
L'islam en Égypte remonte à l'invasion arabe de640, se maintient les siècles suivants avec les dynastiessunnites des abbassides et des omeyyades, et connaît un essor avec la dynastiechiiteismaélienne desfatimides, qui fonde l'université d'Al-Azhar. L'islam s'étend encore sous lesMamelouks, en raison d'une pression accrue sur lescoptes, et sous les Ottomans qui maintiennent des Mamelouks aux postes-clefs.
AuXXe siècle, l'islam politique fait son apparition en Égypte et devient majoritaire à la faveur de larévolution égyptienne de 2011.
AuXXIe siècle, on évalue les musulmans à environ 95 % de la population[1]. La grande majorité des musulmans sontsunnites, deritechaféite oumalékite. Par sa population (la plus nombreuse parmi les pays membres de laLigue arabe), le rayonnement de sonuniversité d'Al-Azhar (la plus haute autorité du monde musulman sunnite), et son positionnement géographique, l'Égypte est un pays central de lacivilisation arabo-musulmane.

C'est'Amr ibn al-'As, lieutenant ducalife Omar, qui conquiert l'Égypte byzantine, alors minée par la querelle religieuse entre chrétiensmonophysites etduophysites. Il parvient à prendreAlexandrie le, après 14 mois de siège. Le pays est rapidement islamisé et arabisé[2]. Après le règne des califesbiens guidés, la dynastieomeyyade commence en 661, avecDamas pour capitale. En raison des déséquilibres entre les différentes couches de la société, notamment entre musulmans arabes et non arabes, la révolte abbasside donne lieu à une nouvelle dynastie en 750. Le pouvoir de la dynastieabbasside se déplace vers l'Irak.
Après avoir réussi à conquérir la Syrie, entre 634 et 638, les Arabes ont tourné leur attention vers l’Égypte. En 639, une armée de 4000 hommes environ, commandés parAmr ibn al-As, entre en Égypte à partir du sud de la Palestine. En, c'est la prise dePéluse. Les Arabes remontent la rive orientale du Nil et remportent en une victoire contre les Byzantins à Héliopolis. En, la forteresse de Babylone est conquise parAl-Zubayr etAmr ibn al-As. La capitulation de Babylone marque le début de la conquête du Delta du Nil. Le, c'est la prise de Nikiou et les Byzantins se replient vers Alexandrie. Dans ce contexte, le,Cyrus retourne en Égypte pour négocier la reddition de la capitale. Le, ils pénètrent dans la ville et le le traité de reddition est signé à Babylone. Le l'évacuation de la ville se fait, par la suite elle est entièrement occupée par les Arabes.
La région est dans un premier temps occupée par lejund qui est une armée d'occupation. Cette installation se fait en majorité dans les villes, d’où les combattants maintiennent le contrôle militaire et assurent le prélèvement des impôts. La ville nouvelle deFustat est le principal lieu d’installation des conquérants.
Avec la chute d'Alexandrie, les musulmans deviennent les maîtres de l’Égypte. Au moment de leur campagne égyptienne, Alexandrie était la capitale du pays. Quand Alexandrie fut prise par les musulmans, les maisons laissées vacantes par les Byzantins furent occupées par les musulmans. Les musulmans ont été impressionnés et attirés par Alexandrie, "la reine des villes". Amr souhaitait qu'Alexandrie reste la capitale de l’Égypte musulmane. Il a écrit au calife 'Umar pour lui demander la permission de le faire. 'Umar a rejeté la proposition au motif qu'Alexandrie était une ville maritime et qu'il y aurait toujours un risque d' attaques navales byzantines. Il a suggéré que la capitale soit établie plus à l'intérieur des terres dans un lieu central, qu’aucune masse d’eau ne séparait de l’Arabie. Conformément au traité avec Cyrus d'Alexandrie, la richesse des Égyptiens à Alexandrie a été épargnée et celle des Romains et des Grecs a été prise comme butin. Les citoyens grecs avaient le choix: retourner sur les territoires grecs en toute sécurité sans leur richesse, ou rester à Alexandrie et payer laJizya. Certains ont choisi de rester, tandis que d'autres sont allés en territoire byzantin. Amr a ensuite choisi un site approprié pour la capitale égyptienne. Son choix s'est porté sur le site où il avait planté sa tente lors de la bataille de Babylone. Sa tente avait été fixée à environ 400 mètres au nord-est du fort. Il a été rapporté qu'après la bataille, alors que l'armée était sur le point de marcher vers Alexandrie, les hommes ont commencé à démonter la tente et à l'emballer pour le voyage. Il a été découvert qu'une colombe s'était nichée au sommet de la tente et avait pondu des œufs. Amr a ordonné que la tente reste là où elle était. L'armée a marché mais la tente est restée debout dans la plaine de Babylone. Dans cet épisode inhabituel, Amr a vu un signe du ciel. Cela devait être le point focal de la ville, Fustat, qui signifierait en arabe « la tente». La première structure à être construite fut la mosquée qui devint plus tard connue comme la mosquée d'Amr ibn al-'As. La ville de Fustat a été construite à l'est de Babylone. Au fil du temps, Fustat s'étendit à la vieille ville de Babylone. Elle grandit pour devenir une ville animée et le centre commercial de l’Égypte.
Cette ville a notamment eu pour fonction de loger les armées. Celles-ci se sont installées sur des concessions ou lots (khitat) attribués aux différentes tribus qui les composaient. L'installation des conquérants s'est faite selon de grands principes : l'attribution de concessions tribales, et la mise en place d'une pension militaire pour les conquérants et leurs descendants. Dans le versement des pensions une hiérarchie se met en place bouleversant la hiérarchie tribale traditionnelle. Une opposition va se créer entre les grands chefs arabes et les Arabes de petite naissance ou encore une rivalité avec les anciens compagnons deMahomet restés àMédine ne recevant aucune pension militaire. Cela va créer de grands conflits au sein de l'Islam.
L'installation des Arabes se fait aussi progressivement sur le plan politique par le biais de la fiscalité : les habitants de l’Égypte paient des impôts au nouveau pouvoir, qui remplace ainsi le pouvoir impérial byzantin. Les documents fiscaux conservés sur papyrus attestent un intérêt précoce des gouverneurs musulmans pour l’administration et le contrôle du territoire égyptien. L’administration fiscale de l’Égypte fut ensuite réformée, arabisée et islamisée au début du VIIIe siècle, comme en témoignent par exemple les lettres de Qurra ibn Sharîk (gouverneur de l’Égypte de 709 à 714) au pagarque (administrateur local) d’Aphrodito.
Avec la permission d'Umar, Amr ibn al-As décida de reconstruire un canal pour relier le Nil à lamer Rouge, nouvelle voie commerciale, un tel canal avait existé dans l'Antiquité. Cela ouvrit de nouveaux marchés aux marchands ainsi qu'une voie facile vers l'Arabie et l'Iraq. Ce projet s'est nommé Nahar Amir al-Mu’minîn, c'est-à-direle canal du commandant des croyants faisant référence au titre du calife 'Umar. Par la suite, Amr proposa le projet de creuser un canal pour relier la mer Rouge à la Méditerranée mais cela fut refusé par Umar. Ce projet fut toutefois réalisé sous la forme de ce que nous appelons aujourd'hui lecanal de Suez 1300 ans plus tard. Les Arabes ont gardé le contrôle du pays à partir de cette époque jusqu'en 1250.
Des dissensions internes à l'empire abbasside apparaissent aussi, bien qu'il soit construit très différemment de l'empire omeyyade. L'officier turcAhmad ibn Touloun parvient à devenir gouverneur de l'Égypte en 868, et se comporte comme unémir indépendant. Il s'empare de laPalestine et de laSyrie, et fonde la dynastietoulounide. Il parvient à enrichir l'Égypte et à développer l'économie locale, mais ses successeurs ne parviendront pas à maintenir la dynastie, qui décline rapidement jusqu'en 905, où les troupes abbassides reprennent le pays. Mais le pouvoir abbasside ne parvient pas à établir la stabilité de l'Égypte à cause des attaques desFatimides venus duMaghreb. C'estMuhammad ben Tughj, en935, qui reprend le contrôle de l'armée et du trésor. Il fonde la dynastieIkhchidide, sous l'autorité abbasside. Du fait de problèmes de succession, la dynastie s'effondre devant les fatimides qui conquièrent finalement l'Égypte en 968.

Alors que les abbassides et les omeyyades sontsunnites, la dynastie Fatimide issue d'Afrique du Nord estchiiteismaélienne, ce qui signifie que ses califes doivent être des descendants d'Ali. Ils fondent la ville duCaire (al-Qahira, ‘la victorieuse’) dans l'Égypte dévastée par la famine. Elle va rapidement devenir la nouvelle capitale où s'installe le califeAl-Muizz. Les fatimides auront pour objectif d'éliminer le califat abbasside basé à Bagdad pour faire triompher le chiisme dans le monde musulman. Au contraire des dynasties et califats précédents, les fatimides traitent à égalité les différentes obédiences de l'islam, et même les chrétiens et les Juifs, c'est-à-direahl al Kitab. En 988, le califeAbu Mansour Nizar fonde au Caire l'université Al-Azhar, l'une des plus anciennes au monde, qui deviendra au fil du temps la plus haute autorité sunnite du monde musulman. À partir de 996 règne son successeural-Hakim. Son règne est singulier dans la dynastie fatimide, car il impose un rigorisme religieux qui détonnera au sein de la dynastie fatimide. Les sunnites de l'empire doivent embrasser l'ismaélisme, et lesjuifs et leschrétiens sontpersécutés. Al-Hakim meurt assassiné en1021. S'ensuivent des troubles consécutifs à la famine, puis la révolte desesclaves noirs, et enfin la peste. Après plusieurs périodes d'instabilité liées aux crues duNil, le califeAl-Mustansir Billah parvient à restaurer la stabilité politique en 1073 en nommantvizir le généralBadr al-Djamali. Commence alors le règne des vizirs, dans un contexte de conflits entre califats rivaux, puis d'arrivée desCroisés en1097. Presque tous les vizirs meurent de mort violente dans des luttes de pouvoir. Profitant de la confusion, le croiséAmauryIer envahit l'Égypte. Mais le siège deBilbeis en 1163 est un échec, et ses troupes regagnent la Palestine. Depuis la Syrie,Nur al-Din cherche à restaurer le pouvoir en Égypte : en 1164, le généralShirkuh s'y rend pour rétablir le vizirShawar. Les luttes de pouvoir ajoutées au retrait d'Amaury d'Égypte après l'incendie du Caire voient triompher en1169Saladin, neveu de Shirkuh. Il devient vizir d'Égypte, élimine les fonctionnaires fatimides, mate la révolte de l'armée égyptienne, et repousse l'ultime invasion d'Amaury contreDamiette. En 1171, Nur al-Din demande à Saladin d'abolir le califat fatimide. Au début, celui-ci craint l'opposition de la population chiite, mais il n'en est rien. Il fait donc lire lakhutba abbasside au Caire, et restaure ainsi le rite sunnite. Finalement, il se proclamesultan et fonde la dynastieayyoubide. Cette dynastie porte un coup décisif à la présence des croisés en terre d'islam[2]. On estime que c'est auXIe siècle ou auXIIe siècle que l'Égypte devient majoritairement musulmane[3].

La dynastie ayyoubide prend fin en1250. LesMamelouksTurcs prennent le pouvoir à la faveur de la destruction des Abbassides par lesMongols. De retour d'exil en Syrie,Baybars, règne en Égypte de 1260 à 1277. Il consolide et étend son pouvoir jusqu'en Syrie et enArabie. Les principes mamelouks sont opposés à la logique de dynastie, que pourtant plusieurs souverains essaient de mettre en place. Sous le règne d'an-Nasîr Muhammad ben Qalâ'ûn, à partir de 1309, l'islam se répand davantage en Égypte, en raison de pressions sur lescoptes qui voient certaines fêtes religieuses interdites. Après son règne, le pouvoir est instable, lepeste noire décime un tiers de la population en 1348, et la dynastiebahrite s'achève. En 1382, le sultanBarquq monte sur le trône et installe la lignée desBurjites. En 1403 et 1406, la peste noire fait des ravages et provoque un déclin économique majeur, qui ruine Le Caire. En 1485, lesOttomans entrent en guerre contre les Mamelouks, et le sultanSelim Ier s'empare du Caire en1516. Néanmoins, des chefs mamelouks sont maintenus aux postes clefs du pays. Lapériode ottomane de l'Égypte s'achève en 1798 avec l'éphémèreconquête de l'Égypte parBonaparte.
Au cours duXXe siècle, sous l'effet conjugué de l'expérience de la domination européenne et duréveil arabe causé par le déclin puis la chute de l'empire ottoman, un mouvement de réforme de l'islam est apparu, guidé par la nécessité d'un retour auxorigines de l'islam. C'est ainsi qu'est apparu l'islam politique en Égypte, à la fin duprotectorat britannique en 1922. Si au début le mouvement de réforme de l'islam était cantonné à des penseurs, à ce moment-là, on a cherché à le diffuser cette vision dans la population. Plusieurs groupes sont apparus alors, le plus célèbre d'entre eux étant l'organisation desFrères musulmans (jamiat al-Ikhwan al-muslimin), fondée en 1928 parHassan al-Banna.
Les mouvements islamistes s'opposaient à la fois aucapitalisme occidental et aumarxisme, pour constituer une troisième voie. À ces deux ennemis s'ajoute lesionisme à partir de1948. La défaite égyptienne contre Israël lors de laguerre des Six Jours était attribuée à l'Occident, dont les conquêtes duXIXe siècle étaient relues comme descroisades. Les islamistes étaient hostiles auxoulémas de l'université d'Al-Azhar, qui critiquaient le rigorisme de leurs interprétations religieuses. Les islamistes estimaient que l'ordre social et politique en vigueur avait dénaturé l'orthodoxie des oulémas, et qu'ils étaient même la pierre d'achoppement à la réalisation d'un nouvel ordre islamique. Les oulémas étaient accusés de pratiquer et d'enseigner un islam formaliste mais vidé de sa substance et de son esprit[4].
Cette défaite lors de la guerre des Six Jours en fut la cause principale de la montée de l'activisme politico-religieux[5]. Les années 1970 virent la prolifération de groupes islamiques. Certains groupes voulaient renverser le gouvernement alors que d'autres voulaient mener une observance religieuse stricte sans combat politique. Il n'est pas possible recenser tous les groupes islamiques qui apparurent dans la fin des années 1970 car beaucoup avaient une structure très floue et les plus radicaux étaient clandestins. Certains adoptèrent ledjihad, et attaquèrent des non-musulmans ou des musulmans peu pratiquants. Dans les années 1970 et 1980, les islamistes commirent de nombreux actes de violence et deterrorisme, dont l'assassinat du présidentAnouar el-Sadate en 1981.
À partir de 1989, les islamistes ont cherché à faire de l'Égypte une communauté de foi musulmane fondée sur leur vision d'un ordre islamique. Ils récusaient les analyses habituelles des problèmes socio-économiques de l'Égypte, en affirmant par exemple que les causes de la pauvreté n'étaient pas la surpopulation ou les dépenses militaires exagérées, mais le manque de religiosité de la population : relâchement moral,sécularisme etcorruption. La solution devait être un retour à la simplicité de vie, à un dur labeur et à l'autonomie des premiers temps de l'islam. Les islamistes créèrent leur propre réseau d'institutions économiques et sociales, grâce auxquelles les musulmans pouvaient travailler, étudier, recevoir une aide médicale, le tout dans un environnement musulman[4].
Les nombreux groupes islamistes avaient des moyens différents pour mener à bien leurs objectifs politiques. Mais l'enjeu était le même pour tous, à savoir changer la société égyptienne selon la loi islamique. Ils sont parvenus à introduire petit à petit lacharia dans le code législatif. Sous la pression de leur influence croissante, le ministère de la justice a publié en 1977 un projet de loi punissant l'apostasie de peine de mort, l'adultère, delapidation, et le vol d'amputation de la main. En 1980, un amendement constitutionnel fut soumis par référendum auxÉgyptiens en vue de faire de la charia la seule source du droit. L'influence des islamistes fut ternie par l'assassinat de Sadate en 1981, mais l'élection de 9 membres des Frères musulmans l'assemblée du peuple en 1984 montra que la population leur faisait à nouveau confiance. En 1985, l'assemblée du peuple vota une procédure pour appliquer progressivement la charia, avec une période indéfinie de préparation des citoyens aux changements législatifs, l'étape suivante étant l'amendement des lois pour exclure toute disposition en conflit avec la charia. Ce mouvement progressif de mise en place de la charia avait un écho favorable dans la société civile, qui voulait rejeter les codes légaux occidentaux imposés à l'Égypte auXIXe siècle etXXe siècle. À partir de 2009, le grandmufti d'Égypte a reçu le titre deDar al-Iftaa, une composante du ministère de la justice.
Larévolution égyptienne de 2011 permet aux groupes d'islam politique de mettre en application leurs programmes. Deux forces principales sont en présence: lesFrères musulmans, acteurs traditionnels de l'islam en Égypte, et lessalafistes, plus récents (fondation de l'écolealexandrine de la Dawa salafi en 1979, puis expansion àMansoura et dans leDelta). Ces deux courants sont concurrencés par des groupuscules émergents ou revivifiés, aux organisations moins développées: citonsHazemoun (Le Caire), leTroisième Courant Islamiste (salafiste, dans la lignée deSayed Qotb,Sayyid Abul Ala Maududi etAbdel Maguid al-Shazly,Alexandrie) ou des groupuscules armés comme laJama’a al-islamiya (Haute-Égypte)[6].

Fondé en 1927 parHassan al Banna, le mouvement desFrères musulmans est au départ un mouvement de masse qui séduit la jeunesse, surtout les citadins des classes moyennes et populaires. Il s'agit pour les musulmans d'alors de réformer l'islam, confronté à son retard face à la civilisation européenne[3]. LaSeconde Guerre mondiale marque un tournant idéologique. À ce moment-là, les Frères musulmans deviennent un mouvement radical prêt à la violence pour arriver à ses fins religieuses. Ce mouvement est impliqué dans plusieurs assassinats, dont le meurtre du premier ministre Mahmud Fahmi Nokrashi en 1948. Avant la révolution de 1952 qui amenaGamal Abdel Nasser au pouvoir, les Frères Musulmans étaient soutenus par lesAméricains, qui voyaient en eux des alliés contre lecommunisme. L'organisation entra alors en conflit avec Nasser. Le gouvernement accusa les Frères musulmans de complicité lors de la tentative d'attentat de 1954, et mit en prison de nombreux chefs de l'organisation. Dans les années, 1970, son successeur Anouar el-Sadate accorda l'amnistie aux chefs des Frères musulmans, ce qui leur permit de reprendre leurs activités. À ce moment-là, l'organisation était divisée en au moins trois factions. La faction la plus militante était en opposition politique contre le gouvernement. Une seconde faction prônait un retrait de la société égyptienne pour créer une société parallèle fondée sur les valeurs islamiques. La troisième faction, dominante, recommandait une coopération avec le régime[4]. Avec l'amnistie, les Frères musulmans connurent un regain d'influence comme force politique. Le renouveau islamique attira alors à eux toutes les classes sociales. La plupart des activistes étaient maintenant des étudiants ou des jeunes diplômés. Il y avait aussi des migrants des campagnes et la jeunesse de la classe moyenne des grandes villes.
Des changements sociaux perturbants et la relative tolérance de Sadate envers les mouvements politiques islamistes contribuèrent à une montée rapide des groupes islamiques dans les années 1970. Sur les campus des universités, par exemple, Sadate voyait d'un bon œil l'émergence des associations islamiques (nom générique :Gamaa al-Islamiya) car elles contrebalançaient l'influence de lagauche socialiste et communiste. LaGamaa al Islamiya s'étendit rapidement dans les campus et réussit à obtenir un tiers des suffrages étudiants. Cette victoire et les suivantes fournirent une assise pour les campagnes de promotion de la tenue islamique, duhidjab, et pour la fin de la mixité. Néanmoins, les chefs des d'universités laïques étaient opposés à cette évolution. C'est pourquoi Sadate chercha à diminuer l'influence de ces associations par une loi qui transférait l'autorité des unions étudiantes vers le corps professoral. Pourtant, dans les années 1980, les islamistes purent pénétrer les facultés. L'université d'Assiout fut le théâtre des affrontements les plus violents entre les islamistes et leurs opposants, les laïques, les coptes et les forces de sécurité. Le président et les responsables soutenaient les revendications de la Gamaa al Islamiya de fin de la mixité et de réduction des effectifs féminins[4]. L'opinion publique soutenait aussi certains aspects de l'islam politique, comme le révéla un sondage indiquant que 96 % des musulmans souhaitaient l'application de la charia[7]. Au début auXXIe siècle, les chefs de la Gamaa al-Islamiya qui furent emprisonnés après l'assassinat de Sadate furent relâchés, parce qu'on estimait qu'ils avaient abandonné leur radicalisme.
Depuis le début des années 1970, l'Égypte connaît un regain d'intérêt pour lesoufisme, surtout chez les jeunes et les personnes qui ont fait des études[8]. D'après un observateur extérieur, au moins un tiers des hommes adultes sont membres d'un ordre soufi, soit 6 millions de personnes. La participation à la fête demawlid rassemble près de 12 millions de personnes[9]. Cette fête, qui célèbre la naissance deMahomet, est la plus grande manifestation de l'islam soufi. Elle est l'occasion d'honorer des saints de l'islam, comme des fondateurs detariqa, et parfois aussi des figures duchristianisme ou dujudaïsme. La ville deTanta accueille de très nombreux pèlerins lors du mawlid en l'honneur d'Ahmad al-Badawi, fondateur d'une confrérie.
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