Illustration du jeûne dans la culture occidentale.
Lejeûne est la privation, volontaire ou non, de nourriture, accompagnée ou pas d'une privation de boisson. Le jeûne partiel fait partie intégrante de la pratique de certaines religions (carême,ramadan,kippour, etc.).
D'un point de vue médical et physiologique, on considère que la période de jeûne commence à partir de la sixième heure après le dernier repas[1]. Le jeûne met en marche des mécanismes d'adaptation physiologique hérités du lent processus de l'évolution.[réf. souhaitée] Diverses expériences ont montré sur lemodèle animal qu'une restriction alimentaire non excessive prolonge la durée de vie de nombreuses espèces (souris, rat, singe rhésus[2]). Une étude publiée dansNature en 2016 a aussi montré que ce jeûne s'accompagne d'une diminution des dommages à l'ADN[3]. Sur une période courte, lejeûne intermittent permet une perte de poids et de masse grasse similaire à larestriction calorique ainsi qu'une augmentation de la sensibilité à l'insuline. Mal contrôlé ou trop prolongé, il peut conduire à la mort.
L'adaptation et la résistance au jeûne prolongé observées chez l'humain, mais également chez certains oiseaux (migrateurs, manchots), ont été modelées par l'histoire del'évolution[4][source insuffisante].
La faculté de stocker des réserves avec un maximum d'efficacité, conjuguée à l'utilisation très efficiente de ces substrats, a permis à l’humain de survivre et même de se développer dans des conditions très peu favorables du point de vue alimentaire, ceci jusqu'à une période très récente de l'histoire en Europe, mais encore actuellement dans de nombreuxpays en voie de développement[5].
Cependant une privation protéino-énergétique soutenue entraîne une sensibilité aux infections liée à l'altération des défenses immunitaires, et peut finalement aboutir à la mort. Classiquement, on considère qu'une réduction de 50 % de lamasse protéique est incompatible avec la vie[5].
« L'examen de l'ensemble des données scientifiques concernant le jeûne et les régimes restrictifs, issues de nombreuses études expérimentales chez l'animal et des quelques études épidémiologiques et cliniques disponibles actuellement, n'apporte pas la preuve d'un effet (bénéfique ou délétère) chez l'Homme en prévention primaire ou pendant la maladie (qu'il s'agisse d'un effet curatif ou d'une interaction avec les traitements anticancéreux). »
— Jeûne, régimes restrictifs et cancer : revue systématique des données scientifiques et analyse socio-anthropologique sur la place du jeûne en France[8]
Les cures de jeûne sont remboursées danscertains pays[Lesquels ?], comme parfois en Allemagne[9], mais la recherche dans ce domaine bénéficie de peu de subventions[6].
Durant un jeûne total, seules les pertes hydriques sont compensées[10]. Il n'y a pas d'absorption denutriments capables d'être utilisés ou stockés. L'organisme utilise alors leglycogène contenu dans le foie et les muscles, le décompose et libère leglucose ainsi transformé dans la circulation sanguine. Lanéoglucogenèse, stimulée par leglucagon et lecortisol, est primordiale pour le maintien de la concentration normale de glucose dans le sang entre les repas. Cette concentration doit rester suffisante car lecerveau ne peut utiliser qu'entre 70 % et 75 % decorps cétoniques en termes d'apports énergétiques, le reste devant être fourni par du glucose pour son métabolisme et il ne peut pas stocker de glycogène[11].
Leslipides circulent sous forme d'acides gras libres, ils sont stockés sous forme detriglycérides dans letissu adipeux, constituent 77 % du contenu total en énergie (enkilocalories). C'est le principal réservoir d'énergie et la principale source d'énergie durant le jeûne[12].
Lesprotéines, circulant sous forme d'acides aminés, sont stockées dans les muscles et constituent 22 % de l'énergie totale du corps (en équivalent en kilocalories). Source de glucose pour le cerveau pendant le jeûne, elles sont utilisées en dernier recours, une fois les autres stocks d'énergie épuisés. Ces stocks sont inutilisables en totalité car des anomalies mortelles apparaissent avant l'épuisement du stock[12].
Il se produit dès l'absence de prise alimentaire dans les douze heures suivant le dernier repas, habituellement entre le dernier repas du soir et le petit-déjeuner du lendemain. La sécrétion d'insuline diminue, tandis que celle deglucagon augmente. Ce jeu hormonal entraîne une stimulation de lalipolyse et de l'oxydation desacides gras, puis unecétogenèse. Afin de maintenir laglycémie, laglycogénolyse est stimulée, de manière exclusive.
Le jeûne est classiquement divisé en trois phases successives. Les phases 1 et 2 correspondent à la mise en place des mécanismes d'épargne protéique en rapport avec l'augmentation progressive et soutenue de l'utilisation des acides gras et des corps cétoniques comme substrats énergétiques.
La première phase est la « phase de jeûne court » correspondant à une absence de prise alimentaire d'une durée allant de douze heures à trois ou quatre jours. L'épuisement des réserves deglycogène entraîne une baisse de la glycémie indispensable au cerveau. La source principale de glucose de l'organisme devient lanéoglucogenèse. Cette situation ne peut perdurer, la fonte protéique étant trop rapide et incompatible avec une survie prolongée. Une adaptation visant cette fois-ci à économiser des protéines, et non plus seulement à fournir du glucose, va donc devoir entrer en jeu au cours du jeûne prolongé. Bien sûr la transition est progressive, et on assiste ainsi à une diminution régulière de la concentration du glucose, de son renouvellement ainsi que de la concentration plasmatique des acides aminés gluconéogéniques (acides aminés capables de fournir du glucose)[13].
La phase 3 ou terminale (ou la limite de l'adaptation au jeûne) : cette phase terminale n’a été étudiée que chez l'animal et tout particulièrement chez le manchot empereur, notamment parYvon Le Maho. Le passage à cette dernière phase du jeûne est marqué par un net contraste : les taux plasmatiques d'acides gras et de corps cétoniques s'effondrent, tandis que la glycémie s'élève, et le catabolisme protéique augmente de façon importante pour la néoglucogenèse. Le passage à cette troisième phase de jeûne avec augmentation de la mobilisation des protéines survient alors qu'il reste environ 20 % des réserves lipidiques, contredisant largement l'idée d'une phase irréversible. Néanmoins si cette troisième phase n'est pas irréversible, elle n'en est pas moins limitée à brève échéance[14]. C'est la consommation des protéines durant cette phase qui est responsable d'une fortemorbidité etmortalité.
Le cas particulier des animauxobèses a été étudié et amène à des constatations très surprenantes : ces animaux obèses n'entrent pas en phase terminale, ils gardent en permanence un comportement d'épargne protéique.« Du fait de leurs réserves lipidiques considérables, ils jeûnent beaucoup plus longtemps mais arriventin fine à une déplétion protéique beaucoup plus marquée que chez les animaux maigres. À la fin du jeûne (à la mort), les animaux maigres ont perdu 98 % de leurs réserves lipidiques et 29 % de leurs protéines totales, tandis que les animaux obèses n'ont perdu « que » 82 % de leur réserve lipidique et 57 % de leurs protéines corporelles. Si les réserves lipidiques représentent le facteur limitant de la durée du jeûne chez le sujet mince, ce sont les réserves protéiques qui représentent le réel facteur limitant de la durée du jeûne chez l'obèse, l'observation des réserves lipidiques pouvant être particulièrement trompeuse »[14].
Comme en témoigne l'histoire de 9 détenus de la prison deCork (Irlande) en 1920, dont le jeûne a duré 94 jours[17] ; l'organisme humain, jeune et en bonne santé, peut arriver à supporter un jeûne total (mais n'excluant pas la prise de liquides), non sans séquelles, pendant une période pouvant aller jusqu'à trois mois. Lors de lagrève de la faim irlandaise de 1981,Bobby Sands est mort après 66 jours de jeûne, là oùKieran Doherty est mort après 73 jours.
Exprimée en termes d'indice de masse corporelle (IMC), une valeur inférieure de 12 à13kg·m-2 est en principe synonyme de mort, bien que des récupérations aient été décrites chez des patients adultes jeunes dénutris présentant des IMC de l'ordre de 8 à9kg·m-2[5]. Un jeûne prolongé au-delà d'une certaine durée provoque immanquablement la mort. Cette durée varie selon les individus, et peut atteindre plus de 85 jours[18].
« Dans les limites définies (jeûne inférieur à trois semaines chez une personne decorpulence normale) le jeûne ne présente pas de danger[6][réf. nécessaire]. »
Les animaux malades, blessés ou enhibernation réduisent leurs apports en nourriture[20][réf. souhaitée]. La capacité à supporter le jeûne est indispensable à la survie en cas de pénurie ou de famine. Lesmorses jeûnent en période de reproduction alors qu'ils défendent leur territoire et leurs femelles. Les poussins jeûnent sans boire trois jours après éclosion. Leshomards jeûnent quand ils muent. Lesmanchots mâles, qui protègent leur œuf du froid en le portant sur leurs pieds, jeûnent jusqu'à l'éclosion des petits et la prise en charge de ceux-ci par leur compagne. Les animaux qui pratiquent l'hibernation jeûnentde facto pendant cette période de faible activité.
Pendant le jeûne des rats, l’intestin grêle évolue en quatre phases[21] :
en quelques heures, phase 1, la perte de masse est due aux selles et à l’utilisation des réserves glucidiques ;
le début de jeûne ou le jeûne court, phase 2, atrophie l'épithélium et mobilise 75 % des réserves lipidiques, ce qui épargnerait les protéines. Les cellules prolifèrent et migrent moins. La perte de masse est constante ;
ensuite commence le jeûne prolongé, phase 3, les protéines fournissent une grande part de l'énergie et la synthèse protéique est réduite. Les cellules prolifèrent et migrent plus, et l’apoptose s'arrête (par baisse des cytokines et du facteur de transcription Cdx2). Le catabolisme protéique augmente. Les transporteurs actifs PepT1 (peptide transporter 1) etSGLT1 préparent la réalimentation. La perte de masse augmente brusquement ;
après réalimentation, phase 4, l’épithélium se restaure en 3 jours que le jeûne soit court ou long. La réalimentation stimule les transporteursGLUT5,GLUT2 (de l'anglaisglucose transporter) et FATP4 ;
l'épuisement critique des réserves énergétiques provoquerait l'optimisation de l’absorption des nutriments.
Une expérimentation, sur des rats, du type de jeûne « intermittent à long terme » (jeûnes de 3 jours avec reprise alimentaire progressive sur 3 jours, espacés de 48 jours, huit fois de suite)[22] montrerait que ce type de jeûne favorise lagraisse blanche :
le dépôt de triacylglycérol dans les adipocytes, malgré l'apport calorique réduit ;
une expression accrue du gène FSP27 (fat-specific protein), ainsi que dePPARγ2 et C/EBPα (CCAAT enhancer-binding proteins alpha), et une augmentation de l'insuline ;
et que d'autres types de jeûnes n'ont pas cet effet : restriction calorique de 48 jours, ou un seul jeûne de 3 jours, avec ou sans reprise progressive de 3 jours.
Des rats Zucker maigres et obèses ont été soumis à14 heures de jeûne et à une exposition au froid de leurs tissus adipeux, ce qui montrerait[23] que l'exposition au froid augmente l'expression de l'ATGL et améliore sa régulation par le jeûne dans le tissu adipeux des rats maigres. Chez les rats obèses, l'exposition au froid augmente aussi l'expression de l'ATGL mais ne parvient pas à améliorer sa régulation par le jeûne, ce qui pourrait contribuer à une difficulté accrue pour la mobilisation des lipides des rats maigres.
Une synthèse d'études cliniques montre que le jeûne s'accompagne fréquemment d'un niveau accru de vigilance, d'une amélioration de l'humeur, d'un sentiment de bien-être, et parfois d'euphorie. Les améliorations de l'humeur, de la vigilance et un sentiment de tranquillité correspondent à un effet sur les symptômes dépressifs observable entre le second jour et le septième jours de jeûne, mais le maintien des effets sur l'humeur au-delà de la période de jeûne n'est pas établi[24].
Un jeûne pré-anesthésique est nécessaire, tant avant une anesthésie locorégionale qu'avant uneanesthésie générale non urgente. Il est rendu nécessaire, en raison du risque d'inhalation du liquide gastrique lors de la phase d'induction de l'anesthésie (syndrome de Mendelson), pouvant entraîner de nombreuses complications dont les pneumopathies d'inhalation[25].
Après une intervention chirurgicale, le jeûne peut être indiqué, soit en raison :
d'un ileus digestif (paralysie intestinale) pouvant avoir pour origine le geste chirurgical lui-même ou l'utilisation de certains médicaments ;
de la nécessité de protéger les sutures digestives jusqu'à cicatrisation.
Les travaux duPrHenrik Kehlet[26],[27] autour de larécupération rapide après chirurgie ont montré que ce jeûne avant intervention ne doit pas être trop prolongé sous peine de majorer le stress physiologique préopératoire. Ainsi, les solides sont à présent acceptés jusqu'à 6 heures et les liquides clairs jusqu'à 2 heures[28] avant l'intervention alors qu'autrefois on demandait classiquement au patient de « ne rien manger et boire après minuit » la veille de la chirurgie[29]. De même, alors que le jeûne post-opératoire a longtemps été conseillé et pratiqué, il est maintenant prouvé que la reprise de l'alimentation le plus rapidement possible (quelques heures après l'intervention) facilite la reprise du transit et la réhabilitation physiologique de l'opéré[29].
Le jeûne intermittent, ou jeûne alterné, est une pratique consistant à alterner des phases d'abstention de nourriture avec des phases où elle peut être consommée. Bien qu'elle ait été récemment popularisée par des ouvrages de promotion de régimes, cette pratique est étudiée depuis 1943 et a montré une certaine efficacité dans la perte de poids, similairement à larestriction calorique. Des résultats préliminaires indiquent un maintien ou une amélioration de certains biomarqueurs, dont la sensibilité à l'insuline.
Aux États-Unis, c'est l'hygiénisteHerbert M. Shelton qui a prôné les nombreux bienfaits du jeûne pour retrouver la santé. Il a généralisé quelque peu cette thérapie en ouvrant plusieurs écoles de santé (health school) permettant ainsi de proposer à des malades de jeûner en étant suivis. Il a supervisé plus de 30 000 jeûnes au cours de sa vie. En Occident, il en est une grande figure, grâce à son travail et son ouvrage démontrant que le jeûne est un moyen thérapeutique naturel et efficace[30].
Des chercheurs enUnion soviétique ont étudié les mécanismes du jeûne pendant plus de quarante ans et ont expérimenté le jeûne thérapeutique sur des dizaines de milliers de patients dans le cadre d'une politique nationale de santé publique, surtout développée en Sibérie[6]. Tout cela est minutieusement décrit dans de nombreuses études, qui n'ont jamais été traduites et sont donc restées inconnues en Occident[31],[32].
Le gérontologue et biologisteValter Longo a proposé d'étudier le jeûne avec comme objectif de traiter des cancers (chez la souris de laboratoire, ainsi qu'in vitro sur des cellules isolées en culture)[33],[34],[35]. Il déclare« J'ai récemment fait une présentation devant l'une des plus importantes compagnies pharmaceutiques au monde, et j'ai mis au défi les dirigeants de l'entreprise de mettre au point un cocktail de médicaments, pas un simple médicament mais un cocktail de médicaments, dont les effets seraient plus puissants que celui du jeûne[6] ».
Les recherches sur les applications de la réduction calorique et du jeûne se poursuivent[36],[37],[38]. Le changement d'alimentation, en particulier la réduction calorique, sont préconisés pour certaines maladies du foie comme lastéatose hépatique non alcoolique. La restriction calorique ou le jeûne n'ont pas pu démontrer d'indication médicale reconnue pour se prémunir des effets du vieillissement[39]. Aux États-Unis, leNational Council Against Health Fraud (NCAHF)« met fermement en garde contre l'usage prolongé du jeûne à des fins de santé et pense qu'obliger des enfants à jeûner est une forme de mauvais traitement »[40].
En France, sur modèle animal, le jeûne, qu'il soit répété ou intermittent, n'a pour le moment pas montré de bénéfice dans la prévention ni le traitement du cancer[41], notamment dans un rapport du réseauNACRe publié en 2017 et repris par l'Institut national du cancer[8],[42]. Une étude, toujours sur modèle animal, avait préalablement suggéré que l'effet du jeûne sur les tumeurs cancéreuses pourrait être dépendant du type de cancer et de la durée du jeûne[43].
« Jeûner induit des modifications métaboliques qui pourraient être utilisées à bon escient dans diverses situations pathologiques. Cependant,aucune donnée clinique reposant sur des essais méthodologiques rigoureux ne peut étayer aujourd’hui le bien-fondé de cette piste, qui reste donc pour l’instant essentiellement théorique. »
un risque avéré pour la santé et même la survie, puisque chaque année des pratiquants décèdent à l'occasion de ces stages de jeûne, comme encore en janvier 2023[44].
un risque d'emprise psychologique, le jeûne (surtout quand il est aggravé par une fatigue physique) entraînant des états de conscience altérés qui affaiblissent le discernement et permettent à des gourous de mieux manipuler leurs fidèles pour leur faire adhérer à des systèmes de croyance de plus en plus farfelus, entraînant isolement et dépendance[48].
Le jeûne pour raisons médicales ou spirituelles est connu depuis l'Antiquité. Il en est fait mention dans leMahâbhârata et lesUpaniṣad.
Dans laGrèce antique, lorsque quelqu'un tombait malade et venait voir les prêtres du temple du dieu guérisseurAsclépios (Esculape pour lesRomains), ces derniers, quand ils n'arrivaient pas à le guérir par les méthodes traditionnelles alors en usage, avaient parfois recours à une méthode expéditive. On exilait semble-t-il, le « malade » avec une bonne quantité d'eau douce (et sans aucune nourriture), durant une trentaine de jours, sur un rocher éloigné dans la mer ou ailleurs, où il était censé prier. Quand on allait le rechercher, on le réalimentait en douceur, et quelque temps plus tard, la santé revenait.[réf. nécessaire]
Le jeûne s'est particulièrement développé au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est avec l'islam, et en Occident avec la diffusion du christianisme[réf. nécessaire].
Nicolas de Myre enfant se détourne du sein de sa mère pour respecter le jeûne, statue-colonne (1140), musée deSaint-Maur.
Dans l'Église catholique, le jeûne est considéré comme une pratique de pénitence qui permet de prendre conscience de ses manquements et de se rapprocher de Dieu (voirMatthieu 4, 2 ;Luc 4, 1-4). Il consiste en une privation volontaire de nourriture : lors d'un jour jeûné le fidèle ne fait qu'un seul repas de la journée (traditionnellement à midi), qu'il peut compléter par de légères collations le matin et le soir, à condition que les deux ensemble ne correspondent pas à un repas complet[49],[50].
Le jeûne est souvent associé à l'abstinence de viande, une autre pratique pénitentielle ; cependant ce sont deux pratiques différentes : certains jours sont consacrés au jeûne, d'autres à l'abstinence, et certains aux deux. Dans l'Église catholique, le jeûne est demandé aux personnes souhaitant recevoir lacommunion : cette pratique est appelée lejeûne eucharistique. Avant la réforme liturgique du papePie X, le jeûne commençait la veille à partir de minuit jusqu'à la communion. Aujourd'hui, l'Église catholique demande un jeûne d'une heure minimum avant de recevoir la communion[51].
« Depuis laPentecôte, les mercredis et les vendredis jusqu'à la nativité de saint Jean. Depuis le premier septembre jusqu'au premier octobre, deux jeûnes par semaine. Depuis le premier octobre jusqu'à la mort de saintMartin [aussi], deux jeûnes par semaine. Depuis la mort de saint Martin jusqu'à la nativité du Seigneur, trois jeûnes par semaine. Depuis la nativité de saintHilaire jusqu'à la mi-février, deux jeûnes par semaine. »
On s'aperçoit que la pratique de jeûne commencée le 11 novembre, fête de saint Martin, comptait exactement 40 jours à l'exception des dimanches, tout comme le jeûne duCarême de nos jours. D'où, trois jours de jeûne par semaine[53]. Une fois confirmé par lepremier concile de Mâcon tenu vers 581[54], ce jeûne dit de l'Avent, moins pratiqué aujourd'hui, fut cependant longtemps respecté dans la tradition du catholicisme. Le jeûne accompli, on célébrait, avec degrandes antiennes « Ô » de l'Avent, un office solennel qui s'appelaitpitance, en buvant du vin[55].
Le chapitre 41 de larègle de saint Benoît, fixée vers 530, se consacre aux repas et jeûne. Selon ce chapitre, celui-ci n'était pas le jeûne complet, en raison du travail manuel dont les abbayes avaient besoin. À savoir, il s'agissait du repas tardif. Tout comme la règle de Perpet de Tours, le mercredi et le vendredi étaient choisis pour ce sacrifice.
« ... Durant tout l'été, à partir de la Pentecôte [jusqu'auxides de septembre], ils jeûneront la quatrième et la sixième férie jusqu'à l'heure denone [au lieu desexte], s'ils n'ont pas de travaux dans les champs, ou si la chaleur excessive de l'été ne les incommode pas. ... Mais pendant leCarême, jusqu'àPâques, c'est à l'heure devêpres (c'est-à-dire, après cet office) qu'ils mangeront en ayant soin de disposer cette heure de vêpres en sorte que l'on n'ait point besoin de lumière pour le repas, mais que tout se termine encore à la clarté du jour [en Italie][56]. »
Pour les fidèles catholiques, lecode de droit canonique de 1983 précise ses détails. Selon ce code, le jeûne ecclésiastique ainsi que l'abstinence de viande seront observés lors dumercredi des Cendres et duVendredi saint[58] en raison de« la volonté de réparer le péché et d'y renoncer » ainsi que de« la préparation à la rencontre de Pâques[59] ». Ces prescriptions relèvent notamment des cinqcommandements de l'Église. Il est demandé au minimum de ne pas dépasser un repas par jour, accompagné éventuellement d'une collation le matin et le soir[60], tout en laissant le fidèle libre d'opter pour un jeûne plus intégral. Le jeûne n'est pas exigé des fidèles n'ayant pas atteint leur majorité, ni de ceux qui passent 60 ans[61]. L'abstinence quant à elle est demandée à partir de 14 ans[61].
La raison pour laquelle les fidèles doivent exécuter le jeûne ecclésiastique au mercredi des Cendres est théologiquement exprimée :
« On ne fait pas pénitence le dimanche, célébration hebdomadaire de la Résurrection, même en Carême ; c'est pourquoi, pour combler le déficit de ces dimanches, on a anticipé le début du jeûne quadragésimal au mercredi des Cendres, mercredi qui précède le premier dimanche de carême. »
Sauf s'il s'agit d'un jour desolennité, levendredi est le jour consacré à l'abstinence[58] et par extension au jeûne dans la semaine. Quelque peu tombée en désuétude, l'abstinence du vendredi a quasiment disparu[63], tout en demeurant toujours de rigueur[58] à moins qu'elle n'ait fait localement l'objet d'adaptations par lesconférences épiscopales[64]. Celles-ci peuvent en effet décider de laisser aux fidèles la possibilité de remplacer l'abstinence par d'autres actes concrets de pénitence et de charité, comme c'est le cas en France[65] — à l'exception du temps du Carême — à partir de 1967[66].Chez les premiers chrétiens c'était un jour de jeûne total : les jeûnes du mercredi et du vendredi étaient obligatoires autrefois par une loi de l'Église et appelés « jeûnes de station » ou « jeûnes de none »[67] il y avait aussi le « demi-jeûne », le « jeûne de Carême » (ou de laquadragésime) et le « jeûne de superposition ».
Il existe aussi le jeûne volontaire, par exemple la recommandation de sainteThérèse de Lisieux[68] surtout pendant le Carême, car en jeûnant, à savoir privé de nourriture, l'on reconnaît sa dépendance envers Dieu[59]. Certes, l'exécution du jeûne durant quarante jours et quarante nuits était respectée non seulement parMoïse[69] etÉlie[70] mais également parJésus-Christ lui-même.
Dans l'Église orthodoxe, le jeûne eucharistique est exigé depuis minuit ; il est en général demandé que le repas du soir qui précède soit léger, sinon carémique ; l'exigence la plus répandue est qu'il ne comporte pas de viande. Il est aussi exigé que le fidèle s'abstienne de rapports charnels la veille de la communion, et à partir de minuit.
Dans la pratique orientale, les aliments sont classés de la manière suivante, par ordre croissant de caractère festif :
Les légumes, fruits, noix, champignons, fruits de mer ;
La graisse végétale (notamment dans la cuisson) et l'alcool ;
Le poisson ;
Les laitages et œufs ;
La viande ;
Les céréales.
Il existe quatre carêmes dans l'année orthodoxe : le carême de Noël, qui va du 15 novembre au 25 décembre ; le carême de Pâques, aussi appeléGrand Carême ; le carême des saints Apôtres, qui va du lundi d'après l'apodose de la Pentecôte jusqu'à la fête des saints Pierre et Paul le 29 juin ; le carême de la Mère de Dieu, qui va du1er août au 15 août, fête de laDormition. Sont aussi des jours de jeûne : la veille de laThéophanie ; la fête de l'Exaltation de la Croix (le 14 septembre) ; la fête de ladécollation de saint Jean-Baptiste ; et tous les mercredis et vendredis de l'année (à l'exception des périodes sans jeûne). Les périodes sans jeûne sont : les 11 jours entre Noël et la veille de la Théophanie ; la semaine qui suit leDimanche du Pharisien et du Publicain ; la semaine qui suit leDimanche du Jugement Dernier, aussi appeléesemaine des laitages, ou de Carnaval (on s'y abstient seulement de viande) ; l'octave de Pâques, aussi appeléeSemaine Radieuse ; l'octave de la Pentecôte.
Pendant les carêmes de Pâques et de la Mère de Dieu, on jeûne de tout, sauf de légumes, fruits, etc. En outre, seul un repas est autorisé, le soir, après lesvêpres. Les samedis et dimanches, on peut prendre deux repas, et l'huile et l'alcool sont autorisés. Pendant le carême de Noël et des saints Apôtres, on mange des légumes le mercredi et le vendredi ; les lundis, mardis et jeudis, l'huile et l'alcool sont permis ; et les samedis et dimanches le poisson est permis. Lors desfêtes qui tombent en carême (laPrésentation de la Mère de Dieu au Temple pendant le carême de Noël, laTransfiguration pendant le carême de la Mère de Dieu, leDimanche de Rameaux pendant le Grand Carême, et l'Annonciation, qui tombe presque toujours pendant le Grand Carême), le poisson est autorisé. Lorsqu'une fête de la Mère de Dieu tombe sur un mercredi ou un vendredi, le poisson est autorisé.
Lorsqu'une fête du Seigneur tombe un mercredi ou un vendredi, toute nourriture est permise. Ces normes peuvent varier d'une région à une autre ; elles sont toujours adaptées à la situation personnelle du fidèle, en accord avec son confesseur ou père spirituel. Pour les moines, il existe des variantes plus rigoureuses encore du jeûne, notamment l'abstention de toute nourriture pendant les lundis, mardis et mercredis de chaque semaine du Grand Carême jusqu'à la communion auxDons Présanctifiés du mercredi soir.
Le sens du jeûne, qui ne va que très rarement jusqu'à la privation totale de nourriture (ce qui s'en approche le plus est le jeûne eucharistique, y compris d'eau, qui dure toute la journée lorsque la liturgie, à certaines périodes pénitentielles, est célébrée dans la soirée) ; il s'agit plus de souligner les moments essentiels du cycle liturgique en impliquant le corps dans la participation du fidèle à la révélation du mystère divin. Les textes liturgiques, qui parlent abondamment du jeûne pendant le Grand Carême, insistent sur l'idée d'effort, de course au bout de laquelle se trouve la couronne que le fidèle doit gagner. L'important est donc notamment de ne jamais interrompre ce jeûne, ce qui explique pourquoi, si la discipline se relâche un petit peu les samedis et dimanches, on continue de se priver de la plupart des choses que l'on consomme le reste de l'année. Les trois carêmes sont légèrement moins stricts que le Grand Carême de Pâques, pour souligner que c'est Pâques qui domine l'année, symboliquement et théologiquement.
L'Église orthodoxe éthiopienne conserve unepratique particulièrement stricte du jeûne, excluant la consommation des produits d'origine animale la plus grande partie de l'année.
Dans leprotestantisme, le jeûne revêt généralement la forme d'une pratique individuelle. Lepasteur Christophe Deville, dans son ouvrage, définit le jeûne comme une signification à Dieu : « Seigneur, cette situation qui m’amène à genoux devant toi est plus importante que mes besoins normaux et quotidiens de nourriture ». Dans le jeûne, le croyant unit sa pensée à celle de Dieu ; du Dieu tout-puissant, éternel et omniscient pour mettre de côté, pour un temps, sa routine. Il prie et intercède pour des besoins d’importance vitale. La pratique d'un jour paroissial de jeûne et de prière, sans que la date choisie ait une signification particulière, est fréquente dans les Églises évangéliques. En Suisse, lejeûne fédéral et lejeûne genevois, hérités de la tradition calviniste, donnent lieu à des jours fériés légaux. Les Églises luthériennes, moraves, anglicanes et méthodistes retiennent la pratique ducarême.
Dans l'islam, le jeûne (saoum), a une signification relativement large qui touche toutes les relations concernant le musulman: sa relation avec son créateur Dieu (ALLAH), sa relation avec autrui et sa relation avec soi-même.
Le jeûne est le quatrième pilier de l'islam. En effet on parle de jeûne comme d'un renoncement spirituel, ne se limitant donc pas seulement à l'arrêt de consommation de nourriture et de boisson. C'est obligatoire pour le musulman de jeûner pendant le mois deramadan principalement, sur une période de 29 à 30 jours consécutifs, de l’aube au crépuscule, et il est recommandé en d'autres dates, ainsi qu'en tout temps, afin de développer sa spiritualité et développer sa relation avec Dieu. Le jeûne est aussi une période d'amélioration de remise en question de soi pour le croyant.
Sont exemptés les femmes enceintes, les malades sous traitements médicaux, les enfantsprépubères, les voyageurs, et les femmes en période de menstruations. Mais un rattrapage est prévu pour tous les exemptés sauf les enfants. S'ils ne peuvent pas rattraper le jeûne ils doivent redistribuer une charité (fidya ramadan)[72]sous forme de nourriture aux pauvres selon le nombre de jours de ramadan déjeûnés[73].
Le jeûne (صَومṣawm) est l'un des rites majeurs de laFoi bahá'íe, prescrit parBahá’u’lláh dans leLivre le Plus Saint (Kitāb-i Aqdas)[74]. Pour les baha'is, le jeûne est surtout une période de méditation et de prière, durant laquelle ils s'efforcent de réorganiser leur vie et de régénérer leur énergie spirituelle. Sa signification et son but sont avant tout spirituels et des entorses involontaires aux règles du jeûne ne l'annulent pas.
La période du jeûne dure tous les ans 19 jours et coïncide avec ledernier mois de l'année baha'ie nommé « élévation, sublimité » (علاء ='Alá'), du 2 au inclus. Selon la prescription duKitáb-i-Aqdas, elle est précédée par les jours de fête duAyyám-i-Há' (ايام الهاء) et suivie par la fête du Nouvel An baha'i célébrant l'équinoxe de printemps (Naw-Rúz, enpersan نوروز, le). Durant ce jeûne, les baha'is s'abstiennent de manger, de boire et de fumer du lever au coucher du soleil, qu'il est permis de déterminer à l'aide d'horloges.
Ce jeûne ne concerne que les adultes en pleine santé. Aucun rattrapage ni compensation ne sont prévus pour ceux qui sont exemptés, mais il leur est précisé« qu'il est louable et convenable de manger frugalement et en privé. »
Comme le mois'Alá' « élévation » s'achève à l'équinoxe de printemps, le jeûne a toujours lieu à la même saison (au printemps dans l'hémisphère nord et en automne dans l'hémisphère sud), sans excès de froid ni de chaleur préjudiciables, et lorsque la durée du jour et de la nuit sont à peu près équivalentes sur toute la Terre.
Avant d'atteindrel'illumination, ou l'état d'éveil, le prince Siddhartha a pratiqué six années d'austérité stricte au cours desquelles il n'a consommé que très peu de nourriture. Par la suite, le prince Siddhartha a pratiqué l'ascèse avec plus de modération.
Certaines pratiques ascétiques dedhutanga incluent une limitation de la nourriture (pattapiṇḍika). Certains moines observent également une période de jeûne plus ou moins longue et stricte, souvent considérée comme favorable à la méditation.
Le jeûne n'est pas pratiqué par lesbouddhistes laïques car il est considéré comme un écart par rapport à la voie du milieu[réf. nécessaire].
Néanmoins, les dévots laïcs therevada et mahāyāna (Upāsaka et Upāsikā) peuvent, certains jours du calendrier lunaireUposatha, prendre huit vœux, dont celui de ne faire qu'un repas par jour, en un plat, et à terminer avant le zenith solaire.
Certaines pratiques du vajrayana, telle celle de nyung né, sont sans manger ni boire du coucher à la pratique de clôture, trente six heures après.
Le jeûne a un rôle important dans la religionhindoue. Les croyants observent différentes diètes selon leurs croyances personnelles et les coutumes locales.
certains jours de la semaine sont des jours de jeûne spécifiques aux croyances de chacun et à une divinité favorite ;
lejeudi est un jour de jeûne très répandu dans le Nord de l'Inde. Les fidèles portent des vêtements jaunes et des fleurs jaunes ;
jeûner durant les fêtes religieuses est assez commun. Par exemple, lors deShivaratri ou durant les neuf jours deNavratri (deux fois par an, en avril et en octobre) avantDivālī.Karva Chauth est une forme de jeûne respecté au Nord de l'Inde par les femmes mariées en faveur de la santé, de la prospérité et pour la longévité de la vie de leurs époux. Le jeûne est rompu après que l'épouse a aperçu la Lune au travers d'un voile après le coucher du Soleil.
Les types de jeûne sont divers. Si le jeûne est strictement respecté, la personne jeûnant n'absorbe aucune nourriture, ni solide, ni liquide, du coucher du soleil jusqu'à 48 minutes après le lever du soleil du jour. Jeûner peut également signifier se priver de certaines nourritures ou de se contenter d'un seul repas dans la journée.Dans tous les cas, on ne doit pas manger ou même toucher des produits issus d'animaux (œufs, viande, etc.) le jour du jeûne.
Théoriquement, pour l'hindouisme, celui qui jeûne, dans un esprit de dévotion envers la divinité, se libère des péchés nés de dix millions de naissances antérieures ; mais, par exemple, pour la traditionvishnouïte,« celui qui mange lors de l'anniversaire du seigneurKrishna (...) devient unvautour pour dix milliards de naissances, unporc pour cent naissances, unchien pour cent naissances et unchacal pour cent naissances »[75]. Le jeûne a donc un rapport étroit avec la volonté ascétique dirigée vers le but ultime de se libérer du cycle des réincarnations (samsâra).
Selon lemahatma Gandhi, le jeûne est indispensable comme préalable à la maîtrise de sa sexualité, à la réalisation dubrahmacharya : on ne peut maintenir sa sexualité sous son contrôle si l'on est incapable de contrôler et dominer sa faim et l'organe du goût[76]. Le jeûne peut être pratiqué jusqu'à la mort, par inanition infinie, pratique à la foishindoue (explicitée dans lesLois de Manu, par exemple) etjaïne nomméeSallekhana.Vinoba Bhave, célèbre disciple gandhien, la pratiqua.
Dans leYoga-Sûtra dePatanjali, au chapitre 3,sûtra 31, il y a possibilité de dissoudre toute sensation de faim et de soif par lesamyama (concentration, méditation, enstase/samadhi) avec pour support le fond de la gorge (contemplation yogique facilitant ainsi tout jeûne).
Dans une logiquematérialiste proche dumonisme, le jeûne modéré (15 jours à 3 semaines ou le demi-jeûne) a pour vocation d'améliorer la conscience ducorps. Combiné avec des techniques méditatives, le jeûne permet de mieux ressentir l'effet positif ou négatif des pensées, actions ou projets sur notre corps et notrebien-être[77].
Jeûne international contre les essais nucléaires, Grenoble, 1990.
Le jeûne politique, appelé également jeûne de protestation ou grève de la faim, est un moyen de protestation non violent utilisé entre autres parGandhi[78]. Depuis le début duXXe siècle, les jeûneurs politiques sont légion. Dès 1905, lessuffragettes anglaises, incarcérées pour avoir revendiqué le droit de vote pour les femmes, ont fait la grève de la faim dans les prisons. La police tenta de les obliger à manger, mais cela ne les arrêtait guère. Le gouvernement répondit sans succès avec la loi dite « Chat et Souris » (Cat and Mouse Act, officiellement The Prisoners (Temporary Discharge for Ill Health) Act 1913) : quand une gréviste était trop faible, elle était relâchée puis réincarcérée une fois sa vie hors de danger.
Parmi les longs jeûnes politiques, ledésarmement nucléaire en 1983 est suivi par quatorze personnes pendant 40 jours à Paris, à Bonn, à Toronto, à Rome et à San Francisco, et le jeûneVivre sans nucléaire pendant 36 jours par Dominique Masset,André Larivière etMichel Bernard, à Paris[79]. Un jeûne de 4 jours est organisé chaque année depuis 1986[80] entre le 6 et, anniversaire des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki[81],[82],[83],[84],[85],[86].
Il est aujourd'hui souvent utilisé par desréfugiés ou des déboutés dudroit d'asile (par exemple à l'église Saint-Joseph à Paris à l'été 1991[87]) pour forcer l'obtention d'un permis de séjour ; il est aussi pratiqué par des groupes désireux d'assurer une couverture médiatique à leurs idées ou de faire pression sur un gouvernement, un pouvoir. Il s'agit également d'une pratique dans le milieucarcéral, pour protester contre les conditions de détention.
En 1998, leCongrès de la jeunesse tibétaine organise une grève de la faim de six Tibétains à New Delhi du au qui avait pour objectif la réouverture par lesNations unies de la question tibétaine, la nomination d'un envoyé spécial et d'un rapporteur spécial de l'ONU pour le Tibet. Après 49 jours, le groupe composé de 6 personnes dont une femme âgée de 62 ans, fut évacué de force par la police indienne, le jour précédent la visite en Inde d’un chef de l'armée chinoise. C'est alors que Thubten Ngodup s'est immolé. Un deuxième groupe composé de cinq hommes devait prendre la suite le28 avril. Mais au18e jour, le TYC suspendait la grève de la faim après l'engagement de laNorvège, de laPologne, de laHongrie, duCosta Rica et de l'Union européenne d'intervenir auprès du gouvernement chinois et de l'ONU[88]. Cet événement inspireLes Guerriers de l'esprit, un film de Pierre Anglade[89].
Du au,Jean Lassalle, député français desPyrénées-Atlantiques, a suivi un jeûne de plusieurs semaines pour protester contre le risque de départ d'une entreprise japonaise dans sa circonscription vers une circonscription voisine ; il a cessé son jeûne contre les garanties que l'entreprise reste dans les lieux.
Le jeûne est le plus souvent seulement alimentaire (l'hydratation par boissons étant conservée), permettant des grèves de la faim prolongées.
L'attitude médicale est délicate et diverse, variant du forçage alimentaire par sonde gastrique à l'accompagnement en respectant les volontés du protestataire[90].
La pratique du jeûne est parfois soupçonnée de dérives. Le phénomène de l'inédie et certaines thèses, comme celle deJasmuheen, ont conduit laMIVILUDES à des mises en garde. Georges Fenech déclare :
« Il y a un phénomène d'épuisement physique et donc d'épuisement et de faiblesse mentale à certains moments. Il n'y a plus de capacité de jugement ou de résistance face à des discours qui vont déraper, qui vont passer du simple jeûne à un discours plus doctrinal, plus idéologique[91]. »
Lejeûne climatique, ou jeûne pour leclimat, est à l'origine une initiative duConseil œcuménique des Églises. Elle consistait en pratique à jeûner le premier jour de chaque mois[92]. Cette initiative répond à une aspiration desreligions abrahamiques à lasobriété, face auconsumérisme, au gaspillage, au gâchis, en vue d'une plus justerépartition des richesses, comme le souhaiteMichaël Azoulay, rabbin à Neuilly-sur-Seine, chargé des questions de société par le grand-rabbin de France, et qui considère qu’« on n’a pas assez insisté sur l’importance de la préservation de la planète »[93]. Des initiatives concrètes de jeûne pour le climat ont été observées lors de laCOP 21 à Paris[94] et de laCOP 24 à Katowice[95].
↑a etbJeûne, régimes restrictifs et cancer : revue systématique des données scientifiques et analyse socio-anthropologique sur la place du jeûne en France, réseau NACRe avec l'Institut National du Cancer,, PDF(présentation en ligne,lire en ligne).
↑CarolineHabold (thèse de doctorat),Mécanismes cellulaires et moléculaires de l'absorption intestinale au cours du jeûne et après réalimentation, université Louis-Pasteur,(lire en ligne).
↑(ru) В.А.Максимов, А.Н.Кокосов et В.Б.Гурвич,Сборник авторефератов докторских и кандидатских диссертаций по разгрузочно-диетической терапии (1960-2010),, 1887 p.(présentation en ligne),В опубликованных авторефератах докторских и кандидатских диссертаций по разгрузочно-диетической терапии (РДТ) приведены основные. официальные научно-исследовательские, клинико-лабораторные и инструментальные результаты, исторические сведения об использовании в лечебных целях полного и абсолютного голодания. рассмотрены различные патогенетические, нейрофизиологические, биохимичесике, гормональные, иммунологические и другие механизмы терапевтического воздействия метода. Изложены варианты применения РДТ в комплексе с другими методами лечения, показания, противопоказания и возможные осложнения при использовании данного метода лечения. (« Collection de résumés de doctorats et de mémoires de maîtrise sur le jeûne thérapeutique (1960-2010), Résumé : cette synthèse sur le traitement par le jeûne est basée sur des rapports de doctorats et des mémoires de maîtrise. Basé sur la recherche formelle, les résultats cliniques, de laboratoire et instrumentaux, des informations historiques et l'utilisation à des fins médicinales du jeûne complet. Ce rapport considère aussi les pathogènes, les aspects neurophysiologiques, biochimiques, les mécanismes hormonaux, immunologiques et autres de l'effet thérapeutique de la méthode. Il décrit les applications du jeûne thérapeutique en combinaison avec d'autres traitements, les indications, contre-indications et les complications potentielles lors de l'utilisation de cette méthode de traitement »).
↑Robert Le Gall,Dictionnaire de liturgie(lire en ligne), CarêmeDonc, il s'agit précisément d'un mercredi, 40 jours avant Pâques, sans compter ces dimanches.
↑Un autre exemple de l'adaptation :« Le supérieur (abbé) rompra le jeûne à l'arrivée d'un hôte, [en lui offrant un repas, car l'on reçoit le Christ,] à moins que ce soit un des jeûnes principaux que l'on ne saurait violer. Quant aux frères, ils n'interrompront point l'observation des jeûnes. » (Saint Benoît (trad. Prosper Guéranger),La règle de saint Benoît,Abbaye Saint-Pierre de Solesmes,,p. 85)
↑Georges Fenech, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, émission Globalmag du 12 mai 2011 sur Arte, dans le cadre d'un reportage sur les marcheurs-jeûneurs.
Le jeûne, une nouvelle thérapie ? : Documentaire, de Via Découvertes Production (prod.) et deThierry de Lestrade et Sylvie Gilman (réal.), Arte, 2011, 56'06[voir en ligne] : Coproduction : ARTE France, Via Découvertes Production, première diffusion sur Arte le 30 avril 2012 à 5 h 00, rediffusé sur Arte en janvier 2019.
Le jeûne, enquête sur un phénomène, Thierry de Lestrade et Sylvie Gilman, Arte France, 2023, 61 min.