Pour les articles homonymes, voirBunel.
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| Activités | Prêtre catholique(à partir du), religieux catholique(à partir du), principal ou principale(à partir de),professeur de lettres classiques(à partir de),résistant |
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| Archives conservées par | Service historique de la Défense (GR 16P 97 205, AC 21 P 431 792)[1],[2] |
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Lucien Louis Bunel, ditJacques de Jésus ou lepère Jacques de Jésus, né àBarentin (Seine-Maritime) le et mort àLinz (Autriche) le, est unprêtre catholique, religieuxcarme etrésistant français.
Il estServiteur de Dieu de l'Église catholique. Il est honoré àYad Vashem comme unJuste parmi les nations.


Très jeune, Lucien Bunel décide de devenir prêtre. Il entre aupetit séminaire deRouen où on le juge « forte tête » et où ses professeurs apprécient son ardeur au travail, mais nullement son caractère. Il fait son service militaire alors qu'il est séminariste, au fort deMontlignon près de Paris.« Militaire au fort Montlignon en 1920, Lucien Bunel — en religion père Jacques de Jésus — s'attacha à la commune et à ses habitants. Il y créa le premierpatronage et y revint chaque été jusqu'en 1941[4] ». Il fait deuxretraites à laTrappe deNotre-Dame de Port-du-Salut et se croit appelé à la viecistercienne. L'influence de la prieure du carmel duHavre et une retraite aucouvent des Carmes d'Avon l'orientent définitivement vers leCarmel.
Il est ordonné prêtre le. Il souhaite s'orienter vers l'ordre du Carmel, mais l'archevêque de Rouen lui refuse son consentement. Ce n'est qu'en1931 que Lucien Bunel peut entrer au noviciat ducouvent des Carmes déchaux deLille, où il prend lenom defrère Jacques de Jésus.« C'est la vie du Prêtre, oublier tout, quitter tout, même la vie, pour les autres. N'exister que pour les autres, que pour leur faire connaître Jésus et Le leur faire aimer. »
Il cherche Dieu dans la solitude, la nature, la vie d'oraison,« le calme du bois, dans le murmure des arbres, dans la prière des oiseaux » ».
En 1934, il fonde et dirige le Petit Collège Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus àAvon (Seine-et-Marne) à la demande de sonprovincial, le père Louis de la Trinité (futuramiral d'Argenlieu), dans une partie ducouvent des Carmes. Il y enseigne leslettres classiques. C'est un grand pédagogue, pas un théoricien mais un praticien. Sa manière d'éduquer est un succès[5]. Il y est professeur de lettres classiques et surveillant : les élèves l'appellent parfois « El Santo », le saint. Pour lui,éduquer c'est« e-ducere, mener hors de, faire sortir de, faire sortir l'homme total, l'homme épanoui dans l'enrichissement de toutes ses facultés ».
En 1936, il fait une retraite au carmel deChaville, puis àPontoise.

Durant lacampagne de France de 1939-1940, il est mobilisé commemaréchal des logis-chef au6e groupe autonome d'artillerie (6e GAA)[6],[7]. Fait prisonnier le 18 juin 1940 àLunéville, il est ensuite libéré en novembre 1940 et rendu à la vie civile[7].
Tout en reprenant ses activités au collège d'Avon, il s'engage très vite dans la Résistance et participe à un groupe clandestin lié au réseau de résistanceVélite-Thermopyles[8],[9]. Il offre la protection du collège à des réfractaires auSTO. Il permet à Lucien Weil, professeur de sciences naturelles interdit d'enseignement aulycée de Fontainebleau, parce qu'il est juif, de donner quelques cours au Petit Collège[9]. Le père Jacques accueille égalementtrois enfants juifs, Hans-Helmut Michel,Jacques Halpern, etMaurice Schlosser, sous les identités de Bonnet, Dupré et Sabatier[9].
L'arrestation du père Jacques et des trois enfants le a inspiré le film deLouis MalleAu revoir les enfants.
Si son arrestation du est directement liée à celle des trois enfants juifs à la suite d'une dénonciation[10], c'est surtout son implication dans la Résistance qui a motivé sa déportation finale auGusen[11]. Il est tout d'abord interné à la prison deFontainebleau puis aucamp de Royallieu, près deCompiègne en France. Il est ensuite déporté dans le convoi parti de Paris le 27 mars 1944 (convoi I.193)[12] au camp de représailles deNeue Bremm, près deSarrebruck en Allemagne, puis àMauthausen etGusen enAutriche[13].



S'occupant des malades et de l'infirmerie, disant la messe dans le camp[14] et chaque jour, l'offrande de sainte Thérèse à l'amour miséricordieux avec les prisonniers ; durant ses promenades, il porte une poutre autour des murs du camp ; il est très aimé de ses camarades prisonniers, et même des Allemands. Il va s'appuyer sur des réseaux existants, même ceux des groupes de solidarité mis en place par les communistes, groupes qu'il étend et généralise : trois ou quatre déportés par groupe prélèvent une part de leur ration pour la donner à un plus faible. Dans le souci de l'autre, et du plus faible, c'est encore l'homme qui se tient debout. Tous les témoins le diront : le père Jacques était là, près d'eux, aidant ceux qui n'en pouvaient plus, relevant ceux qui tombaient, donnant même son pain à ceux qui avaient faim. Alors que lesSS et les gardiens cherchaient à réduire l'homme, à l'anéantir, le père Jacques « réconciliait la guerre avec l'espèce humaine » :
« Quand on rencontrait le père Jacques, particulièrement dans un camp de concentration, on n'avait plus honte d'être un homme... C'était un homme qui vous réconciliait, dans la guerre, avec l'espèce humaine[15] ». Au camp, il encourage chaque prisonnier :« N'en doutez pas, le Christ est là, au milieu de nous, comme Il était sur sa Croix, et vous pouvez le contempler ».
À la fin, il tombe malade, mais il trouve encore la force, à la libération du camp, de représenter les Français aux réunions du Comité international de Mauthausen (CIM)[16].
Il meurt àLinz le, à l'hôpital Sainte-Élisabeth. Son corps est transféré à Avon et inhumé dans le cimetière du carmel.
EnFrance, sa cause enbéatification est introduite à Rome le[17].
Jean Cayrol, son compagnon de déportation, a écrit sur lui quelques poèmes, en particulierChant funèbre à la mémoire du révérend père Jacques (dansLarmes publiques,Poèmes de la nuit et du brouillard, Seghers, 1946) dont voici la dédicace : « Pour mon plus que frère le Révérend Père Jacques du Carmel d'Avon, directeur du collège de Fontainebleau, qui fit sourire le Christ dans le camp de Gusen, mort d'épuisement à Linz, le. »

Son supérieur provincial, le pèrePhilippe de la Trinité, rassemble, dès 1947, de très nombreux témoignages dans un ouvrage intituléLe père Jacques, martyr de la charité (collection Études carmélitaines,éditions Desclée de Brouwer, 510 pages).
En 1948,Henri Bouchard réalise une sculpture du père Jacques[18].
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