Cet article concerne les détails techniques de l'hélicoptère Ingenuity embarqué dans la missionMars 2020. Pour la mise en œuvre de l'hélicoptère sur le sol martien, voirExploration de Mars par Perseverance. Pour l'album d'Ultravox, voirIngenuity.
Ingenuity, surnomméGinny, est un petithélicoptère d'un peu moins de deux kilogrammes développé par l'agence spatialeaméricaine, laNASA, qui est mis en œuvre à titre expérimental sur le sol de la planèteMars au cours de la missionMars 2020, lancée le à bord d'une fuséeAtlas V et dont l'atterrissage a eu lieu le. L'hélicoptère est embarqué à bord duroverPerseverance avant d'être déposé le sur le sol martien.
Le, pour la première fois dans l'histoire de l'ère spatiale, un engin effectue un vol motorisé dans l'atmosphère ténue d'une autre planète. L'objectif de la mission est de tester les capacités d'un tel appareil dans le domaine de la reconnaissance optique du terrain, dans cet environnement caractérisé parune atmosphère très ténue limitant la portance et par des délais de communication qui interdisent tout contrôle direct du vol par un opérateur humain.
Ingenuity est unhélicoptère de1,8 kilogramme disposant de deuxrotors contrarotatifs coaxiaux. Il tire son énergie de sixbatteries lithium-ion rechargées par descellules solaires qui lui permettent de voler160 secondes et de parcourir au maximum600 mètres. Son système de navigation lui permet de suivre sans intervention humaine un trajet pré-programmé. Sa seule charge utile est une caméra.
Ingenuity a ouvert de nouvelles perspectives pour l'exploration de Mars. L'architecture de lamission de retour d'échantillons martiens développée par la NASA et l'Agence spatiale européenne est ainsi modifiée pour comprendre deux hélicoptères similaires. Ceux-ci seront chargés de collecter les tubes contenant des échantillons de sol martien déposés par l'astromobilePerseverance en cas de panne de celui-ci.
Contexte : l'exploration du système solaire par des aérobots
L'exploration dusystème solaire à l'aide de robots débute à la fin desannées 1950. Commencée modestement, avec des engins légers uniquement capables de survoler le corps céleste visé, elle s'est rapidement sophistiquée avec la mise au point en une quinzaine d'années d'engins capables de se placer en orbite (orbiteur), puis de se poser (atterrisseur) sur la surface et enfin de se déplacer sur le sol (astromobile ourover). La capacité d'exploration de ces astromobiles est toutefois modeste, notamment du fait de leur vitesse réduite et de leur limitation à des terrains relativement plats. Très rapidement, les ingénieurs ont étudié l'envoi de robots capables de flotter, planer ou voler dans l'atmosphère : cesaérobots présentent l'avantage d'étendre la portée de l'exploration des planètes ou des lunes dotées d'une atmosphère (Vénus,Mars,Jupiter,Saturne,Titan,Uranus etNeptune). Vénus, qui dispose d'une atmosphère dense, est la première destination d'un aérobot et reste la seule jusqu'en 2021 : en 1985, unballon équipé d'instruments scientifiques est largué par la sonde spatiale soviétiqueVega et étudie avec succès l'atmosphère de Vénus[1]. Mais la planète Mars, cible privilégiée de l'exploration spatiale, est une destination compliquée pour ce type d'engin. L'atmosphère très ténue (seulement 1 % de lapression atmosphérique présente sur Terre) n'offre qu'uneportance très faible et la mise au point d'un aérobot est par conséquent beaucoup plus difficile (pour flotter dans l'atmosphère de Mars, un ballon doit être150 fois plus volumineux que son équivalent largué à50 kilomètres d'altitude dans l'atmosphère de Vénus). Plusieurs projets martiens de planeurs ou d'avions propulsés sont étudiés et proposés à la NASA, sans qu'aucun ne soit retenu[2].
Un technicien sur un modèle de vol de l'hélicoptère, durant la phase de test dans une chambre à vide au JPL.
Une étude suggérant le recours à un hélicoptère autonome pour explorer Mars est publiée en 2002[3]. En 2014, un article décrivant le concept d'hélicoptère martien préfigurantIngenuity, est publié parAeroVironment et leJet Propulsion Laboratory[4]. En, l'agence spatiale américaine (laNASA) décide, après une phase d'évaluation, que la missionMars 2020 embarquera, à titre expérimental, le petit hélicoptère de 1,8 kilogramme afin de tester le recours à des vols dereconnaissance optique. Cette expérimentation doit durer une trentaine de jours. Son coût, évalué à 55 millions de dollars américains, n'est pas inclus dans le projetMars 2020[Nasa 1],[5]. Cette décision est prise, malgré l'opposition du responsable scientifique de la mission Mars 2020 pour qui les tests prévus ne contribuent pas à la mission mais viennent bousculer le calendrier déjà très chargé des opérations de l'astromobile sur le sol de Mars[4].
L'hélicoptère, qui doit être embarqué, est l'aboutissement de développements entamés cinq ans plus tôt auJet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA. Début 2019, pour vérifier le comportement de l'hélicoptère dans les conditions martiennes, l'équipe qui développe l'hélicoptère effectue d'abord des tests avec un modèle d'ingénierie qui représente une approximation proche de l'hélicoptère réel. Après avoir accumulé un temps de vol supérieur à 75 minutes, des tests plus réalistes sont effectués avec un modèle similaire à celui qui doit être envoyé sur Mars. Celui-ci est placé dans lachambre à vide de 7,5 mètres de diamètre du JPL, dans laquelle est reproduite la composition de l'atmosphère raréfiée de Mars et sont simulées sa pression (1 % de celle de l'atmosphère terrestre) et les températures extrêmes (jusqu'à−90 °C). Pour reproduire lapesanteur de Mars (un tiers de celle de la Terre), uneélingue dont latension est adaptée en permanence soulève l'hélicoptère[4],[Nasa 2],[6].
Le petit hélicoptère est baptiséIngenuity (Ingéniosité) à la suite d'un appel à nommage lancé par la NASA auprès des élèves et étudiants américains[Nasa 3]. Il est parfois surnomméGinny[Nasa 4]. Par ailleurs a été fixé sous son panneau solaire un échantillon de matériau provenant duWright Flyer, contenu dans un minuscule sachet en plastique[7].
En vol stabilisé, la portance est égale en module et opposée au poids de l'engin, où est sa masse et la gravité sur Mars.
La puissance requise est donc proportionnelle à la puissance 3/2 de la masse à sustenter, et inversement proportionnelle à la puissance 1/2 de la masse volumique de l'atmosphère.
A contrario, la gravité martienne vaut 38 % de celle de la Terre, ce qui aide la sustentation.
Le rapport est, pour une même superficie du disque rotor,2,34 fois plus élevé sur Mars que sur Terre ( = 2.34).
Pour limiter la puissance nécessaire au vol sur Mars, et donc préserver une autonomie satisfaisante, une superficie du disque rotor plus élevée que celle d'un hélicoptère terrestre de masse équivalente est nécessaire.
Le choix de la formulehélicoptère par opposition à celle duquadrirotor s'explique par la masse importante du rotor liée à sa grande taille pour les raisons vues plus haut. La stabilisation d'un quadrirotor est effectuée en agissant sur la vitesse de rotation des rotors mais la vitesse de modulation est fonction de la masse de ceux-ci (inertie). Dans le contexte martien, la stabilisation d'un quadrirotor devient problématique comme sur Terre à haute altitude. L'utilisation derotors contrarotatifs coaxiaux permet de gagner en encombrement par rapport au recours à unrotor anticouple[8].
Pour parvenir à faire voler l'hélicoptère dans l'atmosphère de Mars, il fallait concevoir un engin suffisamment léger, ce qui n'a été rendu possible que récemment grâce aux avancées réalisées dans le domaine des accumulateurs (liées au développement des téléphones portables), descellules photovoltaïques (rendement), des systèmes inertiels et des ordinateurs embarqués[6]. Ainsi, il est conçu pour que sa masse ne dépasse pas 1,8 kg[Nasa 2] (soit unpoids de 6,69 newtons sur le sol martien).
Les dimensions dufuselage de l'hélicoptère sont de 13,6 × 19,5 centimètres, soit la taille d'un ballon debasket-ball. Avec sontrain d'atterrissage, ses rotors et les panneaux solaires qui les coiffent,Ingenuity est haut de 49 centimètres. Le volume très réduit du fuselage contient les ordinateurs, les batteries, les capteurs (caméras,altimètre) et le système de télécommunications. L'hélicoptère est construit autour d'un tube vertical, dans lequel circulent les liaisons électriques reliant le processeur aux rotors ainsi qu'au vaisseau mère (l'astromobilePerseverance) durant le transit vers Mars. Sur ce tube sont attachés de haut en bas : le système de fixation à l'astromobile, un panneau solaire, les deux rotors ainsi que les servomoteurs les mettant en mouvement, la partie centrale du train d'atterrissage et enfin le fuselage de forme cubique. Le train d'atterrissage comprend quatre pieds encomposite carbone longs de 38,4 centimètres fixés au corps d'Ingenuity en faisant un angle oblique avec la verticale, qui maintiennent le corps de l'aéronef à une hauteur de 13 centimètres au-dessus d'un terrain plat[Nasa 5],[Nasa 6].Ingenuity a unemasse de 1,8 kilogrammes sur Terre comme sur Mars, mais son poids plus faible sur Mars équivaut à celui d'une masse de 680 grammes sur Terre, du fait de la différence de gravité entre ces deux planètes[Nasa 7].
Schéma de l'hélicoptère martien.1. Antenne de l'émetteur-récepteur radiobande UHF. -2. Cellules solaires fournissant l'énergie qui alimente la batterie. -3. Rotors conçus pour pouvoir voler dans l'atmosphère ténue de Mars. -4. Fuselage isolé thermiquement contenant principalement les batteries, l'avionique et les processeurs. -5. Caméra couleur haute résolution permettant de réaliser des photos des sites survolés. -6. Pieds souples du train d'atterrissage.
Détails : parties centrales des rotors et des cellules solaires, antenne radio.Dessous de l'hélicoptère photographié durant des essais dans une chambre simulant le vide spatial : l'optique de la caméra de navigation est située dans le cadre octogonal entre les deux lentilles de l'altimètre et légèrement en dessous, tandis que la caméra de couleur est située en bas sous le cadre octogonal (voir notes sur l'image).Le boitier doré (voir notes de l'image) installé sur le flanc arrière droit de l'astromobile contient le système de télécommunications qui gère les échanges entre la Terre et l'hélicoptère.
L'hélicoptère se déplace dans les airs grâce à deuxrotors contrarotatifs coaxiaux bipales. Le diamètre des rotors est de 1,21 mètre et ils se situent à 0,8 mètre de hauteur. Les pales sont réalisées enfibre de carbone. La vitesse de rotation est comprise entre 2 400 et 2 900 tours par minute, soit dix fois celle d'unrotor principal d'hélicoptère sur Terre, pour pouvoir être efficace dans l'air particulièrement peu dense de Mars (équivalent à l'atmosphère terrestre à une altitude de 25 kilomètres)[Nasa 8].
L'énergie est le principal facteur limitatif concernant les capacités de l'hélicoptère. L'énergie nécessaire pour la propulsion, le fonctionnement descapteurs (altimètre, caméras), lesrésistances chauffantes, l'avionique, lesprocesseurs et le système de télécommunications est fournie par sixaccumulateurs lithium-ion, d'une capacité de 36 watts-heures et d'une masse totale de 273 grammes, qui occupent une grande partie du volume du fuselage. D'une capacité équivalente à seulement trois batteries de smartphone, ils sont rechargés par descellules photovoltaïques qui sont fixées au-dessus des rotors et qui ont une surface active de 544 cm2. Sur ces36 watts-heures, 30 % (10,7 watts-heures), sont gardés en réserve.21 watts-heures environ sont nécessaires pour l'alimentation desrésistances chauffantes chargées de maintenir les différents systèmes à une température compatible avec les contraintes de fonctionnement durant la nuit martienne.10 watts-heures sont disponibles pour un vol de 90 secondes sur la base d'une consommation en pointe de510 watts durant 20 % du temps et de350 watts durant le reste du vol[Nasa 7],[Nasa 9]. L'emplacement des batteries, entourées par les circuits électroniques qui contrôlent l'appareil, est étudié pour que ces éléments maintiennent de manière efficace une température correcte pendant leur mission sur le sol martien[10].
La caméra de navigation NAV (NAVCAM) est située sous le fuselage et fournit des images en noir et blanc de 0,5 mégapixel. Elle est pointée vers le sol et est utilisée pour déterminer l'altitude et la position de l'hélicoptère. Elle dispose d'un champ de vue de133° sur100 degrés et permet d'acquérir 10 images par seconde.
La caméra couleur RTE (Return to Earth) à haute définition (13 mégapixels) deSony a un champ de vue de47° sur47°. Elle est fixée sur un des coins inférieurs du fuselage et pointe22° sous l'horizon. Elle doit effectuer quelques prises d'image du terrain qui sont transmises à la Terre pour tester les capacités de reconnaissance d'Ingenuity.
L'hélicoptère dispose de deux centrales à inertie 3 axes pour assurer une redondance utilisant la technologieMEMS et fournies parBosch.
L'inclinomètre 2 axes utilise également la technologie MEMS.
L'altimètre fourni parGarmin mesure l'altitude jusqu'à une hauteur de quelques dizaines de mètres.
Compte tenu du délai dans les échanges avec la Terre (une dizaine de minutes dans la configuration Terre-Mars la plus favorable), l'hélicoptère est obligé de voler de manière autonome en appliquant des instructions transmises avant le vol. Un système radio embarqué à bord de l'hélicoptère reçoit ces commandes et transmet les images et les télémesures. Les échanges avec la Terre sont relayés par un système de télécommunications dédié installé sur l'astromobile. L'hélicoptère dispose de deux émetteurs-récepteurs radio fonctionnant à une fréquence de 900 MHz avec une puissance d'émission de 0,9 watt en consommant 3 watts à l'émission et 0,15 watt à la réception. L'antenne filaire est fixée au sommet de l'hélicoptère. Ledébit est compris entre 20 et 250 kilobits par seconde, pour une portée allant jusqu'à 1 000 mètres. En vol, l'hélicoptère ne reçoit pas mais émet pour communiquer les données collectées[Nasa 9].
Compte tenu de la distance entre la Terre et Mars, il n'est pas possible à un opérateur sur Terre de contrôler l'hélicoptère en vol : un signal radio met en moyenne douze minutes pour parvenir jusqu'à sa destination. L'hélicoptère doit donc disposer d'un système de navigation lui permettant de prendre des décisions de manière autonome en s'appuyant sur les instructions transmises avant le vol par les opérateurs sur Terre tout en prenant en compte les différents facteurs perturbateurs tels que le vent, les anomalies de fonctionnement des systèmes embarqués, etc. Les instructions décrivent précisément les différentes phases de vol théorique (altitude, vitesse, points de passage, site d'atterrissage). Le système de navigation utilise les données fournies par l'altimètre laser (distance au sol), la caméra (images du sol) et la centrale à inertie (accélération et vitesse de rotation) pour déterminer l'orientation de l'hélicoptère, sa position, la vitesse et sa direction. Lors du décollage et jusqu'à 1 mètre du sol, seules les données de la centrale à inertie sont exploitées car la poussière soulevée peut perturber la caméra et l'altimètre[Nasa 12].
Durant le vol, le système de navigation s'appuie d'abord sur les données de la centrale à inertie pour déterminer la position, la vitesse et l'orientation de l'hélicoptère. À partir de ces données, il transmet éventuellement des instructions au système de contrôle de la propulsion pour corriger les paramètres de vol. Ces instructions sont transmises500 fois par seconde. Pour pallier la dérive de la centrale à inertie, le système de navigation s'appuie également sur les photos du sol prises par la caméra à un rythme de trente images par seconde. Chaque photo prise est comparée à la précédente. Le changement de position des éléments les plus remarquables (variations de couleur, rochers, ondulation de terrain) est rapproché par l'algorithme du logiciel avec ce qu'il aurait dû être compte tenu des instructions transmises par la Terre. En cas de déviation, des instructions de correction sont transmises au système contrôlant la propulsion[Nasa 13].
Durant la phase d'atterrissage, pour les mêmes raisons qu'au décollage (poussière), seules les données de la centrale à inertie sont utilisées pour guider l'hélicoptère dès que l'altimètre indique que celui-ci se trouve à moins d'un mètre du sol[Nasa 12]
Deux jours après l'atterrissage deMars 2020 à la surface de la planète le, l'hélicoptère transmet des informations sur son statut[Nasa 15]. L'hélicoptère martien embarqué est fixé sous le châssis de l'astromobilePerseverance avec ses hélices alignées en position couchée sur le côté. Une foisPerseverance à la surface de Mars, une vérification générale de ses différents sous-systèmes est effectuée, dont ceux de l'hélicoptère. Les batteries de celui-ci sont rechargées. Une fois cette phase achevée, l'astromobile se met à circuler en recherchant un terrain de 10 × 10 mètres pouvant servir de zone d'atterrissage pour l'hélicoptère. L'équipe projet a calculé que la probabilité de trouver un terrain convenable (terrain quasi plat, pas de roche de plus de 5 centimètres de haut) dans l'ellipse retenue pour l'atterrissage (7,6 × 6,6 kilomètres) était de 75 %. Le cache, qui protège l'hélicoptère des débris à l'atterrissage, est largué le. Les pieds du train d'atterrissage d'Ingenuity sont déployés puis il est pivoté dans sa position naturelle, avant d'être largué sur le sol (la garde au sol de l'astromobile est supérieure à la hauteur de l'hélicoptère déployé) (voir vidéo en annexe) début avril[12]. De nombreux tests statiques sont effectués.
Le fonctionnement du rotor est testé le mais est interrompu par un dispositif de protection du logiciel de vol. Le premier vol est repoussé au puis au[Nasa 16],[Nasa 17].
Dix jours ont été prévus pour le déploiement et trente jours pour tester les capacités en vol. Pour le premier vol, l'astromobile s'éloigne de l'hélicoptère à une distance de sécurité (50 à 100 mètres) puis l'hélicoptère s'élève à la verticale jusqu'à une hauteur de 3 mètres avant de faire du surplace durant 30 secondes (voir animation en annexe). Quatre autres vols de quelques centaines de mètres sont prévus avec une durée pouvant aller jusqu'à 90 secondes[Nasa 1]. Une fois la phase d'expérimentation achevée, il était initialement prévu d'abandonner l'hélicoptère à l'endroit du site de son dernier atterrissage après le cinquième et dernier vol d'essai programmé. Toutefois, vu les résultats très encourageants des quatre premiers vols dépassant toutes les espérances, la NASA a décidé de prolonger la mission d'Ingenuity et de passer à une phase opérationnelle pilote durant laquelle l'hélicoptère effectuerait des missions de reconnaissance pour l'astromobile au début de sa mission scientifique. Les tests effectués durant les cinq premiers vols programmés et le début de la phase opérationnelle pilote sont les suivants[5],[Nasa 18]:
Premier vol d'Ingenuity. L'image a été prise depuis la caméra de navigation (Navcam) de l'hélicoptère, la trace visible est l'ombre de celui-ci projetée sur le sol martien.
Les cinq premiers vols de démonstration technologique
Atterrissage sur un autre site jamais exploré et photographié
Premier vol de la phase opérationnelle pilote. Atterrissage impromptu à la suite d'oscillations incontrôlées en vol causées par un problème du système de navigation, mais 'Ingenuity' a survécu.
Le premier vol est réalisé avec succès le lundi.Ingenuity devient le premier engin propulsé volant mis en œuvre sur un autre corps du système solaire que la Terre. Durant ce test d'une durée de 39 secondes l'hélicoptère s'élève de 3 mètres puis effectue un vol stationnaire avant de se reposer[Nasa 20],[13].
Le second vol comprenant un déplacement horizontal de deux mètres est effectué le[Nasa 21].
Le, peu avant le cinquième vol d'Ingenuity, un enregistrement sonore du quatrième vol, capté par un microphone placé sur l'astromobilePerseverance, est publié par l'agence spatiale. Cet enregistrement est à la limite des capacités du système d'enregistrement car la très faible densité de l'atmosphère martienne (1 % à peine de celle de l'atmosphère terrestre) et sa composition très différente (96 % CO2) réduisent la propagation du son. L'atmosphère très ténue de Mars atténue considérablement la propagation des ondes sonores qui sont également perçues comme beaucoup plus sourdes. Comme l'hélicoptère se trouve à plus de80 mètres du microphone de laSupercam du roverPerseverance, les ingénieurs ont dû amplifier le signal sonore et soustraire le bruit de fond produit par les rafales de vent pour obtenir un rapport signal sur bruit audible[15],[16].
Compte tenu des bons résultats obtenus durant les premiers vols (télécommunications, énergie, navigation) et la bonne santé d'Ingenuity, l'agence spatiale américaine décide dès le mois d'avril de prolonger l'expérience qui ne devait initialement durer que 30 jours. Cette nouvelle phase doit permettre d'évaluer les capacités d'un hélicoptère à réaliser des expériences de reconnaissance ainsi qu'à prendre en charge d'autres fonctions dans le cadre de futures missions martiennes[Nasa 25].
Durant cette nouvelle phase,Ingenuity doit accompagnerPerseverance ou même le précéder pour effectuer des opérations de reconnaissance aérienne pour déterminer les routes que peut emprunter l'astromobile, évaluer l'intérêt scientifique de sites et réaliser des images stéréos permettant de réaliser des cartes topographiques. La fréquence des vols devrait se ralentir et passer d'un vol tous les deux/trois jours à un vol toutes les deux à trois semaines pour ne pas générer d'interférences avec les opérations scientifiques dePerseverance[Nasa 25].
Le sixième vol réalisé le est un succès partiel, car en raison d'une défaillance technique,Ingenuity a dû interrompre celui-ci et se poser 5 m avant le site d'atterrissage prévu. Mais cet atterrissage a pu se faire en douceur et l'hélicoptère est toujours opérationnel[Nasa 26]. L'incident a été provoqué par le processus gérant la navigation de l'hélicoptère qui repose à la fois sur lacentrale à inertie (IMU) et les images fournies par la caméra couleurs produisant des images du sol. La centrale à inertie, qui détermine la vitesse de déplacement, corrige ses résultats en utilisant les images du sol fournies par la caméra. Trente images sont prises chaque seconde. L'origine du problème provient d'une erreur de transmission d'une seule image par cette caméra au calculateur de navigation. La perte de données ainsi occasionnée a provoqué une erreur cumulée dans l'horodatage(timestamp) des images suivantes qui ont toutes été décalées dans le temps de quelques dizaines de millisecondes. Cela a suffi pour générer des erreurs de calcul de la position, de la vitesse, de l'altitude et de l'attitude de l'engin. Celui-ci s'est mis à osciller. Heureusement, la robustesse d'autres systèmes embarqués contrôlant la phase d'atterrissage et ne nécessitant pas les images de navigation a permis un atterrissage en douceur de l'hélicoptère[Nasa 26]. Malgré elle, la NASA a exploré les limites de l'enveloppe de vol d'Ingenuity et dispose ainsi de données inédites et acquises en conditions réelles dans l'atmosphère très ténue de Mars qui lui permettront peut-être d'améliorer la robustesse du programme de calcul de navigation autonome d'Ingenuity.
Le, leJPL a également annoncé avoirtéléchargé la semaine précédente une mise à jour du programme de contrôle de vol pour résoudre définitivement le problème du micro-contrôleur ("watchdog"), et que le test durotor et le huitième vol ont confirmé que la mise à jour fonctionnait[Nasa 32].
La NASA doit encore réaliser une autre mise à jour critique affectant une partie importante du logiciel de contrôle de vol afin de pouvoir résoudre les problèmes rencontrés lors dusixième vol avec la surcharge duprocesseur central (CPU) due à la lourdeur du transfert des photos de la caméra couleur (13 megapixels). Le problème n'étant pas encore résolu, lesvols 7 et 8 n'ont pas utilisé la caméra couleur afin d'éviter de répéter l'incident duvol 6. Cette mise à jour importante devrait être faite avant le neuvième vol[Nasa 32].
Lors du neuvième vol réalisé le ,Ingenuity parcourt une distance record de 625 m (aller simple) en 166,4 secondes en direction du sud à la vitesse de 5 m/s. Il survole le site deSéítah particulièrement intéressant sur le plan scientifique, mais difficile d'accès pourPerseverance du fait de ses ondulations sableuses. Ce neuvième vol est risqué en raison de la topographie inégale du terrain. Le survol du site deSéítah couvert de dunes de sable de hauteur variable rend difficile la tâche du système de navigation qui s'appuie sur les images du sol pour déterminer la trajectoire. même si l'hélicoptère ralentit lors de la partie la plus délicate de son parcours. Il s’est posé sans encombre au point F[Nasa 33],[Nasa 34],[Nasa 35].
Le dixième vol qui a lieu le. dure 165,4 secondes.Ingenuity parcourt une distance de 233 m à 12 m d’altitude et à une vitesse moyenne de 5 m/s. Entre les points de départ et d’arrivée (nouveau site d’atterrissage G),Ingenuity se dirige vers le sud puis l’ouest en survolant lesRaised Ridges (18,42808° N,77,44373° E) et huit points prédéfinis dont il prend à chaque fois deux photographies couleur, permettant ainsi de réaliser une représentationstéréoscopique du terrain[Nasa 36]. Ces photographies sont utilisées pour préparer l'étude desRaised Ridges par l'astromobilePerseverance[18],[Nasa 37],[19].
Le,Ingenuity a réalisé son douzième vol à une altitude de10 mètres et à une vitesse de5m/s afin de survoler la région sud deSéítah lors d’un trajet aller et retour de450 mètres avant de revenir se poser à son point de départ (site H,18,43278° N,77,43919° E). L'hélicoptère est resté en l'air pendant169 secondes. C'est la durée de vol la plus longue effectuée jusqu'à présent et le deuxième parcours le plus long, le rayon d'action d'Ingenuity étant surtout limité par l'échauffement de son moteur essentiellement fonction de la durée du vol. Le but de l’opération était de prendre une dizaine d’images couleursstéréoscopiques afin d'assister l’équipe dePerseverance dans le choix des éléments les plus pertinents à étudier sur ce site[Nasa 40]. L’hélicoptère totalise22 minutes de vol cumulées au cours de ses12 sorties[20].
Un premier essai statique (au sol), effectué le, teste le comportement de l'hélicoptère. L'objectif est de s'assurer que le niveau des vibrations produites ne perturbe pas le fonctionnement des capteurs et qu'elles ne sont pas susceptibles d'endommager la structure lorsque la vitesse de rotation du rotor est portée à 2 800 tours par minute.Ingenuity réussit ce test et un vol est programmé pour le. L'hélicoptère devait s'élever jusqu'à une altitude de 5 mètres avant de se poser. Mais ce vol est annulé car, durant les vérifications avant vol, l'hélicoptère signale une anomalie (oscillation de1 degré autour de la position attendue) au niveau de deux des servo-moteurs qui contrôlent l'angle des pales. Deux explications sont envisagées : une usure due à un nombre de vols plus élevé que prévu qui aurait augmenté le jeu entre les pièces ou un phénomène d'oscillation généré par la vitesse de rotation du rotor plus élevée que prévu dans les spécifications. Les ingénieurs disposent de plusieurs semaines pour identifier l'origine du problème car les opérations sur Mars doivent marquer une pause du fait de laconjonction solaire martienne qui doit durer jusqu'à la mi-. Durant cette période, Mars, vu de la Terre, se situe derrière le soleil, ce qui interrompt les communications entre l'astromobile et le centre de contrôle sur Terre[Nasa 43],[Nasa 44].
Le, les communications avec l'astromobile sont rétablies etIngenuity effectue un vol très court (23 secondes) au cours duquel il s'élève à5 mètres au-dessus du sol et il effectue unetranslation horizontale de2 mètres. Pour la première fois la caméra de navigation réalise des photos en noir et blanc à une fréquence élevée (7 images par seconde). Ce quatorzième vol, peu spectaculaire mais réussi, permet de valider la poursuite des opérations dans les conditions dégradées par la baisse de densité de l'atmosphère[Nasa 45].
L'inclinomètre est un capteur de l'hélicoptère qui fournit avant le décollage l'inclinaison de celui-ci par rapport à la verticale. Cette donnée est utilisée pour définir la trajectoire suivie au décollage. Les ingénieurs de la NASA découvrent en préparant le 29e vol que ce capteur est tombé en panne. Une solution de secours avait été préparée avant cette défaillance. Un patch est téléchargé pour que les données fournies par l'inclinomètre soient désormais obtenues à partir des sorties de la centrale à inertie. Le résultat est moins précis mais suffisant pour permettre la reprise des vols[Nasa 48].
Au cours des six mois suivants, une dizaine de vols sont effectués et permettent à l'hélicoptère de suivre l'astromobile dans ses déplacements (pour les liaisons avec la Terre, qui passent parPerseverance, l'hélicoptère ne doit pas trop s'éloigner de celui-ci). Mais l'hiver martien se prolonge avec des tempêtes de poussière qui persistent jusqu'en, limitant la durée de ces vols. Ce n'est finalement que fin janvier que les batteries parviennent à retrouver un taux de charge de 90 % en fin de journée, permettant d'envisager des vols de longue durée. Cette restauration des capacités d'Ingenuity vient à point pour permettre de suivre l'astromobile dans son exploration du sommet du delta. Celle-ci constitue un nouveau défi car le terrain très irrégulier pourrait entraîner la perte des liaisons entre l'hélicoptère et l'astromobile[Nasa 51].
Exploration de la partie amont du delta (janvier 2023-janvier 2024)
En, l'astromobilePerseverance commence à explorer la partie amont du delta, caractérisée par des terrains relativement jeunes particulièrement intéressants sur le plan scientifique. Pour atteindre les sites les plus prometteurs, il est prévu que l'astromobile effectue un transit rapide en s'enfonçant dans un canyon relativement encaissé et étroit, qui rend la navigation difficile. Dans ce contexte, l'équipe projet assigne à l'hélicoptère un rôle important : effectuer des missions de reconnaissance qui permettent d'identifier à l'avance les obstacles situés sur la trajectoire de l'astromobile (il s'agit notamment de vérifier si les photos prises par le satellite MRO, utilisées par l'équipe chargée de la navigation, sont fiables) et de trouver les sites intéressants à étudier. Néanmoins le relief de la région handicape l'hélicoptère à deux titres : d'une part, pour maintenir la liaison avec la Terre, il doit rester en contact visuel avec l'astromobile, qui lui sert de relais télécom, sans obstacle entre les deux engins ; d'autre part, la trajectoire de l'hélicoptère ne doit pas lui faire survoler l'astromobile pour ne pas risquer d'endommager ce dernier en cas de mauvais fonctionnement de son système de navigation ou de panne mécanique, ce qui devient difficile du fait de l'étroitesse du canyon dans lequelPerseverance circule. Le premier vol dans cette nouvelle région a lieu le (volno 41). Pour remplir ses objectifs, il est prévu que l'hélicoptère devance systématiquement de deux jours l'astromobile, mais cet objectif se révèle difficile à tenir. Pour y parvenir, la fréquence des vols et la vitesse en vol sont augmentées (lors duvol 45, l'hélicoptère établit un nouveau record de vitesse, de6m/s)[Nasa 52].
Le,Ingenuity subit une panne au cours de son72e vol, la NASA perdant temporairement le contact avec l'hélicoptère avant de le retrouver deux jours plus tard[21]. Ce vol avait pour but de vérifier le fonctionnement d'Ingenuity, après un atterrissage prématuré au cours du précédent, mais la communication entre l'hélicoptère et l'astromobile se coupe plus tôt que prévu, au cours de la descente[21]. Le, la NASA annonce avoir constaté, sur des images qu'Ingenuity a prises de son ombre, des dommages à une des pales, dont il manque environ 25 %[22]. En janvier 2025, la NASA publie une étude qui indique que quatre pales se seraient en fait brisées en raison des mouvements de roulis et de tangage dus à l'accrochage des pieds de l'appareil sur la crête de la dune sur laquelle il s'est posé[23].
Vues des derniers vols d'Ingenuity prises directement par l'hélicoptère
Image de vagues de sable prise parIngenuity pendant levol 70 ().
Photographie parIngenuity de l'ombre de l'extrémité endommagée d'une des pales du rotor après levol 72 et un atterrissage brutal, le dernier ()[24],[25],[26].
Début de la saison hivernale. Durant 8 mois, l’hélicoptère dispose d’une énergie limitée qui ne lui permet que des vols courts.
22
19 mars 2022
68 m.
10 m.
1 m/s
101,4 s.
23
23 mars 2022
358 m.
10 m.
4 m/s
129,1 s.
24
3 avril 2022
47 m.
102 m.
1,45 m/s
69,5 s.
25
8 avril 2022
704 m.
10 m.
5,5 m/s
161,3 s.
26
19 avril 2022
360 m.
8 m.
3,8 m/s
159 s.
27
23 avril 2022
307 m.
10 m.
3 m/s
152,9 s.
28
29 avril 2022
418 m.
10 m.
3,6 m/s
152,4 s.
29
11 juin 2022
179 m.
10 m.
5,5 m/s
66,6 s.
Premier vol après la "résurrection de l'hélicoptère". Une pause de deux mois est effectuée pour laisser passer les tempêtes de poussière hivernales.
30
20 aout 2022
2 m.
5 m.
0,5 m/s
33,3 s.
Les tempêtes de poussière se calment autorisant des vols courts.
31
6 septembre 2022
97 m.
10 m.
4,75 m/s
56,6 s.
32
17 septembre 2022
94 m.
10 m.
4,75 m/s
55,3 s.
33
24 septembre 2022
111 m.
10 m.
4,75 m/s
55,2 s.
34
22 novembre 2022
0 m.
0 m.
0 m/s
18,3 s.
35
3 décembre 2022
15 m.
14 m.
3 m/s
52 s.
36
10 décembre 2022
110 m.
10 m.
5,5 m/s
60,5 s.
37
17 décembre 2022
62 m.
10 m.
3 m/s
55,2 s.
38
4 janvier 2023
111 m.
10 m.
3,5 m/s
74,3 s.
39
11 janvier 2023
140 m.
10 m.
4 m/s
78,7 s.
40
19 janvier 2023
178 m.
10 m.
3,2 m/s
91,61 s.
41
27 janvier 2023
183 m.
10 m.
3 m/s
109,1 s.
42
4 février 2023
248 m.
10 m.
3 m/s
137,2 s.
43
16 février 2023
390 m.
12 m.
4 m/s
146 s.
Les tempêtes de poussière se calment enfin permettant la reprise des vols longs.
44
19 février 2023
334 m.
12 m.
3,5 m/s
141,3 s.
45
22 février 2023
496 m.
12 m.
6 m/s
144,5 s.
46
25 février 2023
445 m.
12 m.
5,3 m/s
135,9 s.
47
9 mars 2023
440 m.
12 m.
5,3 m/s
146,1 s.
48
21 mars 2023
398 m.
12 m.
4,65 m/s
149,9 s.
49
2 avril 2023
282 m.
16 m.
6,5 m/s
142,7 s.
50
13 avril 2023
322 m.
18 m.
4,6 m/s
145,7 s.
51
22 avril 2023
188 m.
12 m.
4 m/s
136,9 s.
52
26 avril 2023
363 m.
12 m.
3,8 m/s
145 s.
Le contact est perdu lors de l'atterrissage du fait de reliefs s'interposant entre l'hélicoptère et l'astromobile mais la liaison est rétablie le 28 juin[28].
53
22 juillet 2023
142,5 m.
5 m.
2,5 m/s
74,9 s.
54
3 aout 2023
0 m.
5 m.
0 m/s
24,4 s.
55
12 aout 2023
264 m.
10 m.
4,7 m/s
142,9 s.
56
25 aout 2023
410 m.
12 m.
5,3 m/s
140,9 s.
57
3 septembre 2023
217 m.
10 m.
3 m/s
128,6 s.
58
11 septembre 2023
174 m.
10 m.
3 m/s
106,8 s.
59
16 septembre 2023
0 m.
20 m.
0 m/s
142,6 s.
60
25 septembre 2023
340 m.
16 m.
8 m/s
132,8 s.
61
05 octobre 2023
0 m.
24 m.
0 m/s
129,5 s.
62
12 octobre 2023
268 m.
18 m.
10 m/s
121,1 s.
63
19 octobre 2023
579 m.
12 m.
6.3 m/s
142,6 s.
64
27 octobre 2023
411 m.
12 m.
5.8 m/s
139,1 s.
65
02 novembre 2023
7 m.
10 m.
1 m/s
48 s.
66
03 novembre 2023
1 m.
3 m.
1 m/s
23 s.
67
02 décembre 2023
393 m.
12 m.
5,3 m/s
135,9 s.
68
15 décembre 2023
702 m.
16 m.
10 m/s
131,1 s.
69
20 décembre 2023
705 m.
16 m.
10 m/s
135,4 s.
70
22 décembre 2023
260 m.
12 m.
3 m/s
132,9 s.
71
06 janvier 2024
0 m.
12 m.
7 m/s
35 s.
72
18 janvier 2024
0 m.
12 m.
0 m/s
32 s.
Vers une utilisation future à des fins opérationnelles
Alors que l'objectif était de réaliser des vols durant30 jours martiens,Ingenuity continue de fonctionner début soit700 jours après l'atterrissage dePerseverance sur Mars. Courant, il avait effectué51 vols (91 minutes de vol en temps cumulé), parcouru11,7 kilomètres, effectué25 décollages et atterrissages, pris des milliers de photos avec sa caméra de navigation et plusieurs centaines de photos couleurs haute définition. Il a largement démontré sa valeur aussi bien pour les taches scientifiques que pour les opérateurs planifiant les déplacements de l'astromobile. Son état lui permet de continuer à accompagner l'astromobile sur le sommet du delta qui doit être exploré en 2023[Nasa 53],[Nasa 36].
Ingenuity a démontré qu'un hélicoptère martien disposait de la capacité unique d'atteindre des sites inaccessibles par tout autre moyen, notamment par un engin sur roues, comme les dunes de Seitah dans lecratère Jezero. Un hélicoptère permettrait d'étudier les parois verticales d'un cratère ou de pénétrer dans destubes de lave. Leur masse peu élevée permettrait d'envisager une mission sur les hauts plateaux de Mars que les astromobiles ne peuvent explorer (en altitude, la couche atmosphérique n'est pas assez importante pour freiner suffisamment les engins spatiaux arrivant à grande vitesse sur Mars). Un aérobot (hélicoptère ou autre engin volant) peut franchir de grandes distances. Le rayon d'action d'Ingenuity a été volontairement limité à un kilomètre car il s'agissait d'un prototype. Un hélicoptère plus lourd pourrait franchir plusieurs dizaines de kilomètres. Ce changement d'échelle permettrait de lancer une exploration exhaustive de la planète Mars, d'explorer lescalottes polaires de Mars ou d'étudier l'immensecanyon deValles Marineris. La surface de la planète Mars a été photographiée avec une résolution spatiale moyenne par les satellites placés en orbite basse comme MRO et quelques sites ont été photographiés de manière détaillée par les astromobiles martiens. Un aérobot dispose de la capacité unique d'emporter des caméras et des instruments scientifiques permettant d'effectuer des observations à une altitude de quelques mètres et même de quelques centimètres sur l'ensemble de la planète. Enfin l'aérobot permet d'envisager une nouvelle manière d'explorer Mars grâce à sa capacité à se déplacer sans intervention humaine, son rayon d'action et sa capacité à déplacer des charges d'un endroit à un autre. Des instruments pourraient ainsi être positionnés à un endroit puis déplacés sur un autre site pour recueillir de nouvelles données[Nasa 53].
Vers une mission martienne centrée sur un hélicoptère lourd ?
Sans attendre la fin des tests d'Ingenuity sur la planète Mars, la NASA a commencé à étudier une deuxième génération d'hélicoptère, capable cette fois de remplir une mission scientifique sur la planète Mars, avec une portée de 2 kilomètres entre deux recharges de ses batteries et un temps de vol maximal de 4 minutes. La principale contrainte est le volume nécessaire pour stocker lespales des rotors. Selon une étude de la NASA publiée début 2020, le véhicule de descente des missions martiennes existantes de typePathfinder utilisé par les astromobiles MER commeSojourner (atterrisseur de 2,5 m de diamètre intérieur) pourrait transporter un hélicoptère d'une vingtaine de kilogrammes de type hexacoptère (six rotors) capable d'emporter unecharge utile (instruments scientifiques, caméras) de 2 à 3 kilogrammes. Le volume disponible dans l'étage de descente permettrait d'embarquer des équipements supplémentaires comme un système de télécommunications permettant des liaisons directes avec la Terre, des instruments scientifiques, etc[29].
Une première utilisation opérationnelle : la missionMars Sample Return
vue d'artiste d'un des deux hélicoptères qui seront chargés de récupérer à l'aide d'un manipulateur à deux doigts les tubes contenant les échantillons de sol si l'astromobilePerseverance ne parvient pas à les déposer sur le site prévu (vue d'artiste).
La missionMars Sample Return développée par la NASA en collaboration avec l'Agence spatiale européenne a pour objectif de ramener sur Terre les échantillons de sol martien prélevés par l'astromobile 'Perseverance'. Pour remplir cet objectif la mission prévoit d'envoyer un atterrisseur,Sample Retrieval Lander (SRL), emportant un bras téléopéré permettant de récupérer les tubes contenant les échantillons de sol. Si ces derniers se trouvent hors de portée de l'atterrisseur à la suite d'une panne dePerseverance, SRL dispose de deux hélicoptèresSample Recovery Helicopter équipés d'une pince pour récupérer les tubes là où ils ont été déposés[Nasa 54].
Les deux hélicoptèresSample Recovery Helicopter sont directement dérivés de l'hélicoptèreIngenuity utilisé de manière expérimentale à partir de 2021 sur le sol martien dans le cadre de la missionMars 2020 / Perseverance dont ils reprennent l'architecture et la taille. Disposant d'un rotor de1,2 mètre de diamètre et hauts de52 centimètres, ils ont une masse de2,26 kilogrammes (poids de0,86 kilogramme sur Mars). Ils se distinguent deIngenuity par leur train d'atterrissage - les quatre pieds sont remplacés par des roues de10 centimètres de diamètre et de2 centimètres de large), ce qui leur permet de se déplacer sur le sol pour effectuer des déplacements courts, et par la présence d'une pince articulée qui sera utilisée pour saisir les tubes d'échantillons. Leur vitesse horizontale maximale est de 5 mètres par seconde (environ18km/h), leur rayon d'action est de700 mètres et l'altitude maximale est de20 mètres. L'énergie est fournie par des panneaux solaires qui chargent desaccumulateurs lithium-ion[Nasa 55].
Le,Ingenuity a procédé à son premier vol sur Mars depuis lecratère Jezero. En conséquence, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a attribué à l'hélicoptère l'indicatif à trois lettres IGY et l'indicatif d'appel INGENUITY, tandis que le cratère Jezero a reçu lecode JZRO. C'est le seul site à avoir J en première lettre[Nasa 56],[31],[32].
La première date est celle du lancement du lancement (du premier lancement s'il y a plusieurs exemplaires). Lorsqu'elle existe la deuxième date indique la date de lancement du dernier exemplaire. Si d'autres exemplaires doivent lancés la deuxième date est remplacée par un -. Pour les engins spatiaux autres que les lanceurs les dates de fin de mission ne sont jamais fournies.