Jacques Henri Charles Auguste Lartigue naît au 27,rue Saint-Denis àCourbevoie[1] dans une famille fortunée. Son père, Henri Frédéric Hippolyte Lartigue (1859-1953), a exercé des fonctions dirigeantes dans divers secteurs (banque, compagnie de chemin de fer, presse)[2]. Sa mère est Marie Eugénie Henriette Haguet (1868-1953).
Il apprend la photographie avec son père dès 1900. Répondant à l’enthousiasme de son fils, Henri Lartigue lui offre pour ses 8 ans, en 1902, son premier appareil photographique. Dès lors, il ne cesse de photographier sa vie d’enfant rythmée par les voyages en automobile, par les vacances en famille et, surtout, par les inventions de son frère aîné, Maurice, surnommé « Zissou ». Les deux frères sont passionnés par l’automobile, l’aviation et tous les sports alors en plein essor que Jacques Henri enregistre grâce à son appareil photographique. Il continuera adulte à fréquenter les manifestations sportives et à pratiquer lui-même quelques sports réservés à l'époque aux personnes aisées : ski, patinage, tennis, golf.
Il pratique la photographie en couleurs, par le procédéautochrome, et la photographie en relief.
Parallèlement, il entreprend la rédaction d’un journal qu’il poursuivra toute sa vie et commence à dessiner et à peindre. La peinture devient et restera son activité professionnelle, mais son œuvre peinte, mondaine et conventionnelle, ne connaîtra jamais la notoriété de son œuvre photographique où il exprime toute son originalité.
À partir de 1922, il expose dans plusieurs salons à Paris et dans le sud de la France. Entre-temps, en 1919, il a épousé Madeleine Messager (1896-1988), dite « Bibi », fille du compositeurAndré Messager et de la compositrice irlandaiseHope Temple, connue pour ses chansons. Ils ont eu un fils, Dany, né en 1921. Ils divorcent en 1931. Entre 1930 et 1932, il a une liaison intermittente avec Renée Perle, une jeune mannequin d’origine roumaine, avant d'épouser, en 1934, Marcelle Paolucci (dite « Coco ») dont il divorcera au bout de trois ans. Début 1942 il rencontre Florette Orméa qu'il épouse en 1945 et avec qui il finira sa vie[3].
Jusqu’au début desannées 1930, il mène une vie luxueuse et mondaine. Mais la fortune des Lartigue s’étiole et Jacques Henri est contraint de trouver d’autres sources de revenus. Il vit alors chichement de sa peinture durant les années 1930 et 1940. Dès les années 1950, il commence à exister comme photographe tout en continuant à peindre.
En 1962, avec Florette, sa troisième épouse, Lartigue embarque à bord d’un cargo à destination deLos Angeles. Lors d'un détour par la Côte Est, ils rencontrentCharles Rado, de l’agenceRapho, qui contacteJohn Szarkowski, alors jeune conservateur du département photographique duMoMA àNew York. L’enthousiasme est général ; en 1963, Jacques Henri Lartigue expose pour la première fois à l'âge de 69 ans au MoMA quelques-uns des nombreux clichés qu’il a réalisés au cours de sa vie. La même année, le magazineLife lui consacre unportfolio et ce numéro, qui annonce la mort du présidentJohn Fitzgerald Kennedy, fait le tour du monde : Lartigue devient du jour au lendemain l’un des grands noms de la photographie duXXe siècle.
En 1979, l’acte de donation est signé : Lartigue est le premier photographe français à faire don, de son vivant, de son œuvre à l’État français. Il charge l’Association des amis de Jacques Henri Lartigue de conserver et de diffuser le fonds. En 1980, l’exposition parisienne « Bonjour Monsieur Lartigue » auGrand Palais célèbre la donation.
En 1971, il reçoit la mention du prix du livre desRencontres d'Arles pourJournal d'un siècle. En 1985, le ministreMichel Poniatowski lui remet avec Alain de Tilière, Président du Comité de France, « la Coupe d'Or du Bon Goût Français » à l'occasion de la rétrospective de ses œuvres auGrand-Palais. Jusqu’à ses derniers jours, il poursuit son œuvre à travers la photographie, la peinture et l’écriture.
Il meurt àNice le. Il laisse plus de 100 000 clichés, 7 000 pages de journal et 1 500 peintures. il est inhumé dans le cimetière d'Opio.
Il est le père deDany Lartigue, peintre et entomologiste[4], et le grand-père deMartin Lartigue qui joue le rôle de Petit Gibus dans le filmLa Guerre des boutons (1962) d'Yves Robert et de François Lartigue qui joue le rôle de Grand Gibus dans le même film.
En 1979, Jacques Henri Lartigue fait don à l'État de l'intégralité de son œuvre photographique et confie à l'Association des Amis de Jacques Henri Lartigue, dite « Donation Jacques Henri Lartigue »[8], le soin de conserver, mettre en valeur, et de diffuser cette œuvre. Seule gestionnaire des droits, la Donation assure plusieurs missions qui contribuent au rayonnement de l’œuvre dans le monde au travers des actions suivantes :
L’inventaire et la conservation du fonds par des opérations de sauvegarde, de conditionnement et/ou de restauration.
La cession des droits de reproduction de l'œuvre du photographe.
L'édition de livres, de catalogues d’expositions et de cartes postales.
La création et la location d'expositions prêtes à l’accrochage.
La vente de tirages de collection, relayée à l’étranger par les galeries partenaires.
À sa mort, en 2000, Florette Lartigue, a légué ses biens à laFondation de France dans le but de financer des projets consacrés à Jacques Henri Lartigue (exposition, colloque, film…)[9]. La fondation Jacques Henri Lartigue soutient également les jeunes photographes et peintres en versant une bourse.
↑Affiche de l'exposition, collection dumusée d'Art et d'Histoire Louis-Senlecq à L'Isle-Adam, reproduite dans le catalogueDouble je : Jacques Henri Lartigue, peintre et photographe, 1915-1939, Somogy éditions d'art, musée d'Art et d'Histoire Louis-Senlecq, 2010, 176 p.
Louise Baring,Lartigue, l'enfance d'un photographe, éditions La Martinière, 2020.
Mary Blume,La Côte d'Azur de Jacques Henri Lartigue, Paris,Flammarion, 1997.
Jacques Damade,Jacques Henri-Lartigue, Centre national de la photographie, 1983.
Double je : Jacques Henri Lartigue, peintre et photographe, 1915-1939 (catalogue d'exposition, musée d'art et d'histoire Louis Senlecq), Somogy éditions d'art, 2010, 176 p.(ISBN978-2-7572-0347-7).
Elisabeth Foch,Lartigue en hiver, Paris, éditions Flammarion, 2002.
L'Amateur de rêve - Centenaire de la naissance de Jacques Henri Lartigue, co-réalisé parRoger Pic et Patrick Roegiers, texte dit parAndré Dussollier, production Lux Modernis, 1994