Dès le début desannées 1980, Ian McEwan s’impose sur la scène littéraire britannique avec deux recueils de nouvelles :First Love, Last Rites (1975) etIn-Between the Sheets (1978). Ces deux recueils sont traduits de manière incomplète enFrance en un seul volume intituléPremier amour, derniers rites. McEwan s’y montre fasciné par la perversion et l’interdit. Il explore tous les fantasmes les plus bizarres de la sexualité, les outrances et les excès auxquels l’amour peut conduire : crimes passionnels, crimessadiques… Avec lui, le mal rôde sous le masque de la banale réalité quotidienne, remettant en question la normalité et l’innocence.First Love, Last Rites (1975) remporte leprix Somerset-Maugham en1976.
Viendront ensuite des romans et de nombreuses pièces radiophoniques.Le Jardin de ciment (The Cement Garden, 1978) met en scène l’enfance marginale vue à travers la narration d’orphelins qui ont enfoui dans du ciment le cadavre de leur mère.Un bonheur de rencontre raconte une histoire d’amour ordinaire qui se termine par un crime pervers.L'Enfant volé (The Child in Time), publié en1987, évoque la difficulté pour des parents de surmonter le rapt de leur enfant. De multiples personnages et intrigues secondaires se greffent sur le drame qui se présente à la fois comme une satire féroce des institutions anglaises et une méditation sur l’enfance et le temps. Le roman se voit récompensé par leprix Fémina étranger en 1993.
Sans abandonner sa prédilection pour la déviance, McEwan se met ensuite à écrire des récits ancrés dans une période particulière et soucieux d’histoire récente.L’Innocent (The Innocent or The Special Relationship,1990) décrit le cheminement de l’innocence au crime le plus atroce, sur fond d’espionnage dans leBerlin de l’après-guerre. DansLes Chiens noirs (Black Dogs,1992), le narrateur tente d’écrire l’histoire de ses beaux-parents, deux personnages emblématiques des illusions et désillusions d’une époque. Ballotté entre les deux versions que ceux-ci défendent, le biographe est animé d’un désir de vérité qui, au-delà de son sujet déclaré, le concerne lui-même.
L’univers de McEwan est un monde sordide où règne un malaise permanent. Entre le thriller et leroman psychologique,Délire d’amour (Enduring Love,1997), sommet d’humour noir et de cruauté, évoque les affres de l’obsession et l’ambiguïté qui s’installe entre l’obsédé et l’objet de son obsession. Dans ce roman, où les personnages sont poussés dans leurs derniers retranchements, l’amour s’avère plus dangereux que la haine. L'auteur met en scène un personnage atteint dusyndrome de Clérambault.
En 1998, l’auteur reçoit leprix Booker pourAmsterdam (Amsterdam,1998), roman où s’affrontent quatre notables : le mari et les trois amants d’une femme décédée.
AvecExpiation (Atonement,2001), Ian McEwan s’interroge sur le pouvoir de manipulation des écrivains : une romancière écrit qu’enfant, elle a accusé de viol l'amant de sa sœur. Son histoire mêle deux histoires tragiques : celle d’un bonheur brisé et celle d’une innocence perdue. En 2007, il participe en tant que producteur exécutif au film réalisé parJoe Wright, avecJames McAvoy,Keira Knightley,Saoirse Ronan etRomola Garai, sur le scénario deChristopher Hampton.
Insolite et insolente, provocatrice, hautement originale, l’œuvre de Ian McEwan surprend par ses tours de force de concision et d’humour. L’auteur joue avec les énigmes qui sont l’essence de la narration. Tous ses romans affichent une parenté lointaine, sous forme de simulacre, avec l’énigme policière.
2010 : lauréat duprix Jérusalem 2010. Lors de la remise de son prix, l'auteur tient à dénoncer« la colonisation israélienne » et condamner« la confiscation des terres et les expulsions à Jérusalem-Est ».
Fin 2010, il a vendu plus de 15 millions de livres à travers le monde[réf. nécessaire]. Son romanDans une coque de noix, paru en France chez Gallimard en, atteint 27 000 ventes (source GFK) etL'Intérêt de l'enfant, adapté au cinéma sous le titreMy Lady, 86 000[3].
Le Jardin de ciment (The Cement Garden, 1978), trad.Claire Malroux, Seuil (1980)
Un bonheur de rencontre /Étrange Séduction (The Comfort of Strangers, 1981), trad. Jean-Pierre Carasso, Seuil (1983) / Points Romanno 448 (1991)
L'Enfant volé (The Child in Time, 1987, Whibread Novel of the Year Award), trad. Josée Strawson, Gallimard « Du monde entier » (1993, prix Femina étranger 1993)
L'Innocent (The Innocent or the Special Relationship, 1990), trad. Jean Guiloineau, Seuil (1990)
Les Chiens noirs (Black Dogs, 1992), trad. Suzanne V. Mayoux, Gallimard « Du monde entier » (1994)
Délire d'amour (Enduring Love, 1997), trad. Suzanne V. Mayoux, Gallimard « Du monde entier » (1999)
Amsterdam (Amsterdam, 1998, prix Booker 1998), trad. Suzanne V. Mayoux, Gallimard « Du monde entier » (2001)
Expiation (Atonement, 2001), trad. Guillemette Belleste, Gallimard « Du monde entier » (2003)
Premier amour, derniers rites : traduction française de deux recueils de l'auteur, éd. Henri Veyrier “ Off ” (1978)
First Love, Last Rites, 1975, prix Somerset Maugham 1976
In-Between the Sheets, 1978
Reprise dePremier amour, dernier rites sous le titreSous les draps et autres nouvelles, Gallimard « Du monde entier » (1997)
Psychopolis et autres nouvelles. Paris : Gallimard, coll. "Folio"no 3628, 2001, 132 p.(ISBN2-07-042209-7). NB : extrait deSous les draps et autres nouvelles.
Mon roman pourpre aux pages parfumées et autres nouvelles. Paris : Gallimard, coll. "Folio 2 €" n°, 01/2019, ** p.(ISBN978-2-07-283100-3)
Géométrie dans l'espace (Solid geometry) / trad. Françoise Cartano, inGalaxies intérieures : une anthologie de science-fiction moderne britannique (Night speculations, 1976), tome I, sous la direction de Maxim Jakubowski. Paris : Denoël, coll. "Présence du Futur"no 224,,p. 167-189.(ISBN2-207-30224-5)
Max Dupperay :Ian McEwan ou l’exquise douleur du paradis perdu inEuropeno 768 ().
Swantje Möller:Coming to Terms with Crisis: Disorientation and Reorientation in the Novels of Ian McEwan. Heidelberg: Winter, 2011.(ISBN978-3-8253-5880-8)
Christine Reynier :La Mise en scène de la perversion chez Ian McEwanTexte en ligne