Pour les articles homonymes, voirPeretz.
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Isaac Leib Peretz (né le àZamość dans legouvernement de Lublin et mort le àVarsovie), connu également en tant que Yitzkhok Laybush Peretzיצחק־לייבוש פרץ etIzaak Lejb Perec (enpolonais) mais surtout sous son nom de plume deI. L. Peretz, est unécrivain etdramaturgepolonais de langueyiddish.
Selon Payson R. Stevens, Charles M. Levine et Sol Steinmetz, il fait partie des troisauteurs classiques de la littérature yiddish, aux côtés deCholem Aleichem et deMendele Moich Sforim. Il joua, selon Sol Liptzin, un rôle pionnier dans l'émergence d'unelittérature yiddish, donnant ses lettres de noblesse à une langue jusqu'alors décriée comme un vulgairejargon, mais dont l'essor devait être confirmé par Cholem Aleichem. « Peretz suscita chez son lectorat un profond désir d'émancipation, un désir de résistance. »
Il voyait le monde comme un ensemble de nations différentes, chacune ayant son identité propre ; selonCharles Dobzynski, il fut « tour à tour – et quelquefois simultanément – socialiste, mystique,réaliste,romantique etsymboliste, il a forgé pour la littératureyiddish les maillons qui manquaient à sa chaîne séculaire. (...) Il fait de l'acte littéraire le véhicule de la conscience juive, transfigurant son histoire et sa spiritualité par la vertu même et la qualité de son expression, son sens éthique, son intellectualisme qui n'ignore rien des réalités mais parcourt le réel comme un rêve éveillé »[1]. Selon Liptzin : « Chaque peuple était à ses yeux unpeuple élu ; son rôle en tant qu'auteur juif était d'exprimer [...] des idéaux juifs ... bâtis sur une tradition et une histoire juives ».
Contrairement aux autresmaskilim, il tenait en grande estime lesjuifs hassidiques pour leur mode de vie, tout en admettant que des concessions à la faiblesse humaine étaient nécessaires. Ses nouvellesEt plus haut peut-être...,Le Trésor, ouÀ côté des mourants symbolisent l'importance de privilégierles devoirs du cœur plutôt que les devoirs du corps.
Né dans leshtetl deZamość[2] et éduqué dans une familleorthodoxe, il est séduit, dès l'âge de quinze ans, par les idées de laHaskalah. Prenant ses distances par rapport à son entourage, il se lance de son propre chef dans des lectures profanes, lisant enpolonais, enrusse, enallemand et enfrançais. S'inclinant devant la volonté de sa mère de le voir rester à Zamość, il renonce à son projet de rejoindre une école rabbinique réformée àJytomyr, et se marie avec la fille deGabriel Judah Lichtenfeld, décrit par Liptzin comme « un poète et un écrivain mineur ».
Il s'essaie sans succès à la distillation de whisky, puis commence à écrire enhébreu : de la poésie, des chansons et des contes - quelques-uns écrits « à quatre mains », avec son beau-père. Ceci n'empêche nullement son divorce, en 1878, à la suite duquel il se remarie avec Hélène Ringelblum. À la même époque, il réussit le concours d'avocat, métier qu'il exerce pendant une dizaine d'années, jusqu'à la révocation de son autorisation en 1889 par les autorités de laRussie impériale, en vertu de soupçons quant à sonnationalismepolonais. Dès lors, il s'établit àVarsovie, subsistant grâce à un modeste emploi de bureau au sein de la communauté juive locale. Il lanceHazomir (Le rossignol), qui devient un pôle culturel important de la Varsovie yiddish d'avant-guerre. Il publie en 1888 son premier ouvrage en yiddish,La Ballade de Monish, dans un recueil édité par Cholem Aleichem.
Ses histoires, ses contes folkloriques et ses pièces de théâtre font œuvre de critique sociale, et révèlent son inclination vers l'idéal dumouvement ouvrier. Liptzin le considère à la fois comme un auteur réaliste et comme un romantique, « un optimiste qui croyait à la marche du progrès à travers l'émancipation » - optimisme exprimé par des « visions d'horizonsmessianiques ». Cependant, à contre-courant des intellectuels juifs contemporains qui soutenaient sans réserve larévolution russe de 1905, son adhésion était plus réservée, s'arrêtant sur lespogroms qui noircirent la révolution et craignant que le non-conformisme juif ne puisse se fondre dans l'idéal universel de la révolution.
On peut comparer l'influence de Jacob Gordin sur leThéâtre yiddish à New-York (l'orientant vers des sujets moins frivoles) à celle qu'eut Peretz en Europe de l'Est. Israel Bercovici considère l'œuvre théâtrale de Peretz comme la synthèse de celles de Gordin et d'Abraham Goldfaden (ce dernier étant plus traditionnel et mélodramatique). C'est une opinion que n'aurait pas rejeté Peretz lui-même : « Les pires d'entre les critiques ont cru que Sforim était mon modèle. C'est faux. Mon maître était Abraham Goldfaden. »
Parmi les ouvrages de PeretzBontsché le silencieux est l'histoire d'un homme particulièrement humble et modeste, oppressé sur terre mais loué au Paradis pour sa modestie, et à qui l'on propose la récompense divine qu'il souhaitait - mais il en choisit une encore plus modeste. Au premier abord, la nouvelle peut être vue comme une apologie de l'humilité, mais quelques passages ambigus, vers la fin du livre, peuvent être lus comme étant méprisants vis-à-vis d'un homme qui n'a pas assez d'imagination pour « demander davantage ».
Peretz meurt en 1915 à Varsovie, où une rue est baptisée en son honneur (ulica Icchaka Lejba Pereca, selon l'orthographe polonaise). Il est enterré dans l'ancien cimetière juif de la rue Okopowa, et à son enterrement se presse une foule importante, issue de la communauté juive de Varsovie.