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Activités | Compositeur, luthiste,guitariste ![]() |
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Jacques de Saint-Luc (né àAth en1616 et mort en 1708) est un musicien de cour duXVIIe siècle.
Virtuose du luth, du théorbe et de la guitare, Jacques de Saint-Luc est baptisé en l'église Saint-Julien le, en présence de son père Jérôme, de sa mère Marguerite de Bronchin et de son grand-père, Georges de Bronchin, héraut d'armes au service de l'Espagne. Saint-Luc qui appartient sans doute à la petite noblesse se targuera, en1680, du titre de « seigneur de Waterlo ».
La famille s'installe àBruxelles durant les guerres engagées par Richelieu en Artois et dans les Flandres. En1639, il est invité à venir jouer desvillancicos à la cour : deux ans plus tard, il y est instrumentiste. Sa réputation doit être déjà bien assise puisque, cette même année, il commande son portrait à l'AnversoisGerard Seghers, élève deRubens. Saint-Luc part alors pourParis où il séjourne en1647. S'il se produit sans doute devant le jeuneLouis XIV et sa cour, alors tout occupés par la création de l'Orfeo deLuigi Rossi, il décide de quitter la France.
Saint-Luc revient donc à Bruxelles au mois d'octobre1647 où désormais son nom apparaît dans les comptes de l'archiduc Léopold-Guillaume en compagnie duviolonisteBiagio Marini, duclavecinisteJohann Jakob Froberger, duluthisteFrancesco de Fuo et duguitaristeFrancesco Corbetta. Il est vraisemblable que Saint-luc assure, avec l'organiste attitré de la cour,Johann Kaspar Kerll, lecontinuo de l'un opéra deGiuseppe Zamponi,Ulisse all'Isola di Ciree, créé à Bruxelles en1650 et repris en1655 lors du passage de la reineChristine de Suède.
Le, Saint-Luc épouse àSainte-Gudule Isabelle de Lagrenée, peut-être descendante dePierre de Lagrenée, violon de la chambre et hautbois du roiHenri IV. Elle devait lui donner de nombreux enfants, dont deux fils : Jacques-Alexandre, baptisé à Sainte-Gudule le et Laurent, le. Le dernier acte connu attestant de la présence de Saint-Luc et de sa famille à Bruxelles date du.
Entre1684 et1700, on perd sa trace. Quelques documents attestent toutefois de sa renommée et du respect que lui portent ses contemporains.
En juillet1673,Constantin Huygens qui avait rencontré Saint-Luc à Paris, soumet « humblement» à sa censure une vingtaine de pièces de sa façon. Le jugement est favorable et, en mai1675, il lui en renvoie trois douzaines, dont une transcription pour luth d'une gigue du « grandFroberger » qu'ils admiraient tous deux.
En1700, on le retrouve àVienne etBerlin. Le, il joue un Tafelkonzert à l'occasion du mariage de la princesseLouise-Dorothée-Sophie de Brandebourg avec le princeFrédéric de Hesse-Cassel, futur roi deSuède :« authéorbe, auluth et à laguitare qu'il touchait avec une grâce quasi enchanteresse, le grand artiste français Saint-Luc s'attira aisément le crédit que Sa Majesté le roi de France, ainsi que la rumeur a couru à son sujet, l'avait trouvé préférable à d'autres pour occasionnellement le divertir au son de ses cordes pendant ses repas. »
De1700 à1708, Saint-Luc aurait été au service du princeEugène de Savoie à Vienne. Laguerre de Succession d'Espagne bouleverse alors l'Europe entière. Ses compositions (La Prise de Gaeta ;L’Arrivée du Prince Eugène ;La Prise de Lille...) confirment son engagement en faveur de l’Empire contre le Roi de FranceLouis XIV.
Saint-Luc célèbre avec autant d'enthousiasme d'autres événements auxquels le prince Eugène n'a eu aucune part commeLa Proclamation du roi Charles III d'Espagne etLa Prise de Barcelone en 1705, ou encoreLa Réduction de Naples par les Impériaux en 1707.
Les deux allemandes pourLe Prince de LKW et pourLa Fête de la naissance de monseigneur le prince de Lokowis, ainsi qu'une marche pourLa Fête du nom de S.A. monseigneur le prince de Lokowis, évoquent la figure d'un autre mécène, le prince Ferdinand-Auguste deLobkowitz (1655-1715), un proche du prince Eugène. Très grand amateur de musique et collectionneur acharné de musique de luth, le prince de Lobkowitz possédait dans sa bibliothèque deRaudnitz enBohême de très nombreuses pièces de Saint-Luc, manuscrits aujourd'hui déposés àPrague.
Parmi les pièces à titre qui permettent d'évoquer les dernières années du musicien, la plus tardive est celle qui commémoreLa Prise de Lille en décembre1708. Sans doute Saint-Luc, âgé alors de 92 ans, mourut-il peu après. Aucune trace d'une activité musicale postérieure n'a, en tout cas, été repérée à ce jour. Sa réputation demeura cependant vivace dans son pays natal : dans la préface de sonRecueil de pièces de guitare, rassemblé en1729, le gantoisJean-Baptiste Castillon évoque encore Saint-Luc, qui« a été [ ... ] en grande réputation, et touchait la guitare d'une grande habileté. »
Jacques de Saint-Luc a laissé une œuvre abondante. Près de deux cents pièces pour luth seul sont conservées en tablature dans deux manuscrits[2]. Saint-Luc ne s'est pas contenté d'écrire pour luth seul. Il a esquissé un concerto pour luth, écrit un menuet pour guitare publié dans un recueil d'airs et réalisé des transcriptions de ses pièces pour luth seul en version pour ensemble regroupant un luth, un violon et une basse. Ces transcriptions ont circulé sous forme manuscrite avant d'être imprimée grâce aux soins des éditeurs Estienne Roger et Pierre Mortier d'Amsterdam. Que Saint-Luc se soit attelé à un tel travail de transcription est assez révélateur de ses pratiques d'écriture. En effet, il se présente comme une alternative à l'école française de luth représentée à la fin duXVIIe siècle par des instrumentistes aussi brillants queCharles Mouton ouRobert de Visée. Comme eux, Saint-Luc montre une prédilection pour le groupement ensuites de danses (prélude,allemande,courante,sarabande,gigue) et une tendance à étoffer ce canevas d'autres danses (bourrées,gavottes) et de pièces à titres (Marche des Grecs,Prise de Lille). Il laisse quelques morceaux d'une ampleur inhabituelle dans le répertoire de luth desXVIIe siècle etXVIIIe siècle. Lachaconne en sol majeur illustre le souci de la forme, le soin dans l'écriture et la richesse de l'inspiration mélodique qui font du luthiste athois un personnage important dans l'histoire de la musique pour luth.
De nombreuses pièces de Saint-Luc témoignent de son goût pour le monde du spectacle, que ce soit l'opéra dansJupiter tenant son foudre, lesballets de cour dansLe Savoyard avec la Curiosité et la Variété ou laMarche des Grecs, ou encore la comédie italienne dansPantalon, Arlequin dansant au bal etScaramouche dansant avec la guitare. Quant à la comédie française, elle apparaît certes sous la forme d'un hommage àMolière avecLe Bourgeois gentilhomme, mais surtout dans une importante série de pièces qui évoquent l'univers bigarré des théâtres forains :Le Sauteur,La Danse des ourses,La Dame Cigogne ouGilotin dansant au bal.
Jacques de Saint-Luc peut être considéré comme le compositeur et l'instrumentiste qui a su transmettre l'héritage de l'école française de luth finissante à la nouvelle génération des luthistes viennois, derniers représentants de la pratique d'un instrument qui allait bientôt disparaître du paysage musical.