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| Origines stylistiques | euro disco,disco,post-disco,musique italienne |
|---|---|
| Origines culturelles | milieu desannées 1970,Italie |
| Instruments typiques | synthétiseur,boîte à rythmes,basse,voix,vocodeur |
| Popularité | underground à la fin des années 1970 et au début des années 1980, élevée au milieu desannées 1980, surtout enEurope |
| Voir aussi | liste d'artistes d'Italo disco |
Genres dérivés
house,Chicago house,techno de Détroit,italo house,italo dance,eurobeat,eurodance
Genres associés
L'Italo disco, parfois écritItalo-disco ou abrégé enItalo, ou encoreitalo disco sans majuscule, est ungenre musical dérivé dudisco qui a émergé enItalie à la fin desannées 1970. Le nom du genre est largement attribué à Bernhard Mikulski, le fondateur dulabel discographique ouest-allemandZYX Music. L'appellation sert d'abord à commercialiser le style en dehors de l'Italie, avant de désigner un genre musical à part entière.
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, il rencontre le succès dans lesdiscothèques américaines, en particulier àChicago etDétroit. Il se popularise significativement durant lesannées 1980 en Italie et dans le reste de l'Europe. Le genre atteint un pic de popularité entre 1983 et 1988 et disparaît vers 1989. Il a influencé d'autres styles demusique électronique, dont l'italo house, l'italo dance, l'eurobeat ou l'eurodance. L' italo disco connaît un renouveau au cours desannées 2000, avec la publication de plusieurscompilations dédiées au genre et à travers des artistes tels queSally Shapiro.
Il est plus électronique que le disco « classique » et se distingue par l'utilisation desynthétiseurs et deboîtes à rythmes produits en masse. L'italo disco se caractérise aussi par ses mélodies accrocheuses et facilement reconnaissables. Les chansons du genre sont généralement chantées enanglais tandis que la voix est filtrée de façon électronique. Les paroles abordent des thèmes comme l'amour, lavie nocturne, latechnologie et ladanse. Les artistes d'Italo disco utilisent desnoms de scène à consonance anglaise, avec souvent desjeux de mots ou desinside jokes.
Vilipendé par lescritiques musicaux italiens au cours des années 1980, le genre est perçu comme le résultat de l'oppression culturelle américaine sur la culture italienne. Souvent qualifié de « commercial » et de « ringard », l'italo disco a inspiré des artistes de musique électronique dans le monde entier. Des sonorités propres au genre se retrouvent ainsi chez des groupes britanniques tels qu'Erasure,New Order ou lesPet Shop Boys.
Lamusique de danse italienne est à la base connue sous le nom de « spaghetti disco »[1]. Ce terme apparaît en 1979 avec une reprisedisco deI'm a Man, une chanson duSpencer Davis Group, interprétée par le groupe Macho et produite par Mauro Malavasi[2]. L'appellation « spaghetti disco » est par la suite remplacée par l'expression « Italo disco »[3],[4]. Le terme est parfois écrit « Italo-disco » ou abrégé « Italo »[5],[6].
Le premier usage du terme « Italo disco » est largement attribué à Bernhard Mikulski, le fondateur dulabel discographique ouest-allemandZYX Music[5],[3],[7],[8],[Note 1]. Cette appellation sert ainsi à commercialiser le style musical en dehors de l'Italie[5],[2],[Note 2]. La premièrecompilation de ZYX sort à la fin de l'année 1983[9]. Le label sort un mix sous forme de compilation intituléItalo Boot Mix, qui rassemble des chansons d'artistes signés sous ZYX[6]. Il sort aussi seize volumes de doublesLP, qui portent à chaque fois la mentionThe Best of Italo Disco aux couleurs du drapeau italien[3]. À partir de là, l'Italo disco devient synonyme de « dance made in Italy »[8].
L'Italo disco, d'abord un outil servant au classement géographique, devient un genre musical à part entière avec le succès d'artistes tels queRigheira,Baltimora ouGazebo au cours des années 1980[7]. Il n'est plus juste conçu en Italie, mais aussi dans d'autres pays européens tels que l'Allemagne de l'Ouest, l'Espagne ou la Suisse[6],[12]. Des artistes qui ne sont pas italiens, comme l'allemand Robert Görl, le britannique Shock, le canadienGino Soccio ou le croateSandy Marton, ont ainsi été associés à l'Italo disco au cours de leur carrière musicale[7],[13].
Aux États-Unis, le genre est qualifié de « musique progressive » àDétroit au début des années 1980[14],[15]. L'appellation vient du fait que cette musique ressemble davantage à l'Euro disco deGiorgio Moroder qu'au son symphonique de laPhiladelphia soul[14] et qu'elle est davantage basée sur des sonorités électroniques[15]. Au cours des années 1980, l'Italo disco a souvent été commercialisé sous le nom d'Eurobeat aux États-Unis pour éviter d'utiliser le terme « disco », alors connoté négativement dans le pays[16].
Ledisco fait son apparition en Italie au milieu desannées 1970[17]. L'une des premières chansons disco italienne connue estNessuno mai, interprétée parMarcella Bella[7]. Elle atteint la4e place duhit-parade italien en[18]. En parallèle avec la sortie du filmLa Fièvre du samedi soir, de plus en plus d'artistes italiens sont attirés par la musique disco[7] et par des groupes tels queVillage People ouBoney M[8]. Desdiscothèques commencent à se répandre dans les grandes villes italiennes pendant les années 1970, en particulier àMilan etRome, mais aussi enÉmilie-Romagne[1].
Le disco connaît un succès mondial aux alentours des années 1977 et 1978[1]. Dans le même temps, une nouvelle génération de producteurs et de musiciens italiens, pour la plupart issus dumilieu classique ou associés aurock progressif, commencent à composer des chansons orientéesdance qui connaissent un succès international[1].Alan Sorrenti et Celso Valli, deux musiciens qui évoluaient jusqu'alors dans le rock progressif, se reconvertissent dans le disco[7],[19]. Sorrenti devient populaire grâce à une chanson de disco intituléeFigli delle stelle[7], qui se retrouve classéeno 1 en Italie en[20]. À la fin des années 1970, plusieurs artistes italiens tels que Barbados Climax, D. D. Sound et Gepy & Gepy deviennent connus grâce à destubes commeCalifornia USA,Disco Bass etBody to Body[7]. D'autres artistes, dontGiorgio Moroder etUmberto Tozzi, s'inscrivent plus durablement dans l'ère disco et en deviennent des représentants notables[7]. Des versions disco d'anciens tubes italiens font également leur apparition, parmi lesquellesDisco Quando de Tony Renis, sorti en 1978[7].

La base de l'Italo disco commence à se dessiner à partir du milieu des années 1970, lorsque le musicien et producteur italien Giorgio Moroder décide d'abandonner toute forme d'instrumentation traditionnelle au profit de nouvelles formes demusiques électroniques[15]. Connu à ce moment-là pour lesmusiques de film qu'il compose à l'aide desynthétiseurs,vocodeurs etboîtes à rythmes[6], il est l'une des premières personnes au monde à posséder unMoog III[15]. Le synthétiseur, dont les premiers exemplaires sont vendus à 10 000 dollars, lui permet de créer de nouveaux sons, qu'il incorpore rapidement dans sa musique[15]. Il compose dès 1972Son of My Father, qui atteint la46e place duBilbloard Hot 100 américain cette année-ci[15],[22]. En 1975, lui et son collègue Pete Bellotte utilisent des instruments électroniques pour composer les17 minutes deLove to Love You Baby, interprété par la chanteuse américaineDonna Summer[15].
Une autre collaboration entre Giorgio Moroder et Donna Summer datant de 1977,I Feel Love, marque un tournant dans l'ère disco : il s'agit du premier tube musical à être enregistré avec une piste d'accompagnement entièrement synthétique[23]. Le titre représente alors une influence majeure pour plusieurs genres musicaux à venir, dont l'Italo disco[21],[24],[25]. Moroder sort la même annéeFrom Here to Eternity, un album entièrement électronique où les morceaux s'enchaînent sans interruption[24]. Avec sespercussions électroniques, ses synthétiseurs analogiques et sesboucles debasse, certains le considère comme l'un des tout premiers disques d'Italo disco[26]. Trois titres parus en 1978,Chase de Moroder etSpacelab etMetropolis deKraftwerk, tirés de l'albumThe Man-Machine, sont crédités pour avoir défini les traits caractéristiques du genre[27].

Avec la démocratisation desboîtes à rythmes, dessynthétiseurs et de laprogrammation musicale, le disco se transforme peu à peu en un nouveau style, lepost-disco, dont l'une des formes dérivées est l'Italo disco[29]. L'un des premiers représentants de l'Italo disco, les frèresLa Bionda connaissent leur premier succès en 1978 avecOne for You, One for Me, qui devient rapidement untube international[8]. À la fin des années 1970, les pionniers du genre se rabattent sur de la technologie à la fois bon marché et accessible, tout en expérimentant de nouveaux sons[15]. En partie influencé parGiorgio Moroder, le producteur italien Alexander Robotnick découvre laTB-303 et l'utilise pour composer en 1983Problèmes d'amour, qui est alors l'un des tout premiers titres à utiliser les sons caractéristiques de ce synthétiseur[15],[30].Problèmes d'amour influence par la suite l'Italo disco, mais aussi lahouse[31].
ÀNew York, le magasin de disques Vinyl Mania deGreenwich Village est l'un des tout premiers à commercialiser des disques d'Italo disco en Amérique du Nord[32]. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, l'Italo disco influence grandement les musiciens deChicago etDétroit, où il devient très populaire, ainsi que les genres musicaux issus de ces deux scènes musicales, laChicago house et latechno de Détroit[13],[33],[34]. L'Italie continue en effet de produire de la musique disco après 1981, alors que celui-ci n'est plus joué en boîte de nuit à partir de ce moment-là[35]. Après la levée de restrictions commerciales auxÉtats-Unis, qui interdisaient les imports en provenance de l'étranger, lesDJs américains et leurs audiences à la recherche de sons nouveaux découvrent des disques d'Italo disco, dont certains datent déjà de quelques années[15]. Ainsi des artistes et producteurs italiens tels qu'Alexander Robotnick, mais aussi Klein & MBO, Doctor's Cat etClaudio Simonetti, commencent à rencontrer le succès dans les boîtes de nuit américaines après la « mort du disco »[14],[36],[Note 3].
Particulièrement faciles à mixer en raison de leur côté très synthétique, les disques d'Italo disco deviennent particulièrement populaires à Chicago, en très grande partie grâce auxHot Mix 5[38]. Ce groupe de DJs s'intéresse beaucoup à ces disques et la plupart des titres qu'ilsremixent s'inscrivent dans ce genre musical[39]. LaChicago house est alors influencée par des imports tels queFeel the Drive de Doctor's Cat[40]. Par ailleurs, certaines des toutes premières compositions houseéchantillonent directement des titres d'Italo disco ; c'est le cas deMB Dance de Chip E., qui échantilloneMBO Theme deKlein & MBO, ainsi que deYour Love deJamie Principle, qui reprend laligne de basse deFeel Good d'Electra[13].Kalimba de Luna deTony Esposito (1984) est néanmoins cité comme l'un des titres les plus échantillonés par les artistes de house[28].
Problèmes d'amour d'Alexander Robotnick remporte un franc succès à Chicago, où il se vend à environ 12 000 exemplaires[30], ainsi qu'à Détroit[15]. En 1981,Sharevari du groupeA Number of Names devient l'une des toutes premières compositions électroniques de la scène musicale de Détroit[41]. Le titre y devient populaire et influence par la suite des grands noms de cette scène, dontDerrick May etCarl Craig[6]. Lesclassements dance du magazine américainBillboard voient apparaître des singles commeIt's a War du groupe italienKano[15],[34], classé2e en, derrièreCelebration deKool and the Gang[42]. En août de la même année, leur singleI'm Ready/Holly Dolly se classe à la8e place du classement[43].Dirty Talk de Klein & MBO connaît à son tour le succès dans les boîtes de nuit américaines en 1982, notamment à New York[3] et auWarehouse deChicago, où la house est sur le point de voir le jour[17]. Il atteint par ailleurs la14e place des classements dance en août de cette année[44].
Jusqu'à la fin des années 1970, les DJs italiens sont plus fascinés par les sons venant des États-Unis que ceux de l'Italo disco[8]. Cependant, à partir du début des années 1980, importer des disques américains en Italie devient trop cher[24]. Les principaux importateurs sont contraints de réduire les commandes en provenance desdiscothèques américaines, sur lesquelles les DJs fondaient jusqu'à présent leurprogrammation, et se rabattent à la place sur les productions locales[24]. Giorgio Moroder prouve aux DJs que l'Italo disco est capable d'ambiencer une salle et surtout le côté lucratif du genre[8],[Note 4]. Le début des années 1980 voit aussi l'apparition de boîtes de nuit un peu partout en Italie, notamment àRimini etRiccione, qui deviennent des lieux privilégiés pour s'amuser et oublier des années 1970 très dures[8]. Le son distinctif de l'Italo disco commence à se faire connaître en 1982, avec la parution deMasterpiece deGazebo[46].

L'Italo disco connaît sa période de gloire entre 1983 et 1988[10],[47],[48]. Des artistes tels queSavage,Tom Hooker,Silver Pozzoli,Albert One ouKen Laszlo font leur apparition[10]. LacompilationItalo Boot Mix du labelZYX Music remporte un franc succès en Europe[6] tandis queHey Hey Guy de Ken Laszlo se vend dans les 100 000 exemplaires[3].I Like Chopin deGazebo etDolce Vita deRyan Paris deviennent tous deux des tubes internationaux et connaissent le succès à travers toute l'Europe[49].I Like Chopin, qui se fait même connaître au Japon, est aussi l'un des deux plus grostubes de l'été 1983 avecVamos a la playa deRigheira[50]. Il devient l'un des singles les plus vendus de 1983 en Italie[46] et se vend à huit millions d'exemplaires à travers le monde[8],[46]. Le titre est immédiatement repris par d'autres artistes, qui désirent eux aussi connaître le succès[46]. L'albumGazebo et le singleLunatic connaissent eux aussi un certain succès[46].
C'est au milieu des années 1980 que l'Italo disco se popularise dans toute l'Europe, avec notamment Gazebo,Den Harrow,Raf et Righeira[24]. C'est à ce moment-là que de nouveaux labels voient le jour et que naissent les premiersvidéoclips[8]. L'Italo disco est particulièrement populaire enAllemagne de l'Ouest[51] et Raf devient l'un des artistes italiens les plus passés dans les boîtes de nuit du pays grâce à sa chansonSelf Control[8]. Le genre rencontre également le succès enEspagne, auPortugal, enSuisse, auxPays-Bas, enAutriche, auDanemark, enSuède et enYougoslavie[10]. L'Italo disco se fait même connaître enRussie, pays très fermé par rapport au reste de l'Europe[10],[28].

Le nombre de chansons italiennes chantées enitalien diminue nettement et des labels comme Baby Records décident de promouvoir des chansons avec des paroles en anglais[53]. Les tubes les plus représentatifs de l'Italo disco sont produits en Italie, dans des villes telles queMilan,Rimini ouRome[47]. À Milan, les chansons sont pressées puis distribuées par la maison de disques Discomagic[5]. D'autres tubes proviennent des Pays-Bas, d'Allemagne de l'Ouest ou d'Autriche[47]. En Espagne, le genre est popularisé par l'intermédiaire du labelBlanco y Negro[54]. Entre 1984 et 1988, des labels italiens tels que Discomagic ouTime publient de nombreux titres en petite quantité, créant ainsi un engouement pour le genre, où les disques sont très rapidement remplacés par d'autres productions similaires[10]. Les disques deviennent des objets de mode et leurpochette devient le moyen le plus efficace pour attirer les clients[8]. L'Italo disco sert aussi de moyen de promotion à des femmes souvent considérées comme sans talent artistique particulier, commeAlba Parietti,Angela Cavagna,Nadia Cassini et surtoutSabrina Salerno[7]. Toutes ont à un moment ou un autre véhiculé l'image d'une« brunette italienne sexy, tout en courbes et aux lèvres pulpeuses » à l'étranger[7].
EnFrance, le succès de l'Italo disco est représenté parBaltimora, Den Harrow, Gazebo,P. Lion etValerie Dore[10],[55].Pino D'Angiò y vend plus de deux millions de disques[8].Dream de P. Lion devient le générique duTop 50 à partir de[56].
L'Italo disco rencontre très peu de succès enAmérique du Nord et auRoyaume-Uni[5],[6],[57],[58],[59]. Les chansons du genre sont en effet rarement classés dans leshit-parades britanniques ou américains[58]. L'Italo disco est presque toujours resté unphénomène underground dans ces pays, où il n'est la plupart du temps écouté qu'en discothèque[6]. AuxÉtats-Unis,Tarzan Boy de Baltimora atteint de façon surprenante la13e place duBillboard Hot 100 en[55],[60]. La chanson est classéeno 1 pendant cinq semaines consécutives dans leTop 50 français et devient même populaire enAfrique du Sud[61]. La reprise deSelf Control de Raf parLaura Branigan connaît aussi le succès aux États-Unis[24], où le titre est classé4e en 1984[62].
Au fil du temps, l'Italo disco évolue vers des sonorités plus proches de ladance-pop, comme c'est le cas pourCall Me deSpagna (1985) ouBoys de Sabrina (1987)[4]. Spagna écrit et chante sur d'autres chansons d'Italo disco au début des années 1980, avant de lancer sa propre carrière solo[63]. Influencée parMadonna au niveau de sa tenue vestimentaire, elle lanceEasy Lady, l'un des tubes les plus dansés enItalie en 1986[8].Easy Lady se vend à 1,5 million d'exemplaires à travers l'Europe[64].Call Me devient à son tour un tube européen l'année suivante, avec des ventes estimées à 1,4 million d'exemplaires en[64]. En 1986,Den Harrow rencontre le succès avecBad Boy, qui devient le single italien au plus gros succès européen derrièreTarzan Boy[53]. L'année suivante,Boys de Sabrina atteint le top 10 dans presque tous les pays européens[52]. La chanson est classéeno 1 en France et atteint aussi la3e place du hit-parade britannique, ce qui est alors un exploit pour un artiste italien[52]. Son single suivant,Hot Girl se classe bien dans la plupart des mêmes pays[52].
Linda Jo Rizzo, une chanteuse américaine basée en Allemagne de l'Ouest, collabore avec le producteurFancy et lance le singleYou're My First You're My Last, qui rencontre beaucoup de succès dans les boîtes de nuit européennes en 1986[65],[Note 5]. Les chansons de Linda Jo Rizzo deviennent pendant un moment synonymes d'Italo disco « made in Germany » et leur style reçoit le surnom de « son Linda Jo Rizzo »[65].
L'Italo disco commence à baisser en popularité vers 1987[67]. Le genre décline à mesure que les artistes d'Italo disco commencent à expérimenter avec desbeats plus durs et les sons de lahouse, qui finira par supplanter le genre[51]. À la fin des années 1980, l'Italo disco évolue vers l'Italo house, beaucoup plus rapide et aux sonorités électroniques plus marquées, avec un côté souvent pluspop[37]. La popularité de l'Italo house et duhip-hop italien entraîne le déclin de l'Italo disco[3], qui disparaît vers 1989[45]. L'Italo disco donne aussi naissance à l'Italo dance[68] et est un précurseur de l'Eurodance des années 1990[5],[61]. Le genre a influencé de nombreux artistes des années 1990, parmi lesquels2 Unlimited,Ace of Base,Corona,Culture Beat,Dr. Alban ouHaddaway[47]. En Italie, le genre influence les tubes deGigi D'Agostino et d'Eiffel 65[10]. Jusque dans les années 1993-1994, des artistes tels queSavage etRic Fellini restent toujours actifs et continuent de sortir des chansons chez des labels tels queTime[10]. Après le déclin de l'Italo disco en Europe, des producteurs ouest-allemands et italiens modifient le son du genre pour l'adapter au marché musical japonais[51]. Le genre dérivé de l'Italo disco ainsi obtenu, l'Eurobeat, connaît un immense succès au Japon[69]. Les imports de disques d'Italo disco en provenance d'Europe contribuent en partie au développement d'une danse synchronisée appelée lePara Para[70].

Au cours desannées 2000, l'Italo disco et plusieurs autres genres musicaux desannées 1980 sont remis au goût du jour[1]. À mesure que les années passent, les titres d'Italo disco deviennent très appréciés des amateurs et collectionneurs des chansons du genre[5],[10]. Certainsmaxi 45 tours provenant de l'« âge d'or » du genre s'adjugent à des prix allant jusqu'à plusieurs centaines d'euros[5] et des blogs tels queFeel My Bicep permettent de découvrir des raretés du genre[72]. Une série de labels tels qu'Anthology Recordings, Archeo Recordings, Archivio Fonografico Moderno et Dark Entries ont réédité des titres d'Italo disco, en proposant aussi bien des classiques du genre que des raretés[58].
La publication de lacompilationMixed Up in the Hague, Vol. 1 duDJ etproducteur néerlandais I-F en 1999 marque le début du regain d'intérêt pour l'Italo disco[58],[45],[73]. À la même période, le genre est également remis au goût du jour par des labels néerlandais tels queViewlexx[74]. En 2005, Morgan Geist publie à son tour un mix de titres d'Italo disco avecUnclassics[58]. Plusieurstubes d'abord parus au cours des années 1980 sontremixés, comme pourThe Night deValerie Dore en 2003[10]. Le groupeallemandMaster Blaster reprend quant à luiHypnotic Tango deMy Mine etHow Old Are You deMiko Mission[10].
À partir du milieu des années 2000, de nombreux groupes influencés par l'Italo disco font leur apparition[73]. Le renouveau du genre se reflète alors à travers le label Italians Do It Better, qui publie la compilationAfter Dark en 2007[75], et au niveau desscènes musicales indépendantes et de la presse musicale associée à ces scènes, comme le sitePitchfork[76]. Toujours en 2007, Italians Do It Better publie les premiers albums deGlass Candy et deChromatics, deux groupes originaires dePortland dans l'Oregon[73].
AvecDisco Romance (2006),Sally Shapiro devient l'un des chefs de file de la renaissance Italo disco et séduit un large public grâce à cet album, depuis les fans d'indie pop jusqu'aux fans demusiques électroniques[45]. La formation, dont le nom de scène est inspiré par des projets d'Italo disco tels queValerie Dore[77], se fait connaître dans la scèneunderground américaine[45],[78].Disco Romance est bien accueilli par la presse musicale et le monde artistique, tout commeMy Guilty Pleasure en 2009[79]. En2008, le festival Dissonanze deRome propose une scène dédiée à l'Italo disco, représentée par Alexander Robotnick, Chromatics et Rodion[80]. En 2009,I Want You de Gary Low estéchantilloné parWashed Out pour sa chansonFeel It All Around, elle-même popularisée par la série téléviséePortlandia[58]. Le renouveau de l'Italo disco se poursuit au cours des années 2010, en adoptant des formes musicales plus diversifiées[81]. L'année 2012 est marquée par la parution de plusieurs albums d'artistes d'Italians Do It Better, dont Chromatics, Glass Candy et Desire[82]. Des sonorités propres à l'Italo disco peuvent être entendues dans la musique d'Erasure, deNew Order ou desPet Shop Boys[5],[59]. Des éléments du genre se retrouve aussi dans la musique deTodd Terje,LCD Soundsystem et deDaft Punk[58].
En2023, le groupeThe Kolors sort un titre intituléItalodisco[83], dans lequel on retrouve plusieurs références à ce genre musical.
Contrairement audisco « classique », l'Italo disco possède un son beaucoup plus électronique[85],[86]. Il est très proche stylistiquement de lahi-NRG[87],[37], auquel il emprunte parfois des éléments[88], et présente des sonorités synthétiques similaires à lanew wave[47]. Selon l'ouvrageMade in Italy: Studies in Popular Music, l'Italo disco est une sorte de« transition entre les originesR&B/funky du disco et la tendancetechno qui s'est développée dans la seconde moitié des années 1980 »[7]. Il est aussi décrit comme« une forme de disco très synthétique, digne héritier des grands titres deGiorgio Moroder »[12] ou bien comme un« chaînon manquant entre le disco américain et la new wave britannique »[37]. Le genre est assezexpérimental d'un point de vue technique, mais possède une sensibilité mélodique proche de lapop[5].
Le genre se caractérise par l'utilisation des premierssynthétiseurs etboîtes à rythmes produits en masse[5]. Il en utilise une grande variété, parmi lesquels leRoland JX-8P, l'ARP Odyssey, leJuno, leMinimoog, l'Oberheim, leLinnDrum, l'Emulator II, lesYamaha DX et les Simmons[57]. Le son des synthétiseurs peut parfois être combiné avec des instruments acoustiques et électriques[7]. L'Italo disco est en général dominé par des mélodies accrocheuses et facilement reconnaissables, qui sontmixées etpostproduites « à l'italienne », c'est-à-dire avec les parties vocales significativement mises en avant dans le mix[7]. Certains titres du genre sont marqués par des sonorités futuristes[89].
L'Italo disco est reconnaissable à son rythme binaire joué à vitesse modérée et à sasignature rythmique en 4/4[4],[8]. Ce rythme en 4/4 est martelé et s'accompagne d'un tempo de 120bpm[90]. La « levée » du rythme, qui peut être représentée par un clap[4],[8], est plus accentuée que le « beat », qui ressemble davantage à un boom[4]. Pour chaque quart, lesbasses sont obstinées et déclinées sur une note différente à chaque fois[8]. Contrairement aux productions disco dérivées de lasoul deMotown et de labels similaires, lesriffs de basse ont tendance à être répétitifs[7]. Presque à chaque fois, l'Italo disco présente unegrosse caisse sur lestemps forts et unecaisse claire et un clap sur lestemps faibles[7].
Le genre se caractérise aussi par l'utilisation duvocodeur[91]. La voix est ainsi filtrée de façon électronique et suit une ligne plutôt mélodique[8]. Couplée à la mélodie, la voix accompagne le riff de la basse en évoluant à la manière d'un instrument[4]. La majorité des chansons d'Italo disco est chantée enanglais[8],[47],[51], bien qu'il soit en général approximatif[92]. Ces chansons sont souvent marquées par un fort accent italien[24],[67]. Certaines chansons du genre sont chantées enitalien, comme pourTenax (1982) etLe Louvre (1983) deDiana Est[4] ou les chansons deMatia Bazar[8]. Celles deRigheira, notammentVamos a la playa etL'estate sta finendo, comportent quant à elles des passages enespagnol[4]. Des partiesrappées se retrouvent dans certaines chansons, avec par exempleDo You Wanna Dance (1984) de N.O.I.A[93],[58]. Les paroles abordent des thèmes comme l'amour et lavie nocturne[8], mais aussi latechnologie[4] et ladanse[7], avec de nombreuses références auJapon et auxÉtats-Unis[4]. Cependant, les paroles sont le plus souvent dénuées de sens et ne véhiculent pas de réél message[4],[8].
Les artistes d'Italo disco utilisent desnoms de scène à consonance anglaise, avec souvent desjeux de mots ou desinside jokes[7]. Alberto Carpani a par exemple utilisé les noms de scènesAlbert One (qui, prononcé à l'italienne, ressemble àAlbertone, littéralement le « gros Albert ») et Jock Hattle (qui ressemble au mot italiengiocattolo, « jouet »)[7]. Stefano Zandri utilise quant à lui le nom de scèneDen Harrow (qui ressemble àdenaro, « l'argent »)[7]. Leproducteur est néanmoins celui qui joue un rôle majeur dans la conception des chansons d'Italo disco[3],[53]. Il va par exemple faire appel à des chanteurs ou chanteuses pour interpréter ses compositions[61]. Pour les représentations en direct, il choisit de jeunes hommes ou femmes au physique avantageux pour qu'ils chantent enplayback[4]. Les vraies voix sont quant à elles assurées par des chanteurs destudio, qui sont souvent destravailleurs postés[4]. De ce fait, certainesvedettes de l'Italo disco n'ont jamais chanté une seule de leurs chansons, ou n'en ont chanté qu'une partie d'entre elles[3]. À titre d'exemple, les chansons de Den Harrow sont interprétées par une série d'artistes qui se succèdent en studio, parmi lesquels l'AméricainTom Hooker[8]. Le producteur Mauro Farina interprète quant à lui ses propres chansons à travers une multitude de noms de scènes, dont le projetRadiorama, où il est accompagné de la chanteuseSimona Zanini[8].
Au cours des années 1980, l'Italo disco est vilipendé par lescritiques musicaux italiens[94], tandis que les médias italiens voient d'un mauvais œil les artistes qui chantent en anglais et qui visent un jeune public[64]. La presse spécialisée, ainsi que le monde intellectuel, condamnent le genre musical, qu'ils définissent comme le résultat de l'oppression culturelle américaine, qui a effacé la culture italienne[8]. Certains critiques comparent même l'Italo disco auxchansons légères de lapériode fasciste, avec comme seule différence le côté lucratif et consumériste propre à son époque[8].
Pour Francesca Fossati deFrance Culture, le genre a connu des côtés trop commerciaux et très peu de qualité musicale, tandis que certains artistes ont donné une mauvaise image de l'Italie à l'étranger, ce qui a dérangé le milieu artistique italien[8]. Andy Beta dePitchfork trouve que l'Italo disco est« l'un des genres les plus étonnamment ringards jamais créés » et que son« ridicule absurde continue d'inspirer des artistes demusique électronique du monde entier »[58]. Pour Niklas Forsberg deRelease Magazine,« il y a ceux qui l'adorent et ceux qui ne peuvent pas le supporter »[67]. Andy Kellman d'AllMusic décrit l'Italo disco comme un genre« souventfunky, doucement mélodique et pour le moins exubérant (et, oui, parfois incroyablement ringard)[34] ». Francesco Manetto du journalEl País le considère comme un genre« commercial, frivole et trop populaire », dont le succès réside dans sa« grande accessibilité »[45].
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