| Isabelle de Hainaut | |
Isabelle de Hainaut. | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Reine des Francs | |
| – (9 ans, 5 mois et 25 jours) | |
| Couronnement | en labasilique Saint-Denis |
| Prédécesseur | Adèle de Champagne |
| Successeur | Ingeburge de Danemark |
| Biographie | |
| Dynastie | Maison de Flandre |
| Date de naissance | |
| Date de décès | (à 19 ans) |
| Lieu de décès | Paris (France) |
| Sépulture | Cathédrale Notre-Dame de Paris |
| Père | Baudouin V de Hainaut |
| Mère | Marguerite Ire de Flandre |
| Conjoint | Philippe II de France |
| Enfants | Louis VIII de France |
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Isabelle de Hainaut[1], (aussi appelée Ysabeau, Ysabella de Hainault ou Ysabelle de Hainaut) née le, morte le àParis, fille du comteBaudouin V de Hainaut (vers1150-1195) et deMarguerite Ire de Flandre (1145-1194), dite Marguerite d'Alsace,comtesse de Flandre. Elle est, par son mariage avec le roiPhilippe II de France,reine des Francs de1180 à1190.
La naissance d'Isabelle le fut une déception pour son père, le futurBaudouin V de Hainaut, ainsi que pour son grand-père,Baudouin IV car tous deux espéraient un garçon qui serait l'héritier du comté. La naissance, l'année suivante, du futurBaudouin VI fut un soulagement pour tous deux et Baudouin IV décéda paisiblement4 mois après la naissance de son petit-fils[2].
Isabelle fut une fille exemplaire, se pliant à l'éducation royale, noble et courtoise, en grande partie auprès de sa mère, Marguerite d'Alsace, qui lui apprit à lire, écrire, réciter ses prières, connaître les normes et dogmes royaux, etc. Ce fut aussi Marguerite d'Alsace qui lui fit savoir qu'on la marierait avec le fils ducomte de Champagne. Sachant que son enfance allait s'achever sous peu, Isabelle fut prise d'un grand chagrin. Peu après son dixième anniversaire, elle apprit qu'elle se marierait finalement avecPhilippe II de France qui, à cette époque, était âgé de15 ans et sur le trône depuis peu.
Elle quitta définitivement le monde de l'enfance à l'aube du, lorsqu'elle partit à la rencontre de son futur mari[3].
À la fin du règne deLouis VII, le comtePhilippe de Flandre avait proposé au vieux roi sanièce Ide, fille de son frèreMathieu,comte de Boulogne. Pour renforcer son influence, il négocia au début de 1180 le mariage de sa nièce Isabelle, fille de sa sœur Marguerite et de Baudouin, comte de Hainaut. Le parti flamand, rival du parti champenois, espérait ainsi disposer d'un membre influent à la cour, tout comme l'avait fait le parti champenois, son rival, en faisant épouserAdèle de Champagne à Louis VII[4] en troisièmes noces, ce dernier n'ayant alors que des filles.
Le, son mariage religieux avec le roiPhilippe Auguste était célébré par les évêquesHenri de Senlis etRoger de Laon[5] en l'église de l'abbaye Saint-Nicolas d'Arrouaise, dédiée à laSainte-Trinité[6]. Les festivités qui suivirent eurent lieu au château deBapaume[7] à proximité du territoire flamand.
Le lieu du mariage avait été tenu secret parPhilippe II de France car sa mère Adèle de Champagne, ses oncles et tout le parti champenois étaient opposés à cette alliance mais Philippe II Auguste y tenait et décida de choisir un lieu en dehors des terres champenoises. Ce désaccord valut à Isabelle de Hainaut une inimitié profonde de la part de sa belle-mère[8], qui marquait ainsi son désagrément et sa désapprobation, autant qu'elle suscitait le désarroi de sa bru.

Les grands du royaume furent convoqués au couronnement de la reine, prévu pour le jour de laPentecôte àSens et non àReims, en contradiction avec la tradition de confier à l'évêque de Reims les couronnements. Ce dernier, membre de la famille deChampagne[9], en conçut un fort mécontentement.
La cérémonie aura finalement lieu en l'abbaye de Saint-Denis, non loin des possessions flamandes duValois, où l'archevêque de SensGuy Ier de Noyers, assisté desévêques de Paris etOrléans, oignit et couronna la reine et à nouveau le roi. C'estPhilippe d'Alsace, lecomte de Flandre, qui porta l'épée lors de la procession[9]. Le parti champenois brilla par son absence. Le roi porta la couronne pendant l'onction de la reine. SelonRigord, une telle foule se presse dans l'église qu'un officier royal chargé de la contenir cassa accidentellement trois lampes suspendues devant le maître-autel[10].
Si le mariage entre Isabelle et Philippe procure à la famille de Flandre un parent à la cour, il renforce l'intérêt de la royauté pour la région flamande. Le comte de Flandre avait donné en dot à sa nièce l'importante région qui portera plus tard le nom d'Artois et qui comportait les villes d'Arras,Bapaume etSaint-Omer, à condition d'en garder la jouissance de son vivant. L'espoir de réunir l'Artois au domaine royal dépendait cependant de la capacité de la reine Isabelle à donner naissance à un héritier mâle.
Bien que très appréciée de certains de ses contemporains, Isabelle ne parvint jamais à gagner l'affection de son mari, notamment en raison du retard dans la conception d'un héritier, quand bien même elle n'ait eu que 10 ans au moment du mariage. En1183, Philippe Auguste, brouillé avec Philippe d'Alsace, accusé de se ranger au côté de ses adversaires, et son beau-père Baudouin V de Hainaut, saisit l'occasion et commença à envisager de se séparer de sa très jeune épouse.
En, la répudiation était décidée. Une assemblée de prélats et de seigneurs réunie àSenlis était sur le point de se prononcer, quand Isabelle, raconte lechroniqueurGilbert de Mons[11], pieds nus et habillée en pénitente, fit à pied le tour des églises de la ville et imploraDieu devant le peuple qui l'aimait pour son grand cœur et prit fait et cause pour elle. Les conseillers du roi, parmi lesquels Robert, l'oncle de Philippe d'Alsace, parvinrent à empêcher la répudiation, faisant valoir au souverain que pareille procédure risquait de faire perdre l'Artois à la Couronne. Baudouin de Hainaut trouva finalement un accord avec Philippe Auguste au point que le comté fut envahi et mis à sac par le comte de Flandre[12].
Le 5 septembre 1187, Isabelle donnait enfin naissance à un fils, le futurLouis VIII. Sa deuxième grossesse lui fut toutefois fatale et le 14 mars 1190, elle donnait le jour à des jumeaux, Robert et Philippe (le premier mourut le jour même, le deuxième trois jours plus tard, le 17 mars 1190), avant de s'éteindre le jour suivant[13], à peine âgée de dix-neuf ans.
Elle fut inhumée dans lechœur alors tout neuf de laCathédrale Notre-Dame de Paris, dont la construction avait débuté en 1163[14], où les funérailles furent célébrées par l'évêqueMaurice de Sully.
Malgré la perte d'Isabelle de Hainaut,Philippe II Auguste quitta le royaume pour lacroisade en1190, en compagnie du comte de Flandre.
Isabelle ayant mis au monde un fils, l'Artois alla alors à la couronne de France, comme indiqué dans le traité de mariage.
En 1193, Philippe Auguste se remaria avec la princesseIngeburge de Danemark, qu'il répudia avant d'épouserAgnès de Méranie.
« La reine Isabelle, de noble taille et aux beaux yeux »[15]. En 1858, lors des travaux de rénovation conduit parEugène Viollet-le-Duc, son tombeau est retrouvé, sous l'ancien chœur, et le corps d'Isabelle est exhumé : la distance de son pelvis à ses pieds étant de 90 cm, il est probable qu'elle ait mesuré entre 1,72 et 1,75 m. C'est pendant cette exhumation qu'un sceau en argent (aujourd'hui auBritish Museum) est découvert dans le cercueil de la reine. Peu utilisé de son vivant, il s'agit de l'un des rares sceaux royaux à avoir survécu auMoyen Âge.
Comme toutes les épouses des roiscapétiens à l'exception d'Anne de Kiev, Isabelle de Hainaut descendait deCharlemagne[16],[17]. Cependant, par rapport à ces dernières, elle en descendait par le compétiteur malheureux d'Hugues Capet, le ducCharles de Basse-Lotharingie, fils du roiLouis IVd'Outremer et frère du roiLothaire. Elle était d'ailleurs issue de ce prince par ses deux parents[18]. Ce double rattachement au dernier prétendantcarolingien permit à certains auteurs commeGilles de Paris[19] de mettre en avant le thème du retour de la royauté franque à la dynastie carolingienne avec son filsLouis VIII[Note 1]. André de Marchiennes, clerc du monastère de Marchiennes[Note 2], écrivit une histoire des rois français et de leur succession dans laquelle il retrace l'ascendance carolingienne de Louis et affirme que les Carolingiens sont revenus sur le trône en la personne de Louis VIII[20]. Cette doctrine dureditus regni ad stirpem Karoli Magni, liée à laprophétie de saint Valery, a été étudiée parKarl Ferdinand Werner[21].
Louis IVd'Outremer († 954) xGerberge de Saxe │ ├─>Charles de Basse-Lotharingie († 991) X Adélaïde | ├─>Gerberge XLambert Ier de Louvain, comte de Louvain († 1015) | ├─>Lambert II de Louvain, comte de Louvain († après le) X Oda de Verdun († après 1054) | ├─>Henri II de Louvain († 1078/1079), comte de Louvain X Adèle, fille du comte Eberhard de Betuwe | ├─>Ide Louvain († 1139) XBaudouin II de Hainaut († 1098) | ├─>Baudouin III de Hainaut († 1120) X Yolande de Gueldre | ├─>Baudouin IV de Hainaut († 1171) XAlix de Namur († 1169) | ├─>Baudouin V de Hainaut († 1195), comte de Flandre XMarguerite d'Alsace († 1194), comtesse de Flandre | ├─>Isabelle de Hainaut († 1190) XPhilippe II Auguste († 1223)
Louis IVd'Outremer († 954) xGerberge de Saxe │ ├─>Charles de Basse-Lotharingie († 991) X Adélaïde de Troyes | ├─>Ermengarde († ap. 1013) XAlbert Ier de Namur, comte de Namur | ├─>Hedwige (Hadewide) de Namur XGérard Ier de Lorraine († 1070) | ├─>Thierry II de Lorraine († 1115), duc de Lorraine XGertrude de Flandre, fille deRobert Ier de Flandre | ├─>Thierry d'Alsace († 1168), comte de Flandre XSibylle d'Anjou fille deFoulque V d'Anjou | ├─>Marguerite d'Alsace († 1194), comtesse de Flandre XBaudouin V de Hainaut († 1195), comte de Flandre | ├─>Isabelle de Hainaut († 1190) XPhilippe II Auguste († 1223)
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