Catherine (1641-1713) mariée àFrançois de Créquy, marquis de Créquy et maréchal de France,
Pierre (1644-1664), engagé volontaire contre les Turcs, tué lors de labataille de Saint-Gothard, en Hongrie, succède à son père comme marquis de Faÿ-les-Nemours, marquis du Plessis-Bellière, sans mariage ni postérité,
François-Henri (1651-1692), succède à son frère comme marquis de Faÿ-les-Nemours, marquis du Plessis-Bellière, maréchal de camp, gouverneur de Suze, marié à Françoise Jégou de Kervilio d'où trois fils,
Henri-François, colonel d'infanterie, mort en 1693, sans mariage ni postérité.
Étant gouverneur d’Armentières, il fit des prodiges de valeur pour conserver cette ville au roi.Promu au grade de lieutenant-général, il se signala encore dans plusieurs autres affaires.
Le siège d'Armentières, en mai 1647, tableau dePeeter Snayers. La marquise, épouse du gouverneur de la ville assiégée par les Espagnols, a montré un rare courage en restant auprès du marquis de Plessis-Bellière.
AuXVIIe siècle, Armentières comme toute laFlandre est au cœur de l'affrontement entre laFrance deLouis XIII et deLouis XIV et l'Espagne. Dans ce cadre, les troupes françaises qui ont pris les derniers mois de nombreuses villes, deGravelines àCassel,Béthune,Lillers, assiègentArmentières, alors espagnole, le 8 septembre1645[2]. Le sieur de Maugré, gouverneur d'Armentières pour le compte duroi d'Espagne,Philippe IV, conscient de ne pas disposer d'une garnison suffisamment forte pour résister négocie immédiatement la capitulation et obtient une reddition honorable. Les Français nomment gouverneur le marquis du Plessis Bellière[2]. En 1647, les Espagnols reprennent la ville lors du siège d'Armentièresaprès 14 jours de siège[3],[4].Pendant ce siège d'Armentières, du 11 au 30 mai1647[5], la marquise avait voulu rester dans la ville avec ses enfants, Catherine et Pierre, partageant avec son mari les dangers du bombardement et donnant à la population l'exemple d'un rare sang-froid[6]. Le marquis du Plessis-Bellière s'y était couvert de gloire, sautant sur l'ennemi à l'arme blanche à défaut de munitions et ne consentant à se rendre qu'après trois semaines de rude défense. Finalement, la ville est reprise en main par les Espagnols.
Leroi, dit la Gazette, fit grand accueil au marquis de Plessis-Bellière àAmiens, jusqu'à l'embrasser plusieurs fois, et lareine lui dit que, puisqu'il avait si bien défendu les méchantes places, elle aurait soin de lui en faire bientôt tomber une bonne entre les mains"[7].
Il commandait un corps d’armée à la bataille de Rethel, où fut battu le vicomte deTurenne, qui combattait contre la cour.Il prit part à labataille de Rethel en 1650, et fut gouverneur deRethel, d'Armentières, deLa Bassée, puis deDieppe.
La duchesse de Longueville, « reine de la Fronde », et soeur du Grand Condé
Cette même année 1650, le marquis de Plessis-Bellière fut commandé parAnne d'Autriche pour aller àDieppe avec quelques troupes pour forcerMadame de Longueville, soeur du futurGrand Condé, à quitterDieppe pour sonchâteau de Coulommiers[8].Mais la duchesse de Longueville avait réussi à rejoindreLa Haye sur un vaisseau hollandais, puis de làStenay où elle se réfugie auprès deTurenne en mars 1650. Elle va rester un an à Stenay, négociant avec les Espagnols et poussant Turenne à se révolter contre le cardinal Mazarin, qui va chuter au début de l'année1651.
Dans une lettre de cette époque, datée de 1650,Fouquet, intendant de la généralité de Paris, écrit aucardinal Mazarin au sujet du gouvernement deDieppe, alors sous les ordres du marquis du Plessis-Bellière : Fouquet prend le parti du marquis du Plessis-Bellière, gouverneur de Dieppe. Il rappelle à Mazarin que le marquis s'est acquitté de sa charge malgré les appointements que le trésor royal ne lui a pas réglés[9]. Fouquet écrit notamment :
Portrait gravé de Nicolas Fouquet
« On vient de donner advis àmadame du Plessis Bellière que dans le Conseil qui se tient à Paris il a esté résolu sous prétexte du mauvais estat auquel est la garnison deDieppe d'envoyer quelqu'un pour y comander, autre que celuy que M. du Plessis [Bellière] y a establi, je suis obligé Monseigneur dans la cognoissance que j'ay de M. du Plessis de dire à V. E. que si on luy fait cette injure il n'y a rien au monde qui puisse le retenir un moment où il est, et qu'il recevra le plus grand déplaisir qui puisse jamais arriver à un home à qui l'honneur est sensible au dernier point.
Il est important que V.E. sçache de quelle façon il a esté traitté, et si un autre que luy qui n'a que le zèle et la passion du service qui le touche en eust usé come il a fait ; après n'avoir pas esté payé (...) chose de ses appointements de l'année dernière dont tous les autres avoyent esté payez. V. E. luy ayant doné le gouvernement deDieppe au lieu deLa Bassée, on n'a rien fait de toutes les choses qu'on luy avoit promises, on ne luy a pas doné un quart (...) pour lever des homes, ny mesmes signé l'Estat encore à présent quelque diligence qu'il ayt pu faire ny pourvoir à la subsistance de ceux qu'il y pouvoit mettre, un autre eust fait assez grand bruit sur un subjet si légitime, V. E. a désiré nonobstant tout cela qu'il allast servir enGuyenne, il a sceu qu'on avoit doné l'argent à d'autres qui font le mesme voyage et à luy pas un sol, il n'a pas laissé de partir pour incomodé qu'il est sans faire comander un autre dans Dieppe que celuy duquel il a respondu qui est un des plus braves homes du monde (...) »[9].
Cette campagne de Saintonge eut lieu, à la suite du départ, le6 septembre 1651, deCondé, qui quitta Paris pour laNormandie. Condé rejoint les Bordelais de l'Ormée et s'allie aux Espagnols (6 novembre). Il ouvre les hostilités enSaintonge (8 octobre). L'armée royale lève le siège deCognac et prendLa Rochelle (27 novembre). Condé recule au-delà de la Charente puis de laDordogne.
Par lettres patentes de septembre1652, le roi avait érigé en laseigneurie de Faÿ (aujourd'huiFaÿ-lès-Nemours) en marquisat au profit de Jacques de Rougé du Plessis-Bellière, dès lors appelé "Le marquis du Plessis-Bellière". Il avait acquis cette terre en 1650.
Schéma du château de Faÿ-lès-Nemours du côté de l'entrée, fin duXVIIe siècle.
Schéma restituant la vue sur le château de Fay-lès-Nemours, depuis le jardin, auXVIIe siècle
Restitution du parterre du château de Faÿ-les-Nemours d'après le plan d'intendance,XVIIIe siècle
Dès le milieu des années 1640 et le début des années 1650, l'épouse du marquis,Suzanne du Plessis-Bellière, tenait déjà un salon littéraire, autour desPrécieuses. Quand il n'était pas à la guerre, le marquis participait avec plaisir à ces jeux galants, où la littérature égayait les journées du cercle d'intellectuels gravitant autour du couple.Certes, si ce salon a bien existé déjà depuis les années 1640, il se développera surtout après la mort du marquis, quandMme du Plessis-Bellière deviendra la personne la plus proche deNicolas Fouquet. Elle réunira alors àSaint-Mandé, entre 1655 et 1661, tous les plus beaux esprits de son temps.
Loret indique dans saMuze historique du 19 décembre 1654 :
On fit prisonnier tout le reste / Et par un malheur bien funeste / Plessis-Bellière y fut blessé / Pour s'être un peu trop avancé. / Que si de sa playe il trépasse / Ce nous sera grande disgrace / Car c'étoit un très-hardy cœur / Jusques-icy toujours vainqueur / Et zelé pour le Roy son maître / Autant qu'un François le doit être.
Mazarin écrit àHugues de Lionne le 25 décembre 1654 : "Je suis au désespoir de la mort du marquis de Plessis-Bellière. J'ai obtenu du roi pour ses enfants une abbaye de huit à neuf mille livres de rente et la disposition du régiment qu'il avait"[11]. Le roi qui souhaitait le nommermaréchal de France juste avant sa mort brutale, fit offrir à la marquise de Plessis-Bellière lesHonneurs du Louvre, dont elle ne voulut pas profiter.
Le 10 décembre 1654, le frère de la marquise,Montplaisir, alors âgé de44 ans, succède au marquis de Plessis-Bellière à la tête de sonrégiment, qui prend alors le nom deRégiment de Montplaisir cavalerie. Il s'en démit lui-même au profit de l'autre frère de la marquise, François de Bruc de la Rablière, en novembre 1657.
La marquise du Plessis-Bellière devientveuve à l'âge de seulement 37 ans, elle a quatre enfants à charge, c'est un drame considérable pour elle et l'une des plus grandes blessures de sa vie.
Montplaisir, frère de la marquise, écrira pour elle ces vers célèbres, à la mort de son époux, qui sont gravées dans l'église deFaÿ-les-Nemours:
↑a etbM.Ortille, « Une page de l'histoire d'Armentières- Capitulation de 1645 - Peste de 1646 »,Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, année 1856 publiée en 1857, p.124-133(lire en ligne).