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Je suis partout

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Ne doit pas être confondu avecJe sais tout ouIls sont partout.

Je suis partout
PaysDrapeau de la FranceFrance
Languefrançais
PériodicitéHebdomadaire
GenreGénéraliste
Date de fondation
Date du dernier numéro

ISSN1149-784X
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Je suis partout est unhebdomadairefrançais publié parArthème Fayard, dont le premier numéro sort le.Pierre Gaxotte est son responsable jusqu'en 1939. Journal rassemblant des plumes souvent issues ou proches de l'Action française, il devient, à partir de 1941, le principal journalcollaborationniste etantisémite français sous l'occupation allemande. Le dernier numéro est daté du, et ses rédacteurs sont ensuite jugés et lourdement condamnés, notamment à la peine de mort.

La fondation

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Je suis partout : le grand hebdomadaire politique et littéraire (et parfois « le grand hebdomadaire de la vie mondiale »), comme ses titres complets l'indiquent, souhaite couvrir l'actualité internationale et celles des lettres. Fondé par l'éditeurJoseph-Arthème Fayard qui a lui-même trouvé le titre, le journal sort son premier numéro le samedi pour capter les lecteurs de la fin de la semaine[1].

Il n'est initialement ni d'extrême droite, niantisémite, ni même politiquement uniforme :Benjamin Crémieux en sera ainsi lecritique théâtral de 1930 à 1933[réf. nécessaire]. Mais le noyau dur des rédacteurs clairement imprégnés demaurrassisme l'emporte dès 1932 : les normaliensPierre Gaxotte etRobert Brasillach,Lucien Rebatet,Pierre-Antoine Cousteau,Claude Jeantet,Bernard de Vaulx (ancien secrétaire deCharles Maurras),Maurice Bardèche,Alain Laubreaux,Claude Roy,Miguel Zamacoïs,Daniel Halévy,Pierre Drieu la Rochelle et le dessinateurRalph Soupaultetc. Le journal devient dès lorsantiparlementaire,antidémocrate,nationaliste et convaincu de la « décadence » de la France. Il durcit ses positions, alors que la rédaction est de plus en plus séduite par les partisfascistes.

Le rapprochement avec les fascismes dès 1932

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L'Eunuque (caricature antisémite deLéon Blum livrant la France aux communistes), dessin dePhil pour le numéro du.

Comme certains de ses confrères de droite,Je suis partout plébiscite le dictateur italienMussolini dès 1932, dans un numéro spécial publié en de cette année. Puis, il soutient laPhalange espagnole, laGarde de ferroumaine et lepetit mouvement anglais fasciste d'Oswald Mosley. Il montre un grand intérêt pourLéon Degrelle et son mouvement fascisterexiste. Degrelle est le correspondant de l'hebdomadaire enBelgique et, par ailleurs, député rexiste dans lesannées 1930.

Je suis partout se rapproche progressivement à partir de1936 dunazisme : c'est là l'année du premier basculement, carFayard, effrayé par la radicalisation de la mauvaise foi au sein de ses colonnes, envisage de suspendre le journal, ne le jugeant plus utile, mais l'année 1936 paraît au complet, soit52 numéros. Il meurt le de la même année. Le lectorat avait suivi : le tirage passe durant cette période de 45 000 à 100 000 (pour retomber ensuite)[2]. Ce relatif succès n'empêche pas son filsJean Fayard de revendre le titre à ses rédacteurs associés en nom collectif,Pierre Gaxotte en tête, futur membre de l'Académie française : ils appellent entre eux leur nouvelle équipe« le gentil soviet ». Le principal actionnaire est le riche héritier d'origineargentineCharles Lesca qui se définit comme un« fasciste authentique autant que calme ».

L'antisémitisme, qui avait commencé à s'exprimer après lesémeutes de, se déchaîne avec l'accession deLéon Blum en 1936 à la tête du gouvernement. À partir de 1938,Je suis partout rivalise d'antisémitisme avec les publications des nazis publiées en Allemagne, dans deux numéros spéciaux intitulés en pleine manchette « Les Juifs » () puis « Les Juifs et la France » (). Dans ce deuxième numéro, le journal dit s'opposer aux persécutions contre les juifs en France, mais affirme que ceux-ci sont des étrangers et demande qu'on leur « retire la qualité de citoyen ».Lucien Rebatet y est l'auteur d'un long article sur « L'affaire Dreyfus », dans lequel il revient sur la culpabilité d'Alfred Dreyfus (alors que son innocence est démontrée et établie depuis 1906). Dans le même numéro, Rebatet appelle à abolir la démocratie.

En, pendant ladébâcle,Alain Laubreaux etCharles Lesca sont arrêtés sur l'ordre deGeorges Mandel, nouveauministre de l'Intérieur dugouvernement Reynaud pour« agissements de nature à porter atteinte à la sûreté extérieure et intérieure de l'État » (articles 75 et suivants, articles 87 et suivants ducode pénal), une ordonnance de non-lieu est prononcée par le juge d'instruction le[3]. Georges Mandel fait également arrêter les principaux intellectuels d'extrême droite favorables à l'Allemagnenazie.

Je suis partout réclame un fascisme à la française :« On ne matera le fascisme étranger que par le fascisme français, le seul vrai fascisme » (). Il ne cache pas sa sympathie pour leFront de la liberté esquissé parJacques Doriot, venu de la gauche mais passé à droite, et le fait avec les principaux mouvements d'extrême droite et le plus grand parti conservateur de l'époque, laFédération républicaine.

Jusqu'en, le vieux Maurras,germanophobe par tradition, ne condamne pas ses disciples. La rupture avec la doxa de l'Action française a lieu au début de cette année-là, lorsque le journal, interdit depuis, reparaît et devient ouvertement pro-allemand.

Jusqu'en 1942, la rédaction se trouverue Marguerin àParis avant de s'installerrue de Rivoli.

L'organe emblématique du collaborationnisme

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Voir la catégorie :Collaborateur de Je suis partout.

L'hebdomadaire reparaît le en zone occupée contre l'avis de Maurras et soutient immédiatement une politiquecollaborationniste.Robert Brasillach, rédacteur en chef depuis, reprend les rênes à son retour de captivité. Cette nouvelle équipe comprend aussiJean de Baroncelli[4],André Bellessort de l'Académie française[5],Georges Blond,Abel Bonnard de l'Académie française[6],Kleber Haedens,Jean de La Varende,Jean Meillonnas,Morvan Lebesque,Lucien Combelle.

Triomphant après avoir obtenu de reparaître sous l'occupation allemande, l'hebdomadaire multiplie les polémiques et les appels au meurtre contre les Juifs et les hommes politiques de laIIIe République. Ainsi, dans l'édition duRobert Brasillach écrit-il que« la mort des hommes à qui nous devons tant de deuils […] tous les Français la demandent ». Et dans celle du :« Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder les petits. »

Lors de lapremière rafle du, l'hebdomadaire se réjouit[7] :

« La police française a pris enfin la décision de purger Paris et de mettre hors d'état de nuire les milliers de Juifs étrangers, roumains, polonais, tchèques, autrichiens qui, depuis plusieurs années, faisaient leurs affaires aux dépens des nôtres. Mercredi matin, la Préfecture de Police a réussi un beau coup de filet, puisque cinq mille habitants ont été mis en état d'arrestation. »

Dans l'édition du, le journal polémique avec les évêques (Pierre Gerlier etJules Saliège) qui avaient protesté contre les déportations de familles juives, en propageant le mythe d'une« relocalisation » des Juifs par laGestapo :« Que des Juifs de Varsovie, de Cracovie, de Kiew, etc. soient ramenés au ghetto natal, que cette racaille pouilleuse, que ces parasites, que cette clique étrangère, dont les vols, escroqueries, provocations et assassinats n'ont pas l'excuse d'un patriotisme exaspéré, oui, que ces Juifs, rebut de l'Europe, soient mis hors d'état de nuire à la France, les sacristies s'émeuvent, les chaires retentissent de lamentations »[8]. Après ledébarquement allié en Afrique du Nord, Brasillach vitupère la mollesse supposée dugouvernement de Vichy :« Y aurait-il eu un seul Français molesté à Alger si on avait fait savoir que pour un cheveu arraché à un nationaliste dix Juifs seraient abattus sur la Côte d’Azur ? »[9].

SiJe suis partout n'est pas le seul journal collaborationniste, c'est le plus important et le plus influent (à laLibération il est jugé commepersonne morale, avec ses rédacteurs, après et séparément du procès de Brasillach proprement dit[10]). Ses rédacteurs revendiquent d'avoir été les pionniers du fascisme en France, même s'ils reconnaissent des précurseurs, commeÉdouard Drumont et revendiquent, au moins jusqu'en 1941, l'influence deCharles Maurras (en, Maurras, replié àLyon, désapprouve la reparution du journal enzone occupée). Ils travaillent aussi àLa Gerbe, auJournal de Rouen, àParis-Soir et plus encore auPetit Parisien, étendant ainsi leur influence.

Je suis partout exerce une attraction assez importante sur un lectorat plutôt jeune et intellectuel. Son audience devient plus grande sous l'Occupation : le tirage passe de 46 000 exemplaires en 1939 à 250 000 en 1942. Il publie sous forme de feuilleton des romans deJean Anouilh (Léocadia),Marcel Aymé (Travelingue),René Barjavel (Ravage),Jean de La Varende (Les Derniers Galériens),Jacques Decrest (Les Jeunes Filles perdues) ou encoreJean de Baroncelli (Vingt-six Hommes), et des interviews de certains d'entre eux.Michel Mohrt y publie également sept articles à caractère littéraire, consacrés àMontherlant,Renan etStendhal. L'hebdomadaire publie aussi six lettres deLouis-Ferdinand Céline[11], des articles enjôleurs sur ce dernier et, le, son interview parHenri Poulain[7].

Tout au long de ses colonnes, le journal dénonce les Juifs en allant jusqu'à indiquer leurs noms et leurs adresses[12] :

« Mme Konigswoerther dite Simon est-elle toujours secrétaire générale du préventorium La Fayette à Chavagnac (Haute-Loire) ? »

« Le juif Grunfeld, de Meaux, "suspendu" comme étranger, n'est-il pas devenu "assistant chirurgical" du docteur Ladislas Harglas ? Curieux moyen de détourner la loi. »

« À Saint-Blin (Haute-Marne), était installé depuis 1935 un vieux Gaulois d'Asie Mineure, le docteur Soakian Sourène, lequel, suspendu depuis plusieurs mois, continue, comme il se doit, son exercice médical : est-il vrai que le procureur de la République ait refusé de le poursuivre, prétextant l'absence d'autre médecin dans la susdite localité ? »

« Nakache, en effet, est le moins défendable des Juifs, le Youtre le plus spécifiquement youtre de toute la Youtrerie (…) Des journaux parisiens profitent de leurs rubriques sportives pour faire une publicité indécente à ce vil personnage, qui relève pour le moins du camp de concentration[13](Alfred Nakache sera effectivement déporté àAuschwitz, avec sa femme et sa fille qui n’en reviendront pas). »

Après l'éviction deBrasillach, jugé trop modéré, la direction est assurée parCharles Lesca, nommé en directeur général deJe suis partout[14]. Ce changement marque un dernier glissement :Je suis partout s'aligne intégralement sur lenazisme, oublie l'ouverture aux intellectuels qui avait fait une partie de son succès dans les années 1930 pour l'anti-intellectualisme des nazis et des fascistes les plus fanatiques, ouvre ses colonnes auxWaffen-SS. Le, alors même que les armées alliées britanniques et américaines sont sur le point de libérer toute la Normandie et que l'Armée rouge entre enPologne, le journal réitère son credo fasciste, faisant du régime nazi le seul rempart contre la bolchévisation :« quoi qu’il arrive l’Europe ne sera plus démocratique. Parce que la démocratie a fait son temps, parce qu’elle a démontré son impuissance et sa malfaisance, parce qu’elle est arrivée au bout de son rouleau et qu’elle ne peut survivre à la terrible épreuve de cette guerre planétaire. Répétons-le une fois de plus : la défaite de l’Allemagne ne peut avoir pour conséquence que lebolchévisme »[15].

Plusieurs rédacteurs adhèrent auParti populaire français (PPF) deJacques Doriot et à laMilice. Cousteau et Rebatet clament le :« Nous ne sommes pas des dégonflés » et assurent la parution de l'hebdomadaire jusqu'en août. Tous deux, ainsi que l'ensemble de la rédaction deJe suis partout, s'enfuient àSigmaringen avec ce qu'il reste durégime de Vichy en. Ils sont par la suite arrêtés, jugés et condamnés par la justice française pendant l'Épuration.

Épuration

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Au sortir de la guerre, les anciens rédacteurs et membres du journal sont poursuivis par les tribunaux lors de l'Épuration[16].

Brasillach, qui ne s'est pas enfui en Allemagne, est le premier jugé, le[17] et condamné à mort le même jour. Son pourvoi rejeté[18], et la grâce refusée par legénéral de Gaulle, il est fusillé le.

Après l'effondrement de l'Allemagne et l’arrestation des rédacteurs en fuite, c'est toute l'équipe qui est jugée et l'hebdomadaire est poursuivi devant lacour de justice en tant que personne morale[19] le.Lucien Rebatet etPierre-Antoine Cousteau sont condamnés à mort, mais la peine est commuée enréclusion à perpétuité par le présidentVincent Auriol. Graciés, ils sortent de prison en 1952 et 1953.Claude Jeantet est également jugé, de même queHenri Poulain,Charles Lesca etAlain Laubreaux, eux parcontumace. Malgré certaines condamnations à mort, aucun autre rédacteur n’est exécuté. Les procès se poursuivent et des condamnations sont prononcées jusqu’en 1947 :

  • Alain Laubreaux est condamné à mort par contumace en 1947 ;
  • Charles Lesca est condamné à mort par contumace ;
  • Henri Poulain est condamné aux travaux forcés à perpétuité par contumace en ;
  • Claude Maubourguet est condamné aux travaux forcés à perpétuité en ;
  • Lucien Combelle est condamné à quinze ans de travaux forcés en ;
  • François Dauture, pseudonyme d'Henri Lèbre, est condamné à mort par contumace ;
  • Camille Fégy est condamné aux travaux forcés à perpétuité en 1946 ;
  • Ralph Soupault, dessinateur, est condamné à quinze ans de travaux forcés en 1947 ;
  • Pierre Villette, connu sous le nom de Dorsay, administrateur du journal, est condamné à mort par contumace en 1947.

Robert Brasillach est donc le seul collaborateur deJe suis partout a avoir été jugé, condamné et exécuté.

Bibliographie

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Notes et références

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  1. Pierre-Marie Dioudonnat,Je suis partout, 1930-1944 : les maurrassiens devant la tentation fasciste, Paris, La Table Ronde,,p. 25.
  2. (en) Diane Rubinstein,What's Left?: The École Normale Supérieure and the Right, University of Wisconsin Press, 1990,p. 131-136.
  3. Je suis partout, 7 février 1941, p. 1.
  4. Je suis partout, 2 juin 1941, p. 1.
  5. Je suis partout, 28 février 1941, p. 6.
  6. Je suis partout, 7 mars 1941, p. 1.
  7. a etbRobert Klein,Je suis partout, les Juifs, 1941,, 190 p.(ISBN 978-1-7311-5119-3),p. 45-48.
  8. Dorsay, « La Barque de Saint Pierre serait elle encore menée à la gaffe? »,Je suis partout,‎,p. 2(lire en ligne).
  9. « Pour que la France vive »,Je suis partout,‎,p. 1(lire en ligne).
  10. « "Vous avez le pouvoir et la force ; faites-en bon usage" a conclu le commissaire du gouvernement »,Le Monde,‎(lire en ligne).
  11. « Les "lettres" », surlewebceline.free.fr(consulté le).
  12. L'ensemble des dénonciations faites par le journal en 1941 sont reprises dans le livre de Robert KleinJe suis partout, les Juifs, 1941, pages 54-63.
  13. « Un Juif qui sait nager »,Je suis partout,‎,p. 2(lire en ligne).
  14. Darío Varela Fernández,Charles Lesca (1887-1949) Au service de l'hispanisme, du fascisme et de la Collaboration, Paris, L'Harmattan,, 150 p.(ISBN 978-2-336-44834-3,présentation en ligne),p. 80
  15. Cousteau, « Vanité du double jeu »,Je suis partout,‎,p. 1(lire en ligne).
  16. PierreAssouline,L'Épuration des intellectuels, Bruxelles,Éditions Complexe,,p. 128.
  17. « Robert Brasillach devant la cour de justice »,Le Monde,‎(lire en ligne).
  18. « L'épuration et les sanctions »,Le Monde,‎(lire en ligne).
  19. « L'équipe de Je suis partout est jugée lundi »,Le Monde,‎(lire en ligne).

Liens externes

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