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L’Inquisition (dulatininquisitio, « enquête », « recherche ») est unejuridiction spécialisée (autrement dit un tribunal) créée auXIIe siècle par l'Église catholique et relevant dudroit canonique. Afin de combattre ce qu'elle qualifie d'hérésie, elle fait appliquer des peines variant de simples peines spirituelles (prières, pénitences) à des amendes lorsque l'hérésie n'est pas établie[1], et de la confiscation de tous les biens[2] à lapeine de mort pour lesapostatsrelaps. L'Inquisition se prononce sur la peine qu'elle juge souhaitable mais se décharge de son exécution sur lebras séculier. En principe, l'Inquisition ne peut condamner que des catholiques non respectueux desdogmes[3].Anne Brenon, spécialiste ducatharisme, estime à 3 000 le nombre de peines de mort prononcées par ces juridictions ecclésiastiques durant cinq siècles à travers l'Europe.
L'Inquisition médiévale enFrance a pour mission de lutter contre les rébellionscathare etvaudoise qui ont pris une dimension politique dans le Midi toulousain. En raison de ses excès, elle est supprimée par le roiLouis IX qui la remplace par la juridiction de l'Official : celui-ci ne peut plus prononcer de peine sans décision d'une juridiction civile. L'histoire de l'Inquisition en France est largement déformée depuis leXIXe siècle par un faussaire,Étienne de La Mothe-Langon, qui manipule des archives et les fait publier en 1829 dans une fantaisisteHistoire de l'Inquisition en France, pourtant reprises par tous les historiens, notammentJules Michelet. Les procès intentés auxTempliers et àJeanne d'Arc sont l'œuvre de juridictions exceptionnelles, créées pour l'occasion et supprimées ensuite.
l'Inquisition espagnole, inféodée à la couronne d'Espagne, fondée en 1478 et supprimée en 1834, et l'Inquisition portugaise, inféodée à celle du Portugal, lesquelles opéraient aussi dans les colonies de ces pays ;
l'Inquisition romaine (« Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle »), fondée en 1542 pour lutter contre leprotestantisme, remplacée par le Saint-Office en 1908.
Saint Dominique présidant un auto da fé, parPedro Berruguete, vers 1495,musée du Prado. Image anachronique carDominique de Guzman est mort deux siècles avant la création de l'Inquisition espagnole, et les exécutions avaient rarement lieu pendant les cérémonies d'auto da fé.
L'Inquisition est due à la conjonction de plusieurs idées : la notion d'hérésie (ou erreur religieuse), d'une part, et la notion de devoir religieux de l’État, d'autre part. Cette conjonction est déjà visible dans l'édit de Thessalonique en 380.
Avant la publication d'Excommunicamus, l’acte fondateur de l'Inquisition médiévale confiée principalement auxDominicains par lepapeGrégoire IX en 1231, la lutte contre l’hérésie s'est développée en plusieurs étapes. On peut en particulier citer l’ébauche d'une législation contre l'hérésie dès ledeuxième concile du Latran présidé parInnocent II en 1139, puis, à la suite de la promulgation de la bulleAd abolendam parLucius III en1184, la création d'une « Inquisition épiscopale », menée de manière décentralisée par les évêques, suivie par une « Inquisition légatine », confiée auxCisterciens par Innocent III en 1198, et enfin le choix de la procédure inquisitoire lors duquatrième concile du Latran en 1215. Leconcile de Toulouse (1229) organise la première mise en place de l'Inquisition enLanguedoc dans la répression des hérétiquescathares à la suite de lacroisade des Albigeois.
Innocent III et Grégoire IX, tous deux à l'origine de l'Inquisition, étaient férus dedroit romain, de sorte que ces tribunaux ecclésiastiques se caractérisent par leur dureté : lecode de Justinien ordonnait en effet de mettre à mort l'hérétique[7].
Auhaut Moyen Âge, l'hérétique est considéré comme unlépreux qu'il faut éloigner du corps sain des fidèles par l'excommunication, puis par l'exil ou la confiscation des biens. Aubas Moyen Âge, l'hérésie constitue une rupture du lien social.Régine Pernoud écrit :
« Tout accident spirituel semble dans ce contexte plus grave qu'un accident physique. (…) Sous bien des rapports, l'Inquisition fut la réaction de défense d'une société pour laquelle, à tort ou à raison, la préservation de la foi semblait aussi importante que de nos jours celle de la santé physique[8]. »
L'hérésie n'est pas seulement affaire de doctrine : elle est vue comme un crime global contreDieu, les princes, la société — ce qui alors revient au même. Étant une rupture du lien social, la lutte contre l'hérésie est une question d'ordre public. Les princes sont donc intéressés par sa répression à plusieurs titres, et l'autorité civile, pour préserver l'ordre public, se met à lutter contre des hérésies et sanctionner des hérétiques de manière potentiellement autonome : la décrétaleAd abolendam (1184) deLuciusIII fait de la répression de l'hérésie un élément constitutif du pouvoir de l'Empereur, en l'espèceFrédéric Barberousse.
Cette implication des autorités laïques entre en conflit avec l'autorité de l'Église : des tribunaux royaux ou impériaux se prononcent sur des problèmes de doctrine. Ce conflit de juridiction est tranché par l’arrangement de Vérone (1184) :« les hérétiques doivent être jugés par l'Église avant d'être remis au bras séculier ». Inversement, l'Église oblige les autorités « laïques » (dont la légitimité se fonde sur un modèle de société chrétienne) à rechercher les hérétiques, sous peine d'excommunication ou de déposition.
Dès le début, l'Inquisition est donc fondée sur le principe de la collaboration et du partage des tâches entre l'Église et les autorités laïques, chacun intervenant dans son domaine et suivant sa responsabilité propre.
La lutte contre leshérésies n'est pas née avec l'Inquisition. Avant l'institution de cette dernière, la recherche des hérétiques est confiée à l’ordinaire (le plus souvent, l'évêque) et la punition au juge séculier.
La lutte anti-hérésies n'est pas du seul domaine de lapapauté : au contraire, en raison de ses dimensions sociales, les États s'en chargent eux-mêmes. Ils collaborent avec la papauté. Les premières formes de répression étaient apparues au début duXIe siècle : à Noël1022 (hérésie d'Orléans),Robert le Pieux avait fait brûler dix clercs de lacathédrale d'Orléans. C'était le premier bûcher de l'histoire de la lutte contre l'hérésie en Occident. Faisant suite à l'accord de Vérone entreLuciusIII etFrédéric Barberousse, ladécrétaleAd abolendam (1184) fait ainsi de la répression de l'hérésie un élément constitutif du pouvoir de l'Empereur.
Ces dispositions bientôt ne suffisent plus : le pouvoir des évêques reste limité à leur territoire alors que l'aire d'influence des hérésies est mouvante, et couvre souvent plusieursdiocèses. Dans ce cas, l'évêque ne peut réprimer que la partie qui est dans sa juridiction, ce qui est peu efficace. En outre, les évêques sont confrontés aux pressions locales : l'hérésie se développe également dans lanoblesse ou chez les bourgeois des villes, et un évêque peut avoir un proche parent hérétique.
La doctrine cathare étant bien plus répandue et grandissante que les petites hérésies habituelles, le système des évêchés ne suffit plus. Certains prêtres catholiques changent même de camp pour rejoindre les « bons hommes ». Le pape envoie alors deux légats, en 1198, « répandre la Parole de Dieu », et leur donne tous les pouvoirs et une méthode de jugement.Quarante ans avant l'heure, ces deux légats sont les premiers inquisiteurs de l'Histoire, avec les mêmes droits et méthodes.[réf. nécessaire]
L'Église et les États recherchent donc de nouveaux moyens plus efficaces de lutte. D'abord, leIVe concile du Latran en1215 évoque la possibilité d'un personnel spécialisé, mais restant dans le cadre diocésain. Divers dispositifs sont ensuite essayés, suivant les nécessités locales, dans un effort pour dépasser les limitations de la juridiction ordinaire. Ainsi, dans une ville lombarde, l'évêque collabore à la fois avec le prince local et unlégat pontifical pour faire appliquer des constitutions impériales, diffusées par la papauté. En France, lecatharisme est combattu par lacroisade des albigeois et les évêques appuyés par des légats.Dominique de Guzman meurt en 1221. En1227, desdominicains appuyés par un commissaire pontifical,Conrad de Marbourg, parcourent laRhénanie pour soutenir les commissions épiscopales : ils se chargent de dénoncer l'hérésie au cours de la procédure.
Die Inquisition in Portugall, gravure de Jean David Zunner d'aprèsDescription de L'Univers, Contenant les Différents Systèmes de Monde, Les Cartes Générales & Particulières de la Géographie Ancienne & Moderne. par Alain Manesson Mallet, Frankfurt, 1685 (From the Dr. Nuno Carvalho de Sousa Private Collections - Lisbon).
Avant leXIIIe siècle, ledroit canonique n'admet en effet que la procédureaccusatoire : le juge instruit les plaintes ; la charge de la preuve lui revient. Apparaît ensuite la procéduredénonciatoire, fondée sur une simple dénonciation et non plus une plainte en bonne et due forme.
La procédureinquisitoire confère au juge l'initiative de la poursuite. Dans cette nouvelle forme de procédure, le juge peut lancer d'office une procédure sur la base de lafama publica (la « notoriété »). Soit il trouve des accusateurs précis par le biais d'une enquête, générale ou individuelle, soit il se charge lui-même d'administrer la preuve. L'ensemble de la procédure fait une large place à l'acte écrit, au témoignage et à l'aveu.
La procédure inquisitoire est utilisée d'abord à des fins dediscipline ecclésiastique : répression de lasimonie, contestations d'élections abbatiales, etc. Cependant, elle se déploie très vite dans le champ de la lutte contre leshérésies. La législation en la matière est ébauchée avec les décrets duIIe concile du Latran (1139). Leconcile de Tours de1163, présidé parAlexandreII, autorise les princes toulousains et gascons, dans le cadre de la lutte contre les hérétiques, à recourir à la procédure inquisitoire. Elle est codifiée par une série dedécrétales d'InnocentIII (1198-1216), en particulierLicet Heli (1213), complétée parPer tuas litteras.
La lutte contre leshérétiques puise dans de nombreuses traditions pour se définir : parallèlement à la résurgence du droit romain, les traditions germaniques sont également utilisées. Ainsi, se fondant sur les punitions très dures de la loi carolingienne contre lesacrilège,FrédéricII choisit en1234, dans le statut accordé à la ville deCatane, d'appliquer la peine du feu aux hérétiques deLombardie. C'est la première décision systématique de ce genre.
S'agissant des peines, lapapauté se borne à un travail de synthèse des législations civiles, c'est ce qu'on appelle souvent les « statuts du Saint-Siège » :HonoriusIII étend la décision de FrédéricII à toute l'Italie et en 1231,GrégoireIX la transforme en norme canonique.
Tomás deTorquemada, premier Grand Inquisiteur d'Espagne.
Pour le fonctionnement dudroit canonique, les procès et jugements dans l'Église relèvent d'untribunal ecclésiastique, administré sous l'autorité de l'ordinaire du lieu, le plus souvent l'évêque. Rome n'intervient qu'en deuxième ligne, à la fois comme autorité d'appel, et comme garant du bon fonctionnement de l'ensemble.
Quand cette organisation locale se révèle insuffisante ou inadaptée pour défendre les besoins de la foi, le pape peut décider de créer une fonction d’inquisiteur. C'est un représentant à qui le pape délègue son autorité, pour juger toutes les questions relatives à la foi dans une région donnée. C'est une juridiction « d'exception », ce qui signifie que lorsque cette juridiction existe, elle est seule compétente pour juger de l'orthodoxie d'une cause qui lui est soumise. L'inquisiteur est donc essentiellement le représentant du pape, et hérite de son autorité.
Ils étaient choisis généralement parmi lesfranciscains ou lesdominicains. Les inquisiteurs réguliers vivaient en marge de la vie conventuelle, et pour accomplir leur mission ils étaient relevés de leurs vœux d'obéissance envers leurs supérieurs[réf. souhaitée].
L'organisation que met en place l'inquisiteur pour réaliser sa mission de jugement — donc un tribunal — est l'Inquisition, au sens administratif du terme. Le tribunal inquisitoire possède le plus souvent un siège fixe, où sont conservées les archives, mais plusieurs inquisiteurs sont itinérants. Tous sont assistés d'un personnel nombreux :clercs,notaires,greffiers, geôliers, etc.
Au début, les inquisiteurs travaillent par deux, avec des compétences égales. Dans les tribunaux de district espagnols, ces deux inquisiteurs travaillent systématiquement avec un procureur, deux greffiers, un trésorier, un préposé aux litiges financiers, des qualificateurs (experts en théologie) et du personnel subalterne[11].Par la suite,[Quand ?]la charge d'une région fut confiée à un inquisiteur unique.[réf. souhaitée]
Une juridiction d'Inquisition tire son nom de sa capacité à avoir recours à la procédureinquisitoire, procédure extraordinaire (et inconnue du droit romain). Un tribunal classique ne peut pas évoquer spontanément une cause, il doit préalablement êtresaisi par undemandeur (qui, enmatière pénale, peut être uneinstitution publique établie à cet effet). Au contraire, un tribunal d'Inquisition peut examinerd'office (au sens littéral : du fait de samission, sonoffice) toute question dans son domaine de compétence, sans avoir besoin d'être saisi. Ce pouvoir a été attribué pour permettre d'examiner vite et efficacement tout ce qui pouvait être soupçonné d'hérésie.
Le pouvoir inquisitoire est un pouvoir exorbitant du droit commun,susceptible d'être employé abusivement[réf. nécessaire], et — de ce fait — habituellement refusé aux juridictions classiques. Il faut comprendre à quel point ce pouvoir est extraordinaire :NapoléonIer ouHonoré de Balzac disaient dujuge d'instruction qu'il était« l'homme le plus puissant de France », par sa liberté d'action, mais il ne pouvait intervenir que sur commission. L'inquisiteur cumulait les pouvoirs d'unjuge d'instruction, d'unprocureur, et avait la faculté de se saisir d'une affaire.
Parler de la « procédure pénale de l'Inquisition » introduit une catégorie peu légitime : laprocédure pénale employée par les juridictions d'Inquisition était essentiellement celle de l'époque, avec peu de spécificité réelle. Les procédures qui apparaissent aujourd'hui scandaleuses étaient globalement normales pour l'époque : en regard de ce que connaît le droit moderne, les garanties de procédure et les dispositions qui assurent aujourd'hui la protection de l'inculpé étaient alors extrêmement rudimentaires, quelle que soit la juridiction. Cependant, on peut souligner que les juridictions d'Inquisition ont globalement été progressistes, par rapport à ce qui se pratiquait à l'époque dans les procédures équivalentes de l'autorité civile.
Cette procédure est issue de la redécouverte du droit romain. La procédure était codifiée par des documents généraux (voir les décrétales citées dans les sources latines), et par des instructions d'application promulguées par les inquisiteurs pour les procédures de leur ressort. La procédure était entièrement écrite, un notaire transcrivait tous les débats. L'ensemble de la procédure se déroulait sous le contrôle de l'évêque du lieu, qui recevait copie de tous les documents. Les actes de la procédure étaient normalement rédigés en latin, langue officielle de l'Église, mais les interrogatoires étaient naturellement faits enlangue vernaculaire.
L'accusé pouvait récuser un juge, ou faire appel à Rome. En cas d'appel à Rome, l'ensemble des documents était envoyé sous scellés, et la cause était examinée et jugée à Rome sur les pièces recueillies.
La procédure de l'Inquisition a varié dans le temps, et selon les régions, mais ses grandes lignes sont données ci-après.
Selon Valérie Toureille,« la procédure utilisée par l'Inquisition reposait sur trois principes nouveaux : l'ignorance par l'accusé du nom des témoins à charge, la suppression de certaines incapacités à témoigner et l'emploi de la question »[12]. Pour Raphaël Carrasco et Anita Gonzalez, « le Saint-Office outrepasse ses droits en permanence »[13].
L'enquête générale était proclamée dans une région entière. Quand l'Inquisition procédait par secteur géographique, l'ouverture d'une enquête de l'Inquisition dans un secteur hérétique donné prenait en général la forme d'une prédication générale, où l'inquisiteur exposait la doctrine de l'Église et réfutait les thèses de l'hérésie. Il publiait ensuite un décret de grâce et unédit de foi, convoquant tous les habitants devant l'inquisiteur.
Pendant une durée fixée par le décret de grâce (typiquement de 15 à30 jours), ceux qui se présentaient en temps et en heure et confessaient spontanément leurs fautes se voyaient imposer une pénitence religieuse (typiquement unpèlerinage), mais échappaient aux sanctions du pouvoir civil. Inversement, l'édit de foi donnait obligation de dénoncer les pratiques hérétiques.
Ces premiers aveux spontanés, qui devaient être complets, permettaient aussi par leur témoignage (dénonciation) d'identifier des hérétiques qui ne s'étaient pas présentés. Le délai accordé par le décret de grâce permettait aussi de mener des enquêtes locales et, le cas échéant, de récolter des délations.
Les fidèles suspectés d'hérésie qui ne s'étaient pas présentés pendant le délai de grâce faisaient l'objet d'une citation individuelle.
Page de garde duFlagellum haereticorum fascinariorum, 1581
La citation individuelle se faisait le plus souvent par le biais ducuré. Ceux qui refusaient de comparaître se trouvaientexcommuniés.
Un suspect devait jurer (sur lesquatre évangiles) de révéler tout ce qu'il savait sur l'hérésie. Si le suspect reconnaissait ses erreurs tout de suite et librement, il se voyait infliger des pénitences comme précédemment, et les peines éventuelles étaient légères.
Le serment était une arme redoutable entre les mains de l'inquisiteur. De nombreuses sectes proscrivaient le serment, et la violation ou le refus du serment était donc un indice sérieux d'hérésie. D'autre part, la sanction contre lesparjures était la prison à vie, très dissuasive.
Les peines sérieuses ne concernaient que ceux qui refusaient de reconnaître leur erreur, même après avoir juré de dire la vérité, et malgré des témoignages permettant de douter sérieusement de leur sincérité. Pour ceux-là, la procédure inquisitoire s'engageait réellement.
Le décès de l'accusé ne suspendait pas la procédure : si le mort était coupable d'hérésie, cette erreur devait être reconnue par un jugement.
Même en l'absence d'aveux, le suspect n'était pas nécessairement emprisonné. Il pouvait rester en liberté sur parole, sur caution, ou présenter des personnes se portant garantes de sa comparution devant l'inquisiteur. L'incarcération pouvait être utilisée, mais le plus souvent ne s'étendait pas à toute la durée de la procédure.
Des protections étaient accordées aux accusés, comme aux témoins. Ainsi l'identité des témoins à charge était tenue secrète, pratique courante de l'époque. Dans cette même logique, les notions de confrontation de témoin et de contre-interrogatoire étaient inconnues. En revanche, dans les tribunaux de l'Inquisition, les accusés étaient autorisés à fournir une liste des personnes susceptibles de leur en vouloir, lesquelles étaient alors récusées comme témoins.
Les tribunaux civils n'acceptaient pas de témoignages d'origine douteuse :voleurs,prostituées, personnes de mauvaise vie, mais aussi hérétiques et excommuniés. Très vite, les tribunaux d'Inquisition se démarquent de cette règle, en ce qui concerne le témoignage d'hérétiques, pour des raisons pratiques évidentes : les activités hérétiques étaient en général cachées, les témoignages correspondants ne pouvaient guère provenir que des hérétiques eux-mêmes. Cette pratique est officialisée en 1261 par le papeAlexandreIV.
L'accusé bénéficiait d'une protection générale certaine dans la manière dont on punissait le faux témoignage : les témoignages étaient obtenus sousserment, et le crime deparjure était sévèrement sanctionné par la réclusion à vie.
L'accusé a généralement droit à un défenseur, mais ce droit était le plus souvent théorique dans le cas de l'Inquisition, faute de volontaire : les avocats d'hérétiques risquaient d'être eux-mêmes accusés de complaisance avec l'hérésie poursuivie. En général, et pour la même raison, les accusés traduits devant un tribunal d'Inquisition ne bénéficiaient pas de la présence de témoins à décharge.
La procédure inquisitoriale accorde une grande importance à l'aveu de l'accusé. En tant que juridiction religieuse, l'inquisition se préoccupe du rachat des âmes et souhaite obtenir lerepentir des accusés. Toute une procédure est alors mise en place pour obtenir leur témoignage, puis leurs aveux. Pour aider les clercs à procéder aux interrogatoires, des manuels de l'inquisiteur sont rédigés dont les plus célèbres sont leManuel de l'inquisiteur deBernard Gui, lemanuel d'Eymerich, et le manuel deTorquemada[14]. On y indique la procédure, les questions à poser, les pressions morales et les pressions physiques que l'on peut y faire subir. L'inquisiteur doit extraire la vérité éventuellement« par la ruse et la sagacité »[15]. Parmi les pressions physiques, on peut citer la réclusion qui, selon Bernard Gui,« ouvre l'esprit », ainsi que la privation de nourriture et latorture. Mais une des particularités de l'instruction inquisitoriale est lesecret : l'accusé et ses proches ne connaissent aucun des chefs d'inculpation et la défense se fait donc à l'aveugle[16].
« Différents modes de torture de l'Inquisition espagnole », 1854.
La pratique de latorture (ou « question », du latinquæstio) était à l'époque utilisée aussi dans les tribunaux séculiers[17], sauf par exemple enAragon[18], et n'était pas l'apanage de l'Inquisition[19].
Bennassar évalue entre 7 et 10 % le nombre de prisonniers de l'Inquisition espagnole ayant subi ces supplices[20] et précise que« l'usage de la torture n'a jamais été la règle pour l'Inquisition et peut même apparaître, à certaines époques, comme l'exception »[21].
Trait singulier de la torture sous l'Inquisition, la noblesse ne bénéficiait pas de privilège particulier comme cela était le cas auprès des autres tribunaux[22].
Cependant, l'usage de la torture en particulier, et le nombre de victimes de l'inquisition en général, reste difficile à quantifier car la plupart des données statistiques sur la période avant 1560 ont disparu[23]. Les aveux obtenus sous la torture n'étant pas recevables,cette partie de la procédure ne faisait généralement pas l'objet d'un enregistrement écrit[réf. nécessaire], et les archives des procès sont le plus souvent muettes ou au mieux allusives sur ce sujet. On trouve ainsi dans les minutes des interrogatoires de courtes phrases du type,confessionem esse veram, non factam vi tormentorum, qui à la fois évoque l'hypothèse d'une torture, et nie que l'aveu noté en ait été l'effet (« l'aveu est spontané, non fait sous la force de la douleur »). Les notations explicitespostquam depositus fuit de tormento (« après son retour de la torture ») sont rarissimes.
Bartolomé Bennassar rappelle que la pratique de la torture est très codifiée dans l'Inquisition espagnole[24]. Trois tortures sont préconisées : l'eau, la poutre et le feu[25].
L'usage de latorture posait un problème moral pour les inquisiteurs, qui, en tant que clercs, n'avaient pas le droit de verser le sang. Après un flou juridique initial, cette pratique est officiellement autorisée pour l'Inquisition en1252 par labulleAd extirpenda, sous réserve de ne conduire ni à la mutilation ni à la mort, et en excluant les enfants, les femmes enceintes et les vieillards de son champ d'application[28]. De plus, il a souvent été exigé par le pape qu'elle ne puisse être donnée qu'avec le consentement de l'évêque du lieu, dont on se passait souvent aussi dans la pratique. Dans cette bulle, l'accusé bénéficie de deux protections : la question ne peut être donnée qu'une fois (mais en plusieurs jours), et les aveux doivent être répétés « librement » pour être recevables.
Chambre des tortures sous l'Inquisition, 1809.
Une autre source disponible permettant de se faire une idée sur l'usage de la torture dans les procès de l'Inquisition sont les manuels et instructions des inquisiteurs, pour autant qu'on les respecte. Dans les manuels, l'interdiction de soumettre plusieurs fois à la question semble ne pas avoir été prise au sérieux : des arguments formels permettaient de justifier que cette interdiction est formellement respectée, tout en la laissant sans effet. La question était par exemple considérée comme formée de plusieurs étapes, la fin d'une étape n'impliquant pas la suspension de toute la procédure. Un autre argument a été que la découverte de nouvelles charges justifiait à nouveau l'usage de la question spécifiquement contre cette charge. Enfin, l'interdiction ne concernait que l'accusé par rapport à son chef d'accusation, pas le cas des témoignages obtenus de la part d'autres témoins.
SelonNicolas Eymerich, inquisiteur général d'Aragon, la torture n'était toutefois pas un moyen fiable et efficace d'obtenir la vérité (quæstiones sunt fallaces et inefficaces)[29] car il estimait que, non seulement la capacité de résistance variait considérablement d'un individu à l'autre, mais aussi que certains accusés usaient de sorcellerie pour devenir insensibles à la douleur, voire préféraient mourir que de confesser[30]. En1561, l'inquisiteur généralFernando de Valdés fit preuve du même scepticisme[31]. Néanmoins, il a été relevé de nombreux cas d'abus[32] ; l'un des pires exemples, loin d'être un cas isolé, fut sans doute celui deDiego Rodriguez Lucero, inquisiteur de Cordoue de 1499 à 1507, date à laquelle il a finalement été relevé de ses fonctions[33].
Dans les cas difficiles, le tribunal devait entendre l'avis d'un collège deboni viri, conseil (en latinconsilium) formé de trente à une centaine d'hommes de mœurs, de foi et de jugement confirmés. Ce conseil est imposé et confirmé par les instructions du pape à partir de1254. Son rôle ira croissant dans l'Inquisition, et sera étendu à d'autres juridictions pour finalement être à l'origine dujury moderne[34].
Après qu'ils ont prêté serment de s'exprimer en conscience, l'ensemble des actes du procès leur était transmis, mais de manière anonyme, censuré du nom de la personne accusée. Ils transmettaient deux avis à l'inquisiteur : sur la nature de la faute constatée, et sur la nature de la sanction opportune.
L'inquisiteur reste souverain et responsable de sa sentence, mais l'avis de ce conseil était le plus souvent suivi, et quand il ne l'était pas, c'était pour amoindrir les sanctions proposées.
Les sentences de l'Inquisition étaient prononcées dans une cérémonie officielle, en présence des autorités civiles et religieuses. Cette cérémonie — uneliturgie dans le sens antique du terme — avait pour fonction de marquer symboliquement la restauration de l'équilibre social et religieux qui avait été rompu par l'hérésie. C'était donc unacte de foi public, ce qui est la signification exacte du terme portugais « auto da fé ».
Un jour ou deux avant le prononcé, les inculpés se voyaient lire à nouveau les charges retenues contre eux (traduites en langue vernaculaire), et étaient convoqués pour entendre le verdict de l'inquisiteur, avec les autorités du lieu et le reste de la population.
La cérémonie s'ouvrait tôt le matin, par un sermon de l'inquisiteur, d'où son autre nom de « sermon général ». Les autorités civiles prêtaient ensuite serment de fidélité à l'Église, et s'engageaient à prêter leur assistance dans sa lutte contre l'hérésie.
La lecture des verdicts venait ensuite, en commençant par les « actes de clémence » : remises de peines ou commutations. Les pénitences de toutes natures (dons, pèlerinages, mortifications, etc.) suivaient ensuite. Venaient enfin les sanctions proprement dites, jusqu'aux plus sévères qu'étaient l'emprisonnement à vie ou la peine de mort. Les condamnés étaient alors remis au bras séculier par une formule solennelle :Cum ecclesia ultra non habeat quod faciat pro suis demeritis contra ipsum, idcirco, eundum reliquimus brachio et judicio sæculari (« Puisque l’Église n’a plus à présent à accomplir son rôle contre ceux-ci, pour cette raison, nous les laissons au bras séculier et à sa justice »). Sur ce, la cérémonie s'achevait. L'inquisiteur avait achevé son rôle, l'Église s'était prononcée sur l'hérésie.
Chacun pouvait alors rentrer chez soi avec sa bonne conscience retrouvée — sauf bien sûr les coupables de crimes contre la société, à qui le « bras séculier » allait faire subir leurs peines. Contrairement aux pénitences religieuses, ces peines étaient en effet définiespar le pouvoir temporel. Elles sanctionnaient les crimes commis contre la foi et l'Église, toutes deux officiellement protégées par l'État.
Le tribunal inquisitoire n'infligeait pas de peines à proprement parler, mais des « pénitences ». Les moins graves étaient appelées « pénitences arbitraires ». C'était laflagellation publique au cours de lamesse, les visites aux églises, lespèlerinages, l'entretien d'un pauvre, le port de la croix sur les vêtements, etc.
La pénitence était souvent réduite par la suite. Les archives de l'Inquisition montrent de nombreux exemples de pénitences atténuées ou levées pour des motifs variés, parfois sur simple demande. On cite ainsi le cas d'un fils obtenant la libération de son père en faisant simplement appel à la clémence de l'inquisiteur, d'autres sont libérés pour assister leurs parents malades « jusqu'à leur guérison ou leur mort ».
Mais l'Inquisition condamne aussi à des peines économiques et sociales. Par laconfiscation et la vente des biens saisis, elle amasse desbutins lui permettant de fonctionner, et si même l'accusé est libéré, il est ruiné[35]. L'Inquisition espagnole condamne aussi à l'ostracisme par le biais du port dusambenito ou par l'exposition de celui-ci avec le nom du condamné dans les églises[36]. La peine del'inhabileté[37] conduisait aussi à la ruine et la misère celui qui en était frappé[38].
En revanche, les hérétiques qui ne s'étaient pas présentés dans les délais de grâce, ou ceux qui étaient retombés dans l'hérésie, encouraient la prison à vie. La prison connaissait deux modes possibles : le « mur large », comparable à une résidence surveillée, et le « mur étroit », réclusion solitaire. Le mur étroit pouvait être aggravé encarcer strictissimus, le condamné mis aucachot (communément appelé unin pace) enchaîné et privé de tout contact.
Lerelaps, ou l'obstiné qui refusait d'avouer son crime (qui devait par ailleurs avoir été démontré), était abandonné à l'autorité séculière, et la peine de son crime était souvent l'incarcération ou le bûcher. En toute rigueur, la peine la plus sévère que prononçait l'Église était l'excommunication. Les condamnations à mort étaient prononcées en fonction de la loi civile et exécutées par les autorités séculières. Il faut dire, cependant, qu'il n'y avait pas de séparation nette entre les domaines civils et religieux : les autorités civiles étaient elles-mêmes tenues d'apporter leur concours sous peine d'excommunication.
L'inquisition concerne les chrétiens devenus « hérétiques » et non les non-chrétiens en terre chrétienne. Par exemple, en 1199, le pape Innocent III, associé à la création du tribunal d'Inquisition, rappelle l'importance de protéger les Juifs dans les droits qui sont les leurs et l'impossibilité de convertir par la force un non-chrétien[41] mais il est peu écouté. Elle concernera en outre toute personne considérée comme déviante : lesmystiques (notammentilluministesalumbrados), les « sorcières » et « sorciers », lesblasphémateurs (délit de paroles), lesbigames, lesfornicateurs (pour lesrelations hors mariage), leszoophiles (délit dit de « bestialité »),lessodomites (donthomosexuels), lespédérastes[citation nécessaire], les personnes dénoncées pour motifs divers[42],[43].
Le nombre de personnes abandonnées à la justice civile et livrées au bûcher est difficile à évaluer. La mémoire collective est marquée par les exécutions massives deMontségur[44], Vérone[45] ou du mont Aimé[46] et par la répétition des bûchers à certaines périodes de l'Inquisition espagnole.
Les registres des procès ont partiellement disparu et les historiens sont amenés à évaluer le bilan humain seulement à partir de documents partiels.Juan Antonio Llorente dans son étudeHistoire critique de l'Inquisition d'Espagne depuis l'époque de son établissement par FerdinandV, jusqu'au règne de FerdinandVII, en 1818, estime à environ 30 000 condamnations à mort physique et 15 000 par effigie[47] durant les trois siècles de l'Inquisition espagnole de 1481 à 1781 (date de la dernière exécution) dont 8 800 pour la période deTorquemada. Cependant, des historiens contemporains trouvent cette évaluation grandement exagérée[48] et la désignent comme un instrument de la légende noire auXIXe siècle[49].
Juifs portant larouelle et livrés au bûcher, 1515.
« Agostino Borromeo, un des meilleurs spécialistes, estime que, pour l'Inquisition espagnole […], sur 44 674 inculpés, quelque 800 furent condamnés à mort. »[50] ; « s'il y avait quelque 125 000 procès d'hérétiques présumés en Espagne, les chercheurs ont constaté que près de 1 pour cent des accusés ont été exécutés. Au Portugal, 5,7 pour cent des plus de 13 000 personnes jugées devant des tribunaux de l'église duXVIe et début duXVIIe siècles, ont été condamnées à mort », précise-t-il[51].
Tous ces calculs ne peuvent tenir compte des victimes consignées dans les nombreuses archives de procès qui ont été détruites ou perdues[51], mais pour autant cela n'impacte pas le pourcentage de condamnations à mort, qui est resté faible.
Au temps de l'inquisition triomphante, on posa en 1524 àSéville une plaque commémorative donnant un bilan des quarante premières années de l'inquisition espagnole, supposées les plus terribles :
« L'an du Seigneur 1481 […] a commencé en ce lieu le Saint Office de l'Inquisition contre les hérétiques judaïsants, pour l'exaltation de la foi. Par lui, depuis l'expulsion des Juifs et des Sarrasins jusqu'en l'année 1524 […] plus de vingt mille hérétiques ont abjuré leurs criminelles erreurs, et plus de mille obstinés dans l'hérésie ont été livrés aux flammes, après avoir été jugés conformément au droit […][56] »
Dominique de Guzmán, de son côté, fonde l'ordre des Prêcheurs pour réduire l'hérésiealbigeoise par la prédication et l'exemple d'une vie mendiante, se démarquant de la croisade guerrière menée à la même époque sousInnocentIII. La solide formationdogmatique desDominicains leur vaudra ultérieurement de fournir bon nombre d'inquisiteurs. Dans sa lignée,Thomas d'Aquin, futur docteur de l'Église, affirme dans laSomme théologique que la conscience, même erronée, oblige. C'est-à-dire qu'il est rationnel et donc juste que l'homme suive sa conscience (ST., Ia IIæ., Qu.19, art.5[59]).
Toutefois, même si la conscience est libre, cette liberté ne se comprend que par rapport à deux devoirs dans la penséecatholique :
le devoir moral de chaque individu de chercher la vérité et de vivre en conséquence ;
le devoir institutionnel de l'Église d'annoncer et de défendre ce qu'elle perçoit de la Vérité, c'est-à-dire ledogme.
Un tribunal d'Inquisition, par lui-même, ne fait que se prononcer sur l'orthodoxie du cas qui lui est soumis. Un tel jugement est un devoir institutionnel et ne pose aucun problème moral. L'Église accepte que son jugement entraîne une sanction pénale du pouvoir temporel.
Pour la société médiévale, lechristianisme fait partie de l'ordre social, et l'ordre social se fonde sur la religion.
Dans cette organisation, sur le plan religieux, une hérésie constitue nécessairement une rupture de l'ordre social. Inversement, sur le plan politique, la seule manière de contester l'ordre établi est d'entrer en rupture (schisme) avec la religion institutionnelle.
Il est normal que le pouvoir temporel défende d'une manière ou d'une autre l'ordre social, en sanctionnant au besoin ce qui le met en danger (même si la défense est délicate, et doit s'exercer avec prudence, pour ne pas tomber dans un immobilisme réactionnaire).
Dans la mesure où l'hérésie met en danger la société, elle doit être combattue par le pouvoir temporel. Mais dans la mesure où l'hérésie s'exprime dans le domaine de la foi, elle doit être jugée par une autorité religieuse.
Par conséquent, les tribunaux religieux se mettent à juger des fauteurs de troubles sociaux. Ce partage des rôles est acté dans l’accord de Vérone (1148) entre le Pape et l'Empereur : les hérétiques doivent être jugés par l'Église avant d'être remis au bras séculier, pour y subir « la peine due » (debita animadversione puniendus).
« L'histoire de l'Inquisition est l'illustration du drame qui menace les hommes chaque fois qu'une liaison organique s'établit entre l'État et l’Église », écritBartolomé Bennassar.
Le fonctionnement même de l'Inquisition (promulgation d'édits obligeant à la dénonciation, tenue et conservation de registres sur toutes les dénonciations, procédure soumise au secret) en fait une formidable outil de répression[60] dont le pouvoir religieux et royal usera.
En Espagne, l'inquisition est sous l'autorité du roi, qui désigne les inquisiteurs. Le pape n'a que très peu d'influence sur l'inquisition espagnole et face à l'intransigeance d'unTorquemada, il ne peut qu'élever une protestation, s'il l'élève. Instrument du pouvoir, elle est d'abord une force d'unification dans l'Espagne après laReconquista. Elle se met ensuite au service du pouvoir devenant une arme contre lesfueros[62]. Elle sert à lutter contre les ennemis du pouvoir (parti navarrais,Antonio Pérez, répression des émeutes de 1591, répression de la révolution de 1640 enCatalogne, prise de parti dans laguerre de Succession d'Espagne).
Elle fournit, par ses condamnations, de la main d'œuvre gratuite pour lesgalères et enrichit les caisses de la couronne par les amendes qu'elle inflige et la saisie des biens, tout en finançant la poursuite de ses propres œuvres. Elle se plie aux aléas de la politique (indulgence envers les hérétiques anglais en 1604 lors de la construction de la paix). Elle sert aussi de police politique en contrôlant les étrangers. Elle devient peu à peu une force réactionnaire contre les changements au sein de l'Espagne dont la puissance perdurera jusqu'en1808[63].
En1522, Charles Quint crée le poste d'Inquisiteur général desPays-Bas espagnols, en y nommantFrançois Vander Hulst, pour étendre son pouvoir à travers cette institution. Celle-ci réprime de manière particulièrement violente ce qui est considéré par l'Église catholique comme une hérésie. Les victimes deviennent desmartyrs, et cette répression alimente dans la population néerlandaise le rejet du régime espagnol, qu'elle obtient à la suite de près d'un siècle de troubles (laguerre de Quatre-Vingts Ans, 1566-1648). L'indépendance de la Hollande se construit sur un fond de lutte pour laliberté religieuse, contre l'Espagne catholique et son Inquisition.
IIe siècle :Irénée de Lyon rédigeRéfutation de la prétendue gnose au nom menteur également appeléContre les hérésies, qui est à la fois un manuel de vie chrétienne et informe sur les principales « déviances » de cette époque qui ne se nomment pas encore leshérésies.
287 : l'empereurDioclétien,païen, décrète la mise à mort desmanichéens, les chefs seront brûlés vifs. Ce précédent dans le droit impérial justifiera par la suite qu'on brûle leshérétiques[80].
385 : l'évêquePriscillien, dont les thèses sont condamnées ausynode de Saragosse en380, est exécuté par l'empereurMagnus Maximus auprès duquel il avait fait recours àTrèves. Ce « meurtre » suscite à l'époque le scandale et la protestation de nombreux évêques parmi lesquelsAmbroise de Milan et l'évêque de RomeSirice.
407 : contre ledonatisme, la loi romaine assimile l'hérésie à un crime de lèse-majesté. À la même époque,Augustin d'Hippone etJean Chrysostome s'opposent à l'usage de la violence dans la lutte contre l'hérésie.
556 : exécution demanichéens à Ravenne par la justice de l'Empire.
: en France,Robert le Pieux fait condamner 13 hérétiques à être brûlés vifs.
: concile deLatranII.Anathème contre les ennemis de la Foi. Les hérétiques doivent être punis.
: arrangement de Vérone entre le pape et l'empereur : les hérétiques doivent être jugés par l'Église avant d'être remis au bras séculier.
1150 à 1200 : forte expansion de l'hérésie cathare. Répression de l'hérésie par la collaboration de l'autorité civile et de l'évêque du lieu (Flandres, France, etc.). Les hérétiques sont brûlés et leurs biens confisqués. Une trentaine d'hérétiques sont brûlés en Angleterre par HenriII (1166). À cette époque,Bernard de Clairvaux rappelle que la foi ne doit pas être imposée. À Cologne et Liège, à la même époque, la foule veut brûler des hérétiquescathares emprisonnés, contre l'avis de l'évêque, qui s'interpose.
:IIIe concile du Latran ; anathème contre lescathares. Acceptation de principe de la croisade contre lesalbigeois, qui ne sera effectivement lancée que30 ans plus tard. Interdiction est faite auxvaudois de prêcher.
: le papeInnocentIII assimile l'hérésie au crime de lèse-majesté défini dans le droit romain hérité de l'Antiquité dans la bulleVergentis in senium[81].
: vers cette époque : promulgation de lois punissant de mort les hérétiques par l'empereurFrédéricII (1220), parLouisVIII en France (1226), parRaymondV de Toulouse (1229),PierreII d’Aragon (1226), etc. Le bûcher devient la sanction usuelle contre les hérétiques.
: le papeInnocentIII, dans sa bulleSi adversus vos, condamne ceux qui viennent à la défense des hérétiques, leur interdisant de fait le secours d'un avocat, voire de témoins à décharge.
: la décrétaleLicet Heli permet d'appliquer la procédure inquisitoire contre les hérésies. Elle sera complétée par la décrétalePer tuas litteras.
:IVe concile du Latran, qui reprend et met en ordre toutes les dispositions relatives à la procédure inquisitoriale. Les Juifs doivent porter des signes distinctifs.
: constitutionExcommunicamus condamnant l'hérésie, excommunie les hérétiques, et officialisant les ordonnances du pouvoir temporel : la prison à vie pour les repentants, le bûcher pour les hérétiques récalcitrants.
À partir de 1231 : les premiers inquisiteurs sont désignés et missionnés par le Saint-Siège, qui fait des choix pour le moins malheureux. Le premier des inquisiteurs,Conrad de Marbourg, nommé en 1231, sera assassiné en 1233. En 1235,Robert le Bougre est nommé inquisiteur de France. L'Inquisition est confiée auxdominicains, mais cette fondation a lieu après la mort deleur fondateur, opposé à toute forme d'action autre que la prédication et la persuasion verbale.
: à Carcassonne, répression particulièrement musclée par Ferrier, surnommé lemarteau des hérétiques. Ce surnom sera plus tard donné àTorquemada etAntoine de Padoue.
: en Champagne,Robert le Bougre fait brûler180 personnes auMont Aimé, jugées en à peine une semaine. Cet évènement est considéré comme un des pires exemples des abus de l'inquisition de l'époque. Aujourd'hui les historiens sont divisés quant aux vraies raisons qui ont conduit à cette exécution de masse. Certains ont tendance de l'attribuer à l'excès avéré de zèle de Robert le Bougre. D'autres voient l'intérêt personnel deThibault IV de Champagne qui se prépare pour laCroisade des Barons et qui cherche à réparer sa réputation ternie après sa révolte contre le roi de France. D'autant plus que les biens confisqués aux hérétiques vont servir à financer sa croisade - fait qui sans aucun doute explique le très grand nombre de victimes dans une région où leCatharisme n'est pas très présent. Il s'agit d'un évènement majeur dans leComté de Champagne. Il est décrit en détails parAlbéric de Trois-Fontaines qui est témoin oculaire. Il évoque une foule de 700 000 spectateurs venus pour assister à l'exécution[82].
: deux inquisiteurs, Guillaume Arnaud et Étienne de Saint-Thibéry, sont assassinés à Avignonet.
: fin de l'hérésie àMontpellier, le tribunal de l'Inquisition y est supprimé.
:InnocentIV veut suivre de près et intervient dans le fonctionnement des tribunaux d'Inquisition, ce qui cause des frictions (voirInquisition médiévale).
: sans passer par le tribunal de l'Inquisition,RaymondVII de Toulouse fait brûler quatre-vingts hérétiques en sa présence, sans leur permettre de se rétracter.
: l'Inquisition (inquisitio hereticæ pravitatis) est en place et fonctionne dans toute l'Europe occidentale.
:Pierre de Vérone, qui sera surnommé « Pierre Martyr », est assassiné en Italie. Il estcanonisé un an plus tard.
:InnocentIV promulgue la bulleAd extirpanda autorisant l'usage de laquestion dans les enquêtes de l'Inquisition. Cette autorisation est confirmée en (AlexandreIV) et (ClémentIV), date à laquelle les inquisiteurs sont finalement autorisés à assister à la question.
:InnocentIV renouvelle l'interdiction faite aux autorités civiles d'emprisonner ou de brûler les hérétiques sans l'avis de l'évêque du lieu, interdiction violée souvent rappelée par la suite.
: le témoignage des hérétiques et apostats est officiellement admis devant les tribunaux de l'Inquisition.
:Thomas d'Aquin dans laSomme théologique considère que la peine de mort peut être légitimement employée pour assurer la conservation de l’ordre social[83], y compris contre les hérésies[84].
: deux cents cathares sont brûlés à Vérone.
: plainte du consul de Carcassonne au roi de France sur la cruauté des inquisiteurs du lieu.
: les constitutionsMultorum querela etNolentes sont promulguées lors du concile de Vienne, exigeant le contrôle de l'évêque du lieu pour tous les actes importants de la procédure de l'Inquisition.
- : années terribles pour lesspirituels et lesbéguins, considérés comme hérétiques, ceux-ci sont poursuivis, jugés et nombre d'entre eux sont livrés au bûcher.
: le dernier dignitaire cathare, Guillaume Bélibaste, est brûlé à Villerouge-Termenès, par l'Inquisition de Carcassonne.
: Jean de Beaune, inquisiteur de Carcassonne.
: l'archevêque de Cologne intente un procès en Inquisition contre le théologien dominicainJean Eckhart.
: dans un bref du,SixteIV condamne les excès de l'Inquisition espagnole.
:Torquemada est nommé par le pape grand inquisiteur d'Espagne. Il publie son code de l'inquisiteur en 1484. Sa rigueur suscite de nombreuses protestations et l'intervention deSixteIV.
: l'Inquisition est établie auPortugal par autorisation du papeClémentVII.
: création à Rome par Paul III de laSacrée Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle, cour d'appel pour les jugements concernant les hérésies et la foi, et tribunal des causes réservées au pape. Elle est à l'origine de l'Inquisition romaine.
: l'antitrinitaristeMichel Servet, poursuivi par l'inquisition espagnole, est capturé et exécuté par le consistoire protestant deGenève.
: création de l’Index par leSaint-Office de Rome. Le premier index espagnol, dit de Valdés, est publié quelques mois plus tard : il incorpore de nouvelles œuvres, en particulier en langue romane : sur670 ouvrages interdits, 170 sont en langue vulgaire.
: crise protestante enCastille : l'Inquisition anéantit brutalement des groupuscules hétérodoxes en Espagne (1559-1563).
: publication deThe Book of Martyrs deJohn Foxe, unmartyrologe protestant qui donnera une consistance durable aux représentations anticatholiques enGrande-Bretagne (bûchers, tortures, etc.).
Auto da fé àLima : pénitents encordés portantsambenito,coroza et cierge, certains bâillonnés de fer
: début de laguerre de Quatre-Vingts Ans aux Pays-Bas espagnols, en partie motivée par la crainte de voir s'établir dans les Flandres une Inquisition de type espagnol.
1569 : fondation du tribunal de l'Inquisition àLima auPérou[85].
1571 : fondation du tribunal de l'Inquisition àMexico.
: dans son fameux roman,Miguel de Cervantes met en scène unDon Quichotte poursuivi par l'Inquisition (et l'Inquisition espagnole ne l'inquiète pas particulièrement).
1609 : fondation du tribunal de l'Inquisition àCarthagène des Indes (actuelle Colombie)
« Homme qui va être brulé par arrest de l'Inquisition » (àGoa), portant lesambenito et lacoroza, 1687 - Image reprise dans leCandide deVoltaire
: pour la préparation dujubilé de l'an 2000, dans la lettre apostoliqueTertio millennio adveniente,Jean-Paul II souhaite que « l'Église prenne en charge, avec une conscience plus vive, lepéché de ses enfants, dans le souvenir de toutes les circonstances dans lesquelles, au cours de son histoire, ils se sont éloignés de l'esprit duChrist et de sonÉvangile, présentant au monde, non point le témoignage d'une vie inspirée par les valeurs de la foi, mais le spectacle de façons de penser et d'agir qui étaient de véritablesformes de contre-témoignage et de scandale » ; l'Inquisition n'est pas encore mentionnée explicitement[90].
↑Crime et châtiment au Moyen Âge, Éditions du Seuil,p. 121.
↑RaphaëlCarrasco et AnitaGonzalez,« L’Inquisition après les Rois Catholiques : crise et résurrection (1517-1561) », dansAux premiers temps de l’Inquisition espagnole (1478-1561), Presses universitaires de la Méditerranée,coll. « Voix des Suds »,(ISBN978-2-36781-085-0,lire en ligne),p. 51–132
↑D'autres manuels antérieurs existent aussi selon Laurent Albaret,L'inquisition rempart de la foi ?,p. 56.
↑Henry Charles Lea,A History of the Inquisition of the Middle Ages Volume 3, Cosimo ed., 2005, page 312 :« (…) In 1310, Clement sent to Aragon, as elsewhere, special papal inquisitors to conduct the trials. They were met by the same difficulties as in England: in Aragon, torture was not recognized by the law, and in 1325 we find the Cortes protesting against its use and against the inquisitorial process as infractions of the recognized liberties of the land (…) » ».
↑Bennassar 1979, chapitre « La pédagogie de la peur », section « Les mauvaises raisons : la torture »,p. 117.
↑Bennassar 1979, chapitre « La pédagogie de la peur », section « Les mauvaises raisons : la torture »,p. 111.
↑Voirle Manuel des Inquisiteurs rapporté page 29 dansThe Spanish Inquisition, Joseph Perez,Yale University, 2005.
↑Voir page 171 dansThe Spanish Inquisition, Joseph Perez,Yale University, 2005.
↑Bartolomé Bennassar,L'inquisition espagnoleXVe – XIXe siècle (La pédagogie de la peur - les mauvaises raisons : la torture),p. 110.
↑Extraits (page 198) deLes crimes et les peines dans l'antiquité et dans les temps modernes : étude historique, Jules Loiseleur, Hachette, 1863 :« La première se donnait en liant à l’aide d’une corde les bras du prévenu renversés par derrière. On lui attachait aux pieds de lourdes pierres, on l’enlevait en l’air au moyen d’une poulie et on le laissait ensuite brusquement retomber presque jusqu’à terre de façon que la secousse disloquât les jointures. Cette torture durait une heure et quelquefois davantage. Pour la torture de l’eau, les bourreaux couchaient la victime sur un chevalet, espèce de banc creux qui se refermait sur elle et la comprimait autant qu’on le voulait. Les reins portaient sur un bâton transversal et l’épine dorsale n’avait pas d’autre appui. Le questionnaire, comprimant le nez du patient couché dans cette horrible position, lui versait lentement dans la bouche une quantité déterminée d’eau. Il paraît qu’il avait soin préliminairement d’introduire dans la gorge un linge fin et mouillé dont l’extrémité recouvrait les narines afin que l’eau filtrât avec plus de lenteur. C’est du moins ce qu’affirme Llorente, qu’il ne faut pas toujours croire sans examen ; mais ici son témoignage est confirmé par Damhoudère qui nous apprend qu’on usait de ce procédé dans certaines parties des Flandres. La torture du feu n’était pas moins cruelle. L’accusé les mains liées était couché sur le dos. Ses pieds préalablement frottés d’huile ou de lard étaient passés dans une sorte d’entrave en bois qui les tenait suspendus au-dessus d’un réchaud ardent. » Voir aussi page 207 deL’Histoire de l’Inquisition et de son origine, Abbé Jacques Marsollier, 1693.
↑Bartolomé Bennassar,L'inquisition espagnoleXVe – XIXe siècle(La pédagogie de la peur - les mauvaises raisons : la torture),p. 117.
↑VoirDirectorium inquisitorum, Nicolas Eymerich, 1376, traduit en français sous le titreLe manuel des inquisiteurs par Louis Sala-Molins, 1973.
↑Voir page 63 dansManual de los Inquisidores (traduction deDirectorium inquisitorum, Nicolas Eymerich),Ed. Alfonso, Buenos Aires, 1972.
↑Voir page 147 dansThe spanish inquisition, Joseph Perez,Yale University, 2005.
↑Voir entre autres les pages 65-87 dansInquisition: the reign of fear, Toby Green, Macmillan, 2007 où sont relatés de nombreux faits (Cordoue, Mexico, Canaries, Carthagène…)
↑Voir pages 238 dansConversos, Inquisition, and the Expulsion of the Jews from Spain, Norman Roth,University of Wisconsin, 2003.
↑S'y ajoutent ou détaillent lesrenégats (« vieux-chrétiens » ayant renié plus ou moins volontairement leur foi catholique, notamment ceux pris par despirates barbaresques), d'esclaves ou captifs obligés de passer d'une religion à l'autre ; lesbouchersdegüella a la morisca (égorgeurs à la musulmane, majoritairement « vieux-chrétiens »sacrifiant les bêtes selon la demande de leurs clients) ; les sorcièresbrugeria capables de voler la nuit et se transformer en animaux et les sorciers et sorcièreshechiceria usant d'artifices magiques ou divinatoires,astrologues... A. Gonzalez-Raymond,op. cit.p. 25 ?, 45 et suiv.
↑On brûlait l'effigie des personnes condamnées au bûcher qui avaient échappé à l'exécution, soit parce qu'ils étaient morts avant la condamnation, soit parce qu'ils avaient réussi à s'échapper.
↑Bennassar, dansL'Inquisition espagnole,chap. I,p. 15-16, indique qu'Henry-Charles Lea« n'éprouvait aucune sympathie pour le Saint-Office », mais que la conclusion de sonHistory of the Inquisition in Spain (1906-1907), qui« reste, en dépit de [son ancienneté], l'ouvrage le plus documenté sur le sujet », est que« Llorente exagère énormément » (tomeIV, livreIX,chap. 2,p. 516-525). De même,Henry Kamen, dansThe Spanish Inquisition: A Historical Revision, écrit :« Llorente came up with the incredible figures of 31,912 relaxations in person, 17,659 relaxations in effigy, and 291,450 penitents, a grand total of 341,021 victims. All the historical evidence has shown this greatly exaggerated figure to be without any foundation » (p. 280-281 de l'édition de 1965).
↑Tertulien, trad. De Genoude,À Scapula(lire en ligne), Toutefois, chaque homme reçoit de la loi et de la nature la liberté d'adorer ce que bon lui semble : quel mal ou quel bien fait à autrui ma religion ? Il est contraire à la religion de contraindre à la religion, qui doit être embrassée volontairement et non par force, puisque tout sacrifice demande le consentement du cœur. Aussi quand même vous nous forceriez de sacrifier, il n'en reviendrait aucun honneur à vos dieux, qui ne peuvent se plaire à des sacrifices arrachés par la contrainte, à moins qu'ils n'aiment la violence. (§2.2).
↑Thomas d'Aquin,Somme théologique(/bibliotheque/sommes/2sommetheologique1a2a.htm), comme on l'a vu dans la première partie, la conscience n'est que l'application de la science aux actes. Or, la science appartient à la raison. Donc la volonté qui s'écarte de la raison erronée va contre la conscience. Mais une volonté de ce genre est mauvaise ; car il est dit dans l'épître aux Romains (14, 23) : « Tout ce qui ne vient pas de la bonne foi est péché », c'est-à-dire ce qui est contre la conscience. Donc la volonté en opposition avec la raison erronée est mauvaise.
↑a etbMonique Combescure Thiry, « Les assassins de l’inquisiteur Pedro Arbués », surHAL,Pratiques Hagiographiques dans l’Espagne du Moyen Âge et du Siècle d’Or, CNRS-UMR5136-Université Toulouse le Mirail-Toulouse II, Méridiennes,,p. 235-241
↑Robert I. Moore,The War on Heresy. Faith and Power in Medieval Europe, Londres, Profile Books, 2014,p. 401
↑Juan AntonioLLORENTE et Philippe-Paul comte deSégur,Histoire abrégée de l'Inquisition d'Espagne, … précédée d'un discours sur cette histoire par M. le Comte de Ségur. Quatrième édition, ornée de figures,(lire en ligne),p. 54
↑MoniqueCombescure,« San Pedro Arbués, l'inquisiteur assassiné », dansHomenje a Henri Guerreiro. La hagiografia entre historia y literatura en la España de la Edad Media y del Siglo de Oro, Universidad de Navarra. Iberoamericana. Vervuert,coll. « Biblioteca Aurea Hispanica »,(lire en ligne),p. 405–420
↑Jacques Chiffoleau, « Note sur la bulleVergentis in senium, la lutte contre les hérétiques du Midi et la construction des majestés temporelles »,op. cit. ; texte latin et traduction deVergentis in senium dans Patrick Gilli et Julien Théry,Le gouvernement pontifical et l’Italie des villes au temps de la théocratie (fin-XIIe-mi-XIVe s.),op. cit.,p. 553-561chapitre 11, disponible en ligne.
Juan AntonioLlorente,Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne : Depuis l'époque de son établissement par Ferdinand V jusqu'au règne de Ferdinand VII, Treuttel et Würz,(lire en ligne).
Salomon Reinach,Cultes, Mythes et Religions, Robert Laffont collection Bouquins, Les apologies de l'inquisition pages 1066 à 1088 et L'inquisition et les Juifs pages 1089 à 1101,(ISBN2-221-07348-7)
Michel Boeglin,L'Inquisition espagnole au lendemain du concile de Trente. Le tribunal du Saint-Office de Séville (1560-1700), Montpellier, Presses de l'Université MontpellierIII,, 678 p.(ISBN2-84269-605-0).
Anita Gonzalez-Raymond,Inquisition et société en Espagne. Les relations de causes du tribunal de Valence (1566-1700), Diffusion Les Belles Lettres,, 374 p.(ISBN978-2-251-60618-7,lire en ligne).Lire en ligne
Aline Goosens,Les Inquisitions modernes dans les Pays-Bas méridionaux, 1520-1633 : Les victimes, université de Bruxelles,, 215 p.(ISBN978-2-8004-1170-5).