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SousAuguste, le terme d'Italie désigna l'ensemble de la péninsule jusqu'auxAlpes. Plus précisément, l'Italie désigna la partie de la péninsule divisée en régions. LesAlpes cottiennes en étaient exclues.
AuBas-Empire, le terme d'Italie fut utilisé pour qualifier lediocèse d'Italie, comprenant, outre la péninsule, les provinces insulaires deCorse, deSardaigne etSicile ainsi que les provinces alpestres des Alpes cottiennes et deRhétie. L'Italie désigna aussi une préfecture : la préfecture d'Italie, composé des diocèses d'Italie, d'Illyrie et d'Afrique.
L'Italie romaine : une exception face aux provinces
Sous laRépublique et pendant leHaut-Empire, on ne considérait jamais que la Sicile, la Sardaigne et la Corse faisaient partie de l'Italie. De même, sous l'Empire, une partie de l'Italie actuelle dépendait des provinces des Alpes :Alpes cottiennes ouRhétie. Les limites de l'Italie, dans le nord de la péninsule ont, en effet, été changeantes. De nombreux peuples s'en disputaient le territoire :Italiotes,Ligures,Étrusques, puisCeltes etRomains. La présence celte fut suffisamment forte et influente pour que lenord de l'Italie actuelle fût longtemps considéré comme une partie du monde celtique et nomméGaule cisalpine[4] ou Gaule transpadane[5]. À ce titre, ce fut la seule partie de la péninsule qui fut effectivement uneprovince romaine, la province de Gaule cisalpine. Après César cependant, cette province disparaît, devenant à part entière un morceau de l'Italie.
Le territoire de l'Italie, qui fut le premier champ d'expansion de la puissance romaine, fut intégré à l'empire naissant selon des modalités variables :colonies romaines et latines, traités d'alliance (Fœdus), confiscation du territoire. Jamais cependant l'Italie ne fut considérée comme une province, ce terme étant réservé à l'administration des territoires non italiques. Si le motprovincia est parfois utilisé par certaines de nos sources en relation avec des fonctions en Italie, ce n'est jamais dans son sens administratif ou technique mais dans son sens le plus large, celui de « district relevant d'un magistrat ». Ainsi à l'époque tardive leDigeste parle-t-il de laprovincia dupréfet de la Ville ; ainsi trouve-t-on aussi sous la République le termeprovincia utilisé pour la gestion des forêts de la péninsule. Même lorsque l'Italie n'eut plus aucun privilège par rapport aux provinces, après laTétrarchie, le pouvoir romain évita toujours le mot province, lui substituant celui de région (regio,regiones).
Les onze régions augustéennes.Carte historique de l'Italie à l'époque d'Auguste.
La réorganisationaugustéenne parachève l'intégration de l'ancienne Gaule cisalpine dans l'Italie. Les régions nord de la péninsule, de la Ligurie à la Transpadane (actuelle Lombardie), entrent pleinement dans l'Italie. La ville de Rome et son pourtour sur un rayon de centmilles, formant le « diocèse urbain », sont sous l'administration dupréfet de la Ville, le reste de l'Italie, divisé en 11 régions, dépend dupréfet du prétoire.Pline l'Ancien est le seul auteur antique à donner la liste de ces régions administratives qui servaient de cadre aurecensement mais qui ne semblent pas avoir eu d'autres fonctions connues[6] :
L'Italie est alors la partie la plus privilégiée de l'empire puisque tous ses habitants libres sont citoyens romains et exemptés de l'impôt direct, à l'exception du nouvel impôt sur les héritages créé pour financer les besoins militaires (retraite des vétérans).
D'autres facteurs qui assuraient sa prééminence sur l'Empire changent peu à peu en une inflexion, qui dure tout au long du siècle et a commencé auIer siècle. Leslégions, désormais fixées aux frontières, dans des provinces éloignées, régionalisent peu à peu leur recrutement. La part des Italiens dans l'armée diminue, et celle des provinciaux augmente, même si les Italiens n'ont jamais abandonné les postes d'officiers comme ceux decenturions. Les régions traditionnelles de recrutement militaire en Italie ne sont plus mises à contribution qu'exceptionnellement, à l'occasion de la création de nouvelles légions par exemple, comme est le cas sous Marc Aurèle.
Pendant longtemps. ces observations étaient appuyées par le tableau d'une Italie romaine sur le déclin, touchée par une grave crise économique, la dépopulation et finalement incapable de s'opposer à la concurrence des provinces. S'il est vrai que dans certains domaines des provinces savent capter des marchés assurés auparavant par l'Italie comme lacéramique sigillée, il est difficile d'extrapoler une situation générale. Le déplacement des productions de sigillées de l'Italie en Gaule correspond aussi à l'émergence sur le Rhin de la demande des légionnaires. Par ailleurs, on peut, avec Moses Finley, minimiser l'importance globale de ces productions dans l'économie antique. Inversement, une partie des chercheurs les considèrent comme un marqueur de déplacements économiques plus importants mais moins visibles dans nos sources. Dans cette perspective, quelques chantiers de fouilles exemplaires reçoivent une exposition très forte et semblent parfois résumer le destin de l'Italie et de son économie auIIe siècle. C'est le cas de la villa de Settefinestre vers Cosa, qui voit ses productions décliner et abandonnées vers 160-170.
Là encore, il est risqué de généraliser l'histoire, même brillamment reconstituée, d'une seule région, et de vouloir en tirer des enseignements pour toute l'Italie. D'autres régions montrent, au contraire, un dynamisme agraire et économique, comme la région d'Aquilée. Il semble aussi qu'il faut comprendre les nombreuses importations venant des provinces non comme le signe d'un déclin de l'Italie mais plutôt comme la résultante de la taille disproportionnée du marché romain et d'une situation technologique, certains transports maritimes à longue distance étant plus économiques que des transports terrestres à moyenne distance. L'Italie seule ne peut nourrir Rome, les importations rendent compte de ce fait plus que d'un déclin que l'on peine de plus en plus à voir auIIe siècle. De même, le déclin démographique n'est plus placé avant laPeste antonine, et les conséquences de cette dernière sont discutées et peu claires.
La place symbolique de l'Italie n'est guère atteinte non plus et est l'objet de la sollicitude des empereurs qui résident pour la plupart sur son territoire à l'exception des empereurs engagés dans des guerres (Trajan, Marc Aurèle) et d'Hadrien, voyageur par goût et peut-être par volonté politique. L'institution des fondations alimentaires par Trajan, tout autant que le besoin d'aider certains Italiens peu fortunés, témoignent de la sollicitude de l'empereur pour la terre italienne et ses citoyens. Néanmoins, cette sollicitude a aussi un revers : un contrôle approfondi sur l'autonomie municipale des nombreuses cités de la péninsule. C'est à travers l'institution des curateurs qu'il se manifeste. On n'interprète plus cependant le curateur comme l'expression d'une volonté impériale de mainmise sur les cités, et on connaît mieux, depuis les travaux de F. Jacques, la distance qu'il peut avoir avec la cité qu'il doit surveiller ponctuellement. Le principe d'une surveillance par l'administration impériale s'impose, cependant.
Hadrien voulut-il l'approfondir encore ? Il confie l'Italie à quatre consulaires portant le titre de légats d'auguste propréteur, titre utilisé pour lesgouverneurs de province. Le tollé soulevé dans le Sénat cause l'annulation de la mesure par son successeur. Elle répond pourtant à un réel besoin. Les régions d'Italie avaient besoin d'une administration plus hiérarchisée, en particulier dans le domaine de la justice civile (droit des tutelles). Marc Aurèle crée donc en 165 les juridiques (iuridici), qui exercent dans des districts au découpage géographique assez changeant. La zone située dans les 100 milles autour de Rome dépend du préfet de la ville, qui voit ses prérogatives augmentées sous lesSévères. Hors de cette zone, pour des affaires graves ou touchant aux intérêts de l'empereur ou à des questions de maintien de l'ordre, lepréfet du prétoire peut intervenir, comme il fait vers 168 en forçant la cité de Saepinum à respecter le droit des pasteurs transhumants. Vers 214-217,Caracalla institue des correcteurs investis de pouvoirs analogues à ceux des gouverneurs de provinces. La fonction reste, cependant, exceptionnelle et concerne l’Italie entière, qui conserve son indivisibilité traditionnelle[13].
Entre 268 et 273,Aurélien transforme la correcture, instituée par Caracalla en une fonction permanente[14].
À partir de lacrise duIIIe siècle, la situation de l'empire se détériore constamment. Les problèmes économiques, les incursions barbares et lesguerres civiles ont mené à une désintégration presque complète de l'Empire. Des réformes drastiques sont mises en œuvre parDioclétien (284-305), et ladivision de l'Empire romain est consommée sousConstantinIer. En 293,Milan est déjà devenue la capitale de l'Empire romain d'Occident, mais en 330,Constantinople devient la capitale de l'Empire romain d'Orient, et, de fait, l'administration et la cour impériale se déplacent vers Constantinople. Constantin fait également déplacer laflotte italienne basée àMisenum (Misène) etRavenne pour le Pont. Il favorise aussi la diffusion de la religionchrétienne (313,édit de Milan) en supprimant les freins à cette diffusion, et il s'allie réellement avec l'Église.
Le christianisme devient la seule religion officielle de l'Empire en 380, sousThéodoseIer. Après la mort de ce dernier en 395, l'Empire romain d'Occident n'est plus constitué que de l'Italie. La capitale occidentale est déplacée deMediolanum (Milan) à Ravenne en 402.Alaric, roi desWisigoths,met à sac Rome en 410, pour la première fois depuis 800 ans. Quelques décennies plus tard, le nord de l'Italie est attaqué par lesHuns d'Attila.
Les empereurs, dirigeant des forces barbares, contrôlent peu leurs frontières et leurs côtes, qui sont perpétuellement attaquées. En 476, avec la chute deRomulus Augustule, l'Empire d'Occident disparaît. L'Italie reste gouvernée parOdoacre quelques années jusqu'à l'invasion des Goths. Un siècle plus tard, après les invasions successives des Byzantins et desLombards, l'Italie est divisée en plusieurs royaumes. Laréunification de l'Italie ne se reproduira qu'auXIXe siècle.
↑D'après Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaine, I, 12, 3 ; I, 35 et I, 73, 3 ; Strabon,Géographie, VI, 1, 4, 254 ; et Étienne de Byzance, s. v.Bρέttoς.
↑D'après Denys d'Halicarnasse,op. cit., I, 73 ; et Strabon,op. cit., III, 136 et V, 24 ; Pseudo-Aristote,De mir. ausc., 78.
↑L'actuel Metaponto, hameau de la commune deBernalda.
↑SebastianRuciński,Praefectus urbi : le Gardien de l'ordre public à Rome sous le Haut-Empire Romain, Wydawnictwo Naukowe,, 290 p.(ISBN978-8360251317,lire en ligne), « 4: Étendue territoriale »,p. 72-78