Pour les articles homonymes, voirIfe.
| Nom local |
|---|
| Pays | |
|---|---|
| État | |
| Superficie | |
| Altitude | 280 |
| Coordonnées |
| Population | |
|---|---|
| Densité | 280,3 hab./km2 () |
| Jumelages | San Bernardino,Rio de Janeiro(depuis le) |
|---|
| TGN |
|---|
Ifè (enyorubaIlé-Ifẹ̀) est une vieille citéyoruba située au sud-ouest duNigeria. La ville est célèbre pour ses têtes en terre cuite et en bronze, ainsi que pour avoir donné naissance à une civilisation entre lesXIIe et XVe siècles en Afrique subsaharienne.
L'histoire d'Ife et sa chronologie restent relativement floues malgré d'importantes découvertes archéologiques attestant l'existence de réseaux de villes dès la période correspondant auMoyen Âge européen[1]. L'histoire de la ville est essentiellement connue grâce à des sources orales et archéologiques. Les premières sources sont liées soit à un discours mythologique soit à un discours ethnocentrique colonial posant ainsi de nombreux problèmes historiographiques.[réf. souhaitée]
Ife est la ville centrale de la mythologie yoruba. Elle est considérée comme le berceau del'humanité et le centre du monde. Selon la mythologie d'Ife la ville aurait été fondée par le Dieu mineurOduduwa qui fut le premier Ooni (titre royal propre à Ife). La mythologie Yoruba aurait pu se constituer pour appuyer la légitimité du nouvel État. Ogun, Dieu du fer et de la guerre, y occupe une place importante[2]. L'archéologie permet de savoir que le peuplement de cette aire semble très ancien. Mais ce n'est qu'au début duIIe millénaire que des évolutions dans le domaine de la métallurgie auraient permis une explosion du rendement agricole et un phénomène rapide d'urbanisation[3].
Selon la tradition orale, la ville d'Ife fut fondée auIXe – Xe siècles avant Jésus-Christ, par Oduduwa avec le rassemblement de 13 villages en une cité. Oduduwa devint ainsi le premierOoni (Roi) et se fit construire unAafin (Palais du roi). Il gouverna à l'aide desisoro, anciens chefs de village ayant récupérés un titre religieux et assujettis à l'autorité politique royale[4]. Cependant la prise de pouvoir d'Oduduwa n'est pas formellement datée. Elle aurait pu être beaucoup plus tardive et avoir remplacé un appareil étatique déjà existant[5].
Le modèle étatique incarné dans la personne d'Oduduwa va être largement exporté dans la région de l'actuel Nigéria et au-delà. Plusieurs descendants et capitaines d'Oduduwa ont fondé d'autres royaumes sur le même modèle et s'appuyant sur la même légitimité. L'expérience monarchique d'Ife s'est exporté avec son cadre culturel. L'adé ilèkè, qui est une couronne de perles de verre symbole du pouvoir royal, se retrouve dans la plupart des monarchies de la région[6]. Le royaume deKétou par exemple est fondé par un prétendu descendant d'Oduduwa. En tout 7 à 20 royaumes selon les sources composent le monde yoruba dans la première moitié du deuxième millénaire de notre ère[7].
L'expansion d'Ife au début duIIe millénaire semble basée sur le fer ou sur la métallurgie en général qui aurait permis une amélioration des techniques et des excédents agricoles. Cette transformation économique aurait pu permettre l'entretien d'une population urbaine et d'un pouvoir centralisé. L'expansion militaire peut donc s'expliquer par les transformations économiques et sociales et l'amélioration des armes. Le fer a d'ailleurs une place centrale dans la culture et la mythologie d'Ife. Oduduwa possédait une forge dans son palais (Ogun Laadin). De plus les rois des différents royaumes installaient leurs forges dans l'enceinte du palais royal montrant ainsi le rapport symbolique fort entre pouvoir et métallurgie. De plus les techniques de production du laiton montrent un savoir faire technologique très avancé[8].
Ife est également à cette époque un centre africain majeur de production du verre, et en particulier de perles de verre[9]. Les déchets de la production verrière, constitués de parties de creusets recouverts de verre fondu, seront auXIXe siècle recherchés par les habitants de la région bien que l'origine de ces déchets soit à l'époque oubliée[9].
L'archéologie permet également de confirmer qu'au début duXIe siècle, Ife s'urbanise particulièrement et s'impose comme le point de contact entre lesroyaumes du Sahel et les États de la forêt guinéenne, marquant un maillon supplémentaire dans le réseau ducommerce transsaharien. Ce rayonnement s'affirme tout particulièrement entre 1250 et 1350[10]. L'urbanisation médiévale d'Ife est aujourd'hui largement attestée par l'existence de nombreuses enceintes faites de fossés et de talus qui semblent indiquer les différents espaces ayant connu une concentration démographique et une entité politique suffisamment puissante pour mettre en œuvre de tels travaux[11]. Les rues sont pavées de pierres et de céramiques entre leXIIe siècle et leXIVe siècle[12].
AuXIVe siècle, un effondrement démographique est constaté. Il se caractérise par un abandon d'enceintes et une forte avancée de la forêt sur des zones anciennement occupées. Une rupture dans les savoir-faire et les techniques artisanales est également constatée. Cet effondrement démographique pourrait s'expliquer par une épidémie depeste noire selon certains auteurs, qui font un parallèle avec les grandes épidémies constatées en Europe sur des périodes proches[11],[9].
La ville n'est toutefois pas abandonnée et des phases d'urbanisation sont observées entre leXVIe et XIXe siècles, incluant la construction par superposition de fortifications. L'histoire urbaine d'Ifé est méconnue puisqu'elle est aujourd'hui recouverte par son tissu urbain moderne. Cependant, les différentes portions d'enceinte témoignent d'une expansion démographique. Des groupes d'artisans spécialisés, notamment dans la poterie, ont des quartiers dédiés dans la ville et certains espaces sacrés sont délimités par des pavements réemployant des tessons de poterie ayant servi d'objets rituels[13].
Ife est le centre économique d'une région agricole où se cultivent principalement l'igname, lemanioc, lemaïs, letabac et lecoton. Ce dernier étant aussi à la source d'une importante industrie de tissage de vêtements. Nombre de perles de verre venues d'Ifé et du monde arabe étaient échangées dans les pays duNiger. Ifé échangeait également de l'ivoire, des plumes d'autruche et des esclaves contre ducuivre surtout, qui était un métal rare et prestigieux en Afrique de l'Ouest. Ces produits transitaient à partir de l'Océan Indien et du monde méditerranéen par les voies transsahariennes.Oyo, Ilé-Ifè etBenin City étaient les principaux centres de négoce[12].
Ces têtes « sans être des portraits, ont uncaractère naturaliste, proches de la taille humaine et comportent des trous pour y insérer cheveux, moustache et barbe. »[14].
Ife est le siège de l'université Obafemi-Awolowo dont dépend leMuseum d'histoire naturelle du Nigeria(d)
. Elle reste un centre spirituel important du peuple Yoruba.
En 1910,Leo Frobenius découvre le site archéologique d'Igbo Olokun en bordure de la ville d'Ife. Il y découvre des tessons de verres provenant d'un site de production de verre et de fabrique de perles datant datant duXIe siècle ouXIIe siècle. L'eurocentrisme qui caractérise leur milieu ne lui permet pas de le déterminer et il émet l'hypothèse d'uneAtlantide africaine dont il aurait trouvé un site de leur descendants[15]. Cette découverte permet pourtant de redécouvrir un pan de l'histoire médiévale africaine. L'étude de ce site ainsi que des différentes productions en terre cuite permet de considérer que la région mobilise une population dans une activité de production importante, correspondant à des entités politiques fortes[16].
Sur les autres projets Wikimedia :
Sites archéologiques du Nigéria | |
|---|---|
| Sites de l'âge de pierre | |
| Sites de l'âge du fer | |
| Culture Nok | |
| Autres sites | |