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Jacques Lagroye, né le àCaudéran[1] et mort le àVersailles est un universitaire français, spécialiste desociologie politique.
Jacques Lagroye est issu d'une famille modeste, d'originebéarnaise, installée àBordeaux où il passe son enfance. Sa famille,catholiquemessalisante, est marquée par l'engagement syndical, en particulier celui de son père, l'un des responsables de laCFTC en Gironde. D'abord élève à l'école normale d'instituteurs départementale, il réussit ensuite le concours de l'École normale supérieure de Saint-Cloud (où il est même « prince Tala ») : il en sort major de l'agrégation d'histoire en 1960[2]. Après avoir servi comme élève-officier enAlgérie (une expérience qui le marque profondément), il commence à enseigner àChartres, enclasse préparatoire, en même temps qu'il entame une thèse de doctorat d'État en histoire, qu'il abandonne ensuite.
Appelé par Albert Mabileau(d) comme assistant à l'Institut d'études politiques de Bordeaux en pleine expansion, il réalise alors sa thèse descience politique sur « le systèmeChaban-Delmas » à Bordeaux.Agrégé de science politique en 1973, il assume à l'IEP de Bordeaux de très nombreuses responsabilités : directeur du CERVL (Centre d'études et de recherches sur la vie locale, devenu ensuite le SPIRIT et désormais le Centre Émile-Durkheim(d)), responsable de la PrépaENA, puis directeur des études de l'Institut. C'est notamment pour échapper au destin tout tracé de devenir directeur de Sciences Po Bordeaux qu'il rejoint au tout début des années 1980 le département de science politique de l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, département dont il devient le directeur en 1981, succédant àMaurice Duverger.
Conseiller officieux du ministre socialisteAlain Savary, premier président de la Section 40 duCNRS (science politique et sociologie des organisations), longtemps membre du comité de lecture de laRevue française de science politique (RFSP)[3], il joue un rôle décisif de facilitateur dans la création àParis-I de l'autre revue de référence de la discipline,Politix. Après avoir quitté la direction du Département, il fonde et dirige en son sein pendant de nombreuses années le Centre de recherches politiques de laSorbonne (CRPS), où il dirige un très grand nombre de thèses de doctorat.
Président du jury de l'agrégation descience politique à la fin des années 1990, il souhaite prendre du recul par rapport à ses charges et responsabilités pour consacrer ses forces encore vives à ses recherches : aussi décline-t-il la présidence de l'Association française de science politique qui lui est proposée au Congrès de Lille et choisit-il de prendre sa retraite avec quelques années d'avance. C'est durant cette période qu'il publie ses trois derniers ouvrages.
Jacques Lagroye a joué un rôle majeur dans l'ouverture de la science politique française aux sciences sociales, notamment à l'histoire, à la sociologie et à l'anthropologie[4]. Les efforts énormes de travail et d'oblativité qu'il a mis dans la réalisation solitaire, puis les rééditions successives, du manuel de référence de sociologie politique, ont permis de poser le socle de ce qui constitue le cœur de la science politique de langue française. Quant à ses recherches personnelles, parti de l'étude du militantisme politique et des « systèmes d'action » ou réseaux des organisations politiques, il a ensuite élargi sa perspective à une vaste sociologie des institutions - qu'elles soient politiques ou religieuses (ses propres recherches), mais aussi administratives (à travers les recherches de plusieurs de ses doctorants) - et des phénomènes de légitimation de l'ordre social et politique desquels elles participent.