L'Institut de France est une institutionfrançaise créée en1795. Il rassemble les élites scientifiques, littéraires et artistiques de la nation afin qu'elles travaillent ensemble à perfectionner les sciences et les arts, à développer une réflexion indépendante et à conseiller les pouvoirs publics. Cela lui vaut le surnom de« Parlement du monde savant ». Il est placé sous la protection duprésident de la République et siègequai de Conti, dans le6e arrondissement deParis.
Habilité à recevoir deslegs etdonations, l'Institut abrite de nombreusesfondations qui sontmécènes de la recherche et de la création à travers la remise de prix, bourses etsubventions, ainsi que les gardiennes d'un important patrimoine de propriétés et collections léguées depuis la fin duXIXe siècle.
« Il y a pour toute la République un Institut national chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences. »
Laloi sur l'organisation de l'instruction publique du 3 brumaire an IV ([1]) organise un « Institut national des sciences et des arts » pour« perfectionner les sciences et les arts par les recherches non interrompues, par la publication des découvertes, par la correspondance avec les sociétés savantes et étrangères, suivre les travaux scientifiques et littéraires qui auront pour objet l'utilité générale et la gloire de la République ». Une autre loi, le 15germinalan IV (), précise le règlement de la nouvelle institution, et notamment le détail de ses activités (séances de travail, séances publiques, attribution de prix).
Cet Institut est alors occupé par lesidéologues, groupe animé parDestutt de Tracy qui s'oppose aux anciens Académiciens, veut instaurer une science des idées et dissiper les mythes et l'obscurantisme, conditionnant les idées duDirectoire puis concourant à mettre en placeBonaparte[2].
Puis l'Institut est divisé en trois classes :
classe dessciences physiques etmathématiques, comptant deux présidents, un pour les sciences physiques, un pour les sciences mathématiques (10 sections) ;
Cependant la classe des sciences morales et politiques apparaissait manquer de loyalisme envers le régime duConsulat. L'arrêté des consuls du (3pluviôsean XI)[3],[4] supprime la classe des sciences morales et politiques et divise la troisième classe en trois. Les quatre classes sont désormais :
la classe des sciences physiques et mathématiques ;
En 1816,Louis XVIII, par l'intermédiaire de son ministre de l'Intérieur lecomte de Vaublanc, réorganise l'Institut par sonordonnance du 21 mars, réorganisation qui sert d'ailleurs de prétexte à exclure certains de ses membres après la réception d'une lettre deJean Baptiste Antoine Suard,secrétaire perpétuel de l'Académie française, dans laquelle il dénonce « un esprit révolutionnaire ». Le nom d'« Académie » est à nouveau employé pour désigner les différentes classes : les titres d'« Académie française », d'« Académie des inscriptions et belles-lettres » et d'« Académie des sciences » sont rétablis, tandis que la quatrième classe prend le nom d'« Académie des beaux-arts ». En rétablissant, parordonnance du, l'« Académie des sciences morales et politiques »,Louis-Philippe donne à l'Institut sa configuration actuelle.
Les travaux de construction s'étalèrent entre 1662 et 1688[5].
L'inscription sur la façade « IVL. MAZARIN. S.R.E. CARD. BASILICAM.ET.GYMNAS.F.C.A.M.C.D.L.X.I » signifie« Jules Mazarin, cardinal de la sainte église romaine catholique, a ordonné de construire cette église et ce collège en 1661 ».
En 1796, le bâtiment accueille l'une des troisécoles centrales de Paris, sous le nom d’« École centrale des Quatre-Nations »[6]. L’École est fermée en 1802, et en 1805, à la demande deNapoléon Ier, l'Institut de France, initialement installé au Louvre, s'installe dans le collège. L'architecteAntoine Vaudoyer (1756-1846) transforme lachapelle en salle pour les séances des académies.
lechancelier, élu pour trois ans (renouvelables) par la commission administrative centrale, élection approuvée par un décret duprésident de la République ;
la commission administrative centrale, composée des six secrétaires perpétuels[10] et de deux délégués élus par académie ;
l'assemblée générale : elle est composée des membres titulaires de chaque académie, exception faite de l'Académie des sciences, qui délègue 50 membres ;
des commissions techniques, des commissions spéciales et des jurys ;
le bureau, composé du président, du chancelier, des secrétaires perpétuels, du directeur de l'Académie française et des présidents des autres académies ;
le président, qui est chaque année successivement le président d'une des académies (le secrétaire perpétuel pour l'Académie française) ; il préside notamment la séance publique annuelle des Cinq Académies, qui a toujours lieu symboliquement le mardi le plus proche de la date de création de l'Institut (25 octobre), etdepuis 2005 la séance de remise des prix des fondations de l'Institut, qui se tient en juin.
Les instances les plus importantes pour le fonctionnement courant sont le chancelier et la commission administrative centrale. Le premier a autorité sur le personnel, est ordonnateur des recettes et dépenses, représente l'Institut dans lescontrats et en justice. La commission administrative centrale exerce les fonctions d'assemblée délibérante en adoptant lebudget et les décisions modificatives ainsi que d'autres dispositions financières, en réglant l'utilisation des locaux, etc.
L'Institut et ses académies sont soumis aux règles de lacomptabilité publique. Ils disposent d'uncomptable public qui porte le nom de « receveur des fondations ». Pour répondre à leurs besoins économiques, ils passent desmarchés publics soumis aux règles en vigueur pour les personnes morales autres que l'État, et prévues dans lecode de la commande publique, ainsi que le prévoit l'article R.2100-1 de ce code. Ils sont soumis au contrôle de laCour des comptes.
Les membres des Académies sont élus à vie ; aucun texte n'existe pour l'abrogation. Le président de la République peut néanmoins par décret exceptionnel casser leurs élections. Cela concernaPhilippe Pétain pour l'Académie française en 1945 et fut réclamé en 1989 par l'Académie des beaux-arts contreClaude Autant-Lara[11].
Lelogo officiel de l'Institut de France représente le profil droit d'un portrait de ladéesseMinerve, qui symbolise la sagesse, l'intelligence et la raison. Selon lamythologie romaine, Minerve est la fille deJupiter.
Protectrice de l'Institut de France et des cinq académies, cette déesse guerrière personnifie la vivacité de l'intelligence créatrice et préside à toutes les manifestations du génie humain[12]. La forme ovale du logo est inspirée par celle de la coupole de l'Institut.
Plusieurs personnalités, le plus souvent des académiciens, ont effectué desdons ou deslegs à l'Institut, sous la forme de propriétés, de châteaux, résidences, de biens immobiliers ainsi que des collections d'œuvres d'art. L'Institut de France a organisé ces legs sous la forme de fondations chargées de la gestion de ces biens.
La plus importante et la plus ancienne est la fondation d'Aumale, créée à la suite du legs en 1886 effectué parHenri d'Orléans, devenu pleine propriété en 1897. Cette fondation est constituée dudomaine de Chantilly qui comprend lechâteau de Chantilly, les collections dumusée Condé, laforêt de Chantilly ainsi que plusieurs biens immobiliers dans les environs deChantilly. L'ensemble est géré par un administrateur et par un collège desconservateurs pour le musée Condé, constitué de trois académiciens de trois académies différentes. En 2005, l'Institut a délégué la gestion du château et desgrandes écuries à la Fondation pour la sauvegarde du domaine de Chantilly, fondation de droit privé qui a bénéficié d'un important investissement deKarim Aga Khan IV.
En plus de ces legs, l'Institut de France, à l'instar de lafondation Caritas ou de lafondation du judaïsme français[14], abrite différentes fondations, dont la fondation d'Aumale[15] ou encore la fondation Kairos pour l'innovation éducative[16].
D'abord nomméeCanal Académie, cettewebradio est liée à l'Institut. Elle fut créée en parJean Cluzel, ancien parlementaire et secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques de 1999 à 2004, avec le soutien dePierre Messmer qui était alors chancelier de l'Institut. Elle commença à émettre le. Depuis, sous le nom de Canal Académies, elle est devenue un service à part entière de l'Institut de France, dont elle diffuse les activités (débats, séances, conférences, etc.). Son site est entièrement modernisé et réorganisé en juin 2021.
Dans un rapport de 2015, laCour des comptes a vivement critiqué l'Institut de France pour des carences et irrégularités dans sa gestion, notamment« l'absence quasi-totale de règles formalisées » en matière d'attribution de primes et d'indemnités, de logements de fonction, certains attribués à vie, et la forte augmentation des salaires sur la période 2005-2013. D'une manière générale, les comptes de l'Institut manquent de transparence, contrairement aux autres établissements dépendant de l'État[17]. L'associationAnticor dénonce l'attribution par l'Institut de cinq logements de fonction à un ancien dirigeant[18].
↑La séance solennelle de rentrée des cinq académies perpétue la tradition célébrant cette loi par une séance plénière se tenant le mardi le plus proche du 25 octobre.
↑Yves Pouliquen, émissionAu cœur de l'histoire sur Europe 1, 4 mars 2012.