L'International Standard Book Number (ISBN) ouNuméro international normalisé du livre est un numéro internationalement reconnu, créé en 1970, identifiant de manière unique chaque édition de chaque livre publié[1],[2] postérieurement à l’introduction de l’ISBN, quel que soit son support[3]. Cetidentifiant pérenne est destiné à simplifier la gestion pour tous les intervenants de lachaîne du livre (éditeurs, imprimeurs, grossistes, libraires, bibliothèques). En 2007, le numéro ISBN est passé de 10 à 13 chiffres pour compatibilité avec le code-produitGTIN-13[4], base ducode-barres universellement utilisé dans la distribution.
L'ISBN s'applique aux livres, quel que soit leur support : celui-ci peut être le support papier traditionnel ou les fichiers pour liseuse, par exemple (chaque forme donnant lieu à un numéro d'ISBN différent).
En revanche, les publications qui ne sont pas soumises audépôt légal ne sont pas soumises à l'ISBN.
Dans lesannées 1960, en Grande-Bretagne, l'entrepriseW. H. Smith and Son Ltd., important distributeur de livres britanniques cherchait à simplifier sa gestion en pourvoyant chaque édition de chaque ouvrage d'un identificateur unique. Elle fit appel àGordon Foster(en), professeur de statistiques auTrinity College deDublin. Celui-ci créa le SBN à neuf chiffres, lequel fut mis en œuvre en 1967 en Grande-Bretagne, puis en 1968 aux États-Unis[5]. En 1970, l'ISO (International Standard Organisation) internationalisa le concept en normalisant l'ISBN à 10 chiffres pourvu d'un code local[6].
Dans les années 1960 et 1970, malgré la simplicité de son système universel, son implantation a été inégale à l'échelle de l'industrie, prenant parfois de dix à quinze ans afin d'être en place[7]. En dépit de son intention de rendre plus efficace la distribution des livres imprimés, tous les ISBN devaient tout de même être entrés manuellement, donc toujours en proie à l'erreur humaine lors de la saisie[8].
À la fin des années 1970, en quête d'une solution de rechange pour mieux développer la diffusion de l'ISBN, l'industrie du livre se tourna vers un partenaire original : l'industrie alimentaire[8]. En peu de temps, quelques épiciers ont adopté l'utilisation du code universel de produit (UPC) afin d'avoir un suivi des ventes, des retours et du stockage ainsi que pour éliminer les tâches répétitives, chronophages et faillibles dans l'établissement des prix[8]. L'industrie américaine du livre s'est donc inspirée de cette méthode afin de développer un système de reconnaissance optique (OCR-A) qui, contrairement à l'UPC, serait à la fois possible d'être numérisés et visible à l'œil[8]. Toutefois, cette solution n'était pas tout à fait adaptée à la réalité des besoins de l'industrie en raison des difficultés pour les lecteurs OCR de lire des codes qui n'étaient pas en caractères noirs sur un arrière-plan plus pâle. Puisque l'industrie refusait de normaliser les formats pour s'accommoder à la reconnaissance optique, le système a été abandonné[8].
En 1980, loin de se décourager, l'agence internationale ISBN s'est tournée vers un autre système de code à barres, soit leEuropean Article Numbering (EAN). En vertu d'une entente avec l'organisation de l'EAN, l'industrie du livre s'est vue confier son propre préfixe, soit 978, qui signifie « Bookland », l'endroit d'où proviennent tous les livres[9]. Puisque cette initiative a contribué à son implantation en Europe, les États-Unis ont approuvé son utilisation en 1985 et ont commencé à l'utiliser une année plus tard[8]. En raison de l'omniprésence du système UPC, la transition vers l'EAN n'a pas été simple. En effet, il a fallu attendre la fin des années 1980 pour qu'une solution puisse satisfaire les parties : tous les livres destinés à la vente en librairie seront imprimés exclusivement avec le code-barres EAN (donc avec ISBN) et les livres destinés à être vendus à des points de vente non reliés à des livres (épiceries, pharmacies, magasin d'entrepôt, etc.) seront imprimés avec les deux symboles puisque la plupart de ces détaillants fonctionnaient avec le code-barres UPC[8].
En 2007, l'ISBN à 10 chiffres a été étendu à 13 chiffres par l'adjonction, en tête, du code 978, permettant de convertir l'ISBN en codeGTIN-13 et de l'éditer sous cette forme en code-barres pour la distribution[10].
Pour comprendre le fonctionnement du code ISBN, il faut savoir comment il est attribué à un ouvrage.
Le fonctionnement est totalement décentralisé :
Un groupe d'éditeurs d'une région souhaite profiter des avantages que procure l'ISBN dans la commercialisation du livre. Ces éditeurs, réunis en association appelée Agence d'enregistrement locale, demandent à l'Agence internationale de l'ISBN[11] l'attribution d'un code régional ou Domaine ISBN[12]. L'Agence internationale de l'ISBN gère les domaines ISBN. C'est une organisation à but non lucratif sise à Londres et fonctionnant en concertation de l'ISO, Organisation internationale de normalisation[13].
Si un éditeur souhaite adhérer à l'ISBN, il s'adresse à l'Agence d'enregistrement locale ; celle-ci lui délivre un numéro d'éditeur[14].
L'éditeur attribue lui-même des numéros à ses propres publications selon quelques règles.
Cette section présente d'abord la construction de l'ISBN d'origine à dix caractères puis explique les modifications, assez simples, introduites par le passage à treize caractères pour fusion avec le code GTIN-13. La norme ISO 2108 (ICSno 01.140.20) spécifie la construction du numéro ISBN.
Le premier élément (2 dans l'exemple ci-dessus) est le Domaine ISBN, c'est-à-dire lazone de chalandise ; ce peut être une zone linguistique, une région ou un pays.
Le deuxième élément (7654 ci-dessus) est le numéro d'éditeur. Il identifie un éditeur actif dans la zone de chalandise.
Le troisième élément (1005 ci-dessus) est un numéro de publication attribué par un éditeur à une de ses publications selon certaines règles.
Enfin le quatrième élément (4 ci-dessus) est la clé de contrôle.
Les trois codes Domaine ISBN, Numéro d'éditeur et Numéro de publication ont des longueurs variables, selon la règle générale suivante : plus la zone de chalandise ou l'éditeur comptent un nombre de publications important, plus leur code est court. Une vaste zone de chalandise a un numéro court de façon à laisser un plus grand nombre de chiffres disponibles pour coder les éditeurs et les publications. De même un éditeur important a un numéro d'identification court de façon à laisser un plus grand nombre de chiffres disponibles pour numéroter ses publications.
Ce code est attribué par l'Agence internationale de l'ISBN. Ce peut être un code linguistique (pour l'anglais, le français, l'allemand et le japonais), un code de zone géographique ou un code national.
Il indique la zone de chalandise sur laquelle un éditeur est actif. La longueur du code dépend grossièrement de la taille du marché. Plus celui-ci est important, plus le code est court.
Dans une zone de chalandise, l'Agence locale d'enregistrement qui en est responsable attribue les numéros d'éditeur, avec un identifiant plus court pour les éditeurs publiant le plus de titres, selon la séquence suivante :
Code-éditeur
Nombre d'index disponibles pour les publications (pour les zones identifiées par un seul chiffre comme la zone francophone - identifiant :2)
00 - 19
1 000 000
200 - 699
100 000
7000 - 8499
10 000
85000 - 89999
1 000
900000 - 949999
100
9500000 - 9999999
10
Quelques exemples de numéro d'éditeur dans le domaine 2 :
Ce code identifie une publication particulière d'un éditeur. C'est l'éditeur lui-même qui attribue ce code.
Les réimpressions d'un ouvrage à l'identique conservent leur ISBN, même si le prix a changé. En revanche, toutes les variations d'une publication (format, nature, support, illustration de couverture, etc.) doivent posséder leur numéro de publication propre.
Aucun ISBN n'est nécessaire pour les publications qui ne sont pas soumises au dépôt légal : publications publicitaires, horaires de train, affiches, calendriers, almanachs, cartes géographiques et topographiques, enregistrements sonores, etc.[15]
La clé de contrôle est le dixième caractère de l'ISBN-10. Il est calculé à l'aide des neuf chiffres qui précèdent. Depuis que l'ISBN est passé à treize caractères en 2007, le calcul de cette clé est obsolète. On le rappelle ci-dessous à titre d'information.
Calcul de la clé de contrôle de l'ISBN-10
L'IBN-10 sans clé comporte 9 chiffres :
Pour calculer la clé, opérer comme suit :
multiplier chacun des chiffres de l'ISBN-10 pris de gauche à droite par les poids 10, 9, …, 3, 2 ;
faire la somme de ces neuf produits ;
calculer le reste de cette somme dans la division par 11 ;
si le reste est nul, la clé est aussi zéro, sinon retrancher ce reste de 11 : c'est la valeur de la clé. Si elle vaut 10, on la note "X".
En 2007, le code-produit de grande distribution à treize chiffres appelé « GENCOD » en France,EAN-13 (European Article Number-13) en Europe etUPC (Universal Product Code) en Amérique et aujourd'hui partoutGTIN-13 ayant conquis la quasi-totalité du marché de la distribution, il devint opportun de modifier l'ISBN afin de l'intégrer dans cette chaîne logistique globale.
De plus, dès cette date, une pénurie de codes ISBN apparaît pour numéroter les nouvelles publications.
Le code ISBN-10 est donc converti en ISBN-13 au. À des fins de compatibilité, les ouvrages portaient conjointement les deux codes depuis quelques mois et continueront de les porter encore quelque temps après l'entrée en vigueur de la nouvelle codification.
Pour effectuer la transition :
Les trois premiers chiffres du code GTIN-13 indiquant le pays du producteur ou du distributeur de l'article, et, les codes978 et979 n'étant pas attribués, on les a affectés aux livres. Les codes 978 et 979 désignent doncBookland (« Pays du livre »). Le code 978 est le premier utilisé et le code 979 sera employé au fur et à mesure des besoins.
Pour être compatible avec tous les systèmes GTIN-13 installés, la clé de vérification de l'ISBN-13 (dernier chiffre du code) est calculée selon la même méthode que pour le code GTIN-13.
Au Canada francophone,Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) agit à titre de représentante officielle de l'AFNIL pour l’attribution des numéros ISBN. Cette entente a été conclue au cours de l'automne 1978 afin que les éditeurs canadiens puissent obtenir un statut conforme à la réalité[17]. Ainsi, cela mettait fin à l'entente précédente avec la Standard Book Numbering agency (R.R. Bowker Company) où les éditeurs francophones canadiens étaient identifiés comme des éditeurs anglophones[17]. BAnQ utilise l'indicatif 2 pour les éditeurs de tous les groupes linguistiques, sauf de langue anglaise. Lorsque la capacité d'attribution sera épuisée, BAnQ utilisera des numéros commençant par 979[18].
En Suisse, leSchweizer Buchhändler- und Verleger-Verband(de) (SBVV) gère les numéros ISBN pour la Suisse romande et la Suisse alémanique. Les ouvrages en français sont gérés par l'AFNIL. Pour la Suisse italienne, c’est l’Agenzia ISBN per l’area di lingua italiana EDISER qui attribue les numéros ISBN.
Le code ISBN est conçu pour simplifier le traitement des livres en ordinateur : les libraires peuvent passer des commandes standardisées, les distributeurs ont le même code pour traiter les commandes, et les retours. Les différentes opérations de gestion dans les bibliothèques et centres de documentation sont facilitées[15].
Par exemple, le livreLes cigognes sont immortelles d'Alain Mabanckou a le code 978-2-02-130451-0 pour la version brochée, 978-2-02-130452-7 pour une édition pdf et 978-2-02-130453-4 pour une autre édition numérique.
Liste des documents qui peuvent avoir un ISBN au Canada francophone
Il n'est pas obligatoire d'obtenir un ISBN pour publier un document au Canada.
Quelques avantages de son utilisation : moins de confusion entre des titres semblables et les différents formats d'une publication; facilite le traitement pour les intervenants du domaine du livre.
Il est obligatoire d'avoir un ISBN afin de bénéficier du Programme canadien deCatalogage avant publication (CIP).
BAnQ publie, à partir des données recueillies, le Bottin des éditeurs francophones canadiens. Cette liste est également envoyée dans le Global register of Publishers et elle permet de répertorier les éditeurs de tous les pays qui participent au système de numérotation ISBN.
LaLoi sur la taxe de vente du Québec prévoit l'exemption de taxes pour certains types de livres ayant un ISBN[19].
Pour les autoéditeurs, il est recommandé d'obtenir un ISBN dès le début puisque s'il y a rupture de contrat avec la plateforme d'autoédition, il faudra demander un nouvel ISBN pour continuer à le distribuer[18].
Arrêté du fixant les mentions obligatoires figurant sur les documents imprimés, graphiques et photographique soumis au dépôt légal (Journal officiel du) :
Article 1 : Sur tous les exemplaires d'un même document soumis au dépôt légal, doivent figurer les mentions suivantes : pour le dépôt des livres, des cartes et des plans : 1° […] 2° […] 3°[…] 4° La mention de l'ISBN et éventuellement de l'ISSN.
Arrêté du fixant les mentions obligatoires figurant sur les déclarations accompagnant le dépôt légal des documents imprimés, graphiques et photographiques :
Article 2 : La déclaration de l'éditeur doit comporter les mentions suivantes : pour le dépôt des livres, cartes, plans et partitions musicales : 1° […] 2° Le numéro international normalisé (ISBN ou, s'il y a lieu,ISMN pour les partitions musicales).
↑Ce code a porté de multiples noms dans le jargon ISBN :ISBN identifier group,ISBN group number,Registration group element,Registration group identifier. Il est actuellement appeléISBN Range par l'International ISBN Agency. On l'appelleDomaine ISBN dans cet article.