Jakarta (prononcé enindonésien :/d͡ʒaˈkarta/), également écritDjakarta en français, est la ville la plus peuplée de l'Indonésie. Anciennecapitale du pays depuis 1949 (elle a été remplacée parNusantara[4]), elle constitue unesubdivision de premier niveau de même rang que lesprovinces sous le nom deterritoire spécifique de Jakarta, enindonésienDaerah Khusus Jakarta. La ville est familièrement surnommée « le grandDurian », en particulier par les médias anglophones[5], du nom de ce fruit emblématique de l'Indonésie, par analogie à la « Grosse Pomme ».
Jakarta étant fortement menacée par la montée du niveau de la mer car la ville s'enfonce sous l'effet de l'urbanisation et du pompage excessif des eaux souterraines, le gouvernement annonce en 2019 sa décision de transférer la capitale dans une autre ville[9],[10], nomméeNusantara. Des travaux sont entrepris sur les lieux choisis pour l’emplacement de cette capitale. À l’échéance prévue, les travaux ont pris un retard considérable, mais le président célèbre la fête nationale à Nusantara alors que le vice-président fait de même à Jakarta[11].
Jakarta est à la fois unemétropole qui concentre les fonctions de commandement et unemégapole, une ville géante qui s'étale. L'étalement urbain prend la forme d'interminablesbanlieues et dekampungs puis dedesakota, c'est-à-dire un paysage de ville-village, dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres autour de laville-centre.
La ville est à la fois un îlot de richesse à l'échelle de l'Indonésie et une ville concentrant un très grand nombre de personnes pauvres, en considérant le seuil mondial de pauvreté fixé par l'ONU[9]. La précarité s'observe en particulier dans certainskampungs, ces villages urbains (mais pas tous) sont très défavorisés. Elle se traduit par des difficultés dans l'accès aux services urbains, et particulièrement dans l'accès à l'eau[9].
Le nord de la ville construite dans un bassin plat ne s’élève qu’à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer (moyenne de sept mètres d'altitude).
Dans certains quartiers, les bâtiments s’enfoncent de 10 à 15 centimètres par an, selon l’Institut technologique de Bandung. Les années 2010 ont été marquées par une accélération du phénomène, en particulier dans le nord de la ville, où les habitants sont pauvres. En 2019, plus de la moitié de la ville se trouve sous le niveau de la mer[10].
Faute d’accès à l’eau potable (seuls 40 % de la population sont reliée au service public de l’eau), les habitants sont amenés à pomper massivement pour leur propre compte dans la nappe phréatique. Une pratique interdite mais dans les faits tolérée. En conséquence, le sous-sol se dessèche rapidement et le sol tend à s’enfoncer, aggravant les inondations en période de mousson et de crue du fleuve[10].
D'après le responsable associatif Nicolas Heeren : « Les autorités indonésiennes ont pris conscience du problème en s’engageant dans un vaste programme de protection et d’aménagement de l’espace métropolitain et de la baie de Jakarta, pour faire barrage à la montée de la mer. Sauf que la croissance démographique et économique perdure. En témoigne le projet de construction de polders (étendues artificielles de terre gagnées sur l’eau), qui doit permettre de poursuivre la croissance urbaine des prochaines décennies. C’est un projet urbanistique gigantesque, mais qui se fait au détriment des petits pêcheurs. Et de l’environnement[10]. »
Une étude de scientifiques indonésiens et japonais publiée en août 2022 et menée sur six cours d'eau parmi les treize qui parcourent Jakarta montre que la pollution due aux activités humaines est à 74 % composée de plastique[13],[14].
La ville est construite sur un marécage à la confluence de plusieurs rivières. L'urbanisation rapide et mal contrôlée avec la construction de nombreux bâtiments, ainsi que le pompage de l'eau des nappes phréatiques, provoquent l'affaissement de Jakarta[15].
Jakarta possède unclimat équatorial, caractérisé par une chaleur humide constante, accentuée entre novembre et mai. Elle se situe sur la trajectoire des vents demousson, nord-ouest - sud-est dans cette région[9].
Le plus ancien vestige écrit trouvé à Jakarta est l'inscription dite « de Tugu » trouvée dans le quartier du même nom dans le nord de Jakarta. Cette inscription, écrite ensanskrit et enécriture pallava, mentionne un royaume du nom deTarumanagara et son roi Purnawarman qui, en cet endroit, a fait construire un canal de 10 km vers la mer. On la date duVe siècle.
Jakarta est située à l'embouchure du fleuveCiliwung. C'était autrefois l'emplacement d'un port actif nomméKalapa (« noix de coco » en malais et ensoundanais). Kalapa était le principal débouché maritime du royaume hindouiste dePajajaran dont la capitale, Pakuan, se trouvait en amont du Ciliwung, sur le site de l'actuelleBogor, 60 km au sud de Jakarta. En 1513, une ambassade portugaise vient à Kalapa. Untraité est signé en 1522 avec Pajajaran, qui autorise les Portugais à construire un entrepôt et un fortin à l'embouchure de la Ciliwung.
Pajajaran espérait que la présence de marchands étrangers et de soldats portugais le protégerait contre la puissance montante du royaume musulman deDemak dans le centre de Java. Demak avait conquisCirebon à l'est etBanten à l'ouest. En 1527, Fatahillah, un prince de Banten, conquiert Kalapa et la rebaptiseJayakarta (« acte victorieux » en sanskrit).
Le, le présidentJoko Widodo annonce que la capitale va être transférée dans une autre ville, alors pas encore construite, située sur l'île deBornéo, à cause des très nombreux problèmes écologiques auxquels est confrontée Jakarta (lireci-dessous.). Le 17 août2024 Jakarta aurait dû perdre officiellement son titre de capitale au profit deNusantara, mais le retard dans les travaux ne permet rien de concret[11].
Capitale de la république d'Indonésie, Jakarta est le siège de l'Assemblée délibérative du peuple (MPR), du gouvernement et du chef de l'État (palais de l'Indépendance). Du fait de la grande difficulté à restructurer son urbanisme, le gouvernement indonésien envisage de déplacer la capitale àPalangka Raya[19].
Le, le président indonésien,Joko Widodo, annonce que la capitale de l'Indonésie va être transférée dans une autre ville,Nusuntara, dont la construction commencera en 2020 au milieu de la jungle tropicale de l'île deBornéo, à plus de 1000 km de Jakarta, dans la province deKalimantan et le district dePenajam Paser Utara etKutai Kartanegara, car Jakarta est confrontée à de nombreux problèmes écologiques : expositions aux catastrophes naturelles (plus fréquentes sur l'île deJava où se trouve Jakarta que sur celle de Bornéo), surpopulation (mégapole de 30 millions d'habitants), et surtout énormément de pollution de l'air et des inondations fréquentes du fait des pluies, de la montée des océans et de l'affaissement de la ville sous la mer de 18 cm par an en raison du pompage intensif de l’’eau souterraine pour alimenter la ville[20],[21]. Le nouvel emplacement a été choisi car il est plus à l'abri des catastrophes naturelles et est proche des grandes aires urbaines indonésiennes, mais pose des inquiétudes par rapport à l'impact sur la biodiversité très riche qui se trouve dans ces jungles[20],[21]. Le, à l'occasion de la fête nationale indonésienne,Nusantra est désignée nouvelle capitale, au détriment de Jakarta. Néanmoins, le déménagement des institutions n'est pas effectif et aucune date de transfert n'a été fixée et le président déclare que cela « prendra probablement des décennies »[22],[23].
Le territoire de Jakarta, enindonésienDaerah Khusus Ibukota, littéralement « territoire spécial de la capitale », a le statut deprovince et est administrée par un gouverneur élu au suffrage direct depuis 2007. La fonction est occupée par Anies Baswedan depuis 2017.
lesîles Seribu, en indonésienKepulauan Seribu, littéralement « Mille Îles », au large de la ville.
Ces kota et ce kabupaten ont un caractère administratif, c'est-à-dire qu'à la différence des autres kabupaten et kota d'Indonésie, ils ne possèdent pas d'assemblée territoriale.
Jakarta est particulièrement touchée par la congestion du trafic routier, en grande partie due aux insuffisances des transports en commun qui encourage l'utilisation de véhicules privés : 13 millions de motocycles et 4,4 millions de voitures en 2018. Tous les jours 2,2 millions de personnes résidant dans l'agglomération se rendent dans la ville pour y travailler. Seulement 20% utilisent les transports en commun[28].
Le seul système de transport en commun lourd est le réseau de trains de banlieueKRL Commuterline qui dessert l'aire métropolitaine de Jakarta (Jabodetabek), capitale de l'Indonésie qui compte environ 30 millions d'habitants. Le réseau, qui comprend 6 lignes totalisant 415 kilomètres devoie sud-africaine (voie étroite) transporte environ 950 000 passagers chaque jour. Il dessert les villes périphériques deBogor,Depok,Tangerang etBekasi.
Après plusieurs décennies d'hésitation, plusieurs projets de réseau transport lourd ont été lancés au cours de la décennie 2010 et commencent à entrer en service :
lemétro de Jakarta est unmétro lourd circulant survoie sud-africaine qui doit comprendre à terme deux lignes (nord-sud et est-ouest) d'une longueur totale d'une centaine de kilomètres. Les travaux débutent en 2013[29]. Le premier tronçon de la première ligne allant du centre de Djakarta au sud de la ville est inauguré le[30]. Ce tronçon est en partie aérien et en partie souterrain. Il est desservi par des rames de six voitures ;
lemétro léger de Jakarta est un réseau de deux lignes circulant sur viaduc long de 42,1 kilomètres dont un premier tronçon long de 5,8 kilomètres[31] devrait être inauguré fin 2019[32] ;
La circulation dans la ville même est célèbre pour ses embouteillages quasi permanents sur les plus grosses artères de l'agglomération. Les plus petites rues sont elles aussi prises d'assaut par la population de7 h à10 h et de17 h à20 h.
La ville doit faire face à un fléau de taille : le manque de transports en commun. 60 % des habitants ont donc investi dans une voiture. Malgré une taxe embouteillages mise en place au début 2011, proportionnelle au nombre de véhicules possédés, les rues restent très encombrées six heures par jour.
L'Institut Kesenian Jakarta (Institut des Arts de Jakarta) au Taman Ismail Marzuki
L'Aula Simfonia Jakarta, une salle de concert de 1 200 places dans le quartier deKemayoran, inauguré en 2009. Cette salle possède le plus grand orgue d'Indonésie, fabriqué parCasavant Frères.
Au cœur de la métropole embouteillée et polluée qui offre peu d'espaces publics qu'est Jakarta, il existe des lieux où les habitants s'efforcent de préserver leur identitébetawi ou « bataviens » (Jakartanais de souche). Ils donnent une idée de ce que sont la culture, l'art et l'architecture locaux[33].
Setu Babakan (Jakarta-Sud) : dans le cadre d'un programme du gouvernement de Jakarta lancé en 2000, des habitants de ce quartier ont reçu des aides pour rénover leur maison ou la décorer avec des éléments traditionnels comme les sculptures de toitgigi balang (« dents de sauterelles ») ou lelangkan, c'est-à-dire lavéranda de devant. Des spectacles culturels traditionnels ont lieu le week-end.
Tugu (Jakarta-Nord) : auXVIIe siècle, une population originaire deMalacca s'est installée dans la campagne à l'est de ce qui s'appelait alorsBatavia. Malacca avait été conquise par les Portugais en 1511 et cette population parlait portugais. LaCompagnie néerlandaise des Indes orientales les avait fait venir comme esclaves à Batavia puis les avait affranchis. Leurs descendants habitent le village de Tugu. Tugu s'efforce de préserver sa tradition dekeroncong, un genre musical aux accents mélancoliques. Depuis 2009, chaque, date décrétée anniversaire de Jakarta, qui outre lekeroncong, propose des spécialités culinaires betawi.
Kampung Batik (Jakarta Sud) : créé en 2011, Kampung Batik (« le village dubatik ») abrite des artisans de batik. Le Sanggar Batik Cantingku est un atelier où l'on emmène les enfants le week-end.
En dehors de Jakarta mais dans son voisinage immédiat, on trouve également des villages traditionnels :
Cina Benteng (Tangerang,province de Banten) : ce nom désigne une communauté d'originechinoise installée dans une région à l'ouest de Batavia où les Hollandais avaient construit un fort (benteng) destiné à surveiller lesultanat de Banten ;
Pasir Eurih (Bogor, province deJava occidental) : on y trouve de nombreuses maisons traditionnellessundanaises. On y célèbre chaque année, à l'époque des moissons, leSeren Taun (nouvel an sundanais). On y donne également des spectacles depencak-Silat (art martial indonésien).
C'est à Trisakti qu'a eu lieu la fusillade qui, tuant quatre étudiants, devait provoquer lesémeutes qui ont amené à la démission du présidentSoeharto en.