En poésie, l’iambe, ouïambe, est unpied composé d’unesyllabe brève suivie d’une longue : enscansion, il est donc noté | ∪ — |.
Dans les formes de poésie scandée, comme en grec ou en latin, le pied ne correspond pas habituellement à une syllabe : il est plutôt une unité rythmique, comme le temps en musique. Il peut alors se composer de deux syllabes, une brève suivie d’une longue (ïambe), une longue suivie d’une brève (trochée), voire une longue suivie de deux brèves (dactyle), deux longues (spondée), etc.
En français, l’ïambe est plus difficile à illustrer, car le pied correspond à la syllabe et les syllabes sont assez homogènes (diphtongues brèves, plus de distinction claire entre syllabe brève et longue, peu d'accentuation). L'exemple le plus familier où le pied ne correspond pas à la syllabe est celui due muet à la fin d'un mot : un pied peut alors être constitué de deux syllabes, ici une longue et une courte (trochée). Si l'on prononce le mot « pieuse » sur un pied de deux syllabes (diérèse), on s'approche d'un ïambe, la première partie ("pi") étant brève et la seconde ("euse") plus longue. Mais une plus claire illustration est encore le mot "ïambe" lui-même, constitué d'une syllabe courte, "i", suivie d'une longue, "ambe".
Dans la poésie française, on n'utilise guère le terme qu'au pluriel, pour désigner des pièces lyriques.
L'anglais, qui utilise fréquemmentdiphtongues et mêmetriphtongues, distingue clairement syllabes longues et brèves, ainsi que syllabes accentuées et atones. Un pied n'y correspond donc pas à une syllabe unique, et la métrique anglaise est très différente de la française. L'accentuation des syllabes est même plus importante que leur longueur, et l’ïambe anglais est constitué d'une syllabe atone suivie d'une accentuée (ceci correspondant souvent, mais pas toujours, à la longueur des syllabes). Voici sans doute l'exemple le plus connu depentamètre iambique :
Les anciens croyaient que le nom de la poésie iambique provenait de lathracienneIambé, fille dePan etÉcho et servante dans la demeure du roi Hippothoon, qui aurait, en dansant au mètre iambique, réussit à faire rire la déesseDéméter quand celle-ci cherchait partout sa fillePerséphone, d'autres disant que Iambé était une femme s'étant pendue conséquemment aux discours tranchants auxquels elle s'était livrée[2].
Ce mot est issu dugrec[1]ἴαμϐος /ḯambos., qui peut désigner le pied formé d’une brève et d’une longue, ou le vers composé d'iambes, ou encore un poème iambique.
L’iambe ([jɑ̃b]) ou ïambe ; les deux orthographes cohabitent[3].
Littré ne donne que l'orthographe avec tréma, mais indique en remarque : "L'Académie met un tréma sur l'i de ïambe ; mais ce tréma est tout à fait inutile."
La prononciation peut soulever deux questions : faut-il faire ladiérèse ? Faut-il faire l'élision ?
Si l'on met un tréma, il semble logique de faire la diérèse. En revanche, même sans tréma on peut faire la diérèse. Quant à l'élision, elle doit normalement être faite. Mais Littré lui-même l'oublie dans sa remarque sur le tréma.
Le trimètre iambique, dans son schéma le plus pur, est composé de six iambes :| ∪ — ∪ — | ∪ // — ∪ // — | ∪ — ∪ — |
Ce vers peut être employé seul, par exemple chez les iambographes (Archiloque,Sémonide d'Amorgos,Hipponax), qui fournissent les exemples les plus anciens et les plus purs de trimètre[4]. La rigueur, c'est-à-dire le faible nombre de résolutions (en général, pas plus d'une par vers), est imitée par lesépigrammatistes ultérieurs :Léonidas de Tarente,Palladas etAgathias.
Le trimètre iambique est le vers du théâtre. C'est le cas de lacomédie (Aristophane,Ménandre), où tous les pieds, à l'exception du dernier, peuvent être remplacés par des vers de trois syllabes. On le trouve également dans ledrame satyrique (Le Cyclope, d'Euripide) et dans latragédie. Dans ce dernier genre, les résolutions (substitutions d'un pied à l'iambe) sont rares chezEschyle etSophocle, mais plus fréquente chez Euripide[5].