Les iguanodons ont vécu auBarrémien, entre -126 et -122Ma. Leurs restes ont été retrouvés un peu partout dans le monde (Europe, Asie, Afrique, Amérique). Le premier spécimen fut décrit parGideon Mantell, à partir d'un tibia, quelques os et des dents. On en connaissait81fossiles en 2008.
L'iguanodon est assez connu de la culture populaire car c'est le deuxième dinosaure à avoir été décrit après leMegalosaurus.
L'iguanodon était très répandu auCrétacé inférieur. Mesurant 5 m de haut, entre 6 et 10 m de long et pesant plus de 4 tonnes, ce dinosaure était à la foisbipède etquadrupède. Il avait un corps massif.On a retrouvé des empreintes fossilisées avec la trace des quatre pattes. Cependant, la plupart ne révèlent que les empreintes des membres postérieurs, et on suppose que les iguanodons juvéniles avaient les bras trop courts pour s’en servir lors de leurs déplacements. L'iguanodon est caractérisé par un pouce très pointu qui pouvait servir à poignarder les carnivores le menaçant. Il était équipé d'un bec corné qui servait à arracher la végétation avec l'aide d'une langue préhensile, et ses dents aplaties lui permettaient de mâcher sa nourriture[1].
Il s'agit en fait de la famille intermédiaire entre leshypsilophodontidés (de petits dinosaures agiles et rapides que l'on pourrait surnommer « les gazelles duJurassique ») et leshadrosauridés (les célèbres « dinosaures à bec de canard », des dinosaures du même gabarit qu'iguanodon mais possédant quelques évolutions, comme le « bec de canard » ou la crête nasale dont celle duParasaurolophus)[1].
I. mantelli fut pendant longtemps le nom d'un iguanodontidé de petite taille découvert avec les iguanodons de Bernissart parLouis Dollo. On se demanda même s'il ne s'agissait pas simplement d'unIguanodon bernissartensis femelle ou juvénile. Depuis 2008, il est considéré comme appartenant à un genre proche :Dollodon comprenant une seule espèceDollodon bampingi ; ce genre est actuellement renomméMantellisaurus (avec une seule espèce :Mantellisaurus atherfieldensis).
Le premier ossement (untibia) d'iguanodon fut découvert en 1809. Quelques dents et autres os furent découverts par la suite en 1819. À cette époque, les scientifiques pensaient que ces dents appartenaient à unmammifère d'une taille gigantesque.
En 1822, la paléontologueMary Ann Mantell trouva dans le Sussex des dents énormes, qu'elle présenta à son époux, le médecin et géologue amateur Gideon Mantell, qui pensa immédiatement qu'elles devaient appartenir à un énorme lézard[3].Gideon Mantell remarqua que ces dents ressemblaient à celles desiguanes d'Amérique du Sud. Le géologue appela alors l’animal « iguanodon » (dent d'iguane) et le présenta aux autres scientifiques en 1825. Mary Ann Mantell réalisa364 dessins de dents d'Iguanodon, utilisés dans les publications de son époux[4]. Ce fut le deuxième dinosaure découvert, après leMegalosaurus décrit en 1824 parWilliam Buckland (même si à l'époque le terme « dinosaure » n'existait pas).
Les principaux spécimens ont été retrouvés enEurope (Angleterre,Belgique,Espagne,Allemagne,France) et auxÉtats-Unis (Utah,Dakota du Sud). Quelques restes ont été découverts enTunisie, auMaroc (Immouzer Marmoucha), enMongolie, enThaïlande, mais les squelettes les plus nombreux (une trentaine) et les plus complets ont été découverts en1878 dans une mine de charbon, àBernissart en Belgique. Neuf d'entre eux sont exposés dans une salle spécialisée duMuséum des sciences naturelles de Belgique àBruxelles, et un autre au Musée de Bernissart. Les deux musées reconnaissent d'ailleurs avec humour les avoir mal positionnés (en effet, ils sont exposés « debout » sur leurs membres postérieurs), suggérant un déplacement uniquement bipède, alors que la morphologie de l'animal lui permettait d'être aussi quadrupède[1],[5]. Il faut cependant remarquer que les empreintes pétrifiées de pattes arrière d'iguanodon découvertes au Maroc, à Immouzer Marmoucha, s'allongent sur une certaine distance sans qu'apparaissent d'empreintes de pattes avant, ce qui est le fait d'une marche bipède.
Reconstitution de l'iguanodon par G. Mantell.LePuits Sainte-Barbe à Bernissart en 2013.
Mantell tenta une première reconstitution mais, avec si peu d'informations, il ne s'agissait que d'idées fausses car il s'inspira à la fois de la morphologie de l'iguane actuel et durhinocéros, ce qui explique pourquoi il plaça sur le museau une petite « corne », qui se révéla être en fait le pouce de l'animal (voir image plus bas,Paléobiologie, mains). Ce n'est qu'à partir de 1878 que l'anatomie du dinosaure devint claire. En effet, c'est cette année-là que furent découverts àBernissart enBelgique beaucoup de squelettes (complets pour la plupart) d'iguanodon, dont 29 furent remontés à la surface[1].
Reconstitution des ossements d'unIguanodon bernissartensis parLouis Dollo.
Dans le village belge deBernissart, à quelques centaines de mètres de la frontière française (près deCondé-sur-Escaut), survient un événement déterminant dans l'histoire de la paléontologie. Cette modeste localité rurale connaît un essor industriel. Dès 1735 laSociété des charbonnages de Bernissart creuse une quinzaine de fosses pour y extraire du charbon. En 1870, quatre nouveaux puits sont creusés autour du village. En,au même moment que les premières grandes découvertes de dinosaures en Amérique du Nord, dans la fosse Sainte-Barbe, les mineurs firent une découverte insolite : un amas jaunâtre encastré dans la paroi. Les mineurs pensèrent que c'était de l'or, mais ils se rendirent vite compte que ce n'était que de lapyrite, que l'on surnomme en anglaisfool's gold, l'or du fou. Cependant, de curieuses choses étaient enchâssées dans la pyrite, des choses qu'ils ne purent identifier.
La mine fut fermée deux ans pour l'excavation des restes fossilisés ; c'est une des rares collaborations heureuses entre paléontologues et industriels[3].
De ces fossiles, neuf squelettes complets reconstitués parLouis Dollo sont exposés au Musée des Sciences naturelles à Bruxelles et un au Musée de l'iguanodon à Bernissart. Les dix-neuf autres qui furent remontés sont entreposés dans les caves duMuséum des sciences naturelles de Belgique.
Modèle en bois.
I. bernissartensis etDollodon bampingi.
au Musée des Sciences naturelles.
(Voir aussi les études des mines de Bernissart[6].)
Dans la région d'Immouzer Marmoucha (Maroc), desempreintes fossiles découvertes par un habitant sont étudiées par le géologue françaisHenri Termier qui publie son compte-rendu en 1936. Les traces s'étalent sur au moins 3 hectares. Le lieu de la découverte a été surnommé « la vallée des dinosaures[7] ».
L'environnement était idéal : un littoral sous un climat chaud et humide arborant une végétation defougères arborescentes et d'Araucarias. La présence de nombreux résineux est attestée par l'abondance d'ambre retrouvé dans cette région et qui contient de nombreux insectes. Ce gisement est donc tout à fait exceptionnel, car l'ambre de la période des dinosaures est très rare[10].
La position de ces reptiles a été très discutée. On les a d'abord considérés comme des quadrupèdes (car on se fondait sur l'idée qu'ils étaient similaires aux reptiles actuels, tel les iguanes). Mais lorsque des spécimens complets furent découverts, les scientifiques ont pu observer une grande disparité entre les membres antérieurs et postérieurs de l'animal et qu'il possédait une lourde queue. On a alors comparé ses caractéristiques à l'anatomie dukangourou. On a alors imaginé que l'iguanodon utilisait sa grosse queue musclée pour s'appuyer lorsqu'il tentait d'atteindre la végétation haute.En 2000, on a découvert que lesvertèbrescaudales étaient reliées et rigidifiées par des ligaments ossifiés. Il semble alors que la queue de l'iguanodon lui servait de balancier pour s'équilibrer et faire office de contrepoids à la lourde masse de son corps et qu'il pouvait se déplacer normalement sur quatre pattes mais qu'il se servait aussi de labipédie pour courir, bien que cela soit vraisemblablement resté assez rare[1].
Les mains de l’iguanodon, très particulières, possédaient cinq doigts spécialisés :
un pouce en éperon, qui jouait probablement un rôle de défense très efficace contre les prédateurs. En se redressant, l’iguanodon était capable d’attaquer la gorge et le ventre de ses agresseurs ;
trois griffes assez larges, faisant office de sabots lorsqu’il marchait à quatre pattes ;
un « petit » doigt articulé, capable de se replier sur la paume avec une rotation du poignet, servant à lapréhension de ses aliments[11].
L'iguanodon étaitherbivore. Il devait vivre principalement dans les savanes duMésozoïque, il se nourrissait probablement defougères, deconifères, decycas et deginkgos qu'il mastiquait longuement. Pour faciliter sa digestion, il devait avaler des cailloux nommésgastrolithes qui broyaient la nourriture à l'intérieur de son estomac[12].
L'environnement de Wealden Rocks est idéal pour les dinosaures qui vivaient dans cette région du Sud de l'actuelle Angleterre. En effet il y avait des forêts, des plaines et des étangs, tous ces lieux étant idéaux pour des dinosaures. Ici prospéraient desIguanodons anglicus mais les carnivores rôdaient : les ornithopodes étaient traqués par desNeovenator mais aussi par desBaryonyx pêcheurs (cependant parfois chasseurs). Mais les paisibles herbivores n'ont pas que des ennemis ; ils pouvaient parfois être accompagnés par desankylosauridés commeHylaeosaurus ouPolacanthus[1].
Les iguanodons américains bénéficiaient d'une diversité plus développée qu'en Europe. Ils partagent leur environnement avec desnodosauridés (Sauropelta,Silvisaurus) ou encore les derniers représentants de la sous-famille deshypsilophodontidés (Tenontosaurus,Dryosaurus...). Mais il y avait aussi de redoutables carnivores, notamment le terribleAcrocanthosaurus, énormeallosauridé, ou encore les redoutables DromaeosauridésDeinonychus etUtahraptor (lointains parents du célèbreVelociraptor, qui lui, a vécu en Mongolie à la fin du Crétacé)[1].
Grâce à trois spécimens d'espèces de dinosaures (des genresMegalosaurus,Hylaeosaurus etIguanodon), SirRichard Owen, éminent pionnier de lapaléontologie, a pu déterminer que d'énormes lézards avaient vécu par le passé et avaient dominé le monde bien avant l'homme. Il les nomma dès lors "Dinosauria", qui signifie « lézards terriblement grands », car telle était la vision des scientifiques de l'époque[13].
Festivités et attractions dinosauriennes au Crystal Palace
Diner dans l'iguanodon au Crystal Palace.Statues d'iguanodons au Crystal Palace.
Pour célébrer l'invention du terme « dinosaure », des reproductions deMegalosaurus, d'iguanodons et de reptiles marins préhistoriques de taille réelle dessinées parRichard Owen, conçues et réalisées en ciment par Benjamin Waterhouse Hawkins, furent installées auCrystal Palace. Elles existent toujours actuellement, et il est toujours possible de les voir, bien que l'on sache à présent que ces iguanodons sont anatomiquement inexacts. Un dîner pour vingt-deux convives a pu être dressé dans l'une des statues d'iguanodon, dont le dos n'était pas monté, pour la veille du nouvel an 1854[14],[15].
De par sa popularité, due à ses origines,Iguanodon est l'un des dinosaures les plus connus du public, et apparaît dans de nombreux médias, aux côtés d'autres dinosaures lui ressemblant, comme l'edmontosaure ouParasaurolophus.
Les personnages principaux du filmDinosaure de Disney sont des iguanodons[16].
Des iguanodons apparaissent dans le film,L'Age de Glace 3 : Le temps des dinosaures, lorsque les protagonistes ont réussi à fuir l'ankylosaure et se retrouvent cernés par des herbivores. Il apparaît aussi dans le jeu adapté du film sur Wii.
Dans la saga et la série de l'universLe Petit Dinosaure, des iguanodons apparaissent en tant que personnages secondaires.
Il apparaît dans l'épisode 35 "Dressé pour mordre" de la saison 1 de série d'animation japonaise « Dinosaur King » où il a été retrouvé par hasard par le Gang Alpha. Il apparaît aussi dans les jeux vidéo d’où la série est tirée.
Deux troupeaux d'iguanodons d'espèces différentes, l'une américaine (de couleur brune avec des rayures blanches sur le dos) et l'autre européenne (de couleur verte avec des rayures de couleur jaune et noire, plus fines que celle de l'espèce américaine), apparaissent dans le4e épisode (les maîtres du ciel) deSur la terre des dinosaures[17]. Ils sont en compagnie de deuxPolacanthus, une espèce de dinosaure à cuirasse, avec lequel ils se mélangent.
Dans le deuxième épisode de Sur la trace des dinosaures ou "Safari préhistorique" avecNigel Marven, on peut apercevoir des iguanodons à plusieurs reprises seuls ou en groupe dans les plaines sud-américaines (leur apparence est la même que leurs congénères nord-américains et européens, mais leurs couleurs se rapprochent plus du marron clair).
Dans la sérieLe Dino Train, des iguanodons sont rencontrés par les protagonistes.
Il apparaît aussi dans l'application mobileJurassic World Alive.
Dans la franchiseCarnivore Dinosaur Hunter, l'iguanodon est l'un des gibiers chassables, il est classiquement clair avec des taches rouges sur le dos. Bien qu'il soit un herbivore, il attaque le joueur s'il le blesse.
L'iguanodon est présent dans le jeuPrimal Prey.
Il apparaît également dans le DLCCretaceous Dinosaurs Pck du jeuJurassic World Evolution, où il est le seul herbivore de la même catégorie queParasaurolophus ouMaiasaura à pouvoir se défendre contre les carnivores de taille petite ou moyenne.
Dans le romanLe Monde perdu d'Arthur Conan Doyle, l'iguanodon est l'une des créatures vivant sur le plateau qu'explorent les protagonistes, et ces derniers découvrent un cadavre de cette espèce tué par le mystérieux prédateur.
↑abcdefg ethBarry Cox, R.J.G Savage, Brian Gardiner, Colin Harisson, Douglas Palmer,Dinosaures et autres animaux de la préhistoire [« The Simon & Schuster Encyclopedia of Dinosaurs and Prehistoric Creatures: A Visual Who's Who of Prehistoric Life »], Cologne, Könemann,(ISBN3-8290-6573-6).