philippe Lauzun, Maison d'édition et imprimerie moderne, 1908 » (sur Archive.org).

Herbiers

[modifier |modifier le code]

Les collections d'herbiers de Bory de Saint-Vincent sont conservées notamment à Paris auMuséum national d'histoire naturelle[26] et au musée botanique d’Angers[27]. Ne pouvant pas porter lacocarde tricolore pour manifester son opposition audrapeau blanc desBourbons, Bory de Saint-Vincent a confectionné des herbiers tricolores sur des feuilles de papier blanc collées sur un fond rouge et placées dans des fardes bleues[26],[28].

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Sources citées

[modifier |modifier le code]

Ouvrages généraux

[modifier |modifier le code]

Notes et références

[modifier |modifier le code]

Notes

[modifier |modifier le code]
  1. Un portrait fort réaliste et sans complaisance, parfois rude de Bory est rendu par son ami de toujours, Léon Dufour (entomologiste deSaint-Sever dans les Landes) : « Petit de taille, incliné d'un coté, avec la prétention d’être droit, teint pâle, décoloré, physionomie vive et mobile, humeur gaie, enjouée, passionné pour la musique et fredonnant très bien tous les airs, infiniment d'esprit naturel, remarquable facilité de parole sans être pourtant bavard, grâce exquise pour conter une histoire ou une anecdote, fort aimable et ambitionnant de le paraître, ami du monde et de l’ostentation, instruit, mais effleurant beaucoup de sciences et en approfondissant peu, donnant souvent dans le faste pour la dépense et habituellement sans le sou, ambitieux de titres qu'il usurpait parfois, écrivant bien d'un premier jet et au galop, mais blessant parfois l'orthographe, quoique marié, vivant en garçon, faisant des maîtresses et des dettes partout, ayant eu plusieurs enfants avec l'actrice Mlle Gros qui le suivit en exil ; vie individuelle, vie du jour et non du lendemain. » (in Bory de Saint-Vincent,Correspondance, publiée et annotée par Philippe Lauzun, Maison d’édition et imprimerie moderne, 1908.)
  2. à qui il offrira la dédicace de sesEssais sur les Îles Fortunées en 1803 : « Ce sont les prémices de ma plume. Je t'offre ce faible hommage de ma tendre amitié. Je ne puis la trouver autrement à celui qui m’éleva avec ses enfants et que je reverrai toujours comme un père. » (in Bory de Saint-Vincent,Correspondance, publiée et annotée par Philippe Lauzun, Maison d’édition et imprimerie moderne, 1908)
  3. Cette intervention lui sauva la vie puisque le navirele Républicain qui devait l'emmener en Guyane sombre devant le phare de Cordouan avec tous les prisonniers se trouvant à son bord.
  4. Notamment deux mémoires qui furent remarqués : « Sur le genres Conferva et Byssus du chevalier Linée » et sur le « Défrichement des Landes » (in Bory de Saint-Vincent,Correspondance, publiée et annotée par Philippe Lauzun, Maison d’édition et imprimerie moderne, 1908)
  5. « Plus que jamais, il fut beau d’être français. Les mots de liberté et d’égalité devinrent chers aux enfants de la Révolution, qui remplaçaient cette belle génération dont le sang avait coulé pour la conquête de nos droits. [...] Je fus, par amour pour la patrie, le sincère admirateur du premier Consul » in Bory de Saint-Vincent,Justification de la conduite et des opinions de M. Bory de Saint-Vincent, membre de la chambre des représentants et proscrit par l’ordonnance du 24 juillet 1815, Paris, Chez les marchands de nouveautés (ou Paris, chez Eymery, août 1815),110 p.
  6. Bory de Saint-Vincent est député duLot-et-Garonne à laChambre des représentants des Cent-Jours du 15 mai 1815 au 13 juillet 1815. (Biographie de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent sur le site de l'Assemblée Nationale)
  7. Il y joua un rôle très actif, forma avec quelques députés du Gers, des Landes, etc., un comité où fut arrêté le projet de demander la mise hors la loi deFouché, et désigna clairement leduc d'Otrante dans un rapport à la Chambre où il signalait une main invisible ourdissant la trahison et préparant à la patrie d'humiliantes destinées. L'impression du rapport à cent mille exemplaires fut décidée par acclamation. Fouché eut peur, demanda à Bory une entrevue et chercha à l'éloigner en lui offrant une mission à Londres auprès du duc d'Orléans, le futurLouis-PhilippeIer (afin de lui proposer de le désigner à la chambre comme disposé à accepter la couronne), avec un passeport et une somme de 30 000 francs. Bory Saint-Vincent, après avoir d'abord accepté, refusa par la suite. (inle Moniteur du 2 juillet 1815 et Germain Sarrut et B. Saint-Edme,Biographie des hommes du jour: industriels..., Volume 2, page 79, Henri Krabbe, Paris, 1836.(Lire en ligne))
  8. au traitement de réforme à partir de juillet en tant quelieutenant-colonel.
  9. Afin d'adoucir sa peine, les collègues de Bory duMuséum d'Histoire Naturelle avaient instauré une nouvelle tradition : ils faisaient monter « Zarafa », lagirafe offerte à Charles X par Méhémet Ali (et toute nouvellement reçue en France, en 1826) sur la butte Coypeau (« le labyrinthe ») duJardin des Plantes, tandis que de son côté Bory, prévenu de cette attention, montait à son tour sur le toit de laprisonSte-Pélagie voisine, muni de sa lunette, afin de la voir. (in Bory de Saint-Vincent,Correspondance, publiée et annotée par Philippe Lauzun, Maison d’édition et imprimerie moderne, 1908.)
  10. Malgré les protestations vives de Bory qui souhaitait rester àSte-Pélagie jusqu'au terme de sa peine (il ne se plaignait nullement de son traitement dans cet « asile philosophique », « vivant bien mangeant beaucoup, dormant à merveille » et y recevant ses amis à dîner, dontGeoffroy Saint-Hilaire ou sa fille Augustine autour d'unegarbure landaise), son futur gendre M. Morel rachètera en douce ses créances auprès de ses usuriers, lui permettant ainsi d'être libéré et de pouvoir conduire sa fille Augustine à l'autel. (in Bory de Saint-Vincent,Correspondance, publiée et annotée par Philippe Lauzun, Maison d’édition et imprimerie moderne, 1908.)
  11. LaMorée est le nom donné à la région duPéloponnèse en Grèce, de l'époque médiévale auXIXe siècle.
  12. avec 298 voix, contre 248 pour son concurrent, sur 554 votants et 178 abstentions.
  13. Bory de Saint-Vincent est député duLot-et-Garonne à la Chambre des députés (IIe législature) de laMonarchie de Juillet, du 5 juillet 1831 au 19 août 1831. (Biographie de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent sur le site de l'Assemblée Nationale)

Références

[modifier |modifier le code]
  1. CaroleReynaud-Paligot, « Anthropologie raciale et savoirs biologiques »,Arts et Savoirs,‎(ISSN 2258-093X,DOI 10.4000/aes.2836,lire en ligne, consulté le)
  2. BRUN Christophe, « Découper la Terre, inventorier l'Homme. Le planisphère de Bory de Saint-Vincent, 1827 », Monde(s), 2013/1 (N° 3), p. 67-89. DOI : 10.3917/mond.131.0067. URL :https://www.cairn.info/revue-mondes1-2013-1-page-67.htm
  3. abcdefghijklmnopqrstuvwxyzaaabacadaeafagahaiajakalamanaoapaqarasat etauBory de Saint-Vincent,Correspondance, publiée et annotée par Philippe Lauzun, Maison d’édition et imprimerie moderne, 1908.(Lire en ligne)
  4. abcdefghijklmnopqrstu etvBiographie de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent sur le site de l'Assemblée nationale
  5. Enis Rockel,Z'histoires de la Réunion,Télé Réunion,.
  6. abcdefghijklmnopqrstuvwxyzaaabacadaeaf etagGermain Sarrut et B. Saint-Edme,Biographie des hommes du jour: industriels..., Volume 2, page 79, Henri Krabbe, Paris, 1836.(Lire en ligne)
  7. a etbVoyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique.
  8. Jacquet P., « Chronique du passé. Bory de Saint-Vincent. »,L'Orchidophile, revue de laFédération France orchidées,no 121,‎,p. 86.
  9. Édition numérisée sur Gallica.
  10. a etbWladimir Brunet de Presle et Alexandre Blanchet,La Grèce depuis la conquête romaine jusqu’à nos jours, Firmin Didot, Paris, 1860.(Lire en ligne)
  11. a etbGeorges Contogeorgis,Histoire de la Grèce, Hatier, coll. Nations d'Europe, Paris, 1992.
  12. abcde etfJean-Baptiste Bory de Saint-Vincent,Relation de l'Expédition scientifique de Morée: Section des sciences physiques, F.-G. Levrault, Paris, 1836.
  13. Serge Briffaud, « L’Expédition scientifique de Morée et le paysage méditerranéen. » inL’invention scientifique de la Méditerranée, p.293.
  14. abc etdMarie-Noëlle Bourguet, Bernard Lepetit,Daniel Nordman, Maroula Sinarellis,L’Invention scientifique de la Méditerranée. Égypte, Morée, Algérie., Éditions de l’EHESS, 1998.(ISBN 2-7132-1237-5)
  15. a etbOlga Polychronopoulou,Archéologues sur les pas d’Homère. La naissance de la protohistoire égéenne., Noêsis, Paris, 1999.(ISBN 2-911606-41-8)
  16. a etbYiannis Saïtas et coll.,L'œuvre de l'expédition scientifique de Morée 1829-1838, Édité par Yiannis Saïtas, Éditions Melissa, 2011 (1re Partie) - 2017 (2de Partie).
  17. Monique Dondin-Payre,La Commission d'exploration scientifique d'Algérie : une héritière méconnue de la Commission d'Égypte, Mémoires de l'académie des inscriptions et belles-lettres, tome XIV, 142 p., 11 fig., 1994.
  18. Ed. Bonnet,Deux lettres de Bory de Saint-Vincent relatives aux travaux de la Commission d'Algérie, Bull. Société de Botanique de France, 1909,4e série, t. IX (56: 1-9.DOI https://doi.org/10.1080/00378941.1909.10832135
  19. Lettre de sa fille, Augustine Morel de Saint-Vincent,no CLXXVIII.
  20. PaulBauer,Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents,, 867 p.(ISBN 978-2-914611-48-0),p. 133.
  21. a etbHervé Ferrière,Bory de Saint-Vincent, militaire naturaliste entre Révolution et Restauration. Sujet de thèse déposé en 2001 à l'école doctorale de l'université Paris 1 Sorbonne-Panthéon, directeur Pietro Corsi, 2006
  22. a etbHervé Ferrière, 2009.Bory de Saint-Vincent: L’évolution d’un voyageur naturaliste. Syllepse.(ISBN 978-2849502433)
  23. James A. Second,Visions of Science: Books and Readers at the Dawn of the Victorian Age. University Of Chicago Press. p. 60., 2015.(ISBN 978-0226203287)
  24. Aldo Fascolo,The Theory of Evolution and Its Impact. Springer. p. 27, 2011.(ISBN 978-8847055865)
  25. Ann Thomson,Issues at stake in eighteenth-century racial classification,Archived 21 November 2007,Cromohs, 8 (2003): 1-20
  26. a etbPaul Biers, « L'herbier tricolore de Bory de Saint-Vincent »,Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle,vol. 26,‎,p. 429-431(lire en ligne, consulté le)
  27. Thomas Rouillard, « Un herbier de Bory de Saint-Vincent à Angers »,Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Anjou,vol. 18,‎,p. 1-19(lire en ligne, consulté le).
  28. André Lawalrée, « Un des plus célèbres explorateurs de la Montagne St.-Pierre, J.B.M.A.G. Bory, baron de Saint-Vincent »,Zoo,‎,p. 1-4.

Liens externes

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bory est l’abréviation botanique standard deJean-Baptiste Bory de Saint-Vincent.

Consulter la liste des abréviations d'auteur en botanique oula liste des plantes assignées àcet auteur par l'IPNI,la liste des champignons assignés parMycoBank,la liste des algues assignées par l'AlgaeBase et laliste des fossiles assignés à cet auteur par l'IFPNI.

v ·m
CommandantNicolas Baudin
Officiers de marine
Aspirants et hommes de bord
Astronomes
Géographes
Minéralogistes
Jardiniers
Botanistes
PharmacienFrançois Collas
Chirurgiens
Zoologistes
Artistes-peintres
SecrétairePetitin
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Jean-Baptiste_Bory_de_Saint-Vincent&oldid=227655857 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp