Georges Doriot, fondateur de l'INSEAD, était un capital-risqueur franco-américain et professeur à laHarvard Business School. Souvent considéré comme le "père du capital-risque", il a fondé laAmerican Research and Development Corporation (ARDC) en 1946, l'une des premières sociétés de capital-risque cotées en bourse[5]. La carrière de Doriot a également été marquée par son service en tant que général dans l'Armée des États-Unis pendant laSeconde Guerre mondiale, où il dirigea la division de planification militaire[6]. Son expérience pendant la guerre a renforcé sa détermination à contribuer à la reconstruction de l'Europe.
Après la guerre, Doriot a imaginé une école de commerce qui unirait des dirigeants de différents pays, y compris d'anciens ennemis, pour reconstruire les économies et promouvoir une paix durable. Pour cela, il envisagea des limites de citoyenneté pour l'école et l'utilisation du français, de l'anglais ou de l'allemand comme langues d'enseignement, afin de favoriser la collaboration interculturelle. L'école conserve encore aujourd'hui une limite de 12 % pour la citoyenneté[7], mais toutes les classes sont aujourd'hui enseignées en anglais, et les étudiants doivent maîtriser trois langues pour obtenir leur diplôme[8].
En 1955, Doriot présenta cette idée à laChambre de commerce de Paris, dont les présidents Jean Marcou et Philippe Dennis non seulement financèrent le projet, mais devinrent également les premiers présidents de l'école. La vision de Doriot reçut le soutien international, y compris du président américainDwight D. Eisenhower, qui appuya le rôle de l'INSEAD dans la reconstruction de l'Europe[9].
Doriot choisit ses anciens étudiants d'Harvard,Claude Janssen etOlivier Giscard d'Estaing, comme cofondateurs. Janssen, bien connecté dans les cercles d'affaires européens, avait une expérience substantielle en finance, tandis que Giscard d'Estaing, frère cadet du futur président françaisValéry Giscard d'Estaing, apporta un réseau politique solide, assurant ainsi le soutien de figures influentes en France et à l'étranger[10].
INSEAD a été fondée en 1957 et a d'abord opéré depuis leChâteau de Fontainebleau, avant de déménager vers son campus européen actuel en 1967[11]. La première classe de MBA commença le 12 septembre 1959 avec 57 étudiants.
INSEAD s'est développée à l'échelle mondiale avec l'ouverture de son campus asiatique àSingapour, inauguré en 2000 par le Premier ministreLee Kuan Yew. À cette occasion, l'école adopta officiellement le nom "INSEAD" et le slogan "Business School for the World", en remplacement de son ancien nom, l'Institut européen d'administration des affaires, signalant une mission plus globale[12].
En 2001, INSEAD a formé une alliance stratégique avec laWharton School, créant l'Alliance Wharton-INSEAD. Ce partenariat facilite les échanges d'étudiants, la recherche conjointe et l'enseignement collaboratif sur les six campus des deux écoles situés àPhiladelphie,San Francisco,Fontainebleau,Singapour,Pékin etAbu Dhabi. Depuis sa création, plus de 2 100 étudiants ont participé au programme d'échange. Cette alliance met l'accent sur une perspective globale dans l'éducation et la recherche en management, en s'appuyant sur les forces des deux institutions pour former des leaders ayant une véritable vision globale[13].
Organisme indépendant depuis l'origine, l'INSEAD est doté d'unConseil d'administration de33 membres choisis par cooptation. Il y a eu à ce jour six présidents, depuis l'origine :
La direction de l'INSEAD est assurée par un doyen nommé par le conseil d'administration en accord avec le corps professoral. Les doyens sont nommés pour cinq ans. Ils sont principalement issus du monde académique et du corps professoral de l'INSEAD. En 2006, pour la première fois, le doyen vient du monde de l'entreprise[15].
En 2011, lechiffre d'affaires de l'INSEAD est de 150 millions d'euros, en baisse de 20 % par rapport à 2008[16]. Il est composé à 86 % de recettes issues de la formation continue, c'est-à-dire des frais d'inscription payés par les élèves[17]. En conséquence, le coût d'un MBA et le prix des programmes de perfectionnement sont élevés[Combien ?].
L'INSEAD possède depuis 1998 unfonds de dotation qui constitue une source financière complémentaire[18]. En 2024, le capital de ce fonds est de 162 millions d'euros.
Les bâtiments de Fontainebleau et de Singapour ont été financés par emprunt, auprès de banques[19].
INSEAD n'admet pas plus de 12% d'étudiants de la même nationalité[20]. Son programme de MBA a produit le deuxième plus grand nombre de PDG duFortune 500, derrière laHarvard Business School[21]. Il figure également parmi les 20 plus grands producteurs d'individus ultra-riches[22],[23], et figure parmi les 10 premiers producteurs d'anciens élèves milliardaires parmi les programmes de MBA mondiaux[24].
En matière d'entrepreneuriat, INSEAD estime qu'environ la moitié de ses anciens élèves fondent une entreprise à un moment donné de leur carrière[25]. L'analyse 2023 dePitchbook a révélé qu'INSEAD était quatrième dans le monde en termes de capitaux levés, de nombre de fondateurs et de nombre d'entreprises (seuls Harvard, Stanford et Wharton la devancent)[26]. En 2022, les diplômés d'INSEAD ont fondé 18 licornes, faisant de l'école l'université produisant le plus de licornes en Europe[27]. Environ 800 anciens élèves de l'école ont fondé plus de 700 entreprises, qui ont au total levé 23 milliards de dollars[26]. En 2023,Harvard University,Stanford University et INSEAD sont les seules trois universités à figurer en tête de la liste des startups les plus financées par des étudiants en MBA de Poets and Quants[28].
En 2016, 2017 et 2021, le programmeMBA de l'INSEAD est classé n°1 au niveau mondial par le journalFinancial Times[29]. En 2017 et 2018, le programme Executive MBA de l'INSEAD est classé n°3 au niveau mondial par le journalFinancial Times. Les programmes de l'INSEAD figurent régulièrement dans le top 5 des classements établis par le journalFinancial Times et par le magazine américainBusiness Week en partenariat avecBloomberg LP[30].
Jusqu'en 1967, l'école n'accepte pas de candidatures féminines. Les dirigeants de l'école avancent que l'investissement n'est pas rentable, les postes de hauts dirigeants dans les sociétés françaises étant fermés aux femmes, et que le risque serait grand qu'elles abandonnent leur carrière pour fonder une famille et rester au foyer[33]. Toutefois, l'époque pré-mai 68 fait la part belle aux revendicationsféministes duMLF[34]. Dans le même temps,Hélène Ploix, une jeune étudiante formée àSciences-Po, une des formations alors ouvertes aux femmes dans le domaine économique, postule pour entrer au sein du cabinetMcKinsey, qui refuse sa candidature au double motif qu'elle est une femme et que sa formation dans le monde des affaires est insuffisante, lui promettant toutefois de revoir sa position lorsqu'elle aurait effectué un cursus d'un an à l'INSEAD. Comme celle-ci protestait que l'école refusait les femmes, le responsable du recrutement, étonné, appela l'école pour vérifier ce point, et s'entendit répondre que l'INSEAD envisageait d'accepter quelques candidates dans le futur[35]. Après quelques semaines d'attente et de multiples débats, le comité de direction accepta en février 1967 deux candidatures féminines, celles d'Hélène Ploix et deMarie-Solange Perret. Compte tenu de leurs excellents résultats et du fait qu'elles aient réussi à trouver des emplois de bon niveau, quatre autres candidates furent acceptées dans quatre sections différentes l'année suivante[34].
Grégoire de Spoelberch – Milliardaire belge, directeur d'AB InBev, la plus grande entreprise de bière au monde[37].
Wolfgang Marguerre – Homme d'affaires milliardaire allemand, Président d'Octapharma, une entreprise spécialisée dans les produits protéiques humains[38].
Finn Rausing – Homme d'affaires milliardaire suédois, copropriétaire de Tetra Laval[39].
Wopke Hoekstra, (MBA 2005), commissaire européen pour l'action climatique, responsable de la politique climatique de l'Union européenne, des négociations climatiques internationales et de la loi européenne sur le climat[57].
Johann Schneider-Ammann (MBA 1977), ancien président de la Suisse (2016–2018), ancien ministre de l'économie, de l'éducation et de la recherche[58].
Jusuf Kalla (MBA 1977), ancien vice-président de l'Indonésie (2004–2009, 2014–2019)[59].
↑Conférence des présidents d'universités, « Le guide des bonnes pratiques en matière de fondations partenariales et universitatires »,CPU,,p. 50(lire en ligne)
↑RichardAdams et Richard Adams Educationeditor, « William Hague élu chancelier de l'Université d'Oxford »,The Guardian,(ISSN0261-3077,lire en ligne, consulté le)