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Jacques Hamel Serviteur de Dieu | |
Biographie | |
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Nom de naissance | Jacques Georges Albert Hamel |
Naissance | Darnétal (Seine-Inférieure, France) |
Ordination sacerdotale | , parJoseph-Marie Martin |
Décès | (à 85 ans) Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime, France) |
Béatification | En cours, proclaméserviteur de Dieu le 13 avril 2017 Fête : 26 juillet |
Curé de la Paroisse Saint-Étienne deSaint-Étienne-du-Rouvray | |
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Curé de la Paroisse deCléon | |
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Curé de la Paroisse deSaint-Pierre-lès-Elbeuf | |
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Vicaire de la Paroisse Notre-Dame-de-Lourdes deSotteville-lès-Rouen | |
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Vicaire de la Paroisse Saint-Antoine duPetit-Quevilly | |
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Jacques Hamel, né le àDarnétal et mort le dans l'église Saint-Étienne de Saint-Étienne-du-Rouvray, est unprêtre catholiquefrançais de l'archidiocèse de Rouenassassiné par deux terroristes islamistes. Unprocès en béatification est commencé en avril 2017.
Jacques Hamel est né le, àDarnétal, dans le département de laSeine-Inférieure (actuelle Seine-Maritime)[1]. Sa maison natale est rue Louis-Pasteur, non loin de l’église Saint-Ouen de Longpaon où il est baptisé. Son père est agent ferroviaire, sa mère est très pieuse. Il devientenfant de chœur à l'âge de six ans pour l'église Saint-Paul de Rouen, puis entre aupetit séminaire à l'âge de quatorze ans[2]. À23 ans, il effectue son service militaire de dix-huit moisen Algérie[3]. Sa sœur rapporte qu'il refusa« catégoriquement le grade d’officier qui lui était proposé compte tenu de son efficacité au poste de transmissions » pour n'être que simple soldat, et ne pas avoir à« donner l’ordre à des hommes de tuer d’autres hommes[4] ».
Il estordonnéprêtre pour l'archidiocèse de Rouen, parJoseph-Marie Martin, le[5].
D'abord nommévicaire à Saint-Antoine duPetit-Quevilly en 1958, il est ensuite nommé vicaire de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes deSotteville-lès-Rouen en 1967, puis curé deSaint-Pierre-lès-Elbeuf en 1975 et curé deCléon en 1988[5].
En 2000, il est transféré comme curé« in solidum » en la paroisse deSaint-Étienne-du-Rouvray[6]. Enfin, il est nommé prêtre auxiliaire de cette même paroisse en 2005[5]. Il devient alors l'assistant du père Auguste Moanda Phuati, curé de la paroisse, et célèbre régulièrement les baptêmes, communions, mariages et enterrements. Il est également chargé d'assurer les permanences durant le mois de juillet[7].
Il célèbre ses50 ans deprêtrise et sonjubilé d'or d'ordination sacerdotale en 2008[8],[9].
À partir de, il fait partie, avec leconseil régional du culte musulman, d'uncomité interconfessionnel créé à la suite desattentats de janvier 2015[10].Jean-Charles Descubes, archevêque émérite de Rouen, relève par ailleurs son« esprit missionnaire »[11],[12].
Le, à 9 h 43, au cours de la célébration de lamesse du matin, deuxterroristes islamistes munis d'armes blanches font irruption dans l'église Saint-Étienne. Dans un premier temps, ils s'en prennent au père Jacques Hamel qui officie devant cinq fidèles, troisreligieuses et le couple de retraités Guy et Jeannine Copponet[13].
Selon un témoin, ils ont crié :« Vous les chrétiens vous nous supprimez ! » et ont contraint le prêtre à se mettre à genoux, puis l'ont agressé violemment[14]. La police ayant été prévenue, laBrigade de recherche et d'intervention deRouen cerne les lieux, puis abat les deux terroristes djihadistes alors que ces derniers sortent de l'édifice en se protégeant de deux sœurs otages[15],[16],[17],[18]. Le père Hamel est retrouvé mort, égorgé par dix-huit coups decouteau[19], tandis qu'un fidèle est grièvement blessé à la gorge[20],[21]. « Va-t'en Satan » ont été les derniers mots du prêtre, adressés à son assassin selon le survivant à l'attaque Guy Copponet, également poignardé et laissé pour mort a côté du père Hamel agonisant[22],[23].
L'historienJean-François Colosimo souligne que c'est la première fois qu'un prêtre est tué en France au cours d'une messe depuis laguerre de Vendée[24]. Il s'agit également du premier meurtre perpétré par l'État islamique dans uneéglise européenne[25]. L'agence vaticaneFides précise que le père Hamel est l'unique prêtre catholique assassiné enEurope en 2016, sur un total de 28 missionnaires catholiques assassinés cette année-là dans le monde[26].
Selon un article publié le, ladirection du Renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) a eu à l'avance connaissance d'un message d'un des terroristes qui annonçait un attentat dans une église et mentionnait Saint-Étienne-du-Rouvray ; après l'assassinat, la DRPP a postdaté des documents, qui révélaient son manque de réactivité[27].
Ses obsèques ont lieu le en lacathédrale Notre-Dame de Rouen au cours d'un office célébré parDominique Lebrun, archevêque de Rouen,Georges Pontier, président de laConférence des évêques de France,Maroun-Nasser Gemayel, évêque desmaronites de France,Jean-Gabriel Diarra, évêque de la province de San au Mali, etJean-Charles Descubes, archevêque émérite de Rouen, en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de l’IntérieurBernard Cazeneuve, du président duConseil constitutionnelLaurent Fabius, de la députéeValérie Fourneyron, du maire de RouenYvon Robert, du président de la région NormandieHervé Morin, du président du département de la Seine-MaritimePascal Martin et de nombreux parlementaires.
Trois mille personnes prennent part à la cérémonie, dont la moitié sur leparvis. Des représentants de la communauté juive et de la communauté musulmane, dont Bachar El Sayadi, président de l’Union des musulmans de Rouen[28], assistent aux obsèques. Ils sont salués par l'archevêque de Rouen. Parmi la famille du défunt, ses nièces et sa sœur lui rendent hommage[4]. Le père Hamel est ensuite inhumé au carré des prêtres du cimetière deBonsecours[29],[30].
Qualifié demartyr par des ecclésiastiques, politiques etjournalistes français et étrangers[31],[32],[33],[34],[35], il est informellement qualifié de« saint prêtre » par le papeFrançois. Une quinzaine de jours après sa mort,Dominique Lebrun,archevêque de Rouen, se déclare prêt à enclencher une procédure debéatification dans le délai imposé de cinq ans, délai qui est révoqué par le pape[36].
LeVatican annonce en début d'après-midi que le pape François« participe à la douleur et à l’horreur pour cette violence absurde »[37]. Le, dans l'avion le menant àCracovie, le pape déclare :« ce saint prêtre est mort dans un moment où il offrait ses prières pour toute l'Église [...] Combien de chrétiens, d'innocents, d'enfants ? N'ayons pas peur de dire cette vérité : le monde est en guerre, car il a perdu la paix »[38].
Georges Pontier, président de laConférence des évêques de France, invite tous les catholiques de France à une journée dejeûne et de prière le en hommage à Jacques Hamel[39]. Legrand-rabbin de France,Haïm Korsia, décide de s'associer à ce jeûne[40].
Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, indique que« l'Église catholique ne peut prendre d'autres armes que la prière et la fraternité entre les hommes »[41] et décide de rentrer dePologne où il était présent pour lesJournées mondiales de la jeunesse[42]. Le, il déclare :« La mort du père Jacques ressemble à celle deJésus comme la mort de tous les martyrs de la vérité, de la justice, de la paix, de la foi »[43].
Le, le cardinalSeán O'Malley, membre duConseil des neuf cardinaux, estime que l'assassinat du père Hamel« pourrait bien réveiller la conscience et la foi de nombreux chrétiens » et« répondre aux critères du martyre ». Il rappelle que, pour cela, l'assassinat doit avoir eu lieu« in odium fidei ».Radio Vatican poursuit :« Or [la mort] du prêtre normand, tué en plein exercice de son ministère sacerdotal, correspond à cette condition. [...] Il appartiendra aux responsables de l'Église de France, et particulièrement dudiocèse de Rouen, de réfléchir à une éventuelle procédure enbéatification pour le père Jacques »[44].Anthony Fisher, archevêque de Sydney et membre de laCongrégation pour la doctrine de la foi, considère lui aussi que l'assassinat a eu lieu « in odium fidei »[45]. Quelques jours plus tard, l'archevêque de Rouen se déclare prêt à enclencher la procédure dans le délai imparti[46].
Le, jour de la solennité de laCroix glorieuse, le pape François célèbre une messe en la chapelle de larésidence Sainte-Marthe à l'intention du père Hamel, dont la photo est exposée sur l'autel[47]. Lebréviaire du prêtre a été apporté par Lebrun en labasilique San Bartolomeo all'Isola afin d'y être conservé[48]. Environ80 fidèles du diocèse de Rouen l'accompagnent en pèlerinage[49],[50]. Dans son homélie, le pape déclare que Jacques Hamel,« assassiné sur la croix, [...] fait partie de la chaîne des martyrs[51] », et ajoute que ce prêtre est un« bienheureux » qu'il faut prier[52]:« Nous devons le prier, c’est un martyr, et les martyrs sont des bienheureux, pour qu’il nous donne à tous la fraternité, la paix, et aussi le courage de dire la vérité : tuer au nom de Dieu est satanique. »
Le, à l'occasion de lamesse de réparation pour la réouverture de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, Lebrun annonce l'ouverture du procès en béatification du père Hamel par dispense spéciale du pape[53],[54] qui supprime l'habituel délai de cinq ans. Une telle accélération de la procédure est exceptionnelle et n'a, ces dernières années, concerné que les cas demère Teresa et deJean-Paul II[55].
Le,Jeudi saint, Lebrun annonce l’ouverture de l’enquête diocésaine, première étape du procès en béatification, à l’issue de lamesse chrismale, qui rassemble tous les prêtres du diocèse. Elle survient six mois après que le pape François a accordé en une« dispense du délai de cinq ans pour entamer le processus de béatification du père Jacques Hamel ». Le père Paul Vigouroux, vice-chancelier du diocèse et curé de la paroisse Saint-Jacques de Saint-Jacques-sur-Darnétal, est nommé postulateur de la cause avec pour mission de rassembler documents et témoignages sur la vie du père Hamel et sa pratique de la foi. Au terme de cette étape, une nouvelle enquête doit être menée par laCongrégation pour les causes des saints. En l'absence de l'attribution d'un miracle, la béatification peut être accordée par la reconnaissance du martyre[56], le père Hamel ayant été assassinéin odium fidei.La première audience s’est tenue le dans la chapelle d’Aubigné de l’archevêché de Rouen[57]. Elle se clôt le et rassemble 11 496 pages qui doivent être envoyées à Rome sous scellés[36]
Leprésident de la RépubliqueFrançois Hollande se rend sur place quelques heures après l'attentat, en compagnie duministre de l'Intérieur,Bernard Cazeneuve[58],[59]. Dans l'après-midi, depuis l'Élysée, il déclare :« attaquer une église, tuer un prêtre, c'est profaner la République qui garantit la liberté de conscience »[60].
Le président de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray, Mohammed Karabila, fait part de son émotion et de sa stupeur après l'assassinat du père Hamel, avec qui il participait à uncomité interconfessionnel et qu'il n'hésite pas à qualifier d'ami. Lamosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray est bâtie sur une parcelle de terrain offerte par laparoisse catholique de la ville[61].
Le lendemain de l'attentat,, une messe en mémoire de Jacques Hamel est célébrée en lacathédrale Notre-Dame de Paris par lecardinalAndré Vingt-Trois en présence de François Hollande, duprésident du SénatGérard Larcher, duprésident de l'Assemblée nationaleClaude Bartolone, duPremier ministreManuel Valls, ainsi que de plusieurs ministres et personnalités du monde politique dont les anciens présidentsNicolas Sarkozy etValéry Giscard d'Estaing[62].
Dans de nombreuses villes de France, des veillées et des temps de recueillement ouverts à tous sont organisés en pleine semaine par l’Église catholique« en hommage au père Hamel, pour la paix et pour dire non à la barbarie »[63],[64]. À Saint-Étienne du Rouvray, un rassemblement est organisé le au parc omnisports Youri-Gagarine, en remplacement de la marche blanche interdite par les autorités pour des raisons de sécurité[65]. Le, de nouveaux hommages ont lieu à travers toute la France, dont un en lacathédrale de Rouen qui rassemble plus d’un millier de fidèles ainsi qu’une centaine de musulmans conviés à l’office[29].
Quelques jours après le drame, un peintre d'origine nord-africaine habitant en Touraine, Omar Moubine, offre à l'archevêché un portrait qu’il a peint du père Jacques Hamel[66]. Il est exposé lors des obsèques célébrées en la cathédrale de Rouen[28]. Le, une biographie de Jacques Hamel est publiée sous le nom deMartyr. Vie et mort du père Jacques Hamel. Elle est écrite par l'historien belgeJan de Volder (nl) et paraît auxÉditions du Cerf[67].
Le, le maire deBéziers,Robert Ménard, inaugure une promenade Jacques-Hamel au pied de lacathédrale Saint-Nazaire[68]. Le, Hugues Portelli, maire d'Ermont dans leVal-d'Oise, inaugure à son tour une place Jacques Hamel[69]. La municipalité de Saint-Étienne-du-Rouvray prévoit également en hommage au père Hamel qu'une stèle,« symbole de paix et de fraternité », soit dévoilée à côté de l'église[70], à l'été 2017. Le une plaque est dévoilée près de lacollégiale Saint-Pierre àSix-Fours-les-Plages dans leVar par le député-maireJean-Sébastien Vialatte[71]. Le, François de Canson, maire deLa Londe-les-Maures, aussi dans le Var, inaugure la place« Père Jacques Hamel-en hommage aux victimes du terrorisme ». La plaque est dévoilée par le maire avec les autorités ecclésiastiques et des forces de l'ordre.Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon envoie un message à cette occasion[72].
Le rappeur Thierno Dia, fils d'un musulman laissé pour mort au lendemain de l'attentat[73],[74], rend hommage au père Jacques Hamel[75]. En novembre, dans l'album qui porte son nom, le chanteurVianney dédie sa chansonL'Homme et l'Âme au père Hamel[76].
Le paraît le livreRequiem pour le père Jacques Hamel de Mohammed Nadim aux éditions Bayard[77].
Le est inaugurée àSaint-Pierre-lès-Elbeuf une rue Jacques-Hamel[78].
La Fédération des médias catholiques a créé leprix Père-Jacques-Hamel. Ce prix, doté de 1 500 €, récompense chaque année à partir de un travail journalistique au service de lapaix et dudialogue interreligieux[79],[80].
Le, une messe anniversaire retransmise en direct à la télévision est célébrée en l'église Saint-Étienne de Saint-Étienne de Rouvray parDominique Lebrun,archevêque de Rouen, en présence duprésident de la République, duPremier ministre, du ministre de l'Intérieur et des cultes, du maire et de personnalités civiles et religieuses. À l'issue de la cérémonie, une stèle comportant laDéclaration universelle des droits de l'homme gravée dans le bronze, placée le long de l'église, est inaugurée en présence du président de la RépubliqueEmmanuel Macron[81]. Elle souligne dans son article 18« la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seul ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. »
Le, le ministre de l'IntérieurGérald Darmanin participe, comme l'année précédente, à l'hommage rendu au père Jacques Hamel[82].
Une quinzaine de jours après cet attentat,Dominique Lebrun,archevêque deRouen, se déclare prêt à enclencher une procédure debéatification.
En septembre 2016, lepape François célèbre une messe en sa mémoire et l'évoque dans sonhomélie en le présentant commemartyr.
Le, au cours de lamesse de réparation, Dominique Lebrun annonce l'ouverture du procès enbéatification du père Hamel par dispense spéciale du pape.
Le procès en béatification commence officiellement leJeudi saint, à l'issue de lamesse chrismale, par l'ouverture de l'enquête diocésaine lancée par Dominique Lebrun. De ce fait, Jacques Hamel devient, pour l’Église catholique, un « serviteur de Dieu ». Le miracle n’est pas exigé par l’Église dans le processus de béatification d’un martyr, elle considère le don de sa vie comme un miracle suffisamment important[83].
EnFrance, plusieurs rues et places portent le nom de Jacques Hamel :
Leprix Père Jacques Hamel commémorant son nom est décerné chaque année depuis 2018 pour récompenser le journalisme mettant en relief des efforts pour la paix et ledialogue interreligieux.
En 2020,Étienne de Montety publie le romanLa Grande Épreuve, inspiré par la vie et la mort du père Jacques Hamel[84]. Le livre reçoit legrand prix du roman de l'Académie française.
En 2024 la réalisatrice françaiseCheyenne Carron lui consacre un film semi-biographique intituléQue notre joie demeure. Le film retrace les semaines précédant son assassinat. Son rôle est interprété parDaniel Berlioux.
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