Avec le déclin de laroute de la soie, ledétroit de Malacca devient un carrefour maritime majeur pour le commerce entre l'Indonésie et la Chine d'une part et l'Inde et leMoyen-Orient d'autre part. L'archipel indonésien est intégré à un réseau commercial international bientôt dominé par des marchands musulmans. Les princes des ports se convertissent progressivement à l'islam.
À travers ses nombreuses îles, l'Indonésie comprend de nombreux groupes distincts culturellement, linguistiquement et religieusement. LesJavanais forment la population la plus représentée sur le plan du nombre et de l'influence politique. En tant qu'État unitaire etnation, l'Indonésie a su développer une identité commune en définissant une langue nationale appelée « indonésien » (qui est une des formes dumalais), et en respectant sa diversité et le pluralisme religieux au sein de sa majorité musulmane.
Malgré sa forte population et ses régions densément peuplées[2], l'Indonésie comporte de vastes zones sauvages, ce qui donne au pays une grandebiodiversité même si ce patrimoine régresse à cause d'activités humaines en forte augmentation.
L'archipel indonésien a porté différents noms dans le passé, comme « Indes orientales » sur cette carte de 1855.
Le nom « Indonésie » est unnéologisme tiré des motsgrecsIndos, signifiant « Indien », etnêsos, signifiant « île »[14]. Ce nom date duXIXe siècle, bien avant la formation de l'Indonésie indépendante[15]. En 1850, l'ethnologue anglais George Earl crée le terme « Indu-nesians » pour désigner les habitants des archipels indonésien etphilippin ainsi que ceux de lapéninsule de Malacca. Un de ses étudiants,James Richardson Logan, utilise le nom « Indonésie » comme synonyme d'« archipel indien »[16],[17]. Néanmoins, les universitaires néerlandais écrivant sur lesIndes orientales néerlandaises n'étaient pas très enclins à utiliser le nom « Indonésie ». Ils utilisent plus volontiers les termes d'« Archipel malais » (Maleische Archipel), « Indes orientales néerlandaises » (Nederlandsch Oost Indië raccourci parIndië),de Oost (« l'Est ») ou encoreInsulinde (terme introduit en 1860 dans le romanMax Havelaar deMultatuli où le colonialisme néerlandais est critiqué)[18].
À partir de 1900, le nom « Indonésie » est utilisé de manière commune par les universitaires aussi bien étrangers que néerlandais et également par les groupes nationalistes indonésiens[18].Adolf Bastian, de l'université de Berlin, popularisa le nom dans les milieux universitaires néerlandais à travers son livreIndonesien oder die Inseln des Malayischen Archipels, 1884-1894. Le premier Indonésien à utiliser le nom « Indonésie » est le journalisteKi Hajar Dewantara lorsqu'il établit un bureau de presse auxPays-Bas sous le nom d'Indonesisch Pers-bureau en 1913[15].
Datée entre 40 000 et 44 000 ans, une peinture figurative représentant un taureau, parmi les plus anciennes connues au monde, a été découverte dans la grotte de Lubang Jeriji Saléh, àSulawesi.
Des restes fossilisés d’Homo erectus, connus sous le nom d’homme deJava, suggèrent que l’archipel indonésien était peuplé il y a environ 2 millions d’années[19],[20],[21]. Plus tard, les fossiles d’Homo floresiensis (L'homme Hobbit), trouvés à Flores, datent d’environ 700 000 à 60 000 avant notre ère, tandis que l’Homo sapiens est arrivé vers 43 000 avant notre ère[22],[23],[24].Sulawesi etBornéo abritent les plus anciennes peintures rupestres connues au monde, datant de 40 000 à 60 000 ans[25],[26]. Des sites mégalithiques tels queGunung Padang à l’ouest de Java,Lore Lindu à Sulawesi, ainsi que Nias et Sumba à Sumatra reflètent les premiers établissements humains et leurs pratiques cérémonielles[27].
À l'époque de laglaciation de Würm, le niveau des mers est plus bas qu'aujourd'hui et la partie occidentale de l'archipel indonésien, qui fait partie duplateau continental appelé "Sunda", est à cette époque reliée au continent asiatique. L'Indonésie est alors le lieu de passage des migrations qui, de70000 à 40000 ansavant le présent, vont de l'Asie vers l'Australie. Plus tard, d'autres migrations ont lieu d'Australie vers ce qui est aujourd'hui la Nouvelle-Guinée, car les deux forment un plateau continental appelé "Sahul".
Les migrations de population delangues austronésiennes, qui forment la majorité de la population moderne, commencent vers2000av. J.-C. depuisTaïwan vers les Philippines. Vers1500av. J.-C., d'autres migrations austronésiennes commencent vers l'Indonésie et le Pacifique[28].
Borobudur, le plus grand temple bouddhiste du monde.La navigation et le commerce façonnèrent l'histoire de l'Indonésie (bas-relief à Borobudur réalisé aux alentours de l'an 800).
À la fin duXVIe siècle, une nouvelle puissance du centre de Java, leroyaume de Mataram, entreprend la conquête de ces cités portuaires musulmanes. Il oblige les cités côtières à détruire leur flotte et interdit le commerce maritime. Ce royaume se proclame l'héritier de Majapahit[37]. Sous Mataram s'épanouit une culture de cour dont les références continuent d'être les modèles représentés par les grandes épopées indiennes duMahabharata et duRamayana. Dans la partie orientale de Java, laprincipauté de Blambangan échappe au contrôle de Mataram et est vassale de Bali. Ces princes,hindouistes, seront contraints en 1770 de se convertir à l'islam par les Hollandais, soucieux de soustraire l'est de Java à l'influence balinaise[38]. AuXVIIe siècle, dans le nord de Sumatra, sous le règne d'Iskandar Muda, lesultanat d'Aceh entreprend la conquête des régions côtières de l'île, aussi bien de l'est sur le détroit de Malacca, que de l'ouest sur l'océan Indien. Dans l'est de l'archipel, sous lesultan Hasanuddin, leroyaume de Gowa, dont les souverains se sont convertis à l'islam en 1605, soumet l'une après l'autre chaque principauté du sud de Sulawesi.
Déclin des royaumes indonésiens et essor de la puissance néerlandaise
En 1596, l'explorateur néerlandaisCornelis de Houtman parvient avec une flottille àSumatra etBanten. Alors que les chroniquesorangistes font d'emblée de cette expédition le début de l'aventure hollandaise en Indonésie, les sources malaise et javanaise ne font pratiquement pas mention de cette rencontre qui offre peu d'intérêt de leur côté, ce qui souligne la vision européocentriste de ces expéditions[42]. En 1602, le parlementnéerlandais donne à laCompagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) le monopole des activités commerciales et coloniales en Indonésie, prenant ainsi à revers le pouvoir hispanique dePhilippeII d'Espagne sur son côté asiatique. À partir de 1605, ils expulsent les Portugais d'Ambon, desMoluques du Nord et desîles Banda[43]. Les Portugais restent établis auTimor oriental mais laissent aux Moluques une certaine influence culturelle (langue, arts). En 1619, la VOC établit son siège sur les ruines de Jayakarta à l’emplacement de l’actuelleJakarta qui avait été auparavant également un comptoir portugais. Elle nomme cette villeBatavia. La Compagnie prend le contrôle de la politique javanaise et combat lesultanat de Mataram et lesultanat de Banten. Elle parvient, contrairement aux Portugais, à contrôler le commerce d'épices dans l'archipel. Elle utilisa la division des petits royaumes javanais pour s'établir de manière permanente dans ce qui devint l'une des plus riches possessions coloniales du monde[44].
En 1800, la VOC est dissoute pour banqueroute. De 1808 à 1811,Herman Willem Daendels devient gouverneur-général desIndes orientales néerlandaises, nommé parLouis Bonaparte, roi de Hollande, et réforme l'administration coloniale. En 1811, les Britanniques occupent les Indes néerlandaises, presque pacifiquement, car les militaires néerlandais sur place, refusent la domination française du royaume des Pays-Bas, et l'Europe des Bonaparte. Le BritanniqueThomas Stamford Raffles devient lieutenant-gouverneur de Java de 1811 à 1814. En 1824, par letraité de Londres entre les Britanniques et les Néerlandais, le contrôle des territoires revendiqués au sud deSingapour revient aux Néerlandais. Lemonde malais se retrouve divisé en deux.
Entre 1825 et 1830, laguerre de Java met aux prises le gouvernement colonial avec une partie de l'aristocratie javanaise, dirigée par le princeDiponegoro. Celle-ci prend fin grâce à l'arrestation de Diponegoro. Les Hollandais peuvent alors mettre en place lecultuurstelsel, un système d'agriculture forcée orienté vers les cultures commerciales. Ce système enrichit considérablement les Pays-Bas. Les paysans indonésiens sont alors obligés,60 jours par an, de travailler pour le gouvernement. Le système sera aboli en 1870. En 1901, les Néerlandais lancent ce qu'ils nomment lapolitique éthique. Elle inclut des réformes politiques mineures et l'éducation des populations indigènes.
La paix à Java permet également aux Hollandais de soumettre progressivement les différentsÉtats princiers du reste de l'archipel, à Sumatra, dont notamment lesultanat d'Aceh, mais aussi à Bornéo et dans lesPetites îles de la Sonde. En 1908, la fin de la conquête deBali et de laguerre d'Aceh parachève la formation des Indes néerlandaises.
Contrairement aux autres puissances coloniales, les Néerlandais ont peu laissé d'héritage linguistique dans leur colonie, au point qu'actuellement pas un Indonésien sur dix mille ne pratique le néerlandais. Cependant certains mots néerlandais sont passés dans la langue indonésienne (comme « wortel » : carotte, du néerlandaiswortel, ou « koran » : journal, du néerlandaiskrant).
On considère que la création, cette même année, duBudi Utomo par de jeunes nobles javanais marque le début du mouvement national indonésien. Un « Serment de la Jeunesse » est prononcé en 1928, émettant le vœu de créer une patrie indonésienne. Le débarquement en 1942 desJaponais dans les Indes orientales néerlandaises en pleineSeconde Guerre mondiale est accueilli par la majorité du mouvement nationaliste avec l'espoir d'obtenir l'indépendance.
Le 8 décembre 1941, le Japon, État faisant partie de l’Axe, envahit l’Indonésie alors que les Pays-Bas sont envahis par l’Allemagne. D’après un rapport tardif de l’ONU, la politique d’occupation du Japon oblige4 millions d’indigènes à être employés dans des travaux forcés comme le « chemin de fer de la mort ». Quant aux colons néerlandais, métis ou autre ressortissants occidentaux, ils furent déportés dans des camps où le taux de mortalité était de 25 %. À la fin de la guerre, 10 % des 350 000 occidentaux (principalement Néerlandais) étaient morts[réf. nécessaire].
Les années 1950 sont marquées par de nombreuses rébellions séparatistes :Darul Islam pour la création d'un état islamique en Indonésie, la constitution de larépublique des Moluques du Sud, les mouvements de laPermesta àSulawesi du Nord et duPRRI àSumatra occidental. En 1955 se tiennent les premières élections parlementaires. En 1957, Soekarno dissout l'assemblée constituante issue des élections de 1955 et établit la « démocratie dirigée ». En 1955 se tient également laconférence de Bandung. L'Indonésie est un des plus fervents défenseurs du principe denon-alignement et d'indépendance dutiers monde. Soekarno est obligé de composer avec deux formations importantes dans les pays : lesforces militaires et leparti communiste indonésien (PKI)[49]. Au cours des années 1960 Soekarno infléchit sa politique vers le communisme en instituant le principe du Nasakom.
Soeharto prend le pouvoir en 1966 et le garde plus de30 ans.
Rapidement le parti communiste est interdit et les militants et sympathisants communistes massacrés de façon systématique. Le nombre de victimes desmassacres qui s'ensuivent est estimé entre 500 000 et3 millions de personnes[54],[55]. Plus d’un million de personnes sont détenues sans procès pendant des années, pour beaucoup torturées. Leurs familles et leurs descendants sont privés de droits politiques comme d’accès à l’université et à l’administration[56].
Les historiens interrogent la responsabilité du gouvernement américain, qui a fourni à l'armée indonésienne des listes de militants communistes. Les services secrets britanniques, qui menaient depuis des années une campagne de propagande et de désinformation en Indonésie pour déstabiliser le gouvernement de Soekarno, ont également encouragé l'armée indonésienne à procéder à l’extermination des militants communistes[57].
En, Soeharto force Soekarno, dont la force politique est affaiblie, à lui transférer le pouvoir. Celui-ci est nommé officiellement président en avec le soutien du gouvernementaméricain[58],[59],[60]. « Les massacres de 1965 ont marqué la naissance du régime de l’"Ordre nouveau”, explique la chercheuse Saskia Wieringa. En détruisant le PKI, le général Soeharto a considérablement affaibli le pouvoir du président Sukarno, proche des idées communistes et cofondateur du Mouvement des pays non-alignés, avant de prendre le contrôle de l’État[56]. »
Pendant les trente années suivantes, Soeharto exerce un pouvoir dictatorial. Les restes du PKI qui cherchent à se reconstituer en sont les premières victimes : en 1968-1969, dans la province de Purwodadi (Kabupaten de Grobogan, au centre deJava), deux cents villages « infectés » de communistes sont purgés par l'armée, sans doute au prix de 6 000 victimes environ. En décembre 1975, l'Indonésie envahit et annexe l'ancienne colonie portugaise duTimor oriental, soumettant la population locale à une terrible répression. Les massacres causent la mort d'environ 200 000 Timorais, soit le quart de la population du pays.
En 1997 et 1998, l'Indonésie est le pays le plus touché par lacrise économique asiatique[61]. Comme les autres pays asiatiques, l'Indonésie fait face à un afflux massif de capitaux étrangers[62] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie des pays[63].
En août 1999 se tient àTimor oriental un référendum proposant à la population du territoire une autonomie régionale dans le cadre d'un maintien dans la république d'Indonésie. Près de 80 % des votes refusent la proposition. Après25 ans d'occupation militaire par l'Indonésie qui fut marquée par la condamnation par la communauté internationale de la répression brutale qui y sévissait[66],[67], les Timorais de l'Est expriment leur souhait d'un détachement de l'Indonésie. Cette même année se tiennent les premières élections démocratiques d'Indonésie depuis 1955. Celles-ci voient la victoire d'Abdurrahman Wahid, destitué en 2001. Sa vice-présidente,Megawati Sukarnoputri, la fille de Soekarno, prend alors la présidence.
Le pays peine à se défaire de la corruption institutionnalisée qui prévalait sous le dictateur Soeharto et connaît encore de nombreuses affaires de corruption impliquant aussi bien les milieux d’affaires que les autorités[68].
Selon leCIA World Factbook, l'Indonésie est constituée d'approximativement 18 000 îles[3]. D'après des estimations du gouvernement indonésien en 2008, 922 d'entre elles sont habitées[69]. Elle s'étend des deux côtés de l'équateur. Les quatre plus grandes îles sontCélèbes,Sumatra,Kalimantan (partie indonésienne deBornéo) et laNouvelle-Guinée (partagée avec laPapouasie-Nouvelle-Guinée)[70]. L'Indonésie a des frontières terrestres communes avec laMalaisie sur les îles de Bornéo etSebatik, la Papouasie-Nouvelle-Guinée enNouvelle-Guinée et avec leTimor oriental sur l'île deTimor. L'Indonésie a des frontières maritimes avecSingapour, laThaïlande,Palaos, la Malaisie, lesPhilippines et l'Australie au sud.Jakarta est la capitale du pays, située sur l'île deJava. C'est la plus grande ville du pays, suivie parSurabaya,Bandung,Medan etSemarang[71]. Le gouvernement a annoncé en 2019 qu'il comptait installer la capitale dans une nouvelle ville (Nusantara) qui sera construite sur l'île deBornéo[72]. Les raisons invoquées sont la position plus centrale et le peu de risques naturels du nouvel emplacement, ainsi que la surpopulation et l'enfoncement dans les eaux de Jakarta.
Avec ses 1 919 440 kilomètres carrés, l'Indonésie est le16e plus grand pays du monde en superficie[73]. Sa densité de population est de134 habitants par kilomètre carré, ce qui la place au79e rang mondial[74], Java étant l'île la plus peuplée du monde[75] avec une densité de population de940 habitants par kilomètre carré. Avec 4 884 mètres d'altitude, lePuncak Jaya enPapouasie est le point culminant de l'Indonésie. Lelac Toba, à Sumatra, est le plus largelac volcanique avec une étendue de 1 145 kilomètres carrés. Les fleuves les plus longs du pays sont à Kalimantan, leMahakam et leBarito, qui servent de moyen de communication et de transport entre les différentes installations sur les rives des fleuves[76]. L'archipel est bordé à l'ouest par l'océan Indien et à l'est par l'océan Pacifique, et comprend en son sein des mers comme lamer de Java, lamer de Banda, lamer de Célèbes ou encore lamer des Moluques.
Par sa situation, l'Indonésie présente soit unclimat tropical, avec alternance desaison humide et desaison sèche, soit unclimat équatorial, sans variation ni de température, ni de pluviométrie, humide toute l'année. Les précipitations annuelles moyennes varient, à basse altitude, entre 1 780 et 3 175 millimètres jusqu'à, dans les régions montagneuses, 6 100 millimètres. Les régions montagneuses sont situées en particulier sur la côte ouest de Sumatra, l'ouest de Java, Kalimantan, Sulawesi et la Papouasie, et sont très arrosées. Le taux d'humidité est souvent très haut, avoisinant 80 %. La température moyenne varie peu au fil de l'année ; la température moyenne quotidienne à Jakarta varie entre 26 et30 °C[80].
L’Indonésie sera le pays le plus affecté par les inondations provoquées par leréchauffement climatique. LaBanque asiatique de développement estime qu'avant l’an 2050,42 millions de maisons indonésiennes seront envahies par les eaux et 2 000 îles seront submergées par la montée du niveau de l’océan. Ce processus est déjà en cours et force de nombreuxIndonésiens à l’exil[81].
L'Indonésie est divisée en une succession de quatre niveaux d'unités de gouvernement territoriales qui sont, en allant de la plus grande à la plus petite unité :
Espace très étendu et aux populations très variées, l'Indonésie est un État unitaire qui, en 1999, a accordé une certaine autonomie auxkabupaten (départements), qui sont par ailleurs des subdivisions des provinces. Ces dernières sont au nombre de 33 en 2007, 7 ayant été créées depuis 2000, généralement sur la base de spécificités culturelles et historiques. Les provinces d'Aceh, dePapouasie et dePapouasie occidentale ont reçu un statut d'autonomie spéciale qui leur donne une plus grande autonomie législative vis-à-vis du gouvernement central, par rapport aux autres provinces.
Jakarta étant fortement menacée par la montée du niveau de la mer sous l'effet duréchauffement climatique et par le pompage excessif des eaux souterraines, le gouvernement annonce en 2019 sa décision de transférer la capitale dans une autre ville,Nusantara[82].
D'après l’Agence française de développement (AFD) : « l’Indonésie est très exposée aux conséquences duchangement climatique, qui sont déjà présentes : hausse des températures, des précipitations, des inondations, élévation du niveau de la mer, glissements de terrain et sécheresse »[82].
La taille de l'Indonésie, sonclimat tropical, et le fait que ce soit un archipel, donnent au pays le statut de seconde zone debiodiversité du monde (après leBrésil)[86]. Safaune et saflore mêlentespèces asiatiques etaustralasiatiques[87]. Anciennement reliées à l'Asie, les îles deplaque continentale de Sunda (Sumatra, Java, Bornéo et Bali) possèdent une riche faune asiatique. De grandes espèces comme lestigres, lesrhinocéros, lesorangs-outans, leséléphants ou lesléopards étaient abondantes jusqu'à Bali à l'est du pays, mais le nombre et la répartition de ces espèces se sont fortement réduits. Lesforêts couvrent environ 60 % du pays[88].
ÀSumatra etKalimantan, les espèces prédominantes sont asiatiques. Néanmoins, les forêts des plus petites îles ou de celles plus densément peuplées commeJava, ont été largement remplacées par des zones d'habitation et d'agriculture. Sulawesi, Nusa Tenggara et les Moluques, ayant été séparées depuis plus longtemps des continents, ont développé une faune et une flore uniques[89],[90]. LaPapouasie, ancienne partie de l'Australie, est le lieu d'une faune et d'une flore uniques proches de celles de l'Australie, incluant par exemple plus de600 espèces d'oiseaux[91].
L'Indonésie est seconde après l'Australie en ce qui concerne le degré d'endémisme, avec par exemple 26 % des 1 531 espèces d'oiseaux ou 39 % des515 espèces demammifères étant endémiques[92]. Les 50 000 kilomètres de côtes de mers tropicales de l'Indonésie contribuent également au haut niveau de biodiversité du pays.
L'Indonésie abrite 47 grandsécosystèmes naturels distincts où sont répertoriées environ 17 % des espèces de la planète ;probablement 11 % des plantes à fleurs, 12 % des mammifères et 37 % des poissons[93]. Parmi ces écosystèmes, figure une grande variété d'écosystèmes maritimes et côtiers comme des plages, desdunes, desestuaires, desmangroves, desrécifs coralliens ou desvasières[94]. Le naturaliste anglaisAlfred Russel Wallace, décrivit une ligne de division entre la distribution des espèces asiatiques et australasiennes[95]. À l'ouest de cette ligne, connue sous le nom deligne Wallace, les espèces sont asiatiques, et à l'est, elles sont de plus en plus australiennes. Dans son livre de1869,The Malay Archipelago, Wallace décrit de nombreuses espèces uniques à cette région[96]. La région des îles se trouvant entre la ligne et la Nouvelle-Guinée est aujourd'hui appeléeWallacea[95].
La forte population et l'industrialisation rapide de l'Indonésie créent de nombreux problèmes environnementaux auxquels la priorité n'est pas donnée en raison de l'instabilité politique et du niveau de pauvreté du pays[98]. Les problèmes concernent entre autres ladéforestation massive (souvent illégale) et les feux de forêt causant l'apparition debrume sèche au-dessus de l'ouest de l'Indonésie, de la Malaisie et de Singapour. Ils concernent également lasurexploitation des ressources marines et les problèmes ayant trait à l'urbanisation et le développement économique rapides causant des problèmes depollution de l'air, d'embouteillages, de gestion des déchets et de retraitement des eaux usées[98]. Laperturbation écologique menace de nombreuses espèces indigènes dont140 espèces de mammifères répertoriées par l'UICN parmi lesquelles 15 sont en danger critique[99]. L'Indonésie compte aujourd'hui51 parcs nationaux[100].
Six millions d’hectares de forêts ont été perdus entre 2000 et 2012. D'après les ONG, la perte nette représente près d’un tiers de la forêt tropicale deSumatra. Les multinationales emploient essentiellement la méthode dubrûlis après avoir abattu les arbres. Cette technique sert à fertiliser rapidement de nouvelles terres. Seulement, cette méthode, pratiquée à l’échelle industrielle, génère une très grande pollution. En 2015, deux millions d’hectares sont ainsi partis en fumée, principalement surKalimantan (île de Bornéo), et Sumatra. Ce feu de forêt gigantesque a dégagé dans l’atmosphère 1,6 million de tonnes deCO2[101]. La capitale du pays, Jakarta, dépasse régulièrement de 4 ou5 fois les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé relatives à la pollution atmosphérique[102].
En comparaison de la période 2000-2013, l'Indonésie a perdu en moyenne 62 % de forêts de plus chaque année entre 2014 et 2016[103] Après la décision de laChine de cesser d’être la « poubelle du monde » en important les déchets plastiques des pays occidentaux, les importations de déchets plastiques en Indonésie ont augmenté de 56 % en 2018[104].
La population de l'Indonésie est estimée à plus de275 millions d'habitants en 2021[3]. L'Indonésie est lequatrième pays le plus peuplé du monde après la Chine, l'Inde et les États-Unis[105]. Il s'agit de la3edémocratie en nombre d'habitants[106]. En 2020,151 millions de personnes soit 56% des habitants de l'Indonésie vivaient surJava, l'île la plus peuplée du monde[75],[107]. En 2016, 25,4 % de la population était âgée de moins de15 ans[3]. L'indicateur de fécondité est de 2,14 enfants par femme de15 à 49 ans (2022)[108].
Sur la base de l'auto-déclaration, le recensement de 2010 dénombre plus de 600 groupes ethniques en Indonésie[109]. Les linguistes dénombrent plus de700 langues[110]. Le groupe le plus nombreux sont lesJavanais, qui représente 40 % de la population totale. Certains auteurs les décrivent comme politiquement et culturellement dominants[3],[111]. Viennent ensuite lesSundanais (16 %), lesMalais (4 %) et lesBatak (4 %). Il existe un sentiment national indonésien qui cohabite avec des identités régionales[112]. Les dernières années du régimeSoeharto et les premières années qui ont suivi sa démission en 1998 ont été marquées par des violences inter-religieuses et inter-ethniques. Ces dernières sont dues à l'installation dans certaines régions de populations originaires d'autres régions, soit de manière individuelle (comme les « BBM »,Bugis,Buton etMakassar originaires deSulawesi et établis auxMoluques), soit dans le cadre du programme detransmigrasi du gouvernement, dans le cas desMadurais deKalimantan occidental[113],[114],[115]. LesChinois sont souvent décrits comme une minorité très influente[116]. Ils passent pour contrôler la majorité des commerces privés et de la richesse du pays[117],[118]. Cette perception provoque un fort ressentiment envers eux et même des violences anti-chinoises[119],[120],[121],[122]. L'économiste indonésien George Aditjondro a démonté ce mythe[123].
Lenaturaliste britanniqueAlfred Russel Wallace avait noté la présence de « deux races très fortement contrastées [habitant] l’Archipel - les Malais [dans] la moitié occidentale […] et les Papous [en] Nouvelle-Guinée [dans] les îles adjacentes. Entre [les deux], on trouve des tribus qui sont aussi intermédiaires dans leurs caractéristiques principales »[124]. Aujourd’hui dans le monde scientifique, on ne parle plus de « race » à propos des humains mais de « phénotype ». Ainsi, des généticiens peuvent écrire que « phénotypiquement, les groupes dans l’ouest sont similaires à leurs voisins d’Asie du Sud-Est continentale, que les groupes orientaux près de la Nouvelle-Guinée sont similaires aux Mélanésiens et que les populations entre les deux ont une apparence intermédiaire »[125]. Ces mêmes généticiens, associés à d'autres, proposent un modèle de peuplement de l’archipel indonésien parHomo sapiens en quatre phases[126]. La première est l’arrivée d’H. sapiens il y a au moins quarante-six mille ans. La deuxième est constituée de migrations dechasseurs-cueilleurs depuis l’Asie continentale au début de l’Holocène il y a moins de onze mille ans, qui ont laissé des témoignages d’une culture duHoabinhien àSumatra. La troisième est l’arrivée d’agriculteurs delangue austronésienne venus du nord il y a environ trois mille ans. Enfin, la dernière phase concerne les mouvements liés aux échanges commerciaux, qui commencent sans doute dès leIVe siècle avant notre ̠ère avec l'Inde, et plus tard avec la Chine.
L'État reconnaît officiellement cinq religions : l'islam, lechristianisme, l'hindouisme, lebouddhisme et leconfucianisme[128]. En 2010, 87,2 % de la population se déclarait musulmane[3], ce qui fait de l'Indonésie le pays du monde comptant le plus de musulmans[129]. Cette même année, 7 % de la population se déclare protestante, 2,9 % catholique, 1,7 % hindouiste, 0,9 % autre (dont bouddhiste et confucianiste) et 0,4 % sans religion[3]. L'hindouisme est particulièrement présent sur l'île deBali[130]. La plupart des bouddhistes d'aujourd'hui sont des Indonésiens d'origine chinoise[131],[132]. Si l'hindouisme et le bouddhisme sont aujourd'hui deux religions minoritaires en Indonésie, elles ont eu beaucoup d'influence dans le passé et ont défini des aspects de la culture du pays[132]. L'islam est arrivé en Indonésie avec des marchands musulmans d'origine arabe, indienne et chinoise[133]. Il s'est lentement diffusé en suivant les routes commerciales[134]. Au terme de trois siècles, il était devenu la religion dominante dans l'archipel[134]. La religionchrétienne a été importée par l'Église catholique et les premiers colons missionnaires portugais[135]. Le protestantisme a lui été apporté par les missionnairesluthériens etcalvinistes néerlandais lors de la période coloniale[136],[137],[138]. L'islam d'Indonésie estsunnite, ce qui est un des éléments de compréhension - parmi d'autres, se reporter auparagraphe Politique étrangère ci-dessous - de l'alliance avec l'Égypte, l'Arabie saoudite et l'Otan. En Indonésie, la religion est souvent pratiquée de manièresyncrétique, influencée par les coutumes et les croyances locales, citons par exemple la fêtechiite duTabuik en paysMinangkabaus dans les deux provinces voisines deSumatra occidental etBengkulu, le christianisme chez lesBataks, et l'hindou-bouddhisme aux abords du montBromo[139],[140],[141],[142].
Lalangue officielle de l'Indonésie est l'indonésien (bahasa indonesia)[143]. Elle est enseignée dans les écoles et parlée par presque tous les Indonésiens. C'est la langue utilisée dans le commerce, la politique, les médias nationaux, l'école et les universités. C'est une forme dumalais, un groupe de langues très proches les unes des autres au point de permettre une certaine intercompréhension. La norme officielle pour l'indonésien est le malais deRiau. En réalité, l'indonésien a adopté de nombreux mots de différenteslangues régionales, notamment dujavanais mais aussi dusoundanais.
Le malais était lalingua franca dans l'archipel indonésien, comme en témoignent les Européens qui arrivent dans la région au début duXVIe siècle, notamment l'ItalienAntonio Pigafetta, qui accompagnaitMagellan dans son périple. Le malais était la langue que les Hollandais utilisaient pour s'adresser aux indigènes[144]. C'était aussi une des langues de l'administration à partir de 1865[145].
L'indonésien est toutefois distinct de ce malais véhiculaire. Il a été promu par les nationalistes dans les années 1920 et a été déclaré langue officielle en 1945.
L'indonésien se caractérise en fait par unediglossie dans laquelle on peut distinguer un niveau formel, que certains linguistes appellent « élevé », et un niveau informel, qualifié de « bas »[146]. Dans les situations de la vie courante, c'est le niveau informel qui est utilisé, mais il est déconseillé aux étrangers d'y recourir s'ils ne maîtrisent pas les deux niveaux de langues, car des impairs peuvent être commis. En outre, socialement, la difficulté est de comprendre à partir de quel moment on peut passer du registre formel à l'informel.
Par ailleurs, la plupart des Indonésiens parlent également l'une des langues parmi les plusieurs centaines de langues locales (bahasa daerah) existantes, souvent commelangue maternelle. Parmi ces langues, la plus parlée est lejavanais, suivie par lesundanais[3]. EnNouvelle-Guinée, il existe, en plus de ces langues, 500langues papoues ouaustronésiennes parlées.
Après la période coloniale, lenéerlandais reste parlé par quelques Indonésiens (30 000 locuteurs en 2007, souvent très partiels, et qui ne connaissent que quelques mots, souvent âgés de plus de65 ans). Deux créoles néerlandais presque éteints se sont également formés sur l'archipel : lepetjo (ou pecok) et lejavindo(en). Le néerlandais est aussi présent chez des citoyens néerlandais qui vivent en Indonésie, et qui ne sont pas des descendants de Néerlandais qui vivaient en Indonésie avant 1949: ce sont surtout des commerçants, ou des hommes d'affaires, et autres, dont des coopérants, dont les contrats de travail n'excèdent généralement pas 3 ou 5 ans de présence sur le territoire Indonésien, et les chiffres de ces ressortissants néerlandais sont très fluctuants, et changent d'une année à une autre.
L'anglais est de nos jours une langue bien plus courante que le néerlandais, et il est estimé qu'au moins 1 % des Indonésiens maîtrisent l'anglais en seconde langue, en 2018, ce qui fait plus de2 millions de locuteurs en langue seconde de l'anglais. L'anglais est une langue très utile pour les secteurs du tourisme, et du commerce.
En tout, il existe742 langues différentes en Indonésie dont certaines sont éteintes ou en voie de disparition[147].
Les jours fériés en Indonésie, en dehors de la fête de l'Indépendance, reflètent la diversité religieuse et culturelle du pays et le respect des coutumes de celles-ci, indépendamment de la taille de la population concernée.
Fêtes et jours fériés en 2009
Date
Nom
Jour de l'an
20 janvier
SatuMouharram (premier jour du mois deMuharram, nouvel an musulman)
Muharram (premier jour du mois deMuharram, nouvel an musulman)
Note : la date du nouvel an chinois est calculée sur lecalendrier chinois, celles duNyepi hindouiste et duWaisak sur le calendrierSaka et celles des fêtes musulmanes sur lecalendrier musulman, distincts ducalendrier grégorien. Elles varient donc d'une année sur l'autre.
Il n'y a pas de crèches publiques en Indonésie. Divers systèmes d'éducation publique des jeunes enfants existent en Indonésie dont des écoles maternelles (taman kanak-kanak) qui accueillent les enfants qui ont entre 4 et 6 ans[148]. L'école primaire (sekolah dasar) commence à l'âge de7 ans et dure6 ans. Les cours ont généralement lieu le matin. À l'école primaire succède un premier cycle secondaire de3 ans dans lessekolah menengah pertama. L'instruction estobligatoire jusqu'à la fin de ce premier cycle[149]. Le deuxième cycle ensekolah menengah atas, également d'une durée de3 ans, s'atteint après le passage d'un examen. Les élèves peuvent y suivre différents cursus : cours préparatoires pour l'université, formation professionnelle ou formation d'instituteur.
Avant le début de lacrise économique asiatique, le taux de scolarisation dans les écoles primaires était de 90 % mais il a chuté depuis[150]. L'école a beau être obligatoire, elle engendre des frais pour les familles (l'uniforme entre autres), ce qui empêche les plus pauvres d'y accéder[151]. Moins de la moitié des jeunes Indonésiens accèdent au cycle secondaire[151]. L'accès à l'université, publique ou privé, nécessite le passage d'un examen difficile[150]. Peu d'Indonésiens y accèdent. Les femmes représentent environ la moitié de la population universitaire[150]. Les frais de scolarité étant très élevés, celles-ci sont globalement concentrées sur Java[151].
Les cours de religion (agama) sont obligatoires dès l'école primaire. Ils correspondent à la religion de chacun, les musulmans étudiant par exemple l'islam et la languearabe[150]. Les écoles privées, dépendant généralement de mosquées ou d'églises, sont très prisées bien que chères, car le niveau d'enseignement y est plus élevé[151].
En2006, 17,2 % du budget de l'état était considéré à l'éducation, ce qui est moins que ce qui est prévu par la Constitution (20 %)[149],[152]. Le taux d'alphabétisation du pays est de 87,9 %[3]. Si l'école est obligatoire en Indonésie, letravail des enfants existe encore dans le pays (avec près de 700 000 enfants domestiques à Jakarta)[153].
Dans les grandes villes indonésiennes, il y a généralement des hôpitaux et des centres de soin publics ainsi que des cliniques privées. Dans les endroits reculés, ce sont lespuskesmas (de Pusat Kesehatan Masyarakat, ou Centre de Santé Populaire), qui accueillent les patients. L'accès aux soins est gratuit dans les centres publics mais pas les médicaments ou la nourriture durant la période des soins.
La qualité des soins dans le pays est dépendante de l'aide internationale. L’Organisation mondiale de la santé et le gouvernement ont mis en place une campagne de vaccination contre latuberculose qui tue 175 000 personnes par an[154]. L'Indonésie est le deuxième pays d'Asie ayant le plus grand nombre de nouveaux cas delèpre par an[155]. La propagation duSIDA y est actuellement très rapide[156]. Les problèmes d'eau potable et de qualité de l'air ont un effet très néfaste sur la santé[157]. Entre 2004 et 2007, des mesures importantes ont étémises en place contre la grippe aviaire.
Letabagisme est très répandu en Indonésie et pèse commercialement pour 1,2 % duproduit intérieur brut[158]. Les Indonésiens consacrent en moyenne 3,2 fois plus d'argent au tabac qu'aux dépenses de santé[158], entre autres pour l'achat des cigarettes locales : leskreteks aromatisés auclou de girofle.
La médecine traditionnelle a encore une place prépondérante dans la société indonésienne. Lamortalité infantile est élevée dans l'archipel (39/1000) même si une politique de formation desages-femmes a été mise en place[154]. L'espérance de vie en Indonésie est de63 ans[154].
L'homosexualité n'est pas criminalisée en Indonésie, à l'exception de la province d'Aceh[159]. Le mariage entre personnes de même sexe n'est lui pas autorisé.
Cependant, le gouvernement a introduit en 2022 une loi interdisant les relations sexuelles hors-mariage, rendant de fait les relations homosexuelles illégales[160].
Les différentsgroupes ethniques d'Indonésie possèdent chacun une riche tradition. Le régime deSoeharto s'est efforcé de construire des « cultures régionales » (kebudayaan daerah) sur la base des provinces[161]. Cette action créait des artifices comme la « culture du Java oriental », la « culture du Kalimantan oriental » ou la « culture du Sulawesi du Nord », sans tenir compte d'une réalité culturelle plus complexe. En effet, une même province peut abriter différentes cultures traditionnelles, comme au Java oriental, où on peut au moins distinguer, si l'on se limite au critère linguistique, une culture deBanten, une culturebetawi (Jakartanais « autochtones »), une culturesundanaise et une culture deCirebon. Inversement, une même culture peut couvrir plus d'une province, comme la culturemalaise, qu'on trouve dans les provinces de Sumatra du Nord, Riau et Jambi à Sumatra ainsi qu'à Kalimantan occidental et du Sud àBornéo.
Depuis la démission de Soeharto en 1998, diverses régions d'Indonésie essaient de promouvoir leur culture traditionnelle, en ne prenant plus comme référence le cadre administratif mais tout simplement le nom de lasuku (« ethnie »). Il existe ainsi maintenant des organisations comme l'Institut de la cultureminahasa, nom dans lequel se reconnaît un groupe de populations de la province de Sulawesi du Nord.
Certaines architectures sont néanmoins traditionnelles et n'ont été que peu influencées par l'extérieur : chez lesBataks, lesMinangkabaus, lesDayaks, lesTorajas ou encore lesDanis.
L'artisanat, à l'instar de l'art indonésien, reflète la diversité du pays. Certains auteurs distinguent les trois catégories suivantes[167] :
l'artisanat issu d'un art tribal dans lequel les ouvrages ont une dimension religieuse ;
l'artisanat de Java et Bali, mélange d'art bouddhique et d'art hindouiste ;
l'artisanat influencé par l'islam, qui a beaucoup influencé les arts locaux mais qui reste moins important étant donné que les représentations humaines et animales y sont interdites.
Il est plus simple de parler d'un artisanat traditionnel dans lequel les gens produisent les objets nécessaires à leur vie quotidienne, matérielle et spirituelle.
La forme artisanale la plus répandue d'Indonésie est celle du textile : l’ikat (tissage d'étoffes avec des motifs originaire de Nusa Tenggara mais répandu dans tout l'archipel), lesongket (étoffe de soie entremêlées de fils d'or et d'argent), letapis deLampung ou encore le fameuxbatik (dessin avec de la cire et de la teinture sur les étoffes) javanais. La poterie indonésienne est brute et naïve surLombok, très influencée par la céramique chinoise dans la région deSingkawang. Elle est très influencée par l'Occident et vernie sur Bali. Lavannerie est très développée sur Lombok et chez lesDayaks avec des techniques de tissage du rotin traditionnelles. Les Torajas pratiquent le travail des perles alors que chez les Dayaks et sur Lombok, on travaille lescauris, petits coquillages de grande valeur.
Lasculpture sur bois est également très répandue en Indonésie[167]. Ces sculptures avaient originellement pour but de protéger les maisons contre les mauvais esprits. Cette fonction est toujours présente. À Java par exemple, il existe un couple de figurines en bois, lesloro blonyo, qu'on expose lors d'un mariage à l'écart des mariés pour attirer sur eux les esprits malfaisants, ou à l'entrée d'une maison pour accueillir les visiteurs. ÀNias,Sumba, dans le paystoraja et dans les villagesngaju etdusun à Kalimantan, les statues de bois représentant les ancêtres participent encore pleinement à la vie religieuse des communautés[167]. Sur de nombreuses îles, des objets utilitaires sont sculptés en bois : des récipients enbambou à Sulawesi ou des bols en bois laqué à Sumatra par exemple. À Bali et Java en particulier, la fabrication de meubles ornés est très développée, notamment les meubles enteck (jati), très recherchés. Les masques en bois sculptés sont très fréquemment utilisés lors de rites communautaires ou dans le théâtre.
Le travail du bronze en Indonésie a été introduit par laculture Dong Son (VIIIe-IIIe siècle av. J.-C.])[167]. L'apparition du travail du fer est plus tardif, en partie en raison de la rareté du minerai local, essentiellement d'origine météorique. À Java et dans les autres îles de l'ouest de l'archipel, on fabrique deskriss, dagues d'apparat à la lame droite ou sinueuse richement travaillées. La région d'Aceh est spécialisée dans la bijouterie, surtout dans le travail de l'or. À Bali, les bijoux sont davantage en argent. Le quartier deKotagede àYogyakarta, à Java, est spécialisé dans la création d'argenterie et principalement, d'argenterie de table.
Le réalisateur indonésienNurman Hakim (g.) au festival du film asiatique de Vesoul en 2009.
Le premier film réalisé en Indonésie était unfilm muet,Loetoeng Kasaroeng, réalisé en1926 par les réalisateurs néerlandais G. Kruger et L. Heuveldorp[168]. Il fut tourné àBandung avec des acteurs locaux. Depuis lors, des centaines de films ont été produits par l'Indonésie[169]. Durant l'occupation japonaise, l'industrie cinématographique indonésienne a été réquisitionné comme outil depropagande. Le gouvernement deSoekarno, a utilisé le cinéma pour diffuser des messages nationalistes et anti-Occident. L'importation de films étrangers était illégale. Durant l'èreSoeharto, lacensure régissait la diffusion d'œuvres cinématographiques[170].
Dans les années 1980, le cinéma indonésien connaît son âge d'or avec entre autres le succès descomédies de laWarkop. Le début de l'import de films étrangers dans les années 1990 fit perdre une partie de leur succès aux films locaux. Le nombre de films locaux produits passa de 115 en 1990 à 37 en 1993[171]. L'essor de lacontrefaçon et de latélévision contribua également à ce déclin. Les films alors produits sont surtout desséries B pour adultes, desvidéofilms et destéléfilms.
Il existe quelques complexes cinématographiques en Indonésie ainsi que de nombreuses salles indépendantes. Le film étranger le plus célèbre se passant en Indonésie est le filmaustralienL'Année de tous les dangers dePeter Weir sorti en 1982.
Quand on parle de « danse indonésienne », il faut distinguer deux choses : les danses traditionnelles (religieuses, protocolaires, rituelles ou de cérémonies), qui sont propres à un groupe donné, et la danse au sens moderne, qui concerne l'ensemble de l'Indonésie.
Parmi les danses modernes, on trouve ledangdut et lepoco-poco. ÀBali comme à Java, les danses traditionnelles peuvent avoir une fonction religieuse mais aussi cérémonielle. Ainsi, lependet balinais ou lebedhaya javanais ont une fonction spirituelle[172],[173], alors que lelegong balinais ou leserimpi javanais ont un rôle cérémoniel[174],[175]. LesMinahasa du nord deSulawesi pratiquent des danses en partie d'origine européenne comme lekatrili ouquadrille et lapolineis oupolonaise, résultat d'une influence qui remonte à l'époque de la colonisation de l'archipel[176].
ÀJava, on reconnaît quatre écoles de danses de cour : celles dukraton deSurakarta, dukraton deYogyakarta, duPuro Mangkunegaran (cour princière « mineure » de Surakarta) et du Puro Pakualaman (cour mineure de Yogyakarta).
La danse est souvent mêlée au théâtre de marionnettes et à la musique dans les spectacles indonésiens[177].
La gastronomie indonésienne n'existe pas en tant que telle, il s'agit plutôt d'un ensemble de gastronomies régionales. L'influence des cuisines étrangères a fait changer la cuisine indonésienne au fil du temps. C'est tout d'abord lacuisine indienne qui l'a influencée, puis lacuisine chinoise. Enfin, ce sont les cuisinesespagnole etportugaise puis finalementnéerlandaise qui l'ont influencée. Elle est assez proche de lacuisine malaisienne[178],[179].
Le riz compose la base de la cuisine indonésienne[180]. Parmi les préparations indonésiennes les plus connues, on trouve lesaté, lerendang, lebakso ou encore leskrupuk. De nombreux ingrédients locaux agrémentent la cuisine indonésienne : lelait de coco, lepiment (sambal), lacacahuète (sauce saté), lesoja (tofu ettempeh). Les fruits locaux y sont consommés tels quels ou préparés : lemangoustan, leramboutan, le fruit dujacquier, ledurian et labanane.
Les Indonésiens consomment peu de porc (babi) étant donné la prédominance de la religion musulmane dans le pays. Les plats avec du poulet (ayam), du canard (bebek), du bœuf (sapi) ou du poisson (ikan) sont, eux, très communs.
Le théâtre indonésien traditionnel englobe les spectacles de danse scénarisée, lethéâtre masqué balinais et plus généralement lewayang.
Lewayang est un spectacle de marionnettes traditionnelles. Lewayang kulit est un théâtre d'ombre avec des marionnettes plates en cuir. Il a un aspect rituel et dure plusieurs heures (initialement toute une nuit) lors d'évènements importants : fête du village, mariages[181],[182]… Il est surtout présent sur Java. Lewayang golek est un spectacle de marionnettes en bois vraisemblablement apparu vers leXVIIe siècle dans les royaumes musulmans certainement sous l'influence chinoise[183].
À la suite du processus de démocratisation, un théâtre à l'occidentale commence à se développer dans le pays.
À la fin duXVIIIe siècle, la conversion à l'islam du dernier prince hindou deBlambangan sous la pression des Hollandais sépare Bali de Java[187]. À cette époque, la languejavanaise a déjà sa forme moderne. Les quelque70 années de paix relative qui sépare la fin des guerres de successions javanaises de laguerre de Java (1825-30) vont voir éclore dans les cours royales et princières un renouveau littéraire. Le monument littéraire de cette époque est laSerat Centhini, épopée mystique et paillarde de 200 000 vers écrite aux alentours de1814 à la demande d'un prince deSurakarta[188].
Dans l'ouest de Java, lesSundanais possèdent une littérature dans leur propre langue[189]. LesBugis et lesMakassar du sud deSulawesi ont une tradition littéraire surtout faite d'épopées, dont le célèbreLa Galigo (littérature Bugis) mis en scène parBob Wilson en2004.
Il existe des centaines de formes différentes de musique en Indonésie. Celle-ci est souvent utilisée pour accompagner le théâtre et la danse. La forme de musique la plus emblématique d'Indonésie est legamelan, un ensemble d'instruments de percussion métalliques, surtout présent sur Java[192].
ÀSurakarta, dans les années 1920, le kroncong et le gamelan ont fusionné pour former lelanggam Jawa[193]. Dans les années 1960, la culture musicale occidentale n'entre pas dans le pays et les cultures locales sont remises sur le devant de la scène.Gugum Gumbira modernise et popularise une musique locale, lejaipongan[194]. Dans les années 1970, influencé par lamusique filmi apparaît ledangdut dontElvy Sukaesih etRhoma Irama sont les célèbres représentants[195].
Avec la démocratisation, les genres musicaux occidentaux se développent dans le pays et se mêlent avec la musique locale, on voit ainsi apparaître lehip-hop indonésien —Iwa K étant le premier et plus célèbrerappeur du pays — ou encore le jazz indonésien dans lequel le groupeKrakatau a inséré du gamelan[196].Anggun est une des chanteuses les plus populaires du pays, la plupart de ses albums se classant régulièrement numéro 1 des ventes.
LeHeavy Metal est également très populaire en Indonésie (fait rare pour un pays à majorité musulmane) les sous-genreDeath Metal,Grindcore etGroove Metal étant les plus appréciés par les metalleux Indonésiens, l'archipel compte environ 1 500 groupes[réf. nécessaire].
Les loisirs indonésiens, à la suite de l'ouverture du pays, sont comparables aux loisirs occidentaux : loisirs culturels, sport, jeux vidéo ou encore la musique.
Lesjeux de société y ont néanmoins une part très importante. Hormis leséchecs, lebackgammon ou lemah-jong, l'Indonésie possèdent des jeux locaux dont le plus célèbre est lecongklak, un jeumancala. Il y a également en Indonésie une grande tradition decerfs-volants (layang-layang).
L'industrie des paris est également très développée par exemple, lors descombats de coqs, même si ceux-ci sont bien souvent illégaux.
Les sports sont populaires en Indonésie aussi bien au niveau de la participation que du nombre de spectateurs. Les deux sports les plus populaires en Indonésie sont lefootball et lebadminton[197].
Les équipes de football sont financés par des entreprises et les sportifs y jouant travaillent dans les dites entreprises pour compléter leurs salaires[197]. LaFédération d'Indonésie de football a été fondée en 1930, pendant l'époque coloniale néerlandaise. Lefootball australien y est également pratiqué.
En badminton, les Indonésiens ont remporté de nombreux titres comme 13Thomas Cups sur 24[197]. L'un des joueurs de badminton le plus célèbre du pays,Rudy Hartono, a remporté sept fois de suite lechampionnat All England. Le joueur indonésienTaufik Hidayat a remporté une médaille d'or aux JO en 2004, en simple monsieur. Il est considéré comme une légende en Indonésie.
D'autres sports classiques sont pratiqués en Indonésie, principalement letennis (plusieurs trophées d'Asie remportés), lepolo (pratiqué depuis l'époque coloniale) ou encore lacourse à pied[197]. Bali possède des spots desurf très prisés des surfeurs du monde entier.
Il y a de nombreux sports traditionnels encore pratiqués en Indonésie : l'art martial duPencak-Silat, lesepak takraw, les courses de taureaux (lespacu jawi dans le Sumatra occidental ; leskarapan sapi sur l'île de Madura) ou de canards volants (lespacu itiak dans le Sumatra occidental), les courses de bateau ou encore les concours decerfs-volants[197].
Les événements sportifs en Indonésie sont organisés par le comité national des sports appeléComité national des sports d'Indonésie (ou KONI). Le comité a décidé, avec l'appui du gouvernement une Journée nationale des sports le[197]. Des jeux nationaux, lesPekan Olahraga Nasional ont lieu tous les quatre ans. Le pays a organisé à deux reprises les Jeux asiatiques : la4eédition, en 1962 à Jakarta, et le18e édition, en 2018, àJakarta et àPalembang.
Laliberté de la presse dans le pays s'est considérablement améliorée avec la démocratisation du pays. Depuis1998, le nombre de publications a augmenté considérablement. Des centaines de nouveaux magazines, journaux ettabloids sont apparus.
Il existe également dix chaînes de télévision nationales qui concurrencent la chaîne d'ÉtatTVRI. Elles sont complétées par des chaînes régionales à travers tout le pays. Il en va de même pour la radio dont le service public estRadio Republik Indonesia. Des stations de diffusion pirates fleurissent également dans tout le pays.
Internet est relativement répandu en Indonésie par 24fournisseurs d'accès car c'est un moyen de communication efficace pour un archipel si morcelé.
Depuis le coup d’État militaire de 1965 toute propagation des idées communistes ou de leur représentation politique est interdite. Afficher des symboles comme la faucille et le marteau ou des images du révolutionnaire argentinChe Guevara peut conduire en prison. Des raids sont menés contre les librairies ou bibliothèques suspectées de contenir des ouvrages d'auteurs communistes[199].
Le président de l'Indonésie est lechef d'État, lecommandant en chef de l'armée indonésienne, le responsable du gouvernement, des prises de décisions et des affaires étrangères. Le président nomme le conseil des ministres, ministres qui ne sont pas nécessairement des membres élus de la législature. L'élection présidentielle de 2004 fut la première fois où le peuple a élu au suffrage universel direct le président et le vice-président[200]. Le président peut enchaîner au maximum deux mandats consécutifs de cinq ans.
Les gouverneurs de province, élus jusqu'en 2005 par les parlements provinciaux, sont désormais au fur et à mesure élus au suffrage direct.
Les préfets (bupati) sont élus par les assemblées départementales et les maires (walikota) par les assemblées municipales.
La plus haute structure représentative au niveau national est l'Assemblée délibérative du peuple (Majelis Permusyawaratan Rakyat abrégéMPR). Son rôle principal est d'appuyer et d'amender la constitution, d'introniser le président et de formaliser les grandes lignes de la politique nationale[201]. LeMPR comprend deux chambres[198] :
leConseil représentatif des régions (Dewan Perwakilan Daerah abrégéDPD), sorte dechambre haute dont les membres sont élus au suffrage direct pour cinq ans à raison de quatre par province ou territoire spécial. Le nombre total de membres du DPD (actuellement 136) ne peut pas dépasser le tiers de celui duDPR.
Les réformes menées depuis 1998 ont augmenté le rôle national duDPR au niveau gouvernemental. LeDPD s'occupe des questions régionales[202].
Au niveau desprovinces, deskabupaten (départements) et deskota (municipalités), il existe également des assemblées régionales (Dewan Perwakilan Rakyat Daerah) dont les membres sont également élus au suffrage direct pour cinq ans dans un système proportionnel.
La plupart des conflits civils sont résolus à la Cour d'État et les appels sont entendus à la Haute Cour. La plus haute autorité judiciaire est la Cour Suprême (Mahkamah Agung). Elle s'occupe des cassations et des révisions de cas. Parmi les autres cours, on peut citer la Cour de Commerce, qui s'occupe des problèmes de faillite et d'insolvabilité ; la Cour Administrative, qui s'occupe des cas légaux mettant en cause le gouvernement ; la Cour constitutionnelle qui débat de la légalité de la loi, des élections, des dissolutions de partis politiques et de l'envergure de l'autorité des institutions d'état ; et la Cour religieuse qui traite les cas religieux spécifiques[203].
Lapolice nationale indonésienne (Kepolisian Republik Indonesia) dépend directement du président de la République. Jusqu'en 1999, elle faisait partie des forces armées. Ses effectifs sont de 150 000 hommes dont un corps de 12 000 hommes, laBrigade Mobil (ouBrimob), organisé comme une unité militaire.
La petite délinquance est assez répandue en Indonésie malgré une loi qui autorise lapeine de mort à partir de faits tels que letrafic de drogue. L'administration pénitentiaire dispose de 527 prisons d’une capacité maximale théorique d’environ 90 000 détenus mais en accueille, début 2010, 132 000[207]. Le spectre duterrorisme plane sur le pays depuis le très médiatiséattentat de Bali de 2002.
Il existe unmouvement séparatiste enPapouasie occidentale. Ce territoire, anciennementNouvelle-Guinée néerlandaise, fut conquis par l'Indonésie en 1963. Des dizaines de milliers de Papous ont été tués par les forces de sécurité indonésiennes depuis les années 1960. Selon Usman Hamid, directeur d'Amnesty International Indonésie : « La Papouasie est l'un des trous noirs de l'Indonésie dans le domaine des droits humains. C'est la région où les forces de sécurité ont pendant des années été autorisées à tuer des femmes, des hommes, des enfants, sans craindre de devoir assumer la moindre responsabilité[208]. »
Le 21 juillet 2022,Human Rights Watch a déclaré que la majorité des provinces indonésiennes ainsi que de nombreuses villes ont des codes vestimentaires oppressifs et discriminants pour lesfemmes et lesfilles. Les témoignages directs de femmes indonésiennes - scolaires, enseignants, médecins et autres - ont confirmé les effets néfastes de ces règles[211].
Leparlement d'Indonésie a changé le 6 décembre 2022 lecode pénal sous prétexte qu’il était un héritage du droit colonial néerlandais[212]. Celui-ci est considéré comme un recul en matière de droits humains[213]. Il rend les relations sexuelles hors mariage passibles d’un an de prison et la cohabitation d’un couple non marié de six mois obligatoire afin de « protéger l’institution du mariage »[214]. Les relations homosexuelles sont en conséquence de facto interdites[215]. Il comprend également un élargissement de la définition dublasphème[216], déjà considéré comme un crime, et introduit celui d’apostasie. Enfin, il prévoit une peine de quatre ans de prison pour toute personne reconnue coupable de « propagande marxiste oucommuniste »[217].
Évolution du PIB réel par habitant d'Indonésie.Un attelage de deuxbuffles d'eau labourant les rizières de Java. L'agriculture est le secteur ayant le plus d'employés depuis des siècles.
En 2016, les principaux marchés d'exportation de l'Indonésie étaient les États-Unis (19,5 milliards de dollars), la Chine (18,6 milliards), le Japon (17,5 milliards), Singapour (13,3 milliards) et l'Inde (11,3 milliards)[223]. L'Indonésie importe principalement depuis la Chine (31 milliards), Singapour (15,1 milliards), le Japon (12,1 milliards), laThaïlande (8,46 milliards) et laMalaisie (7,17 milliards)[223]. En 2016, labalance commerciale de l'Indonésie était excédentaire de29 milliards de dollars américains avec165 milliards à l'export et136 milliards à l'import[223]. Le pays possède d'importantes ressources naturelles depétrole brut,gaz naturel, d'étain, decuivre et d'or. L'Indonésie importe principalement de l'équipement et des machines, des produits chimiques, de l'essence et des denrées alimentaires[3]. En 2025, l'Indonésie est classée en55e position depuis la66e position en 2023 pour l'indice mondial de l'innovation[224],[225].
Jakarta, capitale et le centre économique de l'Indonésie.
Dans les années 1960, l'économie se détériora à cause de l'instabilité politique et d'un gouvernement encore inexpérimenté fraîchement mis en place, ce qui provoquapauvreté etfamine[226]. Après la chute deSoekarno au milieu des années 1960, l'administration qui fut mise en place parSoeharto, composées d'Indonésiens instruits aux États-Unis, remit le pays sur les rails de la croissance économique. Letaux d'inflation diminua fortement et laroupie indonésienne (rupiah) se stabilisa. Les règlements de ladette extérieure furent redéfinis. Grâce à cela, l'investissement et les aides étrangères devinrent plus importants[226]. La hausse des prix du pétrole dans les années 1970 permit au pays d'atteindre des taux de croissance très élevées (variant autour de 7 % de 1968 à 1981)[226]. À la suite des réformes entreprises pour accroître la compétitivité économique du pays vers la fin des années 1980, l'investissement étranger en Indonésie augmenta énormément dans le secteur de l'industrie et ainsi, entre 1989 et 1997, l'économie indonésienne s'améliora de 7 %[226],[227].En 1997 et 1998, l'Indonésie fut le pays le plus touché par lacrise économique asiatique. Le dollar américain passa de l'équivalent de 2 000rupiah a 18 000 et l'économie s'effondra de 13,7 %[227]. Puis la monnaie se stabilisa et un dollar s'échangea finalement contre 10 000rupiah, ce qui était la marque lente mais significative d'une relance économique. L'instabilité politique qui s'ensuivit ainsi que la corruption de masse contribuèrent à la sporadicité des signes de relance[228],[229].Transparency International plaça l'Indonésie143e sur180 pays dans sonindice de perception de la corruption[230]. Cependant, la croissance du PIB dépassa 5 % en 2004 et 2005 et les prévisions attendent l'augmentation de chiffre[231]. Lechômage reste néanmoins élevé et la croissance a peu d'impact sur celui-ci[229],[232]. La stagnation des bas salaires ainsi que la hausse des prix du pétrole et du riz ont accru les niveaux de pauvreté du pays[229]. En 2006, il fut estimé que 17,8 % de la population vivait en dessous duseuil de pauvreté et 49 % vivait avec moins de 2 $ par jour[233]. Letaux de chômage atteignait en2008, 9,75 % de la population active[234].
L'oligarchie née sous le régime de l'Ordre nouveau s'approprie l'essentiel des fruits de la solide croissance économique indonésienne. En 2017, un rapport d'Oxfam situe l'Indonésie au sixième rang des pays les plus inégalitaires ; les 1 % les plus fortunés détiennent 49 % des richesses. À travers le contrôle des médias et le financement des partis, ces oligarques exercent une influence considérable sur la vie politique[235].
En octobre 2020, une loi est approuvée par le Parlement, destinée à attirer les investisseurs étrangers en Indonésie. Cette loi entraîne la perte de certains acquis sociaux, facilite les licenciements, réduit les indemnités de licenciements et augmente le nombre d'heures supplémentaires. En outre, selon les associations pour la protection de l’environnement, en assouplissant la législation environnementale elle pourrait aboutir à une « déforestation sauvage ». Les syndicats de travailleurs et les écologistes organisent des manifestations, ce qui aboutit à des affrontements avec la police et à des centaines d'arrestations[236],[237].
Le pays s'est lancé dans les années 2020 dans plusieurs projets d'intégration de la transformation de ses matières premières. Cela s'est traduit par la création de deux parcs industriels auxMoluques et sur l'île deCélèbes. Ces projets sont axés notamment sur la production d'acier inoxydable, de batteries électriques et de véhicules[238].
En 2002, le réseau routier de l'Indonésie faisait au total 368 360 kilomètres, dont 213 649 kilomètres avec un revêtement[3].
Letransport ferroviaire en Indonésie est concentré sur l'île de Java qui possède deux lignes principales qui traversent l'île d'ouest en est et plusieurs lignes secondaires[242],[243].
Quant au transport maritime, l'entreprise d'ÉtatPelni (Pelayaran Nasional Indonesia ou Compagnie de Navigation Nationale d'Indonésie) exploite vingt-six navires qui desservent des routes et des destinations dans l'archipel[244].
Plage aménagée deJimbaran àBali. L'île attire les touristes du monde entier[245].
Le tourisme est une activité économique importante pour l'Indonésie. En 2014, il représentait 3,2 % duPIB du pays et soutenait directement environ 3 326 000 emplois (2,9 % de l'emploi total)[246].
Les campagnes touristiques internationales ont été concentrées largement sur l'aspect « destination paradisiaque » avec pour vitrine le sable blanc des plages et le ciel toujours bleu et éclatant[247],[248]. Les stations balnéaires et hôtelières se sont développées dans quelques îles indonésiennes avecBali comme destination principale[249]. Riche en diversité biologique, l'Indonésie offre un gros potentiel naturel qui comble notamment les plongeurs[250].
Le tourisme culturel représente aussi une partie importante de l'industrie touristique du pays[251],[252]. Le paystoraja et le paysminangkabau attirent les amateurs de dépaysement culturel[253],[254] tandis que les temples deBorobudur etPrambanan sur Java par exemple attirent les passionnés d'histoire ou de spiritualité[255].
Le tourisme commercial est également en expansion : de grands centres commerciaux ont vu le jour pour accueillir des touristes recherchant des lieux deshopping à prix raisonnables[256].
En 2010,7 millions de touristes étrangers ont visité l'Indonésie[257]. Ces chiffres sont à comparer à ceux des touristes indonésiens qui visitent l'étranger, dont le nombre était de 5,3 millions et qui ont dépensé 5,7 milliards de dollars en 2008[258].
↑BagyoPrasetyo,Megalithic: A phenomenon that flourished in Indonesia, Jakarta, Pusat Penelitian Arkeologi Nasional,(ISBN9786020818252,lire en ligne),p. 61
↑Murray P. Cox, Tatiana M. Karafet, J. Stephen Lansing, Herawati Sudoyo, Michael F. Hammer, "Autosomal and X-linked single nucleotide polymorphisms reveal a steep Asian–Melanesian ancestry cline in eastern Indonesia and a sex bias in admixture rates",Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, Vol. 277 (1687), 22 mai, 2010,p. 1589-1596.
↑Tatiana M. Karafet, Brian Hallmark, Murray P. Cox, Herawati Sudoyo, Sean Downey, J. Stephen Lansing, Michael F. Hammer, "Major East–West Division Underlies Y Chromosome Stratification across Indonesia",Molecular Biology and Evolution 27(8), 2010,p. 1833–1844.
↑Indonésie : Constitution du 18 août 1945 : « L'État garantit à chacun la liberté de choisir sa propre religion et d'en exercer les devoirs selon ses dogmes et ses croyances. ».
↑RuthMcVey, "Nation versus state in Indonesia",in Damien Kingsbury, et Harry Aveling,Autonomy and Disintegration in Indonesia, 2003,p. 11-27
↑Scott Paauw, "One Land, One Nation, One Language: An Analysis of Indonesia’s National Language Policy",University of Rochester Working Papers in the Language Sciences, 5(1), 2009,p. 2-16
↑Franck Michael, « Bali (Indonésie) : le patrimoine culturel contre ou avec le développement touristique ? Un paradis en sursis et le risque d’un tourisme de luxe non maîtrisé »,Études caribéennes,no 20,(lire en ligne).