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Jacques Rueff

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Pour les personnalités de même nom de famille, voirRueff.

Jacques Rueff
Photographie en noir et blanc d'un homme de profil, en buste, en costume, dégarni.
Jacques Rueff en 1938.
Fonctions
Fauteuil 31 de l'Académie française
-
Chancelier de l'Institut de France
-
Juge de la Cour de justice européenne
-
Ministre d'État
-
Sous-gouverneur de la Banque de France
-
Directeur du Trésor
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Jacques Léon RueffVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Parti politique
Membre de
Conflit
Distinctions
Archives conservées par
signature de Jacques Rueff
Signature

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Jacques Rueff, né le àParis et mort le dans la même ville[2], est unhaut fonctionnaire etéconomistefrançais. Il a joué un rôle majeur dans les politiques économiques menées dans les années 1930 et surtout à partir de 1958.

Il participe à plusieursréformes économiques en France : en 1926-1928 auprès deRaymond Poincaré pour rétablir le franc, en 1935 aux côtés deCharles Rist il conseillePierre Laval en faisant de l'équilibre budgétaire une priorité[3], en 1938 auprès dePaul Reynaud, ainsi que de façon notable auprès deCharles de Gaulle en 1958-1960, lorsqu'il a une importance prépondérante dans la conception d'un plan d'assainissement financier, qui sera mis en œuvre parAntoine Pinay, leplan Pinay-Rueff, puis en concevant un plan de« suppression des obstacles à l'expansion économique » au sein ducomité Rueff-Armand.

Libéral, proche des idées de l'École autrichienne, il s'oppose fermement aux idéeskeynésiennes. Il devient membre de laSociété du Mont-Pèlerin en 1948. Considérant la monnaie comme l'élément économique central, il est connu pour sa description du mécanisme de la« double pyramide de crédits », qui sera confirmée par l'économisteMaurice Allais[4].

Esprit philosophique autant que spécialiste des phénomènes financiers, il est l'auteur de plusieurs essais dont en particulierL'Ordre social. Élu à l'Académie française en 1964, il devient alors chancelier de l'Institut de France et le reste jusqu'à sa mort en 1978.

Biographie

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Jeunesse et études

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Jacques Rueff est le fils d’Adolphe Rueff, un médecin né en 1854 àLa Chaux de Fonds enSuisse et mort en 1912 à Paris, et de Caroline Levy. Il fait ses études secondaires aulycée Charlemagne et aulycée Saint-Louis, où il est excellent élève. Il obtient lebaccalauréat avec la mention Bien[5].

LaPremière Guerre mondiale vient toutefois interrompre ses études. Rueff est intégré dans l'armée comme aspirant sous-lieutenant, puis comme lieutenant d'artillerie[6]. En 1917, il est choisi pour sa maîtrise de l'anglais pour devenir un homme de liaison avec la première division de l'armée américaine posant le pied en France. Rueff devient le collaborateur du colonelAlexander Patch[5].

Rueff est libéré de ses obligations militaires à la fin de la guerre. Il cherche à intégrer l'École polytechnique, mais la première promotion ouverte aux anciens combattants (la « 1919-spéciale ») n'est pas encore accessible. Rueff se dirige vers lafaculté de médecine de l'université de Paris, où il obtient un certificat d’études en physique, chimie et sciences naturelles. Admis au centre de préparation du concours de l'X basé àNancy, il est admis à Polytechnique[7] (Promotion X1919S, réservée aux anciens combattants)[5]. Il y est l'élève deClément Colson, qui a une profonde influence sur lui, ainsi que dePaul Painlevé[5].

En 1921, durant sa dernière année à l'X, Rueff commence à s'intéresser à l'économie à travers les écrits deLéon Walras et décide de mener des études dans cette discipline.

Il poursuit ses études à l'École libre des sciences politiques.

Il épouse Christiane Vignat, filleule duMaréchal Pétain[8].

Parcours professionnel

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Pendant les années 1920, il estinspecteur des finances, chargé de mission auprès deRaymond Poincaré, président du Conseil et ministre des Finances en1926, pour lequel il prépare la dévaluation du franc de 1928[9].

Il est ensuite attaché financier à l'ambassade française deLondres[9]. Il peut alors observer lekrach de 1929 qui a notamment pour conséquence que lalivre sterling, qui jouait encore, avec le dollar, le rôle de monnaie de réserve et d'échanges internationaux, cesse, dès, d'être convertible en or suivie deux ans plus tard par le dollar. Ces deux« décrochages » contribuent à l'approfondissement de la crise qui secoue le commerce international[9]. Ces événements influencent l'analyse de Rueff sur les faiblesses du nouveau système monétaire international issu desaccords de Bretton Woods (1944)[9].

Dans les années 1930, il fait partie des économistes qui s'inquiètent des problèmes récurrents de la France dans le domaine de l'économie. C'est en partie cela qui l'amène à être membre du groupeX-Crise et à participer aucolloque Walter Lippmann.

Parallèlement, sa carrière administrative est alors à son apogée, il est directeur dumouvement général des Fonds (poste qui de nos jours correspond àdirecteur du Trésor) durant leFront populaire et le il est nommé secondsous-gouverneur de la Banque de France. Il est contraint, par laloi du 3 octobre 1940 portant statut des juifs, de présenter sa démission le. Un décret de Pétain l’autorise néanmoins à rester dans les cadres de l’Inspection des finances[10].

Après laSeconde Guerre mondiale, pendant laquelle il avait écritL'Ordre social, il préside, à partir de 1945, la conférence des réparations à Paris. Il rejoint en 1948 laSociété du Mont Pèlerin peu après sa première réunion en. Du au, il est leministre d'État de Monaco. Dans les années 1950, il occupe plusieurs postes dans les instances européennes, à la Cour de justice de laCommunauté européenne du charbon et de l'acier et à laCour de justice européenne.

Il enseigne l'économie à l'Institut d'études politiques de Paris[11], où il succède à Clément Colson[5].

Après le retour deCharles de Gaulle au pouvoir en 1958, il préside un Comité d'experts chargé d'étudier la façon d'assainir lesfinances publiques. Il s'agit d'assurer à laCinquième République de bonnes bases économiques et financières. Cela conduit au« plan Rueff » parfois appelé « plan Pinay-Rueff » mis en œuvre par le ministre des FinancesAntoine Pinay, de Gaulle étantprésident du Conseil. Lefranc redevient convertible après une dévaluation de 17 %[9], le contrôle des changes s’assouplit.

Tombe de Jacques Rueff aucimetière du Père-Lachaise (division 10).

Préfigurant lemarché commun européen, alors en formation, Rueff recommande l'ouverture à laconcurrence dans un second rapport qu'il rédige en collaboration avecLouis Armand, à la tête ducomité Rueff-Armand. À sa publication en 1960, les journalistes dénomment« plan Rueff-Armand » ce document, qui a pour titreRapport du Comité pour la suppression des obstacles à l'expansion économique.

Il est membre duConseil économique et social de 1962 à 1974[7].

Fin de carrière et mort

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Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1944 et de l'Académie française en 1964, au fauteuil deJean Cocteau, len°31. Il est chancelier de l'Institut de France de 1964 à 1978 etGrand-croix de la Légion d'honneur.

Il meurt en 1978, et repose aucimetière du Père-Lachaise (10e division) au côté de son épouse, qui meurt en 1997.

Le romancierJean Dutourd est élu en 1978 à son fauteuil à l'Académie et prononce dans son discours de réception le traditionnel hommage à son prédecesseur. En 1984, laplace Jacques-Rueff est créée au milieu duChamp-de-Mars à Paris.

Apports

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Influence

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L'influence des idées libérales de Jacques Rueff se fait sentir dès l'entre-deux-guerres, quand il combat avec succès, dans plusieurs articles, la mise en place d'un système d'assurance-chômage semblable à ceux déployés en Grande-Bretagne (en 1911) puis en Allemagne (1927). Empruntant un raisonnement appliqué parMalthus à la pauvreté, il juge en effet qu'une assurance-chômage serait un facteur direct d'accroissement de cette dernière. Selon lui, il suffit de diminuer les salaires pour résorber le chômage[12].

Après la guerre, si ses travaux s'inscrivent dans la tradition libérale, il refuse de séparer économie et finance des faits politiques et sociaux[9].

Photo d'une pièce de monnaie avec la Semeuse en petit, et en grand le visage de Rueff, avec son nom en dessous
Pièce de 1 franc à l'effigie de Jacques Rueff, 1996.

Critique du système de Bretton Woods

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Analyste critique desaccords de Bretton Woods, il montre très tôt les dysfonctionnements du nouveau système monétaire international et prône sa réforme. En 1944, lesÉtats-Unis, forts des créances accumulées durant la guerre et détenant des réserves d'or considérables, avaient imposé le dollar comme monnaie de réserve et de règlement pour les échanges internationaux[13]. Néanmoins, dès la fin des années 1950, les anciennes puissances industrielles que sont l'Allemagne, leRoyaume-Uni, leJapon et la France redeviennent exportatrices. Inversement, les États-Unis deviennent importateurs et leur balance de paiement structurellement déficitaire[9].

Les événements donneront rapidement raison à Rueff. Dès la fin des années 1960, les demandes de remboursements des dollars excédentaires en or commencent (en particulier de la part de l'Allemagne de l'Ouest). Les États-Unis, qui ne veulent pas voir disparaître leur encaisse-or, suspendent unilatéralement la convertibilité du dollar en or le. Le système des taux de change fixes s'écroule définitivement en, avec l'adoption du régime dechanges flottants qui ne résout aucunement la« double pyramide de crédits » et poursuit l'hégémonie du dollar.

C'est alors qu'il élabore la description du mécanisme de la« double pyramide de crédits » qu'il développera dansLe lancinant problème de la balance des paiements (1965) : les États-Unis, en important des produits, paient en créditant aux banques du pays exportateur une somme en dollar. Ces banques, qui inscrivent cette somme dans leur bilan, vont créer de la monnaie avec uneffet multiplicateur en octroyant des prêts à des particuliers et des entreprises. Comme cette somme ne peut produire que des intérêts aux États-Unis, ils la placent auprès de banques américaines qui créent de nouveau des prêts (et donc de la masse monétaire) localement avec un nouvel effet multiplicateur.

Ce mécanisme, confirmé par Allais quelques années plus tard, pérennise le déficit de la balance des paiements américaine. Rueff le nomme« le secret du déficit sans pleurs »[14]. L'inconvénient majeur selon l'économiste français est que ce système doit créer des crises et des désordres dans le commerce international, et la surabondance de dettes (ou de monnaie) détourne paradoxalement l'argent disponible de l'économie réelle pour se placer de manière spéculative[14].

Opposition à Keynes

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Rueff s'est toujours opposé aux idées deKeynes, d'abord, dansThe Economic Journal, sur le problème des transferts, en relation avec les réparations allemandes, à la fin des années 1930 et encore en 1947, telles qu'elles étaient développées dans laThéorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. Il y aura une passe d'armes avecJames Tobin en 1948 dansThe Quarterly Journal of Economics. Près de 30 ans plus tard, il enfoncera le clou une bonne fois pour toutes dansLa fin de l'ère keynésienne, qu'il publie dans le quotidienLe Monde[15].

Œuvres

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Ouvrages

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  • Des Sciences physiques aux sciences morales. Introduction à l'étude de la morale et de l'économie politique rationnelles, Aléau, 1922
  • Sur une théorie de l'inflation, Berger-Levrault, 1925
  • Théorie des phénomènes monétaires, statique, Payot, 1927
  • Une erreur économique : l'organisation des transferts, Doin, 1929
  • La Crise du capitalisme, La Revue bleue, 1935
  • L'Ordre social, Librairie Sirey, 1945
  • Épître aux dirigistes, Gallimard, 1949
  • La Régulation monétaire et le problème institutionnel de la monnaie, 1953
  • L'Âge de l'inflation, 1963
  • Le lancinant problème de la balance des paiements, Payot, 1965
  • Les Dieux et les rois (Regards sur le pouvoir créateur), Hachette, 1967
  • Le Péché monétaire de l'Occident, Plon, 1971
  • Combats pour l'ordre financier - Mémoires et documents pour servir à l'histoire du dernier demi-siècle, Plon, 1972
  • La Réforme du système monétaire international, Plon, 1973

Articles

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Discours

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  • Discours aux Indépendants, Librairie de Médicis, 1951
  • Souvenirs et réflexions sur l'âge de l'inflation, conférence prononcée au centre universitaire méditerranéen, à Nice, 1956
  • Discours sur le crédit, 1961
  • Discours de réception à l'Académie française, 1965

Ballet

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  • La Création du monde, 1974 - Comédie-ballet en cinq journées

Éditions

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  • Les Œuvres Complètes de Jacques Rueff, constituées par Emil-Maria Claassen et Georges Lane et publiées par les éditions Plon (Paris) en quatre tomes :
    • Tome I :De l'Aube au Crépuscule (Autobiographie), 1977[6].
    • Tome II :Théorie monétaire en deux livres, 1979.
    • Tome III :Politique économique en deux livres, 1979 et 1980.
    • Tome IV :L'Ordre Social, 1981.

Notes et références

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  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-25z7k9rv5-19n5dhjjgn75j »
  2. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  3. LaureQuennouëlle-Corre, « Le déni de la dette de Laure Quennouëlle-Corre - Editions Flammarion », sureditions.flammarion.com(consulté le)
  4. (en)Henry Hazlitt,Business Tides, p. 671, 17 juillet 1961.
  5. abcd eteGérardMinart et WolfgangSchäuble,Jacques Rueff: un libéral français, Odile Jacob,coll. « Économie »,(ISBN 978-2-7381-3357-1)
  6. a etbPaul Fabra,Une autobiographie de Jacques Rueff : " De l'aube au crépuscule ", lemonde.fr, 27 septembre 1977
  7. a etb[1], Biographie sur le site de l'Académie française.
  8. Jean-FrançoisKesler,Les Hauts fonctionnaires, la politique et l'argent : Grandeur et décadence de l'Etat républicain,Albin Michel,, 320 p.(ISBN 978-2-226-38000-5,lire en ligne)
  9. abcdef etgFrançoisBourricaud et PascalSalin,Présence de Jacques Rueff, Plon (programme ReLIRE),(ISBN 978-2-259-02077-0,lire en ligne), « Le libéralisme de Jacques Rueff »,p. 11-89
  10. Nathalie Carré de Malberg,Le grand état-major financier : les inspecteurs des Finances, 1918-1946 : Les hommes, le métier, les carrières,Comité pour l'histoire économique et financière de la France / IGPDE,coll. « XIXe et XXe siècles »,(ISBN 978-2-11-128751-8,lire en ligne)
  11. (en) United States Congress Economic JointCommittee,Gold and the Central Bank Swap Network: Hearings Before the Subcommittee on International Exchange and Payments of ..., 92-2, September 11, 13, and 15, 1972,(lire en ligne)
  12. PierreRosanvallon,La Crise de l'Etat-providence, Seuil,(ISBN 2-02-014137-X et978-2-02-014137-6,OCLC 27257779,lire en ligne),p. 155
  13. Jean-MichelLacroix,Histoire des États-Unis, Presses universitaires de France,(ISBN 978-2-13-060736-6,lire en ligne),chap. 7 (« L'ère des crises et l'affirmation d'une puissance internationale (1896-1945) »),p. 331-390
  14. a etbFrançoisBourricaud et PascalSalin,Présence de Jacques Rueff, Paris, Plon (programme ReLIRE),(ISBN 978-2-259-02077-0,lire en ligne),chap. 6 (« Problèmes monétaires internationaux »),p. 283-314
  15. Jacques Rueff, « La fin de l'ère keynésienne »,Le Monde,‎(lire en ligne)

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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