J. M. Barrie est né le à Kirriemuir, dans le comté d'Angus, en Écosse[3]. Il est le neuvième enfant et le troisième et dernier garçon de la famille. Son père, David Barrie, est ouvrier tisserand[4] et sa mère, Margaret Ogilvy, était la fille d'un maçon et avait assumé les responsabilités de sa défunte mère à l'âge de 8 ans.
Le fils préféré de sa mère, David, qui avait à peu près le double de son âge (13 ans), mourut lorsque James Matthew n'avait pas encore sept ans d'un accident de patin à glace. Sa mère demeura prostrée pendant un an, jusqu'à ce que le jeune Jimmy vienne lui parler, un jour, à son chevet. La scène est évoquée dans ce livre qui ne parle que de sa mère,Margaret Ogilvy[7]
Le petit Jimmy (diminutif de James) essaye de le remplacer dans le cœur de sa mère, allant jusqu'à s'habiller avec les vêtements du défunt pour s'identifier à lui. L'enfance de J. M. Barrie est marquée par ce drame et le petit James se construit sur une fêlure. Toute sa vie, il essaye d'emporter l'amour de sa mère, mais n'y parvient jamais tout à fait. Il se donne mission de consoler sa mère de cette perte et son besoin d'écrire provient très probablement d'une volonté de récréer le monde en niant le drame, le thème de la jeunesse éternelle est récurrent dans son œuvre. On retrouve un personnage appelé David dans plusieurs de ses œuvres ainsi qu'un certain nombre de fantômes[8].
J. M. Barrie rejoint son frère aîné devenu professeur àGlasgow en 1868 (à 8 ans), il y fréquente plus tard les écoles deForfar etDumfries[4]. En 1872, la famille Barrie emménage dans une maison plus vaste et le jeune James se passionne pourWalter Scott.
Durant ses années d'étude à Glasgow, James Barrie découvreShakespeare et le théâtre et monte une troupe d'amateurs avec ses camarades.
Il entre à l'université d'Édimbourg[4] en 1878, d'où il ressort, quatre ans plus tard, muni d'unMaster of arts (équivalent d'un D.E.A.). Il travaille ensuite comme journaliste pour leJournal deNottingham, expérience relatée dansWhen a Man's Single[9],[4] (1888) ; c'est là qu'il contracte l'habitude de fumer la pipe, qu'il exalte dansMy Lady Nicotine[10] en 1890. Il s'installe à son compte àLondres en1885 et collabore à différents journaux. Il se fait remarquer en 1889 par la publication d'un recueil de chroniques,Les Onze d'Édimbourg.[11]
En 1890, J. M. Barrie compose une petite pièce,Le Fantôme d'Ibsen, qui tourne en dérision le dramaturge norvégien, alors très apprécié de la scène londonienne. Son roman,The little minister remporte un certain succès en 1891 et, en 1892, notre jeune auteur rencontre son compatrioteConan Doyle (tous deux sont écossais) avec qui il devient ami[12].
Sa pièce,A professor's love story, rencontre également un grand succès en 1894 et il épouse, la même année, l'actrice Mary Ansell, actrice principale d'une de l'une de ses pièces (Walker), mais le mariage ne fut pas heureux. Sans enfant, l'union fut rompue par un divorce, requête déposée en 1909 et divorce effectif en 1910 demandée par l'épouse et auquel Barrie ne put s'opposer malgré toutes ses tentatives. Elle prit un amant, Gilbert Cannan, qu'elle épousera le 28 avril 1910, six mois après son divorce. Elle divorcera à nouveau en 1918. Elle n'aura pas d'enfants. Elle mourra à Biarritz en 1950. Jusqu'à sa mort, Barrie l'aidera financièrement. Implicitement, malgré l'adultère, il se reconnaissait comme responsable de l'échec de leur mariage.
J. M. Barrie était un homme menu et fluet, de petite taille. On a parfois souligné sa démarche quasi-enfantine (tel son héros Peter qui ne veut pas grandir). On suppose, sans la moindre preuve, que ce personnage atypique étaitasexuel et que ce fut l'une des raisons du divorce (cf.syndrome de Peter Pan).
En 1902, James Barrie est devenu un dramaturge incontournable ; deux de ses pièces triomphent sur les scènes londoniennes (L'Admirable Crichton[4] etQuality Street(en)). Le personnage de Peter Pan apparaît pour la première fois dans un roman fantaisiste intituléLe petit oiseau blanc. J. M. Barrie développe le personnage de Peter pour créer la pièce de théâtrePeter Pan; or, The Boy Who Wouldn't Grow Up[13] (Peter Pan, ou le garçon qui ne voulait pas grandir) dont la première eut lieu à Londres le.
La carrière de J. M. Barrie n'a dès lors guère d'interruption. .
La version romanesque de Peter Pan,Peter and Wendy (Peter et Wendy) est publiée en 1911.
Il revient au roman en 1930 avecAdieu, Miss Julie Logan, un récit fantastique.
Barrie meurt d'une pneumonie le. Il est enterré au cimetière de Kirriemuir, son lieu de naissance, aux côtés de ses parents et de sa fratrie. Sa maison natale, au4 Brechin Road, est entretenue et transformée en musée par leNational Trust for Scotland.
En 1897, dans le parc de Kensington (Londres), James Barrie rencontre les enfants Llewelyn Davies (George, Jack, Michael et Peter) pour lesquels il imagine les aventures de Peter Pan[16]. Il se lie aussi aux parents,Sylvia Llewelyn Davis, fille de l’écrivainGeorge du Maurier, et Arthur, avocat respecté.
Il devient alors un ami très intime de la famille Llewelyn Davies, surtout des enfants, qui lui inspirent les personnages dePeter Pan et pour qui il est donc « l'oncle Jim »[17].
Lorsque Arthur Llewelyn Davies meurt en 1907, Barrie est devenu un proche des Davies, leur fournissant un soutien financier, les revenus de sa piècePeter Pan et d'autres oeuvres, pourvoyant largement aux besoins de subsistance et d'éducation des enfants. Il cultive une amitié ambiguë, mais respectueuse, avecSylvia Llewelyn Davies, la mère des enfants. Il lui propose par la suite de l'épouser, ce qu'elle refuse.
Cette période de la vie de J. M. Barrie est retracée dans le filmNeverland[18]. La rencontre de J. M. Barrie avec la famille Llewelyn Davies et la création dePeter Pan est ainsi racontée de manière assez éloignée de la réalité.
Sylvia meurt en 1910, demandant que James Matthew Barrie soit le tuteur de ses garçons, avec sa mère Emma, son frère Guy Du Maurier et le frère d'Arthur, Compton. Cela montre aussi son absolue confiance en J. M. Barrie comme protecteur de ses fils et son désir qu'ils le traitent avec une confiance absolue et sincérité. Il s'occupe donc des garçons pendant leur enfance et leur adolescence, devient leur tuteur et traite ses pupilles George, Jack, Peter, Michael et Nicholas (le petit dernier) comme ses fils.
Deux des enfants connaissent une mort prématurée qui affecte J. M. Barrie très profondément.George est tué en 1915 pendant laPremière Guerre mondiale ;Michael, avec qui J. M. Barrie a tenu une correspondance tous les jours jusqu'à l'université, se noie en 1921 avec son ami Rupert Buxton, à Sandford Lock près d'Oxford, environ un mois avant son21e anniversaire.
Peter devint éditeur (Peter Davies Publishing). Mais, à la suite d'une gravedépression nerveuse, il se suicida en se jetant sous une rame de métro[19] à la station « Sloane Square » àLondres, le. Il était âgé de 63 ans.
Jack est décédé le 17 septembre 1959 à l'âge de 65 ans d'une maladie pulmonaire; son frère Peter se suicide environ sept mois plus tard.
Nicholas est décédé le 14 octobre 1980 à son domicile d'Eythorne, dans le Kent.
↑Dans son autobiographie, A. Conan Doyle écrit :« J. M. Barrie est l'une de mes premières amitiés littéraires : je l'ai rencontré un an ou deux avant que nous ne venions tous deux à Londres. Il venait d'écrire sonWindow in Thrums et comme tout le monde, je l'ai acclamé. » ; cité dansR. Lancelyn Green,The Uncollected Sherlock Holmes, Penguin Books,, « Sherlock Holmes parodies »,p. 367.
Béatrice Balti :J. M. Barrie : Celui qui préférait les Fées aux Femmes, Editions Complicités, 2018.
Kathleen Kelley-Lainé,Peter Pan ou l’Enfant triste, Calmann-Lévy, 1992.
Jackie Wullschläger,Enfances rêvées, Alice, Peter Pan… nos nostalgies et nos tabous, Autrement, 1997.
Alain Montandon,Du récit merveilleux ou l’Ailleurs de l’enfance, Imago, 2001.
François Rivière,James Matthew Barrie, le garçon qui ne voulait pas grandir, Calmann Lévy, 1991 ; réédité en 2005.
Viara Timtcheva,Le Merveilleux et la Mort dans Le Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien,Peter Pan de J. M. Barrie,L’Histoire sans fin de Michael Ende, L’Harmattan, 2006.
Isabelle Cani,Harry Potter ou l’anti-Peter Pan, Fayard, 2007.