Après son service dans lamarine marchande britannique, il intègre en 1755 la marine royale britannique au cours de laguerre de Sept Ans. Pendant lesiège de Québec, il se consacre à la cartographie de l'embouchure dufleuve Saint-Laurent, ce qui permet au généralJames Wolfe de mener sonattaque décisive sur les Plaines d'Abraham. Le jeune James Cook attire ainsi l'attention de l'Amirauté et de laRoyal Society à un instant crucial de sa carrière personnelle et de la direction des expéditions britanniques outre-mer. Il est alors nommé commandant duHMSEndeavour pour la première de ses trois expéditions dans le Pacifique, en 1766. Il s'ensuit deux autres expéditions établissant les premières cartes précises de nombreuses îles et côtes.
Son grand sens marin, ses aptitudes poussées pour la cartographie, sa détermination à explorer des zones dangereuses afin de vérifier l'exactitude des faits rapportés par d'autres[2], sa capacité à mener les hommes et son souci de leur sécurité sanitaire dans les conditions les plus rudes, ainsi que son besoin constant de remplir ses missions en allant au-delà des instructions reçues de l'Amirauté, lui ont permis de léguer à la postérité des connaissances considérables.
Cookmeurt àHawaï en 1779 durant un combat contre des autochtones, alors qu'il commande sa troisième expédition en quête dupassage du Nord-Ouest.
James Cook est issu d'une famille relativement modeste. Il est le deuxième des huit enfants de James Cook, valet de ferme d'origineécossaise et de Grace Pace, anglaise[3]. Il est né àMarton(en) dans leYorkshire du Nord, ville aujourd'hui rattachée àMiddlesbrough. Il est baptisé à l'église locale de St Cuthberts Marton, où son nom figure au registre des baptêmes[4]. Alors que la famille compte cinq enfants, elle s'établit à la ferme Airey Holme àGreat Ayton. L'employeur de son père finance sa formation à l'école primaire. À l'âge de 14 ans, il commence à travailler avec son père dans la gestion de la ferme[5].
En 1745, alors âgé de 17 ans, Cook est placé en apprentissage chez un mercier duvillage de pêcheurs deStaithes. Selon la légende, c'est là que Cook ressent pour la première fois l'« appel du large » en regardant la mer par la fenêtre du magasin. Au bout d'un an et demi, William Sanderson, le propriétaire de l'entreprise, décrète que Cook n'est pas fait pour le commerce et le conduit au port deWhitby où il le présente à John et Henry Walker,quakers faisant commerce ducharbon et propriétaires de plusieurs navires. Cook est engagé comme apprenti de la marine marchande sur leur flotte. Il passe les années suivantes à faire ducabotage entre laTyne etLondres. Parallèlement, il étudie l'algèbre, latrigonométrie, lanavigation et l'astronomie.
Une fois ses trois ans d'apprentissage terminés, Cook travaille sur des navires de commerce enmer Baltique. Il monte rapidement en grade et, en 1755, se voit proposer le commandement duFriendship. Il préfère cependant s'engager dans laMarine royale. LaGrande-Bretagne se prépare alors à la futureguerre de Sept Ans et Cook pense que sa carrière avancerait plus vite dans la marine militaire. Cela implique toutefois de recommencer au bas de la hiérarchie et c'est alors comme simple marin qu'il s'engage à bord du HMSEagle, sous le commandement du capitaineHugh Palliser. Il est rapidement promu au grade deMaster's Mate (équivalent deSecond maître (France)). En 1757, après deux ans passés au sein de la Navy, il réussit son examen de maîtrise lui permettant de commander un navire de la flotte royale[6].
Au cours de la guerre de Sept Ans, James Cook participe au siège de la ville deQuébec avant labataille des plaines d'Abraham en 1759. Il démontre alors un talent certain pour la topographie et la cartographie, et cartographie la plus grande partie de l'embouchure dufleuve Saint-Laurent pendant le siège, ce qui permet au généralJames Wolfe de lancer son attaque décisive sur les plaines d'Abraham. Les années suivantes, il établit les cartes de la côte deTerre-Neuve, puis lepassage du Nord-Ouest (1763-1764), la côte sud entre lapéninsule de Burin etCap Ray (1765–1764), puis la côte ouest en 1767. Durant ses cinq saisons passées à Terre-Neuve, il établit les premières cartes précises à grande échelle des côtes de l'île.
Itinéraires des voyages du capitaine James Cook. Le premier voyage est enrouge, le second envert et le troisième enbleu. La route de l'équipage de Cook après sa mort est représentée par une ligne bleue en pointillés.
En 1768, laRoyal Society charge James Cook, à bord duHMsEndeavour, d'explorer l'océan Pacifique sud avec pour principales missions l'observation dutransit de Vénus du et la recherche d'un hypothétique continent austral. Selon les savants, ce continent se serait trouvé dans les hautes latitudes au sud de cet océan, mais Cook ne le découvrira pas. Il est d'ailleurs sceptique quant à son existence et, dans son journal, confronte ses explorations avec les témoignages rapportés par les explorateurs précédents.
L'HMSEndeavour est untrois-mâts carré du même type de ceux que Cook a déjà commandés, embarcation solide et idéale en termes de capacité de stockage ainsi que pour son faible tirant d'eau, qualité indispensable pour s'approcher des nombreux récifs et archipels du Pacifique. Après avoir passé lecap Horn, il débarque àTahiti le, où il fait construire un petit fort et unobservatoire en prévision du transit de Vénus. L'observation, dirigée parCharles Green, assistant du nouvel astronome royalNevil Maskelyne, a pour but principal de recueillir des mesures permettant de déterminer avec davantage de précision la distance séparant Vénus duSoleil. Une fois cette donnée connue, il serait possible de déduire la distance des autres planètes, sur la base de leurorbite. Malheureusement, les trois mesures relevées varient bien plus que la marge d'erreur anticipée ne le prévoyait. Lorsque l'on compare ces mesures à celles effectuées au même instant en d'autres lieux, le résultat n'est pas aussi précis qu'espéré.
Une fois ces observations consignées, James Cook ouvre les scellés qui contiennent les instructions pour la seconde partie de son voyage : chercher les signes deTerra Australis, l'hypothétique pendant de l'Eurasie dans l'hémisphère sud. La Royal Society, et particulièrementAlexander Dalrymple, est persuadée de son existence et entend bien y faire flotter l'Union Jack avant tout autre drapeau européen. Pour cela, on choisit de recourir à un bateau qui, par sa petite taille, ne risque guère d'éveiller les soupçons, et à une mission d'observation astronomique comme couverture.
1969 James Cook et sonHMSEndeavour sur la médaille d'argent commémorative deJames Berry du jubilé des 200 ans de la redécouverte de laNouvelle-Zélande en 1769.
Cook doute cependant de l'existence même de ce continent. Grâce à l'aide d'un Tahitien nomméTupaia, qui possède des connaissances pointues de la géographie du Pacifique, Cook explore lesîles de la Société et découvre l'île deRurutu. Ne parvenant pas à découvrir de continent nouveau plus au Sud de cette dernière île, il se dirige alors vers laNouvelle-Zélande, qu'il atteint le. Second Européen à y débarquer aprèsAbel Tasman en1642, il cartographie l'intégralité des côtes néo-zélandaises avec très peu d'erreurs (notamment sur lapéninsule de Banks, qu'il prend pour une île, et sur l'île Stewart, qu'il rattache abusivement à l'île du Sud). Il identifie également le détroit qui allait porter son nom, ledétroit de Cook, séparant l'île du Sud de l'île du Nord, et que Tasman n'avait pas découvert. Lors de ses nombreuses rencontres avec les peuplesmaori de la Nouvelle-Zélande, son accompagnateurTupaia lui est d'un grand secours en tant qu'interprète, voire diplomate. Il y relate l'anthropophagie de ces derniers.
Il met ensuite cap à l'ouest en direction de laTerre de Van Diemen (actuelleTasmanie) avec l'intention de déterminer s'il s'agit d'une partie du continent austral. Des vents violents forcent cependant l'expédition à maintenir une route nord. L'expédition aperçoit la terre en un lieu que Cook nomme « Point Hicks », entre les villes actuelles d'Orbost et deMallacoota dans l'État duVictoria. Vu l'orientation de la côte au sud-ouest, Cook doute que Van Diemen's Land y soit relié. Ils se trouvent en fait au sud-est du continent australien, devenant officiellement les premiers Européens à repérer sa côte est. En1843, l'endroit reçoit le nom de « Cape Everard », avant de retrouver sa dénomination originale de Point Hicks à l'occasion du200e anniversaire du débarquement.
D'après le livre de bord, nous sommes alors le à 6 heures du matin. En fait, Cook emploie la notation de la date en vigueur dans la marine et qui court de midi à midi. Le jour commence ainsi douze heures avant le jour civil. De plus, l'écart de longitude entre le sud-est de l'Australie et la Grande-Bretagne implique un décalage horaire d'environ dix heures, si bien que la date admise aujourd'hui est le.
Cook poursuit sa route vers le nord en longeant la côte, ne la perdant jamais de vue pour la cartographier et nommer ses points remarquables. Au bout d'un peu plus d'une semaine, ils pénètrent dans unfjord long mais peu profond. Après avoir mouillé devant une pointe basse précédée de dunes de sable qui porte actuellement le nom de « Kurnell », l'équipage débarque pour la première fois en Australie, le. Cook baptise tout d'abord le fjord « Stingaree Bay » en allusion aux nombreusesraies aperçues (stingray enanglais). L'endroit reçoit ensuite le nom de « Botanist Bay », puis finalement « Botany Bay » en raison des nombreuses nouvelles espèces découvertes par les botanistesJoseph Banks,Daniel Solander etHerman Spöring.
La Grande-Bretagne va plus tard choisir ce site pour y établir une première colonie britannique, entre autres sur les conseils deJoseph Banks. Cependant, quand le capitaineArthur Phillip y débarque à la tête de laFirst Fleet en1788, soit près de 18 ans plus tard, la baie et ses environs ne s'avèrent pas aussi idéales que leur description le laissait espérer. Phillip ordonne de relocaliser la colonie dans un port naturel situé quelques kilomètres au nord, que Cook avait nomméPort Jackson sans en pousser très loin l'exploration. C'est dans ce port, dans une baie qu'il nomme « Sydney Cove » (en l'honneur du ministreThomas Townshend, premier vicomte de Sydney), que naît la colonie deSydney.
Cook rencontre desAborigènes dès son premier abordage. Lorsque l'Endeavour entre dans la baie, l'équipage aperçoit des hommes sur chaque côte. Vers 14 heures, ils mouillent près d'un groupe de six à huit maisons. Deux Aborigènes s'approchent du bateau, ignorant les cadeaux que Cook leur propose. On tire un coup demousquet au-dessus de leur tête, blessant légèrement le plus vieux qui se met à courir vers les maisons. Il revient avec d'autres hommes et jette des lances vers les Blancs, sans en atteindre aucun. Deux coups supplémentaires achèvent de les chasser. Tous les adultes ont disparu, mais Cook trouve plusieurs enfants dans les maisons, où il laisse quelques perles en signe d'amitié.
L'expédition met à nouveau les voiles en direction du nord, toujours en longeant la côte. Le, l’Endeavour talonne sur un banc de laGrande barrière de corail et est sérieusement endommagé. On passe près de sept semaines à réparer sur la plage (actuellement sur la commune de Cooktown, à l'embouchure de l'Endeavour River). Pendant ce temps, Banks, Spöring et Solander en profitent pour recueillir de nombreux échantillons de la flore australienne. Les contacts avec les Aborigènes sont paisibles. C'est à cette époque que le mot « kangourou » fait son apparition dans le vocabulaire anglais, transmis par la tribu Guugu Yimidhirr. Après cet épisode, Cook déconseille d'explorer de nouveaux océans avec un seul navire.
Une fois la réparation terminée, l'expédition reprend sa route, doublant lapéninsule du cap York avant de s'engager dans ledétroit de Torres séparant l'Australie de laNouvelle-Guinée. Cook débarque sur l'île de la Possession(en) le, où il revendique la totalité de la côte qu'il vient d'explorer pour le compte de la Couronne britannique.
À ce point du voyage, pas un seul homme n'a succombé auscorbut, fait remarquable pour une si longue expédition à l'époque. En effet, convaincu par une recommandation de la Royale publiée en1747, Cook a introduit des aliments comme lechou fermenté ou lecitron dans l'alimentation de son équipage. On sait alors que lescorbut est causé par une alimentation pauvre, mais le lien avec les carences envitamine C n'a pas encore été établi. Pour avoir réussi à préserver la santé de son équipage, Cook recevra lamédaille Copley en1776. Cook emporta également des plantes et des graines sur ses navires et planta des jardins sur plusieurs îles. Parmi les plantes cultivées figuraient des choux bien sur, mais aussi du blé, des carottes, des pois, de la moutarde, des fraises, du persil, des pommes de terre, des oranges, des citrons, des pamplemousses, des citrons verts, des pastèques, des navets, des oignons, des haricots et des panais[7],[8]. Ces cultures étaient destinées aux populations autochtones, mais aussi à nourrir les éventuels futurs visiteurs européens.
La traversée du détroit de Torres prouve définitivement que l'Australie et la Nouvelle-Guinée ne sont pas reliées entre elles. l’Endeavour accoste ensuite àSavu où il passe trois semaines avant de continuer versBatavia, capitale desIndes orientales néerlandaises, pour y effectuer quelques réparations. Batavia est connue pour être un foyer demalaria et avant le retour de l'expédition en1771, plusieurs membres de l'équipage y ont succombé ainsi qu'à d'autres maladies telles que ladysenterie, dont le Tahitien Tupaia, le botanisteHerman Spöring, l'astronomeCharles Green et l'illustrateurSydney Parkinson (Cook nommera l'île Spöring, au large de la Nouvelle-Zélande, en honneur au botaniste).
Sur la route du retour en Grande-Bretagne, Cook double lecap de Bonne-Espérance et relâche àSainte-Hélène. Le, Nicholas Young, qui avait repéré le premier les côtes néo-zélandaises, aperçoit lecap Lizard enAngleterre. L’Endeavour s'engage dans laManche et, le, mouille devantDeal, dans leKent.
La publication du journal de l'expédition rend Cook très populaire au sein de la communauté scientifique. Auprès du grand public, c'est plutôt Joseph Banks qui recueille les honneurs. Ce dernier tente de prendre le commandement de la deuxième expédition, mais se retire avant le départ.Johann Reinhold Forster et son filsGeorg sont engagés pour le remplacer.
Les deux navires du capitaine Cook dans la baie de Matavai.Route de James Cook, 1772-74.
Peu de temps après son retour, Cook est promu au grade de capitaine de frégate (commander en anglais) avant d'être chargé par la Royal Society de se rendre à nouveau dans les mers du sud à la recherche du continent austral. Au cours de son premier voyage, Cook avait démontré que la Nouvelle-Zélande n'était rattachée à aucune terre et il avait estimé la taille de l'Australie. Dalrymple, soutenu par d'autres membres de la Society, était cependant toujours persuadé de l'existence d'un continent plus grand, qui devait se trouver plus au sud.
Cook appareille à bord duHMS Resolution, accompagné deTobias Furneaux à la tête du HMSAdventure. Il est équipé d'un nouveauchronomètre de type K1, qui permettra un calcul précis de lalongitude. L'expédition descend très au sud, franchissant lecercle polaire Antarctique le et atteignant la latitude de 71°10' sud. Cook découvre également laGéorgie du Sud et lesîles Sandwich du Sud. Les deux bateaux se perdent de vue dans le brouillard de l'Antarctique et Furneaux met le cap sur la Nouvelle-Zélande, où il perd certains de ses hommes dans une bataille contre lesMāori avant de repartir pour la Grande-Bretagne. Pendant ce temps, Cook poursuit son exploration de la zone Antarctique. Il passe près du continent sans l'apercevoir et remonte vers Tahiti pour se réapprovisionner. Il replonge ensuite au sud dans l'espoir d'accoster le continent mythique, sans succès. Il avait de nouveau embarqué un Tahitien, du nom d'Omai, qui s'avère moins au fait de la géographie du Pacifique queTupaia. La route du retour le mène auxTonga, à l'île de Pâques, à l'île Norfolk, enNouvelle-Calédonie et auxNouvelles-Hébrides. Son rapport conclut clairement sur la non-existence de la mythiqueTerra Australis.
En, il écrit qu'il veut aller« […] non seulement plus loin qu'aucun homme n'est allé avant moi, mais aussi loin que je crois possible à un homme d'aller »[9].
À l'issue de ce deuxième voyage, Cook est promu au rang decaptain et la Royal Society lui offre une retraite honoraire en tant qu'officier du Greenwich Hospital. Sa notoriété a dépassé le cadre de l'amirauté : la Royal Society l'admet au sein de ses membres et lui décerne lamédaille Copley,Nathaniel Dance-Holland réalise son portrait, l'écrivainJames Boswell l'invite à sa table et laChambre deslords le qualifie de« plus grand navigateur d'Europe ». Cependant, la mer lui manque et il prépare un troisième voyage en direction dupassage du Nord-Ouest. Du Pacifique, il navigue vers l'est, espérant rejoindre l'Atlantique, pendant qu'un second bateau vient à sa rencontre en sens inverse.
Pour son dernier voyage, Cook commande à nouveau leHMS Resolution pendant que le capitaineCharles Clerke prend la tête duHMS Discovery. Officiellement, le but du voyage est de ramenerOmai àTahiti, qui suscite la plus grande curiosité à Londres. L'expédition explore tout d'abord lesîles Kerguelen où elle accoste le jour de Noël1776 — dans labaie de l'Oiseau à la pointe nord-ouest de l'île àPort-Christmas qu'il dénomme ainsi pour l'occasion —, puis fait escale enNouvelle-Zélande. Une foisOmai rendu aux siens, Cook met le cap au nord, découvre la veille de Noël 1777 l'île Christmas et devient l'un des premiers Européens à accoster aux îlesHawaï en1778.
Malgré plusieurs tentatives, ledétroit de Béring se révèle infranchissable en raison des glaces qui l'obstruent même au mois d'août. Accumulant les frustrations devant cet échec, et souffrant peut-être d'une affection de l'estomac, Cook commence à montrer un comportement irrationnel, forçant par exemple son équipage à consommer de la viande demorse, ce que les hommes refusent.
La mort du capitaine Cook.
L'expédition retourne à Hawaï l'année suivante. Après huit semaines passées à explorer l'archipel, Cook et son équipage atterrissent à labaie de Kealakekua sur l'actuelle Grande Île où il séjourne un mois. Son arrivée doit coïncider avec la saison deMakahiki et aux grandes fêtes consacrées au dieu de la paixLono. La venue de ses vaisseaux et leur parcours dans la baie ont causé leur déification, Cook en tant que chef est assimilé à Lono. Durant un mois l'équipage reçoit un très bon accueil. Peu après leur départ de l'île, une avarie dumât de misaine les contraint à rebrousser chemin pour le réparer. Ils décident alors de retourner sur la Grande île d'Hawaï en raison du bon accueil qu'ils avaient reçu. Au cours de cette seconde escale, des tensions se font sentir entre les indigènes et les Britanniques et plusieurs bagarres éclatent. En effet, la saison de Lono s'est terminée et c'est alors la saison deKū, dieu de la guerre. Le retour de Cook, considéré comme la personnification de Lono, est probablement assimilé à un trouble de l'équilibre du monde. Le, des Hawaïens volent une chaloupe. Les vols étant courants lors des escales, Cook avait pour habitude de retenir quelques otages jusqu'à ce que les biens volés soient restitués. Cette fois, il prévoit de prendre en otage le chef de Hawaï,Kalaniopu'u. Une altercation éclate cependant avec les habitants qui les attaquent à l'aide de pierres et de lances. Alors qu'il tente de revenir avec ses hommes sur son navireResolution qui l'attend au large des îles Sandwich (Hawaï), le capitaine James Cook est tué puis dévoré par les indigènes. Les Britanniques tirent quelques coups de feu mais doivent se replier vers la plage.Richard Hergest, un des officiers de Cook est un témoin direct de l'événement[10],[11] L'équipage peut cependant récupérer quelques restes pour les inhumer en mer avec les honneurs militaires.
Clerke prend le commandement de l'expédition. Il profite de l'hospitalité d'un port russe duKamtchatka pour tenter une dernière fois, sans succès, de franchir ledétroit de Béring. Clerke meurt dephtisie en août1779 et le lieutenant Gore prend sa succession pour la route du retour par les côtes asiatiques, comme prévu par Cook. En décembre, les journaux de bord sont confisqués à l'escale àMacao etCanton en raison de laguerre d'indépendance des États-Unis. Gore parvient cependant à en cacher un exemplaire. LeResolution et leDiscovery arrivent en Grande-Bretagne le. Le rapport de Cook est complété par le capitaine James King.
Parmi les conseils et enseignements de ce voyage, Cook et ses officiers en second validèrent leurs idées sur l'alimentation pour éviter lescorbut[12], ainsi que l'usage d'« écorce du Pérou », un équivalent de laquinine.
Heinrich Zimmermann,barreur (ship's coxswain) sur le troisième voyage duDiscovery a publié, en 1781 et en allemand, son propre récit du dernier voyage du capitaine Cook.
Les douze années que Cook consacra à naviguer dans le Pacifique apportèrent énormément de connaissances de la région aux Européens. Il découvrit plusieurs îles et cartographia avec précision de larges portions de côte. Dès son premier voyage, il fut capable de calculer précisément sa longitude, ce qui n'était pas du tout évident à l'époque car cela nécessite de connaître l'heure avec exactitude. Cook bénéficiait de l'aide de l'astronomeCharles Green et employa les nouvelles tables de l'almanach nautique, se basant sur l'angle séparant laLune duSoleil (de jour) ou de l'une des huitétoiles les plus brillantes (de nuit) pour déterminer l'heure à l'Observatoire royal de Greenwich, qu'il comparait à l'heure locale déterminée grâce à l'altitude du Soleil, de la Lune ou des étoiles. Au cours de son deuxième voyage, il embarqua un chronomètre KT conçu par Larcum Kendal. Il s'agissait d'une copie de la montre H4 fabriquée parJohn Harrison, premier instrument capable de donner fidèlement l'heure en mer et qui avait été embarqué sur leDeptford en1761.
Cook était accompagné de peintres (Sydney Parkinson réalisa 264 dessins avant sa mort à la fin du premier voyage,William Hodges représenta de nombreux paysages de Tahiti et de l'île de Pâques) et de scientifiques de renom.Joseph Banks (qui découvrit lesBanksia) etDaniel Solander recueillirent 3 000 espèces de plantes.
Cook fut le premier Européen à établir un contact rapproché avec plusieurs peuples du Pacifique. Il conclut, avec raison, à l'existence d'un lien entre eux, malgré les milliers de miles d'océan qui les séparaient parfois.
L'endroit où Cook a été tué dans les îles d'Hawaï est marqué par unobélisque blanc et est séparé du reste de l'île : le lieu a été cédé au Royaume-Uni et fait officiellement partie de son territoire. Le portrait de Cook apparaît sur une pièce des États-Unis, le demi-dollar de 1928, frappé à 10 008 exemplaires pour le cent-cinquantenaire d'Hawaï .
Les voyages de Cook dans l'océan Pacifique. Les tracés de ses trois expéditions sont indiqués enrouge (1), envert (2) et enbleu (3).
Les navettes spatiales américaines de laNASAEndeavour etDiscovery furent nommées d'après des navires de Cook (respectivement de sa première et de sa troisième expédition).
Concernant l'héritage colonial britannique, la mémoire de James Cook n'a pas fait exception : le, sa statue àGisborne (Nouvelle-Zélande) est défigurée et son socle est recouvert de graffitis disant« Black Lives Matter and so do Maori » et« Take this racist headstone of my people down before I do »[20]. Des croix gammées sont également peintes sur le socle de la statue[20]. Le, à l'occasion de lafête du Canada, la statue de James Cook àVictoria est déboulonnée et jetée dans les eaux du port par des militants anticoloniaux[21]. Les protestataires remplacent la statue par une robe rouge en bois qui symbolise lesfemmes autochtones disparues et assassinées. ÀMelbourne, la statue de James Cook est abattue le 25 janvier 2023, coupée au niveau des tibias et les morceaux laissés près de son socle[22]. La destruction de la statue est accompagnée des mots « la colonie va tomber ». Cette action survient la veille de lafête nationale, alors que d'autres symboles liés à la période coloniale australienne ont également été dégradés. Le 26 janvier commémore en effet l'arrivée des colons anglais dans le port deSydney, en 1788, renommé par ses détracteurs « le jour de l'invasion ».
En tant qu'explorateur, Cook a côtoyé desbotanistes qui ont découvert des espèces inconnues jusqu'alors et les ont rapportées dans lesjardins d'acclimatation de l'époque. James Cook est lui-même reconnu comme botaniste car il publié des travaux concernant la botanique. Toutefois il a donné un nom inapproprié à un arbuste de Nouvelle-Galles du Sud : l'« arbre à thé » n'a en effet rien à voir avec lethéier[23].
James Cook a épousé Élisabeth Batts (1741-1835) en 1762. Ils ont eu six enfants dont seul l'aîné est parvenu à l'âge adulte, mais il est mort à 31 ans sans descendance.
James (« Jamie ») (né en 1763 - mort noyé en 1794) ;
Joseph (né et mort en 1768) ;
Élisabeth (« Elly ») (née en 1767 - morte en 1771) ;
George (né en 1772, pendant le premier voyage - 1772) ;
Nathaniel (« Nat ») (née en 1764 - mort en 1780 dans un ouragan) :
Hugh (« Benny ») (né en 1776 - mort en 1793, alors qu'il étudiait àCambridge).
Madame Cook a reçu de l'Amirauté une pension de 200 livres par an.
James Cook,Relations de voyages autour du monde, 1768-1779 ; choix, introduction et notes de Christopher Lloyd; traduction française par Gabrielle Rives, édition La Découverte, collection Poche Littérature et voyages, 1977, rééd., 1998. Le récit du troisième voyage est suivi d'un extrait de celui du capitaine King du au.
AnneSalmond,The Trial of the Cannibal Dog: The Remarkable Story of Captain Cook's Encounters in the South Seas, Yale University Press,(ISBN9780300100921,lire en ligne)