Istanbul est la plus grandeagglomération du pays. La population de l'ensemble de l'agglomération stambouliote est évaluée à 15 millions d'habitants en 2020[4],[5] ce qui en fait l'une desplus grandes aires urbaines du monde. Forte d'un héritage culturel et historique important, villecosmopolite, Istanbul est un haut lieu du tourisme, étant l'une des villes les plus visitées d'Europe[6].
Située en bordure de lamer de Marmara et de part et d’autre dudétroit du Bosphore— donc, d'après certaines approches politiques (voirLimites de l'Europe), à cheval sur deux continents, l’Europe et l’Asie — Istanbul est généralement considérée comme porte d'entrée de l'Europe parce que la ville historique est située sur la rive occidentale du détroit. Sa situation sur le détroit du Bosphore, qui relie la mer Noire et la mer de Marmara en même temps qu'il sépare l’Asie et l’Europe, donne à la ville une importance géopolitique assez élevée.
Appelée officiellement İstanbul depuis le, elle a porté d'autres noms durant son histoire (encore parfois utilisés selon les contextes), notammentByzance au moment de sa fondation, puisConstantinople (à partir du en l'honneur de l'empereur romainConstantinIer). Le nom Istanbul est une dérivationturque dugreceis tên polin [prononciationis tin bolin], soit « dans la ville » en français, réponse que les habitants Grecs faisaient aux étrangers demandant où ils se trouvaient[7].
Fondée sous le nom deByzantion, la ville peut se prévaloir de 2 600 ans d'histoire. Appelée aussi la « Deuxième Rome », Istanbul appartint d'abord à laThrace, puis à l’Empire romain dont elle fut la seconde capitale après 395, (devenu l'Empire romain d'orient et appelé auXVIe siècle « byzantin » parHieronymus Wolf[e]), ensuite à l’Empire ottoman depuis le, et enfin, juste après la chute de celui-ci le, à la république de Turquie, dont elle fut capitale jusqu'au, lorsque cette fonction administrative fut transférée àAnkara. Les anciens noms de la ville,Byzance puisConstantinople, témoignent de cette longue histoire. Seules quelques autres grandes villes ont eu trois noms au cours de leur histoire. Du point de vue historique, il est possible de considérer qu'avecAthènes etRome, Constantinople est l'une des trois capitales antiques les plus importantes. En tant que siège dupatriarcat œcuménique et — jusqu'en 1924 — ducalifat ottoman, Istanbul fut également un centre important duchristianisme orthodoxe et de l'islamsunnite pendant des siècles.
Les habitants de laByzance antique étaient appelésByzantiotes et ceux deConstantinople, lesConstantinopolitains ou lesPolitains. Par contre, aucun citoyen de l'Empire romain d'Orient ne s'est jamais appeléByzantin : ils se définissaient comme « Romains » et lorsqu'ils sont devenus sujets de l'Empire ottoman, celui-ci les a organisés dans lemilliyet de Rum. Les habitants d’Istanbul sont lesStambouliotes ou lesIstanbuliotes[f].
La « Sublime Porte » ou simplement « la Porte » était le nom français de la porte d'honneur monumentale du grand vizir à Constantinople, siège du gouvernement du sultan de l'Empire ottoman.
Istanbul s'étend sur les rives asiatique et européenne duBosphore, qui sépare l’Asie de l’Europe, et relie lamer Noire à lamer de Marmara. LaCorne d'Or, une anse du Bosphore qui coule à l'ouest, sépare la partie européenne en une zone sud et nord. Historiquement, la ville a été idéalement située pour le commerce et la défense : la confluence de la mer de Marmara, du Bosphore et de la Corne d’Or offre à la fois une défense idéale contre les attaques ennemies et une barrière de péage naturelle[8]. La partie sud est une péninsule entre la mer de Marmara et la Corne d'Or avec le noyau historique de la ville. Au nord se trouvent les quartiers jouxtant les historiquesGalata etPera. À l'ouest comme au nord et à l'est, la métropole se développe bien au-delà des quartiers historiques. Malgré le mythe selon lequel sept collines composent la ville, il y a, en fait, plus de 50 collines dans les limites de la ville. La plus haute colline d’Istanbul, Aydos, culmine à 537 mètres[8].
Au sud-est se trouvent lesîles des Princes appartenant à Istanbul.
La ville d’Istanbul se situe tout près de lafaille nord-anatolienne. Celle-ci est une faille active qui a déjà produit plusieursséismes très destructeurs à l’époque contemporaine. L’étude de la sismogenèse locale laisse craindre avec une forte probabilité qu'un séisme important frappera Istanbul au cours des prochaines décennies. Une étude faite par des géologues mexicains donne une probabilité de 85 % pour un tremblement de terre majeur avec unemagnitude jusqu'à 7,5 avant 2025[10].
Par ailleurs, la difficulté de faire appliquer des règles de constructionparasismiques enTurquie fait penser que la plupart des habitations, notamment celles desquartiers populaires, ne résisteront pas. La ville connut plusieurs séismes importants dont particulièrement ceux de 1509 (appelé « la Petite Apocalypse »), 1763, 1894 et1999.
Istanbul bénéficie d'unclimat tempéré, influencé par des zones continentales, mais aussi par les masses maritimes au nord et au sud. Le climat d'Istanbul étant un climat de transition entre leclimat océanique (classification de Köppen :Cfb), leclimat subtropical humide (classification de Köppen :Cfa) et leclimat méditerranéen (classification de Köppen :Csa). Les étés sont assez chauds, avec un air humide mais des pluies limitées (plus de 295 heures de soleil par mois en juin, juillet et août). Les hivers sont froids et humides, avec beaucoup de pluies et souvent de la neige, mais ils sont rarement glaciaux (moins de 76 heures de soleil par mois en décembre, janvier et février). Les printemps et les automnes sont doux et modérément humides.
Le brouillard est très fréquent toute l'année, de vingt-deux jours par mois entre novembre et avril à seize jours par mois de mai à octobre pour un total en moyenne de 228 jours par an[11].
Istanbul est situé dans une des régions botaniques les plus riches de l'Asie, de l'Europe et du monde, avec plus de 10 000 espèces de plantes en Turquie, dont 2 500 endémiques à Istanbul[19],[20]. La couverture forestière de la province d'Istanbul est de 45 %[21],[20].
D'une part, Istanbul est de plus en plus exposée au risque de pénuries en eau, notamment en raison des conséquences duréchauffement climatique, d’une forte augmentation de sa population et d’une politique privilégiant le développement économique rapide sur les préoccupations environnementales. Ainsi, la construction d'unnouvel aéroport en 2018 a bouleversé l’environnement dans le nord d’Istanbul en abattant 2,5 millions d’arbres et en détruisant d’importantsbassins versants. D'autre part, le présidentRecep Tayyip Erdoğan prévoit des travaux considérables visant à dédoubler ledétroit du Bosphore, risquant d’aggraver une situation déjà préoccupante. Des lacs et des nappes phréatiques seraient détruits, et de nombreuses stations d’épuration et de traitement de l’eau de la zone devraient être déplacées[22].
De plus, l'environnement marin du détroit d'Istanbul et de lamer de Marmara est confronté à une grave dégradation en raison de la pollution maritime générée principalement par les pétroliers et les cargos[23]. Des conditions naturelles difficiles telles que la géométrie complexe du détroit d'Istanbul, des virages serrés sur la route de navigation et des conditions météorologiques difficiles sont couplées à un trafic maritime de plus en plus dense et créent un risque sérieux d'accident[23].
une autre interprétation suggère que le nom proviendrait de la contraction turque du nom grecΚωνσταντινούπολις (Kônstantinoúpolis), à laquelle aurait été ajoutée la voyelle d'appuii. Mais la chute de toutes ces syllabes non accentuées est difficile à admettre dans la mesure où la langue turque procède plutôt habituellement parélision (ouaphérèse) : « Selânik » pourΘεσσαλονίκη (Thessaloníkê,Thessalonique).
Jusqu'en 1930, l'agglomération d'Istanbul s'appelait officiellement « Constantinople », et « Stamboul » ne désignait que la Vieille Ville (la péninsule historique). Ce nom fut étendu à toute la ville sous la forme moderne d'« İstanbul » à la suite de la réforme de la langue et de l'écriture turque parAtatürk en 1928 (larévolution des signes).
Les Turcs d'origine arménienne appellent IstanbulBolis, et les GrecsPolis (« la Ville »). « Politis » désigne l'habitant de Constantinople. Les peuples slaves sous la domination byzantine puis ottomane l'ont appelée et l'appellent toujoursTzarigrad (serbe etbulgare : Цариград) : « la ville de l'Empereur ». Enfin, lesVarègues, qui la fréquentaient à l'époque byzantine, la nommaient envieux norrois :Miklagarðr (« grande ville ») : l'un d'eux a laissé une inscription enrunes sur lelion actuellement placé à l'entrée de l'arsenal deVenise.
En français,« Istanbul » est aujourd'hui la forme la plus utilisée ; les formes« Istamboul » et« Istanboul », rares, sont en voie de disparition[26].
Métropole à cheval entre l'Europe et l'Asie, carrefour des routes continentales et maritimes, l'histoire a façonné le destin de cette ville aux deux empires (empire byzantin etottoman), comme le prouvent les différents toponymes qui ont été attribués à cette ville aux trois noms, Byzance, Constantinople et Istanbul qui unissent l'antiquité gréco-romaine, le christianisme grec médiéval et la fascination musulmane[27].
La ville connut une période de profondes mutations à partir de la fin des années 1850. La campagne de modernisation urbaine alors engagée permit notamment la création d'un réseau detramways et un système d'adduction d'eau, tandis que la population augmentait à un rythme soutenu jusqu'au début duXXe siècle.
La ville a perdu la fonction de capitale le, en faveur d'Ankara, capitale de la république deTurquie. Elle est occupée par les Alliés au lendemain de laPremière Guerre mondiale (1921-1923), ce qui motive en partie le déplacement de la capitale. En 1959, la ville est récompensée du Prix de l'Europe[28].
À la suite de migrations à partir des années 1950 depuis les villages d'Anatolie, la ville devint rapidement l'une des plus importantes agglomérations d'Europe. La ville comptait 700 000 habitants en 1927, un million en 1950, deux millions en 1960, trois millions et demi en 1970 et finalement plus de quatorze millions en 2020. La population de l'ensemble de l'agglomération stambouliote est évaluée à 15 millions d'habitants en 2015, soit 18 % de la population turque[5].
Tout au long de la majeure partie de son histoire, Istanbul s'est classée parmi les plus grandes villes du monde. En l'an 500, Constantinople comptait entre 400 000 et 500 000 habitants, devançant son prédécesseur,Rome, comme plus grande ville du monde[30]. Constantinople a rivalisé avec d'autres grandes villes historiques, telles queBagdad,Chang'an,Kaifeng etCordoue pour la position de ville la plus peuplée du monde jusqu'auXIIe siècle. Elle est citée comme la plus grande du monde auXVIIe siècle[31], et se classe comme la plus grande ville d'Europe de 1500 à 1750, lorsqu'elle a été dépassée parLondres[32]. La population est passée de 680 000 habitants en 1927 à 1,3 million en 1955, 2,5 millions en 1975, 9,8 millions en 2005, 13,1 millions en 2010 et 14,7 millions en 2015.Avec 15 millions d'habitants en 2020, elle représente 19% de la population turque[33]. Elle constitue ainsi l'une des plus grandes agglomérations urbaines du monde[34], et l'une des deux plus importantes d'Europe, aux côtés deMoscou[35].
Sur les 15 519 267 habitants de 2020, environ 65% vivaient dans la partie européenne d'Istanbul et environ 35% du côté asiatique[33].
Istanbul a connu une croissance particulièrement rapide au cours de la seconde moitié duXXe siècle, sa population ayant décuplé entre 1950 et 2000[36]. Cette croissance démographique provient en partie d'une expansion des limites de la ville - en particulier entre 1980 et 1985, lorsque le nombre de Stambouliotes a presque doublé. La croissance remarquable était, et est toujours, largement alimentée par les migrants de l'est de la Turquie à la recherche d'un emploi et de meilleures conditions de vie.
Les villes d'Anatolie dont les Turcs ont le plus émigré vers Istanbul sont les suivantes :Sivas (681 214),Kastamonu (516 556),Giresun (455 393),Ordu (453 197),Tokat (396 840)…Hakkari est laville dont les habitants ont le moins émigré vers Istanbul (6 957). La ville abrite une population originaire deSivas,Kastamonu,Sinop,Bayburt,Giresun,Ardahan etErzincan, supérieure à la population même de ces villes.
Entre 2007 et 2008, environ 375 000 personnes ont immigré vers Istanbul : ce sont les habitants deTokat qui ont le plus immigré à Istanbul (17 374), suivent ensuiteAnkara (14 173),Ordu (13 897),Mardin (12 125, en particulier la communauté syriaque),Samsun (11 227),Erzurum (10 898),Kocaeli (10 829),Izmir (10 663), etc. À la même période, environ 350 000 personnes ont émigré d'Istanbul vers les villes d'Anatolie : 17 383 versTekirdağ, 15 780 versTokat, 15 776 versKocaeli, 12 178 versAnkara, 10 946 versSamsun, 10 312 versGiresun, etc.
LesKurdes et lesZazas forment ensemble le plus grand groupe de minorités ethniques à Istanbul, avec de 2 à 4 millions de personnes[38],[39].LesArabes constituent l'autre grande minorité, avec 2 millions de personnes estimées[40]. Le nombre de réfugiéssyriens à la suite de laguerre civile syrienne est estimé à près d'un million dans la ville[41].LesArméniens sont le plus nombreux des groupes de population chrétienne qui y vivent : le gouvernement évalue le nombre d'Arméniens à Istanbul à 50 000, ce qui correspond à environ 0,36% de la population[42]. Environ 17 000 Araméens constituent le deuxième plus grand groupe ethnique chrétien[43]. Les 15 000 Juifs constituent la deuxième plus grande minorité religieuse[44],[45],[46] : ils étaient cependant près de 100 000 en 1950, avant l'émigration massive en Israël[47]. Certains des quelque 25 000 Allemands du Bosphore proviennent de familles ayant souvent vécu en permanence à Constantinople ou à Istanbul depuis la première moitié duXIXe siècle. Certains des 1 650 Grecs y vivent depuis de nombreuses générations. Le nombre deRusses est, selon le journalNeue Zürcher Zeitung, estimé à environ 100 000, celui desChinois serait encore plus élevé. Istanbul était aussi un havre pour les Russes en raison de la révolution communiste d'octobre, et l'est redevenue à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ou près de 80 000 Russes se seraient installés.
Constantinople devint en 1517 le siège ducalifat après la conquête de l'Égypte par les Ottomans et le transfert des symboles califaux à la capitale impériale qu'est Constantinople. Cependant, le titre de calife fut porté par les sultans et une institution califale en tant que telle n'a jamais existé séparément en dehors du système étatique. Le califat fut aboli en parMustafa Kemal Atatürk. Tous les groupes musulmans sont représentés, bien que la grande majorité soitsunnite. On compte au total 2 562 mosquées et 215 petites mosquées (Mescit en turc[réf. nécessaire]). Il y a aussi à Constantinople une grande minorité de personnes de religionchiite : lesAlévis.
En 1492, à la suite de l’autorisation du sultanBayézid II, Constantinople accueillit de nombreuxJuifs persécutés par l'inquisition espagnole et chassés d’Espagne parIsabelle la Catholique. La ville abrite toujours la communauté juive la plus importante du pays (22 000 personnes sur 25 000 en 2008, 15 000 personnes en 2016[48]). La communauté possède seize synagogues (dont la plus grande estNeve Shalom et la plus ancienne estAhrida), un hôpital (Or haHayim), une école (UOML), une maison de retraite et un hebdomadaire bilingue (turc-ladino, voirJudéo-espagnol) :Şalom. Le chef de la communauté est le grand rabbin Isaac Haléva. La ville abrite également la plupart desSabbatéens de Turquie, partisans deSabbataï Tsevi.
L’exarchat bulgare orthodoxe avait pour siège Constantinople entre 1870 et 1912.
La nuit du, durant laquelledeux cent quarante intellectuels arméniens furent arrêtés à Constantinople, marque le début dugénocide arménien et de la quasi-disparition des minorités chrétiennes de l’Empire ottoman. Cette date est commémorée chaque année en mémoire des 1 200 000 victimes[g]. Toutefois, lesArméniens stambouliotes, à la différence de ceux qui habitaientSmyrne ouAlep, ne furent pas l'objet dugénocide perpétré enAnatolie. Aujourd’hui, la communauté arménienne d'Istanbul, évaluée à 45 000 personnes (sur 60 000 dans tout le pays)[49], possède trente-trois églises apostoliques, douze églises catholiques et trois églises protestantes, deux hôpitaux (Sourp Pirgitch et Sourp Agop), deux orphelinats, dix-neuf écoles et trois journaux en langue arménienne, dontJamanak (fondé en 1908) actuellement le plus vieux quotidien de Turquie. Les leaders de la communauté sont le patriarche apostoliqueMesrobII Mutafyan (depuis 1998) et l’archevêque catholique Hovhannes Tcholakian (depuis 1961). L'émigration des Arméniens de Turquie vers l'étranger a perdu son caractère massif dans les années 1980 mais leur nombre continue de diminuer en raison de l'émigration des jeunes, des taux de mortalité élevés et des taux de natalité faibles dus au vieillissement de cette population[50]. L'attention sur la situation de la minorité arménienne a été ravivée par l'assassinat du journalisteHrant Dink à Istanbul en 2007. Son assassinat a eu pour effet d'augmenter de nouveau le taux d'émigration des Arméniens[50].
La communauté grecque possède encore 95 églises, vingt écoles, un hôpital et deux quotidiens (Apoyevmatini et Iho), mais cette communauté disparaît progressivement en émigrant. On comptait 170 000 Grecs en 1920, 100 000 en 1927, 19 000 en 1959 après lesincidents de septembre 1955 et aujourd’hui leur nombre est de 1 650, ce qui fait que la plupart de leurs institutions ne fonctionnent pas vraiment. Leur chef spirituel est le patriarche œcuméniqueBartholoméeIer (depuis 1991). Leséminaire de Halki ayant été fermé alors que la loi impose que le patriarche fût de nationalité turque et né en Turquie, lePatriarcat œcuménique risque lui aussi de disparaître, à moins qu'un nouveau compromis puisse être trouvé[51]. Le siège de l'Église orthodoxe turque, non reconnue, se situe dans le quartier dePhanar.
Un ferry catamaran de l'İDO sur leBosphore à Istanbul
Levent est l'un des principaux quartiers financiers d'Istanbul.
Bien qu'Istanbul ait perdu le statut de capitale politique de la Turquie au profit d’Ankara en 1923, elle n'en reste pas moins la ville majeure deTurquie sur le plan économique, industriel, éducatif et culturel, et le plus important centre d’import-export : composée de 25% de la population turque, elle contribue à 40 % des recettes fiscales du pays[4]. Elle abrite également le plus grand port de commerce du pays ainsi que l'uniqueBourse des valeurs de Turquie. En 2012, la ville d'Istanbul avait unPIB nominal de 332,4 milliards de dollars soit plus de 20 % du PIB de la Turquie (contre 7 % pour la capitale Ankara)[53],[54].
Les quartiers d'affaires traditionnels, qui s'étaient édifiés auXIXe siècle dans l'arrondissement deBeyoğlu, se sont étendus vers le nord au cours des années 1960 et 1970, autour de laplace Taksim notamment. Bankalar Caddesi (Rue des Banques) àGalata était le centre financier de l'Empire ottoman. Aujourd'hui, l’axeLevent-Maslak, le long du boulevard Büyükdere, concentre de nombreux sièges sociaux d’entreprises à dimension internationale et tend à devenir le pôle financier de la ville. Ces nouveaux quartiers redessinent laskyline de la ville, qui rappelle désormais celle des villes nord-américaines. Enfin, en tant que seule route maritime entre la mer Noire riche en pétrole et la Méditerranée, le Bosphore est l'une des voies navigables les plus fréquentées du monde; plus de 200 millions de tonnes de pétrole transitent chaque année par le détroit et le trafic sur le Bosphore est trois fois supérieur à celui du canal de Suez.
Il existe dix lignes demétro conventionnel, deux lignes demétro léger (hafif metro), deuxtramway et deuxfuniculaires, ainsi que des lignes de trains de banlieue. Sur le modèle pratiqué dans plusieurs villes, unmetrobus (autobus surélevé circulant en site propre) a été mis en fonction en 2009.
Istanbul possède deux gares ferroviaires,Sirkeci (sur la rive européenne) qui date de 1889 etHaydarpaşa (sur la rive asiatique) qui date de 1909. C'est de Sirkeci (quai 1) que partent vers l'Europe le prestigieuxVenise-Simplon-Orient-Express, mais aussi leDanube-Express etle Bosphore-Express. LeTrain de l'amitié (voitures-lits franco-turques) vers laGrèce partait de Sirkeci jusqu'à la suppression de la ligne. De Haydarpaşa, leTrans-Asia-Express dessert l'est du pays versTéhéran, tandis que le service direct du Taurus-Express versBagdad devrait être prochainement rétabli. C'est également la tête de ligne destrains à grande vitesse versAnkara.
La construction d'un tunnel ferroviaire sous leBosphore (le tunnel le plus profond du monde), baptiséMarmaray, a débuté en 2004. L'inauguration a eu lieu le[60].
La ville est reliée aux autres centres d'agglomération du pays par le réseau autoroutier. Trois ponts sur leBosphore (construits en 1973, 1988 et 2016) ainsi qu'un tunnel routier (Tunnel Eurasia, construit en 2016) assurent la liaison entre les parties européennes et asiatiques de la ville ainsi qu'avec le reste du pays.
L'Aéroport d'Istanbul a ouvert ses portes le[62], après cinq ans de construction[63]. C'est désormais un des plus grands aéroports au monde avec une capacité en première phase de 90 000 000 passagers par an. Cependant, il est programmé pour accueillir 200 000 000 passagers chaque année au moment de sa finalisation, en 2027[64].
En 2018, le trafic cumulé des aéroports d'Istanbul atteint les 102 200 000 passagers, soit un 48,6 % du total national (210,2 millions) dont environ 41 600 000 sont d'origine turque et 60 500 000 d'autres nationalités[66].
À Istanbul, le transport en taxi est très développé. Les véhicules sont facilement identifiables à leur couleur jaune, à leur enseigne mais aussi avec la lettre T sur leurs plaques d'immatriculation.
Lecanal d'Istanbul est un projet de canal initié en 2011 par le premier ministre turcRecep Tayyip Erdoğan qui, dans le cadre du centenaire de la fondation de la République turque, a une grande politique de développement. Sonprojet « Hedef 2023 »(en) de typenéo-impérial etnéo-ottomaniste privilégie Istanbul, ville historiquement polycentrique par nature, alors que la société turque est tiraillée entre conservatisme et libéralisme sur fond de globalisation et de standardisation des loisirs[67].
D'une rive à l'autre, une desserte navale existe entre plusieurs embarcadères (iskele). La plupart des lignes sont gérées par des sociétés privées ayant une délégation de service public. Lesvapur sont les navires les plus grands et desservent les lignes longues (par exemple entreÜsküdar etEminönü), lesmotor sont des bâtiments relativement plus petits et assurent une desserte plus rapide. Des liaisons existent entre Istanbul et des villes proches accessible par la mer, comme Bandırma ou Bursa.
Réseau de transport public avec des projets futurs
L'architecture byzantine primitive a suivi le modèle romain classique de dômes et d'arcs, mais s'est améliorée sur ces éléments, comme dans l'église des Saints Serge-et-Bacchus. La plus ancienne église byzantine d'Istanbul - quoique en ruines - est lemonastère du Stoudion (converti plus tard en mosquée Imrahor), qui a été construit en 454. Après la reprise de Constantinople en 1261, les Byzantins ont agrandi deux des plus importantes églises existantes, l'église de Saint-Sauveur-in-Chora et l'église Pammakaristos. Le sommet de l'architecture byzantine, et l'une des structures les plus emblématiques d'Istanbul, est labasilique Sainte-Sophie. Surmontée d'un dôme de 31 mètres de diamètre, la basilique Sainte-Sophie a été la plus grande cathédrale du monde pendant des siècles et a ensuite été convertie en mosquée et, telle qu'elle se présente aujourd'hui, en musée.
Les forteressesAnadolu Hisarı etRumeli Hisarı, qui ont aidé les Ottomans pendant leur siège de la ville, sont parmi les plus anciens exemples d'architecture ottomane à Istanbul. Au cours des quatre siècles suivants, les Ottomans ont laissé une empreinte indélébile sur le panorama d'Istanbul, construisant des mosquées imposantes et des palais ornés. Le plus grand palais,Topkapi, comprend un large éventail de styles architecturaux, du baroque à l'intérieur du harem à sa bibliothèque de style néoclassique Enderûn. Les mosquées impériales comprennent lamosquée Fatih, lamosquée Bayezid, lamosquée Selim, lamosquée Süleymaniye, lamosquée Bleue et lamosquée Yeni, toutes construites à l'apogée de l'Empire ottoman, auxXVIe et XVIIe siècles. Dans les siècles suivants, et surtout après les réformesTanzimat, l'architecture ottomane a été supplantée par les styles européens. Lamosquée impériale Nuruosmaniye en est un exemple. Les zones autour de l'avenue İstiklal étaient couvertes de grandes ambassades européennes et de rangées de bâtiments néoclassiques, néo-Renaissance et Art nouveau, qui ont continué à influencer l'architecture de nombre de bâtiments à Beyoğlu - dont les églises, les magasins et les théâtres - et les bâtiments officiels tels que lespalais de Dolmabahçe et deCiragan.
L’église Sainte-Sophie est aussi appeléeAyasofya : les deux signifientSainte Sagesse, mais une confusion est possible avec le prénomSophie avec la première dénomination. Or, elle ne fut jamais dédiée à une sainte qui s'appelle Sophie. Elle fut construite par les architectesAnthémius de Tralles etIsidore de Milet, à la demande de l’empereur byzantinJustinienIer, pour remplacer l’ancienne basilique qui avait été incendiée en 532 pendant une révolte de la population.
Depuis son ouverture en 537, ce bâtiment vieux de quinze siècles fut l’objet de nombreuses réparations dont la principale, effectuée par l’architecteSinan, permit de sauvegarder le dôme.
Elle fut transformée en mosquée à la suite de laprise de Constantinople en 1453. Quatre minarets furent ajoutés sous le règne de différents sultans.Mustafa Kemal Atatürk la fit transformer en musée en 1934.
L’intérieur de la mosquée, qui encadre une cour de 64 × 72 m, est éclairée par260 fenêtres. Ce sont ses nombreuses faïences de couleur bleue, verte et blanche qui lui ont valu le nom de « Mosquée bleue » en Europe. Quant auxcalligraphies, elles sont l’œuvre de Seyit Kasım Gubarî, originaire deDiyarbakır. La Mosquée bleue est l'une des plus visitées à İstanbul qui s'est néanmoins dotée de565 mosquées dans son histoire.
Ce palais fut le centre administratif de l’Empire ottoman après la chute deConstantinople. Il est situé au bord de la vieille ville d’İstanbul, avec une vue à la fois sur lamer de Marmara et sur leBosphore. Ce palais des sultans, à la pointe de laCorne d'Or, s'étend à l'emplacement d'une antique oliveraie.
Différentes résidences d’été y furent construites au cours de l’histoire, mais lepalais de Dolmabahçe proprement dit fut construit entre 1853 et 1856 sous le règne du sultanAbdülmecid, à l’emplacement de l’ancien palais côtier deBeşiktaş par les architectes de la famille Balian. Il est le plus grand des palais duBosphore. Le palais se compose de trois parties, respectivement leMabeyn-i Hümâyûn (salon réservé aux hommes), leMuayede Salonu (salon des cérémonies) et leHarem-i Hümâyûn (les appartements de la famille du sultan). On trouve dans le bâtiment285 chambres,46 salons, six hammams et68 toilettes, pour une surface utilisable de 45 000 m2.L’horloge du palais de Dolmabahçe est arrêtée à l’heure du trépas deMustafa Kemal Atatürk, qui y perdit la vie le à9 h 5.
LaMosquée Bayezid IILegrand bazar (Kapalı çarşı) est un dédale de couloirs couverts (le grand bazar s'étend sur plusieurs hectares et est une véritable enclave dans la ville) dont toutes les allées sont bordées de boutiques, lebazar était autrefois le marché typique turc. Aujourd’hui, les quelque 3 000 boutiques sont devenues touristiqueset les Turcs s'y rendent souvent[réf. nécessaire].
Latour de Galata (Galata Kulesi) : Construite par les Génois en 1348, est située au sud deTaksim sur la rive européenne. Elle offre une vue panoramique d’İstanbul et de laCorne d’Or. AppeléeTour du Christ par les Génois, elle faisait partie du système de protection deGalata, ancienne colonie génoise, dont les remparts furent entièrement démolis en 1453.
Lamosquée Eyüp Sultan (Eyüp Sultan Camii) : Haut lieu de pèlerinage musulman, construit autour du tombeau du porte-étendard du prophète de l'islam, Mahomet, Eyüp, décédé en 669 lors du siège échoué deConstantinople par les Arabes. Une petite mosquée fut érigée parMehmed II en 1458 qui fut remplacée par l'édifice monumental actuel en 1733. Un cimetière musulman s'est formé au tour de la mosquée au fil du temps. C'est actuellement l'un des plus grands cimetières de la ville.
L'avenue İstiklal : Anciennement la « Grande Rue de Péra », rebaptisée l'avenue de la Libération (İstiklal) en 1924, c'est l'axe principal du quartier chrétien de la ville. Hôtels particuliers des riches négociants chrétiens (ottomans ou levantins) duXIXe siècle, écoles étrangères,lycée de Galatasaray, consulats, églises (dont laBasilique Saint-Antoine de Padoue, la plus grande église latine catholique du pays), les bars branchés, les librairies, les cinémas, tous entassés sur cette rue de 2 200 mètres traversée par le tramway historique.
Latour de Léandre (Kız kulesi en turc : « tour de la jeune fille ») : campé sur un îlot à 200 mètres de la rive d'Üsküdar, cet ancien phare et poste douanier offre une vue globale sur la ville.
Kınalıada (grec : Πρώτη,Proti « la première », la plus proche d'Istanbul) de 1,3 km2,
Sedef Adası (grec classique :Τερέβινθος,Terebinthos ; grec moderne :Αντιρόβυθος,Antirovithos « mère des perles ») de 0,157 km2,
Yassıada (grec : Πλάτη,Plati, les deux noms signifiants « île plate ») de 0,05 km2,
Sivriada (grec : Οξειά,Oxeia, les deux noms signifiants « île fine ») de 0,05 km2,
Kaşık Adası (« île de la cuillère », pour sa forme ; grec : Πίτα,Pita, probablement après lepain homonyme) de 0,006 km2,
Tavşanadası (« île du lapin » ; grec : Νέανδρος,Neandros « jeune homme ») de 0,004 km2.
Terre d'exil des princes byzantins, lieu de villégiature de la grande bourgeoisie stambouliote depuis leXIXe siècle, les îles donnent à voir de majestueuses demeures en bois (Yali), entourées de jardins plantés de bougainvilliers et de camélias. En haut d'une colline àBüyükada, le monastère grec Saint-Georges, qui date duXe siècle, est un important lieu de pèlerinage. L'orphelinat grec surBüyükada est quant à lui l'un des plus grands bâtiments en bois de la ville. Comme toute circulation automobile y est interdite, les îles constituent aujourd'hui un lieu de détente et de loisirs pour les Stambouliotes fuyant pour quelques heures la pollution et le bruit de la ville.
Istanbul abrite près du tiers de l'ensemble des universités de Turquie. En 2020 Istanbul compte 61 collèges et universités, avec plus de 1,8 million d'étudiants. 14 sont des établissements d'Etat, 44 des universités privées et 3 sont des universités professionnelles de haute éducation[72].L'Université d'Istanbul, fondée en 1453, est la plus ancienne institution d'enseignement de la ville et du pays. Lelycée de Galatasaray, établi en 1481 en tant qu'école impériale du palais de Galata, est le plus ancien lycée d'Istanbul et le deuxième plus ancien établissement d'enseignement de la ville. L'Université technique d'Istanbul, fondée en 1773, est la troisième plus ancienne université du monde entièrement consacrée aux sciences de l'ingénieur.
Istanbul a été cinq fois candidate - malheureuse - à l'organisation des Jeux olympiques d'été, défaite aux Jeux de 2000, de 2008, et de 2012, puis aux Jeux de 2016 où elle a finalement retiré sa candidature (villes finalistes :Tokyo,Chicago,Madrid,Rio de Janeiro), et enfin à ceux de 2020[73]. Pour cette raison a été construit lestade olympique Atatürk, le plus grand stade polyvalent de Turquie, achevé en 2002.
Enfin la ville abrite l'hippodrome de Veliefendi, le plus ancien et le plus grand du pays, construit en 1913, ou se court chaque année depuis 1927 la course Gazi, la plus importante course de chevaux du pays. Istanbul est aussi une ville équestre. Istanbul compte plus de 24 000 licenciés et 238 centres équestres, dont le Centre équestre Besiktas.
Le Club hippique d'Istanbul, situé dans un parc boisé de 4 hectares en plein centre du quartier de Galatasaray, offre à ses cavaliers la possibilité de pratiquer l’équitation à tous niveaux, depuis l’initiation jusqu’à la compétition de haut niveau. C’est aussi un centre de formation pour les futurs moniteurs.
La plupart des stations de radio et de télévision publiques sont basées à Ankara, mais Istanbul est la principale plaque tournante des médias turcs. L'industrie a ses racines dans l'ancienne capitale ottomane, où le premier journal turc,Takvim-i Vekayi (calendrier des affaires), a été publié en 1831. La plupart des journaux nationaux sont basés à Istanbul, avec des éditions simultanées Ankara et Izmir.Hürriyet,Sabah,Posta etSözcü, les quatre principaux journaux du pays, ont tous leur siège à Istanbul, avec plus de 275 000 ventes hebdomadaires chacun. Plusieurs petits journaux, y compris des publications populaires commeCumhuriyet,Milliyet etHabertürk sont également basés dans la ville. Istanbul possède une pressejudéo-espagnol (parfois appelé aussiladino) de longue date, notamment l'hebdomadaire bilingueŞalom en judéo-espagnol et en turc. Il y avait 25 journaux judéo-espagnols à Istanbul pour la période 1860-1930[77]. Şalom est le dernier journal juif en Turquie et le seul journal au monde publié en judéo-espagnol. Istanbul a également des journaux de langue arménienne de longue date, notamment les quotidiensNor Marmara,Jamanak et l'hebdomadaire bilingueAgos en arménien et en turc. De plus, le siège de l'Association des journalistes turcs est situé dans le district de Fatih.
↑Le Petit Larousse donne les deux dénominations mais il semblerait que le terme « Stambouliote » soit le plus utilisé.
↑Les chiffres varient de 300 000 à 500 000 selon l'État turc, 800 000 selon certains historiens turcs, 1 200 000 selon la plupart des historiens occidentaux à 1 500 000 selon les autorités arméniennes.
Observatoire urbain d'Istanbul (OUI) : organise régulièrement des séminaires, des conférences ainsi que des « excursions urbaines » et met en relation des collectivités, entreprises ou organismes français avec leurs homologues stambouliotes.