L’Irak[N 1], en forme longue larépublique d'Irak ourépublique d'Iraq[7],[N 2], est un pays duProche-Orient, situé enMésopotamie, au nord de lapéninsule arabique. L’Irak est parfois appelé « le pays des deux fleuves » en arabe (بلاد الرافدين /Bilād ar-Rāfidayn, en grec ancien Μεσοποταμία /Mesopotamía, littéralement pays « entre les fleuves », en référence auTigre et à l'Euphrate).Bagdad en est la capitale et la plus grande ville.
Depuis, l’Irak a connu trois guerres meurtrières, des répressions sanglantes (dont celles desKurdes et deschiites) et plus de dix ans d’embargo. Son régime, fondé à la fin des années 1960 par le Baas, a été aboli par l’invasion de la coalition menée par les États-Unis en 2003. Ce régime, en dépit de son caractère dictatorial présent dans la majorité des États duMoyen-Orient, semble avoir été populaire chez la plupart dessunnites, traditionnellementnationalistes, mais minoritaires au sein de la population irakienne. Depuisl’invasion américaine, lesKurdes ont obtenu l’autonomie d’unerégion au nord du pays et la politique a été dominée par les affrontements intercommunautaires, ponctués de nombreuxattentats et cause de l’émigration desminorités chrétiennes etjuives.
Le gouvernement est actuellement dirigé parMohammed Chia al-Soudani, à la tête d'une coalition dominée par les partischiites. Dans un effort de répartition des rôles entre les trois principales communautés, l'exécutif est partagé entre trois personnes : le présidentAbdel Latif Rachid est kurde sunnite, le Premier ministre estchiite, et le président du parlement arabesunnite. Chacune de ces têtes est entourée de deux adjoints, appartenant aux deux autres communautés. On note l'influence déterminante de deux personnalités religieuses issues de la communauté chiite : l’ayatollahAli al-Sistani etMoqtada al-Sadr.
Le terme « Irak », adopté le pour dénommer le pays, viendrait de l'arabe'araqa, qui signifie « fertile » ou « bien arrosé », faisant probablement référence à la fertilité des terres de la Mésopotamie[8]. Ce nom pourrait aussi être influencé par le terme sumérienUruk[8], l'une des plus puissantes cités de l'ancienne civilisation mésopotamienne.
L'Empire perse sous ladynastie Kadjar en 1814 par le géographe anglais Thompson, avec à l'ouest le haut-plateau perse nomméIrak.
Le termeSawad a également été utilisé au début de la période islamique pour désigner la région de la plaine alluviale duTigre et de l'Euphrate, par contraste avec ledésert arabique.
En arabe, le motIrak (العراق) peut aussi signifier « rivage, rive » ou « bord », de sorte que le nom, par étymologie populaire, en est venu à être interprété comme « escarpement » ou « haut-plateau », pouvant dénommer soit la région appeléeal-'Iraq au sud et à l'est du plateau de laJazira[9], soit le haut-plateauperse au sud deTéhéran[10].
Irak, utilisé par la diplomatie irakienne, la diplomatie française (Irak est « recommandé » à ses agents par le ministère des Affaires étrangères et européennes[15], la diplomatie suisse[16] et l'IGN[17]).
L'Irak a un littoral mesurant 58 km sur le nord dugolfe Persique. Deux grands fleuves, leTigre et l'Euphrate, coulent vers le sud à travers l'Irak et dans leChatt-el-Arab, puis le golfe Persique. Flanquant cet estuaire se trouvent desmarais, semi-agricoles. Beaucoup ont été drainés dans les années 1990. Entre les deux fleuves principaux se trouvent desplaines alluviales fertiles, car les fleuves transportent environ 60 000 000 m3 delimon annuellement audelta. La partie centrale du sud, qui s'amincit légèrement au profit des autres pays, est couverte d'une végétation naturelle marécageuse mélangée à desrizières et elle est humide, par rapport au reste desplaines.
L'Irak abrite septécorégions terrestres : la steppe forestière des monts Zagros, lasteppe du Moyen-Orient, les marais mésopotamiens, lesforêts de conifères, de sclérophylles et de feuillus de la Méditerranée orientale, le désert d'Arabie, le désert d'arbustes mésopotamiens et le désert et le semi-désert nubo-sindien du sud de l'Iran.
L’Irak est un desberceaux de la civilisation. La période historique en Irak commence réellement à partir de lapériode d'Uruk (4000 av. J.-C. à 3100 av. J.-C.), avec la fondation d’un certain nombre de villes sumériennes et l’utilisation de pictogrammes, de sceaux-cylindres et la productions de diverses marchandises[18].
Les Sumériens dominent laMésopotamie jusqu’à la montée en puissance de l’Empire d'Akkad (2335-2124 av. J.-C.), basé autour de la ville d’Akkad dans le centre de l’Irak.Sargon d’Akkad, le fondateur de l’empire, mène la conquête de toutes les cités-États du sud et du centre de l’Irak, subjuguant les rois d’Assyrie et unissant ainsi les Sumériens et les Akkadiens dans un seul État.
Cette période marque le sommet de la puissance babylonienne et le retour de la prospérité économique en Mésopotamie, caractérisée par le développement de l'économie agricole et un dynamisme culturel important, sous les auspices des souverains. C'est durant cette période que Babylone devient une vaste cité disposant de plusieurs monuments passés à la postérité (ses murailles, ses palais, saziggurat et sesjardins suspendus)[19].
En 586 avant l'ère commune,Nabuchodonosor II, souverain de Babylone, y déporte, après la prise deJérusalem, 20 000 Juifs[réf. nécessaire] qui forment le noyau de la plus vieille diaspora juive au monde.
Les vallées duTigre et de l’Euphrate appartiennent ensuite à une succession d'empires : empiresachéménide (qui apportent le zoroastrisme, religion encore présente dans certaines provinces), grec (à travers les conquêtes d’Alexandre le Grand),sassanide,Omeyyade,Abbasside.
Le, laSociété des Nations (ancêtre de l’ONU) confie unmandat au Royaume-Uni pour administrer laMésopotamie. Lemandat britannique de Mésopotamie, durant lequel la monarchie irakienne est proclamée, assure la transition du pays vers l'indépendance. Un mois plus tard, l'administration britannique doit déjà faire face à une importante révolte. Le clergé chiite est durement réprimé, ce qui le conduit à retourner à son apolitisme premier.
Face au repli et au déclin de leur clergé, les chiites irakiens se rallient en nombre à des courants socialisants et laïcs à partir de la fin des années 1930. Très bien structuré et très actif sous la monarchie, le Parti communiste tient un rôle important dans les protestations des paysans qui demandaient des droits et qui s’opposaient aux mesures de répression de la part des propriétaires terriens, Les habitants des nouveaux quartiers populaires de Bagdad, qui se construisent sous la pression de l'exode rural, s’intéressent rapidement aux idées d’égalité et de justice que prône le Parti communiste[30].
Leroyaume d'Irak devient réellement indépendant le, même si les Britanniques y conservent des bases militaires. Le, le régentAbdelilah ben Ali el-Hachemi, jugé trop dévoué aux intérêts du Royaume-Uni, est démis de ses fonctions à la suite d'uncoup d'État, et remplacé par le gouvernement nationaliste deRachid Ali al-Gillani, qui oriente alors la politique du royaume vers un rapprochement avec l'Allemagne dans le but d’obtenir son soutien à l'indépendance des États arabes. Les Britanniquesinterviennent rapidement. Le leurs forces entrent dans Bagdad où elles réinstallent le régent et mettent en place un gouvernement pro-britannique.
Pendant ce temps, les partisans de Rachid Ali al-Gillani lancent unpogrom contre la communauté juive qui, outre les pillages et les viols, fait 135 à 180 victimes juives et plus de500 blessés[31]. Cinq des instigateurs du coup d'État furent pendus et de nombreux autres emprisonnés dontKhairallah Talfah, un oncle deSaddam Hussein[32]. Après laproclamation de l'État d'Israël, la communauté juive irakienne d'environ 125 000 personnes se réfugie massivement en Israël, à la suite du climat d'insécurité qu'elle subit alors en Irak.
En 1946, d'importantes grèves secouentKirkouk. Les protestataires dénoncent les conditions de travail ainsi que la domination britannique sur l’entreprise pétrolière. Les chefs politiques des partis progressistes sont emprisonnés. En 1948, lorsque le gouvernement signe un nouveau traité d’alliance avec le Royaume-Uni, des manifestations massives se produisent. La monarchie perd pendant quelques jours le contrôle des rues. La loi d’état d’urgence est aussitôt appliquée etNouri Saïd, vétéran de la monarchie qui a déjà assumé de nombreuses fois la direction du gouvernement, revient au pouvoir et verrouille la scène publique autour de lois anticommunistes. Le secrétaire général duParti communiste irakien, Youssouf Salman, est pendu et les journaux sont censurés. Dès 1954, appartenir au Parti communiste entraine la déchéance de nationalité[33].
L'immense pauvreté des campagnes pousse nombre de paysans à rejoindre les banlieues urbaines et entraine quelques tensions sociales. Dans le contexte de laguerre froide, leroyaume d'Irak entre dans lepacte de Bagdad en 1955 et se lie aux États-Unis. L'alliance du gouvernement avec les États occidentaux favorise le développement de l'armée[33].
Le, la monarchie hachémite est renversée et le généralKassem prend le pouvoir par un coup d’État. Le Comité des officiers libres proclame la République lors du premier coup d’État du parti Baas, parti de la Renaissance arabe et socialiste, allié avec un groupe d’officiers nationalistes. Le nouveau gouvernement bénéficie du soutien des exilés kurdes (dont il avait permis le retour) et du Parti communiste. Nombre de réformes sont adoptées dans les semaines qui suivent : réforme agraire, aides aux familles pauvres, plans urbains, etc.[33]. Le gouvernement comprendNaziha al-Dulaimi, la première femme ministre de l'histoire de l'Irak et du monde arabe, qui participe à l'élaboration de la loi de 1959 sur les affaires civiles, laquelle est très en avance sur son temps dans la libéralisation des lois sur le mariage et l'héritage au profit desfemmes irakiennes[34].
: nouvelle révoltekurde en Irak. L'insurrection s'amplifie au fil des années. Le régime militaire d'Aref, issu du coup d'État de 1963, ne parvient pas à l'écraser militairement. En 1964, un cessez-le-feu est signé ; il est refusé par une partie du mouvement kurde. La révolte reprend en 1965.
Le : les militants du Baas renversent le gouvernement du général Abdel Karim Kassem. Saddam Hussein, qui poursuivait des études de droit au Caire, revient en Irak et devient, à26 ans, secrétaire général du parti.
Le, la révolution du Baas est renversée par Abdel Salam Aref, qui s'installe au pouvoir et fait arrêter et éliminer plusieurs têtes dirigeantes du parti Baas soupçonnées de comploter contre lui. Saddam Hussein est arrêté et emprisonné. Pendant ces années de détention, il sera torturé et interrogé par la police du régime en place.
En 1965, Saddam Hussein, toujours en prison, est élu membre du commandement panarabe du parti Baas. Lentement, il accroît son influence et dirige des coups d'éclat tels que l'évasion de plusieurs membres du parti Baas, après avoir gagné la sympathie des geôliers.
Le, après la mort accidentelle ou criminelle du colonel Abdel Salam Aref, son frère, le maréchal Abd al-Rahman Aref s'impose en tant que président de la république d'Irak.
Le : second coup d’État baasiste.Saddam Hussein rejoint à Bagdad son cousin le généralAhmed Hassan al-Bakr, chef du Baas et nouveau président de la République.
Le : accord kurdo-irakien sur l'autonomie duKurdistan. Il prévoit une participation des Kurdes aux instances suprêmes de l'État et un recensement destiné à délimiter la région autonome. Des institutions autonomes sont censées être mises en place dans un délai de quatre ans. Pendant cette période de « ni guerre, ni paix », l'URSS commence à soutenir l'Irak, tandis que l'Iran, conseillé par Washington, apporte son aide aux Kurdes.
En 1970 une nouvelle constitution est adoptée, renforçant notamment les droits des femmes : les droits de vote et d'éligibilité leur sont reconnus, ainsi que l'accès à l'éducation et à la propriété[35].
Le : traité d'amitié et de coopération entre l'URSS et l'Irak.
Le : Saddam Hussein nationalise le pétrole irakien.
En, Bagdad promulgue unilatéralement une « loi sur l'autonomie du Kurdistan » ; très en retrait sur les accords de 1970, elle est rejetée par les Kurdes. La révolte reprend et revêt la forme d'une guerre généralisée.
Le :accord d'Alger entre le Chah et Saddam Hussein. L'Iran obtient gain de cause sur les différends frontaliers qui l'opposent à l'Irak et retire son appui aux Kurdes. La révolte s'effondre pour reprendre sous la forme de guérilla en 1976.
Saddam Hussein, président de l'Irak ( 1979-2003)
Le : Jacques Chirac, alors Premier ministre, fait visiterCadarache à Saddam Hussein, alors vice-président irakien.
Le, Saddam Hussein met Hassan al-Bakr à la retraite. Ce même jour, date d'anniversaire de la révolution de 1968, Saddam Hussein accède à la présidence à l'âge de42 ans. Rompant avec le Parti communiste, il procède à des purges massives au sein du Parti Baas - un parti nationaliste arabe, laïc et socialiste, dont les dirigeants sont souvent originaires de la ville de Tikrit - et renoue avec les monarchies du Golfe ainsi qu’avec les pays occidentaux. Le pouvoir de Saddam Hussein s'est donc constitué au départ autour de l'idéologie baasiste, relativement laïque et républicaine. Par ailleurs, il considère l'Islam comme une composante essentielle de la culture arabe.
Le : à la suite de nombreuses ingérences du gouvernement révolutionnaire iranien sur le territoire irakien visant à déstabiliser et renverser le régime de Saddam Hussein, jugé « impie » par Khomeini, - lequel avait pourtant bénéficié de son hospitalité pendant près de quatorze ans -, le gouvernement irakien demande une révision des traités signés en 1975, ce que refuse le gouvernement iranien. En 1980, Bagdad prend l’initiative militaire : il veut récupérer leChatt-el-Arab et leKhouzistan iranien. De plus, il veut mettre un point final à la révolution islamique, qu’il juge prête à tomber et qui menace directement la stabilité du pays. Saddam Hussein voyant que lesforces armées iraniennes sont affaiblies par la révolution islamique, en profite pour déclencher la guerre.
Le, contrairement à ce que pense Saddam Hussein, l’Iran offre une résistance surprenante, et une guerre de tranchée de huit ans s’engage. L'Irak utilise pendant cette guerre des armes chimiques, mais aussi des armes plus conventionnelles. Le conflit change certaines alliances établies depuis très longtemps au Proche-Orient. Le, vers17 h 30, a lieu l'opérationOpéra : l'aviation israélienne avec quatorze chasseurs bombardiers F-16 Falcon détruit leréacteur nucléaire irakienOsirak en cours de construction avec l'aide de la France, ainsi que les laboratoires et le réacteur nucléaire irakiens situés à Al Tuwaïtha, à une vingtaine de kilomètres de Bagdad. Il s'agissait d'un réacteur expérimental acheté en France par l'Irak, et géré grâce à la collaboration ouverte de la France et de l'Italie, et aussi grâce à la non-hostilité des États-Unis.
Les 17 et, Saddam Hussein ordonne à l’armée d’utiliser l’arme chimique contre la ville kurde de Halabja. Le, Téhéran accepte la résolution de l’ONU sur le cessez-le-feu et le retour aux frontières. Le, l'annonce officielle de la fin de la guerre est émise. Le conflit a fait un million de morts et des centaines de milliers de blessés.
1990-1991 : la guerre Irak-Koweït, guerre du Golfe
Au cours de l’été 1990, les finances de l'État sont au bord de la banqueroute. Le Koweït exige le remboursement immédiat de la dette contractée par l’Irak et commence à se rembourser en exploitant le gisement de Rumaila qui s’étend sur les deux territoires. Il porte ainsi préjudice à l’Irak, sorti de la guerre avec une dette extérieure de plus de70 milliards de dollars, dont 40 dus au Koweït et à l'Arabie saoudite. Saddam Hussein pense sortir de l’impasse en se « ré-annexant » le territoire koweïtien qui, sur la base des frontières tracées en 1922 par le proconsul britannique Sir Percy Cox, barre l’accès de l’Irak au Golfe. Washington laisse croire à Bagdad qu’il veut rester en dehors du contentieux ; l’ambassadrice des États-Unis à Bagdad, April Glaspie, assure à Saddam Hussein que les États-Unis désirent avoir les meilleures relations avec l’Irak et n’entendent pas interférer dans les conflits inter-arabes. L'Irakenvahit le Koweït. Commence alors laguerre du Golfe, menée sous l'égide de l'ONU. Desinsurrections éclatent dans plusieurs régions chiites étalées dans le temps. L’ONU vote unembargo qui dura douze ans. Selon un rapport duConseil économique et social des Nations unies, il cause entre 500 000 et 1,5 million de morts, dont une majorité d'enfants[38]. Cependant ces chiffres sont contestés ; l'ONU réfute par la suite ses propres enquêtes qui, selon un rapport duLondon School of Economics — rédigés par les chercheurs Tim Dyson et Valerie Cetorelli et publié en — se basaient sur des bilans fournis et manipulés par le gouvernement irakien[39].
Le, l’Irak occupe le Koweït : Premières sanctions de l’ONU, conduisant à un embargo et à une coalition de plus de trente pays contre Bagdad.
Le, « Tempête du désert » : la coalition internationale, à la demande de l'ONU, intervient militairement en Irak et au Koweït. Objectif : la destruction du potentiel militaire et de l'infrastructure économique de l'Irak, ainsi que l'évacuation du Koweït. Pendant43 jours l’aviation américaine et alliée effectue, avec 2 800 avions, plus de 110 000 sorties, larguant 250 000 bombes, dont celles à fragmentation qui diffusent10 millions de sous-munitions, quantitativement autant que l'Allemagne pendant toute la Seconde Guerre mondiale. À la suite de ces bombardements, des milliers de familles sont forcées de fuir le pays. Plus de 12 000 soldats irakiens ont été tués et 3 500 victimes civiles ont péri sous les bombardements[40]. Le, Saddam Hussein annonce son retrait du Koweït. Les combats cessent le.
Le, la résolution 687 du Conseil de sécurité de l'ONU fixe un cessez-le-feu définitif et impose à l'Irak, notamment, l'élimination de toutes ses armes de destruction massive. Création de la Commission spéciale des Nations unies chargée du désarmement, l'Unscom. Le, après l'insurrection kurde dans le Nord irakien et chiite dans le Sud, le Conseil de sécurité adopte la résolution 688 qui condamne la répression des populations civiles irakiennes et appelle à une aide humanitaire. Le, L'ONU décide de maintenir l'embargo total contre l'Irak.
Le, la résolution 986, dite « pétrole contre nourriture », autorise Bagdad pour des raisons humanitaires à procéder à des ventes limitées de pétrole. En, Bagdad décide de rompre totalement la coopération avec l'Unscom, affirmant qu'il n'a plus aucun espoir de voir l'ONU recommander une levée des sanctions. Bill Clinton lance en décembre, et sans mandat de l'ONU, l'opération Desert Fox pour obliger Bagdad à coopérer. Dans les années suivantes, les États-Unis et la Grande-Bretagne lancent des opérations quotidiennes dans les zones d'exclusion aérienne.
Le : l’Irak est attaqué par une coalition alliée des États-Unis et du Royaume-Uni, sans mandat de l'ONU et soutenue par plusieurs dizaines de pays dont leJapon, laCorée du Sud, laPologne, l’Espagne et l’Italie. Le régime de Saddam Hussein est renversé trois semaines après l’entrée des troupes de la coalition dans le pays. Cettedeuxième guerre du Golfe s’achève officiellement le. Le pays est ensuite occupé par la coalition.
Le : le pouvoir a été remis entre les mains d’un gouvernement intérimaire, au pouvoir inexistant, dirigé parIyad Allaoui. Ce transfert concerne aussi bien l'autorité civile que militaire. Les troupes de la coalition doivent « demander » l'autorisation du gouvernement irakien avant toute opération militaire offensive[41] ; toutefois, seule l'armée américaine et, jusqu'en 2007, les troupes britanniques, participent à de telles opérations. (Tous les contingents étrangers en Irak, à l'exception de celui des États-Unis et, à une certaine époque, du contingent britannique, ne peuvent se servir de leurs armes qu'en état de « légitime défense »).
Le ont lieu les premières élections réellement démocratiques de l'histoire du pays, dans un climat de terreur. Les chiites et kurdes d’Irak se sont malgré tout massivement rendus aux urnes, malgré des menaces terroristes. Le, l’Irak s'est choisi pour la première fois de son histoire un président kurde,Jalal Talabani.
Le, Saddam Hussein est exécuté à Bagdad, le jour de l'Aïd al-Adha par pendaison pour crimes contre l'humanité, à la suite d'une procédure judiciaire, « supervisée » ou « dirigée » par les autorités américaines (le procès se déroula sans avocat pour l'accusé, les trois avocats devant assurer sa défense ayant tour à tour été assassinés dans les premiers jours du procès, et Saddam Hussein ayant refusé les avocats commis d'office qui lui avaient alors été proposés en remplacement par leTribunal spécial irakien). Ces deux « incidents », s'ajoutant à celui de la diffusion des photographies de Saddam Husein que les Américains avaient prises lors de sa « capture » et qui avaient été « très diversement perçues » en Irak, ont beaucoup contribué à déterminer l'attitude finale des sunnites vis-à-vis de l'occupant et du nouveau régime).
Des années après la fin officielle de la guerre, le gouvernement de l’Irak est très fragile. Les violences sont quotidiennes, résultant des attaques de soldats et de convois de l'armée américaine par desinsurgés, de laguerre civile entre les chiites, sunnitesbaasistes et les sunnitessalafistes, et entre le pouvoir en place et des groupuscules islamistes qui opéreraient actuellement en Irak, tels qu'Ansar al-Sunna(en), ouAl-Qaïda.
À partir de fin 2008, les États-Unis se désengagent progressivement en finançant notamment les milices sunnitesSahwa afin d'affronter l'État islamique d'Irak et commencent à se retirer à partir du, date à laquelle la première guerre civile irakienne prend fin[45],[46].
Les violences enregistrent une nette diminution : 2010 serait l'année la moins meurtrière pour les civils irakiens 3 976 morts depuis le début de la guerre. À Bagdad, où l'on enregistrait en moyenne un attentat toutes les deux semaines en 2006 ou en 2007, les attaques terroristes se font moins fréquentes, même si la communauté chrétienne a connu un « décembre noir » en 2010. Même si les menaces d'attentats ou de kidnappings planent toujours sur la capitale irakienne, les fêtards s'enhardissent de plus en plus tard dans les rues, en dépit des couvre-feux.
Le, les derniers soldats américains quittent l'Irak, mettant fin à laguerre d'Irak. Ne reste qu'un contingent chargé de protéger l'ambassade américaine, et une centaine d'instructeurs pour l'armée irakienne. Faute d'accord d'immunité avec le gouvernement irakien, aucune force antiterroriste ne reste sur place.
L’échec des négociations avec le premier ministreNouri al-Maliki sur l'immunité dessoldats américains font que lePentagone a abandonné l'idée d'une force antiterroriste permanente sur le sol irakien.
Les tensions sont toujours extrêmement présentes surtout à cause duconflit entre la Turquie et les Kurdes ou de Daech qui organise toujours desguérillas et desattentats. En janvier 2021, un attentat perpétré par deux kamikazes sur un marché de Bagdad fait32 morts. L’armée turque mène régulièrement des opérations militaires terrestres et aériennes dans le Nord de l’Irak, notamment contre les grottes utilisé par le PKK en dépit de la souveraineté de l’Irak[49]. En juillet de la même année, un autre attentat revendiqué par Daech à la veille de l’Aïd, fait au moins36 morts, en majorité des femmes et des enfants, à Sadr City banlieue populaire de la capitale ; fief du puissant leader chiiteMoqtada Sadr. Officiellement vaincu, l'État islamique conserve des cellules toujours présentes dans le pays, notamment dans les zones montagneuses et désertiques, et revendique ces attaques ponctuelles[50].
Selon un rapport onusien publié début 2021, l'organisation djihadiste continue de mener une insurrection soutenue de part et d'autre de la frontière entre l'Irak et la Syrie. Dans ces deux pays, l'organisation djihadiste conserverait « en tout 10 000 combattants actifs »[51].
En 2023, le poids des milices paramilitaires reste prépondérant. Il y a environ 80 milices importantes dans le pays, réunies dans une coalition nommée leHachd al-Chaabi « Unités de mobilisation populaire ». Elles émargent au budget du ministère de la défense et sont payées par l'État irakien. Chaque milice contrôle un territoire y compris l'activité économique afférente[52]
Un Irakien faisant le signe de la victoire en montrant son doigt marqué par l'encre indélébile, en janvier 2005.
Jusqu'en 2003, l'Irak était officiellement unerépublique depuis le début des années 1960, gouvernée parSaddam Hussein depuis le.
L'attaque menée par les États-Unis et le Royaume-Uni soutenue par plusieurs dizaines de pays a entraîné le renversement du gouvernement deSaddam Hussein et la présence des armées étrangères coalisées.
D' à, le pouvoir est détenu par legouvernement de transition dirigé par le chiiteIbrahim al-Jaafari.Jalal Talabani, le nouveau président irakien intérimaire, est un important dirigeantkurde, favorable à la scission de l'Irak en trois entités distinctes, idée considérée comme totalement inacceptable par la minorité sunnite. Les chiites ont toutefois une position intermédiaire, préférant quant à eux créer un État fédéral.
Le scrutin du proposait l'élection d'une assemblée nationale constituante, composée de275 sièges. La journée du vote fut marquée par des attentats ayant tué36 personnes dont 30 civils. Le taux de participation s'établit à 58 % (8 456 266 votants).
La Commission de rédaction de laConstitution, qui a écrit la loi fondamentale de l'Irak avant le, réunit55 membres dont25 sunnites. Elle est proposée à l'approbation du peuple le : 61 % des citoyens ont participé à cette consultation démocratique, malgré les tentatives d'intimidation qui ont fait quatre morts dans tout le pays. Les résultats sont connus le : la Constitution est acceptée par 78 % des suffrages exprimés.
Une fois la constitution approuvée, l'élection de la chambre basse (Conseil des représentants), en devait mettre en place une assemblée nationale permanente et un gouvernement qui ne soit plus de transition.
Les élections de sont marquées par la victoire de l'Alliance irakienne unifiée, avec un taux de participation de près de 80 %. En,Nouri al-Maliki est investi Premier ministre à la tête d'un gouvernement de coalition. Le mandat des députés est de4 ans et devait se terminer fin 2009.
Les élections législatives de 2010 sont marquées par un taux de participation de près de 63 %, malgré des menaces d'attentats contre les bureaux de vote, et une série d'attentats faisant40 morts le jour du scrutin. Les résultats montrent l'importante remontée des sunnites par la victoire de la coalition laïque duMouvement national irakien (25,8 %), suivie de près par laCoalition de l'État de droit du Premier ministreNouri al-Maliki (25,7 %), et le déclin relatif de l'Alliance irakienne unifiée (19 %).
L’Irak est majoritairement composé de plaines désertiques dans la partie occidentale du pays, fertiles à l’est de l’Euphrate et duTigre ; des marais bordent, au sud, la frontière iranienne ; une zone de montagnes s’étend au nord-est le long des frontières avec la Turquie et l’Iran.Le climat est désertique à l’ouest, chaud et humide dans la partie est. Le Nord possède un climat montagnard avec des hivers froids et enneigés et des étés cléments du fait de l’altitude.
Le Nord est occupé par les hautes montagnes duKurdistan qui, avec des sommets dépassant ou approchant les 3 000 mètres (Cheekha Dar,Halgurd, Shax-î Ḧesarost, ce dernier atteignant 2 874 mètres) prolongent le Taurus turc ou le Zagros iranien.
Les plateaux steppiques s'abaissent en pente douce vers la Mésopotamie. Aux confins de la Turquie et de la Syrie, le plateau de la Chamiyé est coupé par l'Euphrate qui est bordé par des talus abrupts ('irâq). En aval de Hit et de Samara, les vallées duTigre et de l'Euphrate forment une large plaine alluviale : la Mésopotamie proprement dite. Aux environs de Bagdad, les deux fleuves se rapprochent puis s'étalent dans une basse plaine marécageuse, avant de former le Chatt-el-Arab débouchant sur le Golfe persique par un vaste delta. La violence des crues a rendu nécessaire la construction de barrages qui distribuent les surplus d'eau par exemple vers le lac Habbaniyya, vers des dépressions, des réservoirs artificiels, des canaux, afin de mettre villes et campagnes à l'abri des inondations.
L'Irak est vulnérable face au changement climatique. Une augmentation d’un mètre du niveau des mers forcerait à l’exil les deux millions d’habitants deBassorah, tandis qu’une augmentation de trois mètres irait jusqu’à150 kilomètres à l’intérieur des terres et submergerait des millions d’autres personnes dans un marais géant. LaBanque mondiale prévoit une baisse de près de 10 % des précipitations annuelles d’ici 2050, ce qui aggraverait les problèmes d’évaporation et ferait basculer l’Irak de la précarité dans une véritable crise de l'eau[53].
Bien que connu pendant des siècles comme faisant partie du « Croissant fertile », avec ses riches civilisations arrosées par le Tigre et l'Euphrate, le pays a vu la situation de l'eau se dégrader en raison des changements climatiques, de sa mauvaise gestion et de la pollution. Le débit des fleuves irakiens a chuté de 1 350 m3/s en 1920 à moins de 150 m3/s en 2020[54]. La construction de barrages en amont par laTurquie et l'Iran a coupé l'approvisionnement en eau de ces rivières vitales et de leurs affluents, tout en donnant àAnkara et àTéhéran un pouvoir considérable sur leur voisin. Plus de 90 % de l'eau irakienne provient de l'extérieur du pays. Le contrôle de ce qui reste d'eau alimente les tensions internes en Irak, les barrages et réservoirs locaux étant de plus en plus l'objet de l'attention des groupes armés[55].
LeGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) prévoit une augmentation des températures moyennes de 2° Celsius au cours des prochaines années. Les incendies et les tempêtes de sable et de poussière sont de plus en plus fréquents dans le pays[54].
Cette section doit êtreactualisée. Des passages de cette section sont obsolètes ou annoncent des événements désormais passés.Améliorez-la oudiscutez-en.
Évolution historique du PIB par habitant de l'Irak
Le PIB par habitant s’élève en 2017 à 4 990 dollars, contre 7 000 dollars en 1990[56].
L'économie du pays a surmonté les conséquences immédiates de l’invasion et connaît, après l'effondrement total de celle-ci en 1991, davantage aggravée par l'embargo, une croissance prometteuse, malgré les innombrables difficultés actuelles avec 17 % de croissance en 2005 et une estimation de 13 % de croissance en 2006[57] :
Une projection de71 milliards $ dePIB en 2008 avec un revenu de 2 319 $ parhab.
Le nombre d'entreprises privées en Irak est passé de 8 000 en 2003 à 35 000 en 2006, bien que le taux de chômage n'ait pas sensiblement varié (plus de la moitié des Irakiens sont soit au chômage, soit en sous-emploi). Une moyenne de 60 sociétés est créée chaque semaine[58].
Lepétrole est la principale ressource du pays, avec une production ennovembre 2006 de 2,05 millions de barils par jour, malgré l'insécurité ; soit :41 milliards de dollars de revenus pétroliers et des concessions étrangères pour 2006. Ceci fait alors de l'Irak le sixième plus gros producteur au sein de l'OPEP. En 2008 la production a retrouvé son niveau du temps de l'embargo (2,4 millions de barils par jour en mars, et 2,9 millions espéré fin 2018)[59]. En 2004, sesréserves estimées étaient de115 milliards debarils (chiffres suspects selon quelques spécialistes (voirPic pétrolier). Classé quatrième après l'Arabie saoudite, le Venezuela et l'Iran en termes de réserves, ce pays a pris la deuxième place aupalmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite, mais devant l'Iran et les Émirats. Début 2019, selon l'AIE le pays est5e producteur et exportateur mondial, et le2e producteur au sein de l'OPEP[60]. Sa capacité de production serait de 4,6 Mb/j, mais en, seuls 3,4 Mb/j ont été exportés, afin de soutenir le cours du pétrole (qui pourrait aussi remonter à cause des sanctions américaines sur le pétrole iranien)[60]. Toujours selon l'Agence, si les investissements étrangers se font, si une stabilité géopolitique du pays le permet et que le pays gère ses pénuries d'eau, il pourrait devenir en 2030 le4e producteur mondial de pétrole en produisant alors environ6 millions de barils/jour, dont 4,4 destinés à l'export[60].
Sa population adopte rapidement et avec enthousiasme les techniques de communication modernes, également utilisées par les insurgés et les terroristes (4,5 millions d’abonnés autéléphone – fixe et mobile – en contre 833 000 avant l’invasion ; 147 000 abonnés àInternet en contre 4 500 en 2002 ; 7,1 millions detéléphone portable fin 2006).
Il y a toujours un énorme fossé entre la demande et la production d'électricité (5 000 mégawatts produits pour 9 200 demandés en 2006 ; 6 020 MW produits en[61]) avec l'immense augmentation de cette dernière depuis 2003, date à laquelle cette production était pratiquement tombée à zéro par suite des bombardements alors qu'elle était de 4 000 MW avant guerre. En 2023, un tiers de l'électricité irakienne vient d’Iran[52].
Le chômage touche en 2006 officiellement de 13,4 à 18 % de la population, et le sous-emploi en touche encore 30 % ; cela pousserait un nombre non négligeable d'Irakiens à travailler plus ou moins régulièrement pour différents groupes armés, indépendamment de leurs propres convictions politiques (les membres permanents de ces groupes armés ne réaliseraient pratiquement pas d'actions à caractère militaire ou terroriste par eux-mêmes, étant avant tout des « financiers », la location des armes et la vente des munitions se faisant pas d'autres réseaux, moins « nobles », susceptibles d'alimenter dans certains cas des factions rivales, ce qui rendrait la détection et le démantèlement de ces réseaux extrêmement difficiles ; l'importance exacte de cette « économie souterraine » n'est pas connue).
Malgré la rente pétrolière, près d'un Irakien sur quatre vit sous leseuil de pauvreté de 2,20 dollars par jour.[Quand ?]
L'inflation elle est passée de 32 % en 2006 à 17 % en 2007 et 10 % en 2008[62] contre 120 % en 2001[63].
Les lois sociales du régime baasiste n'ont pas été modifiées, à l'exception de celles qui touchent à lalaïcité. LaConfédération générale des syndicats, syndicat unique dans le (petit) secteur privé, a été interdite et a été remplacée dans ce rôle par laFédération irakienne des syndicats, seule reconnue par l'État. Cette fédération est également présente dans le secteur public, bien que les syndicats y soient toujours légalement interdits. Le principal syndicat libre, interdit, est laFédération des comités et syndicats de travailleurs d'Irak. Il existe également des syndicats de branches autonomes, également interdits, notamment chez les enseignants et dans le secteur pétrolier.
Le changement climatique, la diminution de l'accès à l'eau et les conflits armés ont généré une crise du secteur agricole, dont la production a chuté de 40% entre 2014 et 2021. Les estimations du gouvernement indiquent que le changement climatique a également causé la perte de 75 % du bétail (moutons, chèvres et buffles)[54].
La population de l'Irak lors de sa création en 1920 est estimée à3 millions d'habitants, les estimations actuelles sont 38 146 025 habitants en selon leThe World Factbook de la CIA[65]. En 2009, leFonds monétaire international estimait sa population à 31 234 000[66].
Le nombre d'Irakiens ayant quitté leur pays à la suite de la guerre d'Irak (depuis 2003) est estimé à deux millions début 2007[69], même chiffre pour l’ambassade de France au Danemark[70] (1,8 million fin 2006)[71].
En 2024, l'UNHCR compte 1 098 913 déplacés intérieurs[72] répartis en large majorité au nord du pays, dans les gouvernorats de Ninewa, Duhok et Erbil (voir carte ci-contre).
L'Irak est un pays majoritairementmusulman. Leschiites constituent plus de la moitié de la population (55%), et sont présents surtout dans le sud et dans le quartier deSadr City à Bagdad. Le représentant le plus important de la communauté chiite est l'ayatollahAli al-Sistani particulièrement influent depuis le renversement du gouvernement de Saddam Hussein[73].
Lessunnites sont présents quant à eux dans le centre (région de Bagdad ainsi qu'en Assyrie), auxquels il faut rajouter des groupes plus ou moins nombreuxyézidites etmandéistes.
Leschrétiens (notamment la communautéchaldéenne), estimés à plus d'1 million avant 2003, sont depuis l'objet de nombreuses persécutions, et les deux tiers d'entre eux ont émigré dans la décennie suivante[74], la tendance se poursuivant avec l'émergence de l'État islamique[75]. Ainsi, alors qu'ils étaient 1,5 million sous la présidence deSaddam Hussein, ils ne seraient plus que 150 000 en 2024[76].
Les Yézidis étaient environ 550 000 avant 2016, mais avec le passage de l'État islamique, 100 000 se seraient exilés en d'autres pays, et environ 10 000 seraient portés disparus. De nos jours, les Yézidis seraient environ 430 000 en Irak, surtout dans le Sinjar, au Kurdistan. Avant 2003, sous le régime de Saddam Hussein, il était difficile d'avoir des estimations sur le nombre de Yézidis en Irak. Le chiffre de 60 000 Yézidis pratiquants circulaient régulièrement, mais le régime de Saddam Hussein indiquait des chiffres très bas. Il avait indiqué, par exemple, qu'il ne restait plus que moins de 3 500 adeptes du yézidisme en Irak : cette estimation était cependant jugée peu crédible. Avec l'arrivée de l'armée américaine, en 2003, lors de la seconde guerre du Golfe, et l'installation d'un régime démocratique en Irak, il sera avéré, après de nombreuses vérifications, que les adeptes de la religion Yézidie seraient plusieurs centaines de milliers de personnes en Irak, une estimation qui surprendra les historiens, les spécialistes des religions du Moyen-Orient, etc. Il y a aussi desBaha'is, mais on ignore le nombre de croyants de ce courant religieux en Irak.[réf. nécessaire]. Il y a aussi un groupe très réduit d'Ahmadis, concentrés surtout à Bagdad, dont on ignore le nombre d'adeptes.
L’athéisme tend à progresser ces dernières années[77]. Lesagnostiques seraient aussi nombreux, du fait de la lassitude de nombreux citoyens Irakiens lassés des conflits depuis la fin des années 1970, et fatigués des querelles entre Chiites et Sunnites, des attentats des extrémistes des deux courants religieux, de l'insécurité, etc. Aussi, le pays est très marqué par l'histoire du Socialisme Arabe, depuis surtout les années 1950, et le Panarabisme, avec leparti Baath, avec des idées laïques très ancrées, qui viennent en parties du Kémalisme Turc, ce qui explique chez de nombreux Irakiens un Islam très modéré, et un rejet de l'Islam politique, comme il est appliqué en Iran, pays voisin.
La culture irakienne est fondée sur un grand nombre de juxtapositions à la suite des apports des différentes civilisations qui se sont développées en Irak (sumériennes,assyriennes,ninivites etmusulmanes, sans compter les multiples influencesperses,grecques,romaines,mongoles, ottomanes,européennes, etc.) ainsi qu'une mosaïque de religions (chrétiennes, juives, et musulmanes, etc.).
L'Irak fut au cours de son histoire un carrefour exceptionnel où se créèrent et se rencontrèrent de nombreuses civilisations. Cela apporta de nombreuses superpositions decouches culturelles à cet État.
Scène de la chasse au lion du palais nord-est d'Assurbanipal.
Sa culture est donc imprégnée fortement de cette mosaïque culturelle.Nabuchodonosor II apporta une certaine forme demonothéisme. On trouve toujours en Irak deszoroastriens, traces de la lointaine présence perse. Les Arabes apportèrent la religion musulmane, etc.
La société irakienne possède différents niveaux de clivages culturels, politiques, religieux et claniques d'une très grande complexité, qu'il est au minimum indispensable de connaître pour pouvoir un peu comprendre l'évolution de la situation dans ce pays.
L'Irak se dote en 1959, à la suite de larévolution irakienne qui a renversé lamonarchie, d'un code du statut personnel (CSP) qui régit les mariages, les divorces et les héritages. Particulièrement progressiste pour l'époque, il réunit les jurisprudences sunnites et chiites, permet les unions interconfessionnelles, protège des interférences religieuses et tribales, fixe à18 ans l’âge minimal pour se marier, limite le droit à la polygamie et reconnait une égalité partielle en matière d’héritage[82].
Les droits des femmes seront ensuite progressivement mis à mal. Le régime deSaddam Hussein, fragilisé par laguerre du Golfe de 1991 et l'embargo qui a suivi, pactise avec les chefs tribaux et les religieux conservateurs pour survivre. La deuxièmeinvasion de l’Irak en 2003 par les États-Unis conduit à la création d'un système politique ethno-confessionnel et accentue les tensions religieuses. Des groupes terroristes et milices confessionnelles attaquent les droits des femmes, tandis que certaines autorités religieuses supervisent les unions et obéissent à des lois tribales qui ne respectent pas le CSP, cherchant parfois à légaliser le mariage des filles dès9 ans[82].
L'usage massif de munitions à base d'uranium appauvri par les États-Unis et leurs alliés en 1991 et 2003 a fortement affecté la santé de la population irakienne. Entre 1994 et 2003, le nombre demalformations congénitales pour 1 000 naissances vivantes à la maternité deBassorah avait été multiplié par 17, passant de 1,37 à 23 dans le même hôpital. En 2004, l’Irak présentait les plus hauts taux deleucémie etlymphome au monde[83].
Saddam Hussein promouvant l'alphabétisation et l'éducation des femmes dans les années 1970.
Le système éducatif irakien est dirigé et contrôlé par l’État qui finance en totalité tous les domaines de l’éducation. L’arabe est la première langue d’enseignement dans tous les établissements publics, tandis que le kurde est considéré comme la première langue d’enseignement dans les régions kurdes. À Mossoul, l’enseignement du français a commencé en 1991 dans la mesure où les élèves étaient libres de choisir son apprentissage.
L'Irak reçoit en 1982 le prix de l'UNESCO pour ses efforts dans la lutte contre l'analphabétisme (le taux d’alphabétisation des femmes, de 87 % en 1986, est alors le plus élevé de la région). Celui-ci s'étend pourtant à nouveau dans les années 1990 en raison du poids des sanctions économiques[35].
Selon un rapport de l’UNICEF paru en 2018, la majorité des enfants défavorisés ne reçoivent « aucune aide gouvernementale », ce qui tend à creuser les écarts et les inégalités. En matière d’éducation notamment, où les besoins restent « immenses » après des années de conflit. La moitié des écoles publiques irakiennes nécessitent une sérieuse réhabilitation et le pays aurait besoin de 7 500 écoles supplémentaires. En outre, « une école sur trois fonctionne par quarts multiples, ce qui réduit le temps d’apprentissage des enfants ». 92 % des enfants sont inscrits à l’école primaire, mais seuls un peu plus de la moitié des enfants défavorisés finiront le cycle primaire. L’écart se creuse plus encore dans l’enseignement secondaire et supérieur, « où moins d’un quart obtiennent leur diplôme (23 %), contre les trois quarts des enfants issus de milieux plus aisés (73 %) ». D'autre part, seuls 40 % des enfants sont entièrement vaccinés, et moins de 40 % de la population a accès à l’eau potable à domicile, ce qui expose les enfants à un risque grave de maladies d’origine hydrique[84].
↑M. A. Oraizi, Amérique, pétrole, domination : Une stratégie globalisée, tome II : Hégémonie anglo-saxonne et duels des empires pétroliers, Paris, L'Harmattan, 2012,p. 29.
↑JORF du 25 janvier 1994p. 1291, mentionnantIraq, l'article 2 alinéa 3 stipulant « Les noms de pays et de villes étant des noms propres, il est recommandé de respecter la graphie locale en usage, translittérée ou non. »