Naissance | |
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Décès | (à 55 ans) St Andrews |
Nationalité | |
Formation | Magdalen College Royal High School(en) Université d'Édimbourg Université de Heidelberg ![]() |
École/tradition | |
Principaux intérêts | |
Œuvres principales | Institutes of metaphysic |
Influencé par | |
Père | John Ferrier(d) ![]() |
Conjoint | Margaret Wilson(d) ![]() |
Enfant | Susan Ferrier(d) ![]() |
James Frederick Ferrier, né le àÉdimbourg et mort àSt Andrews, est unécrivain etmétaphysicienécossais.
Il a créé lenéologisme « épistémologie » dans son ouvrageInstitutes of Metaphysic.
Fils de John Ferrier, également écrivain, et de la sœur deJohn Wilson, dont le pseudonyme était Christopher North, Ferrier a été élève à la Royal High School, à l’université d’Édimbourg, ainsi qu’auMagdalen College d’Oxford. Il étudie laphilosophie allemande àHeidelberg, en compagnie de son ami,William Hamilton. En 1842, il est promu professeur d’histoire, et, en 1845 il devient professeur de philosophie morale et d’économie politique à l’université de St Andrews. Il se porte deux fois candidat à la chaire de directeur de la chaire de philosophie d’Édimbourg, à celle de philosophie morale en 1852, et à celle de logique et de métaphysique en 1856, après la mort d’Hamilton. Il demeura enseignant ensuite à l’université de St Andrews pour le restant de ses jours. Ferrier eut cinq enfants de sa cousine, Margaret Anne, fille de John Wilson ; une de ses filles devint la femme de SirAlexander Grant.
La première contribution de Ferrier à la philosophie fut une série d’articles publiés dans le magazineBlackwood en 1838 et 1839, intituléIntroduction à la philosophie de la conscience (An Introduction to the Philosophy of Consciousness). Dans ces articles, Ferrier condamne les philosophes antérieurs pour leur ignorance des investigations de lapsychologie, dans le domaine de laConscience. Celle-ci est ainsi la qualité fondamentale de l’homme, pourtant ignorée par les philosophes qui s’en tiennent à l’esprit. La Conscience se manifeste en effet lorsque l’homme utilise le mot, en étant conscient de son sens. Cette notion prend son origine dans l’homme lui-même. La conscience a ainsi son origine dans la volonté, qui, au sein de l’acte de conscience, pose leje en lieu et place des sensations. Morale, réflexion et responsabilité sont les résultats nécessaires de la conscience.
De nombreux autres articles suivirent. Le plus important futla Crise de la spéculation moderne (The Crisis of Modern Speculation) (1841), mais aussi :Berkeley et l’Idéalisme (Berkeley and Idealism) (1842) ainsi que l’importante critique des publications des œuvres deThomas Reid (1847), qui contient une attaque véhémente de la philosophie dusens commun. La perception de la matière est ainsi pour Ferrier le plus important phénomène de la pensée, alors que Reid, se donnant comme but de l’analyser, fait œuvre de représentationniste bien qu’il soit connu comme intuitionniste. Ferrier distingue ainsi entre laperception de la matière et notre propre perception de la matière. La psychologie tente vainement d’en analyser la forme. Lamétaphysique permet alors de séparer l’élément subjectif, que l’homme appréhende, de l’élément objectif : la perception de la matière. Il s’agit néanmoins non de la matièreen soi mais de la perception de la matière comme existence indépendante de la pensée individuelle. Cette dernière ne peut cependant pas être indépendante de la pensée. La pensée est ainsi assujettie à l’esprit, lui-même la propriété de l’esprit divin. Cette dernière constitue l’argument irréfragable de l’existence de Dieu.
Institutes of Metaphysic (1854) est son ouvrage majeur, publié sous deux éditions, et dans lequel il fonde le mouvementidéaliste anglais, qu’il développe depuis les travaux du philosophe allemandGeorg Wilhelm Friedrich Hegel.
La doctrine philosophique de Ferrier trouve son expression la plus aboutie dans sonTraité de métaphysique ; théorie de la connaissance et de l’être (Institutes of metaphysic; the theory of knowing and being) (1854) dans lequel il affirme avoir satisfait à la double obligation imposée à tout système philosophique, à savoir, d’être logique et vrai. Sa méthode est celle, comme chezSpinoza, de la démonstration rigoureuse, ou qui tente tout du moins de l’être. Toutes les erreurs de la pensée naturelle et de la psychologie peuvent ainsi être expliquées par l’un ou l’autre de ces trois notions :Connaissance et Connu,Ignorance etÊtre. Ces concepts étant exhaustifs, ils composent en conséquence les divisions de la philosophie, dont le seul but est de corriger les inadvertances de la pensée ordinaire.
LeTraité de métaphysique[1] analyse les vérités allant de soi touchant à la connaissance et au connu[2]. Il explique que le fait que toute intelligence, en plus de connaitre tout ce qu’elle connait, doit, comme base ou condition de sa connaissance, posséder une certaine connaissance de soi, constitue la base de l’ensemble du système philosophique. En outre, le seul type possible de connaissable est celui qui est à la fois connu d’un objet et connu par un sujet (objet + sujet, ou chose + intelligence). En conclusion, le seul univers indépendant auquel un esprit puisse penser est un univers en synthèse avec quelque autre esprit ou conscience.
La principale contradiction, qui a été corrigée dansAgnoiology or Theory of Ignorance (Agnoiologie ou théorie de l’ignorance), affirme qu’il peut exister une ignorance dont on ne peut avoir connaissance. Elle est corrigée par le fait que l’Ignorance est un défaut, et fait valoir qu’il n’y a pas de défaut à ne pas connaitre ce qui ne peut être connu d’aucune intelligence (par exemple, que deux et deux font cinq), et que par conséquent il ne peut y avoir d’ignorance que de ce dont on peut avoir connaissance, c’est-à-dire, de quelque-objet-plus-quelque-sujet. Ergo, seul le connaissable est incognoscible. Ferrier revendique tout particulièrement l’originalité de cette section duTraité de métaphysique.
The Ontology or Theory of Being (Ontologie ou théorie de l’être) constitue un examen de l’origine des connaissances, où Ferrier retrouve tous les doutes et les erreurs des philosophes à l’hypothèse de l’existence absolue de la matière. Il parvient à la conclusion que les seules vraies existences qui soient réelles et indépendantes sont les esprits-ensemble-avec-ce-qu’ils-appréhendent, et que la seule existence absolue strictement nécessaire est un esprit suprême et infini et éternel en synthèse avec toute chose.
En 1861, Ferrier souffre d’une faiblesse cardiaque à laquelle il succombe trois ans plus tard.
Selon Jenny Keef, le métaphysicien écossais James Frederick Ferrier a développé au milieu duXIXe siècle« le premier système post-hégélien d’idéalisme en Grande-Bretagne »[3]. Toutefois, et« contrairement aux idéalistes britanniques de la seconde moitié duXIXe siècle, il n’était ni kantien ni hégélien » : il développe unemétaphysique idéaliste en rejetant la philosophie dubon sens deThomas Reid et en défendantBerkeley[3]. Il se trouve être ainsi« une figure de transition entre laphilosophie des Lumières enÉcosse et le développement de l’idéalisme britannique dans la seconde moitié duXIXe siècle ». Il est aussi« le premier philosophe en anglais à se référer à laphilosophie de la connaissance commeépistémologie »[3].
Si Ferrier se sépare deKant (et du coup aussi deHamilton) en rejetant l’existence dunoumène (la chose en soi), il s'intéresse auxidéalistes allemands : il rédige par exemple des notices biographiques surSchelling etHegel pour leDictionnaire impérial de philosophie[3]. Dans ses ouvrages, il fait occasionnellement référence« àFichte, Schelling et Hegel », qu'en général il« considère positivement », bien qu'à ses yeux, Hegel soit« un génie opaque »[3].
James Frederick Ferrier est connu pour avoir introduit le motepistemology dans la littérature philosophique anglophone en1854, en l'utilisant dans sesInstitutes of Metaphysic[2].
Dans cet ouvrage, Ferrier présente l’immatérialisme deGeorge Berkeley en le reformulant dans le vocabulaire de l’idéalisme allemand,« ou du moins de ce qu’il en connaît », nuanceLaurent Jaffro[4]. Et c'est dans le titre de la première partie desInstitutes qu'apparaît :« L’« épistémologie », c’est-à-dire lathéorie de la connaissance » (la deuxième partie de l'ouvrage s'intitule « L’agnoiologie, ou théorie de l’ignorance », « agnoiologie » étant aussi un néologisme,« mais dont le succès fut moindre » ; la troisième est sur « L’ontologie »)[4]. Jaffro écrit :« La petite notoriété de Ferrier dans l’histoire des idées est due au fait qu’il forge le terme »[4].« Quel besoin de traverser la zone de l’agnoiologie pour aller de l’épistémologie à l’ontologie ? », s'interroge Laurent Jaffro qui explique alors que« Ferrier entend contenir l’objection selon laquelle nous ne connaissons pas l’objet de l’ontologie, c’est-à-dire l’être absolu »[4]. D'aprèsDominique Lecourt, bien qu'epistemology soit resté assez peu employé pendant plusieurs décennies, l'« ironie de l’histoire » a fait qu'il s’est répandu par la suite chez des penseurs qui au contraire rejetaientHegel et laphilosophie romantique allemande[5].« Même s’il faut reconnaître que l’usage reste assez flou, on peut dire que le vocable d’« épistémologie » se veut plus modeste que celui de « philosophie des sciences » »[5] : les épistémologues, qui se concentrent sur la démarche de la connaissance, ne se préoccupent guère de réfléchir sur son sens, et« il leur arrive même de présenter leur discipline comme une discipline scientifique ayant rompu avec la philosophie »[5].
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