Le concept du développement humain est plus large que ce qu'en décrit l'IDH. Ce n'en est qu'un indicateur, créé par lePNUD en 1990 pour évaluer ce qui n'était mesuré auparavant qu'avec imprécision. L'indicateur précédemment utilisé, lePIB par habitant, ne donne pas d'information sur lebien-être individuel ou collectif, mais n'évalue que la production économique. Il présente des écarts qui peuvent être très importants avec l'IDH[1]. L'IDH a été créé à l'origine par l'économisteindienAmartya Sen et l'économistepakistanaisMahbub ul Haq[2]. Pour Sen comme pour le PNUD, le développement est plutôt, en dernière analyse, un processus d'élargissement du choix des gens qu'une simple augmentation du revenu national. Notons enfin qu'il existe un indice dérivé de l'IDH, le GDI (Gender-related Development Index), qui prend en compte les disparités liées au sexe, soit les différences de situation de vie entre les hommes et les femmes d'un pays considéré.
La formule de calcul de l'IDH a été modifiée en 2010.
Dans leRapport sur le développement humain de 2010, l'indice de développement humain ajusté selon les inégalités (IDHI) a été introduit. Bien que l'IDH reste utile, il mentionne que « l'IDHI est le niveau réel de développement humain (tenant compte des inégalités) » et que « l'IDH peut être vu comme un indice de développement humain « potentiel » (c'est-à-dire le niveau maximum d'IDHI qui pourrait être atteint en l'absence d'inégalités) »[3].
L'IDH est unindice composite, sans dimension, compris entre 0 (exécrable) et 1 (excellent). Il est calculé par la moyenne de trois indices quantifiant respectivement[4] :
lasanté /longévité (mesurées par l'espérance de vie à la naissance), qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des besoins matériels essentiels tels que l'accès à unealimentation saine, à l'eau potable, à unlogement décent, à une bonnehygiène et auxsoins médicaux. En 2002, la Division de la population des Nations unies a pris en compte dans son estimation les impacts démographiques de l'épidémie dusida pour 53 pays, contre 45 en 2000 ;
lesavoir ouniveau d'éducation. Il est mesuré par la durée moyenne de scolarisation pour les adultes de plus de 25 ans et la durée attendue de scolarisation pour les enfants d'âge scolaire. Il traduit la satisfaction des besoins immatériels tels que la capacité à participer aux prises de décision sur le lieu de travail ou dans la société ;
leniveau de vie (logarithme du revenu brut par habitant enparité de pouvoir d'achat), afin d'englober les éléments de la qualité de vie qui ne sont pas décrits par les deux premiers indices tels que la mobilité ou l'accès à la culture.
La composition et la méthodologie pour établir cet indice sont susceptibles d'être revues tous les ans, et donnent lieu à l'établissement d'une note permettant de comprendre ces variations. Ainsi, le premier indice tenait compte du niveau d'alphabétisation. D'autre part, la composante du niveau de vie était initialement représentée par le PIB par habitant. Cette composante a évolué au fil du temps, pour devenir le revenu brut par habitant en parité de pouvoir d'achat, et était plafonnée à 40 000 euros. Ce plafond, dépassé par 13 pays en 2007, a été supprimé.
Le PNUD indique que les données sur l’espérance de vie à la naissance sont fournies par le Département des Affaires économiques et sociales de l’ONU, les années de scolarisation moyennes par Barro et Lee (2010), les années de scolarisation escomptées par l’Institut de statistique de l’UNESCO et le RNB par habitant de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
L'IDH est toujours publié avec un certain retard, car calculé à partir de chiffres généralement collectés deux ans plus tôt. L'IDH 2004 utilisait ainsi des chiffres de 2002, pour 175 pays membres de l'ONU, plusHong Kong,Taïwan (République de Chine) et lesterritoires palestiniens. C'était la première fois que leTimor oriental etTonga faisaient l'objet du calcul de l'IDH. Les informations comparables, crédibles ou disponibles sur les quatre composantes de l’IDH manquent pour quelques pays (16 en 2003).
Initialement fondé sur unemoyenne arithmétique, l'IDH se fonde aujourd'hui sur unemoyenne géométrique. L'objectif est d'éviter qu'un très mauvais score sur l'une des composantes de l'indice puisse être intégralement compensé par un bon résultat sur une autre des composantes. Par ailleurs, le calcul du niveau de vie est désormais calculé à partir d'unlogarithme naturel, le PIB par habitant a été remplacé par le revenu national brut par habitant[5] ajusté en parité de pouvoir d'achat, et déplafonné. L'ensemble des formules est publié sur le site du PNUD.
Comme ceux-ci ont des unités différentes et devront être agrégés par la suite, ils sont ramenés à des indices entre 0 et 1 grâce à des valeurs minimales et maximales fixées. La valeur maximale peut être vue comme un objectif à atteindre pour tous les pays. Ces valeurs sont définies d'après des observations historiques et empiriques (non détaillées ici, mais disponibles dans les notes techniques desrapports sur le développement humain). Le tableau suivant indique ces valeurs pour les sous-indices de l'IDH.
Définition des valeurs minimales et maximales pour le calcul des sous-indices
Indice
Mesure
Valeur minimale
Valeur maximale
Longévité
Espérance de vie à la naissance (en années)
20
85
Niveau d'éducation
Durée attendue de scolarisation (en années)
0
18
Durée moyenne de scolarisation (en années)
0
15
Niveau de revenu
Revenu national brut par habitant (en PPA en $ de 2017)
100
75 000
Une fois que les valeurs minimales et maximales sont définies, les sous-indices sont ramenés entre 0 et 1 avec la formule :
Le sous-indice relatif à l'éducation est composé de deux indicateurs : la durée attendue et la durée moyenne de scolarisation. L'équation ci-dessus est appliquée à chacun de ces deux indicateurs séparément. Lamoyenne arithmétique des deux résultats est ensuite calculée pour obtenir. L'emploi de la moyenne arithmétique permet de donner délibérément le même poids aux deux indicateurs.
Chaque indice dimensionnel servant d’indicateur des capacités dans la dimension correspondante, la fonction permettant de convertir le revenu en capacités est susceptible d’avoir une forme concave (Anand et Sen 2000). Dans le cas du sous-indice relatif au revenu, lelogarithme népérien des valeurs minimales et maximales employées est donc utilisé.
Une fois que les trois sous-indices, et ont été déterminés grâce à l'équation précédente, l'IDH peut être calculé avec la moyenne géométrique de ses sous-indices :
Revenu national brut par habitant (en PPA en $ de 2017)
3 829
Note : les valeurs du tableau sont arrondies, ce qui peut engendrer des résultats légèrement différents dans les calculs ci-dessous (qui donnent les résultats officiels obtenus par lePNUD).
Les trois sous-indices sont calculés séparément :
Longévité
L'indice de longévité () utilise simplement la formule du sous-indice précitée.
.
Niveau d'éducation
L'indice d'éducation () comprend deux composantes (durées attendue et moyenne de scolarisation), chacune étant calculée avec la formule précitée :
.
.
L'indice d'éducation en est la moyenne arithmétique :
.
Niveau de revenu
L'indice du revenu () utilise également la formule précitée mais avec lelogarithme népérien :
.
Indice de développement humain
L'indice de développement humain (IDH) vaut donc :
EnCôte d'Ivoire, l'espérance de vie à la naissance est EV = 41,2 ans, les taux d'alphabétisation et scolarisation TA = 49,7 % et TBS = 42 % et le produit intérieur brut par habitant PIB = 1 520 dollars en parités de pouvoir d'achat. Les indices composant l'IDH sont :
Le PNUD établit à chaque rapport sur le développement humain unclassement des pays suivant l'IDH. Les classements et chiffres de l'IDH de précédents rapports ne peuvent pas être comparés entre eux ou avec les chiffres actuels[8]. En effet, l'indice repose sur des données d'organismes nationaux ou internationaux qui sont souvent révisées. Ainsi, pour permettre de suivre l'évolution et de comparer les IDH au fil du temps, le PNUD recalcule leschiffres depuis 1990 à chaque rapport et « invalide » alors les précédents.
L'IDH a le défaut de tous lesagrégats : il suppose que ses composantes sontcommensurables. C'est-à-dire que, par exemple, une augmentation de l'espérance de vie serait substituable à une augmentation de la production marchande. « Tous les choix de pondérations utilisées pour construire cet indicateur (et les autres similaires) reflètent des jugements de valeur qui ont des implications sujettes à controverses : par exemple, ajouter le logarithme du PIB par tête au niveau de l'espérance de vie donne implicitement 20 fois plus de valeur à une année supplémentaire d'espérance de vie aux États-Unis qu'en Inde.
Plus fondamentalement, étant fondées sur des moyennes nationales, ces mesures ignorent la corrélation significative entre les différents aspects de la qualité de vie parmi les gens, et ne disent rien sur la distribution des conditions individuelles dans chaque pays. En conséquence, l'indice combiné ne changerait pas si les performances moyennes dans chaque domaine restaient les mêmes alors que la corrélation des conditions individuelles entre domaines déclinait[9]. »
Pour pallier ce problème, le PNUD a mis en place dès 2006 des séries permettant de différencier l'IDH au sein d'un pays par tranches de population : les premiers IDH désagrégés ont concerné 13 pays en voie de développement, aux côtés des États-Unis et de la Finlande[10].
D'autre part, le mode de calcul des indices élémentaires est assez discuté. Ainsi, le choix du log du RNB par habitant a pour effet de minorer considérablement les écarts de richesse. Toutefois, pour le PNUD l'utilisation de log permet d'atténuer l'impact de ce revenu, qui selon lui a moins d'impact au fur et à mesure qu'il progresse[11].
Enfin, par rapport à la vision initiale d'Amartya Sen, qui définit le développement comme processus d'expansion des libertés, l'absence de prise en compte des libertés publiques dans l'IDH est un défaut sérieux, d'autant que des indices de libertés publiques construits par des centres de recherche existent.
(en)Human Development Data -Le site des données statistiques officielles sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) n'est plus qu'en anglais.