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Impérialisme

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Pour les articles homonymes, voirImpérialisme (homonymie).

L'impérialisme ouexpansionnisme est une stratégie etdoctrine politique de conquête, visant la formation d'unempire ou d'une domination. Elle peut s'appuyer sur une justification historique, sur lenationalisme ou l'idée d'une menace extérieure comme dans le cas de l'eurasisme, ou encore sur l'idée d'unemission civilisatrice comme dans le cas des anciens empires coloniaux européens.

PourJohn Atkinson Hobson, la nouveauté dans l'impérialisme de la fin duXIXe siècle et du début duXXe siècle, c'est qu'il n'est plus lié à l'idée d'un empire couvrant le monde connu, comme c'était le cas dans le cadre de laPax Romana[1]. Au contraire, à la suite de la montée dunationalisme auXIXe siècle, cet impérialisme donne lieu à une lutte entre empires concurrents[1] (Empire allemand,Empire britannique,Empire russe, Empire français…).

Sur le plan économique, l'impérialisme est alors de natureprotectionniste et s'oppose aulibre-échange. Par ailleurs, ses liens avec certaines formes decapitalisme (un système économique, politique et social fondé sur la propriété privée des moyens de production et d'échange) monopolistique sont mis en avant par de nombreux auteursmarxistes[2]. De nos jours, ce terme est employé de façon large pour désigner tout rapport dedomination établi par unenation ou pays sur un ou plusieurs autres pays.

Carte duroyaume de Prusse vers 1900. L'impérialisme prussien avait une naturemilitariste, associant les titresnobiliaires aux grades de commandement.

Origine et évolution du terme

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Le terme est employé enfrançais à partir desannées 1830 pour qualifier une doctrine favorable à la politique de conquête territoriale deNapoléon Bonaparte. Dans lesannées 1840, il sert aux historiens français à qualifier le système de gouvernement et de domination de l'Empire romain, sens que lui donneJules Michelet dans son journal dix ans plus tard quand il analyse l'Empire colonial britannique[3].

L'impérialisme chez Hobson

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John Atkinson Hobson emploie le terme pour la première fois en 1902 dans un livre intituléImperialism. L'auteur y analyse les forces et les facteurs économiques moteurs de l'impérialisme et certains de ses prolongements politiques. Il fait une distinction entre le colonialisme (qui s'applique, pour lui comme pour lesAnciens Grecs, à des territoires peuplés d'émigrants de la société mère comme l'Australie, leCanada et laNouvelle-Zélande), et l'impérialisme, c'est-à-dire l'« annexion pure et simple de territoires sans volonté d'intégration » telle qu'elle a été mise en œuvre à la fin duXIXe siècle[4]. Par ailleurs, Hobson développe l'idée selon laquelle la politique impériale développée par leRoyaume-Uni durant tout leXIXe siècle et notamment depuis les années 1870, s'expliquait par la volonté d'un groupe restreint d'investisseurs et d'aristocrates britanniques de défendre leurs propres intérêts économiques, sans réellement tenir compte de ceux de la nation britannique. C'est donc la situation économique de lamétropole qui serait à l'origine de l'expansion impériale[5]. Sur le plan politique, il estime que l'impérialisme est foncièrement anti-libéral. En effet, les territoires conquis sont administrés de façon centralisée sans tenir compte de la volonté des populations. Il s'ensuit que pour lui, il s'agit d'une tyrannie. Or, cette tyrannie exercée par des fonctionnaires et des militaires anglais peut contaminer toute la société britannique et menacer la démocratie[6].

Les débats autour de l'analyse de l'impérialisme par les marxistes

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Des auteursmarxistes, principalementRudolf Hilferding,Rosa Luxemburg, etLénine avec son ouvrageL'Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916), reprennent le terme de Hobson et le popularisent. Dans le cadre de la théorie marxiste, l'impérialisme correspond à un stade de développement historique du capitalisme, et répond à une logique essentiellement économique et non pas politique. Lénine, dans son ouvrage, propose cinq caractéristiques centrales de l'impérialisme :

  1. Concentration de la production et du capital parvenu à un degré de développement si élevé qu'elle a créé les monopoles, avec un rôle décisif dans la vie économique
  2. Fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création sur la base de ce capital ditfinancier , d'une oligarchie financière
  3. L'exportation des capitaux , à la différence de l'exportation des marchandises, prend une importance toute particulière
  4. Formation d'unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde
  5. Fin du partage territorial du globe entre les grandes puissances capitalistes[7],[8]

L'impérialisme est le moyen de faire face à labaisse tendancielle du taux de profit[9] en étendant l'exploitation dans le monde colonial. Lénine analyse ainsi la Première Guerre mondiale comme le produit de la lutte entre capitalistes pour l'appropriation descolonies. Au cœur de ce stade de développement du capitalisme, on trouve, après la concentration ayant eu lieu auXIXe siècle, le « grand capital », largement contrôlé par les banques et la finance selon Lénine.

À partir de1960 et notamment sous l'impulsion desmouvements de libération nationale et anti-coloniaux, de nouvelles théories marxistes analysent l'impérialisme et le tout jeunenéocolonialisme. Les défenseurs de ces théories, par exempleSamir Amin ouArghiri Emmanuel, s'opposent à certains points de la définition traditionnelle léniniste de l'impérialisme, notamment sur l'idée que l’exploitation des paysdu Sud Global (ou duTiers monde) se reposerait essentiellement sur la balance négative des capitaux vers les pays riches. Selon eux cette exploitation résiderait dans l'échange inégal en place entre pays exploiteurs et exploités. Ces tendances marxistes se basent, généralement, sur les travaux deImmanuel Wallerstein autour de la théorie desSystème-mondes, retraçant l'histoire du capitalisme autour de la contradiction centrale entrele coeur du capitalisme (center oucore, càd les pays impérialistes) et sapériphérie (periphery) exploitée. Ces marxistes analystes de l'impérialisme depuis la fin de laSeconde Guerre mondiale peuvent être regroupés sous le terme de l'école de laThéorie de la dépendance.

Cette thèse n'a cessé de faire l'objet de vives critiques. En particulier, de très nombreux auteurs[Lesquels ?] ont contesté l'idée que la finalité de l'impérialisme soit avant tout économique. Un des premiers critiques de cette théorie,Joseph Schumpeter défend, par exemple, l'idée qu'il faut voir dans l'impérialisme un phénomène de nature sociologique. Il insiste ainsi sur l'importance de l'aristocratie, notamment lesJunkers en Allemagne, dont la position sociale est fondée sur le contrôle de ressources politiques, l'exploitation de richesses terriennes locales et la domination des métiers des armes. C'est plutôt dans cethabitus guerrier, entré en synergie avec l'appareil de l'État moderne, que Joseph Schumpeter situe l'impulsion première de l'impérialisme.

Impérialisme versus libre-échange

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  • En 1934,Wilhelm Röpke souligne, dansImpérialisme et capitalisme, que « la prospérité du capitalisme n’est pas fonction du nombre de kilomètres carrés dominés ». Il s'efforce aussi de montrer que le capitalisme libéral, en défendant lelibre-échange, constitue un barrage à l'impérialisme. S'opposer au capitalisme écrit-il, c'est renforcer les États et par conséquent l'impérialisme des plus forts[10]. Selon cette tradition intellectuelle libérale, ce qui doit prévaloir, c'est la paix par lecommerce dans laquelle les États, acteurs de l'impérialisme, ont un pouvoir limité.

L'impérialisme chez Arendt

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  • DansLes Origines du totalitarisme (1951),Hannah Arendt rattache l'impérialisme à la notion d'expansion (à différencier de la conquête, selon elle) comme fin en soi. Selon elle, l'impérialisme est apparu quand l'État-nation devint trop étroit pour le développement de l'économie capitaliste. Son approche rattache l'impérialisme à la genèse dutotalitarisme : d'une part il a inauguré une « politique mondiale », d'autre part, il a préfiguré au sein de certains pays la négation de l'État-nation au cours duXXe siècle (exactions coloniales, pouvoirs spéciaux dans lescolonies...). L'impérialisme aurait également permis l'apparition des conceptions raciales qui ont été exploitées par lenazisme.
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Impérialisme et géopolitique dans l'œuvre de Thual

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Organigramme de fonctionnement d'une structure impérialiste, en rouge, avec composante sous-impérialiste, en orange, et l'entité sous contrôle en jaune.

Impérialisme

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François Thual, géopolitologue, chargé de cours à l'École des Hautes Études et directeur d'études auCollège Interarmées de Défense, donne la définition suivante :

« Le mot impérialisme est employé ici comme signifiant avant tout une dynamique de contrôle territorial de vaste envergure complétée par un contrôle politique plus ou moins direct ; le contrôle territorial pouvant aller de l'annexion pure à une tutelle plus indirecte. »

— François Thual, Lignes 7 à 11 de la page 33 de la partieLe concept de sous-impérialisme deContrôler et Contrer, Ellipses, 2000,(ISBN 2-7298-0269-X).

Sous-impérialisme

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D'autre part, afin d'affiner l'étude des différentes formes de contrôle géopolitiques, le concept de sous-impérialisme a été créé par les spécialistes de lagéopolitique. La définition donnée par François Thual est la suivante :

« Quelle signification peut-on donner au concept de sous-impérialisme ? En aucun cas une acceptation quantitative ne saurait convenir, un sous-impérialisme n'est pas un petit impérialisme ; ce serait plutôt un impérialisme qui fonctionne au service d'un autre impérialisme, qui le contrôle et le domine de différentes façons. »

— François Thual, Lignes 1 à 5 de la page 33 de la partieLe concept de sous-impérialisme deContrôler et Contrer.

Les modèles de sous-impérialisme (typologie de Thual)

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François Thual a identifié un certain nombre de cas de sous-impérialisme dont la classification peut se résumer à trois systèmes.

Le modèle de contrôle par capture territoriale directe

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Cette première forme de sous-impérialisme est le modèle anglais desDominions où unecolonie devient elle-même un centre decolonisation et d'expansion à la fois pour elle-même et pour la métropole. Toutefois, ce modèle inclut également des colonies britanniques n'ayant pas le statut de Dominion.

Exemple des dominions

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Carte des colonies de l'Afrique du Sud, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande en 1918. Les Dominions sont en rouge et leurs colonies en orange.
Modèle impérialiste, avec composante sous-impérialiste, de contrôle avec capture territoriale directe dans le cadre des Dominions britanniques

Trois exemples sont données à travers les expériences coloniales de l'Australie, de l'Afrique du Sud et de laNouvelle-Zélande à la fin de la Première Guerre mondiale :

  • L'Australie obtint à l'issue duTraité de Versailles lapartie allemande de la Nouvelle-Guinée et l'archipel deBougainville sous la forme d'un mandat de Société des Nationstype C. Cette capture territoriale directe permit à l'Australie de renforcer son influence régionale dans lemonde mélanésien et d'accroître dans le même temps le domaine de l'Empire britannique jusqu'à l'indépendance de ce territoire en 1975.
  • Le Traité de Versailles accorda à l'Afrique du Sud un mandat de la Société des Nations detype C sur leSud-Ouest africain. Ce mandat en accordant le contrôle territorial sur le territoire de la futureNamibie augmenta le poids de l'Afrique du Sud enAfrique australe jusqu'en 1990.
  • La Nouvelle-Zélande obtint un mandat detype C de la Société des Nations sur lesSamoa allemandes. Le contrôle sur ce territoire permit à la Nouvelle-Zélande d'avoir une influence territoriale directe sur lemonde polynésien jusqu'en 1961.

Le contrôle exercé par Londres surCanberra,Pretoria etWellington était d'ordre politique, du fait que leur politique étrangère relevait à l'origine de la Grande-Bretagne et que les armées de ses trois pays étaient parties intégrantes de l'armée britannique[11].

Exemple de colonie n'ayant pas le statut de dominion

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Carte simplifiée de l'hémisphère Nord, avec la partie euro-africaine, avec la Grande-Bretagne en rouge vif, l'Égypte en rouge clair et le Soudan anglo-égyptien en orange. Lapartie du Condominium cédée à laLibye en 1919 est hachurée.

L'Égypte, alors sousprotectorat puis sous lapériode royale, a établi conjointement avec le Royaume-Uni unedomination territoriale directe sur le Soudan. Le mécanisme est ici particulièrement différent du modèle des Dominions dans la mesure où Londres exerce directement son contrôle sur la région. En effet, la partie égyptienne n'a aucun réel pouvoir militaire ou politique dans lecondominium : la souveraineté proclamée de l'Égypte sur le Soudan sert comme argument légal au contrôle des Britanniques sur la région. Le raisonnement était que leur contrôle sur le Soudan dépendait théoriquement de la souveraineté égyptienne.

Ce sous-impérialisme connut un sort différent de celui descolonies australiennes, néo-zélandaises et sud-africaines qui furent émancipées par leurs métropoles respectives (même si plus tardivement dans le cas de la Namibie sud-africaine). Dans le contexte du condominium anglo-égyptien sur le Soudan, la politique britannique avait étédiviser pour régner : le Royaume-Uni avait ainsi privé l'Égypte de tout pouvoir réel sur le Soudan, administrant directement la colonie au nom du Caire.

En effet, dans le cas présent l'indépendance fut précipitée, entre 1953 et 1956, par Londres malgré l'opposition du Caire qui souhaitait annexer la région. L'Égypte étant devenue ouvertement hostile à la Grande-Bretagne, au sein du monde arabe, Londres n'a pas souhaité la renforcer en lui laissant cettecolonie.

Le modèle de contrôle par capture territoriale indirecte

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Cette seconde forme de sous-impérialisme est le modèle d'accaparement d'empire par un autre empire. Ce modèle a été décliné en trois variantes qui correspondent à trois exemples de capture partielle d'un effort impérial par un autre empire trouvé dans l'histoire moderne. Les trois exemples impliquent l'Empire britannique qui a réussi à satelliser à différents degrés les empires coloniaux duPortugal, de l'Italie et desPays-Bas. Ces trois variantes sont :

  • le contrôle direct de l'économie de l'État colonisateur,
  • l'appui indirect à la politique coloniale d'un État colonisateur,
  • le contrôle indirect de l'économie de l'État colonisateur.

Un quatrième exemple, plus récent et n'impliquant pas le Royaume-Uni, de contrôle par capture territoriale indirecte peut être donné avec l'occupation vietnamienne duCambodge entre 1975 et 1990 et la satellisation duLaos.

Le contrôle direct de l'économie de l'état colonisateur : l'Empire colonial portugais

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Carte des colonies européennes en Afrique australe en 1914. En rouge les colonies britanniques, en orange les colonies portugaises, en jaune les colonies belges, en violet les colonies allemandes et en bleu les colonies françaises. En hachurée la zone concernée à la fois par le projet portugais de réunion de l'Angola et du Mozambique et le projet britannique deroute du Caire au Cap.
Modèle impérialiste, avec composante sous-impérialiste, de contrôle avec capture territoriale indirecte dans le cadre de l'Empire coloniale portugais
La Carte Rose (« Mapa Cor-de-Rosa ») : les revendications portugaises sur les territoires situés entre leMozambique et l'Angola.
Illustration du projet deChemin de fer Le Cap-Le Caire deCecil Rhodes.

La présence de comptoirs côtiers sur l'Atlantique et l'océan Indien constituait l'ossature principale du domaine portugais en Afrique auXIXe. Vers le milieu du siècle, Lisbonne réorienta sa politique coloniale en cherchant à contrôler l'espace intermédiaire entre l'actuelAngola et leMozambique :

il s'agit des orientations définies dans laCarte Rose (« Mapa Cor-de-Rosa »), document synthétisant les prétentions territoriales lusitaniennes sur l'espace localisé entre les colonies côtières africaines du Portugal. Or, il s'avère que depuis leXVIIIe siècle lecapitalisme anglais était parvenu à contrôler entièrement l'économie portugaise : l'établissement de traités commerciaux entre les deux pays, comme leTraité Methuen, avait rendu le pays complètement dépendant de l'économie anglaise.

Il découlait de cette situation que Londres bénéficiait indirectement des avancées coloniales portugaises en même temps qu'elles en fixait les limites, notamment en s'opposant à cette réunification terrestre des deux rives de l'Afrique portugaise qui perturbait son propre projet deroute du Caire au Cap.

C'est ainsi que ce levier, combiné à l'ultimatum du (en violation des termes duTraité de Windsor), permit au Royaume-Uni d'obtenir le retrait des forces armées portugaises de l'espace en litige avant finalement d'obtenir la signature du Traité de Londres, le, imposant les frontières actuelles de l'Angola et du Mozambique comme limite de l'Empire colonial portugais en Afrique, ce au bénéfice de l'Empire britannique.

Les deuxcolonies portugaises de l'Angola et du Mozambique apportaient également comme avantages à Londres :

Ce sous-impérialisme montra toute son efficacité lors de laPremière Guerre mondiale en permettant la reddition rapide, le, du Sud-Ouest africain allemand et en permettant d'isoler les forces armées de l'Afrique orientale allemande au cours de lacampagne d'Afrique de l'Est durant toute la période du conflit.

Il fonctionna également lors de laSeconde Guerre mondiale en permettant aux alliés d'utiliser laBase aérienne de Lajes, malgré la sympathie du régime deSalazar pour les forces de l'Axe.

L'appui indirect à la politique coloniale d'un État colonisateur : l'Empire colonial italien

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Carte des colonies italiennes en Afrique en 1914. En rouge les colonies britanniques, en orange les colonies italiennes, en jaune les colonies belges, en violet les colonies allemandes, en rose les colonies espagnoles et en bleu les colonies françaises.
Modèle impérialiste, avec composante sous-impérialiste ayant un contrôle territorial direct, de contrôle avec capture territoriale indirecte par appui politique indirect.

Une autre forme de sous-impérialisme est celui formé par l'extension coloniale italienne en Afrique : les trois domaines de l'Érythrée, de laSomalie et de la futureLibye qui était sous dominationturque furent ainsi colonisés par Rome parce que Londres ne voulait pas voir s'étendre la France sur la Mer Rouge, dans l'océan Indien ou en Méditerranée. La politique anglaise fut simple : favoriser l'implantation de l'Italie dans ces trois zones pour contrer les poussées françaises. Ce sous-impérialisme au service indirecte de Londres permit :

  • la neutralisation l'enclave française deDjibouti dont l'extension était désormais impossible de par son encerclement par l'Érythrée italienne, laSomalie britannique et l'Éthiopie indépendante,
  • l'encerclement de l'Éthiopie par la suppression de ses accès à la Mer Rouge avec la conquête de Érythrée par l'armée italienne,
  • la sécurisation complète de laMer Rouge et par conséquent le contrôle complet de la voie maritime majeure duCanal de Suez (qui fut vérifié en 1904, durant laGuerre russo-japonaise, lorsque Londres, en vertu de son alliance avec les Japonais du, interdit le passage de la flotte russe en route versPort-Arthur obligeant cette dernière à contourner l'Afrique, faisant ainsi gagner plusieurs semaines auJapon lui permettant de remporterPort-Arthur et de préparer sa flotte pour laBataille de Tsushima),
  • la sécurisation des sources du Nil avec l'enclavement, et par conséquent le contrôle, de l'Éthiopie,
  • l'établissement d'une zone tampon, laLibye italienne, entre laTunisie française et l'Égypte sous contrôle anglaise, transformant laMéditerranée orientale en un lac anglais.

Cet impérialisme par « dérivation » ne fonctionna plus dès la montée durégime fasciste et après laSeconde Guerre mondiale lorsque la Grande-Bretagne échoua à récupérer les colonies italiennes en raison de l'opposition soviétique et américaine.

Le contrôle indirect de l'économie de l'État colonisateur : l'Empire colonial néerlandais

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Carte de l'Asie du Sud-Est avec en rouge lesIndes orientales néerlandaises, en rose laNouvelle-Guinée néerlandaise et en vert les possessions Britanniques
Modèle impérialiste, avec composante sous-impérialiste par contrôle territoriale directe, de contrôle avec capture territoriale indirecte par le contrôle économique indirecte de l'empire coloniale néerlandais.

Dernier cas d'un contrôle d'un empire par un autre au profit du second, celui des Indes néerlandaises, de la futureIndonésie. Cette prise de contrôle a été motivée par l’importance du commerce des épices, très prisée à l’époque[12]. Dans ce cas, il n'y eut pas de contrôle territorial anglais sur l'Insulinde, mais bien plutôt un mécanisme insidieux de domination, à partir de la fin duXIXe siècle, du capitalisme néerlandais et de ses prolongements coloniaux par le capital et les banques anglaises.

Ce contrôle partiel, financièrement parlant, et sans incidence territoriale constitue une forme limite de sous-impérialisme.

Ce sous-impérialisme au service indirect de Londres permit :

L'exemple duViêt Nam

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Carte montrant l'encerclement opéré par l'URSS, en rouge foncé, de la Chine, en violet, par le biais du sous-impérialisme vietnamien, en rouge. Celui-ci ayant satellisé le Laos en orange et occupé militairement le Cambodge des Khmers rouges, alliés de Pékin, en hachuré.
Modèle impérialiste, avec composante sous-impérialiste par capture territorial direct, de contrôle avec capture territoriale indirecte par contrôle politique.

Le modèle de contrôle par capture territoriale indirecte s'applique également au micro empire vietnamien communiste constitué par l'occupation du Cambodge et la satellisation du Laos entre 1975 et 1990. Ce sous-impérialisme était alors au service de l'URSS qui, à la faveur de l'éviction des États-Unis de lapéninsule indochinoise, l'utilisa pour encercler son adversaire de l'époque qu'était laChine.

Auparavant, la Chine avait riposté à cet encerclement par une tentative de contre-encerclement, avec notamment le soutien apporté au régime des Khmers rouges du Cambodge pour contrer le Viêt Nam communiste. Ces manœuvres aboutirent à la victoire de Moscou et l'écrasement duKampuchéa démocratique.

En parvenant à instrumentaliser l'expansionnisme séculaire du Vietnam, le Kremlin étendit directement son contrôle sur le Bassin duMékong, un territoire de l'Asie du Sud-Est hautement stratégique.

Ce sous-impérialisme au service direct de Moscou permit :

  • le contrôle de la péninsule indochinoise,
  • la fermeture pour Pékin de lamer de Chine méridionale grâce à Hanoï et aux pays, alliés des États-Unis, hostiles à la Chine que sontTaïwan et lesPhilippines ,
  • l'établissement de bases navales soviétiques sur les côtes du Viêt Nam,
  • la réalisation d'un dispositif de surveillance de la Chine du Sud,
  • de compléter, grâce à l'alliance avec l'Inde, le dispositif d'encerclement de la Chine.

Le modèle de contrôle sans capture territoriale

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Carte de l'influence du Brésil sur les pays d'Amérique latine, lui-même relais de la superpuissance américaine. En rouge foncé les États-Unis, en rouge le Brésil et en orange les pays d'Amérique du Sud dans l'aire d'influence du Brésil.
Modèle impérialiste, avec composante sous-impérialiste sans contrôle territorial, de contrôle sans capture territoriale par appui politique, économique et militaire direct.

Le concept de sous impérialisme ne se limite pas au seul aspect territorial quantitatif.

Certains pays exercent, de par leur poids géopolitique, une hégémonie régionale sans annexion territoriale pour le compte d'une autre puissance.

L'exemple type de cette posture géopolitique est fourni par leBrésil. En effet, le positionnement géopolitique dominant de cette puissance enAmérique du Sud fonctionne comme un relais à l'hégémonie nord-américaine exercée depuis plus de soixante-dix ans sur lesous-continent latino-américain. Les liens économiques, politiques et militaires qui lient ces deux pays depuis 1940, ont permis à Washington de mettre sous tutelle l'Amérique du Sud.

Antiquité

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Conquête et maintien d'un empire colonial

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Article détaillé :Empires coloniaux.

Autres politiques impérialistes

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Grandeur et décadence des empires

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Article détaillé :Décadence.

Les historiens se sont toujours intéressés aux processus de formation et de décadence des empires, plutôt qu'à leur conservation. Les empires se caractérisent souvent par une durée de vie plus courte que les nations. C'est ainsi que la nation russe survit au démembrement de l'URSS. En revanche, les empires qui ne subissent pas un écroulement interne, mais une invasion militaire ou migratoire, peuvent entraîner dans leur chute des nations.

Justification ethnocentrique : la « mission civilisatrice »

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Article détaillé :Mission civilisatrice.

L'impérialisme se justifie souvent par des arguments de natureethnocentrique : la puissance impériale est censée jouir d'une supériorité de civilisation (supériorités culturelle, intellectuelle, technologique, économique ou raciale) sur le pays dominé. L'ethnocentrisme peut même être considéré comme consubstantiel à l'impérialisme. Ainsi, les empires des temps anciens (ex. Rome), se sont accompagnés de la diffusion des valeurs du peuple ou groupe dominant, et les formes modernes d'impérialisme (y compris l'impérialisme « démocratique », voirinfra) n'y échappent pas.

Impérialisme et démocratie

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Le principe de l'impérialisme n'a pas toujours été considéré comme incompatible avec ladémocratie, certaines d'entre elles, à commencer par Athènes, ayant mené des politiques impérialistes à l'encontre des États voisins. Parfois même, la démocratie a pu servir de catalyseur à des idéologies impérialistes, les promoteurs de celles-ci jugeant que l'idéal démocratique dont ils se prévalent doit être exporté par-delà les frontières, au moyen de campagnes militaires si besoin est. L'exportation de valeurs démocratiques a pu justifier différentes guerres de conquête depuis la fin duXVIIIe siècle en particulier, lorsque la démocratie s'est développée comme mode de gouvernement en Occident. Mais il est rare que ces campagnes aient en fait donné lieu à l'émergence de démocraties stables (avec de notables exceptions, comme l'Allemagne fédérale et le Japon d'après 1945).

Cependant, la démocratie peut également dans une certaine mesure favoriser et encourager les conquêtes impérialistes. En effet, les démocraties ont historiquement émergé le plus souvent à partir d'une révolte de la classe marchande ou des bourgeois des grandes villes (Révolution française,guerre de Quatre-Vingts Ans) contre un système monarchique déstabilisé par le pouvoir grandissant de ces catégories de population vis-à-vis de lanoblesse terrienne qui fondait son pouvoir sur le contrôle des terres agricoles. La diffusion de la démocratie à la fin duXVIIIe siècle et durant leXIXe siècle est ainsi souvent mise en parallèle avec laPremière révolution industrielle, qui a permis aux bourgeois et aux marchands de s'enrichir considérablement là où la richesse des nobles stagnait[13] et donc à terme de renverser l'équilibre des pouvoirs en leur faveur.

La "démocratie des marchands", dont lesProvinces-Unies sont l'archétype à l'époque moderne mais dont larépublique de Venise et larépublique de Gênes étaient les premiers représentants en Europe, est donc prompte à favoriser les aventures commerciales de ses membres ce qui attise à terme une forme d'impérialisme. La fondation decomptoirs, la conquête de territoires importants pour le commerce (Aden,Ormuz pour lePortugal ouJakarta,Aceh pour lesIndes Néerlandaises) par des États ou même par des entreprises privées à but lucratif (Compagnie néerlandaise des Indes orientales qui a mené la conquête de l'Indonésie,Compagnie britannique des Indes orientales qui a progressivement pris le contrôle de l'Inde) a montré que l'établissement d'une démocratie ne signifiait pas le renoncement à toute forme d'impérialisme, mais au contraire engendrait la transition d'une forme d'impérialisme plus traditionnelle, fondée sur la conquête de territoires agricoles, la propagation de sa foi et la mise sous domination du plus grand territoire possible, à une forme nouvelle (mais également bien plus rentable à court-terme) reposant sur la convergence des intérêts privés avec le projet impérial porté par l’État.

Formes d'impérialisme

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L'impérialisme est une méthode dedomination qui peut prendre de nombreuses formes : le pays dominé peut avoir le statut decolonie, deprotectorat. L'impérialisme peut aussi être masqué par une égalité formelle et fictive entre pays dominateur et pays dominé : lespays frères de l'Europe de l'Est, dits duBloc de l'Est, étaient des satellites de l'URSS au sein de l'empire soviétique continuateur de l'empire russe[14].

Des pays subjugués militairement ou économiquement par l'Empire romain ou lesÉtats-Unis se sont vu qualifier d'alliés. En outre, l'impérialisme ne passe plus forcément par des relations d'État à État, ou d'État à population ; il peut s'agir de relations d'entreprises multinationales à filiales nationales, ou de multinationales à populations. Ce terme recouvre donc une vaste diversité de réalités économiques, politiques et juridiques[15].

Impérialisme et colonialisme

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Carte des colonies occidentales en 1945

Si lecolonialisme est toujours lié à une conquête territoriale, l'impérialisme n'est pas forcément territorial mais peut être une domination culturelle, économique et politique par exemple. Des puissances européennes comme la France et l'Angleterre ont été de puissants empires coloniaux. Les États-Unis, auXXe siècle, au contraire, ont mené une stratégie d'impérialisme économique, qui les mena à briser toute forme d'empire colonial à tendance autarcique pour ouvrir avec si possible un accès préférentiel (qui était l'une des conditions duPlan Marshall) le plus grand nombre de marchés possible à leurs produits. Avec la chute de l'URSS, l'impérialisme colonial a encore reculé face à l'impérialisme « immatériel ».

Certains penseursaltermondialistes commeToni Negri et Michael Hardt s'écartent de la notion classique d'un impérialisme des nations et parlent métaphoriquement d'un impérialisme économique des multinationales, dont lamondialisation ne serait qu'un autre nom.

Impérialisme et mondialisation

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Lesantimondialistes s'opposent à lamondialisation, considérant qu'elle renforce le pouvoir des pays puissants sur les pays les plus pauvres. Cependant, l'ouverture des pays d'Asie (Corée du Sud, Singapour, etc.) à la mondialisation leur a permis une croissance rapide, tandis que laChine a également connu une trajectoire similaire: l'industrialisation massive et l'ouverture commerciale, après avoir été dans un premier temps principalement le fait de multinationales étrangères qui ambitionnaient de dominer à terme le marché chinois, ont été reprises par les entreprises locales qui se sont portées sur le plan technologique des plus grandes multinationales du monde à l'heure depuis la seconde moitié des années 2010 (exemple deHuawei). La mondialisation, si elle peut donc certainement favoriser une forme d'impérialisme économique des pays riches sur les pauvres, peut donc également permettre à un pays pauvre de s'enrichir considérablement et de concurrencer à terme les pays riches.

Le problème est que la redistribution inégale des richesses peut aller dans l'autre sens, comme l'illustre le cas de la Chine qui a fini par devenir "l'usine du monde"[16], bien que ce paradigme ait commencé à changer à la suite de lacrise du Covid 19[17].

La mondialisation est considérée par certains comme un rempart contre les dominations unilatérales[réf. nécessaire]. Lesaltermondialistes ne s'opposent pas à la mondialisation dans son principe, mais dans son organisation au seul profit de grandes puissances de laTriade ou de leurs concurrents émergents (Chine, Inde, Brésil, Russie).

Impérialisme et institutions internationales

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Leslibéraux considèrent lesinstitutions internationales (ONU,Banque mondiale,FMI,OMC,UNESCO,BIT, etc.) comme des lieux d'échange et de collaboration permettant de rendre plus efficaces, pareffet d'échelle, les politiques d'aide auxpays les moins avancés (prêts, ouverture commerciale,aide au développement), d'élaborer des normes communes, de réduire les barrières entre pays afin de faciliter les échanges, de mettre en place des organismes d'« assurances monétaires » (rôle des banques centrales et, en dernier ressort, duFMI).

Lesréalistes considèrent qu'une puissance impérialiste, l'hegemon, est la mieux à même de garantir l'équilibre des puissances. Les idées serviraient les intérêts de la puissance impérialiste[18].

Le mouvementaltermondialiste considère que les institutions internationales sont impérialistes ou bien qu'elles œuvrent au profit des pays impérialistes. Toutefois, certaines d'entre elles, dont le rôle ne touche pas aux aspects économiques ou militaires, comme c'est le cas pour l'UNICEF ou l'UNESCO, pourraient servir à réduire les effets néfastes que cette école de pensée attribue à lamondialisation économique.

Les tenants de la mondialisation démocratique considèrent que des institutions « élues » par la population mondiale, et moins soumises aux gouvernements des pays, pourraient permettre de lutter contre des dominations unilatérales.

Pour leslibertariens, ces institutions constituent unebureaucratie supranationale, qui perturbe le libre jeu du commerce mondial.

Pour lesnéo-conservateurs, certaines institutions seraient néfastes car elles entravent la transition de pays vers les modèles delibéralisme politique etéconomique (en particulier, l'ONU au sein de laquelle des pays qu'ils considèrent non-démocratiques comme la Chine ou la Russie ont un pouvoir de véto).[réf. nécessaire]

Notes et références

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  1. a etbJohn Atkinson Hobson, 1988, p. 8.
  2. Cf. notamment, Vladimir Lénine, L'impérialisme, Stade suprême du capitalisme, 1916.
  3. « Impérialisme - étymologie », base CNRTL.
  4. Blanchon, 1999,p. 118.
  5. Géraldine Vaughan, Clarisse Berthezene, Pierre Purseigle, Julien Vincent,Le monde britannique 1815-1931, Historiographie, Bibliographie, Enjeux, Belin, 2010,p. 11.
  6. Blanchon, 1999,p. 125.
  7. Lenine, « L'impérialisme, stade suprême du capitalisme », Chapitre 7 : L'impérialisme, stade particulier du capitalismeAccès libre, surBibliothèque Marxiste(consulté le).
  8. (en) « Lenin: 1916/imp-hsc: VII. IMPERIALISM AS A SPECIAL STAGE OF CAPITALISM », surmarxists.org(consulté le).
  9. Karl Marx, Le capital.
  10. Wilhelm Röpke, Impérialisme et capitalisme, 1934 (lire en ligne [PDF])
  11. (en) IliaXypolia, « Divide et Impera: Vertical and Horizontal Dimensions of British Imperialism »,Critique,vol. 44,‎,p. 221–231(ISSN 0301-7605,DOI 10.1080/03017605.2016.1199629,lire en ligne, consulté le).
  12. Hubert Sagnières « Routes Nouvelles, Cotes inconnues » Flammarion 2023,(ISBN 9782080428448).
  13. Bruno Villalba, « Au fondement matériel de la démocratie »,Revue Projet,‎,p. 56(lire en ligne).
  14. Sabine DULLIN,L'ironie de l'histoire : une histoire des russes et de leur empire (1853-1991), Paris, Payot,, 299 p.,p. 210-252.
  15. « article », surnouvelles.umontreal.ca,(consulté le).
  16. https://www.investirsorcier.com/pourquoi-la-chine-est-elle-lusine-du-monde/
  17. https://www.tomsguide.fr/la-chine-nest-plus-lusine-du-monde-voici-qui-tente-de-la-remplacer/
  18. JeanLeca, « « Soft power ». Sens et usages d'un concept incertain », surceriscope.sciences-po.fr.

Voir aussi

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