Pour les articles homonymes, voirWeitzmann.
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| Parti politique | Parti communiste français(jusqu'en) |
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Jacques Derogy, de son vrai nomJacques Julien Weitzmann, né le dans le10e arrondissement de Paris et mort le àNeuilly-sur-Seine[1], est un journaliste français, pionnier dujournalisme d'investigation[2].
Fils d'Henri Weitzmann et de Nelly Montel, il fait ses études aulycée Janson-de-Sailly, aulycée du Parc, aulycée Henri-IV et à laFaculté des lettres de Paris[3]. Jacques Derogy fuit Paris pour l'Ardèche, s'engage dans laRésistance après avoir échappé auxrafles antisémites deVichy — la famille Weitzmann est d'originejudéo-comtadine — et prend plus tard le pseudonyme de Derogy, sous lequel il accomplira sa carrière de journaliste.
Il couvre pourFranc Tireur le drame de l'Exodus, puis passe àLibération. À la suite d'une demande d'Emmanuel d'Astier, il y publie, en 1955-1956, une grande enquête dans laquelle il reprend l'affaire Bac et décrit les drames de l'avortement clandestin, destinée à soutenir la création duPlanning familial ; son enquête, reprise en un livre,Des enfants malgré nous[4] , publié auxéditions de Minuit, est condamnée parMaurice Thorez dansL'Humanité[5]. Jacques Derogy quitte alors leParti communiste.
De 1959 à 1987, Jacques Derogy travaille au magazineL'Express, où il devient célèbre pour ses nombreuses enquêtes, souvent en tandem avecJean-Marie Pontaut, venu d’un autre magazine, Le Point. Leur travail en équipe débute quand le second rejoint le premier à L’Express, devenant un nouveau symbole de complémentarité[6].
Il passe ensuite àL'Événement du jeudi puisMarianne.
Au long de sa carrière, il enquête sur de nombreux scandales, y consacrant reportages et livres. Il couvre entre autres l'affaire Ben Barka (avecJean-François Kahn[7]), la grâce accordée parGeorges Pompidou au milicienPaul Touvier[8], les assassinats à Lyon dujuge Renaud et plus tard à Marseille dujuge Michel, latuerie d'Auriol, la corruption et les crimes sur laCôte d'Azur (affaireJacques Médecin entre autres), lesdiamants deGiscard, l'affaire duRainbow Warrior, lesIrlandais de Vincennes.
Françoise Giroud évoque son souvenir d'un enquêteur passionné :« Jacques Derogy, merveilleux journaliste, était par exemple toujours noyé dans ses informations, il en recueillait tellement qu'il ne savait plus où les mettre. À un moment donné, en général à la dernière minute, il entrait dans mon bureau pour me dire : « Françoise, je n'y arrive pas. » Je lui répondais alors : « Allons-y. » Il y en a eu beaucoup comme ça. Je me souviens ainsi d'avoir fait refaire trois fois un papier sur Victor Hugo à Jean-François Kahn ! Derogy et Kahn ont été les premiers à faire, à ce moment-là, du journalisme d'investigation avec l'affaire Ben Barka. »[9]
Jacques Derogy meurt à72 ans d'un cancer, à l'hôpital américain deNeuilly-sur-Seine. Il est enterré à Paris, aucimetière du Montparnasse.L'Humanité indique à sa mort qu'il « s’inquiétait récemment de voir les journalistes se livrer « à une course abominable » alors que « l’investigation est précisément le contraire de la vitesse ». EtLe Monde rappelle que l'année précédente, il s'était opposé à« la politique du fait accompli dans ces territoires [de la Cisjordanie, de Gaza et du Golan], considérés d'abord comme des gages en vue d'accords de paix, (qui) a transformé la salutaire victoire de la guerre de six jours en une guerre de conquête et de libération d'un nouvel Etat juif d'essence théocratique. »
Il a trois enfants : Pierre-François, Marianne (qui fut l'épouse deMarek Halter de 2023 à sa propre mort en 2024) et Jean[3].
L'Express, où il a travaillé plus d'un quart de siècle, a rendu hommage à Jacques Derogy en donnant son nom à un prix, doté initialement de 30 000 francs, récompensant des journalistes d'investigation. La première édition a été remise en 1998, àValérie Lecasble etAiry Routier pourForages en eau profonde, les secrets de l'affaire Elf[10],[11].