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Dans lelangage courant, unindividu désigne unepersonne, mais le terme peut avoir desacceptions sensiblement différentes suivant lesdisciplines.Le terme vient dulatinindividuum, « ce qui est indivisible »[1]. Son équivalent provenant dugrec estatome, le mot individu désigne actuellement, selon leDictionnaire de l'Académie française, « une unité organisée ». La notion de l'individu tire son origine de celle du sujet distinct, en tant que personne ayant un corps- identité unique. Parmi ses caractéristiques principales sont l'autonomie et la réflexion, combinées à une conception de l'action, où l'individu est en interaction avec un monde qui lui est extérieur[2].
Enstatistique, un individu, un type est un élément d'unensemble, généralement appelé « population », dont on mesure (ou observe) la valeur qu'il a pour la variable étudiée. Pour une étude sur les catégories professionnelles, un individu observé peut être, par exemple, « unenseignant », « unmédecin », « unsecrétaire », etc.
L'individu est aussi une notion centrale en matière dedroit puisque le droit est relatif à celui-ci. L'individu social (dans un sens commun) peut alors être unepersonne morale, qui n'est pas représentative d'unepersonne physique. Mais la définition stricte du mot (et son applicabilité aux personnes morales) dépend deslois de chaquenation.
En droit international, le terme d'individu doit être exclusivement réservé aux personnes physiques selon l'ONU.
Dans le règne du vivant, l'individu est la plus petite unité (appartenant à une variété, uneespèce, ungenre, etc.).
Dans le cycle de reproduction, c'est unspécimen vivant (ou ayant vécu) issu d'une seule cellule.
Engénétique, c'est une unité d'information génétique.
L'individu biologique possède deux caractéristiques essentielles[3] :
il est original : il n'existe pas deux individus totalement identiques ;
il est solidaire : toutes ses parties sont interdépendantes et coopèrent à la vie de l'ensemble (ce fait peut amener à assimiler les sociétés à des êtres vivants).
Enmétaphysique, il désigne l'être, et le terme est alors une notion associée à des questionnements dans des disciplines philosophiques, comme l'ontologie.
Les intérêts de l'individu pouvant être atteints par autrui, ces capacités lui donnent généralement (suivant lecontexte social etmoral) l'accès à des droits moraux fondamentaux, tel que (entre autres) le droit à rester en vie, le droit à ne pas souffrir, ou à mourir dans la dignité.
Dans la philosophie existentialiste deJean-Paul Sartre etAlbert Camus l'homme est surtout une individualité par rapport à une nature étrange dans sa généralité. L'homme est donc une unité solitaire perdue dans le monde.
Historiquement, se considérer comme un « individu » n'est pas une réalité qui s'est retrouvée à chaque époque ni dans chaque culture. La notion d'individu inclut une vision de l'humain comme étant autonome et indépendant. Dans certaines cultures les gens se considèrent au contraire comme interdépendants et liés les uns aux autres. Par exemple, durant l'époqueféodale en Europe, les gens se considéraient comme des « sujets » et non comme des individus. Aussi, ils s'exprimaient davantage à la première personne du pluriel (« nous ») qu'à la première personne de singulier (« je »).
Pour la sociologie d'orientation marxiste, l'individu salarié est déterminé par sa classe sociale. Seul, il est subordonné aux pouvoirs de ses employeurs ou de l'État ; en collectif, il acquiert une force de résistance, d'opposition ou de proposition. Mais dans la société contemporaine où la conflictualité des classes sociales s'est amoindrie, l'ancienne identité sociale de l'individu se trouve fragmentée dans des particularités multiples. C'est ce qu'on nomme parfois l'individumulticartes. Sous le termed'egogestion, le sociologueJacques Guigou a analysé ces particularités de tous ordres dont se réclame l'individu, qui conduisent à l'individualisme et qui affectent aujourd'hui son unité.
Edgar Morin consacre le cinquième tome (L'Humanité de l'humanité, L'Identité humaine) deLa Méthode, à la question de la trinité humaine : Individu - Société - Espèce.
La notion d'individu est au centre de plusieurs champs anthropologiques, sans toutefois en constituer un à part entière. L'anthropologie a pour tendance de relier les individus à la société dans laquelle ils évoluent et à son contexte global, dans une vision d'interaction et de « co-construction » de ces niveaux. Des auteurs comme Corcuff, Le Bart et de Singly[6] cherchent donc à aller plus loin que la traditionnelle opposition entre individu et société. Le développement historique de la notion d'individu est explorée, tel que le propose Elias[7], qui stipule que c'est « surtout à partir de la Renaissance, que serait apparue la conscience d’unmoi pourvu d’une intériorité; cette conscience nouvelle aurait alors entraîné, dans une perspective à vrai dire européocentrée, une« prédominance de l’identité du moi sur l’identité du nous »[2]. Aussi, dans une perspective paléoanthropologique et tirant sur la neurologie, l'hypothèse de la dépendance au groupe pour le développement du cerveau est émise par des chercheurs comme Ansermet et Magistretti[8]. Ceux-ci avancent que l'organisation sociale et la culture sont des éléments nécessaires à l'activation et à la réalisation des capacités neuronales des individus, ce qui constitue un autre argument en faveur de l'étude des individus et des sociétés comme imbriqués ensemble, et non dissociés.
Une théorie défendue parMiguel Benasayag est celle de l'individu séparé du groupe sous l'effet d'un mécanisme « social ». La personne (qu'il oppose à l'individu comme étant liée socialement) travaille à se couper des autres sous la pression sociale, ce qui favorise certains mécanismes qui reposent sur un ressenti individualiste de chacun. Un exemple est la façon dont le regard sur un SDF glisse d'un choc premier vers une certaine habitude, et cette façon de se couper de l'autre pour ne pas ressentir sa souffrance renforce un fonctionnement égoïste de la société.
Cecomportement est d'autant plus inhumain dans l'actuelle société occidentale qu'elle développe tout un environnement culturel destiné à valoriser les qualités individuelles.François Flahault[9] montre par d'autres exemples les raisons culturelles qui conduisent à de telles discordances allant à l'encontre desliens sociaux établis par les individus pour faire face à leur condition humaine.
↑P. Corcuff, C. Le Bart et F. De Singly,L’individu est également aujourd’hui. Débats sociologiques et contrepoints philosophiques, Rennes,Presses universitaires de Rennes,
↑Elias, N.,La société des individus, Paris,Fayard, 1991 1987