Un adepte de l'islam est appelé unmusulman ; il a des devoirscultuels, souvent appelés les « piliers de l'islam ». Les musulmans croient que Dieu est unique et indivisible et que l'islam est unereligion révélée. Elle se présente comme un retour sur les pas d'Abraham (appelé, enarabe,Ibrahim), en une soumission exclusive à la volonté de Dieu.
L'islam est, chronologiquement parlant, le troisième grand courant monothéiste de la famille desreligions abrahamiques, après lejudaïsme et lechristianisme, avec lesquels il possède des éléments communs. Tout en estimant que les livres sacrés de ces religions seraient, dans leurs interprétations actuelles, le résultat d'une falsification partielle, le Coran reconnaît leur origine divine : lesFeuillets d'Abraham, laTawrat (le Livre deMoïse identifié à laTorah), leZabur deDavid etSalomon (identifié auLivre des Psaumes) et l'Injil (l'Évangile deJésus).
L'islam accorde une grande importance à laSunna de Mahomet, dont la tradition musulmane a rapporté des paroles, faits et gestes. Ces récits, appeléshadîths, auxquels se réfèrent la majorité des musulmans pour l'établissement de règles juridiques (fiqh), permettent de codifier la foi et la pratique musulmane. Les différentes branches de l'islam ne s'accordent pas sur les compilations de hadiths à retenir. Le Coran et les hadiths dits « recevables » sont deux des quatre sources de la loi islamique (lacharia), les deux autres étant le consensus (ijmâ') et l'analogie (qiyâs).
Étymologie
Le mot « islam » est latranscription de l’arabeالْإِسْلَامُ,al-islāmécouter, mot qui comporte principalement les idées de « soumission [à Dieu] » et de « paix, sécurité [en Dieu] »[1],[2],[3]. Il s'agit d'un nom d'action (en arabeاسم فعلism fi'l), qui désigne l'acte de se soumettre volontairement, dérivé d'unradical sémitique,s.l.m, à l'origine d'une classe de mots signifiant la concorde, la complétude, l'intégrité ou lapaix[4]. Le nom d'agent (en arabeاسْمٌ فَاعِلٌism fā'il) dérivé de cette racine estمُسْلِمٌmuslim« celui qui est aminci » en vieil arabe[Note 1], mais« celui qui se soumet » en arabe moderne, à l'origine du mot français « musulman »[5]. Dans la première communauté, le croyant portait le nom demu'minun et non celui demuslimun[6].Ce n’est que plus tardivement que cette religion prendra le nom d’islam[Note 2],[7].
Le mot « islam » avec uneminuscule désigne la religion dont leprophète estMahomet. Le terme d' « Islam » avec unemajuscule[12] désigne lacivilisation islamique dans son ensemble[13],« un ensemble de traits matériels, culturels et sociaux durables et identifiables »[14]. Il désigne, au-delà de la religion proprement dite avec sa foi et son culte, une puissance politique et un mouvement de civilisation général[Note 3].
Le mot « Musulman » (avec une majuscule) désignait au sein de l'ex-Yougoslavie une des communautés nationales (nationalité distincte depuis 1974) et la désigne encore dans certains des États qui en sont issus[15]. Au temps duTroisième Reich, dans lescamps de concentration, le mot « musulman » ou « muselmann » est utilisé pour désigner« les faibles, les inadaptés, ceux qui étaient voués à la sélection »[16],[17],[18].
Histoire
Mihrab de lagrande mosquée de Kairouan, celle-ci étant le plus ancien lieu de culte de l'Occident musulman. La niche est un joyau de l'art islamique duIXe siècle.
Pour l'historienneJacqueline Chabbi, l'islam des origines souffre encore d'un déficit d'historicité. Lalecture historico-critique qui s'est appliquée pour« le judaïsme et le christianisme n'a guère touché l'islam jusqu'à présent[19] ». L’étude de cette période reste complexe, pour des raisons méthodologique et l’état des sources. « Ce passé primordial arabo-musulman se donne, en effet, à lire comme un récit composéa posteriori et visant à légitimer un pouvoir musulman confronté à ses propres divisions et à la splendeur des empires passés ». Cette histoire est une construction duIXe et Xe siècles[20].
Les chercheurs en histoire islamique ont étudié l'évolution de laqibla au fil du temps pour le berceau de l'islam.Patricia Crone,Michael Cook et de nombreux autres chercheurs, basés sur des textes et des recherches archéologiques, pensaient que le « Masjid al-Haram » (la mosquée abritant laKaaba) était située dans le nord-ouest de la péninsule arabique (pas à La Mecque comme exprimé dans les œuvres basées sur la culture narrative)[21],[22],[23].Dan Gibson a déclaré que les premières orientations de la mosquée islamique et du cimetière ont montréPétra[pas clair], Muhammad a reçu ses premières révélations ici[Où ?] et l'Islam a été établi ici[Où ?][24].
Au moment de sa mort en632,Mahomet avait réussi à réunir toute la péninsule arabique.
L'islam est apparu enArabie auVIIe siècle sous l'impulsion deMahomet (570 - 632). Un siècle après sa mort, l'empire islamique s'étendait de l'océan Atlantique à l'ouest jusqu'à l'Asie centrale à l'est. L'islam naît dans un contexte de « violence endémique ». De nombreuses batailles caractérisent cette période. Dès le premier calife,Abou Bakr, une guerre est menée par des Arabes qui défendaient leurs croyances ancestrales[Note 4]. La mort du troisième calife entraîne une guerre civile parmi les musulmans[25].
Cette période d'expansion territoriale et de construction politique du califat voit se mettre en place la religion islamique, ses dogmes, ses normes et ses rites[20]. L’universitaire britanniqueWilliam Montgomery Watt écrit :« On estime en général que le dogme ne s’est développé qu’à partir du califat d'Ali »[26], quatrième calife dans la seconde moitié duVIIe siècle. Pour l'historienneSabrina Mervin,« l'adoption de l'acharisme (Xe et XIe siècles) acheva la construction de l'orthodoxie sunnite »[27]. De même, l'apparition du nom de Mahomet à la fin duVIIe siècle est considérée parFrédéric Imbert comme une évolution dans l'expression de la foi[pas clair][28]. Cette période est aussi celle de la rédaction du Coran, qui, pourFrançois Déroche, n'est pas stabilisé avant leVIIIe siècle[29],[Note 5]. Lecalifat abbasside voit se mettre en place une fixation de la religion musulmane. Durant celui-ci (approximativement duIXe au XIe siècle de l'ère commune), lasîra et leshadiths sont mis par écrit[30],[31] et des chaînes de transmission orale reconstruites[32]. Pour Jacqueline Chabbi :« La tradition prophétique s’invente à ce moment-là, à travers ce qu’on appelle les hadiths, c’est-à-dire les paroles et les actes prêtés au prophète sur lesquels on veut calquer sa conduite. Mais c’est une figure complètement reconstruite »[33].
Bien qu'affectée par diversesidéologies telles que lecommunisme pendant une bonne partie duXXe siècle, l'identité islamique et la prépondérance de l'islam sur des questions politiques augmentèrent au cours de la fin duXXe siècle et le début duXXIe siècle. La croissance rapide, les intérêts occidentaux dans des régions islamiques, les conflits internationaux et laglobalisation influencèrent l'importance de l'islam dans le moulage du monde duXXIe siècle[réf. nécessaire].
En 2015, le nombre demusulmans dans le monde est estimé à 1,8 milliard, soit 24 % de la population mondiale[36]. La diffusion de l'islam, hors dumonde arabe, s'explique par la préférence communautaire, lesmigrations[37] et le prosélytisme[38]. L'islam est aujourd'hui la religion ayant la plus forte croissance démographique[39]. D'après lePew Research Center, si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l'islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d'ici 2070[40]. Cette croissance rapide s'explique essentiellement par untaux de fécondité plus élevé permettant un rajeunissement de la population[41].
L'islam est la seule religion dont le nom figure dans la désignation officielle de plusieurs États, sous la forme de « République islamique ». Il s'agit alors officiellement de lareligion d'État[42]. Toutefois, ces républiques ne sont pas les seuls pays musulmans ayant décrété l'islam religion d’État. Plusieurs pays allient le droit des anciens pays colonisateurs au droit islamique.[réf. souhaitée]
Il peut se produire une confusion entreArabes et musulmans, principalement à cause de deux facteurs : l'origine arabe de l'islam et la place centrale qu'occupe la langue arabe dans cette religion. Il y a environ 422 millions d'Arabes[43], dont la grande majorité est musulmane[Note 6]. En réalité, seulement 20 % des musulmans vivent dans le monde arabe[41]. Un cinquième de ceux-ci est situé enAfrique subsaharienne, et la plus grande population musulmane du monde est enIndonésie, suivie par lePakistan[44]. D'importantes communautés existent auNigeria, auBangladesh, enAfghanistan, enInde, enIran, enChine, enEurope, dans l'ex-Union soviétique, et enAmérique du Sud. Il y a 3,3 millions de musulmans auxÉtats-Unis (1 % de la population)[36] et 2,1 millions de musulmans « déclarés » enFrance (3,2 % de la population)[45] selon l'INED et l'INSEE, principalement issus de l'immigration, auxquels il faut ajouter les conversions, dont le nombre est très difficile à déterminer d'autant qu'il y a des conversions en sens inverse et desapostats. Toutefois, selon l'Ipsos, la perception du nombre de musulmans est globalement surévaluée dans 40 pays analysés[46].
Pays ayant unereligion d'État. Vert: islam. Bleu: christianisme. Jaune: bouddhisme.
Carte de la distribution mondiale desmusulmans, exprimée en pourcentage dans chaque pays. Données du Pew Research.
Les devoirs du musulman
Tout musulman doit normalement respecter des obligations deculte pouvant prendre le nom de « piliers de l'islam » (arkān al-Islām)[49]. La mise en place des commandements d'origine coranique s'étend sur les premiers siècles de l'islam. Quant aux autres : la forme de laprofession de foi (Chahada) évolue après la mort de Mahomet[50], et certains aspects de laprière rituelle (salat) sont encore discutés auIXe siècle[51]. Épars dans le Coran, ces deux éléments ne forment pas, comme par la suite, une exposition systématique des conditions de la foi. Se référant à un hadith prophétique (« L'islam est bâti sur cinq [choses] »[Note 7]), les écoles juridiques sunnites ont peu à peu, durant les trois premiers siècles de l'islam, formulé l'adhésion à l'islam sous la forme de cinq piliers[52].
L'origine de ces différents piliers interroge les chercheurs. Ainsi, pourMohammad Ali Amir-Moezzi,« on n’a d’ailleurs pas encore mesuré le poids de l’influencemanichéenne en islam. J’ai l’habitude de rappeler que quatre des cinq piliers de l’islam semblent avoir des antécédents chez les manichéens : la profession de foi, les cinq prières quotidiennes, un mois de jeûne par an, l’aumône, tout cela fait partie des fondements du manichéisme et se retrouve en islam. Le chiisme sert de catalyseur et de porte d’entrée à de multiples influences qui vont ensuite imprégner l’islam parfois dans son intégralité »[53]. Selon Joseph Chelhod, d'autres influences, chrétiennes, juives, polythéistes, ont pu être repérées dans ses obligations ou dans leurs formes[54].
Ces cinq « piliers » (arkān) constituent la« [base] de la pratique religieuse de tous les musulmans, [qu'ils soient] sunnites (90 % des musulmans[55]) [ou] chiites »[56].
Chahada (« déclaration de foi ») : elle représente une partie ducredo islamique et consiste en une phrase très brève :écouter (أَشْهَدُ أَنَّ لَا إَلَهَ إِلَّا الله وَ أَشْهَدُ أَنَّ مُحَمَّداً رَسُولُ الله)« Je témoigne qu’il n’y a de véritable divinité qu'Allah et que Mouhamed est Son messager. », soit la foi en un Dieu unique (tawhid),Allah, et la reconnaissance deMahomet comme étant son prophète ;
Zakat, l'aumône légale envers les nécessiteux si on est imposable : elle consiste en un prélèvement obligatoire de 2,5 % dès un seuil d'imposition de 20 dinars (évalués à 84 grammes d'or de18 carats)[8] ;
Hajj, le pèlerinage : il consiste à se rendre àLa Mecque au moins une fois dans sa vie, si on en a les moyens matériels et physiques.
Dans le kharidjisme : un sixième pilier
En plus des cinq « piliers » ci-dessus, leskharidjites (littéralement, les « sortants » ou « dissidents ») ont considéré, dès les débuts de l'islam[52], un « sixième »pilier[57] :
6.Djihad : « abnégation », « effort », « résistance », « lutte » ou « combat », parfois traduit par « guerre sainte ».
Dans le chiisme : jusqu'à dix « auxiliaires de la foi »
7.Khoms (« cinquième du butin ») : il a été étendu par la suite à tout revenu qui ne correspond pas à un travail ou à un héritage (dons, offrandes, récompenses, primes, etc.) afin de rémunérer les savants considérés comme les héritiers des prophètes ;
8.Al Wala' Wal Bara' (« la loyauté et le désaveu ») : elle régit les rapports de laOumma avec le monde extérieur : elle implique de reconnaître l'autorité des douze imams de la maison du prophète Mahomet (Ahl al-bayt) et de se désavouer de leurs ennemis ;
10.Taqiya (« arcane du secret »[61]) : elle consiste initialement à dissimuler sa foi pour échapper auxpersécutions religieuses : par la suite, elle sera dévoyée pour cautionner des entreprises desubversion dans le cadre de l'activismepolitique : en tout état de cause, elle est volontairement passée sous silence[61].
Lesismaéliens (courant minoritaire) rajoutent aux six « piliers » (arkān) : (7°) laWilayah (« amour et dévotion pour Allah, les prophètes et l'imam ») ; (8°) laTahara (« pureté rituelle »)[62] ; et (9°) laTaqiya[61]. Par contre, lesdruzes (branche de l'ismaélisme) les rejettent en bloc[59].
Dans la jurisprudence religieuse, l'adhérent à l'islam est nommémouslim (musulman, circoncis de la chair) et l'adhérent à l'imane est nommémou'min (croyant, circoncis du cœur), sans pour autant faire de dissociation entre les deux car ces deux termes sont considérés par l'islam comme indissociables et complémentaires[64].
Dans l'islam, la croyance et la pratique, le fond et la forme, sont intimement liés. En effet, les versets coraniques décrivent souvent le croyantmou'min comme étant « celui qui croit et pratique de bonnes œuvres ». Dans la pratique, cela n'exclut pas la présence de croyants ne pratiquant pas (considérés comme « pécheurs »), ou des pratiquants ne croyant pas (considérés comme « hypocrites » par l'islam)[64]. Pour l'islam, les actes sont le reflet de la foi et ils ne valent que selon leurs intentions. Autrement dit, les rites sont inutiles s'ils ne sont pas accomplis avec sincérité[65][réf. incomplète].
Allah (avec l'article agglutiné) est le terme sans pluriel, ni genre, utilisé par les musulmans et par les arabophones chrétiens et juifs en référence à Dieu, alors que'ilāh (arabe :إِلَهٌ) est le terme générique utilisé pour une divinité, une déesse ou un dieu[66]. L’islam croit en un dieu unique, créateur de toute chose, maître du jour du Jugement Dernier[67], qui juge souverainement les êtres suivant des critères impénétrables et indiscutables[68]. LeCoran ayant été rédigé en langue arabe, c'est donc naturellement le termeAllah qui est utilisé pour désigner ce dieu unique, créateur, omniprésent et omniscient[69], terme qu'on retrouve notamment dans la profession de foi (Chahada) :« J'atteste qu'Il n'y a pas de divinité si ce n'est Dieu (Allah) et que Mohammed est Son messager » (Ashhadu an lâ ilâha illa-llâh wa ashhadu ana Mouhammadan Rasûlu-l-llâh)[70].
Certains passages coraniques rappellent que le nomAllah désignait pour les Mecquois avant la période islamique le Dieu créateur[Note 9],[67],[71]. Le termeIlah apparaît, précédé de l’article, dans lapoésie préislamique comme un nom divin impersonnel et signifie le dieu évoqué dans le contexte (déjà mentionné, par exemple…)[pas clair]. Cette littérature montre aussi que le nomAllâh est la contraction deal-'ilâh[72]. Le termeAllah est attesté dans des poèmes des tribus arabes chrétiennes d'Arabie comme lesGhassanides et les Tanukhides[73],[74],[75]. Une inscription duVIe siècle trouvée à Umm al-Jimal atteste de l’usage de ce nom[69],[76]. Dans une inscription chrétienne datant de 512, les références à Allah sont en arabe et en araméen, soit « Allah » et « Alaha » ; l'inscription commence par la déclaration :« Par le secours d'Allah »[77],[78]. Le nom Allah était donc utilisé par les chrétiens arabophones avant l’islam[79].
Allah est présent dans le Coran mais ce texte n’a pas pour but d’exposer ses attributs. Le Coran est regardé par les musulmans comme la parole de Dieu, qui demeure inaccessible, bien que ses « perfections transcendantes » soient évoquées[67]. Dans le Coran, certains versets donnent une image anthropomorphique d’Allah : il a une face, des mains, des yeux… Ces descriptions ont fait l’objet de débats exégétiques et théologiques[67]. S’appuyant sur les hadiths d’une part et sur letafsir de l’autre, la théologie (‘ilm al-kalam), principalement d’origine mutazilite, s’est penchée sur la question du divin, de son unicité et de sa justice. La question du rapport entre l’essence divine et ses attributs est particulièrement sensible, certains traditionalistes refusant toute recherche rationnelle[67].
Représentation d'un ange, probablement Israfel. 750-1258, époque Abbaside.
Le Coran affirme l'existence des anges (arabe :مَلَكٌ,malak), à laquelle tout musulman doit croire[80],[81]. Ils sont les ambassadeurs de Dieu (comme ses homologues en hébreu,malakh, et en grec,angélos), dont ils exécutent ou transmettent les ordres.
Statuts des anges
Si le Coran présente les anges comme soumis à Allah, qu'il« est catégorique quant à leur obéissance, […] il est en contradiction avec leur nature créée et leur relation à cet égard avec les Djinn et Shayatin (satans). »[82]. La parfaite obéissance des anges est une lecture traditionnelle des récits autour de la Création[83]. Certains érudits comme Tabari et Ashari ont accepté les anges déchus et ne croyaient pas à l'impeccabilité des anges. Ils soutiennent que seuls les messagers parmi les anges sont infaillibles[84].
Le Coran parle de la chute d'Iblis dans plusieurs sourates[85]. Une autre sourate est une« difficulté dans la doctrine de l’impeccabilité des anges »[pas clair][82]. Elle fait allusion àHarout et Marout, anges déchus pour avoir succombé aux plaisirs de la chair. Selon le récit, ceux-ci ont été enfermés dans une fosse et auraient enseigné aux hommes la magie[86].
Les musulmans croient que les anges sont faits de lumière. Ce verset coranique les décrit ainsi : "Louange à Allah, Créateur des cieux et de la terre, qui a fait des Anges des messagers dotés de deux, trois, ou quatre ailes. Il ajoute à la création ce qu'Il veut, car Allah est Omnipotent" (Coran, sourate 35, verset 1)[81],[87],[88],[89].
Parmi les anges,Gabriel (Jibrîl),Michel (Mîkâ'îl) etRaphaël (Isrâfîl)[90] jouent des rôles d'une importance considérable. À leur tête, l'archange Gabriel est chargé de la révélation (coranique entre autres[91]), en laquelle il y a« vie pour les âmes et les cœurs ». L'archange Michel est chargé de la pluie, en laquelle il y a« vie pour la terre, les plantes et les animaux ». L'archange Raphaël est chargé de souffler dans la trompe, en laquelle il y a« vie des êtres après leur mort »[92].
La plupart des musulmans croient en l'existence desdjinns. Génies pré-islamiques, les djinns sont, pour l'islam, des créatures créées pour adorer Allah[93]. Ils sont invisibles mais capables de prendre une forme humaine ou animale. La sourateal-jinn leur est particulièrement consacrée[93]. Les djinns peuvent être démoniaques ou angéliques[93]. Ils partagent de nombreuses caractéristiques avec les humains tout en ayant leur propre « nature originelle » (fitra). Ils s'apparentent à la société humaine et peuvent également appartenir à différentes religions[94].
La nature des djinns interroge les chercheurs. Pour Reynolds, djinns et démons appartiennent au même genre et sont des anges déchus, les djinns pouvant cependant croire en Dieu. Crone considère que les djinns sont d’une espèce différente des anges. Enfin, Dye, considère que les djinns ont été assimilés par le Coran aux démons, sans s’intéresser à leur nature réelle, et que le Coran cherche à diaboliser les djinns et les présente comme des créatures à la fois dangereuses et amorales, ce qui les rapproche des démons vus par le christianisme; la présentation coranique des djinns s’insère, toujours selon Dye, dans le courant chrétien de diaboliser les êtres intermédiaires entre Dieu et les hommes[95]. Pour d'autres, ce sont simplement des éléments païens, intégrés dans une religion monothéiste et rendus comparables à l'homme[96].
Il y a débat au sein de l'islam au sujet d'Iblis (Satan, le diable) : appartient-il au monde desdjinns (abeings ardents et aériens[pas clair])[97], ou est-il un ange déchu (être de lumière, parfois considéré comme igné), le Coran étant contradictoire sur ce point[93] ? Lessalafistes (tenants du dernier avis) fondent leur position sur la lecture de la sourateAl-Baqara, alors que lessoufis (tenants du premier avis) fondent la leur sur celle de la sourateAl-Kahf notamment[Note 10],[Note 11],[Note 12][réf. nécessaire]. Si Iblis est présenté par le texte coranique tantôt comme un ange déchu[98], tantôt comme un djinn[99], la majorité des commentateurs du Coran (lejumhûr), le considère comme un ange déchu devenu djinn[100]. L'islam reconnaît l'existence de divers satans (sheitan) subordonnés. Ils causent du tort et incitent les humains à pécher[101].
Écritures
L'islam reconnait plusieurs textes comme étant des textes révélés. Les plus connus sont leCoran (qour’ân) révélé àMahomet, laTorah (tawrât) révélée à Moïse,les Psaumes (zaboûr) révélés à David, lesÉvangiles (injîl) révélés à Jésus[102],[103]. Il y a aussi des références aux feuillets d'Abraham et de Moïse dans le Coran[104].Le Coran porte néanmoins une accusation contre lesjuifs et leschrétiens d'avoir falsifié leurs Écritures. Elle s'inscrit dans le prolongement du refus de ceux-ci de reconnaître Mahomet comme prophète et dans l'accusation portée contre ceux-ci d'être de mauvaise foi[105]. Cette accusation a une mise en place longue et la forme maximaliste d'Ibn Hazm, de réfutation systématique, est celle aujourd'hui largement répandue dans le monde musulman[105]. Jacques Jomier considère ces critiques comme« insoutenables scientifiquement »[106],[107].
Selon les musulmans, leCoran est le dernier des livres révélés, car Mahomet est pour eux le dernier prophète et, de toutes ces écritures révélées, seul le texte du Coran serait demeuré intact. Le texte des autres livres révélés aurait été falsifiés sur Terre, mais préservés dans les cieux.[réf. nécessaire]
Le Coran (enarabe :الْقُرْآنُ,al-Qor’ân?,signifiant « la récitation ») est le principaltexte sacré de l'islam. Il contient 114sourates, commençant par la souratefatiha-al-kitab,arabe :فَاتِحَةُ ٱلْکِتَابِ (sourate-al-Hamd,arabe :سُورَةُ ٱلْحَمْدِ) et se terminant par la sourateAl-Nas,arabe :سُورَةُ ٱلنَّاسِ. Pour lessunnites, il reprendverbatim la parole du Dieu unique[108]. Ce livre est le plus ancien document littéraire, complet[Note 13] en arabe connu jusqu'à ce jour[109],[110]. La tradition musulmane le présente comme un ouvrage en arabe « clair » ou « pur »[111], avec le caractère spécifique d'inimitabilité dans la beauté et dans les idées[112].
Pour les musulmans, le Coran regroupe les paroles d'Allah,révélations (āyāt) faites au dernierprophète et messager de DieuMahomet (مُحَمَّدُ,Muhammad, « le loué ») à partir de 610–612 jusqu'à sa mort en 632[113] par l'archange Gabriel (جِبْرِيلٌ,Jibrîl).
Selon les traditions, Mahomet étantanalphabète jusqu'à l'âge avancé de 40 ans[Note 14], il n'est pas celui qui a mis par écrit le Coran. Durant la vie de Mahomet, la transmission des textes se faisait principalement de manière orale et se fondait sur cette « récitation » qu'évoque précisément le termequr'ān, même après l'établissement à Médine. Le terme « collecte »(jama'a) a été rendu ambigu par les lexicographes musulmans pour y rajouter l'idée de mémorisation. Cette évolution permet de résoudre des contradictions internes aux traditions et d'occulter les luttes entourant la mise à l'écrit du Coran[114]. Certains versets ou groupes de versets ont été occasionnellement écrits sur des omoplates de chameaux ou des morceaux de cuir, par des croyants. Il s'agit de témoignages fragmentaires et rudimentaires de la notation[115],[116].
Toujours selon ces traditions, peu après la mort de Mahomet (en 632), un premier recueil du Coran fut compilé sous l'autorité du premier calife et beau-père de Mahomet,Abou Bakr As-Siddiq[117], qui, à la demande d'Omar ibn al-Khattâb, lorsqu'un grand nombre de compagnons ayant mémorisé le Coran par cœur furent tués à labataille d'Al-Yamama, met le scribe du prophèteZayd ibn Thâbit à la tête d'une commission ayant pour mission de réunir tous les passages récités de son vivant afin de les sauvegarder dans un écrit déposé entre les mains de sa filleAïcha, veuve de Mahomet.Le troisième calife,Othmân ibn Affân (644-656), à la suite de divergences de récitations survenues entre Irakiens et Syriens, aurait demandé à Hafsa de lui prêter le manuscrit en sa possession afin de fixer un texte unique et officiel à partir de cette édition et d'expédier des copies reliées dans les différentes provinces musulmanes[8],[118]. Afin d'éliminer tout risque d'erreur et de parer à toute éventuelle contestation, la commission n'accepta que les écrits qui avaient été rédigés en présence de Mahomet et exigea deux témoins fiables à l'appui, qui avaient réellement entendu Mahomet réciter les versets en question[119]. Malgré ces efforts pour prévenir toutschisme à l'intérieur de l'islam, leskharidjites, parpuritanisme, ont rejeté notamment comme apocryphe la sourateYusuf, en ce qu'elle évoquerait en des termes scabreux la femme duPotiphar d'Égypte s'entichant du beauJoseph (Youssef dans le récit coranique) et ce, en dépit du récit biblique convergent quant à cette affaire[8].
Aujourd'hui, de nouvelles approches réétudient les traditions musulmanes. Ainsi, toutes les traditions de compilation sous Abu Bakr et celle d'Othman remontent à Ibn Shihāb al-Zuhrī, mais pour François Déroche,« il n’est pas totalement certain que le récit d’al-Zuhrī ne soit pas le résultat sinon d’une falsification totale, du moins d’une réécriture de l’histoire »[120]. Les sources anciennes montrent, en réalité, une multiplicité de traditions[120]. L'examen de fragments, pourtant censés être postérieurs à Othman, montre que l'écriture manque encore de précision. L'absence de diacritique sur toutes les lettres laisse« la porte ouverte aux divergences »[120].« La nature de l’intervention du calife ‘Uthmān serait donc différente de celle que la tradition lui attribue. ». Pour Amir-Moezzi, la plupart des traditions liées à la collecte du Coran naissent à l'époque omeyyade, quelques dizaines d'années après les faits« quelques dizaines d'années qui comptent pour plusieurs siècles tant entre les deux époques, les énormes conséquences des guerres civiles et des grandes et fulgurantes conquêtes ont bouleversé l'histoire et la mentalité des premiers musulmans »[121]. Pour Anne-Sylvie Boisliveau,« [Viviane Comerro] revient une dernière fois, et magistralement, prouver qu’il y a eu « théologisation progressive de l’histoire du texte canonisé » : les informations transmises en Islam à propos de la manière dont le Coran a été rassemblé et fixé ont été rendues conformes au dogme définissant le Coran »[122].
Le Coran est composé de cent-quatorze chapitres nomméssourates, de longueurs variables. Chaque chapitre est connu sous un ou plusieurs titres. Ces titres proviennent soit des premiers mots du chapitre, soit d'un épisode considéré comme prégnant. Ils n'appartiennent pas à la révélation et ne figurent pas dans les premiers manuscrits coraniques connus, mais furent rajoutés par des scribes pour distinguer les chapitres du Coran[127].
S'il n'y a aujourd'hui qu'un seulCoran, il existe sept lectures canoniques nomméesQirâ’at. En effet, après que le Coran a été fixé par écrit, on en a précisé ultérieurement la vocalisation et établi les règles de la psalmodie. Seules deux variantes de lectures duCoran (Qirâ’at) sont véritablement connues de la plupart des musulmans et ont fait l'objet d’une réelle diffusion dans le monde arabe : la lecture occidentale (enAfrique) ou lecture deMédine est connue sous le nom de « lecture de Warch » ; et la lecture orientale (enAsie) ou lecture deKoufa est connue, quant à elle, sous le nom de « lecture de Hafs », chaque nom étant tiré du nom du spécialiste de cette science. La différence entre les lectures tient avant tout à la psalmodie, la manière de lire, de prononcer. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de « lecture ». Mais il existe aussi et surtout des différences dans le découpage dessourates en versets, autrement dit dans la « dimension » des versets, ce qui explique également les différentes modalités de psalmodie[128].
La plupart des musulmans ont un grand respect pour le Coran et font les ablutions, c'est-à-dire se lavent comme pour faire les prières, avant de le toucher et de le lire[129],[Note 15].
Le dogme de l'arabité proclame que le Coran a été révélé à Mahomet dans sa langue :« en une langue arabe très claire. » (Coran, sourate 26, verset 195). Le deuxième terme« n'a aucun sens linguistiquement et historiquement » car« il n'y a aucune raison de penser que l'environnement dans lequel naît le Coran n'était pas, d'une façon ou d'une autre, multilingue (l'ensemble du Proche-Orient l'était) — autrement dit, il convient de reconnaître la présence de nombreuses traces de bilinguisme/multilinguisme dans la langue même du Coran »[130]. S'appuyant sur une recherche de Luxenberg, Gilliot traduit ce terme par « élucidé »/ « rendu clair ». Pour l'auteur, ce terme est lié au Coran qui« explique/interprète/commente des passages d’un lectionnaire en langue étrangère »[131].
De nombreux emprunts à d'autres langues sont présents dans le Coran. Certains de ces mots étaient déjà considérés comme obscurs auVIIe siècle[132]. Elle englobe toutes les langues des pays limitrophes de l’Arabie, celles qui appartiennent à la famillesémitique : l’akkadien, l’araméen, l’hébreu, lesyriaque, l’éthiopien, le nabatéen, lesudarabique, et les langues non sémitiques des Empires grec, romain et perse[133]. PourAlphonse Mingana, 70 % des termes d’origine étrangère dans le Coran proviendraient du syriaque[134].
Selon le récit religieux musulman, la langue arabe aurait été révélée àAdam en 29 lettres de l'alphabet. Et Mahomet de préciser que :« Lâ est une seule lettre » (c'est-à-dire la négation et non pas lahamza qui marque seulement un coup de glotte)[135].
Bien que la traduction du Coran pose problème et soit rejetée par certains courants conservateurs « littéralistes », le Coran fut tout de même traduit très tôt, du moins partiellement. Ainsi, selon une tradition musulmane, la première sourate, laFatiha est traduite du vivant de Mahomet parSalman le Perse afin d'être récitée lors de la prière par lesPerses[Note 16],[136], tandis que Ja`far ibn Abî Talib, frère d'`Alî, a traduit quelques versets parlant deJésus et deMarie en langueguèze (éthiopien classique), lorsqu'il était ambassadeur au nom de Mahomet auprès du souverain chrétien d'Éthiopie, leNégus[137]. Néanmoins,« certaines voix se sont rapidement élevées contre tout effort de traduction coranique »[138]. Parmi d'autres, une traduction complète enpersan est, tout de même, établie en 956[138].
Toutefois, après la mort de Mahomet, les courants les plus conservateurs de l'islam ont exprimé un refus catégorique de traduire le Coran considérant que la traduction n'est plus la parole de Dieu[139]. Le dogme du caractère inimitable du Coran, transcription écrite de la parole divine, et du caractère sacré de la lettre a longtemps servi à s'opposer aux traductions[140]. La traduction de ce texte ancien peut être problématique par l'absence de« certitude [sur] le sens qu'avaient bien des termes utilisés par le Coran, dans le milieu où il est apparu » ou par la polysémie de certains termes.« Une des traductions modernes les plus scrupuleuses, celle de l'Allemand Rudi Paret, est parsemée de parenthèses et de points d'interrogation »[140]. Ainsi, Cuypers cite le premier verset de la sourate 96 :« Lis (ou « proclame ») au Nom de ton Seigneur ! », que la tradition associe à la lecture et à la proclamation du Coran. Des recherches contemporaines permettent de le retraduire en« Appelle/Invoque le Nom de ton Seigneur », reconnaissant dans ce passage un appel à la prière et non un envoi en mission[140].
En réponse à ses contradicteurs, les musulmans proclament que le Coran est unmiracle et qu'aucune parole humaine ne saurait le surpasser en beauté. Son inimitabilité sert le double objectif de prouver l'authenticité de l'origine divine du Coran et la prophétie de Mahomet à qui il a été révélé comme messager pour le genre humain[141]. Depuis leIIIe siècle de l'hégire ce concept est devenu un dogme[112]. Le termeiʿjâz utilisé pour définir l'inimitabilité de celui-ci n'est attesté qu'à partir duIXe siècle et aucun traité ne lui est consacré avant leXe siècle[142]. Pour Liati,« on constate que le dogme de l’inimitabilité formelle du coran est tardif et qu'il ne s'est imposé que contre des résistances très vives »[81].
Selon l'apologétique musulmane, ce défi serait resté sans réponse[Note 19],[145]. Selon la tradition islamique, un certainMusaylima al-kadhdhâb a tenté, en vain, de relever ce défi, déclarant à ses compatriotes duNejd venus le trouver pour contrer la prophétie de Mahomet :« À moi aussi, l'ange Gabriel m'a apporté une sourate pareille »[146]. Par ailleurs, un certain nombre de poètes[Note 20], ont écrit des textes dépassant, selon eux, le Coran en éloquence[147],[Note 21]. Si les traditions évoquent plusieurs cas de personnes ayant tenté de relever le défi, les « révélations » conservées sont« en leur quasi-totalité […] inventées par les musulmans eux-mêmes » pour critiquer ou ridiculiser les auteurs attribués[148].
Pour Gilliot,« Le recours à la soi-disant « inimitabilité » linguistique ou thématique du Coran ne vaut que pour qui adhère à cetheologumen. Aux yeux du linguiste ou du traducteur, d’inimitabilité, point n’est ! »[149]. Pour Maxime Rodinson, cette perfection serait culturellement ressentie par les musulmans, comme pour tout« texte dont on a été bercé depuis l'enfance ».« La beauté du style coranique a été contestée par ceux qui, pour une raison ou une autre, échappaient à l'envoûtement collectif »[150]. Pour D. et M.T. Urvoy[Note 22],« il n’y a de miracle coranique que pour celui qui y croit (déjà). Il s’agirait là, selon les auteurs, d’un cercle : Dieu dit que Sa parole est un miracle, le Coran est parole de Dieu, alors le Coran est un miracle (…). Ainsi, « l’argument du défi (al-taḥaddī) ne prouve rien à un non musulman s’il n’est pas déjà engagé dans la conversion à l’islam » (…) »[145].
Theodor Nöldeke a écrit un article sur ce qui lui paraissait être des défauts stylistiques (rimes, styles, composition…) dans le Coran« dont sont exempts les poèmes et les récits de l'ancienne Arabie » ainsi que des irrégularités grammaticales[151]. Mais pourJacques Berque, beaucoup de ce que Theodor Nöldeke impute à des vices rhétoriques n'est en fait qu'une spécificité stylistique propre au discours coranique et non pas un défaut stylistique. Pour ce qui est des irrégularités grammaticales ou ce que l'on pourrait prendre comme telles, il en admet quelques-unes comme « incontestables » mais préfère plutôt les nommer « spécificités grammaticales »[152].Michel Cuypers récuse ainsi l'affirmation de Nöldeke selon laquelle le fait de passer d'un sujet à un autre avant de revenir au premier sujet est une faiblesse. Il reconnait une structure non linéaire que l'on appelle la « rhétorique sémitique »[153],[154].
Les musulmans considèrent que les prophètes sont une part importante de leur foi. Pour l'islam, le prophète est à la fois quelqu'un qui proclame un message divin (sens de « prophète »,nabi, en arabe et en hébreu) et quelqu'un qui présente une législation (charia)[155]. À la différence du prophète biblique, Mahomet ne prédit pas l'avenir[Note 23], à l'exception d'un éventuel futur triomphe de l'islam. Selon Amir-Moezzi, la prophétologie musulmane est proche, par certains aspects comme le concept de « sceau des prophètes », du manichéisme ; pour lemutazilisme, elle est une grâce d'Allah pour ses créatures[155]. La prophétie coranique est avant tout la transmission d'une révélation[156].
Mahomet, David et Salomon, Afghanistan, Hérât, 1436.
Pour l'islam contemporain majoritaire, tous les prophètes d'Allah ont fait valoir un bon comportement et une conduite exemplaire[157]. Ils seraient nécessairement immunisés contre la mécréance, les grands péchés et les petits péchés. Cette croyance tardive[158] ne provient pas du Coran et sa mention est rare dans la Sunna. Au contraire, le Coran rapporte des péchés et des fautes de plusieurs prophètes, dont Mahomet[159], mais aussi Adam, Moïse et David[160]. Le Coran ne défend donc pas le dogme de l'impeccabilité des Prophètes. La Sunna, elle-même, n'en contient que quelques traces[160]. Cette doctrine est énoncée, pour la première fois clairement, parIbn Hanbal (855)[161]. Ce dogme entraînera des conflits d’interprétation lorsque la vieille exégèse (y compris dans les écrits attribués à Mahomet) heurtait ce principe d’impeccabilité[162]. Cette notion aurait été importée dans l'islam par le biais de l'islam chiite, à partir de l'influence des croyances orientales et a connu dans la pensée sunnite des évolutions et une mise en place longue[163].
Une succession de prophètes
Du point de vue musulman, tous les prophètes ont appelé à l'islam. Abraham est donc musulman au même titre qu'Adam, Noé, Moïse et Jésus. Paradoxalement, c'est Abraham qui partage la foi de Mahomet et non l'inverse puisque la vérité, selon le Coran, est connue dès le premier jour et dès le premier homme, Adam[164]. Le Coran propose une histoire construite sur le principe qu'Adam aurait possédé l'intégralité du message divin mais que celui-ci se serait altéré au fur et à mesure des générations. Ces altérations ont été accompagnées de restaurations par les prophètes, appelant un retour au monothéisme originel. Ce schéma est devenu systématique chez les hérésiographes[156].
Les textes expliquent qu'Adam a inauguré la fonction prophétique, tandis que c’est par Mahomet, le dernier prophète, qu’elle a été clôturée. Quelques prophètes cités par le Coran :Noé (Noûh),Abraham (Ibrâhîm),Loth (Loût),Ismaël (Ismâ'îl),Isaac (Ishâq),Jacob /Israël (Ya'qoûb / Isra'îl),Joseph (Yoûçouf),Job (Ayyoûb),Shelah (Sâlih),Eber (Âbir / Hoûd),Aaron (Hâroûn),Moïse (Moûçâ),Jonas (Yoûnous),Jessé (Yâsa),David (Dâwoûd),Salomon (Soulaymân),Zacharie (Zakariyyâ),Jean-Baptiste (Yahyâ),Jésus (Issa)[165]. À l'inverse de la réserve biblique quant à l'usage de ce terme, le mot « prophète » a tendance à être attribué par l'islam, selon Amir-Moezzi, à toute personne« ayant joué un rôle dans l'histoire sacrée »[155]. Ainsi, des auteurs attribuent un rôle prophétique àAlexandre le Grand (Dhû-l-Qarnayn)[166].
Il est possible de faire une histoire des représentations de Mahomet, mais pas une biographie historique au sens moderne du terme. L’ensemble des données non islamiques sur la vie de Mahomet ne dépassent pas une page[167].
Le chef religieux, politique et militaire arabeMahomet (محمد en arabe), dont le nom est parfois aussi transcrit par Mohammed, Muhammad, etc. en français[168] est le fondateur de l'islam et de l'oumma, la« matrie »[Note 24] en quelque sorte (sans aucune idée de communautarisme, mais au contraire d'universalisme). Il est considéré comme le dernier prophète du monothéisme par les musulmans et il n'est reconnu comme prophète que par cette congrégation. Ils ne le considèrent pas comme le fondateur d'une nouvelle religion, mais pensent qu'il est le dernier d'une lignée de prophètes de Dieu et considèrent que sa mission est de restaurer la foi monothéiste originale d'Adam,Abraham et d'autres prophètes, foi qui avait été corrompue par l'homme au cours du temps[169],[170].
Selon le Coran, pendant les 23 dernières années de sa vie, Mahomet dicte des versets, qu'il reçoit d'Allah par l'intermédiaire de l'angeGabriel (Jibril), à des fidèles de plus en plus nombreux convaincus par ce nouveau message. Le contenu de ces révélations sera compilé après la mort de Mahomet en un ouvrage, leCoran, livre saint des musulmans[Note 25]. Néanmoins,« L'archéologie expose que le thème de la prophétie de Mahomet est apparu relativement tard »[155].
Le Coran établit l'importance de lasunna (« voie », « chemin » ou « tradition ») de Mahomet qui est racontée par des transmissions de ses paroles, faits et gestes, approbations (y compris silencieuses)[171],[Note 26], récits appeléshadîths. Les hadiths sont considérés comme des exemples à suivre par la majorité des musulmans. Les écoles de jurisprudencemadhhabs considèrent les recueils de hadiths comme des instruments importants permettant de déterminer lasunna, la « tradition » musulmane. Le hadith était à l'origine une tradition orale qui rapportait les actions et coutumes deMahomet. Cependant, à partir de la premièrefitna, auVIIe siècle, ceux qui ont reçu les hadiths ont commencé à questionner les sources des paroles[172]. Pour les musulmans, leur crédibilité est généralement proportionnelle au crédit des témoins qui les ont rapportés. Cette chaîne de témoins est appeléeisnad. Ces recueils sont, encore aujourd'hui, pris comme références dans les sujets en rapport avec lefiqh ou l'histoire de l'islam. Les hadiths dit « authentiques » sont admis par l'ensemble des musulmans sunnites[réf. nécessaire]. Comme leur nom l'indique, les sunnites considèrent les hadiths constituant lasunna comme des suppléments et des clarifications essentielles auCoran. Dans la jurisprudence islamique, le Coran contient le germe de nombreuses règles de comportement attendues d'un musulman[réf. nécessaire]. Ils sont considérés comme une source d'inspiration religieuse par les sunnites et les chiites, alors que lescoranistes considèrent que le seul Coran est suffisant. Leschiites ont toutefois des réserves à l'égard des recueilssunnites car ils valident plutôt leur point de vue. Ils ont leurs propres ouvrages qui, pour Amir-Moezzi, concordent davantage avec la recherche historico-critique[173].
Plusieurs chercheurs ont démontré que certains hadiths sont composés d'éléments plus récents que Mahomet et qui lui ont été attribués postérieurement[32] et qu'ils ont été forgés par le pouvoir califal[174]. Schacht considère que, de manière générale, plus une chaîne de transmission paraît « parfaite », plus le hadith est tardif. En particulier, les transmissions familiales sont des« indications positives que la tradition en question n'est pas authentique »[32].
Selon l'islam, un certain nombre d’événements surviennent après la mort dont les plus importants sont[réf. nécessaire] :
Le jour du jugement : Il surviendra après la fin du monde dont seul Dieu connaît l'échéance[175]. La durée sera de 50 000 ans[Note 27]. La terre sera une autre terre ainsi que les cieux[Note 28]. Allah jugera les gens sans intermédiaire, un par un.
Le rassemblement : tous les gens seront rassemblés en un lieu pour se faire juger,
L'exposition des actes : chacun verra exposés ses actes, bons ou mauvais,
La rétribution : en fonction de leurs actes, les gens seront récompensés ou châtiés,
La balance : les actes seront comparés, bons contre mauvais,
Le pont (al-sirat) : il relie la nouvelle Terre aux abords du paradis et il sera dressé au-dessus de l'enfer dans lequel, selon l'interprétation majoritaire, les « infidèles » chuteront (ceux qui n'acceptent pas le Coran)[176],
Le bassin (al-kawthar) : chaque communauté aura son bassin dont boiront les musulmans pieux avant d'entrer au paradis,
L'intercession : avec la permission d'Allah, ses prophètes, ainsi que d'autres pieuses personnes ou le Coran, intercéderont pour les auteurs de grands péchés[177], qui méritent un châtiment (Tawassoul),
L'enfer (jahannama) : c'est un endroit dans lequel, selon l'interprétation majoritaire, seront châtiés les « infidèles »[176]. L'interprétation des versets coraniques relatifs à la « durée » du séjour infernal est l'objet de développements théologiques,
Le paradis (al-janna) : c'est une demeure de félicité éternelle réservée aux personnesunifiant Dieu, ainsi qu'aux personnes sincères,
La vision de Dieu : les croyants verront Allah, sans notion de distance et sans qu'il y ait un doute sur cette vision.
La majorité des musulmans croient à la question, au supplice et à la félicité de la tombe. Ceci n'est pas mentionné dans leCoran mais dans laSunna. Selon cette dernière, après la mort, toute personne sera questionnée dans sa tombe par deux anges du nom de Mounkar et Nakir :« Qui est ton Seigneur ? Qui est ton prophète ? Quelle est ta religion ? »[178]. Les musulmans pieux répondront correctement à ces questions et auront la félicité dans leur tombe, tandis que les non-musulmans et certains musulmans désobéissants n'y répondront pas correctement et seront châtiés[réf. nécessaire].
Selon les commentateurs musulmans, le Coran dit queʿĪsā (Jésus de Nazareth) est un prophète commeAdam[Note 30] ; qu'il n'a pas été tué nicrucifié mais qu'il a« été élevé vers Dieu »[179] ; et qu'un« autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué » ; certains interprètes disent que cet autre individu étaitJudas[180],[181]. Plusieurs auteurs (Marx, Reynolds, Charfi, Amir-Moezzi…) estiment que le passage du Coran sur lequel se fonde l'affirmation des commentateurs musulmans est ambigu et prête à discussion[182],[183],[184]. PourJ. Chabbi, l'interprétation de la non-mort de Jésus ne se trouve pas dans le Coran mais dans la tradition[185].
Dans la croyance musulmane,Jésus reviendra à lafin des temps pour« tuer » l'Antéchrist[réf. nécessaire]. La seule mention coranique d'un retour d'ʿĪsā se trouve dans la sourate XLIII qui fait l'objet de plusieurs lectures[186]. Pour Pons et Hilali, Jésus juge le monde à la fin des temps. Cette tradition est particulièrement présente dans le corpus des hadiths[187]. Pour Reynolds, selon une tradition du début de l'islam, Jésus remettra alors l'islam en place et luttera contre les chrétiens et les juifs[188]. Pour ces traditions,« il tuera les porcs, brisera la croix, détruira les synagogues et les églises, et tuera les Chrétiens sauf ceux qui croiront en lui »[186]. Son retour sur terre, en tant que Massih (Messie) musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup dehadiths le présentent comme le principal compagnon duMahdi, Sauveur de la fin des temps[Note 31].
Dans la compréhension musulmane, la prédestination du bien et du mal se rapproche du sentiment antique dufatum[164]. Elle consiste à croire que tout ce qui se produit dans ce monde — qu’il s’agisse des actes volontaires ou involontaires d'un individu — est prédestiné par Dieu. Ce qui arrive était déjà écrit. Les événements surviennent inéluctablement. La volonté de Dieu se réalise toujours selon sa sagesse éternelle. Ainsi, toute chose — bonne ou mauvaise — est connue de Dieu par avance, et se réalisera en temps voulu[réf. nécessaire]. Pour l'islam,« la prédestination est entièrement incluse dans la notion de « destin » (al-qadr), qui est le décret établi (ajl mûsamma) par Dieu (II, 210 ; VI, 2), décret qui ne peut être ni avancé ni retardé »[189].
Mantran oppose la vision de Mahomet à la Mecque qui défend le libre-arbitre mais qui évolue lors de son enseignement à Médine vers une prédestination. Dès le début de l'islam, en Syrie, des musulmans se sont opposés à cette vision qui leur semble contraire au principe de jugement divin. Ils prennent le nom de qadarites. La prédestination fut défendue par le pouvoir omeyyade qui légitimait ainsi ses actions[190]. Le second courant s'opposant à la prédestination est lemo'tazilimes, à partir de la fin du califat omeyyade. Ce courant a« estimé que l'homme possède un libre arbitre illimité de ses actes, qu'il est le créateur de ses actes, sinon Dieu serait injuste de l'en rendre responsable »[190]. Ce mouvement disparaît auIXe siècle[191].
Du reste, il est à noter que cette question du destin est à ce point controversée au sein de laOumma et en dehors, qu'elle a conduit l'imamAbû Hanîfa (mort en 150H/767G) à mettre en garde contre l'écueil de la mécréance en voulant aborder ce mystère :« Ne savez-vous pas que celui qui examine le libre-arbitre est comme celui qui examine les rayons du soleil, plus il l'observe de près, plus il devient perplexe »[192]. Pour Mantran, ce principe de la prédestination« entraîne la négation de la liberté de l'homme », même si cela ne nie pas, pour les théologiens sa responsabilité[193].
Les musulmans se partagent en trois branches principales : lesunnisme rassemble environ 90 % des musulmans[55], lechiisme environ 10 %, l'ibadisme (division dukharidjisme) moins de 1 %[194].
Principaux courants de l'islam.Carte des pays où les musulmans représentent plus de 10 % de la population. En vert, les pays à majoritésunnite, en violet, ceux à majoritéchiite, et en noir, ceux à majoritéibadite.
Lesunnisme (desunna, « voie », « chemin » ou « tradition ») est le courant de loin le plus répandu. 90 % des musulmans sont sunnites[55]. Il est apparenté à une vision orthodoxe de l'islam[198]. Ces croyants se nomment eux-mêmes « gens de la tradition et de l’assemblée »[199]. Le sunnisme est un courant qui s'installe lentement, au cours des deux premiers siècles de l'islam[199]. Le sunnisme se renforce à partir du califat abbasside même s'il connait des oppositions[199].
Les musulmans sunnites appartiennent très majoritairement à l'une des quatre grandes écoles dejurisprudence (madhhab). Celles-ci s'acceptent mutuellement et ne diffèrent pas en termes de croyances ('aqîda) — elles sont soitacharites, soitmaturidites. Elles se différencient toutefois par la méthodologie juridique utilisée pour régler les questions de jurisprudence.
Lesmadahib s'accordent sur quatre sources de droit : leCoran (paroleverbatim deDieu), laSunna, (enseignements oraux et actes duprophète de l'islam ouahadith), le consensus juridique (ijmâ') et l'analogie juridique (qiyâs).
Pourtant marqué par la modernité, le wahhabisme s'est propagé dans le monde entier[200]. Cette doctrine a été la doctrine officielle de l'état saoudien depuis le début duXXe siècle. L'Arabie saoudite, dans une récente inflexion, tente de se démarquer de celui-ci en invoquant un réformisme salafiste[202]. Le « wahhabisme » dérive de l'école juridique sunnite hanbalite[201], et en particulier de la« pensée néo-hanbalite d’Ibn Taymiya »[203]. "Mais à la différence du hanbalisme, ce mouvement n’est pas seulement doctrinal ; il a une dimension politique et pratique". Plusieurs courants, issus du wahhabisme ont formulé des critiques contre celui-ci[201].
Une des estimations les plus détaillées de la population religieuse dans legolfe Persique est celle deMehrdad Izady qui estime,« en utilisant des critères culturels et non confessionnels », à moins de cinq millions le nombre de salafistes ou wahhabites dans la (seule) région dugolfe Persique (contre 28,5 millions desunnites et 89 millions dechiites)[204],[Note 32] ; dont environ 4 millions enArabie saoudite (surtout dans la région centrale duNejd) et le reste provenant majoritairement duQatar et de l'émirat de Charjah[204]. 46,87 % desQataris[204] ; 44,8 % desÉmiratis[204] ; 5,7 % desBahreïnis ; et 2,17 % desKoweïtiens sont wahhabites[204]. Ils représentent environ 0,5 % de la population musulmane dans le monde[205].
En 2016, un congrès a eu lieu à Grozny en Tchétchénie, rassemblant 200 personnalités sunnites de nombreux pays[Note 33]. Organisé par le gouvernement tchétchène et inauguré par le grand imam de l'Azhar,Ahmed al-Tayeb, il s'est réuni pour définir le sunnisme[Note 34],[206]. À l'issue de leurs travaux, ces dignitaires sunnites sont convenus que les gens du sunnisme sont lesacharites et lesmaturidites, au niveau ducredo, leshanafites, lesmalikites, leschaféites, et leshanbalites, au niveau dudroit et lessoufis de l'imamJunaid al-Baghdadi, au niveau de lagnose, des manières et de la purification [spirituelle][207],[Note 35]. Ce congrès exclut le wahhabisme. Néanmoins, la marginalité de certaines figures présentes et le rôle de la Russie semble que ce congrès avait davantage pour rôle "d’asseoir l’influence de Vladimir Poutine en Asie Centrale et au Moyen-Orient", au détriment de l'Arabie Saoudite[206]. Il est controversé dans le monde arabe[208].
La séparation du chiisme avec les autres courantes de l'islam date aussi des premiers temps de l'islam et de la question de la succession de Mahomet. Les chiites considèrent que le califat doit être réservé à Ali et à ses descendants, héritier désigné, selon eux, par Mahomet avant sa mort[209].
Lechiisme est divisé en différentes branches, dont les principales sont lechiisme duodécimain (branche la plus importante), lezaïdisme et l'ismaélisme[210]. La lignée d'Ali est composée de douze imams. Les chiites duodécimains ou "imamites" sont ceux qui ont accepté ces douze imams. Les autres courants se sont formés à la suite d'un imam, non légitimé par le précédent (Zaydite au5e, Ismaélien au7e, Nousayri au11e)[209].
Le douzième imam, Mohammed al-Kaym « al-Mahdi », un enfant, aurait été occulté. Imam caché, les chiites duodécimains croient qu'il reviendra à la fin des temps. L'imam caché a un rôle central dans ce courant. Il sera, pour ce chiisme celui qui révélera le sens caché de toutes les révélations prophétiques[209].
Les chiites croient que chaque grand prophète a été suivi par une succession de douze imams chargés de manifester le sens de la révélation. Ainsi, les douze imams auraient été chargé d'expliquer le sens caché de la loi littérale transmise par Mahomet. Ainsi,« la Révélation ne s’arrête pas à la Récitation du Verbe descendu sur Mohammed, elle continue à travers les imams chargés de manifester les innombrables significations de ce Verbe »[209]. Les duodécimains n'ont pas attribué un rôle politique aux imams.« La seule chose clairement établie est que la souveraineté revient à l’« imam caché » et que tous les gouvernements séculiers sont illégitimes »[209].
Les pratiques et rituels du chiisme sont proches de ceux du sunnisme. Une grande importance est donnée par la sensibilité populaire à la souffrance des imams assassinés. Le chiisme se caractérise par des lieux saints, principalement des mausolées consacrés au grandes figures de ce courant[209].
Les quintimains sont « ceux qui croient en la venue de cinq imams ». Le zaïdisme (arabe :الزَّيْدِيَّةُ,az-Zaydiyya) est la plus ancienne branche de l'islam chiite qui s'est séparé du tronc devenu officiel des douze imams au début duVIIIe siècle. Elle est nommée d'aprèsZayd ibn Ali, le petit-fils d'Al-Hussein ibn Ali[209].
Les adeptes de l'école juridique sont appelés zaydites et représentent environ 35-40 % des musulmans auYémen[216]. En dehors de la question éminemment politique du califat, ils suivent un rite presque identique au ritehanafite pour la jurisprudence islamique et sont en généralmutazilites pour la théologie[217].
Les septimains sont « ceux qui croient en la venue sept imams ». Ce courant porte le nom d'ismaélisme (arabe :al-Ismā'īliyya,الْإِسْمَاعِيلِيَّة ; persan : اسماعیلیان ; sindhi : اسماعيلي ; kurde :Ismaili ;Esmā'iliyān). Les ismaélites tirent leur nom de leur acceptation d'Ismaïl ben Jafar comme le successeur spirituel désigné à l'imamJa'far al-Sâdiq, ce en quoi ils diffèrent des duodécimains, qui acceptentMusa al-Kazim, frère cadet de Ismaïl, comme le vrai Imam. En effet, Ismaïl est mort avantJa'far al-Sâdiq. Pour les ismaéliens, cela ne lui retire pas le droit à l'imamat, celui-ci étant un "imam caché". Ce courant s'est organisé au milieu duIXe siècle[209].
Pour ce courant, "un imam ou un grand personnage de l’histoire islamique [est] une émanation, une incarnation, une transfiguration de Dieu". Ce courant rejette l'attachement traditionnel à la lettre du Coran pour mettre en avant le sens caché et implicite transmis par les imams[209].
De l'ismaélisme dérivent d'autres courants comme les druzes, les nizarides ou les moustalides[209].
Quelques mois après la bataille de Siffîn en 657, un arbitrage eut lieu entre Ali et Mu’âwiya à propos de la mort d'Uthman. Ali, reconnu coupable, dut faire face à une révolte de personnes refusant cet arbitrage humain. Ils reçurent,a posteriori, le nom de kharidjites ("révoltés")[218] et se retirèrent dans la région d'al-Koufa. À partir de la mort du calife Yazîd (683), ce courant se divise en plusieurs branches, dont la principale est celle des ibadites. Après s’être soulevés contre les omeyyades, ils s'installèrent au Maghreb[219].
Selon D. Sourdel,« [j]amais codifiée, la doctrine des kharijites a cependant peu varié. Tandis qu'en politique ils désirent un califat électif, confié au plus digne, ils sont en théologie et en morale, rigoristes et littéralistes : condamnation du luxe, rejet d'une sourate regardée comme frivole (celle de Joseph), interprétation littérale du Coran (parole incréée de Dieu), nécessité d'une conscience pure avant la Prière, des œuvres avec la foi »[219].
Lekharidjisme est multiple dans ses formes (sufrites,ibadites…). De nos jours la seule tendance kharidjite qui ne s'est pas éteinte est l'ibadisme[220]. Il se retrouve dans le sultanat d'Oman et dans quelques régions très localisées du Maghreb, au nord du Sahara algérien ou enTunisie (île deDjerba)[220].
Le soufisme
Les soufis croient que le Coran a deux niveaux de signification ; lezahir, sens externe ou apparent ; et lebatin, sens interne ou caché.
Au-delà des différents courants, les musulmans ont élaboré des approches différentes du divin. Le soufisme est la voie mystique de l'islam, fondée sur "recherche de l’union la plus étroite avec le Divin, le plus souvent via l’ascèse, la prière et la méditation"[221]. Les soufis s'appuient sur des tendances coraniques de piété, "étrangères à la plupart des juristes"[222]
Les soufis considèrent généralement que suivre la loi (charia) ou la jurisprudence islamique (fiqh) n'est que le premier pas sur le chemin de la soumission parfaite. Ils se concentrent sur des aspects internes ou plus spirituels de l'islam, comme la perfectibilité de la foi ou la soumission de l'ego (nafs). Les soufis cherchent à atteindre lefana (extinction du « moi » devant Dieu l'Unique) selon trois degrés ou étapes :
l'islam (proprement dit) ; la soumission à lacharia ;
l'imane (qui est un don de Dieu) ; la foi par latariqa ;
l'ihsane (qui est le but de la voie) ; l'excellence morale ou vertu dans lahaqiqa[225].
Des groupes d'ascètes apparaissent en Irak dès leVIIIe siècle[222]. Par ces positions la mystique heurtait l'enseignement traditionnel ; aussi ses adeptes furent-ils très tôt inquiétés comme coupables dezandaqa (à l'origine manichéisme, puis hérésie, impiété)[222]. Un des traits de cet islam est l'importance des confréries, formes qui s'organisent à partir duXIIe siècle[221].
La plupart des ordres soufis (tariqas) se rapprochent, soit du sunnisme, soit du chiisme. On les rencontre dans tout le monde islamique, duSénégal jusqu'à l'Indonésie[réf. nécessaire].
Lecoranisme est un mouvement islamique dont les adeptes voient leCoran comme seule source de foi et rejettent leshadiths comme source légale et théologique aux côtés du Coran. Cette interprétation particulière de la foi fait que certaines de leurs compréhensions coraniques diffèrent considérablement des doctrines orthodoxes.
Au sein de laMuʿtazila, une école de théologie musulmane qui a prospéré entre le neuvième et le onzième siècle, il y avait diverses positions critiques concernant les hadiths. L'un de leurs représentants,an-Nazzām, avait une attitude très sceptique envers les hadiths. Il a examiné les traditions contradictoires concernant leurs différents contenus pour défendre sa position[226].
En 1906,Muhammad Tawfīq Sidqī a publié un article critique dans le journalal-Manār parRashīd Ridā avec le titre « L'Islam n'est que le Coran seul » (al-Islām huwa al-Qurnān wa -da-hū). Il y critiquait laSunna et estimait que les musulmans concernant les différents contenus afin de défendre sa position devaient s'appuyer uniquement sur le Coran, puisque les actions du Prophète n'étaient destinées qu'à servir de modèle pour les premières générations de musulmans. L'article, qui était le résultat de discussions avec Rashīd Ridā au cours desquelles Sidqī a présenté ses idées sur la limitation temporelle de la Sunna, a rencontré une forte opposition de la part des savants musulmans de l'époque, et plusieurs d'entre eux l'ont réfuté[227].
Le coranisme a également pris une dimension politique auXXe siècle lorsqueMouammar al-Kadhafi a déclaré que le Coran était laconstitution de la Libye[228]. À travers des érudits égyptiens tels queRashad Khalifa, le découvreur ducode du Coran (Code 19), un code mathématique hypothétique du Coran, et Ahmad Subhy Mansour, érudit et militant islamique, qui a émigré auxÉtats-Unis, les idées coraniques se sont également propagées à de nombreux autres pays de[229].
Un quatrième courant, qui s'est éteint au Moyen Âge, lemutazilisme, est une école théologique rationaliste, en conflit avec lesunnisme naissant ; il est apparu à la fin ducalifatomeyyade, au milieu duVIIIe siècle, et a été éradiqué auXIe siècle par lesunnisme, en particulier par lesacharites (disciples d'Al-Ach'ari 873-935, lui-même un ex-mutazilite) qui sont parvenus à venir à bout de sonrationalisme jugé abusif, car il voulait tout submerger[230]. Cette école, dont des textes ont été redécouverts auXIXe siècle, connaît une petite résurgence depuis cette date chez certains intellectuels, notamment en raison de ses conséquences politiques et de ses liens avec la démocratie[231]. Cependant, lemutazilisme a perdu tout crédit populaire à la suite de l'inquisition musulmane du califeAl-Ma’mūn pour imposer sa doctrine et ne récolta plus en retour que haines et persécutions[230].
Au-delà de l'appartenance à l'un des grands courants de l'islam, on ne peut éluder les pratiques (cultes de "saints", pratique d'intercession…) parfois dites "populaires" de l'islam[232]. Elles sont souvent imprégnées de doctrinessoufies et, en particulier, d’Ibn ‘Arabî (XIIIe siècle)[233]. L’existence de particularités populaires est attestée dans toutes les sociétés du monde musulman. Cet islam « vit sa religion avec son cœur, son imagination » et intègre des éléments locaux etfolkloriques.« Les coutumes d'avant l'islamisation subsistent en Iran, en Afghanistan, en Indonésie aussi bien qu'en Afrique noire ou dans les multiples groupes berbères d'Afrique du Nord »[234]. Cette dichotomie interroge l’islamologie[235].
Il faut également mentionner l'apparition, à la fin duXIXe siècle, de la question d'un islam réformé qui vise à unaggiornamento général. L'origine de celle-ci semble la rencontre avec l'Occident[Note 38]. "Cette réflexion sur la modernité se fera sous le mode non pas de la rupture mais du recours à la tradition non pas du progrès mais de la renaissance.". Le premier courant réformiste fut celui de lasalafiyya. Ce mouvement a privilégié l'islam "savant" et "urbain", au détriment des pratiques dites "populaires". Néanmoins, cette islamisation de la modernité s'est accompagnée, avec l'entrée de l'islam dans des espaces démocratiques, d'une modernisation de l'islam,via une individualisation de la religion. Cet affaiblissement du groupe a mené à un besoin de réforme« soit [dans] un rapport sécularisé à l’islam qui tend à relativiser au maximum les injonctions de la tradition[Note 39] ou au contraire un fondamentalisme qui s’inscrit dans un respect exigeant de la tradition dans sa globalité »[236]. Plusieurs penseurs commeMohammed Arkoun ouMohamed Abed Al-Jabri ont participé à ces débats. Les attentats de 2015 semblent avoir été un accélérateur en France dans les débats sur la réforme de l'islam[237].« Même s’ils ne sont pas toujours reconnus par de larges publics, les effets de compétition intellectuelle [que les penseurs] produisent à travers les idées qu’ils mettent en circulation changent aujourd’hui profondément le paysage intellectuel et idéologique musulman »[238].
Création
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Le Coran ne se présente pas, comme la Genèse, mais plutôt comme un enseignement ayant pour but d'avertir les hommes[239].
Dinar (en or estampé) du cinquième calife fatimide al-Aziz (r. 365-386 H / 975-996 J.-C.), frappée àMahdia en 380 H / 990 AD. Conservé au musée archéologique d’Aqaba, Aqaba, Jordanie. Diamètre : 18 mm, poids : 4 g.
Lescalifes (arabe :خليفة signifiant « lieutenant », « successeur » ou « représentant ») désignent les successeurs deMahomet. Le porteur du titre a pour rôle de sauvegarder la religion et de gérer le monde d’ici-bas[240]: c'est le dirigeant temporel et spirituel de l'Oumma, la « matrie[Note 24] », les musulmans doivent lui obéir[240].
Le Coran fait la distinction entre les deux termesImamat etCalifat, le premier ayant une fonction de direction, le second signifiant le successeur (dans un sens non-obligatoirement politique). La pensée politico-religieuse musulmane ira vers une confusion des deux termes et l'usage du second pour désigner celui qui dirige la communauté[241]. Les penseurs musulmans des premiers siècles ont construit la figure du calife, comme pouvoir et autorité. Ce statut conserve des traces des représentations moyen-orientales anciennes, du souverain comme intermédiaire entre le ciel et la terre[241]. La pensée du calife s'est développée primitivement dans le monde chiite, et "la théorie sunnite n’a pas été précisée dans toute son ampleur avant leIVe siècle /Xe siècle"[240]. Elle se construit en réaction à ces autres théories[Note 40],[240]. Le droit du califat se caractérise par une quasi-inexistence de sources dans le Coran ou la Sunna[240].
Mahomet est mort sans désigner de successeur. À sa mort, une grande violence a éclaté entre les différents partis même si la tradition sunnite a cherché à l'atténuer. Elle chercha à présenter les faits de manière consensuelle, tandis que la recherche islamologique remet sérieusement en doute ce prétendu "consensus". Rapidement,Abu Bakr prit le dessus surAli, l'autre concurrent[242]. Le titrekhalifat rasul Allah, signifiant « successeur du messager de Dieu » est devenu le titre courant mais est absent des premiers graffiti trouvés[243]. De même, si la tradition fait d'Omar ibn al-Khattâb le premier à porter ce titre, un graffito de 644-645 ne lui donne ni le titre de calife (khalîfa), ni celui de Commandeur des croyants[244]. Sur les monnaies, ce dernier titre semble avoir été introduit par le califeMuʿāwiya et on la trouve, par exemple, sur une monnaie de 674[245].
Après les quatre premiers califes (Abou Bakr,Omar,Uthman etAli ibn Abi Talib), le titre a été revendiqué de manière controversée par lesOmeyyades, lesAbbassides et lesOttomans, ainsi que par d'autres lignées enEspagne, enAfrique du Nord et enÉgypte. La plupart des dirigeants musulmans portaient simplement le titre de sultan ou émir, et allégeance à un calife qui avait souvent peu d'autorité. Le titre n'existe plus depuis que la république deTurquie a aboli le califat ottoman en 1924[250]. Alors que le califat a été un sujet de discorde entre dirigeants musulmans, il a été peu évoqué depuis 1924. "L'idéal musulman aujourd'hui ne semble pas être celui de former de nouveau une communauté monolithique, fermée aux résonances extérieures, ayant à sa tête un chef spirituel et temporel qui jouerait le rôle de calife comme aux plus belles heures du califat"[251].
Lacharia (littéralement,« le chemin vers une source »[252] ou« le chemin menant à l'abreuvoir »[253]) est la loi islamique comprenant l'ensemble des obligations procédant du Coran et de la Sunna[254]. Dans le Coran, il existe seulement trois occurrences de terme dérivés de la racine sh-r-'. Néanmoins, la prégnance des impératifs dans ce texte et la position de soumission qu'il impose à ses destinataires explique l'importance de cet aspects, tant pour les sunnites que pour les chiites[255]. Il est à noter que le mot « charia » est employé à la même époque, enarabe, pour désigner la Torah, appelée alors la « charia de Moïse ». Il est également employé par lesArabes chrétiens pour désigner l'Évangile, appelée la « charia du Messie »[256].
Mise en place de la charia
Depuis laConstitution de Médine, la charia (de Mahomet) n'a cessé de s'amplifier. SelonYadh ben Achour[257], il est inexact de penser que la charia est inerte et immuable. Elle évolue en fonction des changements de conjonctures diplomatiques et sociologiques. Y voir un système condamné à la pure stagnation est faux. Ben Achour cite ainsi de nombreux exemples d'adaptations de la charia dans une analyse rigoureusement scientifique[257]. Elle embrasse tous les aspects de la vie individuelle et collective des musulmans[254]. Si le Coran possède versets législatifs sur les actes cultuels, sur le droit familial…, il n'est pas exhaustif et est souvent peu clair[255]. Deux théories musulmanes expliquent l'origine de la charia. La première est que la charia est constituée de choses profitables à l'homme, intelligibles par la Raison. La seconde fait de la charia une volonté divine, déniant toute rationalité à cette loi. Paraissant indéfendable de nos jours, cette seconde n'a presque plus de partisans. Néanmoins, elle correspond mieux au cadre de la théologie sunnite, la plus représentative jusqu'à nos jours[255].
« L'idée s'est progressivement imposée que l'empire de la sharia était absolu : tout acte humain, du plus anodin au plus lourd de conséquences, a une qualification sharaïque, et il appartient aux légiste de la communauté, lesfuqahâ', de la découvrir »[255]. Cette vision qui s'est imposée n'a pas toujours fait l'unanimité et certaines sphères pouvaient, pour certains penseurs, être hors du champ de la charia.« La représentation tellement répandue selon laquelle l'islam ne distingue jamais le sharaïque du politique ni, plus généralement, le religieux du profane n'est pertinente que pour un certain islam, historiquement assez tardif, devenu majoritaire de nos jours »[255].
Toutefois, depuis leXIe siècle, la pensée juridique islamique s'est cristallisée avec la fermeture des « portes de l'ijtihad » (c'est-à-dire « l’effort de réflexion ») par le calife abbassideAl-Qadir (craignant de voir son pouvoir menacé par des juristes indépendants) en vertu d'une ordonnance intitulée :Le Message sur le Destin (Risâla al-qâdiriya)[Note 42],[258]. Eric Chaumont considère qu'il vaut mieux parler d'"étranglement de ses voies", l'itjihad n'étant pas un instrument de mise à jour des statuts sharaïques[255]. Si cette fermeture, qui n’était en rien une prescription divine, fut toujours contestée par de nombreuxoulémas tels qu’Ibn Hazm (994-1064) ouAs-Suyuti (1445-1505), elle perdure, de fait, par paresse intellectuelle ou par impéritie[259]. Selon des recherches conduites par le Réseau international de solidarité WMUML en 2011 sur les lois dites islamiques (dénommées à tort charia)[260], il s'avère qu'en réalité, elles seraient basées sur la tradition et la coutume. Le terme charia est instrumentalisé par les autorités religieuses ou gouvernementales du pays afin de leur donner une soi-disant légitimité religieuse, mais avant tout pour établir, rétablir ou renforcer lepatriarcat de la société[261].
SelonAlain Besançon, le musulman croit à la perfection de sa Loi. De son point de vue, elle est modérée et tient le juste milieu, c'est-à-dire le chemin raisonnable de la vertu. Elle lui apparaît comme plus adaptée à la nature humaine que la loi chrétienne (notamment en matière de sexualité) et comme marquant par rapport à la loi juive, dont elle reprend bien des articles (cf.code deutéronomique), un adoucissement considérable (notamment en matière alimentaire), l'interdiction du vin (à raison des troubles sociaux générés) étant l'un des rares points où elle se montre plus sévère[164].
Hiérarchie des normes
La charia est, chez les sunnites, codifiée dans le cadre des quatre écoles juridiques : (1°)hanafite, (2°)malikite, (3°)chaféite, (4°)hanbalite[254],[Note 43]. Ces écoles sont plus ou moins proches les unes des autres. Les hanafites possèdent cependant une approche à part de la charia[255]. Dans le chiisme, les deux principales écoles ont longtemps été lesakhbari, pour qui les traditions sont sources du fiqh, et lesusûlî qui utilisent davantage le raisonnement. À l'époque moderne, ces approches se sont développées en intégrant les enseignement de la philosophie perso-islamique[255].
Elles ne s'accordent que sur la hiérarchie suivante :
LeCoran est la source première de la jurisprudence islamique (fiqh)[262] ;
Lasunna est la deuxième source de droit[262]. Elle n'est pas un texte en soi comme le Coran, mais signifie l'ensemble des actes et des dires du prophète. Elle a été rassemblée et classée par les docteurs dans plusieurs œuvres. Deux ouvrages compilent les hadiths dits "authentiques" : le « Sahîh » d'Al-Boukharî qui est tenu, par les musulmans, pour le« livre le plus sûr après le Coran », et celui deMuslim. Mais les salafistes prennent aussi en considération de récents travaux d'authentification de hadiths de l'imamAl-Albani auXXe siècle.
La troisième source est le consensus (’ijmâ') desoulémas de tous les pays, à une époque donnée, sur le fondement coranique du verset 115 de la sourateAn-Nisa condamnant ladissidence d'avec Mahomet et celui de son hadith exhortant explicitement les musulmans à suivre le consensus communautaire[263],[264] ; Cette source qui est parfois utilisée jusqu'à affecter le Coran est considérée par les légistes comme le "plus forte des preuves". Néanmoins, aux fondements théoriques fragiles, elle a été contestée un temps[255].
La quatrième source est l'analogie (qiyâs :قِيَاسٌ, littéralement « mesure ») qui permet de tirer le jugement d'une chose pour laquelle il n'y a pas de législation à partir du jugement sur une chose analogue[265].
Le mot « djihad » (جِهَادٌ enarabe)[266] signifie en arabe « abnégation », « effort », « résistance », « lutte » ou « combat ». Dans les langues européennes, il se traduit souvent par « guerre sainte »[267]. Il désigne un devoir religieux pour lesmusulmans. Marie-Thérèse Urvoy a réalisé une analyse détaillée de l'usage du motjihâd dans le Coran. Elle relève que 41 occurrences à la racine de ce mot s'y trouvent, dont 6 correspondant à des sens particuliers :serment solennels (5 fois) ettrouver le nécessaire). Dans 16 cas,[l'occurrence] apparaît dans un sens vague et imprécis de « mener combat pour Dieu », avec une unique référence explicitement non violente[268]. On peut admettre que parmi les mentions coraniques vagues, certaines évoquerait un "grand djihad" intérieur,« mais il est illégitime d'affirmer que le jihad coranique est uniquement spirituel »[268].
Le djihad a été théorisé auVIIIe siècle[269] et a évolué tout au long de l'histoire[270]. La notion de Djihad naît dans un climat de conflit armé, en partie du vivant de Mahomet mais probablement aussi au cours des conquêtes musulmanes[270]. Elle s'accompagne de la division du monde entre undār al-islām (territoire de l’islam) etdār al-ḥarb (territoire de la guerre). Les Omeyyades possèdent une place particulière dans l'essor de la notion de djihad[270]. Le droit musulman définit le djihad et ses conditions. Il est principalement divisé en quatre ensembles, celui contre les infidèles, celui contre les apostats, celui contre les rebelles et celui contre les brigands[268]. Pour leschiites (littéralement, les « partisans »), le djihad ne peut être décrété que par leMahdi[57]. Pour leskharidjites (littéralement, les « sortants » ou « dissidents »), le djihad serait le « sixième »pilier de l'islam[57].
Sous sa forme offensive, elle vise à étendre le domaine de l'islam. Cette approche a été utilisée, par exemple, lors de l'expansion de l'Empire ottoman. Elle est pensée comme une « obligation collective »[271]. Sous sa forme défensive, il consiste pour les musulmans à défendre leur religion, leurs personnes, leurs biens, leurs frontières, au besoin jusqu'au sacrifice de leur vie[272]. Il s'agit, pour chaque croyant, d'une « obligation individuelle », dont la prolifération incontrôlée marque le monde musulman depuis la dernière décennie duXXe siècle[271].
Une distinction a été faite, auIXe siècle[273], entre deux djihad-s, l'un externe, guerrier (dit le petit djihad) et l'autre interne, spirituel (dit le grand djihad). Pour Bonner, la seconde a longtemps été prédominante[270]. Pour M.T. Urvoy, la fin des conquêtes islamiques (IXe siècle) a été à l'origine de spéculations sur un "Grand djihad", effort intérieur, qui n'a jamais supplanté l'aspect guerrier[268]. Classiquement, on distingue quatre types de djihad : par le cœur, ou par la parole, ou par la plume, et par l'épée[274],[275] ; les trois premiers constituant une obligation individuelle (fard ayn), le dernier constituant une obligation collective (fard kifaya)[276].
Il ne faut pas non plus confondre le « djihad » avec le « djihadisme », ce terme désignant une doctrineislamiste encensant le djihad armé[273]. Ce mouvement est très hétérogène mais est caractérisé par un "focus singulier" sur l'aspect violent du djihad[277]. Ces mouvement ont utilisé les attentats et lesattentats-suicides, pourtant expressément interdits par le Coran au titre du suicide[278]. L'origine des attentats-suicides reste, à ce jour, incertaine. SelonEhud Sprinzak, les attentats-suicides seraient à mettre en relation avec lesassassinats perpétrés par lasecte chiite deshaschischins (littéralement, « mangeurs dehaschich », afin de faire croire aux pressentis qu'ils sont d'ores et déjà auParadis ; à l'origine du mot « assassin » en français) auXIe siècle. AuXVIIIe siècle, le suicide de l'« assassin », déjà associé au martyr, est utilisé par des communautés musulmanes de lacôte de Malabar enInde en lutte contre les Européens[279],[Note 44]. SelonNoah Feldman etDenis MacEoin, depuis 1983[Note 45], l'attentat-suicide a« pénétré la conscience culturelle islamique » (dit Feldman) sous couvert de djihad « musulman » et subséquemment, de culte des martyrs (chahid), ce qui a permis sa banalisation malgré l'interdiction coranique du suicide, et autorisé par la suite des musulmans (sunnites ou chiites) à perpétrer des attentats-suicides[280],[281].
Lemufti (arabe :مُفْتِي) est un jurisconsulte. Lorsque des musulmans sont divisés sur un sujet particulier, souvent face à des contradictions defatwas, ils peuvent solliciter son arbitrage pour obtenir des éclaircissements sur l'interprétation de lacharia ;
Lefaqih (arabe :فقيه) est un maître en droit musulman ;
L'ouléma,'âlim (arabe :عَالِمٌ), est un docteur de l'islam, un enseignant-chercheur en droit musulman.
Lemolla ou mollah (ayatollah ouhodjatoleslam) est un érudit musulman dans des pays dont le langage a une influence perse (arabe :mawlān,مَوْلًى, pl.mawâlin,مَوَالٍ aide ; défenseur ; seigneur). Il est la plus haute autorité pour les chiites.
Jusqu'en 1055, lecalife détenait le pouvoir temporel (politique et militaire) et spirituel (théologique et judiciaire).
EnEurope et dans certains pays musulmans, la question des formations se pose. En France, "aucune université ni établissement scolaire reconnu ne propose à l'heure actuelle de former les candidats à la fonction religieuse." Actuellement, les imams sont formés soit dans l'institut des « Musulmans de France », soit à l'institut Al-Ghazali de la Grande Mosquée de Paris (GMP)[282].
Il n'existe pas« au moins dans l’islam sunnite, d’un véritable clergé comparable au clergé catholique » et pas de« véritable séparation entre clercs et laïcs dans l’islam sunnite »[284]. Néanmoins, si« l’islam est une religion sans Église ni clergé. […] cela ne signifie pas qu’il soit pour autant une religion sans clercs ni institutions »[285].
"L’idée que l’islam serait une « religion de laïcs » relève d’une vulgate du dogme musulman selon laquelle l’autorité religieuse serait une capacité exclusivement divine". L'islam sunnite possède une structure institutionnelle, autour de la place centrale occupée par l'imam. Ils assurent la direction de la prière et parfois aussi la prédication[286]. Selon la canon islamique, la prière à la mosquée doit être dirigé par un imam. Celui-ci a, dans la mosquée, un véritable rôle de chef d'orchestre et possède une autorité rituelle. L'imam est distingué du fidèle par sa position et par le fait qu'il soit "seul habilité à prononcer à haute et intelligible voix l’ensemble des paroles rituelles constitutives de lasalat." Il a aussi autorité pour légitimer la validité d'une prière ou demander au fidèle de la refaire[286]. En outre, ils ont parfois, en France, des fonctions, qui, en pays musulman, seraient attribué aux oulémas, au mufti ou aumourchid[286].
"Cette autorité passe néanmoins d’autant plus souvent inaperçue que le caractère basique des qualifications qu’elle requiert permet aux fidèles de continuer à se représenter ce rôle comme « universellement » accessible"[286]. Ce principe est particulièrement répandue dans les mosquées française, ce qui a permis de se singulariser du catholicisme[286].
Dans le chiisme
Lechiisme orthodoxe de la branche usuli (clergé desayatollah) reconnaît (contrairement aux chiites akhbaris),a contrario, unclergé à plusieurs niveaux hiérarchiques[287]. Chez les chiites, le titre d'imam désigne le chef spirituel et temporel de la communauté musulmane (calife pour les sunnites). Il est porté par les descendants d'Ali ibn Abi Talib (premier imam) et deFatima Zahra (fille de Mahomet) jusqu'au douzième imam (Mahdi). Les imams sont considérés comme les dépositaires du sens secret de la révélation coranique et comme les seuls successeurs légitimes de Mahomet[288].
Économie
Le prophète Mohammed est, bien avantAdam Smith, le tout premier homme à avoir mis en avant l'idée que les marchés et la formation des prix étaient régulés par unemain invisible (bien qu'il n'emploie pas le terme "main invisible") :« Il n'y a personne d'autre qu'Allah qui rend les prix faibles ou élevés »[289] ; certains estiment même que ces paroles sont les premières fondations historiques dulaissez-faire[290].
La fiscalité dans l'islam se dit solidaire par lezakât : les fidèles qui en ont les moyens doivent redistribuer une partie de leurs richesses aux plus démunis ou à l'intérêt de la cité[291]. Bien que le montant est réglé au cinquième des revenus du musulman et au tiers de son héritage[292], le montant effectivement versé n'est jamais explicitement communiqué car celui-ci doit faire l'objet d'un dialogue entre Dieu et le fidèle[291].
Lafinance islamique est une finance réadaptée afin de convenir à lacharia : il est interdit d'être rémunéré au seul motif de l'écoulement du temps (c'est une version poussée de la critique de l'usure) ou au motif du hasard, la finance islamique ne peut pas non plus financer les activités illicites à la charia, et les profits tout comme les pertes doivent être partagés au sein de la communauté musulmane[293],[294].
Le vendredi est, pour les musulmans, un jour consacré au culte, prenant place à la mosquée à midi. Ce jour n'inclut pas, comme le sabbat ou le dimanche chrétien, une dimension de repos. Cette prière du vendredi est évoquée dans le Coran[295].
Dans l'islam, deux fêtes sont particulièrement sacrées : l'Aïd al-Adha et l'Aïd el-Fitr.
L'Aïd el-Fitr « fête de la rupture du jeune » ou 'al-ʿīd al-ṣag̲h̲īr «la petite fête», qui tombe le premier du mois de Chawwal célèbre la fin du jeûne du mois de Ramadan[298].
Achoura : le jeûne de Achoura est un temps de jeûne facultatif, emprunté au judaïsme[299]. Pour les chiites, c'est surtout la date anniversaire de la mort de l'imam Husayn, petit-fils de Mahomet[300].
Ramadan : Seul mois dont le nom figure dans leCoran[301],[Note 46], ramadan est pour lesmusulmans le« mois saint par excellence »[302] car il constitue le mois dujeûne (ousCaoum) et contientLaylat al-Qadr (la nuit du Destin)[303]. Enfrançais comme enanglais, on emploie indifféremment le mot « ramadan » pour désigner le mois saint pour les musulmans et, parmétonymie, lejeûne ousaoum[304].Laylat al-Qadr (Nuit du Destin), considérée comme la nuit la plus sainte de l'année, est une commémoration observée au cours de l'un des dix derniers jours impairs du mois. C'est au cours de cette nuit que leCoran aurait été révélé au prophèteMahomet par l'archangeGabriel[305].
Mawlid (Aïd Mawlid-ennabaoui) : Cette fête qui célèbre la naissance deMahomet est généralement célébrée le 12rabi-el-aouel dans lespays musulmans. Elle est aussi appeléemaouloud,mouloud,mouled oumevlid selon les pays.
la taille de labarbe : elle ne doit pas dépasser la largeur d'une main, à partir du menton, c'est-à-dire à hauteur de la base du cou (tôlia)[8].
La circoncision est une pratique largement répandue dans le monde musulman. Elle se pratique, selon les régions, entre le septième jour et la quinzième année. Pourtant, cette ablation n'a de fondement normatif, ni dans le Coran, ni dans les hadiths[Note 47]. Son origine, dans le monde musulman, est liée à la présence importante de cette pratique en Arabie préislamique. Selon les hadiths, c'est un usage qui serait resté courant dans les premières communautés musulmanes[307]. Ce rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans sa société perdure en dehors de l'islam chez lescoptes, les chrétiennes d’Égypte[308].
Selon le droit musulman, la circoncision est un actesunna, recommandé, mais obligatoire (pour les deux sexes) dans l'école shafi'ite. Un argument avancé est la circoncision d'Abraham. Néanmoins, pour les musulmans, elle est perçue majoritairement comme "une obligation rigoureuse, au même titre, par exemple, que les piliers de l'islam". Elle a acquis dans l'islam une fonction de rite de passage[307]. C'est donc un acte plus culturel que cultuel[309].
L'excision duclitoris n'est pas davantage une pratique prescrite par le Coran. Les écoles juridiques la recommandent[Note 48] en se fondant sur des hadiths qui ne la prescrivent pas explicitement. Comme pour la circoncision, le fiqh semble avoir entériné une pratique préislamique[Note 49],[307]. Selon lessociologuescongolais,Régine Tchicaya-Oboa,Abel Kouvouama etJean-Pierre Missie, l'excision fait débat entre les commentateurs « sunnites » qui la défendent soit comme recommandation, soit comme obligation, soit« sous la pression de l'État » comme un acte interdit[310],[Note 50],[Note 51],[311],[312].
Selon lesociologueivoirienMarcel Kouassi,« certains adeptes d'un islam traditionaliste » s'appuient sur plusieurs hadiths qu'ils considèrent comme « authentiques » pour défendre cette « tradition »[313]. Le grand imam de l'Azhar auCaire, l'une des plus grandes références du mondesunnite, a fermement condamné l'excision au motif que les textes qui la recommandent sont totalement trafiqués par lessalafistes pour habiller juridiquement ce qu'il considère comme unsyncrétisme[308].
La loi islamique fournit un ensemble de règles prescrivant ce que les musulmans doivent manger. Ces règles spécifient ce qui esthalal (halāl), c'est-à-dire légal. Ces règles se trouvent dans le Coran, qui décrit aussi ce qui estharam (harām), c'est-à-dire illégal. Le Coran insiste sur cet aspect normatif, de la différence entre le licite et l'illicite. Ainsi, certains versets prescrivent des interdits et d'autres abrogent les interdits juifs et arabes préislamiques[314]. Le Coran se présente comme moins contraignant que les interdits alimentaires juifs, qui sont, selon lui, des punitions divines. Néanmoins, les lois alimentaires musulmanes sont moins le fait du Coran que de la Sunna[314].
Un des premiers interdits coraniques liés à la nourriture concerne les excès[315]. Au-delà, d'autres interdits définissent les aliments — principalement d'origine animale — et les boissons autorisés dans le cadre de la charia. Les critères utilisés précisent à la fois quels sont les aliments autorisés et la manière dont ils doivent être préparés. Ces interdits sont considérés comme une voie de Salut[315]. Ces interdits sont levés en cas de contrainte de la faim, sans intention de pécher[315].
SelonFlorence Bergeaud-Blackler, « enEurope occidentale, jusqu'auxannées 1980, la plupart des autorités musulmanes considéraient les nourritures desgens du Livre (juifs,chrétiens,musulmans) comme halal, à l'exception du porc ». Cette absence d'objection est confirmée dans unefatwa deMohamed Abduh[316] et s’appuie sur le texte coranique (lasourate 5 et notamment son cinquièmeverset)[317]. Jusque dans les années 1980, hormis quelques juristes d'écoles rigoristes et des groupes islamistes originaires dusous-continent indien, les autorités religieuses, y compris les plus radicales« considéraient que les musulmans pouvaient consommer la nourriture des pays de tradition chrétienne et juive »[318].
Florence Bergeaud-Blackler, rappelle que le "marché halal"[Note 52] est un marché mondialisé industriel né dans les années 1980 d'une rencontre entre deux courants : l'idéologie libérale dulibre-échange dans un marché mondial sans frontières et le fondamentalisme islamique porté par deux tendances : lesFrères musulmans et lessalafistes[318]. Cette évolution permettait aux courants fondamentalistes d'« ériger des frontières symboliques entre les musulmans et les non-musulmans »[316].
LaḎabīḥah (ذَبِيْحَة) est la méthode prescrite par la loi islamique concernant l'abattage de tous les animaux à l'exception des animaux marins. Il doit être réalisé en invoquant le nom d'Allah, en disant : « Bismillah Allahi al-Rahman al-Rahim » (Au nom de Dieu le très miséricordieux le tout miséricordieux)[319]. Le sacrificateur doit appartenir à la catégorie des "gens du Livre"[320]. Mais les savants musulmans restent en désaccord sur la licéité de laviande cacher et la conception souple du halal a tendance à être marginalisée[320].
Calendrier islamique
Les phases de la lune forment la base du calendrier islamique.
L'islam possède un calendrier propre. On indique qu’une date est donnée dans ce calendrier en ajoutant la mentioncalendrier musulman,calendrier hégirien,ère musulmane ouère de l’Hégire ; ou en abrégé,(H) ou(AH) (dulatinanno Hegiræ)[321]. Ce calendrier a été mis en place par le calife Umar, qui a fixé son point de départ au premier jour du premier mois de l'année de l'Hégire, le 16 juillet 622. Il introduit alors une ère de l'Hégire[322].
Le Coran précise que le calendrier doit être lunaire, dans la continuité de pratiques présentes dans certaines parties de l'Arabie préislamique. Elle est composée de 12 mois, dont quatre sont considérés comme sacrés[322]. Le Coran évoque l'interdiction d'une pratique qui semble celle du mois intercalaire. Le calendrier musulman se décale donc d'environ par an par rapport au calendrier solaire. Le terme "yawn" (jour) apparaît environ 460 fois dans le Coran[322].
Il est à noter qu'il existe un conflit méthodologique quant à la fixation de la date de début duramadan. Contre la méthode oculaire (qui ne requiert aucun clergé), lasociété secrète[323] desfrères musulmans milite régulièrement pour la méthode dite scientifique, c'est-à-dire celle des calculs astronomiques, sur la base d'une réinterprétation d'un verset du Coran. Cependant, le début du ramadan n'a jamais été fixé autrement que par l'observation dupremier croissant de lune dans le ciel, à l'époque de Mahomet, de ses compagnons, et des musulmans sunnites des premiers siècles suivant la Sunna, et aucune information fiable ne permet d'établir d'autre méthode[324].
L'islam sunnite entretient une relation assez complexe avec la musique. Si la musique comme fait religieux est attestée dans la religion musulmane, certains auteurs soulèvent la difficulté de conceptualiser une « musique sacrée. » Dès ses origines et la vie de Mahomet, certaines contradictions semblent exister et plusieurs courants de pensée -de l'interdiction de la musique à son autorisation- s'opposent[325].Les musulmans défendant cette vision s’appuient aussi bien sur le texte duQorʾān que sur leshadîths. Pourtant, le terme musique n'est pas utilisé explicitement dans le Coran et cette interprétation s'appuie sur ce qui est perçu comme une allusion[326]. Cet argumentaire s'est construit au fur et à mesure de l'islam et suscite toujours le débat[326].
Dans les textes présentant la vie de Mahomet, en raison de certaines contradictions et/ou divergences d'interprétations, différents courants de pensée allant de l'interdiction de la musique à son autorisation s'opposent[327]. Bien que l'illicéité de la musique fasse consensus au sein dusunnisme, une emphase particulière sur son interdiction existe chez ses courants fondamentalistes : salafiste, wahhabite, etc.[328]. Pour ce courant, la musique peut manipuler l'esprit et empêcher la méditation du Coran[329].
La musique dans le monde sunnite est donc frappée d'interdits musicaux qui touchent aussi bien la musique religieuse que la musique profane. Ces prescriptions interdisent tout particulièrement, la musique instrumentale qui pourrait être considérée par l'Islam comme un art antireligieux. Pour cette raison et à la différence du soufisme, les instruments ne sont pas utilisés dans le cadre de la musique religieuse sunnite[325].
Dans le cadre du sunnisme, la majorité des musulmans exclut de cette interdiction certaines musiques religieuses en raison de la place première du texte dans celle-ci. Ainsi, selon l’imam égyptienMohamed Hassan, « le chant est une parole tant qu’il n’est pas accompagné d’instruments de divertissement et de musique[329]. » Pour eux, ces musiques ne sont pas de la musique au sens occidental du terme mais un mode d'énonciation du mot[330].
Lessunnites ne sacralisent pas d'icônes. Selon plusieurshadîths de Mahomet[Note 53], la malédiction de Dieu s'abat sur toute personne produisant (par le dessin, la sculpture…) un être doté d'âme y compris les animaux, car cela est considéré par eux comme allant contre l'esprit dumonothéisme. Un certainaniconisme voire uniconoclasme plus ou moins strict existe donc dans l'islam. Ainsi, les musulmans se servent plutôt de versets du Corancalligraphiés comme dans le palais de l'Alhambra, des formes géométriques (arabesques) ou de représentation de laKaaba pour décorer lesmosquées, les maisons et les lieux publics[réf. nécessaire].
En revanche, leschiites n'éprouvent pas de gêne à la reproduction de visages humains, comme ceux de personnalités cultes tellesAli etHussein. En effet, contrairement auxArabes, lesPerses, à l'époque médiévale, disposaient déjà d'une longue tradition artistique (en matière de peinture et de sculpture) qui a perduré même après l'arabisation et l'islamisation de laPerse.
Symboles
Le croissant et l'étoile verts, symboles graphiques et emblématiques de l'islam.
On associe souvent le symbole du croissant et de l'étoile à l'islam, bien qu'il lui soit antérieur[Note 54]. Selon Whitney Smith[331], le croissant est déjà utilisé sur les emblèmes, artefacts religieux et bâtiments de laCarthage punique. On retrouve aussi le symbole du croissant dans l'Empire byzantin[332]. Il est ainsi attesté sur des monnaies byzantines à partir duIVe siècle[333]. Il pourrait avoir une origine sassanide. L'origine du symbole est donc obscure[334]. À la chute de l'empire byzantin, le symbole aurait pu avoir été conservé sur des drapeaux turcs[335],[Note 55]. S'il est utilisé avant par des musulmans, il s'est répandu comme symbole de l'islam qu'au XIV-XVe siècle[334].
Un des symboles islamiques est la couleurverte[336]. Le vert est la couleur de la verdure et du paradis. Cette couleur est présente dans les descriptions coraniques[337]. Leparadis a été décrit comme verdoyant, où des sources d'eau couleraient en abondance, où les fidèles porteront des habits de soie verts[Note 56]. La légende d'al-Khidr (celui qui est vert), témoigne de l'importance de cette couleur pour ce peuple[338],[339],[340],[337]. Elle aurait été la couleur préférée de Mahomet et deviendra la bannière des chiites[337]. Cette couleur deviendra, par la suite, mais dans des circonstances et à une date "assez floue", le symbole de l'islam[337]. Selon Michel Pastoureau, elle prend une valeur sacrée vers leXIIe siècle. Après la chute des Fatimides, elle perd sa dimension politique familiale pour devenir une couleur religieuse fédératrice. Cette mise en avant pourrait s'expliquer dans le contexte des croisades et pourrait même être liée à une promotion du vert par les croisés eux-mêmes[Note 57],[341].
Lieux saints et lieux de culte
Lemont Arafat, situé àLa Mecque enArabie saoudite, est le point d'orgue du pèlerinage. Les musulmans du monde entier affluent à cet endroit pour y être absous par Dieu.
La Mecque (Makkah) enArabie saoudite, abrite laKaaba (« le Cube »). Selon la tradition, il est le premier lieu de culte, bâti par Adam (Adam) sur Terre, puis reconstruit parIbrahim (Abraham). L'histoire préislamique de la Kaaba est mal connue même si quelques récits et textes semblent attester néanmoins d'une existence d'un lieu de culte[342]. Tout musulman se doit d'y faire un pèlerinage au moins une fois dans sa vie s'il en a la capacité physique et financière ;
Médine (Madīnatu an-Nabî), où immigra Mahomet après s'être enfui de La Mecque, est la deuxième ville sainte de l'islam. Selon ses propres paroles,« pour qui me visite après ma mort, c'est comme s'il m'avait visité de son vivant »[254].
La ville deJérusalem[343] (al-Qods) est informellement[344] acceptée par les musulmans comme étant « le troisième lieu saint ». Cependant elle est reconnue comme d'une importance moindre, et certains courants islamiques identifient d'autres lieux saints plus importants[345]. C'est l'endroit vers lequel le prophète Mahomet aurait effectué le voyage nocturne et l'ascension (Isra et Miraj). Pour autant, ce statut de sainteté de la ville de Jérusalem connaît une mise en place longue puisconnut des hauts et des bas.[346]. Il se développe principalement à partir de 1144, dans le cadre de la lutte contre lesfrancs[346].
Les chiites reconnaissent deux autres lieux saints :Nadjaf, en Irak, etKerbala, lieu du martyre d'Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et fils d'Ali, troisième imam, ainsi que ses compagnons, venus à Kerbala pour défendre l'imamat.
Par piété filiale, les sunnites reconnaissent l'importance d'Hébron, lieu du tombeau d'Abraham, père d'Ismaël[254]. Enfin selon l'UNESCO, la ville d'Harar en Éthiopie, est la quatrième ville sainte de l'islam[347],[348],[349].
Vue de la nef centrale de la salle de prière de lagrande mosquée de Kairouan (en Tunisie) ; au fond deux fidèles font la prière face aumihrab (niche indiquant laqibla).
La mosquée (masjid, "lieu de prosternation") est un espace spécifique réservé à la prière des musulmans" Il n'y a que peu d'éléments coraniques la concernant. La mise en place de la mosquée date, en effet, principalement de la période d'expansion de l'islam à partir duVIIe siècle. Le terme est principalement utilisé dans le Coran pour désigner la Kaaba[350].
Simples à l'origine, elles acquièrent une dimension monumentale à l'époqueomeyyade. Son organisation et ses éléments se mettent en place lentement (mihrab auVIIIe siècle par exemple) et la seule véritable obligation est alors la présence d'uneqibla[350].
À la mosquée, hommes et femmes sont séparés pour la prière. Cette séparation est liée au principe que la mosquée doit rester "pure". Néanmoins, cette séparation est avant tout temporelle puisque les lieux peuvent, en dehors de la prière, être occupés par les deux sexes[351].
L'islam reconnaît tous les pères fondateurs dujudaïsme (Moïse, David, Salomon) et duchristianisme comme des prophètes, sans pour autant s'y limiter[156]. De nombreux récits bibliques sont présents dans le Coran et l'islam naissant est marqué par des emprunts aux judaïsme[352]. Vis-à-vis du judaïsme, le Coran montre une attitude changeante, initialement bienveillante, avant une rupture, date à laquelle "Le Livre" est distingué de la Torah et de l’Évangile. Les rapports entre les musulmans et les juifs sont marqués par cette ambivalence[352]. Dans les hadiths, l'attitude principale de l'islam vis-à-vis du judaïsme et du christianisme est la méfiance. Cela s'inscrit dans une volonté de distinguer clairement les institutions et les communautés. Un principe largement adopté est "n'agissez pas comme le font les gens du Livre", ce qui ressemble à l'interdiction talmudique de suivre les pratiques des Gentils[353]. Cela n’empêche pas l'islam naissant d'utiliser les éléments du judaïsme, Yom kippour devenant ainsi le jeûne d'Ashoura, puis du Ramadan[353].
L'apostasie dans l'islam vers une autre religion, quelle qu'elle soit, est fermement interdite par l'interprétation majoritaire du Coran[354]. Le Coran condamne l'apostasie, sans y associer de peine terrestre[Note 58], et encourage la conversion des non-musulmans. S'il est ambigu vis-à-vis des religions qu'il nomme « du Livre »[Note 59], il ne l'est pas pour les païens, "mécréants" (kouffar, au singulier kafir) et associationnistes qui n'ont le choix, parce qu'ils ont commis un crime exécrable en refusant d'adorer le seul vrai Dieu, qu'entre la conversion et la mort[355],[356]. Le droit musulman a instauré un statut particulier pour les non-musulmans en pays d'islam, connus alors sous le nom de dhimmi. L'islam leur garantit une protection contre l'acceptation de "la domination de l'islam et un certain nombre d'obligations" (abstention d'ostentation religieuses, marques vestimentaires, impôt particulier…). L'histoire est marquée par une variation dans l'application de ces règles[357]. Pour ce qui est de la tolérance religieuse, lalettre de Mahomet aux chrétiensnajrânites où ils purent exercer librement leur culte en l'an 631 est souvent citée. Pour des chercheurs, ces alliances ont été tardivement« forgées par des chrétiens qui voulaient prouver à leurs suzerains musulmans que le Prophète lui-même avait garanti leur bien-être et la préservation de leurs biens »[358],[359],[360].
Des processus de dialogues inter-religieux sont engagés, comme avec le catholicisme qui possède un " Service national pour les relations avec l’islam", dont l'origine remonte aux années 1970[361]. Il a connu néanmoins des "bourrasques", comme après la conférence de Ratisbonne et pose la question de la réception des échanges (comme la "lettre des 138") dans le monde musulman. "Il semble donc que l’islam de chaque pays entende gérer le dialogue à son compte, non sans l’inscrire dans un contexte où les dimensions politiques l’emportent souvent sur celles de caractère culturel, voire spirituel"[362]. Pour Remi Brague, l'islam se considérant comme un post-christianisme, le dialogue islamo-chrétien intéresse plus les chrétiens que les musulmans[363].
La place des femmes en terre d'Islam trouve, en partie, ses origines dans le Coran qui, parmi les versets sur les statuts légaux, évoque à de nombreuses reprises la question des femmes. Dans ce domaine, le Coran innove par rapport aux pratiques antéislamiques tout en conservant certains aspects[364]. Un parallèle textuel sur la question du voile montre aussi que le Coran s'inscrit dans un contexte où la législation syriaque est connue[365]. Dans le Coran est reconnue à la fois l'existence de droits et de devoirs identiques pour les deux genres[Note 60], l'égalité homme/femme[366] mais aussi la supériorité du masculin sur le féminin dans certains contextes, comme le mariage, le divorce, les témoignages[364] et des versets très sévères sur les femmes[366]. L'homme désigné dans le Coran par un nom féminin qui évoque son « antériorité existentielle », même si le Coran évoque moins un récit des origines[364].
Ce statut complexe de la femme apparait tant dans le Coran que dans la législation ultérieure[364] qui a eu tendance à réduire ce qui était en faveur des femmes[366]. Certains auteurs considèrent que le statut des femmes se serait dégradé après l'islamisation en Arabie. Selon l'historien Jean-Paul Roux, le statut très inférieur de la femme en terre d'islam ne marque pas un progrès sur celle de l'Arabie préislamique mais un retour en arrière[367]. Ainsi, s'appuyant sur le Coran, l'islam a confié l'autorité au mari et aux femmes l'obéissance et, en cas de désobéissance, des punitions[366].
Les critiques négatives contemporaines, faites à l'islam par de nombreux auteurs de pays dont les systèmes politiques sontlaïques ouséculiers, sont pratiquement les mêmes que celles faites aux deux autres religions monothéistes :obscurantisme,misogynie,phallocratie,homophobie,intolérance,éloge de certaines violences, etc, et partage avec le christianisme l'antisémitisme[372].
Par exemple, parmi les auteursanglo-saxons, l'éthologiste britanniqueRichard Dawkins[373] estime que l'islam est incompatible avec les avancées récentes de lascience, et en particulier lathéorie de l'évolution, et a même émis le souhait personnel de« populariser l'évolution dans le monde islamique »[374]. Pour l'historien tunisienMohamed Talbi l'évolutionnisme est une vieille tradition dans la pensée musulmane, il cite entre autresIbn Khaldoun[375].
Le journaliste anglo-américainChristopher Hitchens[376], est encore plus virulent à l'égard de l'islam et des religions en général :« Violente, irrationnelle, intolérante, alliée auracisme, autribalisme et au sectarisme, revêtue d'ignorance et hostile à l'investigation libre, dédaigneuse des femmes et coercitive envers les enfants : la religion organisée doit avoir beaucoup sur la conscience ». Au sujet de l'islam, Hitchens soutient que cette religion estsexiste, intolérante, et comprend de nombreuses« sectes guerrières et contradictoires entre elles »[377]. Néanmoins,« l'affirmation fondamentale » de l'islamisme selon laquelle l'islam« ne peut s'améliorer et est définitif » est, selon lui,« absurde »[378]. Cependant, bien des critiques peuvent paraître infondées, comme l’accusation de racisme, de tribalisme ou d'intolérance. En effet, lors de son discours d’adieu, Mahomet a déclaré au contraire qu'« aucun Arabe n'a une supériorité sur un non-Arabe »[379]. Prophétisant lesfoutoûhât (« ouvertures à l'islam »[380]) entre autres de l'Égypte, il a recommandé de traiter ses habitants avec bienveillance :« Dieu vous recommande lesgens de la protection (Ahl al-dimmah), les gens de l'argile noire (limon duNil, ndlr), qui sont de teinte noire et ont les cheveux crépus car ils sont vos parents (parAgar, ndlr) et alliés (parMaria la Copte, ndlr) »[381]. Et d'insister :« il faut obéir à l'autorité légale, même détenue par un Noir à nez coupé (adultère, ndlr) »[382],[Note 61]. Aussi, bien que les actes de Mahomet peuvent paraitre atroces et hypocrites, il convient cependant de prendre en compte les contraintes des pratiques sociales rudes de son époque pour les juger[383]. Dans sa biographie surMahomet,Maxime Rodinson fait une analyse contextuelle des réformes législatives et sociales de Mahomet, et souligne que celui-ci a fait des réformes concernant la condition féminine, l'esclavage, et la sécurité en général[384]. Après une étude contextualisée de ses réformes au regard de l'époquemédiévale, Rodinson conclut :« Ainsi se constituait une législation qui, malgré ses lacunes, ses obscurités, son caractère occasionnel, était à maints égards un progrès sur l'état antérieur. Elle répondait bien aux nécessités particulières de la petite communauté médinoise en voie d'extension. Elle sauvegardait la sécurité de l'individu et protégeait certaines catégories particulièrement exposées. En général, la tendance existante à l'individualisme était encouragé, sans que le système tribal soit abandonné. Surtout au milieu de l'océan des coutumes imposées par la tradition et l'opinion publique, apparaissaient des éléments d'un véritable droit des prescriptions, en principe nettement formulées et valables pour tous »[385]. Après la mort deMahomet (en 632), le deuxième calife de l'islamOmar ibn al-Khattâb (mort en 644) a poursuivi ces réformes sociétales enabolissant l'esclavage pourtant traditionnellement ancré dans toute l'Arabie[386].
« Le futur de l'islam se trouve dans le principe de l'accord des musulmans avec la conception de la [foi] universelle et la capacité, à travers cette universalité, de faire et d'abroger des lois. À mesure que les musulmans avancent, leurs lois peuvent, de même, avancer avec eux, et la prise de la mainmorte du droit canon peut se relâcher graduellement et légalement »[387].
Dans son livreViolence et islam, le poète arabeAdonis considère que la violence est inhérente à l'islam et au Coran, la non-violence ne s'appliquant pas envers leskafirs et lesapostats[Note 62], ni envers les femmes[388], et constate que l'islam, historiquement et idéologiquement, encourage lesaby (la prise de captives)[389].
Pour Ali Mostfa et Michel Younès,« le débat aujourd'hui autour de l'islam en Occident se cristallise autour de nouveaux repères, telles que les revendications qui accentuent une altérité centrée sur l'observance des normes et du ritualisme en tant que variables permettant à l'individu de s'intégrer dans la collectivité. Un nouvel imaginaire se trouve ainsi renforcé, celui du retour à un passé mythifié comme argument pour raffermir le phénomène communautaire et densifier les références globales de l'appartenance »[390].
Notes et références
Notes
↑Hadith : le prophète a dit :« Le croyant mange à satisfaire la faim d'un seul intestin. Le mécréant mange pour en remplir sept. », rapporté parBoukhari.
↑Le Coran est le reflet d'une telle distinction. Ainsi, par exemple, lasourate 49 oppose chez lesbédouins, deux états : celui de croyants (mu'min) et celui de soumis (muslim). Dans ce contexte, lemuslim est quelqu’un qui s’est converti superficiellement, sans avoir la foi.
↑Par exemple, sourate 2 : La vache (Al-Baqara) :« Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l'exception d'Iblis qui refusa, s'enfla d'orgueil et fut parmi les infidèles. ».
↑Par exemple, sourate 18 : La caverne (Al-Kahf) :« Et lorsque Nous dîmes aux Anges : « Prosternez-vous devant Adam », ils se prosternèrent, excepté Iblis [Satan] qui était du nombre des djinns et qui se révolta contre le commandement de son Seigneur. Allez-vous cependant le prendre, ainsi que sa descendance, pour alliés en dehors de Moi, alors qu'ils vous sont ennemis ? Quel mauvais échange pour les injustes ! ».
↑Hadith : le prophète a dit :« Les Anges sont créés à partir de la lumière et les djinns le sont à partir d'une flamme et Adam l'a été à partir de l'argile. » Rapporté par Mouslim.
↑Littéralement, le Coran affirme que Mahomet ne savait ni lire, ni écrire :« Et avant cela, tu ne récitais aucun livre et tu n'en n'écrivais aucun de ta main droite. Sinon, ceux qui nient la vérité auraient eu des doutes. » (Coran, 29 ; 48).
↑Sourate 56 : L'évènement (Al-Waqi'a) :« que seuls les purifiés touchent ».
↑« Dis : « Même si les hommes et les djinns s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s'ils se soutenaient les uns les autres ». (Coran, sourate 17, verset 88)
↑« La conclusion du raisonnement est déjà contenue dans les prémisses, ou mieux les prémisses sont puisées dans la conclusion. En effet, on peut déconstruire le raisonnement, et il apparaît alors que l'on passe « de la conviction à la raison ». La conviction initiale est que le Coran révélé en arabe est la forme exemplaire de l'expression claire ; cette certitude devient les prémisses du raisonnement… »
↑Ainsi, pour le penseur algérien Malek Bennabi, dans un ouvrage "se voulant juste [être] une tentative de prouver la source surnaturelle et divine du Coran", «l'histoire n'a pas mentionné que ce défi [de l'inimitabilité] ait jamais été relevé ». Il cite à ce propos la réaction attribuée au chef mecquois et ennemi de la nouvelle religion Al Walida Ibn Al mughira :Ce que j'en pense ? […] pardieu je pense que rien ne lui ressemble. Il est quelque chose de trop élevé pour être atteint. :https://iqbal.hypotheses.org/2454
↑De même, le poète persan Ibn al-Muqaffaʿ († 757) écrivit des textes en prose rimée pour répondre à ce défi et « montrer la banalité du langage coranique » : Youssouf T. Sangaré,MIDÉO. Mélanges de l'Institut dominicain d'études orientales,no 34, 30 mai 2019,p. 399–403
↑Résumé par Youssouf T. Sangaré, l'auteur de la review
↑La seule formule coranique qui pourrait être perçue comme une prédiction événementielle (30, 2-3) peut être lue de deux façons contradictoires.
↑Le terme Coran a été inventé et utilisé pour la première fois dans le Coran lui-même. Cf. l'article « Coran » dans l’Encyclopaedia of Islam.
↑Par exemple, sourate 33 : Les coalisés (Al-Azhab) :« En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment. ».
↑Coran [70:4] Les Anges ainsi que l'Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans.
↑Par exemple, Sourate 14 (Ibrahim) :« au jour où la terre sera remplacée par une autre, de même que les cieux et où (les hommes) comparaîtront devant Allah, l'Unique, Le Dominateur Suprême. ».
↑Hadith : le prophète a dit« Les gens seront ressuscités le jour de la Résurrection pieds nus et incirconcis » rapporté par al-Boukhari et Mouslim.
↑Sourate 3 (La famille d'Amram), verset 59 :« Pour Allah, Jésus est comme Adam qu'Il créa de poussière, puis Il lui dit « Sois » : et il fut. ».
↑Sur le Mahdi, les traditions sunnites et chiites divergent, les chiites n'attendant que son retour -imam caché tandis que pour les sunnites, il ne naîtra que près de la fin des temps ».
↑« Islamic conference in Chechnya: Why Sunnis are disassociating themselves from Salafists » Sep, 09 2016 :« He stated: “Ahluls Sunna wal Jama’ah are the Ash’arites or Muturidis (adherents of Abu Mansur al-Maturidi's systematic theology which is also identical to Imam Abu Hasan al-Ash'ari’s school of logical thought). In matters of belief, they are followers of any of the four schools of thought (Hanafi, Shaf’ai, Maliki or Hanbali) and are also the followers of pure Sufism in doctrines, manners and [spiritual] purification. ».
↑Qui contiendrait donc des références claires à Ali ainsi que des noms d'adversaires de Mahomet
↑Soit à la suite de la campagne d'Égypte (Jocelyne Cesari), soit à la suite de la poussée du wahhabisme : [www.persee.fr/doc/tiers_0040-7356_1982_num_23_92_4176 Le réformisme musulman et son évolution historique]
↑Concernant environ 80% des nouvelles générations en France, cet islam se veut un attachement traditionnel et à des valeurs, sans, pour autant, une réelle pratique
↑Cette théorie est une construction qui, rejetant des hadiths chiites, va défendre la thèse du libre choix (ikhtiyâr) aura pour conséquence de devoir valoriser les Compagnons de Mahomet."Elle s’interdit plus que les autres la réflexion sur la vérité des faits advenus, ce qui ne sera pas sans engendrer une tendance permanente au refus de la réalité et à l’idéalisation du passé, et cela jusqu’à nos jours." :
↑Cette condition n'est pas suffisante pour les chiites :« chaque imâm choisit son successeur parce qu’il reconnaît en lui une dimension eschatologique, une sorte de préexistence métaphysique : l’imâm est dans l’ordre des faits choisi par Dieu et seulement reconnu par l’imâm qui le précède. »
↑Ces quatre "écoles" portent le nom de quatre imams. "Plus personne toutefois ne eut aujourd'hui prétendre que les imams éponymes furent les initiateurs de ces écoles". Ces écoles sont nées dans des cercles de savants dans un processus impersonnel. (E.C, "Sharia",Dictionnaire du Coran.)
↑L'excision duclitoris (ou clitéroctomie) est une pratique attestée en Égypte à l'époque ptolémaïque mais mal connue : Ange-Pierre Leca,La médecine au temps des pharaons , Paris, Dacosta, 1992, chapitre « excision ».
↑EnGuinée (pays à majorité sunnite), les musulmanes défendent l'excision comme une obligation religieuse.P. Stanley Yoder, Papa Ousmane Camara, Baba Soumaoro,L'excision et la socialisation des adolescentes en Guinée, Calverton, Maryland, U.S A . Macro International Inc et Université de Conakry, Conakry, Guinea,, 57 p.(lire en ligne), chapitre 4.
↑SelonHabib Ellouze, l'excision dont il s'agit, serait seulement unenymphoplastie oulabiaplastie :« dans les régions où il fait chaud, les gens sont contraints d'exciser les filles à titre de thérapie, car, dans ces régions, les clitoris sont trop grands et gênent l'époux […] On excise ce qu'il y a en plus, mais ce n'est pas vrai que l'excision supprime le plaisir chez les femmes, c'est l'Occident qui a exagéré le sujet. L'excision est une opération esthétique pour la femme »
↑L'auteur étudie ici le "marché halal", pratique contemporaine particulière, et non l'existence de pratiques normatives alimentaires.
↑Exemple :« Ceux qui subiront le chatiment le plus dur, le jour du jugement dernier, ce sont ceux qui dessinent les images » (Boukhari 78/75).
↑Les croissants de lune utilisés dans l'antiquité peuvent avoir plusieurs directions. Le croissant vertical, tourné vers la droite, s'est développé avec l'islam : G. Camps, « Croissant »,Encyclopédie berbère, 14 | 1994, 2121-2125.
↑Il n’apparaît officiellement sur les drapeaux turc qu'en 1793, en association avec une étoile à huit branches L'étoile a cinq branches n’apparaît qu'en 1844. : Marshall, Tim (2017-07-04),A Flag Worth Dying For: The Power and Politics of National Symbols, Simon and Schuster(ISBN978-1-5011-6833-8).
↑Par exemple, sourate 18 (Al-Kahf) :« Voilà ceux qui auront les jardins du séjour (éternel) sous lesquels coulent les ruisseaux. Ils y seront parés de bracelets d'or et se vêtiront d'habits verts de soie fine et de brocart, accoudés sur des divans (bien ornés). Quelle bonne récompense et quelle belle demeure ! ».
↑"De même que ce sont probablement les croisés qui ont sorti le croissant du vaste répertoire de figures emblématiques utilisées par les musulmans et qui l'on promu pour en faire la seule figure s'opposant à la croix, de même peut-être ont-ils contribué à la promotion du vert dans le camp d'en face : une seule couleur pour emblématiser l'adversaire.Tout au long de l'Histoire, dans les guerres des emblèmes et des symboles, le regard de l'autre a toujours été déterminant"
↑La sévérité du droit musulman vis-à-vis de l'apostasie, généralement punie de mort, découle davantage de l'histoire que du Coran.
↑Des débats ont eu lieu entre les penseurs musulmans pour déterminer la légitimité du judaïsme et du christianisme. En effet, plusieurs attitudes sont visibles dans le Coran, accompagnant la dégradation des relations entre Mahomet et les juifs.
↑Cela est en partie lié à la vision de l'homme et de la femme comme complémentaire.
↑« Il existe dans le texte une violence théorique et une violence pratique. La violence théorique a engendré la violence pratique. Sur le plan pratique, par exemple, l'individu ne peut nullement se défaire de la croyance de ses parents ou de sa communauté au profit d'une autre. Beaucoup de versets condamnent l'apostasie […]. « Ne laisse sur la terre aucun habitant qui soit au nombre des incrédules. » (Coran 71:26) Le musulman qui lit ce verset est invité à exercer ledjihad pour réaliser ce souhait et à combattre la « mécréance » avec tous les moyens dont il dispose. C'est une violence qui n'est pas vue comme telle car considérée comme un triomphe de l'islam et du vouloir divin. On peut d'ores et déjà dire que la violence est intrinsèque à l'islam. On peut citer également : « Nous nous sommes vengés d'eux ; nous les avons engloutis dans l'abîme » (Coran 7:135) ; « le jour où nous les saisirons avec une très grande violence, nous nous vengerons » (Coran 44:16) ; « Le Jour de la Résurrection nous les rassemblerons face à face ; aveugles, muets et sourds. Leur asile sera laGéhenne. Chaque fois que le Feu s'éteindra, nous en ranimerons, pour eux, la flamme brûlante » (Coran 17:97). Dans cette même sourate, il est dit : « Considère comment nous avons préféré quelques-uns d'entre eux aux autres » (Coran 17:21). C'est la loi de l'arbitraire. […] Ceux qui osent désobéir « seront traînés avec des chaînes dans l'eau bouillante et précipités ensuite dans le feu » (Coran 40:70-72) ».Violence et islam, Adonis, entretiens avec Houria Abdelouahed, éditions Seuil(ISBN978-2-02-128858-2),p. 51, 52 et 53.
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Avertissement :la bibliographie ci-dessous est proposée à titre indicatif. La littérature sur l'islam étant très abondante, seuls quelques livres sont proposés. Toutefois, ces livres n'ont pas tous la même valeur didactique et leur choix repose sur celui de plusieurs éditeurs de cet article. Leur présence sur cette liste n'est en aucun cas gage de sérieux de l'ouvrage.
Tome 2 :Du Muhammad des Califes au Muhammad de l’histoire.Cette publication a constitué la thèse de doctorat en théologie/histoire des religions qu'É.-M. Gallez a soutenue à l'université de Strasbourg II en 2004.