Issue d’une famille de classe moyenne, elle a écrit sa première « histoire » à l'âge de six ans. Après des études à l'université d'Exeter ainsi qu'à laSorbonne où elle a obtenu un diplôme en littérature française et enphilologie, elle a travaillé un temps au sein d'Amnesty International, puis a enseigné l'anglais et le français. C'est à vingt-cinq ans qu'elle a bâti les premiers concepts et institutions de sonunivers sorcier, dans lequel un enfant orphelin découvrait à la fois son héritage tragique et ses talents de magicien. Elle a rédigé son premier roman,L'École des sorciers, dans un contexte de précarité et de dépression et a dû attendre plus d'un an avant sa publication en1997 chezBloomsbury.
Acclamée par ses lecteurs de tout âge et par la critique, J. K. Rowling a remporté de nombreux prix littéraires, notamment lesprix Hugo,Locus etBram-Stoker. Elle est réputée pour aborder des idées et des thèmes profonds avec accessibilité et humour, et s'attacher régulièrement à des personnages placés en marge de la société. En 1998,Time Magazine la place en tête de son classement des « 100 Femmes de l'année » et parmi les finalistes desPersonnalités de l'année en 2007, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait insufflée à ses fans. En France, elle reçoit la croix dechevalier de la Légion d'honneur en 2009. L'année suivante, elle est également nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines. Très présente sur lesréseaux sociaux, où elle prend régulièrement la parole sur des sujets politiques ou de société qui lui sont chers, il lui arrive aussi d'être critiquée sur ses positions.
Le succès planétaire de son heptalogie romanesque, desfilms adaptés ainsi que des travaux dérivés deHarry Potter lui ont permis d'acquérir une fortune considérable, dont une partie est régulièrement reversée à de nombreuses associations caritatives luttant contre la maladie et les inégalités sociales. J. K. Rowling est devenue unephilanthrope reconnue en cofondant notamment l'associationLumos qui œuvre pour la protection de l'enfance.
Elle se tourne vers un public adulte à partir de 2012 en publiant leroman socialUne place à prendre, puis en entamant unesérie policière l'année suivante, sous un second nom de plume. Elle devient également scénariste pour le cinéma à partir de 2016 en étendant son univers sorcier à travers la série de filmsLes Animaux fantastiques, dont lepremier volet a connu un succès international.
Depuis2020, J. K. Rowling exprime sur les réseaux sociaux des opinions critiques en matière d'identité de genre. Ses propos et ses actions financières visant notamment à restreindre l'accès desfemmes trans à certains espaces réservés aux femmes, dans le but allégué de protéger les femmes vulnérables, ont été qualifiés à de nombreuses reprises detransphobes ou d'anti-trans, de même que le fonds de soutien privé qu'elle a créé en mai 2025, leRowling Women's Fund. Ils ont suscité la condamnation de la part d'organisations de défense desdroits LGBT et de certainsféministes — bien qu'elle ait reçu également le soutien d'autres féministes — et alimenté les débats sur laliberté d'expression et lacancel culture. Rowling a toujours nié être transphobe et rejette le terme « terf » (féministe radicale trans-exclusionnaire), préférant utiliser le terme « critique du genre »[3]. Ses opinions ainsi que sa manière directe, sarcastique, voire provocante, de les exprimer ont eu un impact sur son image publique et ses relations avec ses lecteurs.
Biographie
Famille
Joanne « Jo » Rowling[4],[5] est la fille d'Anne Volant (1945-1990), technicienne de laboratoire[6],[7], et de Peter James Rowling (né en 1945), ingénieur en aéronautique[8]. Ses parents, qui habitentLondres durant leur adolescence, se rencontrent lors d'un trajet en train entreKing's Cross etArbroath, enÉcosse, en 1964[7]. Peter Rowling part alors rejoindre les rangs de laRoyal Navy et Anne ceux duWomen's Royal Naval Service, l'équivalent féminin[9].
L'arrière grand-père maternel de J. K. Rowling, le français Louis Volant, a reçu lacroix de guerre pour bravoure exceptionnelle après avoir défendu le village deCourcelles-le-Comte durant laPremière Guerre mondiale[10]. L'autrice pensait à l'origine que Louis Volant avait reçu laLégion d'honneur, comme elle l'a formulé en recevant elle-même la distinction en 2009[11]. Elle a découvert en 2011, en participant à l'émission de généalogie de laBBCWho Do You Think You Are?, que la Légion d'honneur fut décernée en réalité à un homonyme[12].
Enfance autour de Bristol (1965 - 1975)
Les parents de Rowling emménagent àYate, dans les faubourgs deBristol, vers 1965.
Après avoir quitté la marine, les parents de Joanne Rowling s'installent àYate, à une quinzaine de kilomètres deBristol, dans l'ouest de l'Angleterre[13].
Peter Rowling, avant de devenir ingénieur[8], travaille à la chaîne d'assemblage des moteurs d'avions de combatHarrier[14] à laBristol Siddeley Engines, Ltd.[15] (qui fusionnera avecRolls-Royce en 1971[14]). Ils se marient en[16] et Anne Rowling donne naissance à Joanne le de la même année auCottage Hospital de Yate[17],[c]. Peter et Anne Rowling espéraient alors un garçon, qu'ils auraient baptisé « Simon John »[18]. La sœur de Joanne, Dianne (« Di »[9]), vient au monde deux ans plus tard, en[15],[19].
En 1969, la famille Rowling s'installe dans une maison plus grande, dans la rue Nicholls Lane[15] àWinterbourne[19], toujours dans les faubourgs de Bristol. Cette maison de banlieue inspirera inconsciemment Rowling pour imaginer une trentaine d'années plus tard la maison du4, Privet Drive de lafamille Dursley[20]. Anne Rowling, qui a renoncé momentanément à sa carrière pour se consacrer à l'éducation de ses filles, exerce sur elles la plus grande influence en leur transmettant son amour des livres et des histoires, éveillant ainsi leur imagination[21]. Dès qu'elle prend connaissance du métier d'écrivain, Joanne ne s'imagine pas faire autre chose[22]. À quatre ans, elle s'amuse à recopier mot à mot une histoire[22], puis elle écrit son premier récit complet à l’âge de six ans : l’histoire d’un lapin nomméRabbit[19],[23], bloqué dans sa maison par larougeole et consolé par un bourdon géant du nom de mademoiselleBee[24]. Selon Rowling, il s'agissait d'un« plagiat » d'une histoire deRichard Scarry qu'elle adorait écouter[25]. Mais pour le biographe Sean Smith,« la chose extraordinaire tient dans le fait qu'une gosse de six ans ait consacré du temps à inventer une histoire »[26]. L'écriture deRabbit donne pour la première fois à l'enfant l'envie de devenir écrivain[27].
Les deux sœurs jouent régulièrement dans l'épicerie tenue par Kathleen et Ernest Rowling, leurs grands-parents paternels, dans leDorset[28]. Elles jouent également avec les autres enfants de leur nouvelle rue, et notamment avec un frère et une sœur dont le nom de famille est Potter[9]. Un nom que Rowling préfère au sien puisque ce dernier est régulièrement sujet aux jeux de mots affligeants tels queRowling stone ouRowling pin (« rouleau à pâtisserie »)[9]. L'enthousiasme d'Anne Rowling et de Dianne pour la créativité de Joanne encourage celle-ci à inventer des histoires et à les partager[26]. Elle devient un leader auprès des autres enfants de Nicholls Lane[26]. Lorsque les sœurs Rowling et les Potter jouent aux sorciers, Joanne invente les scénarios, les sortilèges et les potions[29]. À l'école primaire St Michael[30], qu'elle fréquente dès[31], elle trouve l'environnement« détendu » et lui convenant parfaitement dans la mesure où elle y fait beaucoup de poterie, de dessin et de rédactions[9]. Son directeur d'école, Alfred Dunn, fut plus tard sa principale source d'inspiration pour le personnage d'Albus Dumbledore[32],[30].
Chepstow aupays de Galles. Au second plan on aperçoit le château mentionné par Rowling.« Church Cottage », àTutshill, près de laforêt de Dean. La famille y emménage en 1974 lorsque Joanne Rowling a neuf ans.
En 1974[33], lorsque Rowling a neuf ans, ses parents décident de partir vivre à la campagne. La famille déménage donc àTutshill[19], un petit village anglais à la frontière avec lepays de Galles, et voisin de la ville deChepstow. Leur nouvelle maison, baptisée « Church Cottage »[34],[d], se trouve en bordure de laforêt de Dean, et Chepstow est dominée par un château en ruine au sommet d'une falaise, ce qui, selon Rowling aujourd'hui,« peut expliquer beaucoup de choses[35] ». Ce dernier déménagement coïncide avec la mort de sa grand-mère Kathleen[9], à l'âge de cinquante-deux ans[36]. Très attristée par cet événement, Rowling choisira plus tard d'inclure l'initiale de son prénom dans son nom de plume : le « K » de J. K. Rowling[37],[9].
La même année, les deux sœurs intègrent l'école voisine du cottage[38], où Joanne ne se plaît pas du tout[9]. Sa salle de classe de l'époque, à l'ambiance« dickensienne »[39], lui semble défraîchie, comprenant desbureaux à cylindre en bois et des encriers. De surcroît, l'institutrice se montre particulièrement stricte et inspire la crainte chez la plupart de ses élèves[40], séparant les plus« intelligents » (qu'elle place du côté gauche de la classe) de« ceux qui le sont moins » (placés du côté droit)[40]. Rowling fait mauvaise impression dès son premier jour, puis évolue au cours de l'année :« Je fus promue deuxième gauche. […] C'est ainsi que, en une brève traversée de la classe, je devins intelligente, mais impopulaire »[41].
En[42], en guise d'activité parascolaire, Rowling intègre la seconde section desBrownies deTidenham, une organisation liée à l'église, proposant dans la semaine des activités descoutisme aux enfants de sept à dix ans[33]. La section de Rowling se divise en six groupes, portant chacun un nom en lien avec l'univers de lafantasy (les « Fées », les « Lutins », les « Farfadets », etc.[43]), et la fillette se spécialise notamment dans lesémaphore et lespremiers secours[43]. Ses marches la mènent régulièrement sur les ruines de l’église deLancaut, contournée par la rivièreWye ; dans les sous-bois bordant ladigue d'Offa (un chemin apprécié des randonneurs[33]), ou encore dans lescavernes d’Otter Hole(en) à Chepstow[44]. Des endroits« enchanteurs et passionnants pour de jeunes aventuriers » selon Sean Smith[44].
Joanne, qui est la seule de la famille Rowling à se rendre régulièrement à la messe[18], est baptisée à onze ans à l'église St Luke jouxtant le cottage[18],[35] et gagne son argent de poche en y effectuant régulièrement des heures de ménage avec sa sœur[18]. Elle en profite pour noter quelques noms figurant dans le registre de l'église pour ses propres histoires et s'amuse avec Dianne à le signer régulièrement[18]. Au même âge, Rowling rédige un courtroman d'aventures évoquant sept diamants maudits et les mésaventures de leurs possesseurs[19], un hommage rendu à l'écrivainEdith Nesbit qu'elle affectionne particulièrement[45].
Adolescence à Wyedean (1976 - 1983)
En 1976, Rowling intègre à onze ans le collège de Wyedean àSedbury où travaille sa mère (au département des sciences)[6]. Joanne et Dianne peuvent ainsi conserver un contact quotidien avec leur mère qui, sans enseigner directement, intervient régulièrement durant les cours scientifiques[46].
« Tranquille, myope, couverte detaches de rousseur et nulle en sport »[47], elle découvre lethéâtre deShakespeare, avec notammentLe Roi Lear etLe Conte d'hiver, d'où le prénom de son personnage, « Hermione », a été tiré[48]. Durant cette période, sa grand-tante lui remet une copie de l'autobiographie deJessica Mitford,Hons and Rebels[49] et Mitford devient un modèle pour Rowling, qui lit alors l'intégralité de son œuvre[50]. À la maison, les deux sœurs ont la possibilité de lire tous les livres présents sans aucune restriction[51]. Rowling commence à découvrir d'elle-même l'univers deJane Austen à onze ou douze ans avecOrgueil et Préjugés[51] et litLa Foire aux vanités deThackeray à quatorze ans[51].
En cours, elle est impressionnée par Miss Shepherd, son enseignante d'anglais stricte à l'humour« mordant », qui se montre consciencieuse, féministe et passionnée par son métier[52]. Rowling précise plus tard qu'il s'agit de la seule enseignante à qui elle s'est confiée[53],[54]. Elle est aussi déstabilisée par l'enseignement du collègue et ami de sa mère[55], son professeur dechimie John Nettleship, surnomméStinger (« celui qui pique ») par ses élèves[56]. En cours, Nettleship intimide par sa capacité à toucher au cœur des problèmes[57], n'hésitant pas à se montrer sévère ou sarcastique. Selon Nettleship, Rowling est à cet âge une« observatrice astucieuse »[58], timide, discrète, intelligente et ne montrant aucun intérêt pour les sciences[59]. L'enseignant se dit heureux et fier d'avoir vraisemblablement inspiré l'énigmatiqueprofesseur Rogue[57],[60],[59] :« J'avais l'habitude d'isoler un élève après l'autre pour lui poser une question, et Joanne était l'une des élèves les plus capables de la classe. […] Je crois que le manque de confiance que l’on perçoit chezHarry est aussi ce qu'elle ressentait dans certains domaines de sa scolarité »[57]. Un autre professeur d'anglais de Wyedean se souvient de Rowling comme de quelqu'un préférant s'exprimer dans ses écrits (pour lesquels elle excellait[61]) plutôt qu'oralement dans des discussions[62]. Il se souvient notamment de l'une de ses compositions intituléeMon île déserte, écrite pendant une leçon sur le thème de lasurvie et inspirée par l'étude parallèle deSa Majesté des mouches et deWalkabout[61].
L'événement le plus difficile de son adolescence est la découverte de la maladie de sa mère, en 1980[63], alors que Rowling n'a que quinze ans. Les médecins diagnostiquent une maladie du système nerveux central : unesclérose en plaques[9]. L'état d'Anne Rowling se dégrade alors lentement mais de façon régulière[9].
L'allure de la chanteuseSiouxsie Sioux (ici en 1991) a influencé celle de Rowling durant une dizaine d'années.
Entre-temps, Rowling raconte à ses amis de longs récits nés de son imagination dans« un débit sec et ironique » qui lui est propre et qu'elle conservera plus tard dans son style d'écriture[64]. Elle se passionne pour les langues[65], la musique pop et le groupeThe Smiths[16]. Elle apprécie également la chanteuseSiouxsie Sioux dont elle adopte le maquillage gothique pendant quelque temps[66]. Lors de sa dernière année à Wyedean[53], Rowling s'ouvre davantage au monde extérieur et gagne en maturité et en popularité[67]. Elle fait la connaissance de Sean Harris, qui deviendra son meilleur ami et propriétaire d'uneFord Anglia turquoise dans laquelle ils prendront régulièrement l'habitude de « s'échapper » de l’école[68]. C'est à lui que Rowling confie pour la première fois sa volonté de devenir écrivain[9]. Un modèle identique à cette voiture apparaît en clin d’œil à plusieurs reprises dans ledeuxième roman de la sagaHarry Potter, que l'auteure dédiera à son ami lors de sa publication[68]. Harris acquerra un certaine notoriété par la suite pour avoir été celui qui inspira« officiellement » le personnage deRon Weasley[56],[69].
Pour sonbaccalauréat, Rowling choisit des matières essentiellement linguistiques, c'est-à-dire l’anglais, lefrançais et l’allemand[16], où elle obtient de bons résultats à ses examens finaux (deux A et un B[16]).
Exeter et premiers pas dans l'enseignement (1983 - 1987)
En 1983, ses études secondaires étant terminées, Rowling fait une demande d’inscription à l’université d'Oxford[70], mais son dossier est refusé car son école d'origine ne jouit pas d’une bonne réputation[56]. Selon John Nettleship, Rowling aurait été refusée à Oxford pour la seule raison qu'elle était issue d'une école secondaire publique, au même titre que Laura Spence[70] (dont l'affaire fut suivie par la presse britannique en 2000[71]). Rowling est cependant acceptée à l’université d'Exeter[19], près de la côte Sud de l'Angleterre, où elle perfectionne son français et étudie lalittérature antique pour satisfaire ses parents qui souhaitent qu'elle deviennesecrétairebilingue[72].
Lors de sa première année à Exeter, elle réside dans une petite chambre d'étudiant du bâtiment « Jessie Montgomery »[73] (auxDuryard Halls), puis au bâtiment « Lafrowda » à partir de l'année suivante[74]. Elle passe beaucoup de temps à la cafétéria duDevonshire House, un lieu où se regroupent de nombreux étudiants[75], et accorde à cette époque davantage d'importance à sa vie sociale — bien que demeurant de nature introvertie et solitaire[76] — plutôt qu'à sa réussite académique[75],[56],[16]. Martin Sorrell, son professeur de français et conseiller aux études à Exeter[77], se souvient« d'une étudiante compétente et tranquille, avec une veste en jean et des cheveux noirs, qui, en termes académiques, donnait l'impression de faire ce qui était nécessaire[8] ». D'autres professeurs décrivent encore une étudiante« rêveuse » ou quelqu'un« de très intériorisé n'étant pas en relation active avec le monde extérieur »[58],[56]. Régulièrement distraite, elle perd des polycopiés et oublie, en 1984, de s'inscrire à certains examens de fin d'année, abandonnant de ce fait les études decivilisation grecque etromaine[78],[16].
En 1985, elle est tenue de passer l'année en France pour son cursus[78] ; elle a le choix entre enseigner l'anglais dans une école française, étudier dans une université française et travailler dans une entreprise française[78]. Rowling choisit la première option et s'inscrit à laSorbonne dans le cadre d'un stage d'enseignement[78],[79],[80],[81]. Elle découvre cette année-làLe Conte de deux cités deDickens[78], dans lequel lesacrifice du personnage de Sydney Carton pour sauver la vie de Charles Darnay, sur fond deRévolution française, marque profondément son esprit[82],[16].
Elle retourne à Exeter pour effectuer sa dernière année et passe beaucoup de temps auprès des six-cent mille ouvrages que compte la bibliothèque du campus principal[83]. Cependant, elle s'y rend davantage pour son amour de la lecture que pour ses études[83]. C'est à cette période qu'elle découvre notamment l'univers deTolkien en se consacrant durant plusieurs mois à la lecture duSeigneur des anneaux[84],[56]. En parallèle de son mémoire de licence (unedissertation de trois mille mots en français[83]), elle se porte volontaire pour aider à l'organisation d'une pièce de théâtre,Le Cosmonaute agricole d'Obaldia, mise en scène par son professeur de français Martin Sorrell[85]. Il s'agit d'un spectacle« drôle et plein de vie »[85] porté par des discussions philosophiques entre les personnages. Rowling est responsable du choix des costumes[85] et se montre très impliquée, ne manquant aucune répétition[86].
En 1987, elle obtient un résultat moyen à ses examens avec un diplôme de « deuxième classe, seconde division »[77],[16]. Son mémoire de licence demeure son meilleur travail[83].
Amnesty International et naissance de Harry Potter (1987 - 1990)
Après ses études, Rowling s'installe dans un appartement àClapham, au sud-ouest deLondres[87]. Elle enchaîne les emplois temporaires et travaille notamment au service de recherche d'Amnesty International en tant que secrétaire bilingue[87],[88]. Une expérience qui fut, selon ses propres termes,« l'une des plus formatrices » de sa vie[88]. Elle lit des lettres d'hommes et de femmes originaires d'Afrique francophone[89], menacés d'emprisonnement pour tenir informé le monde extérieur du régime« totalitaire » dont ils sont les sujets, ou encore les récits de témoins ou de victimes de torture, d'enlèvements ou de viols[88].
« J'ai commencé à faire des cauchemars, littéralement des cauchemars, à propos de certaines choses que j'ai vues, entendues et lues. […] Mais le pouvoir de l'empathie humaine, menant à une action collective, peut sauver des vies et libérer des prisonniers. Les gens ordinaires, dont le bien-être personnel et la sécurité sont assurés, peuvent se réunir en grand nombre pour sauver des personnes qu'ils ne connaissent pas et ne rencontreront probablement jamais. Ma petite participation à ce processus a été à la fois l'une des plus grandes leçons d'humilité et une des expériences les plus inspirantes de ma vie[88]. »
— J. K. Rowling(extrait de son discours àHarvard en juin 2008)
C'est en voyageant en train jusqu'à lagare de King's Cross en 1990 que Rowling visualise pour la première fois le personnage deHarry Potter.
Pendant ce temps, elle entame une vie parallèle en tant qu'écrivain, travaillant sur deux romans pour adultes qui n'onta priori jamais été publiés[87],[16].
En 1990[37], Rowling travaille à lachambre de commerce deManchester[7], toujours en tant que secrétaire[90], et décide donc de s'installer dans cette ville avec son compagnon[9]. C’est lors d’un voyage en train deManchester àLondres, plus long que prévu, qu’elle imagine l’histoire d'un garçon ignorant être un sorcier et recevant une invitation pour l'école de sorcellerie[9],[56]. Elle n'a rien pour écrire[9], mais passe son voyage à imaginer la situation et à identifier ses personnages, notammentRon Weasley, pour lequel elle s'inspire de son ami Sean Harris[56], etRubeus Hagrid[91]. Elle imagine aussi les fantômes de l'école. Plus tard, elle pioche des expressions et des fables dans les index géographiques et ledictionnaireBrewer[56],[92]. Pour l'école, elle imagine aussitôt unchâteau datant duMoyen Âge et situé enÉcosse[56], lieu de rencontre de ses parents. À son arrivée à lagare de King's Cross, beaucoup d'idées ont déjà pris forme et elle stocke des notes dans des boîtes à chaussures[90],[93].
Épreuves successives et maternité (1990 - 1995)
Rowling s'installe àPorto pour y enseigner l'anglais. En 1993, elle retourne au Royaume-Uni avec trois chapitres complets deHarry Potter rédigés au Portugal.
Anne Rowling meurt le[9] des suites de sa maladie lorsque Joanne a vingt-cinq ans. Cette dernière ne fait que commencer l'écriture deHarry Potter et n'a pas encore eu l'occasion d'aborder le sujet avec sa mère[94]. Rowling surmonte sa douleur en détaillant davantage les sentiments de son héros orphelin, dès le premier roman[95].
Rapidement licenciée de son travail à la chambre de commerce de Manchester[96], elle répond à une annonce dansThe Guardian pour un poste de professeur d'anglais àPorto[7] et déménage auPortugal[16]. Le travail à mi-temps lui permet de se consacrer à son roman qui évolue beaucoup après la mort de sa mère[9]. La directrice adjointe de l’école où enseigne Rowling perçoit cette dernière comme étant nerveuse et anxieuse durant cette période[16].
« Désormais, les sentiments de Harry envers ses parents disparus étaient devenus bien plus profonds et tangibles. C'est durant les premières semaines de mon séjour au Portugal que j'ai écrit mon chapitre préféré deL'école des sorciers :Le miroir du Riséd[9].(J. K. Rowling) »
Lecafé Majestic à Porto, l'un des lieux très appréciés par Rowling pour écrire.
Elle rédige les aventures deHarry dans son appartement (qu'elle partage alors avec deux autres Britanniques[16]), en écoutant leConcerto pour violon de Tchaïkovski[8], ou en s'installant dans les lieux fréquentés de Porto comme lecafé Majestic[97]. La librairieLello & Irmao a longtemps obtenu la réputation d'avoir inspiré Rowling pour créer la librairieFleury et Bott, ce que l'autrice a démenti en mai 2020 par le biais d'untweet, en affirmant n'avoir jamais visité cette librairie ni même avoir eu connaissance de son existence[97],[98].
Rowling se marie en octobre1992 avec le journaliste de télévision portugais Jorge Arantes[99] et donne naissance à une fille en juillet1993, qu'elle prénomme « Jessica », en hommage àJessica Mitford[50]. Cependant, le mariage est un échec. Son mari se montre parfois violent[16] et le couple se sépare l'année suivante.
À son retour anticipé au Royaume-Uni, Rowling s'installe quelque temps chez sa sœur dans la rue du Marchmont àÉdimbourg, avant d'emménager àLeith grâce aux allocations.
Rowling retourne auRoyaume-Uni avec sa fille pour s’installer dans un premier temps chez sa sœur et son beau-frère, dans leur maison de la rue du Marchmont àÉdimbourg[16], puis dans un petit bâtiment àLeith, un district de la capitale de l’Écosse, où elle et sa fille vivent avec l'aide du gouvernement. Sept ans après avoir obtenu son diplôme de l'université, Rowling perçoit sa vie comme un« désastre »[100],[101]. Devant faire front à la mort de sa mère puis à une séparation violente, elle se retrouve de surcroît sans emploi avec un nourrisson à charge, qu'elle craint de voir mourir[100]. Au cours de cette période, unedépression clinique, se manifestant chez elle par une profonde torpeur, une apathie et une incapacité à imaginer un retour à une vie plus heureuse, est diagnostiquée chez Rowling[100]. Elle envisage le suicide[102],[103],[104]. Sa maladie et son état d'esprit lui ont notamment inspiré lesDétraqueurs, les créatures maléfiques présentes dansHarry Potter et le Prisonnier d'Azkaban et répandant un sentiment de désespoir[105],[106]. Plus tard, en 2012, Rowling décrit cette période de sa vie comme ayant été une autre expérience particulièrement formatrice :
« Cela a changé ma vision du monde. […] Les gens deviennent des statistiques, ils perdent leur individualité lorsqu'ils sont piégés dans la pauvreté. C'est une place humiliante où on est défini par des personnes n'ayant jamais vécu notre situation. Tous nos choix sont sous contrat. C'est vraiment, vraiment très difficile de s'échapper de cette situation[107]. »
Nouvelle vie en Écosse et succès planétaire (1996 - 2012)
ÀÉdimbourg, Rowling décide de reprendre l'enseignement, cette fois-ci à temps plein, ce qui l'incite à vouloir terminer au plus vite son premier livre pour ne pas être obligée de l'abandonner[9]. Elle se met donc au travail et écrit jour et nuit, déterminée à l'achever et tenter de le fairepublier.
Devanture du caféElephant House dans le centre d'Édimbourg où Rowling a rédigé plusieurs chapitres deHarry Potter.
Les endroits connus et préférés de Rowling pour écrire sont généralement des lieux publics où le brouhaha des conversations est perceptible, et l'aide à travailler[22]. Elle choisit régulièrement l'Elephant House[108] dans le centre-ville et le caféNicolson's[109],[e] tenu par son beau-frère[110]. Là, elle commande un café pour pouvoir écrire son histoire jusqu'à ce que sa fille se réveille[9]. À cette époque, Rowling retape encore tous ses chapitres sur une vieillemachine à écrire[111].
Harry Potter à l'école des sorciers achevé en 1995[112],[113], Rowling envoie les trois premiers chapitres à un agent, qui les lui retourne aussitôt. Un second agent, Christopher Little, est intéressé et demande à l'auteure de lui envoyer la suite du roman pour tenter de le faire publier[114]. Après le refus successif de douze éditeurs (dont notammentOrion,Penguin etHarperCollins[113]), les originaux arrivent àBloomsbury Publishing en[112], dans les mains de Barry Cunningham, le coordonnateur de la nouvelle division des livres pour enfants[115]. Alice Newton, la fille du directeur général de Bloomsbury, aime beaucoup le livre et son enthousiasme aurait influencé la décision de publier le roman[116].Harry Potter à l'école des sorciers est finalement publié le[117]. La première édition n'est pas très importante : 1 000 exemplaires dont 500 sont destinés à des bibliothèques[112]. En 2005, un exemplaire de ces livres d'origine valait plus de 27 000 euros[118].
En 1998, Arthur Levine, des éditionsScholastic auxÉtats-Unis, achète les droits du premier tome deHarry Potter pour plus de 100 000 $.
À ce moment, son agent Christopher Little craint cependant que le groupe-cible de petits garçons rechigne à acheter des livres écrits par une femme et lui demande par conséquent d’utiliser les fameuses doubles initiales plutôt que de révéler son véritable prénom[119]. Elle obtient en parallèle un poste à l'Académie de Leith[120], comme professeur de français, ainsi qu'une bourse de laScottish Arts Council[113]. Très rapidement, le livre s'inscrit dans la liste des meilleures ventes et la publication est suivie par les distinctions et les louanges : il remporte notamment leBritish Book Awards et leChildren’s Book of the Year[121]. Leséditions Gallimard, sous la direction de Christine Baker, sont les premières à acheter les droits pour une traduction et à publierHarry Potter en dehors des frontières du Royaume-Uni[11] :« J'ai tout de suite été frappée par la maîtrise totale qu'avait cette jeune femme inconnue, précise Baker. Tous les éléments qui m'attiraient dans un texte : la véracité psychologique, la vivacité des dialogues, l'authenticité des sentiments, l'humour bien-sûr, l'inventivité… tout cela était présent. Un cocktail parfaitement bien mesuré. C'est très très rare pour un premier manuscrit[122] ». En 1998, Arthur Levine, des éditionsScholastic auxÉtats-Unis, achète à son tour les droits pour une somme jamais atteinte par un livre pour enfant : 105 000 $[121], et leTime Magazine place l'auteure en tête de son classement des « 100 femmes de l'année »[123].
J. K. Rowling (ici en 1999) refuse dans un premier temps queHarry Potter soit adapté au cinéma.
Rowling emménage alors dans un appartement plus sûr et plus spacieux pour elle et sa fille et entame une thérapie lui permettant de prendre du recul vis-à-vis de sa notoriété soudaine et oppressante[124]. L’argent gagné permet à Rowling de quitter définitivement l’enseignement et de se consacrer pleinement à l'écriture deHarry Potter. Elle réalise son rêve d'être écrivain à temps complet[9].
J. K. Rowling devient millionnaire en[56], entre les publications destome 2 ettome 3. Elle refuse dans un premier temps les nombreuses propositions d'adaptations cinématographiques de ses romans, y compris celle de laWarner Bros. Mais après avoir vu les adaptations duJardin Secret et deLa Petite Princesse, qu'elle trouve particulièrement réussies et fidèles, elle décide de faire confiance à la Warner Bros[125]. En 2001, l'année même où estadaptéHarry Potter à l'école des sorciers aucinéma, elle épouse en secondes noces le médecin Neil Michael Murray : cérémonie privée qui a lieu dans sa maison en Écosse[126]. En2003, Rowling met au monde son fils David[127] et en2005 naît sa deuxième fille, Mackenzie[127].
Au quatrième livre,Harry Potter devient un phénomène de société et à sa sortie, adultes, adolescents et enfants font la queue pour l'acheter rapidement, au point queHarry Potter et la Coupe de feu est pré-vendu en librairie à plus d’un million de volumes, et la première édition porte le chiffre record de 5,3 millions d’exemplaires[121]. Les sept romans se vendent successivement, à plus de450 millions d'exemplaires au total[128]. Rowling se trouve à la tête d'une fortune estimée en2008 par leSunday Times à560 millions de livres (environ590 millions d’euros[129]), soit davantage que la reineÉlisabeth II[130], ainsi qu'à la tête d’un« empire commercial » hollywoodien entraînant des records cinématographiques au box-office[124]. Bien que reconnaissante, l'auteure avoue parfois être agacée par ce virage commercial :
« Cet aspect m’ennuie vraiment à mourir. […] Vraiment, il n’y a rien dans le côté commercial de mon travail que je ne refuserais de sacrifier en un claquement de doigts pour qu’on me laisse écrire deux petites heures de plus. Rien. Cela peut paraître affreusement ingrat, car les films m’ont rapporté des sommes incroyables et j’en suis très reconnaissante, mais ça ne m’intéresse pas[124].(J. K. Rowling) »
Désormais à l'abri du besoin, l'auteure termine tranquillement l'écriture desReliques de la Mort à l'Hôtel Balmoral d’Édimbourg le[131], mettant ainsi un point final aux aventures romanesques deHarry Potter.
En, Rowling est nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines[132]. En dépit de son succès, elle mène une vie tranquille dans lePerthshire[133] et ne donne que peu d'interviews. En, elle décide de se séparer de son agent littéraire, Christopher Little, après seize ans de collaboration[134] et choisit une nouvelle agence fondée par l'un de ses employés, Neil Blair[8],[135]. L'auteure, qui souhaite, dans un premier temps, dissocier ses futurs projets deHarry Potter[136], met également un terme à sa collaboration avecGallimard pour ses éditions en français, se tournant désormais versGrasset[136]. En, Rowling annonce par le biais d'une vidéo[137] qu'elle va ouvrir un site internet consacré à l'univers étendu deHarry Potter,Pottermore, sur lequel elle publiera régulièrement du contenu inédit (le site sera clôturé en 2019 et la plupart de son contenu déplacé sur le siteWizardingWorld.com[138]).
Polars, projet théâtral et scénarios pour le cinéma (depuis 2012)
Le, sa nouvelle agence, Blair Partnership[135], annonce sur son site que J. K. Rowling fera publier un nouveau livre destiné aux adultes. En avril,Little, Brown and Company précise que le nouveau livre, intituléUne place à prendre (The Casual Vacancy), sortira le[139] (le lendemain en français). Dans ses trois premières semaines de sortie,Une place à prendre se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[140], mais son accueil reste assez mitigé[141]. LaBBC adapte le roman en une mini-série télévisée,Une place à prendre, à laquelle Rowling collabore en tant que productrice exécutive[142].
Elle entame en 2013 l'écriture d'une série de romans policiers mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé. L'identité de Rowling, dissimulée sous un nouveaunom de plume, Robert Galbraith, a été révélée par une indiscrétion auSunday Times en[143],[144]. J. K. Rowling indique par la suite[145] qu'elle a toujours voulu s'appeler Ella Galbraith et que le choix de Robert comme prénom est un hommage à l'homme politique qu'elle admire beaucoup,Robert Francis Kennedy, assassiné en 1968. Le premier tome de la série,L'Appel du Coucou, est édité en France parGrasset et publié en[146]. La série fait également l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pourBBC One[147].
En 2016, J. K. Rowling associe son nom à un projet depièce de théâtre autour deHarry Potter, acceptant de discuter des bases d'un script avec le dramaturgeJack Thorne et le metteur en scèneJohn Tiffany, mais refusant d'en être elle-même rédactrice[148]. La pièce en deux parties, intituléeHarry Potter et l'Enfant maudit, est jouée le[149] auPalace Theatre de Londres. Contrairement aux sept tomes de la série de Rowling, l'histoire deL'Enfant maudit relate principalement les aventures du cadet des enfants de Harry Potter après l'épilogue desReliques de la Mort[150]. J. K. Rowling rappelle sur son compte X que le script de la pièce, bien que publié sous forme de livre, n'est pas à considérer comme un « roman »Harry Potter[151].
En parallèle de l'écriture de ses polars, J. K. Rowling devient à partir de 2016 scénariste pour le cinéma[152], élargissant sonunivers sorcier par le biais d'une nouvelle saga portée à l'écran,Les Animaux fantastiques, dont l'intrigue commence dans leNew York desannées 1920[153]. Ce nouvel environnement sorcier s'inscrit de ce fait plusieurs décennies avant les aventures deHarry Potter[154] et relate les aventures d'un héros adulte, le magizoologisteNorbert Dragonneau, ainsi que des jeunesAlbus Dumbledore etGellert Grindelwald[155].
Retour au roman jeunesse et tourmente médiatique (2020 - 2022)
En, pendant lapandémie de Covid-19, Rowling annonce la publication d'unconte de fée politique« sur la vérité et l’abus de pouvoir », intituléL'Ickabog, qui est destiné aux enfants âgés de 7 à9 ans[156],[157]. Le projet, qui a pris naissance avant2007, pendant l'écriture deHarry Potter (mais qui n'a aucun rapport avec son histoire), était destiné en premier lieu à ses deux plus jeunes enfants David et Mackenzie[156],[158]. Il a ensuite été mis de côté pendant plusieurs années, lorsque Rowling s'est consacrée à l'écriture de ses romans pour adultes[156]. Pendant son confinement au Royaume-Uni, elle décide de retravailler le texte avec David et Mackenzie (alors âgés de 15 et17 ans), en vue de le publier en ligne entre le et le, sur le site dédiéTheickabog.com[156]. Le conte au format papier, e-book et audio est publié en novembre 2020 auRoyaume-Uni[156].Gallimard Jeunesse récupère les droits de publication et la version en français est annoncée pour le, puis finalement reportée à la réouverture des librairies, à l'issue du confinement de l'automne[159],[160]. Des dessins réalisés par des enfants lecteurs sont sélectionnés lors d'un concours organisé par les éditeurs, afin d'illustrer les différentes publications[161]. J. K. Rowling précise sur son site officiel que tous les droits d'auteur sont reversés aux personnes touchées par la pandémie[156].
Un autre roman pour la jeunesse,Jack et la Grande Aventure du Cochon de Noël (The Christmas Pig), est annoncé en avril 2021, pour une publication en, notamment chezHachette Children’s Group (Royaume-Uni),Scholastic (États-Unis) etGallimard[162],[163],[164]. L'histoire, destinée aux enfants de plus de8 ans, raconte les mésaventures d'un petit garçon et de son cochon en peluche, la veille de Noël[165]. Elle est illustrée de doubles-pages en noir et blanc et d’enluminures réalisées par l'illustrateur anglais Jim Field[166].
L'auteure est vivement critiquée depuis 2019 pourses propos au sujet de la cause trans. En 2020, des salariés des éditionsHachette en Angleterre tentent de la boycotter et refusent de travailler sur son livreL'Ickabog, en raison de ses propos polémiques[167],[168]. En 2022 notamment, J. K. Rowling est sujette à une forme de « cancel culture » de la part de certains fans de l'univers deHarry Potter[169].
Retour àHarry Potter (depuis 2023)
Le,HBO annonce la production d'unesérie téléviséeHarry Potter, avec une nouvelle distribution[170]. Il est prévu qu'elle comporte sept saisons (une saison par roman), produites sur une dizaine d'années, et que J. K. Rowling en soit la productrice exécutive avec ses collaborateurs Neil Blair et Ruth Kenley-Letts[171],[172]. Elle est également impliquée dans le processus de recrutement des scénaristes et réalisateurs[173].
Dès le départ, Rowling a en tête une saga en sept tomes[174], chaque tome relatant une année passée à l'école de magiePoudlard. Cinq ans ont été nécessaires pour mettre en place l'univers et construire le plan de chacun des romansHarry Potter[112],[174] (dix-sept années au total pour rédiger l'ensemble de l'heptalogie[175]). Avant même d'entamer l'écriture du premier roman, Rowling rédige également les biographies complètes de la plupart de ses personnages[174], non destinées à être publiées mais conservées à titre de supports personnels. Elle choisit de faire deHarry Potter un orphelin, à l'image des personnages deCharles Dickens[176],[177], ce qui lui permet de développer le sentiment de solitude de son héros dans le cheminement de sa quête et de sa personnalité[177]. À traversHarry Potter, Rowling crée un monde magique au sein de notre monde réel, séparé par un obstacle physique comme le mur de briques à l'arrière duChaudron Baveur, à la manière du miroir d'Alice au pays des merveilles ou de l'armoire du monde deNarnia[178]. La magie en elle-même constitue un élément essentiel de son histoire :
« La magie me fascine […]. Je pense qu'elle nous connecte à des choses essentielles sur la nature de l'être humain : ce qu'il est, ce qu'il souhaite, ce qu'il croit… Les enfants croient en la magie parce qu'ils cherchent à comprendre et contrôler leur monde. Mais nous avons tous ça en nous. Le monde est complexe et la plupart du temps insaisissable. Même si nous nous sommes tournés vers la science, je pense que nous avons tous gardé au fond du cœur quelques idées magiques. […] [Nos petits rituels personnels sont] une façon de vouloir contrôler ce que nous savons incontrôlable, comme notre vie[179]. »
Harry Potter semble ainsi appartenir typiquement à lafantasy, mais constitue néanmoins une adaptation assez singulière du genre[180]. Selon une étude réalisée par Youri Panneel et Manon Stas de Richelle[177], l'introduction d'un ton humoristique et de scènesburlesques dans le style d'écriture deHarry Potter contribuent à le distinguer au sein de ce courant[181]. J. K. Rowling confirme cette idée :« Si nous laissons de côté le fait que les livres parlent de dragons, de baguette magique et autres, les livresHarry Potter sont très différents des œuvres de la fantasy classique, surtout dans le ton[182] ».
L'auteure s'inspire des traditions européennes en matière de littérature[177] tout en personnalisant certains aspects qu'elle souhaite mettre en avant. Elle fait de l'école Poudlard un château médiéval[183] figé dans le temps, à l'instar de certains pensionnats anglais[184],[185]. Les élèves utilisent ici des plumes[186] pour écrire sur des rouleaux deparchemins[187], suivent descours destinés à l'apprentissage de la magie (défense contre les forces du Mal,métamorphose,histoire de la magie,fabrication des potions…), approfondissent leurs connaissances en consultant principalement les livres anciens de labibliothèque de l’école[188] et les lettres sont encore cachetées de cire[189]. L'auteure a inventé un grand nombre de mots et de sortilèges propres à son univers magique, tout en réutilisant des codes déjà présents dans la fantasy[190] (balais volants,baguettes magiques,mythologie…). En parallèle, toute technologie moderne de l'époque décrite (téléphones, ordinateurs, etc.), existante dans le monde « moldu » voisin et contemporain, demeure pour autant totalement absente au sein de cette institution magique où aucun objet de nature électronique ne peut fonctionner[191]. Les romans, même s'ils se veulent ancrés dans une atmosphère d'un autre temps, prônent de nombreuses valeurs très actuelles[192], comme leféminisme[193],[194] ou la révolte contre l'oppression[195] et les différentes formes de racisme[196]. En 2007, l'année de la publication du dernier tome de la série,Time Magazine classe J. K. Rowling parmi les finalistes du titre de laPersonnalité de l'année, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait transmis à ses fans à traversHarry Potter[197].
Au total, les livres se sont vendus à plus de500 millions d'exemplaires en 2018[198],[128] etHarry Potter a été traduit dans près de quatre-vingts langues[199],[200]. Il s’agit du premier cycle jeunesse ayant été lu simultanément par les enfants et leurs parents (pour environ la moitié des enfants lecteurs)[181]. Le succès de la série peut en partie s'expliquer par celui deshuit films adaptés[201], dont les sorties successives au cours de la deuxième moitié des années 2000 ont concordé avec les publications des derniers romans. Les films ont permis aux lecteurs de voir évoluer les différents personnages incarnés[201] et d'obtenir une vision du monde magique, proposée par le concepteurStuart Craig et correspondant fidèlement à l'imagination de Rowling[202],[203]. En outre, les premiers lecteurs de la série ayant eu le même âge que les personnages ont pu vieillir en même temps que les héros au fil de l'histoire, ce qui a permis une identification très forte[204].
Le romanUne place à prendre (The Casual Vacancy) est publié le[139] (le lendemain en français chezGrasset[205]). L'histoire commence par la mort brutale d'un conseiller paroissial d'un petit village de la campagne anglaise. Sa mort va provoquer une guerre sans merci entre les habitants, tous désireux d'occuper le poste vacant. Le livre est présenté comme une tragédie teintée d'humour noir, une « satire féroce des hypocrisies sociales »[206].
« Nous sommes une société incroyablement snob et il est fascinant d’explorer cet aspect. La classe moyenne est très drôle ; c’est celle que je connais le mieux et c’est aussi celle où l’on rencontre le plus de gens prétentieux. C’est ce qui la rend si hilarante[124].(J. K. Rowling) »
Dans ses trois premières semaines de sortie, le roman se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[140], mais son accueil reste assez mitigé[141], certains estimant que le récit manque d'action et traîne en longueur[141],[206]. D'autres estiment que le vécu de Rowling (pauvreté et misère) se ressent dans la description des personnages, en particulier des adolescents particulièrement lucides, et que le lecteur retrouve le souci du détail qui lui est propre[206],[141]. L'ambiance et le décor sur fond de crise économique et sociale rappellent à d'autres les univers deKen Loach ou deBilly Elliot[206].
Le, il est annoncé que laBBC adapterait le roman en une mini-série télévisée. L'agent de Rowling, Neil Blair, travaille sur le projet comme producteur[142], par l'intermédiaire de sa société de production indépendante. Rowling collabore à l'adaptation en tant que productrice exécutive[142]. La sérieUne place à prendre a été diffusée en trois parties du au[207],[208], avec notamment les acteursMonica Dolan etMichael Gambon.
J. K. Rowling entame en[146] l'écriture d'une série policière mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé,Cormoran Strike, et sa secrétaire et collaboratrice Robin Ellacott. Vétéran de larécente guerre d'Afghanistan où il effectuait des missions pour la Brigade spéciale d’investigation[209], le personnage de Cormoran Strike est revenu blessé (à la suite d'une explosion) et amputé d'une partie de la jambe droite, l'obligeant à porter une prothèse douloureuse. Son bureau est situé àLondres dans Denmark Street[210], près deCharing Cross Road. Sa secrétaire intérimaire, bien que discrète, se montre particulièrement efficace et les deux protagonistes vont naturellement faire équipe pour tenter de résoudre les enquêtes.
Pour construire ces romans, J. K. Rowling se base sur des récits factuels de vrais soldats[211]. Deux soldats en particulier parmi ses connaissances lui fournissent des renseignements très utiles pour établir le contexte et les antécédents de son héros[211]. Le premier tome de la série,L'Appel du Coucou, est édité en français parGrasset et publié le[146].
Le deuxième roman, intituléLe Ver à soie, est publié en français en[212]. Considéré comme« moins essoufflant » que son prédécesseur[213], le roman voit le héros enquêter sur la disparition d'un écrivain détesté par beaucoup de ses vieux amis pour les avoir insultés dans sa dernière production[214]. Pour l'écriture du troisième roman, dans lequel le personnage de Robin se retrouve au centre de l'intrigue, J. K. Rowling a recours à« une quantité incroyable de planifications » en utilisant des tableurs à codes couleurs pour mieux se repérer[215]. Au Royaume-Uni,La Carrière du mal est publié en[216] et sa traduction française en[217]. Ce troisième roman est considéré parUSA Today comme le meilleur de ce début de série[217], tandis que laNPR lui attribue une« exceptionnelle profondeur morale et émotionnelle »[217].
Au printemps 2017, J. K. Rowling révèle le titre du quatrième roman via X dans un « jeu du pendu » avec ses fans. Après de nombreuses tentatives infructueuses, les lecteurs ont finalement deviné le titre original :Lethal White[218] (Blanc mortel pour sa traduction française[219]).
Les Enquêtes de Cormoran Strike sont des best-sellers dans le monde entier et sont majoritairement salués par la critique et les lecteurs[220]. Après un démarrage parfois qualifié de« maladroit », voire d'« ennuyeux »[221], les lecteurs s'accordent à dire qu'ils retrouvent les personnages attachants et le « soin maniaque du détail » propres à J. K. Rowling[222],[223]. Les romans gagnent peu à peu en fluidité et en complexité[221], et pourThe Toronto Star, les personnages de Strike et Robin forment« le plus formidable duo romanesque de mémoire récente »[217].
La série fait l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pourBBC One[224],Strike, avecTom Burke dans le rôle-titre[225] etHolliday Grainger dans le rôle de Robin[226]. Une nouvelle fois, Rowling s'associe au projet en tant que productrice exécutive[227].
L'extension du monde des sorciers pour le cinéma :Les Animaux fantastiques
Sur une idée du producteurLionel Wigram[228], J. K. Rowling développe en 2015 (d'après son propre livre-guideLes Animaux fantastiques) les aventures d'un nouveau héros,Norbert Dragonneau, au sein du même univers étendu que celui deHarry Potter, mais situé soixante-cinq ans plus tôt danssa chronologie[229]. Wigram souhaitait en effet, après la fin deHarry Potter au cinéma, développer les possibilités qu'offrait le petit livre écrit en 2001 pour l'associationComic Relief.« Norbert est sorti des pages du livre », affirme Wigram[228].« Je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer en train de crapahuter dans toutes sortes de lieux exotiques et dans d'innombrables aventures qu'il vivrait en chemin »[228].
Lapremière partie de cette nouvelle saga, sortie en 2016, suit les aventures de Norbert, timide magizoologiste, dans la ville deNew York en1926[229], où il fait escale avant de poursuivre son voyage vers l'Arizona[230]. Savalise, contenant de nombreuses créatures magiques, s'ouvre par mégarde et les animaux s'échappent dans la ville. Le héros, en s'alliant à unnon magicien et à deux sorcières, va faire son possible pour récupérer toutes ses créatures sans qu'elles se blessent et sans se faire arrêter par lesaurors duCongrès Magique américain.
Ainsi, les créatures et le personnage de Norbert Dragonneau (interprété parEddie Redmayne) sont adaptés du petit répertoire, tandis que la nouvelle histoire originale, les autres personnages ainsi que « l'extension » de l'univers magique[231] sont développés pour l'occasion par J. K. Rowling, qui décide pour la première fois de s'occuper elle-même du script et d'écrire pour le cinéma.
« Je crois qu'elle a vraiment aimé l'idée. Elle n'a rien dit, puis elle est revenue avec sa propre histoire, une histoire complètement différente, meilleure, plus riche, plus fantastique : la sienne[229]. »
Selon le réalisateurDavid Yates (également réalisateur des quatre derniersfilmsHarry Potter), même si l'histoire de Norbert Dragonneau comporte des détails similaires à celle deHarry Potter[232], elle s'avère complètement nouvelle[233]. L'histoire s'ouvre sur un monde magique hors dePoudlard[234] où l'époque, le pays et la culture sont tout à fait différents[235]. Cependant, il s'agit aussi pour Rowling — qui a conçu l'intrigue principale de ces cinq films dès 2016[236],[237] — d’une« opportunité incroyable de raconter des parties de l'arrière-plan qui n'ont jamais été intégrées aux livres [Harry Potter] »[236].
Lepremier film obtient globalement un bon accueil de la part des spectateurs avec une note de 7,4/10 pour 275 887 avis sur l'Internet Movie Database et un score de 79 % évalué sur 85 613 avis surRotten Tomatoes. Il est également apprécié par la critique. SelonThe Guardian, le film« se pose à un tournant très divertissant vers l'âge du jazz américain et insuffle une nouvelle vie à la franchisePotter », ajoutant qu'« en abordant les thèmes de la société divisée et de la persécution des minorités, le film se retrouve parfaitement ancré dans le temps »[238]. PourOuest-France, le film multiplie notamment les références aux classiques de la comédie américaine des années 1940, dans un New York des années 1920« richement reconstitué »[239].
Lesecond volet, sorti en 2018[240], fait interagir Norbert avec un personnage déjà apparu dansHarry Potter :Albus Dumbledore, avant que celui-ci ne devienne directeur de l’école dePoudlard[155]. Le film, localisé principalement àParis[241], fait également apparaître pour la première fois le personnage deNicolas Flamel[242], inspiré ducélèbre copiste français duXIVe siècle[243] et mentionné précédemment dansHarry Potter à l'école des sorciers comme étant le créateur de lapierre philosophale[243] grâce à laquelle il aurait vécu plus de665 ans[244]. Ce deuxième volet reçoit un accueil plus mitigé, autant de la part des critiques que des fans, qui reprochent notamment quelques incohérences et une intrigue trop complexe aux« sous-couches inutiles »[245],[246],[247]. Par conséquent, l'équipe décide de repousser le début de production de l’épisode suivant afin de permettre notamment à J. K. Rowling de retravailler son scénario[245],[248].
« Mes héros sont toujours des gens qui se sentent exclus, stigmatisés ouostracisés. C'est au cœur de la plupart de mes œuvres[255]. »
— J. K. Rowling
PourDavid Yates, il s'agit d'un trait caractéristique de J. K. Rowling que de s'intéresser« aux marginaux, aux incompris ou à ceux qui sont en léger décalage avec la société »[256]. C'est le cas de nombreux personnages de ses histoires, commeNorbert Dragonneau[256],Luna Lovegood[257],Cormoran Strike[258],Remus Lupin[259] ou encoreCroyance Bellebosse[260]. Les producteurs parlent aussi d'un éloge« à la Rowling[256] » de l'amitié improbable entre deux personnages que tout semble opposer (le brusque Cormoran et la délicate Robin[261], le distant Norbert et le tendreJacob, l'autoritaireHermione et le désinvolteRon, etc.), en étant bien souvent, comme le soulèveEddie Redmayne, amené à une situation où chacune des personnalités distinctes en vient à« tirer le meilleur de l’autre[262] ». Pour Jacky Bornet, rédacteur Culture chezFrance Télévisions, les personnages variés de J. K. Rowling seraient même destinés à« sceller leur amitié » grâce à la marginalité qu'ils ont en commun[263].
Thèmes intemporels et accessibles
SelonDavid Heyman, J. K. Rowling aurait mis en valeur, dans ses histoires dumonde sorcier, des thèmes« intemporels et émouvants », qui invitent à la réflexion : la peur des autres s'associant à un monde divisé[234], le sentiment d'être un étranger à la recherche d'une famille[234] ou encore la nécessité d'être soi-même[234]. D'autres thèmes sont régulièrement soulevés : les questionsécologiques etpolitiques notamment, qui influent sur la manière dont notresociété fonctionne[256]. Rowling dit« [se méfier] des gens qui veulent le pouvoir » d'une manière générale, en pensant que cela se ressent clairement dans ses livres[264]. Ladiscrimination et larépression sont particulièrement présentes, notamment dans son univers sorcier[256],[265].
J. K. Rowling explore« le cœur de lacondition humaine »[228], en abordant les idées et les thèmes profonds d'une manière« accessible et divertissante » selonLionel Wigram[228]. Heyman soutient cette idée en affirmant qu'un équilibre émane de ses textes entre les éléments sombres qui apportent une dimension de danger et d'émotion, et les éléments plus légers et plus drôles[266]. Selon Heyman, ce flux maîtrisé entre l'humour et la mort contribue à rendre son univers réaliste[266].
L'amour est également un thème important pour J. K. Rowling, bien qu'il soit distillé avec une certaine retenue dans son œuvre, l'auteure appréciant elle-même lorsque toute« mièvrerie » peut être évitée[267]. Mais selon elle, le fait d'être « humain » signifie être capable d'aimer[268]. Dans son univers, il s'agit régulièrement d'histoires d'amour inattendues ou compliquées, voire impossibles. C'est le cas dansLes Enquêtes de Cormoran Strike entre le détective et sa collaboratrice (avec laquelle il s'interdit d'entretenir une relation autre que très cordiale[211],[269]), dansHarry Potter entre lemangemortRogue et la mère du héros,Lily Potter[270], mais également dansLes Animaux fantastiques entre leNon-MajJacob Kowalski et la sorcièreQueenie Goldstein[271].
Concernant les livres pour enfants, Rowling mentionne toujoursLe Cheval d'argent (Le Secret de Moonacre) d'Elizabeth Goudge et les personnages enfants « très réalistes » des livres d'Edith Nesbit[272]. Selon ses termes, J. K. Rowling s'identifie àEdith Nesbit plus qu'à tout autre auteur[272]. Un autre classique pour enfants ayant probablement inspiré Rowling estLe Vent dans les saules deKenneth Grahame, qui est considéré comme l'un des principaux représentants de lafantasy animalière[273]. En effet, quelques similitudes de tempérament sont affichées entre les personnages-animaux de l'œuvre de Grahame et les personnages humains de Rowling, et il s'agit de son livre pour enfants préféré, qui lui était lu par son père[274].
L'influence qui vient deJ. R. R. Tolkien et de son amiC. S. Lewis existe, mais est discutée. Dans sa biographie, Rowling précise qu'elle aimaitLe Seigneur des anneaux etLes Chroniques de Narnia, bien qu'elle ne les ait jamais terminés ni l'un ni l'autre[275]. Selon elle, faire des liens entre l'œuvre de Tolkien et son travail s'avère un peu rapide et facile. Elle ajoute à propos de cette influence :« Tolkien a créé tout un ensemble autour de lamythologie. Je ne pense pas que quiconque puisse dire que j'ai fait de même, du moins à même échelle. Par ailleurs, jamais Tolkien n'aurait introduit un personnage commeDudley Dursley[182] ». En ce qui concerne l'influence de C. S. Lewis, elle a précisé qu'elle avait pensé à la voie menant à Narnia par le biais de l'armoire magique lorsque Harry franchit la barrière deKing's Cross[276].
Jane Austen et sa façon d'analyser les comportements humains ont marqué J. K. Rowling.
J. K. Rowling évoque elle-même de nombreuses œuvres et auteurs l'ayant inspirée ou marquée, commeLes Contes de Canterbury deGeoffrey Chaucer[277],Dickens durant son adolescence[16],Anna Sewell etBlack Beauty[25],Jane Austen et son analyse des comportements humains« de manière peu sentimentale et pourtant émouvante[278] » (comme dansEmma[279]), ou encoreJessica Mitford et son engagement dans laguerre civile espagnole[280] :« J'aime la façon dont elle n'a jamais dénié certains aspects de l'adolescence, en restant fidèle à ses convictions politiques toute sa vie[50] ». L'auteure cite égalementLouisa M. Alcott :« j'étais timide et je passais pas mal de mon temps à la bibliothèque à rechercher des héros qui me ressemblaient. Je me souviens deJo March, qui avait du caractère[281] ».
Dans le cadre d'une interview accordée àAmazon en 1999, Rowling mentionneRoddy Doyle comme étant son écrivain vivant favori[282]. Elle ajoute qu'il lui arrive souvent de parler de Doyle et de Jane Austen de la même façon :« Je pense que ça rend les gens perplexes parce que ce sont deux écrivains très différents. Mais ils ont tous deux une approche très neutre de la nature humaine. Ils peuvent très bien aborder le sujet sans pour autant devenir mièvres »[267]. Dans une autre entrevue pour le magazineO, The Oprah Magazine en 2001, J. K. Rowling avoue être profondément marquée par le style de Doyle, par le réalisme et la« subtilité » avec lesquels il traite ses personnages féminins[283].
Chrétiennes
J. K. Rowling fait référence auchristianisme dans leseptième roman deHarry Potter[274]. Par exemple, lors de la visite du cimetière àGodric’s Hollow, Harry et Hermione lisent des citations sur les pierres tombales. Celle des parents de Harry comprend l’inscription« Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » qui est tiré dela première épître aux Corinthiens (chapitre 15, verset 26) et sur la pierre tombale de la mère et la sœur deDumbledore, on peut lire« Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » tiré deL'Évangile selon St Matthieu (chapitre 6, verset 21). Selon Rowling :« Ces livres se passent en Angleterre, il est donc logique que Harry trouve des inscriptions bibliques sur les pierres tombales. Mais de plus, ces citations résument toute la série[274] ».
Pour les créatures fantastiques de son univers sorcier, J. K. Rowling avoue avoir pris des libertés vis-à-vis dufolklore et de lamythologie[284]. Pour elle, le folklore britannique, tout en étant « l'un des plus riches et variés au monde », conserve un côté « bâtard », car il est le résultat de la fusion des nombreuses cultures apportées par les envahisseurs et occupants successifs de l'Angleterre[284]. Ainsi elle assure n'avoir eu aucun scrupule à emprunter librement quelques références, à la condition d'y ajouter des détails qui lui sont propres[284].
J. K. Rowling a déclaré en 2024 que ses opinions politiques étaient degauche,libérales et farouchementantiautoritaires[285]. Elle a soutenu leParti travailliste britannique lorsqueGordon Brown en était le leader entre 2007 et 2010[286],[287]. Elle a en revanche critiqué la direction du Parti parJeremy Corbyn en 2016[288],[289], et parKeir Starmer en 2024[290],[291]. Lorsque des internautes l'accusent en 2024 d'avoir des sympathies « d'extrême droite » à cause deses opinions sur les femmes transgenres, elle affirme rester à gauche dans son discours politique, mais estime que le clivage gauche-droite a été rompu, considérant une forme de politique identitaire comme« fondamentalement illibérale, élitiste, nuisible et déconnectée des préoccupations quotidiennes des gens ordinaires, en particulier des femmes »[285]. Elle ne se considère pasidéologue, se méfiant des idéologies, mais se voit comme uneidéaliste, croyant en la capacité humaine à collaborer et à se soutenir mutuellement[285]. Elle soutient en 2024 que son camp politique est le centre-gauche pragmatique, axé sur la lutte contre les inégalités économiques, la défense du libéralisme social et l'égalité des droits[285].
Elle défend laliberté d'expression, tout en ayant entretenu des relations difficiles avec la presse contre laquelle elle a intenté de nombreuses actions[299],[300],[301].
J. K. Rowling se considère croyante, bien que « difficilement » selon ses propres termes, éprouvant beaucoup de doutes, y compris au sujet de l'existence de « Dieu »[302]. Lorsque plusieurs groupes de chrétiens fondamentalistes ont dénoncé les livresHarry Potter en prétendant qu’ils prônaient la sorcellerie, Rowling a répondu quePoudlard était une école multiconfessionnelle et qu'elle n'avait jamais eu l'intention de« convertir qui que ce soit au christianisme »[303],[304],[305].
J. K. Rowling s'est de nombreuses fois exprimée au sujets de la communauté transgenre : elle a notamment critiqué l'identité de genre autoproclamée[306] et s'est opposée à une législation permettant aux personnes transgenres, et en particulier auxfemmes trans, de s'identifier légalement à leur genre sans avoir reçu au préalable un diagnostic médical[307],[308]. Elle a affirmé son soutien aumariage gay et aux droits des personnes homosexuelles[309], mais a ouvertement déconsidéré la causeasexuelle et les personnes souhaitant afficher leur asexualité[310].
Communauté transgenre
2018 : Premières accusations de transphobie
En mars 2018, J. K. Rowlinglike untweet qualifiant les femmes trans d'« hommes en robe », déclenchant les premières accusations de transphobie à son égard[311]. En réponse à la polémique, elle expliquera que ce « like » était accidentel. Elle admettra cependant par la suite son support pour la substance du message[312]
2019 : Défense de Maya Forstater
Rowling affiche son soutien à Maya Forstater, critique du genre (ici en 2013).
En, J. K. Rowling affiche son soutien àMaya Forstater(en), une chercheuse britannique dont le contrat de travail auCentre pour le développement mondial(en) n’a pas été renouvelé en raison de ses opinions critiques sur le genre, et qui a fait l'objet de l'affaireForstater v Centre for Global Development Europe(en)[313],[314],[315]. Selon Rowling, la scientifique aurait été injustement licenciée pour avoir simplement déclaré que« lesexe [était] réel ». À la suite de son soutien public, l'auteure est à nouveau accusée de transphobie par un certain nombre de fans et de médias[316],[317].
2020 - 2021 : Accusations de féminisme radical et publication d'un essai sur le « nouvel activisme trans »
En juin 2020, elle provoque la colère des militants défendant les droits des personnestrans en ironisant sur X sur l'expression utilisée parDevex pour évoquer les femmes (« personnes qui ont leursrègles ») :« Je suis sûre qu'on avait un mot pour désigner ces personnes, avant. Que quelqu'un m'aide. Fammes ? Fommes ? Fimmes ? »)[318],[319],[320] ; ses propos, et son interrogation sur l'effacement du mot« femme »[319], lui valent d'être encore une fois accusée de transphobie, et d'être qualifiée de « TERF » (féministe radicale excluant lesfemmes trans)[321]. Par la suite, Rowling déclare que nier la réalité du sexe biologique efface les expériences des femmes du monde entier et élimine la possibilité d'une attirance pour les personnes du même sexe[322],[323]. En réponse aux critiques, elle déclare que« le sexe […] a des conséquences vécues », tout en écrivant :« Je respecte le droit de chaque personne trans de vivre de la manière qui lui semble authentique et confortable ; je connais et j'aime les personnes trans, mais effacer le concept de sexe supprime la possibilité pour beaucoup de discuter de leur vie de manière significative. Ce n'est pas de la haine de dire la vérité »[324],[325]. De nombreux internautes lui reprochent alors de confondre les notions desexe (biologie) et degenre (relatif à laconstruction sociale)[324],[326]. Les propos de Rowling, bien qu'exprimés« de manière bien maladroite » selon certains universitaires[327], font écho à une tribune publiée quelques mois plus tôt sur leHuffington Post, qui considérait que les personnes trans ne devraient pas être incluses dans les espaces réservés aux femmes, ni être au centre de l’agenda féministe[327],[328]. Cette tribune avait été signée par 140 personnes issues notamment de laLigue du droit des femmes, et des milieux médicaux et universitaires spécialistes du genre[328]. Pour le collectif, il était nécessaire« de pouvoir mesurer les inégalités entre les sexes pour les dénoncer et surtout les corriger »[328]. Il ajoute que« Aucune féministe ne met en cause la souffrance des personnes qui ne se sentent pas « nées dans le bon corps » » mais qu'il est important de« veiller à préserver nos espaces et à ce que nos stratégies restent centrées sur les filles et les femmes […] pour la survie d[e]s droits [des femmes] et de notre intégrité »[327],[328]. La tribune a été retirée à la suite de la polémique qu'elle a engendrée, puis a été remise en ligne quelques jours plus tard par le magazineMarianne, qui n'a pas souhaité prendre partie mais qui s'est dit soucieux d'encourager le débat[328].
« Feminazi. Terf. Salope. Sorcière. Les temps changent. La haine contre les femmes est éternelle. »
— J. K. Rowling sur X le (en réaction aux messages qu'elle reçoit[329]).
Le, elle publie un long article sur son site officiel, dans lequel elle explique plus en détail ses préoccupations et son point de vue concernant ce qu'elle appelle le « nouvel activisme trans »[312],[330]. Rowling qualifie de« misogynes » les arguments selon lesquels la féminité ne réside pas dans le corps sexué, ainsi que les affirmations selon lesquelles les femmes biologiques n'ont pas d'expériences communes. Elle trouve déshumanisant le langage qualifiant les femmes de « menstruatrices », et elle estime que le mouvement activiste trans cherche à éroder les femmes en tant que classe politique ainsi que biologique. Elle a également déclaré que la tentative de redéfinir la définition juridique du sexe en termes de genre mettrait en danger les espaces sûrs pour les femmes[331] et que la communautégay etlesbienne se sentait menacée par les personnes appartenant à des minorités de genre[332]. Elle a dit craindre que les filles effectuent unetransition afin d'échapper ausexisme[333],[334], et qu'elle avait survécu à des violences conjugales et à des agressions sexuelles. Elle a déclaré :« Lorsque vous ouvrez grand les portes des toilettes et des vestiaires à tout homme qui croit être ou se sent femme… vous ouvrez la porte à tous les hommes qui souhaitent entrer »[333]. Elle a également déclaré dans son essai :« Je crois que la majorité des personnes transgenres non seulement ne représentent aucune menace pour les autres, mais sont vulnérables… les personnes transgenres ont besoin et méritent d'être protégées… Je ne ressens que de l'empathie et de la solidarité envers les femmes transgenres qui ont été maltraitées par des hommes »[333],[335],[336].
L'essai a été nommé par Amol Rajan de laBBC pour le « prix Russell du meilleur texte ». La chaîne a déclaré apprécier le « courage » de Rowling pour avoir écrit cet article malgré les réactions qu'il a suscitées (cette nomination ne signifiait pas que la BBC soutenait ses arguments)[337],[338]. Parmi ceux qui ont contesté les affirmations de Rowling dans son essai figuraient notamment l'auteure Heidi Heilig (qui l'a qualifiée d'« énorme connasse »[339]) et l'actriceFelicia Day qui a déclaré que les arguments de Rowling étaient« imprégné[s] de peur et de haine »[339]. L'association caritative de défense des droits LGBTStonewall[340] etMermaids(en), une association caritative pour les enfants non conformes au genre, ont critiqué Rowling pour ce qu'elle considérait comme une confusion entre « femmes transgenres et prédateurs sexuels masculins »[341],[342]. Par ailleurs, des groupes de défense des droits des femmes aux États-Unis ont déclaré en 2016 que 200 municipalités autorisant les personnes transgenres à utiliser les refuges pour femmes n'avaient signalé aucune augmentation de la violence envers les femmes[343]. Les personnes appartenant à des minorités de genre ont signalé que « le comportement des politiciens, des personnalités publiques [et] des dirigeants communautaires » était un facteur clé qui augmentait les actes de discrimination et de violence dans leur vie quotidienne[332], et que les arguments comme ceux de Rowling, qui« cherchent à réifier des catégories discursives intrinsèquement instables », invisibilisaient les corps de genre varié et hypervisibilisaient les« fausses notions de sexe binarisé »[332]. Dans son essai intituléTransformative Readings, Jennifer Duggan évoque le fait que la guerre des mots entre Rowling et ses partisans, d'un côté, et les personnes issues de minorités de genre et leurs sympathisants, de l'autre,« illustre la fracture des féminismes actuels », à l'heure où les versions plus populaires et plus commercialisables de la féminité autonome et néolibérale sont à la fois les plus visibles et dépeintes comme menacées par les personnes marginalisées[332]. Selon elle, les retombées des propos de Rowling« démontrent à quel point les interprétations des idéologies présentes dans les textes, et qui les entourent, peuvent être floues, contradictoires et contingentes »[332].
Après que Rowling a reçu lePrix Robert F. Kennedy des droits de l'homme en 2019, le président de l'organisation a publié une déclaration l'année suivante, faisant part de sa« profonde déception » du fait que l'auteure« ait choisi d'utiliser ses dons remarquables pour créer un récit qui diminue l'identité des personnes trans et non binaires »[344]. Rowling a annoncé en août qu'elle rendrait le prix[344]. Elle a ajouté :« La déclaration du groupe suggérait à tort que j'étais transphobe et que j'étais responsable de préjudices causés aux personnes trans. En tant que donatrice d'associations LGBT et défenseur du droit des personnes trans à vivre à l'abri des persécutions, je réfute catégoriquement l'accusation selon laquelle je haïrais les personnes trans ou leur souhaiterais du mal »[344].
En, son roman policierSang trouble, qui met en scène un tueur en série revêtant une apparence féminine pour assassiner ses victimes, fait écho à ce point de vue et ravive les accusations de transphobie la visant[345],[346],[347]. Selon Alison Flood, duGuardian, un grand nombre de journalistes critiquent la tournure transphobe du roman sans avoir pu démontrer qu'ils l'avaient lu[348]. Un porte-parole de l'associationMermaids a déclaré àCNN qu'il était décevant que Rowling propage une« présentation ancienne et blessante des femmes transgenres comme une menace »[349]. Rowling, quant à elle, a précisé que le roman en question« s'inspirait vaguement » de véritables tueurs[344].
Le Monde évoque des débats qui« se polarisent »[321], entre les personnes qui dénoncent ou se désolidarisent des propos de J. K. Rowling (les jeunes acteurs principaux deHarry Potter[320],[350],[351] et les acteurs principaux desAnimaux fantastiques[352],[353], les communautés et sites de fans[321],[354], etc.) et les personnes qui la soutiennent ou qui estiment que ses propos ont été mal interprétés ou exagérés[321],[355],[356]. PourOlivia Chaumont, militante pour les droits des personnes trans, Rowling cherche à« nie[r] l'identité de genre » en niant le fait qu'une personne assignée homme à la naissance puisse devenir socialement femme[357]. Chaumont reconnaît l'empathie de Rowling envers les personnes trans vulnérables, mais estime que cette empathie ne pourrait à elle seule « excuser » sa méconnaissance de la question trans[357].L'Express met aussi l'accent sur« l'hystérisation des débats dès qu'ils entrent dans l'arène desréseaux sociaux », et la position délicate dans laquelle s'est placée J. K. Rowling en abordant ce sujet de société surX[358]. Pour Jennifer Duggan, le personnage« d’auteur très visible » que Rowling s’est forgé sur les réseaux sociaux révèle qu’elle est beaucoup moinsprogressiste que l’idéologie thématique de son heptalogieHarry Potter ne le suggère[332].
Le 26 janvier 2021, la vidéaste transgenreNatalie Wynn publie un long essai vidéo sur sa chaîne détaillant l'ensemble des principaux éléments de la controverse[359].
En, J. K. Rowling dit recevoir de nombreuses menaces de mort de la part de militantsLGBT depuis plusieurs mois[360],[361], des menaces que la police considère suffisamment crédibles pour être prises en compte[306]. PourRadio France, la polémique« a pris des proportions absurdes »[360]. Pamela Paul duNew York Times est du même avis et prend position en faveur de Rowling, ajoutant que la qualifier de « transphobe » est abusif et« ne correspond pas à ses véritables opinions »[306].
Joëlle Quérin, professeure de sociologie, s'appuie sur l'ouvrageTrans. Quand l’idéologie heurte la réalité de la journaliste irlandaiseHelen Joyce pour défendre également J. K. Rowling[362]. Dans son ouvrage, Joyce s'interroge sur les impacts que pourraient avoir une redéfinition du mot « femme » si celui-ci devait inclure les femmes trans[363]. Selon elle, toute définition du genre ou de l'identité de genre qui fait abstraction de la biologie« mène à une impasse »[363]. Elle développe :« Si l'on s'appuie sur les témoignages de personnes trans […], être une femme consiste […] à correspondre aux stéréotypes féminins. Et d'autre part, si l'on s'appuie sur les définitions académiques ou militantes, être une femme ne signifie… rien. Les définitions du type « Est une femme quiconque affirme en être une » sont autoréférentielles et donc « vides de sens » »[363].
2022 - 2023 : Accusations de militantisme TERF, soutiens et désolidarisations
En mars 2022, Rowling critique le chef duParti travailliste,Keir Starmer, qui a affirmé que« les femmes transgenres sont des femmes ».
En, toujours sous le motif de vouloir protéger les femmes qu'elle considère plus vulnérables, elle fait partie des personnes qui s'opposent auprojet de loi écossais sur la réforme de la reconnaissance de genre(en), qui prévoit de permettre aux personnes transgenres de modifier leur état civil plus facilement et plus rapidement, ce qui lui vaut d'être une nouvelle fois décriée[369]. Elle critique le chef duParti travailliste,Keir Starmer, qui a déclaré que « les femmes transgenres sont des femmes » selon son opinion personnelle et selon la loi britannique. Elle l'accuse alors de déformer la loi[370]. Des critiques ont exprimé des inquiétudes quant à l’impact que la réforme écossaise pourrait avoir sur les espaces non mixtes tels que les refuges pour femmes et les prisons[371].
Le 10 juillet 2022, J. K. Rowling félicite le commentateurMatt Walsh du média en ligneThe Daily Wire pour son filmWhat is a woman ?, en estimant que le film« met en lumière l'incohérence de la théorie de l'identité de genre et certains des préjudices qu'elle a causés »[372]. Les utilisateurs de Twitter ont vivement critiqué Rowling par la suite, pour avoir fait l'éloge d'un travail qu'ils jugent transphobe[372].
Daniel Radcliffe, l'interprète deHarry Potter au cinéma, s'est désolidarisé des propos de Rowling concernant les droits des personnes trans.
Certains sites de fans de l'universHarry Potter, commeLa Gazette du sorcier, considèrent que Rowling en vient à exercer un « militantisme transphobe » ou « anti-trans », notamment par ce qu'ils considèrent de sa part comme une volonté d'exclusion des personnes trans ou par son insistance à vouloir défendre publiquement et régulièrement certaines personnes jugées transphobes[373],[374].
Certains acteurs de la franchise, commeJason Isaacs,Mads Mikkelsen,Ralph Fiennes etHelena Bonham Carter, dénoncent les attaques verbales contre Rowling et défendent saliberté d'expression, sans pour autant être d'accord avec les positions de Rowling[375],[376],[377],[378]. Pour Ralph Fiennes, la colère peut devenir« stupide » lorsqu'elle n'a« aucune nuance » et les propos de J. K. Rowling n'ont, d'après lui,« rien d'obscène » : elle évoque les choses d'après sa propre expérience de femme[377]. Des propos repris par l'acteur écossaisBrian Cox (pourtant favorable au projet de loi sur la réforme de la reconnaissance de genre), qui a déclaré qu'il n'aimait pas la façon dont J. K. Rowling avait été traitée :« Elle a le droit d'avoir son opinion, elle a le droit de dire ce qu'elle ressent, en tant que femme, […] à propos de son propre corps. […] Les gens ont été un peu prétentieux dans leur attitude envers J. K. Rowling »[379].
En novembre 2022,Daniel Radcliffe, qui avait déjà publié en juin de la même année une lettre ouverte dans laquelle il défendait les personnes trans face aux prises de position de Rowling, renouvelle son soutien dans une interview au siteIndieWire dans laquelle il indique avoir souhaité avant tout rassurer sa propre fanbase et la communauté LGBT+ qui s'était fortement identifiée à la saga, en leur montrant que« tout le monde dans la franchise ne ressentait pas la même chose » que J. K. Rowling[380].
En, Rowling inaugure et finance le centreBeira's Place(en), destiné à l'accueil des femmes (sous-entendu dans le sens « biologique » du terme) victimes de violences, dans le but d'offrir les« services nécessaires dans ce genre de situation », et notamment aux femmes victimes de viol ne souhaitant pas être prises en charge par d'autres personnes que des femmes biologiques[381]. Dans sa présentation, le centre précise que« toutes les personnes présentes dans le bâtiment seront des femmes », tout en précisant un peu plus loin qu'« il n'est pas garanti qu[e les espaces du bâtiment] soient réservés aux femmes » (« […] cannot be guaranteed as women-only spaces »)[382]. En réponse à la controverse sur la question de son accès« réservé aux femmes », la directrice du centre, Isabelle Kerr, a donné plus de précisions :« Nous sommes résolument un service conçu par des femmes pour des femmes. Notre personnel est entièrement féminin. Aucun homme n'est autorisé à entrer dans nos locaux pendant nos heures de consultation. Mais cela ne signifie pas que Beira's Place n'aidera pas les femmes trans. Nous savons qu'il faut beaucoup de courage à toute personne ayant survécu à un tel appel, c'est pourquoi nous proposons un soutien téléphonique. Une fois ce processus terminé, nous proposons des services en personne plus adaptés »[383].
L'entreprise caritativeRape Crisis Scotland, qui compte 17 centres à travers l'Écosse, a salué la décision d'ouvrir ce centre, mais estime que le soutien offert par les centres d’aide aux victimes de viol devrait également être disponible pour les personnes trans et non binaires[371].The Guardian a cité des spécialistes de crises de viol qui affirmaient que le centreBeira's Place « fournirait des services supplémentaires indispensables, car les services existants étaient submergés par de nouveaux cas » et a noté qu'« en vertu de la loi sur l'égalité, les services qui excluent les femmes trans sont légaux s'ils sont proportionnés et légitimes »[384]. En réponse à un fan qui saluait l'inauguration, Rowling a tweeté ironiquement« Merry Terfmas »[385],[386],[387],[f]. Rowling précise une nouvelle fois que selon elle, ce choix n'est pas motivé par une peur irrationnelle ou une quelconque haine envers les personnes trans, et regrette que les discussions sur le sujet deviennent compliquées du fait que ses propos soient interprétés comme « haineux »[389],[390],[391].
« Ce qu'on m'a souvent opposé, c'est qu'il n'y a pas une expérience universelle de ce qu'est la féminité. Mais il y en a une commune : c'est être une femelle. Si nous supprimons ça de nos analyses, tout s'effondre. J'ai été choquée de voir combien de femmes me contactaient pour me dire « on ne peut pas lutter sauf si c'est sur la base de notre classe de sexe »[381]. »
— J. K. Rowling(décembre 2022)
En, elle déclare ne pas être« gênée de descendre de son piédestal » et ne s'inquiète pas non plus de l'impact que son opposition à l'activisme trans pourrait avoir sur son héritage[392],[393]. Malgré les affirmations des fans selon lesquelles elle aurait trahi les messages véhiculés par ses romansHarry Potter, elle rétorque avoir maintenu« absolument » les mêmes positions que dans ses livres[394]. Elle a précisé également avoir anticipé le fait que ses opinions sur les questions transgenres rendraient « beaucoup de gens profondément mécontents » mais que cela était devenu une nécessité pour elle de le faire[394],[388].Suzanne Moore duTelegraph dit que Rowling« n'est pas venue ici pour son propre ego. Elle aurait pu se contenter de se reposer sur ses lauriers et de savourer son immense succès. Elle a choisi de prendre position. Elle est ce que tout le monde craint : une femme qui s[e] fiche complètement [des critiques] »[299]. Moore pense également que son expérience de la violence domestique et la compréhension de Rowling de ce que signifie être pauvre, parent isolé et ne pas avoir accès aux services sociaux, sont des aspects cruciaux pour comprendre sa position[299] :« Bien qu'elle soit incroyablement riche et célèbre, une part [d'elle] se demandera toujours comment payer la prochaine facture ou payer la garde des enfants. […] Elle comprend la vulnérabilité des autres »[299].
En, elle affirme que le termecisgenre est« un langage idéologique signifiant la croyance en un concept infalsifiable d'identité de genre »[395].
Dans son essai intituléQu'est-ce qu'une femme ?, Muriel Salle indique que les publications scientifiques, documents institutionnels et communications militantes mobilisent un nouveau vocabulaire dont les enjeux« ne sont pas toujours faciles à saisir »[396]. Il s'agit parfois de rendre compte de l’existence de personnes trans en questionnant les différences admises entre les sexes et en interrogeant les spécificités biologiques définissant habituellement « femmes » et « hommes », et parfois de dénaturaliser radicalement le genre, en passant par une référence explicite à l’organique[396] :« plus de « femme » donc, mais des « non-prostate owners », des « personnes ayant (ou ayant eu) une vulve », ou « un utérus », des « personne à vagin », des « personnes qui ont leurs règles »… »[396].
Le, une loi réformant les procédures de changement de prénom et d’enregistrement de sexe à l’état civil a été votée enBelgique[397]. Selon les universitaires belges Jean-Louis Renchon et Jean-Pierre Lebrun, certaines personnes transgenres entendent supprimer toute référence au sexe, en faisant disparaître ce qu’elles considèrent comme des « catégories » clivantes (être une femme ou être un homme), car ces dernières« enfermeraient les êtres humains dans une identité qui leur serait imposée de manière prétendument arbitraire par la société »[398]. La loi adoptée en Belgique représenterait selon Renchon et Lebrun« l'apogée du caractère radical des évolutions qui se sont produites, [et] qui a consisté à vouloir fonder le sexe des êtres humains sur le « principe d’autodétermination » »[398].
En, dans le contexte d'une projection au ministère britannique de la justice, J. K. Rowling refuse une nouvelle fois de désigner les femmes trans comme étant des femmes, et se déclare prête à faire deux ans de prison plutôt qu'à utiliser des pronoms féminins pour les femmes trans[399].
Dans son analyse sur leHuffPost, Loïse Delacotte souligne un durcissement dans les propos de Rowling[400]. Ses propos font réagir le députéCyrus Engerer, qui appelle à« désigner les personnes transphobes pour ce qu'elles sont »[401],[402].
2024 : Opposition à la loi sur les crimes de haine
Le 7 mars, India Willoughby porte plainte contre J. K. Rowling pour avoir parlé d'elle en tant qu'homme[403]. Rowling a dit aussi que Willoughby incarnait« un fantasme masculin misogyne de ce qu'est une femme »[403]. Willoughby a répondu« Je suis légalement une femme. Elle sait que je suis une femme et elle me considère comme un homme. C'est une caractéristique protégée »[403]. Elle a décrit les propos de Rowling comme un « crime de haine »[403]. Un porte-parole de la police a déclaré :« Bien que nous reconnaissions le bouleversement que cela a pu causer, le message a été examiné et ne répondait pas au seuil criminel »[403]. Rowling — qui reconnait de ce fait être « critique du genre », tout en se défendant de toute transphobie[404],[405] — a dit par la suite que Willoughby« semblait avoir oublié la décision de l'affaire Forstater, qui « a établi que les opinions critiques en matière de genre peuvent être protégées par la loi en tant que croyance philosophique » »[403]. Elle a ajouté qu'aucune loi ne l'obligeait à« prétendre croire » que Willoughby est une femme, ou à faire référence à Willoughby comme étant une femme[403].
Parallèlement, elle fait don de 70 000 £ à lacontestation judiciaire intentée parFor Women Scotland contre les ministres écossais devant laCour suprême du Royaume-Uni, ce qui relance lescontroverses autour de l'utilisation par l'écrivaine desroyalties de la licenceHarry Potter dans le financement d'associations considérées par de nombreux médias comme étant transphobes[411],[412].
Rowling exprime son opposition à laloi sur les crimes haineux(en) en Écosse, qui souhaite étendre son champ d'application aux caractéristiques comme l'âge, le handicap, la religion, l'orientation sexuelle, l'identité transgenre et les variations des caractéristiques sexuelles[413],[414]. La Fédération de police écossaise et le Barreau d'Écosse ont également exprimé leurs inquiétudes quant à la menace que ce projet de loi faisait peser sur laliberté d'expression[415]. Pour le siteAtlantico, la loi était« délibérément vague pour un effet dissuasif maximal » vis-à-vis de tout critique du genre[416].
Lorsque la loi entre en vigueur en, les militants transgenres saisissent l'occasion pour annoncer que le « mégenrage » est, selon eux, désormais illégal[416]. En réponse, Rowling publie une série de tweets sur dix femmes transgenres écossaises de premier plan, dontIsla Bryson, condamnée pour double viol ; Andrew Miller, ayant enlevé une jeune fille dans lesScottish Borders ;Mridul Wadhwa(en), duEdinburgh Rape Crisis Centre(en) et Katie Dolatowski, pédophile transgenre ayant agressé sexuellement une fillette de 10 ans dans les toilettes d'un supermarché àKirkcaldy[417],[418]. Tout au long du fil de discussion, Rowling a sarcastiquement qualifié toutes les personnes de femmes, mais a précisé à la fin :« De toute évidence, les personnes mentionnées dans les tweets ci-dessus ne sont pas du tout des femmes, mais des hommes, jusqu'au dernier d'entre eux »[419],[420]. Rowling a déclaré que, si ses commentaires étaient illégaux en vertu de la nouvelle loi, elle s'attendait à être arrêtée[421]. La Police écossaise a cependant déclaré que J. K. Rowling ne sera pas poursuivie, en estimant que les propos de l'écrivaine« n'étaient pas considérés comme criminels et ne feraient l'objet d'aucune action »[422]. Le Premier ministreRishi Sunak a défendu Rowling, déclarant : « Nous ne devrions pas criminaliser de simples faits biologiques »[423],[424],[425]. Sophie Durocher duJournal de Montréal réagit à son tours :« À un moment donné, il faudrait pouvoir parler légitimement des personnes transgenres et soulever des questions sans constamment se faire traiter de «phobes» »[426].
Quelques jours plus tard, le magazineForbes se penche sur la manière dont Rowling parvient, malgré les polémiques à répétition, à maintenir une marque personnelle forte et une influence significative au sein de l'opinion[427].
En, à l’occasion desJeux olympiques de Paris, elle participe à la vague d’accusations à l’encontre de la boxeuse algérienneImane Khelif, au cœur d’une controverse mondiale discutant de sa légitimité à participer aux JO dans la catégorie féminine[428]. L’autrice décrit le combat d'Imane Khelif contreAngelina Carini comme celui d'« un homme frappant une femme »[429]. Selon elle, Imane Khelif« se sait protégé[e] par [leCIO,] un établissement sportif misogyne »[430].Les accusations sont entretenues par diverses personnalités sur la base d’anciennes décisions d’autorités sportives sous secret médical et de rumeurs sur une potentielle transidentité de l’athlète[431],[432]. Selon la directrice de laSports and Rights Alliance (SRA), les contrôles de féminité types auxquels Khelif a dû se soumettre sont une forme d'intervention médicale contraignante« basée sur la discrimination et la surveillance », parce que les athlètes« ne se conforment pas aux normes occidentales de féminité dictées par des rôles patriarcaux »,[433]. Le cyberharcèlement engendré par ces accusations amène Imane Khelif à déposer une plainte au parquet de Paris pour« cyberharcèlement aggravé », dans laquelle J. K. Rowling est citée[434].
En novembre 2024, après la réélection deDonald Trump, et en réponse aux commentaires sur X l'accusant notamment d'être devenue d'extrême droite et de se réjouir de son élection — Trump se positionnant pour l'interdiction des athlètes féminines transgenres[435] —, Rowling a fait référence à un article précédent dans lequel elle affirmait que la gauche britannique avait« complètement foiré sur l'idéologie de l'identité de genre » ; que les femmes comme elle« ne sont pas et n'ont jamais été d'extrême droite »[344]. Elle a ajouté :« Nous voulons simplement que la gauche se réveille, car nous la voyons faire tout son possible pour aliéner ceux qu'elle représentait »[344].
Cinq ans après son tweet polémique de 2019, elle déclare que son seul regret est de ne pas s'être exprimée plus tôt[404],[416]. Dans leTime, elle écrit que :« De nombreuses personnes autour de moi, y compris des personnes que j’aime, me suppliaient de ne pas parler […] mais le mouvement sociopolitique qui insiste sur le fait que les femmes trans sont des femmes n’était ni gentil ni tolérant, mais profondémentmisogyne, régressif, dangereux dans certains de ses objectifs et ouvertementautoritaire dans ses tactiques »[416].
2025 : La Cour suprême du Royaume-Uni s'aligne sur le point de vue de Rowling
En janvier 2025, Rowling estime qu'« aucun enfant ne naît dans le mauvais corps », arguant que les adultes promeuvent une idéologie selon laquelle les corps peuvent être modifiés, ce qui pourrait s'avérer néfaste à l'avenir. Elle a critiqué les écoles qui affirmaient les identités trans sans le consentement des parents, et soutient que les parents devraient protéger leurs enfants d'une idée reçue selon laquelle les angoisses liées à la sexualité et à la puberté peuvent être résolues par des solutions nécessitant une dépendance à vie aux médicaments[436],[437].
Le 6 février 2025, à l'occasion de la signature du décret présidentielGarder les hommes hors du sport féminin, Rowling poste une photo deDonald Trump le signant et s'en prend à la gauche américaine, déclarant« Félicitations à toutes les personnes de gauche qui ont fait campagne pour détruire les droits des filles et des femmes. Sans vous, il n’y aurait pas d’images comme celle-ci »[438]. Elle rajoute ensuite dans un autre tweet« L’idéologie du genre a sapé la liberté d’expression, la vérité scientifique, les droits des personnes homosexuelles ainsi que la sécurité, la vie privée et la dignité des filles et des femmes. Elle a également causé des dommages physiques irréparables chez des enfants vulnérables. Personne n’a voté pour cela, la grande majorité des gens y est opposée, et pourtant, cela a été imposé, de manière verticale, par des politiciens, des organismes de santé, le monde académique, certains médias, des célébrités et même la police »[438].
Le 16 avril 2025, laCour suprême du Royaume-Uni tranche sur la question de la définition légale de ce qui fait qu'une femme en est une[439], donnant raison à l'associationFor Women Scotland(en) qui soutenait depuis 2018 contre le gouvernement écossais, le fait que cette définition ne devait s'appliquer qu'aux personnes nées de sexe féminin[440]. J. K. Rowling, qui avait fait un don de70 000 livres à l'associationFor Women Scotland l'année précédente, a salué la décision en déclarant :« Il a fallu trois femmes écossaises extraordinaires et tenaces, avec une armée derrière elles, pour que cette affaire soit entendue par la Cour suprême et, en gagnant, elles ont protégé les droits des femmes et des filles à travers le Royaume-Uni ». Cette décision a également été saluée par la cheffe de l'opposition conservatrice,Kemi Badenoch[441]. Pour Jonathon Van Maren du siteAtlantico, Rowling a« eu le courage et la clairvoyance de s'opposer et de dénoncer un mouvement » qu'il qualifie de« totalitaire » et« violent », et a« mis à profit sa célébrité, sa richesse et son pouvoir culturel » pour soutenir les militants féministes[416]. Des défenseurs des droits des femmes et sympathisants de Rowling disent qu'elle a été« stratégique » et soulignent sa« ténacité » et sa« clairvoyance » dans cette contribution financière[442]. En revanche, de nombreuses associations écossaises de défense des droits LGBT+, commeStonewall Scotland ouEquality Network(en) se sont émues de cette décision,Simon Blake(en) le président de l'association Stonewall Scotland a notamment fait part dans un communiqué de la« profonde inquiétude suscitée par les répercussions très larges de l'arrêt rendu par la Cour suprême. La décision est incroyablement inquiétante pour la communauté transgenre et tous ceux d'entre nous qui la soutiennent »[443].
Quelques jours plus tard, Rowling publie sur X une photo d'elle tenant un cocktail à la main et fumant un cigare à bord de son yacht, en reprenant le slogan de la sérié téléviséeL'Agence tous risques :« J'adore quand un plan se déroule comme prévu »[442]. Cette manifestation est interprétée comme provocatrice à l’encontre de ses détracteurs : une attitude« typique » de Rowling selon leGuardian, qui« ne semble pas pouvoir être intimidée »[442].
En juin 2025, elle annonce la création d’un fonds privé, leJ.K. Rowling Women’s Fund, destiné selon elle à financer les« batailles légales de femmes qui protègent leurs droits liés à leur sexe biologique » — un fonds qualifié de « transphobe » par une grande majorité de médias français, dontTélérama,Libération,Elle ouL'Humanité, dans la mesure où il s'agit de lutter contre les droits des personnes trans[444],[445],[446],[447],[448].Michel Guérin, rédacteur en chef au journalLe Monde, pense en juin 2025 qu'il existe« un monde entre la J. K. Rowling [dépréciée] décrite dans les médias […] et son image réelle dans l’opinion »[449].
Mandy Rhodes, rédactrice en chef du magazineHolyrood et militante pour les droits des femmes en Écosse, admet avoir d'abord été sceptique quant à l'implication de Rowling dans la prise en charge de centres pour femmes, avant de changer d'avis[299] :« En quelques jours, j'ai compris son engagement. […] Nombre d'entre nous qui avons su rester vigilants se sont alors retrouvés dans une situation où ils essayaient de sauver leur emploi ou de préserver leur santé mentale face aux critiques. [J. K. Rowling] était en position de force et elle en a profité. Cela a vraiment tout élevé »[299]. PourSuzanne Moore, la réaction émotionnelle de Rowling est contrebalancée par sa conviction sur les questions fondamentales, notamment que les femmes et les filles comptent particulièrement pour elle, et que les enfants ne devraient pas être médicalisés :« Elle considère cela comme l'un des plus grands scandales médicaux de la dernière décennie »[299]. Elle affirme également que de nombreuses femmes partagent les préoccupations de Rowling, mais que« les exprimer vous met dans une position très solitaire. On vous insulte constamment »[299].
Philanthropie
En, elle crée leVolant Charitable Trust, qui utilise son budget annuel d'environ 5 000 000 £[450] (5,6 millions €) pour combattre la pauvreté et l’inégalité sociale. Une partie de ces fonds est également reversée à des associations d’aide aux enfants, aux familles monoparentales et à la recherche sur lasclérose en plaques[451].
Lutte contre la pauvreté et protection de l'enfance
Rowling écrit à la mainLes Contes de Beedle le Barde, un recueil des contes mentionnés dansLes Reliques de la Mort, en seulement sept exemplaires dont six destinés principalement à ses proches. Le septième est vendu lors d’une mise aux enchères le àSotheby's au profit de l’associationThe Children Voice pour un montant de 1 950 000 £[452] (2,2 millions €). L’ouvrage est finalement publié début[453]. Rowling déclare :« Cela signifie tellement pour les enfants en situation de besoin. Noël arrive en avance pour moi »[454],[455].
S'étant déjà retrouvée en position deparent isolé, Rowling devient ambassadrice de l’association caritativeOne Parent Families en dont elle est l'actuelle présidente[456]. Rowling écrit, en collaboration avecSarah Brown, épouse de l'ancienPremier ministreGordon Brown, un recueil d’histoires pour enfants dont les bénéfices vont àOne Parent Families[457].
En, Rowling et ladéputée européenne Emma Nicholson fondent leChildren's High Level Group[460],[461] (CHLG, ou « Groupe de Haut Niveau pour l’Enfance »), qui sera rebaptiséLumos en 2010[462]. En, Rowling se rend àBucarest pour dénoncer l’utilisation des lits-cages dans lesinstitutions psychiatriques pour enfants[461].
En, pendant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'associationLumos collecte des fonds pour fournir de la nourriture, des kits d'hygiène et des kits médicaux aux personnes touchées par la crise humanitaire àJytomyr, à l'ouest deKiev, et notamment aux enfants bloqués dans les orphelinats de la région[465],[466]. J. K. Rowling s'engage à s'aligner personnellement sur les dons obtenus par l'association, à hauteur d'un million de livres sterling[465].
Sclérose en plaques
Rowling soutient la recherche et le traitement de lasclérose en plaques[467],[468]. En 2006, elle contribue substantiellement à la création d'un nouveau centre de médecine régénérative à l'université d'Édimbourg, nommée « Clinique de neurologie régénérative Anne Rowling » en mémoire de sa mère, morte en 1990 du fait de cette maladie[469]. En 2010, elle fait don de10 millions de livres supplémentaires à la clinique[470], puis, en 2003, prend part à une campagne visant à établir une norme nationale de soins pour les personnes atteintes de la maladie[471].
En 2009, elle retire son soutien à la Société écossaise de la sclérose en plaques en évoquant l'incapacité de cette dernière à résoudre une querelle persistante entre les branches nord et sud de l'organisation, ayant miné le moral et entraîné la démission de plusieurs de ses membres[471].
En, J. K. Rowling annonce qu'elle versera 19 millions de dollars supplémentaires à la clinique Anne Rowling[472],[473].
En, la chaîne de librairiesWaterstones demande à J. K. Rowling et à d'autres auteurs[i] d'écrire une brève histoire sur une carte postale de formatA5. Les cartes ont ensuite été vendues aux enchères pour l'association caritativeDyslexia Action et lePEN club international. La contribution de J. K. Rowling était unPrologue à Harry Potter, un texte de800 mots mettant en scène le père de Harry,James Potter, et son parrainSirius Black trois ans avant la naissance de Harry[474],[j]. Le texte a été mis en ligne en juin 2008 mais la carte manuscrite originale a été volée lors d'un cambriolage en[475],[476].
La révélation du nom de J. K. Rowling en tant que véritable auteure deL'Appel du coucou en 2013 a mené à une augmentation massive des ventes du livre en question, après quoi Rowling a annoncé qu'elle reverserait tous ses droits d'auteur au Fonds de bienfaisance de l'armée, ajoutant que cela avait été son intention dès le départ mais qu'elle n’avait pas prévu que le livre se vende aussi bien[480].
Rowling est membre desPEN club anglais et écossais. Elle a fait partie des cinquante auteurs à contribuer à l'action « First Editions, Second Thoughts », une vente aux enchères de charité. Chaque auteur devait annoter une copie de la première édition de l'un de ses livres : dans le cas de Rowling,Harry Potter à l'école des sorciers. Le livre était le lot le mieux vendu de l'événement, s'élevant à150 000 livres sterling[481].
Rowling soutient également leShannon Trust, qui dirige le plan de lectureToe by Toe et le plan de lectureShannon dans les prisons britanniques, aidant et proposant un tutorat aux détenus illettrés[482].
En 2020, pendant lapandémie de Covid-19, l'auteure fait don d'un total de 1,13 million d’euros, destiné à deux associations britanniques :Crisis(en), qui vient en aide aux personnes sans logis, etRefuge(en), qui lutte contre les violences domestiques pendant le confinement[483],[484].
Acquisitions
En 2015, J.K. Rowling rachète l'Amphitrite (47,5 mètres de long) à l'acteurJohnny Depp. Elle s'en sépare en 2016, après une seule saison d'utilisation[485].
En 2023, elle acquiert auprès du milliardaire australienBrett Blundy(en) le yachtCloud 9(en) (88,5 mètres de long), qu'elle rebaptiseSamsara[486].
Distinctions
J. K. Rowling a remporté plusieurs honneurs et distinctions pour son travail artistique. Les plus importants sont énumérés ci-dessous :
J. K. Rowling a écrit cette nouvelle pour l’association d’écrivains PEN club en faveur d’une association contre la dyslexie. Le récit manuscrit sur une carte, signé, a été vendu aux enchères comme treize autres cartes d’autres auteurs le 11 juin 2008 à Piccadilly, avec une mise à prix de 25 000 £ et un prix final de 47 150 £, récupéré par Hira Digpal, un banquier tokyoite. La carte a été publiée dans un livre et sur le net.
La Meilleure des vies : des bienfaits insoupçonnés de l'échec et de l'importance de l'imagination, Grasset,2017
L’auteure a été invitée en 2008 à prononcer un discours de remise des diplômes aux étudiants de Harvard. En 2017, elle publie le texte de ce discours où elle transforme ce rite de passage en une leçon de vie inspirée de son parcours.
Contribution de l'auteure à un livre épistolaire contre leBrexit. L'ouvrage a été publié le 31 octobre 2019, date à laquelle le Brexit était prévu, et contient les lettres de nombreuses personnalités britanniques. Une traduction en français de la lettre de J. K. Rowling est publiée sur le siteLa Gazette du sorcier[3].
Le livre, en deux volumes, reprend des textes inédits initialement publiés sur Pottermore, le second reprenant les textes des trois livresNouvelles de Poudlard : Pouvoir, Politique et Esprits frappeurs enquiquinants,Nouvelles de Poudlard : Héroïsme, Tribulations et Passe-temps dangereux etPoudlard : Le Guide pas complet et pas fiable du tout.
Un téléfilm américain, intituléJ. K. Rowling : La Magie des mots, est diffusé depuis le[523] surLifetime et régulièrement diffusé surTF1[524]. Il s'agit d'un film biographique réalisé par Paul Kaufman et centré sur l'enfance et le début de carrière de la romancière. Son rôle est interprété par l'actrice australiennePoppy Montgomery.
J. K. Rowling a précisé en qu'elle ne souhaitait pas voir ce film[525].
↑Cette initiale « K. » a été choisie par Rowling juste avant la publication de son premier roman, en hommage à sa grand-mère paternelle, Kathleen[1],[2].
↑Joanne Rowling a souvent dit qu'elle venait de Chipping Sodbury, source d'inspiration pour l'amour qu'elle porte aux noms particuliers, selon son biographe Sean Smith (voir bibliographie). Sodbury est la ville voisine de Yate, et comprend de nombreux magasins d'antiquités et maisons élégantes.
↑Le cottage a servi de lieu de culte accueillant les fidèles jusqu'à la consécration de l’église voisine en 1853 (d'où son nom). Le cottage a également servi de bâtiment scolaire principal de 1848 à 1893 (Sean Smith,J. K. Rowling, la magicienne qui créa Harry Potter,p. 44).
↑Le restaurant aux couleurs vives a maintenant disparu, remplacé par un restaurant chinois, leBuffet King[1], entre 2003 et 2009, puis par leSpoon Café jusqu'en 2020[2].
↑L'auteure s’empare régulièrement, et avec ironie, de l’acronyme « TERF » qui lui a été plusieurs fois attribué, afin de déformer certains mots[388].
↑Ont également été sollicitées : la présentatrice de télévision et auteure de livres de cuisine Delia Smith et l'auteure de la sagaBridget Jones,Helen Fielding.
↑Cet extrait lu pendant la cérémonie varie légèrement du texte original :« Of all delectable islands, Neverland is the snuggest. It's not large and sprawly, you know, with boring distances between one adventure and the next, it's nicely crammed. When you play at it by day with the table and chairs, it's not a bit frightening, but in the two minutes before you go to sleep, it is real. »
↑abc etdMathilde Loire, « Les fans de « Harry Potter » secoués par les propos jugés transphobes de J. K. Rowling »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)[PDF].
↑ab etcMuriel Salle,Qu'est-ce qu'une femme ?, Éditions Matériologiques,(lire en ligne), « Quand le mot « femme » disparaît. Innovations sémantiques ou nouvelles formes d’invisibilisation ? »,p. 69-91.
↑a etbJean-Pierre Lebrun et Jean-Louis Renchon,Où va la famille ? : Droit et psychanalyse, Érès,(lire en ligne), « Vers l’autodétermination de son sexe ? »,p. 193 à 270.
↑Paul Guillibert et Frédéric Monferrand,Le capitalisme magique d’Harry Potter,(lire en ligne), « Classe, race et histoire dans le monde de J. K. Rowling »,p. 58 à 69.
↑(en) LeoSands,« Scotland's hate speech law ignites culture war far outside its borders »[archive du], surThe Washington Post,(consulté le) :« In a series of social media posts, which misgendered trans women and mocked their physical appearance, Rowling — who lives in Scotland — wrote that 'freedom of speech and belief are at an end … if the accurate description of biological sex is deemed criminal,' and dared Scottish police to arrest her 'if what I’ve written here qualifies as an offense.' ».
↑(en) KatyScott,« Yousaf 'not surprised' JK Rowling posts are not criminal »[archive du], surBBC News,(consulté le) :« Humza Yousaf said he was "not surprised" police had assessed JK Rowling's online posts challenging the new hate crime law to be non-criminal. The Harry Potter author described several transgender women as men, including convicted prisoners, trans activists and other public figures. ».
↑« Au Royaume-Uni, la définition légale d’une femme repose sur le sexe biologique et non sur le genre, tranche la Cour suprême »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑Emma Defaud, « J.K. Rowling poursuit sa croisade transphobe avec un fonds privé financé par les profits de “Harry Potter” »,Télérama,(lire en ligne, consulté le).
↑Jolan Maffi, « J.K. Rowling : regarder la série “Harry Potter” financera ses idéaux transphobes »,Les Inrockuptibles,(lire en ligne, consulté le);
↑« Transphobie : la créatrice milliardaire de Harry Potter J.K. Rowling alimente un fonds contre les personnes trans »,Libération,(lire en ligne, consulté le).
↑Alexandra Tizio, « Comment J.K. Rowling utilise sa fortune de la saga « Harry Potter » pour poursuivre sa croisade transphobe »,Elle,(lire en ligne, consulté le).
↑Julie Debray-Wendeling, « J.K. Rowling créé un fonds privé transphobe avec l’argent d’Harry Potter »,L'Humanité,(lire en ligne, consulté le);
[Panneel et Lhoste, 2017] Youri Panneel, Lucile Lhoste,Analyse de l'oeuvre : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. Rowling, Le Petit Littéraire,(ISBN2806290627).
[Panneel et Stas de Richelle, 2017] Youri Panneel, Manon Stas de Richelle,Analyse de l'oeuvre : Harry Potter et la Chambre des secrets de J. K. Rowling, Le Petit Littéraire,(ISBN2806283469).
[Guihéneuf et Balthasar, 2017] Sandrine Guihéneuf, Florence Balthasar,Analyse de l'oeuvre : Harry Potter et la Coupe de feu de J. K. Rowling, Le Petit Littéraire,(ISBN2806291402).
Autres
[Making-of AF, 2016] Collectif,Au cœur de la magie : le making-of des Animaux Fantastiques, HarperCollins,(ISBN979-1-0-3390001-6).
[Revenson, 2015] Jody Revenson,Harry Potter - Le Grand Atlas, la magie au cinéma, Huginn & Muninn,(ISBN978-2-36480-299-5).
La version du 14 décembre 2017 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.