Symbole de la Confédération iroquoise qui représente la Ceinture Wampum d'Hiawatha, fondateur de la Confédération des Nations. La communauté Haudenosaunee n'a pas de drapeau officiel.
La plupart des quelque 125 000 Iroquois vivent aujourd'hui dans des territoires et réserves situées dans la province canadienne de l’Ontario et dans l'État de New York. D'autres vivent auWisconsin, dans le sud-ouest duQuébec et enOklahoma.
Une minorité d'Iroquois parle aujourd'hui l'une des langues iroquoiennes, dont près de 1 500 locuteurs dumohawk dans le village deKahnawake, au sud deMontréal. Sur le territoire deSix Nations, dans la province de l'Ontario, l'apprentissage des langues est une priorité au sein de la communauté traditionaliste. De nombreuses familles comptentà ce jour[Quand ?] plusieurs polyglottes. L'onondaga et le mohawk semblent être les langues les plus pratiquées[3].
L'origine du mot « iroquois » est obscure, mais cette appellation pourrait provenir d'une phrase souvent employée à la fin de discours iroquois, « hiro kone » (je l'ai dit). Cependant cette hypothèse n'est pas validée par les Haudenosaunee. D'autres considèrent que le mot proviendrait du nom qui leur a été donné par leurs ennemis, lesAlgonquins : « Irinakhoi » (serpents à sonnette), une hypothèse également non validée par les Haudenosaunee traditionalistes desSix Nations. Il est aussi possible que le mot provienne des pêcheursbasques qui surnommaient le peupleHilokoa (« les tueurs ») qui serait passé en langue algonquine (qui ne prononce pas le « r »), àhirokoa, en français qui en aurait tout simplement francisé l'ethnonyme[4]. Toutefois, les Iroquois s'appellent eux-mêmesHaudenosaunee, soit le « peuple auxlongues maisons » ou littéralement, le « peuple qui construit ».
L'iroquoisie est représentée sur cette carte deNouvelle-Néerlande de 1655. Remarquons lelac Champlain,Lacus Irocoisiensis ofte Meer der Irocoisen et larivière aux Iroquois, que les Français ont nommée le Richelieu.
Selon la tradition iroquoise, à cette époque il n'y avait qu'une seule tribu, habitant sur lefleuve Saint-Laurent, à qui les Algonquins apprennent l'agriculture. La formation des différentes tribus est incertaine.
Premiers contacts entre Iroquois et explorateurs européens.Carte des Cinq-Nations iroquoises et dessites de missions entre 1656 et 1684.
On sait qu'une ligue iroquoise est créée en1570 sous le nom deligue des Cinq-Nations. En1722, lesTuscaroras entrent dans la ligue, qui devient les Six-Nations. La population des Iroquois est évaluée à 22 000 individus au début en1630 et tombe à 6 000 au début duXVIIIe siècle, 12 000 environ en 1860[5].
En 1603, lorsque lesFrançais arrivèrent au Canada, les Iroquois formaient une ligue puissante, alors en guerre contre lesHurons et lesAdirondacks. Ces derniers demandèrent le secours des Français qui, conduits parSamuel de Champlain, défirent les Iroquois[6].
Des Hollandais, qui avaient remonté l'Hudson jusqu'à la hauteur de la ville actuelle d'Albany, se trouvèrent confrontés aux Adirondacks, et anéantirent toute la tribu. Ensuite, dans les guerres que se firent les Anglais et les Français, les Iroquois se partagèrent et servirent alternativement les deux camps[7].
En1648–1653, les Iroquois attaquent lesHurons, les Algonquins et leurs alliés français. Ils finissent par affaiblir laconfédération des Hurons qui se disperse. Certains prisonniers étaient adoptés (ils devenaient Iroquois) alors que d'autres étaient torturés (on leur arrachait notamment les ongles avant de les brûler vifs, à petit feu) ou frappés à coups de bâton. Les guerriers mangeaient les organes des vaincus[8]. En1660, quelques centaines d'Iroquois gagnent labataille de Long Sault contre 17 Français et 48 alliés amérindiens.
LorsqueColbert devint responsable de laNouvelle-France, cela faisait déjà 25 ans que les Iroquois dévastaient la colonie pour détourner le commerce des fourrures desHurons et desOutaouais avec la Nouvelle-France ; les Iroquois veulent profiter de ce commerce en tant qu'intermédiaires avecAlbany[9].
La guerre reprit par ordre du ministre de la MarineJérôme Phélypeaux de Pontchartrain le : l’expédition contre les Iroquois quitta Montréal, avec 832 hommes des troupes de la marine, 900 hommes de milice et 400 Amérindiens alliés. L’avant-garde captura plusieurs Iroquois le long du fleuve. AuFort Frontenac, l’intendantde Champigny, qui avait devancé le gros de l’expédition, s’empara deCayugas et d’Onneiouts pour les empêcher de porter aux villages iroquois au sud du lac, la nouvelle de l’approche de l’armée française.
Un autre groupe d’Iroquois, soi-disant neutres, qui habitaient un village près du fort, furent aussi capturés pour les mêmes raisons. En tout, 50 à 60 hommes et 150 femmes et enfants furent emmenés àMontréal. Le gouverneurJacques-René de Brisay expédia en France 36 des 58 prisonniers iroquois, mais laissa clairement entendre qu’il aurait mieux aimé n’en rien faire. Ces prisonniers furent par la suite forcés à devenir des esclaves dans les galères du Roi[11].
Après laGlorieuse Révolution de novembre1688 qui renversaJacques II, l'allié deLouis XIV, les Iroquois apprennent des Anglais d’Albany que l’Angleterre et laFrance sonten guerre et abandonnent toute idée de paix. Lemassacre de Lachine eut lieu le : environ 1 500 guerriers iroquois s’abattirent sur le village deLachine, aux portes de Montréal, près desrapides du même nom. Vingt-quatre colons furent tués, 70 à 90 faits prisonniers, dont 42 ne revinrent jamais. Sur 77 maisons, 56 furent rasées par les Iroquois et leurs alliés de la confédération des Cinq-Nations. Lemassacre de Lachine et ses suites aurait coûté la vie à un Québécois sur dix.
En1690, l'abbé deChoisy écrit àBussy :« Les Anglois ont été vus avec quarante huit voiles à l'entrée du fleuve Saint-Laurent. On craint fort pour Québec parce queM. de Frontenac est allé avec ce qu'il a de troupes défendre Montréal contre les Iroquois et contre plusieurs François huguenots qui se sont joints à eux[12]. »
À partir de 1756, l'entrée principale du Fort Niagara fut établie au bastion sud, du côté de la rivière Niagara. Les Français nommèrent ce portail laPorte des Cinq Nations en l'honneur des Cinq-Nations de la Confédération iroquoise.
L'article XV destraités d'Utrecht range les Iroquois sous le protectorat de la couronne britannique[13].
Pendant laguerre de Sept Ans, les Iroquois rompent la neutralité et s'allient aux Britanniques, assurant leur victoire sur terre, en complément de leur suprématie maritime.
De la guerre d'indépendance des États-Unis jusqu'à nos jours
Lors de laguerre d'indépendance américaine, les Iroquois décident de s'allier à nouveau aux Britanniques, qui avaient fait des promesses aux nations amérindiennes concernant le respect des frontières. Cette décision s'avère cependant désastreuse pour eux : en1779,George Washington envoie une armée envahir leurs terres ancestrales. La plupart de ces Iroquois sont repoussés jusqu'enOntario. AuXIXe siècle, un petit groupe part faire du commerce de fourrure enAlberta.
Les Iroquois restés auxÉtats-Unis sont contraints de céder leurs terres. La plupart des tribus parviennent à éviter la déportation desannées 1830, sauf les Onneiouts, qui en1828 partent pour une réserve auWisconsin. Les Cayugas ont vendu leurs terres new-yorkaises en1807 pour rejoindre des tribus apparentées enOhio.
Comme le résume notamment Allan Greer dans son articleColonial Saints: Gender, Race, and Hagiography in New France[17], beaucoup de sources textuelles contenant des représentations d'Iroquois à l'époque de la Nouvelle-France sont deshagiographies demartyrs canadiens. Autrement dit, le portrait que l'on peut se faire des Iroquois dépend intimement de textes tels que les récits des vies deRené Goupil,Isaac Jogues ou encoreJean de Brébeuf, qui étaient avant tout destinés à souligner l'héroïsme et la piété de ces hommes selon un point de vue européen et chrétien. Fortement influencés par les codes esthétiques des vies de saints antiques et médiévales[17], ces textes« biographiques » ont pour objectif d'accentuer, à des fins rhétoriques, la cruauté et le caractère diabolique des Iroquois (membres de laconfédération Haudenosaunee) pour que celle-ci puisse mieux illustrer la valeur religieuse positive du supplice physique des hommes d'église. C'est dans ce contexte que les supplices rituels véritables, voire les assassinats commis par les Iroquois sont réintégrés à un tableau fantasmé qui peut rappeler plus explicitementle martyre des premiers chrétiens à l'époque de l'Empire romain, comme l'a résumé Jack Warwick[18].
Cette image de l'Iroquois diabolique et cruel a été nuancée depuis par les entreprises de restitution du savoir historique oral transmis par les membres de la confédération Haudenosaunee[19]. Ce savoir oral est difficile à restituer en raison du caractère génocidaire et destructeur du projet colonial canadien[20]. De fait, on lit encore des ouvrages de vulgarisation historique qui restituent l'image plus eurocentrisme de l'Iroquois cruel, tel que dépeint par René Goupil et Isaac Jogues. Il en va ainsi de l'Histoire populaire du Québec de Jacques Lacoursière[21], qui restitue le témoignage textuel de ces deux hommes sans offrir de point de vue critique sur son contenu hagiographique et sensationnaliste :
« Après cinq ou six jours de marche, alors que nous étions épuisés par le voyage, ils approchaient de nous, sans plus aucune colère, nous arrachaient froidement les cheveux et la barbe et nous enfonçaient profondément les ongles, qu’ils portent très pointus, dans les parties du corps les plus délicates et les plus sensibles. Ils me brûlèrent un doigt et m’en broyèrent un autre avec les dents : ils disloquèrent ceux qui avaient déjà été broyés en rompant les nerfs de telle sorte que maintenant qu’ils sont guéris, ils demeurent affreusement déformés. Tout cela était rendu plus cruel par la multitude des puces, des poux et des punaises, auxquels les doigts coupés et mutilés permettaient difficilement d’échapper. Rendus au lieu de captivité, les prisonniers doivent faire face à une nouvelle violence. Ils nous accueillirent avec des bâtons, des coups de poing et des pierres. Comme ils ont en aversion la chevelure rare et courte, cette tempête se déchaîna en particulier sur moi et sur ma tête chauve, Il me restait deux ongles ; ils les arrachèrent avec leurs dents et ils dénudèrent jusqu’aux os, avec leurs ongles très pointus, la chair qui est au-dessous. »[22]
C'est Isaac Jogues qui a écrit cette lettre, qui raconte l'histoire de sa capture en compagnie de René Goupil. À la demande deJérôme Lalemant, Jogues racontera la mort de Goupil, tué d'un coup detomahawk. Le détail selon lequel Goupil serait mort en faisant un signe de croix sur un enfant iroquois a toute son importance, puisque c'est lui qui rend possible la canonisation du père[23]. De même, Jogues mourra lui aussi d'un coup de tomahawk, apparemment à la suite d'une dispute entre deux clans qui se contestaient le droit de disposer du prisonnier[18] ; mais le récit de sa mort sera embelli dansRelations des jésuites de 1646 pour la rendre plus conforme, une fois de plus, à l'image du martyr mort au bûcher.
Signe de la survivance et de la ténacité de cette image hagiographique des saints martyrs canadiens, la mort de René Goupil fera l'objet d'une chanson, laLettre de René Goupil à sa mère[24]. Mais si elle témoigne du succès du projet esthétique jésuitique, qui cherchait à émouvoir et à convaincre du caractère sacré de la mission évangélisatrice en Nouvelle-France, une telle chanson, tout comme les sources textuelles européennes, constitue un prisme limité et imparfait à travers lequel étudier la prétendue violence des membres de la confédération des Haudenosaunee.
LesCinq-Nations (devenues par la suite les Six-Nations) étaient liées entre elles par une constitution commune appeléeGayanashagowa ou « grande loi de Paix ». Elle s'est transmise pendant plusieurs siècles sous forme de maximes récitées par cœur. Rédigée en1720, mais conçue des siècles en amont, elle est composée de 117 paragraphes et préfigure les écrits constituants despères fondateurs de l'Amérique moderne.
lesCayugas sont aussi appelésGoyogouins en français,Guyohkohnyo (peuple du grand marais) dans leur propre langue ;
lesMohawks, qui aujourd'hui se désignent eux-mêmes par ce nom anglo-français signifiant « mangeurs d'homme » dans la langue de leurs rivauxabénaquis, étaient appelésAgniers par les colons français, le terme autochtone étantKanienkehaka signifiantpeuple des étoiles (étincelles de silex) ;
lesOneidas sont aussi appelésOnneiouts en québécois;
lesOnondagas sont aussi appelésOnontagués en français ;
lesSénécas (Senecas enanglais), jadis lesSénèques en français, sont aussi appelésTsonnontouans d'après leur nom autochtone ;
lesTuscaroras (la sixième nation,1722), n'ont pas d'autre nom usité.
Norma Jacobs, membre du Conseil national des familles (CCNF) et de la Nation Guyohkohnyo Cayuga de la Confédération Haudenosaunee, identifie les valeurs suivantes comment guidant son peuple autochtone :
Les Iroquois sont aussi d'habiles artisans. Ils chassent les animaux pour ensuite utiliser leur cuir et leur fourrure afin de se confectionner des vêtements. Les Iroquois recherchent particulièrement la peau du cerf puisque cette dernière est« résistante, souple et plus imperméable que la peau d'autres animaux[26] ». Les hommes et les femmes se partagent les tâches de confection des vêtements. En effet, tandis qes hommes chassent les animaux, ce sont les femmes qui préparent les peaux et qui confectionnent les vêtements. Ils portent des vêtements en peau d'animal cousue avec les épines du porc-épic et décorés de coquillages et de motifs divers.
En hiver, les Iroquois optent pour des vêtements plus chauds alors que l'habillement durant l'été est beaucoup plus léger. Par exemple, pendant l'hiver,« ils se couvrent les jambes et s'enveloppent le corps d'une cape de fourrure ample et chaude[27] » et portent des mocassins rembourrés de fourrure.
L'été, ils optent pour une chemise légère arrivant jusqu'aux cuisses et se promènent pieds nus.
Les Iroquois se servaient aussi du chanvre pour leurs rituels, ils en mélangeaient de petites quantités avec dutabac et desplantes aromatiques. Très vite les Amérindiens se sont rendu compte que lesBlancs aimaient beaucoup ce produit et ils s'en servirent comme monnaie d'échange.[réf. nécessaire]
L'organisation sociale estmatrilinéaire etmatrilocale : c'est la mère qui détermine le lignage, et les femmes possèdent la terre. Après son mariage, l'homme emménage chez son épouse, et ses enfants deviennent membres du clan de la mère. Les femmes choisissent également les chefs declan.
Aussi appelé chef civil, il est choisi pour son intellect ainsi que ses principes moraux. Celui-ci occupe le rôle demédiateur au sein de la lignée. Le chef de clan ne peut pas imposer son autorité sur le groupe. Il n’a aucun pouvoir décisionnel puisque la société fonctionne sur le principe de l’unanimité.
Un pèrejésuite français qui rencontre les Iroquois en1650 décrit la société iroquoise comme égalitaire. LaConfédération iroquoise s’étend des montsAdirondacks auxGrands Lacs, sur le territoire actuel de laPennsylvanie et du Nord de l’État de New York. La terre est détenue et travaillée en commun. La chasse se fait en groupe et les prises sont partagées entre les membres du village. La notion de propriété privée des terres et des habitations est parfaitement étrangère aux Iroquois. Les femmes jouent un rôle important : le lignage s’organise autour de ses membres féminins dont les maris viennent rejoindre la famille. Les familles élargies forment des clans et une douzaine ou plus de clans peuvent former un village. Les femmes les plus âgées du village désignent les hommes habilités à représenter le clan au conseil de village et de tribu. Elles désignent également les 49 chefs qui composent le grand conseil de laconfédération des Nations iroquoises. Les femmes surveillent les récoltes et administrent le village quand les hommes sont à la chasse ou à la pêche. Elles fournissent mocassins et nourriture pour les expéditions guerrières, et ont un certain contrôle sur les affaires militaires.
En1744, le gouverneur deVirginie invitait les Iroquois à envoyer au « College of William and Mary » deWilliamsburg six jeunes gens pour faire leur éducation. Le chef de la Nation iroquoise,Canasatego, répondit en termes élégants qu'il comprenait la générosité de cette offre, mais que, à leur tour, les Blancs devaient comprendre que les Iroquois étaient différents et avaient une autre conception des choses[30].
Voici ce que relateLouis de Buade de Frontenac au sujet de la conférence avec les Iroquois à Cataracoui, en1673 :« Vous auriez assurément été surpris, monseigneur, de voir l'éloquence, la finesse avec laquelle tous leurs députés me parlèrent, et, si je n'avais peur de passer pour ridicule auprès de vous, je vous dirais qu'ils me firent en quelque sorte souvenir des manières du sénat deVenise, quoique leurs peaux et leurs couvertures soient bien différentes des robes des procurateurs de Saint-Marc. »
Codex canadensis, vers 1675-1682 parLouis Nicolasfig. 30« Cabane a Ihyroquoisse ou / lon voit deux testes des ennemis / quils ont tue /Iroquois qui a tué deux / Ennemis »
Un témoin duXVIIIe siècle, Moreau de St.-Méry, relate que pour compenser leur infériorité numérique, les Iroquois furent les premières tribus à pratiquer lecannibalisme et à infliger de cruelles tortures à leurs prisonniers, pour soumettre leurs ennemis par la terreur[31]. Les Iroquois de la région deNew York étaient réputés pour être de terribles guerriers ; les prisonniers de guerre pouvaient être mangés, comme parfois dans les armées à court de ravitaillement[32]. Toutefois, le cannibalisme en dernier recours est à distinguer du cannibalisme rituel (païen). Les Iroquois utilisaient les mêmes armes que pour la chasse : letomahawk, l'arc et les flèches, les massues. À partir des guerres coloniales entre la France et l'Angleterre, certains guerriers iroquois portaient un ou plusieursscalps autour du cou[33], preuve exigée par les colons de leur valeur au combat[réf. nécessaire], les colliers d'oreilles servant de monnaie imposée par les occupants se battant le plus souvent par tribus interposées dans une logique d'extermination des peuples autochtones.
Les Iroquois ont donné des prénoms qui prennent souvent ancrage dans la nature qui les entoure, dans les forces surnaturelles qu'ils perçoivent, dans les qualités des personnes, ou bien dans d'autres événements de la vie, souvent liés à la naissance ou comme l'ensemble des peuples amérindiens dont l'étymologie des prénoms nord-amérindiens est similaire. Comme exemples de prénoms, on peut citer Hior, Rhan, Leik, Akya, Awhem.
L’agriculture est la base de l’alimentation des Iroquois et ce, malgré le froid du Saint-Laurent dontSamuel de Champlain parle en1615. C’est ce qui leur permettait de manger tout l’hiver puisqu’ils conservaient leurs récoltes pendant les périodes hivernales. Si les récoltes n’étaient pas suffisantes, les Iroquois devaient se rationner ou la compenser par la chasse et la pêche afin de tenir bon tout l’hiver. Afin d’obtenir une bonne récolte eta fortiori en temps de sécheresse ou de famine, plusieurs de ces tribus effectuaient des rites spéciaux en vue d’obtenir en quelque sorte la reconnaissance des esprits. L'une des invocations les plus connues utilisées par les Iroquois, est le chant[34] intitulé Ani counichaouani. Les Iroquois cultivaient majoritairement les courges, les haricots et les tournesols. Afin de conserver les aliments récoltés tout l’hiver, les Iroquois ont dû trouver divers moyens de conserver leur nourriture. Par exemple, pour garder le maïs, ils ont découvert qu’ils pouvaient arracher les feuilles et faire sécher les épis à l’aide du feu. De plus, il semble qu’ils préparaient leurs mets avant que la neige ne tombe. Quand l’hiver s’annonçait glacial, ils creusaient des sous-sols dans leurs huttes pour y placer la nourriture qui pouvait être congelée par ce froid[35],[36].
Les Iroquois ont plusieurs façons de procéder à leurs récoltes afin de pouvoir faire des provisions. Le maïs est récolté en septembre, dans des paniers portés sur le dos. Ensuite, les feuilles de chaque épi sont retournées avec des baguettes à éplucher. Les Iroquois attachent ensemble plusieurs de ces épis afin de les faire sécher. Ensuite, ils l'égrènent avec les mains ou à l’aide d’une mandibule decerf. Par la suite, les épis sont entreposés dans de gros vases qui peuvent atteindre jusqu’à cinquante centimètres de hauteur. Ces vases sont rangés sous les maisons avec le poisson fumé et séché et d’autres aliments. Les épis, tout comme les courges, étaient bouillis ou grillés[35],[37].
Ce sont la chasse et la pêche qui leur permettent de compléter leur alimentation. La chasse varie selon les régions et les nations. En effet, certaines nations préfèrent chasser l’hiver, tandis que d’autres, comme lesHurons, préfèrent chasser à l’automne et au printemps. Outre la chasse, la cueillette de petits fruits était essentielle pour leur alimentation mais aussi pour leur santé. La chasse représente une source deprotéines pour les Iroquois, mais c’est aussi une source de matière première, de fourrures et de peaux servant à confectionner leurs vêtements. La proie la plus chassée est lecerf de Virginie. Il est piégé ou chassé au collet. Outre le cerf de Virginie, ils chassent lecastor, laloutre, lamarmotte, lamartre, l’orignal, l’ours noir, lerenard et lerat musqué. La pêche constitue semble-t-il 15 % des protéines et des calories des Iroquois. La pêche se fait davantage au printemps et l’automne. Les Iroquois sont dotés d’un canot d’écorce et pêchent différentes espèces comme l’alose, l’anguille, lebar, lebrochet, lacarpe doré,l’éperlan, l’esturgeon, lalamproie, lesaumon et latruite. Les poissons sont séchés et boucanés, c'est-à-dire fumés, pour les provisions de l’hiver[37],[38].
Les Iroquois faisaient aussi du pain. Celui-ci n’est pas fait avec du blé et dulevain, une levure naturelle, mais à partir de farine de maïs à laquelle ils ajoutent des haricots, des fruits séchés, des noix, des graines de tournesols et du gras de cerf. Ce pain est cuit dans des cendres brûlantes enveloppées de feuilles de maïs. Parfois le pain pouvait aussi être cuit dans l’eau[37].
La soupe constituait l’alimentation principale des Iroquois. Ils la préparaient avec de la farine de maïs, des morceaux de viande ou de poisson et des courges[37].
La nourriture des Iroquois n’était donc pas très variée en temps ordinaire. Lors des repas festifs, ils essayaient cependant de changer leurs habitudes en modifiant un peu la façon d’apprêter leur repas. En effet, ils changeaient quelques détails comme le remplacement du bouillon clair habituel de la soupe par un bouillon plus épais, réalisé avec plus de farine de maïs[37].
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