Lesystèmeiemoto(家元制度,iemoto seido?) est le modèle d'organisation familiale des arts traditionnels japonais, comme l'ikebana, lethéâtre nô, lechanoyu ou lego.
L'iemoto(家元?) est la personne qui transmet les enseignements et les méthodes d'une école en tant que chef d'une lignée de maîtres. Le termeiemoto, est composé du motie(家?) et du motmoto(元?,« origine/fondation »). Ce terme fait généralement référence au fondateur, successeur et chef de lignée dans une école d'un art traditionnel.
Le titre deiemoto est héréditaire. Il se transmet par lignée directe, mais l'adoption est aussi une pratique courante. Comme il ne peut exister qu'un seuliemoto à la fois, la création de différentes « maisons », de différentes « lignées », est un phénomène courant. Ce modèle familial est accentué par l'utilisation du même nom par les descendants. Ainsi parmi lesquatre maisons de go (les grandes écoles dego), le nom d'Inoue Inseki a été utilisé à de nombreuses reprises et à différentes époques par lesiemoto.
L'iemoto a une grande autorité. Ainsi, pour enseigner l'un des arts traditionnels japonais qu'est l'ikebana, il est obligatoire d'obtenir une licence (menkyô) auprès d'uniemoto. De plus, l'iemoto est le seul à pouvoir fournir cette licence. Celles-ci sont classées par rang et, à chaque rang supérieur, il faut en acheter une nouvelle. Les plus hauts rangs peuvent valoir plusieurs millions deyens. En retour, les professeurs font payer les certificats, les noms de scène et leurs prestations.
Les jeunes professeurs, qui développent l'enseignement d'une école en établissant des branches sous l'autorité directe de l'iemoto, sont nommésnatori(名取り?). On peut parler parfois de systèmeiemoto-natori.
Le systèmeiemoto est donc caractérisé par une relation élève-maître, une structure hiérarchique et l’autorité suprême de l'iemoto.
Le termeiemoto trouverait son origine dans une école de musique de lapériode Heian (794-1185).
Cependant, le véritable usage du termeiemoto (ousoke) est apparu durant leXVIIIe siècle, à l'ère Edo (1603-1868), en référence aux principales lignées familiales ayant autorité sur des guildes commerciales ou aux personnes ayant reçu une initiation complète en étant devenu le chef d'une lignée.
Le concept de « systèmeiemoto » a été forgé par l'historienMatsunosuke Nishiyama dans l'après-guerre, pour décrire les structures sociales associées au contrôle familial exclusif et aux réseaux d'instructeurs. Il a vu dans ce système une caractéristique unique du féodalisme japonais dont l'influence sur les arts traditionnels se fait sentir jusqu'à aujourd'hui.
Durant l'âge d'or du go, il y avait quatre grandes écoles de go, lesQuatre Familles :Hon'inbō, Hayashi, Inoue et Yasui ; il leur était associé trois écoles mineures : Sakaguchi, Hattori et Mizutani.
Dans l'histoire dugo, l'écoleHon'inbō est l'une des plus célèbres. Le tournoi de go le plus vieux et le plus prestigieux au monde est ainsi le tournoi Hon'inbō.
Les trois lignées principales sont Omotesenke, Urasenke et Mushakoujisenke.
Il existe plusieurs milliers d'écoles d'ikebana au Japon, les trois principales étant Ikenobo, Ohara et Sogetsu.
Comme de moins en moins de Japonais pratiquent les arts traditionnels, il est de bon ton dans la presse anglophone de parler du traditionnel systèmeiemoto comme une organisation rigide, coûteuse, relevant dunépotisme, de l'autoritarisme et foncièrement anti-démocratique. Cette même presse met généralement en exergue des tentatives indépendantes qui se sont révélées infructueuses, comme celle deHiroaki Kikuoka, musicien deshamisen, qui créa, hors du systèmeiemoto, un système présidentiel pour son groupe de musique de stylenagauta[1].
La musicienne dekotoMichiyo Yagi est un autre exemple, plus récent, de ces musiciens qui refusent le système traditionnel de l'iemoto pour expérimenter leur propre musique. Inspirée par des artistes américains, Michiyo Yagi ne joue pas dukoto de manière traditionnelle, elle préfère frapper les cordes. Ainsi un magazine britannique de musique classique lui a décerné le titre peu glorieux deKoto Basher (« démolisseuse dekoto »)[2].
Originellement, le systèmeiemoto ne s'appliquait ni aukabuki ni aubunraku. De nos jours, certains acteurs de kabuki ont tenté de le faire revivre.