Muhammad ibn Abd al-Mu'in(en) (grand-père) Awn ar-Rafiq(en) (oncle paternel) Ghazi Ier d'Irak (petit-fils) Talal Ier de Jordanie (petit-fils) Aliya bint Ali(en) (petite-fille) Abdelilah ben Ali el-Hachemi (petit-fils) Princess Azza of Iraq(en) (petite-fille) Princess Rajiha of Iraq(en) (petite-fille) Princesse Badiya de Hejaz(en) (petite-fille) Abdiya bint Ali(en) (petite-fille) Princess Jalila of Hejaz(en) (petite-fille) Naif bin Abdullah(en) (petit-fils)
Il lance laGrande révolte arabe pendant laPremière Guerre mondiale contre l'Empire ottoman et le défait avec l'aide des puissances occidentales. Cependant, après la fin de la guerre, il est trahi par ces mêmes puissances, qui voient d'un mauvais œil l'émergence d'un état arabe trop puissant et uncalife susceptible de provoquer l'instabilité de leurs colonies musulmanes. Des conflits au sujet de laPalestine émergent également et il refuse de signer letraité de Versailles en protestation contre ladéclaration Balfour.
Il est enterré en tant que calife de l'islam sunnite, dans la madrasa al-Arghuniyya, à l'intérieur du complexe del'esplanade des mosquées (al-Ḥaram aš-Šarīf)[6].
Il appartient au clan Dhawu Awn des Abadilah, une branche de la tribu desBanu Qatadah. Les Banu Qatadah gouvernent le chérifat de La Mecque depuis l'accession de leur ancêtre Qatadah ibn Idris en 1201, et sont la dernière des quatre branches de chérifs hachémites qui, ensemble, gouvernent La Mecque depuis leXIe siècle.
En 1827, Muhammad ben Abd al-Mu'in est nommé chérif, devenant le premier chérif de la branche des Dhawu Awn et mettant fin à la domination séculaire des Dhawu Zayd[18]. Il règne jusqu'en 1851, date à laquelle il est remplacé par le Chérif Abd al-Muttalib ibn Ghalib des Dhawu Zayd. Après avoir été déposé, il envoie avec sa famille et ses fils pour résider dans la capitale ottomane deConstantinople.
C'est là que Hussein naît du fils de Muhammad, Ali, en 1853–1854. Muhammad est rappelé au pouvoir en 1856, et Hussein, alors âgé de deux ou trois ans, accompagne son père et son grand-père àLa Mecque[17]. Muhammad meurt rapidement, en 1858, et est remplacé par son fils aîné, le chérif Abdallah Pacha, l'oncle de Hussein. Quelques années plus tard, en 1861-1862, Ali est rappelé àConstantinople tandis que Hussein reste dans le Hedjaz sous la garde de son oncle Abdallah.
Hussein est élevé à la maison contrairement aux autres jeunes hachémites, qui sont habituellement envoyés à l'extérieur de la ville pour grandir parmi les nomades bédouins. Apparemment un jeune studieux, il maîtrise les principes de la langue arabe et est également éduqué dans la loi et la doctrine islamiques. Parmi ses professeurs, on compte le cheikh Muhammad Mahmud at-Turkizi ash-Shinqiti, avec qui il étudie les septMu'allaqat. Avec le cheikhAhmad Zayni Dahlan, il étudie leCoran, achevant sa mémorisation avant l'âge de 20 ans[17],[19],[20].
Pendant le règne d'Abdallah, Hussein se familiarise avec la politique et l'intrigue entourant la cour chérifienne. Il participe également à de nombreuses expéditions auNejd et dans les régions orientales duHedjaz pour rencontrer les tribus arabes, sur qui leChérifat de La Mecque exerce alors une forme de contrôle lâche. Il apprend les coutumes desBédouins, y compris les compétences nécessaires pour résister à l'environnement hostile dudésert. Au cours de ses voyages, il acquiert aussi une connaissance approfondie de laflore et de lafaune du désert etcompose des poèmes en vers humayni, un type de poésie vernaculaire (malhun) desBédouins. Il pratique égalementl'équitation et lachasse[17].
En 1871–1872, Hussein se rend àConstantinople pour rendre visite à son père, Ali, qui est tombé malade. Il retourne àLa Mecque après la mort de son père plus tard cette année-là[21].
En 1875, il épouse la fille d'Abdallah, Abdiyah, sa cousine. En 1877, Abdallah meurt et Hussein ainsi que son cousin Ali ibn Abdallah reçoivent le rang depacha.
Théologiquement et juridiquement, Hussein ben Ali est difficile à qualifier. Il étudie majoritairement avecAhmad Zayni Dahlan, avec qui il devientHafiz[17],[19]. Il a une éducationchaféite ethanafite[23][24] mais s'allie aussi auxmalékites et s'oppose à la fois auxhanbalites et auxwahhabites[25], à une époque où l'appartenance à unmadhhab est plus floue. On peut trouver ainsi chez lui des points de ces trois écoles defiqh[26].Par exemple, il préconise le retour ducalifat à unQuraych, une idéechaféite[27], alors qu'il choisit d'être élu à ce poste, ce qui est plutôt une visionhanafite et n'est pas nécessaire pour lechaféisme[28].
En 1908, lechemin de fer du Hedjaz est achevé. Il permet auxTurcs de renforcer leur contrôle sur leHedjaz et d'assurer une capacité de réaction rapide pour renforcer leurs garnisons àLa Mecque etMédine. Il est construit sous la menace constante de raids arabes, comme ceux de la tribu Harb, qui témoignent de leur hostilité au projet[32],[33]. De plus, en avril 1915, le gouvernement ottoman commence unepolitique d'extermination des minorités de l'Empire ottoman, par différents génocides. Cela effraie lesArabes[34],[35],[36],[37], qui sont la minorité la plus importante de l'Empire, et est ouvertement critiqué par Hussein ben Ali[38].
Ces conflits avec lesTurcs deviennent si violents qu'ils éclipsent les tensions existantes au sein de la sociétéarabe etbédouine, et de nombreuses tribus rivales desHachémites se rallient à leur autorité[39].
Un mouvement arabeindépendantiste etanticolonial se développe, principalement enSyrie ottomane, où des intellectuels et des journaux arabes appellent à restaurer le califat dans les mains d'unQuraych, et surtout à acquérirl'indépendance desarabes vis-à-vis del'Empire ottoman[40],[41]. De plus, relations entre Hussein et le Comité d'Union et du Progrès se détériorent encore davantage après la découverte d'un complot d'Enver Pacha visant à assassiner Hussein[42],[43].
Tous ces points entraînent une rupture violente entre les élites arabes et la classe politique ottomane[44] et se retrouvent dans sa proclamation d'indépendance, plus tard, lorsqu'il présente sa lutte comme une luttereligieuse etanticoloniale[30],[45],[46].
Vingt jours après le début dugénocide arménien dans l'Empire ottoman, le fils de Hussein ben Ali,Fayçal, rencontre les dirigeants de l'organisation révolutionnaireAl-Fatat àDamas. Ils lui assurent de leur soutien en cas de révolte et reconnaissent Hussein comme le représentant de la nationarabe[47],[48],[49].
Lorsque Hussein reprend lesrevendications panarabes, en 1916, après sa proclamation d'indépendance ; il s'érige en première figure de taille derrière laquelle se rangent lespanarabes, et est donc fréquemment considéré comme le père dupanarabisme[50],[51],[52],[53].
Proclamation d'indépendance de Hussein, en date du 27 juin 1916. Dans celle-ci, Hussein invoque uniquement des raisons religieuses, et non nationalistes[54], pour expliquer pourquoi il se révolte[55].
Au début de laPremière Guerre mondiale, il écrit auxJeunes-Turcs pour les dissuader d'intervenir dans le conflit[56]. Après l'entrée en guerre de l'Empire ottoman, qui proclame ledjihad contre laTriple-Entente (par la voix ducheikh-al islam,Hayri Bey), Hussein refuse de se joindre à cet appel au djihad ; les Ottomans lui demandent à plusieurs reprises de le faire, conscients de son importance religieuse[57].
Le dirigeant ottomanDjemal Pacha redoute un soulèvement des tribus arabes, dont la loyauté est vacillante, et qui veulent mettre fin à la domination turque sur leur territoire. Il convoque Hussein ben Ali àDamas pour le faire arrêter, emprisonner et peut-être exécuter[56]. Hussein refuse de se rendre à Damas ; il propose toutefois de rester en contact avec les Ottomans et de discuter avec eux directement àLa Mecque.
Après ces révélations inquiétantes pour lui, il entre en relation avec les pays occidentaux de laTriple Entente pour savoir s'ils acceptent de soutenir l'indépendance des Arabes. Les Alliés répondent par l'affirmative et lui promettent de lui transmettre le contrôle de toutes les zones arabes prises jusqu'àAdana - dans le cadre duprotocole de Damas, et dans lacorrespondance Hussein-McMahon[58]. Les puissances occidentales le trahissent après la fin de la guerre, ne transmettant qu'une partie minime des possessions promises à ses descendants.
Hussein lance une série de réformes, notamment pour ne pas choquer les musulmans des colonies françaises ou britanniques qui font leHajj, et purge les chiens errants, tente d'assurer la sécurité des routes du Hajj, il cherche aussi à lutter contre lesmarchés aux esclaves qui sont assez nombreux dans leHedjaz[59].
Il fait aussi entreprendre la dernière restauration de grande ampleur de laMosquée al-Harâm en 1920[60] et la restauration des mosquées de Palestine, et plus spécifiquement de lamosquée al-Aqsa[61].
Durant laPremière Guerre mondiale, il joue un rôle important en lançant larévolte arabe[48] depuis son palais deLa Mecque, où il proclame ledjihad contre les Jeunes-Turcs. Armé d'un fusil, il déclare que le djihad est« entrepris contre la colonisation, l'oppression et l'esclavage » des Turcs[62],[63].
Hussein ben Ali en 1917
Dans les raisons qu'il donne pour justifier le djihad, il déclare agir pour une série de raisons : des persécutions des Arabes par les Ottomans, qui peuvent aller jusqu'à des déportations et des exécutions jusqu'augénocide arménien, que Hussein condamne[64]. On retrouve cette idée de libération nationale dans sa proclamation officielle d'indépendance[30], en 1916.
« Nous sommes déterminés à ne pas laisser nos droits religieux et nationaux être un jouet entre les mains duParti Union et Progrès.
Dieu (béni et exalté soit-Il) a donné à la terre l'occasion de se révolter, lui a permis, par sa puissance et sa force, de s'emparer de son indépendance et de couronner ses efforts de prospérité et de victoire, même après qu'elle a été écrasée par la mauvaise administration des officiels civils et militaires turcs.
Cette terre se tient tout à fait à part et distincte des pays qui gémissent encore sous le joug du gouvernement du parti Union et Progrès. Elle est indépendante au plein sens du terme, libérée de la domination des étrangers et purgée de toute influence étrangère. Ses principes sont de défendre la foi de l'islam, d'élever le peuple musulman, de fonder sa conduite sur la loi sainte, d'édifier le code de justice sur le même fondement en harmonie avec les principes de la religion, de pratiquer ses cérémonies conformément aux progrès modernes, et faire une véritable révolution en ne ménageant aucun effort pour répandre l'instruction dans toutes les classes selon leur situation et leurs besoins. »
Hussein ben Ali (date inconnue) sur son tapis de prière à la mosquée.
Les soldats ottomans de La Mecque, réfugiés dans laforteresse d'Ajyad, sont rapidement encerclés au son des tambours de guerre et malgré leur défense soutenue par l'artillerie, ils doivent céder face aux Arabes qui prennent la forteresse en moins de deux jours[63]. C'est le début de la révolte arabe.
Djemal Pacha, à la nouvelle de la révolte, fait arrêter des intellectuels arabes de Syrie, menace de les exécuter ; mais il n'en fait rien après la réponse d'Hussein selon laquelle pour chaque Arabe exécuté, dix officiers turcs seraient mis à mort[63],[65].
Ces combats sont popularisés en Occident grâce à l'histoire deLawrence d'Arabie. Le chérif Hussein, trahi par les puissances occidentales, l'est aussi par des membres de familles liées auxSaouds, alliés aux Ottomans.
À partir de 1917, Hussein prend des décisions pour protéger dugénocide arménien les réfugiés arméniens et lesArméniens vivant sur ses terres[66]. Tout d'abord, il condamne publiquement le génocide dès 1916, déclarant :« Ajoutez à cela toutes les iniquités que subissent les populations ottomanes, tant chrétiennes que musulmanes (...) Nous signalons spécialement à la réprobation du monde les atrocités commises sur les Grecs et sur les Arméniens, atrocités que notre sainte loi ne peut que réprouver »[67]. À cet égard, il promulgue en 1917, dans un décret :« Au nom du Très Miséricordieux Allah et de notre prophète Mahomet, nous nous adressons à nos frères arabes (...) pour accueillir les réfugiés arméniens dans leurs familles, partager avec eux leurs biens - chameaux, nourriture, abri, couvertures - et partager tout ce que vous avez en excès, et tout ce que vous pouvez donner aux gens »[66].
En avril 1918, dans le cadre de sa reconquête des territoires syriens dans lesquels legénocide arménien a pris place, il prend un décret pour protéger lesArméniens des persécutions et leur permettre de s'installer en paix, dans celui-ci, il ordonne[64],[68],[69],[70] :
« Ce qui vous est demandé, est de protéger et de bien prendre soin de tous les membres de lacommunauté arménienne jacobite[71] vivant sur vos territoires et frontières ainsi que parmi vos tribus ; pour les aider dans toutes leurs affaires et les défendre comme vous vous défendriez vous-mêmes, vos biens et vos enfants, et leur fournir tout ce dont ils pourraient avoir besoin, qu'ils s'installent ou qu'ils se déplacent d'un endroit à l'autre, car ils sont le Peuple Protégé des Musulmans (Ahl Dimmat al-Muslimin) — à propos de qui le Prophète Muhammad a dit :« Quiconque leur enlève ne serait-ce qu'une corde, je serai son adversaire le jour du Jugement[72] ». C'est l'une des choses les plus importantes que nous vous demandons de faire et que nous attendons de vous, compte tenu de votre noble caractère et de votre détermination. »
Hussein ben Ali à Amman
L'Armenian National Institute considère qu'il s'agit de la plus ancienne déclaration d'un chef d'État pour reconnaître le génocide arménien[73]. De plus, il ouvre la citoyenneté dans son royaume auxArméniens[74]. Selon des survivants du génocide arménien, tels que Levon Yotnakhparian, Hussein l'accueille et est choqué par les nouvelles de ce qu'il se passe[75]. Il soutient également les survivants arméniens et fournit des hommes et une protection pour des expéditions dans ledésert syrien visant à sauver les déportés arméniens[76],[77]. Selon les témoignages, cette méthode aurait sauvé jusqu'à 4 000 personnes du génocide en collaboration avec le chef druze Hussein al-Attrache, qui reçoit les réfugiés et les dissimule en tant queDruzes[76],[77]. Son fils,Fayçal, assure le transport gratuit de tous les réfugiés arméniens vers le camp de réfugiés britannique àDamas et l'utilisation gratuite duchemin de fer du Hedjaz, même si cela signifie entraver l'effort de guerre[78].
À la fin de la guerre, Hussein se trouve en conflit important avec les intérêts de laGrande-Bretagne sur la question de laPalestine[79],[80]. En janvier et, Hussein reçoit leMessage de Hogarth(en) et laLettre de Bassett(en) en réponse à ses demandes d'explication concernant laDéclaration Balfour et l'Accord Sykes-Picot, respectivement[81],[82]. Malgré leurs explications, il déclare que laPalestine doit être incluse dans les frontières du nouveau royaume arabe et doit refuser les colonssionistes, même s'il est prêt à accepter la présence de Juifs en Palestine[83], notamment de ceux qui y vivent déjà et ne viennent pas de pays étrangers, entre autres les communautésjuives orthodoxes anti-sionistes[79]. Cependant, même après une assurance deMcMahon, Hussein ne reçoit pas les terres promises par leurs alliés britanniques. McMahon prétend que les terres proposées pour être incluses dans le nouvel État arabe ne sont pas exclusivement arabes. En réalité, McMahon refuse de remettre les nouvelles terres car les zones en question ont déjà été revendiquées par le nouvel allié britannique, laFrance[84],[85].
Il reçoit une subvention britannique totalisant 6,5 millions de livres sterling entre 1916 et. En, la subvention est réduite à100 000 livres par mois (au lieu de 200 000), puis à75 000 livres à partir d'octobre,50 000 livres en novembre, et25 000 livres en décembre. À partir de, aucun paiement supplémentaire n'est fait.
LesBritanniques ne sont pas disposés à tenir leurs promesses envers Hussein, comme le déclare lecolonel Wilson dans une correspondance secrète[86] :
« À un moment donné, nos copies arabes des lettres de SirH. MacMahon au Grand Chérif ne pouvaient être retrouvées ; si elles ne sont toujours pas disponibles, cela pourrait être quelque peu gênant lorsque le roi Hussein présentera les originaux. (...) Si aucune solution satisfaisante n'est trouvée, le roi Hussein aura des motifs de considérer que la Grande-Bretagne a rompu sa parole donnée. »
En 1919, le roi Hussein refuse de ratifier leTraité de Versailles. En, cinq jours après la signature duTraité de Sèvres,Curzon demande au Caire de procurer la signature de Hussein sur les deux traités et accepte de faire un paiement de30 000 livres sterling conditionné à la signature. Hussein décline et déclare en 1921 qu'il ne peut pas être tenu de« mettre son nom sur un document attribuant laPalestine auxsionistes et laSyrie à des étrangers »[87]. Il refuse à nouveau d'accepter ladéclaration Balfour en 1923, déclarant :« Je considère le peuple de Palestine comme ma propre famille, sans distinction entre musulmans, chrétiens, juifs ou nationalistes »[88].
En janvier 1924, Hussein reçoit àAmman une délégation sioniste dirigée par lerabbin Yaakov Meir et un colonel britannique[79]. Malgré les avoir accueillis avec respect, il ne change pas sa position. Sa position est alors considérée par leRoyaume-Uni comme étant extrémiste, et ainsi, les presses britannique et sioniste lancent des campagnes de presse contre Hussein, déformant ses positions[89]. Ils s'opposent également fortement àson califat, le qualifiant d'illégitime[79]. Après être devenu calife, il continue sur cette voie, déclarant :« Je considère le sionisme comme injuste envers les musulmans, les chrétiens et les juifs orthodoxes, et en tant que protecteur de la justice, je résisterai à ce sionisme injuste »[89]. Cela contribue à dégrader sa relation avec les sionistes jusqu'à un point de rupture[79].
Après l'abolition du califat par l'Assemblée nationale turque, Hussein est proclamécalife. Les récits sur la date officielle et les événements varient : certains placent le début du califat le 3 mars 1924, lorsque Hussein se déclare calife au camp d'hiver de son filsAbdallah à Shunah, enTransjordanie[90]. D'autres sources, à l'instar d'une dépêche deReuters, fixent la date au 7 mars 1924 et décrivent Hussein ben Ali comme étant élu calife par des musulmans de "Mésopotamie,Transjordanie et duHedjaz"[91]. Un troisième compte-rendu de la date officielle a lieu lorsqu'il reçoit l'hommage de la majorité de la population arabe àAmman en tant que calife, le 11 mars 1924[92]. Enfin, une quatrième version place la date le vendredi 14 mars 1924, lorsque Hussein est apparemment intronisé comme calife àBagdad pendant laprière du vendredi[91]. Quoi qu'il en soit, toutes les sources s'accordent sur une date en mars 1924, peu de temps après l'abolition du califat ottoman parMustafa Kemal Ataturk[90],[91],[92]. De manière séparée, il fait des déclarations en soutien à ladynastie ottomane, ruinée et exilée deTurquie ; ainsi, il déclare[93] :
Les services rendus par la famille ottomane à l'islam et aux musulmans sont indéniables ; leur héroïsme ne peut être minimisé. La récente décision concernant la famille [exil] a transpercé les cœurs et attristé les esprits des musulmans. Par conséquent, nous considérons comme un devoir de fraternité islamique de répondre aux besoins de la famille et de les protéger contre les difficultés financières. Ceux qui souhaitent participer à cette grande entreprise doivent exprimer leurs intentions à nos représentants à La Mecque.
Dans la même perspective, il soutient financièrement les membres de la dynastie ottomane en exil, pour éviter qu'ils ne soient ruinés, il leur fournit 2400 livres malgré sa situation financière et économique compliquée[93].
« Selon un rapport envoyé au Times depuis Jérusalem,Vehideddin, qui se trouve dans la ville italienne deSan Remo, a envoyé un télégramme au roi Hussein et annoncé qu'il reconnaît Hussein en tant que calife. »
Étant donné la difficulté de sa situation contre Ibn Saoud, qui harcèle ses troupes, et le fait que les Britanniques, depuis qu'il veut être calife, le perçoivent comme un ennemi, et accordent désormais leur soutien aux Saoudiens[94], il décide d'abdiquer de son poste deroi du Hedjaz pour le laisser à son fils,Ali ben Hussein.
Dans un souci de légitimer sa proclamation et d'établir des bases juridiques pour son califat, il fait réunir un Concile Consultatif[95], composé de trente-et-un représentants du monde musulman, élus par les oulémas et les habitants duHaramayn. Ce Concile se réunit douze fois, avant d'être ajournésine die face à l'avancée des troupes saoudiennes[95]. Ainsi, son califat dure simplement quelques mois[96] car il est rapidement envahi et détruit par les troupes d'Ibn Saoud[11],[97].
Bien que les Britanniques soutiennent, du moins officiellement, Hussein depuis le début de laRévolte arabe et de laCorrespondance McMahon-Hussein, ils choisissent de ne pas l'aider à repousser la conquête saoudienne duHedjaz et soutiennent même lesSaoudiens sur le plan militaire, en fournissant des armes àIbn Saoud[11], qui finit par prendreLa Mecque,Médine etDjeddah. Les Britanniques proposent à plusieurs reprises de l'assister et d'arrêter de soutenir les Saoudiens, en échange de sa reconnaissance de laDéclaration Balfour, mais il refuse à chaque fois[11]. Selon l'Institute of Contemporary Islamic Thought, les Britanniques non seulement soutiennent Ibn Saoud contre Hussein ben Ali, mais ils le soutiennent également par la suite contre lesIkhwan[98].
Hussein tente de faire des appels à laSociété des Nations (SDN), aux puissances musulmanes et occidentales ; qui n'interviennent pas et se contentent de surveiller les événements[99]. Les Britanniques sont extrêmement négatifs à son égard depuis qu'il a pris le titre califal et refusent de le soutenir[99].
Il décide d'abdiquer[99]. Après son abdication, un autre de ses fils,Ali, assume brièvement le trône du Hedjaz, mais il doit lui aussi fuir face à l'avancée des forces saoudiennes. Son autre fils,Fayçal, devient brièvementroi de Syrie puisroi d'Irak, tandis qu'Abdallah devient émir de Transjordanie, la futureJordanie. Alors qu'il part en exil, il utilise encore le titre de calife[100] jusqu'à sa mort[101].
Hussein ben Ali posant avec sa suite et ses chevaux pendant son exil à Chypre
Hussein est ensuite contraint de fuir àAmman, enTransjordanie, où son filsAbdallah est émir. Pendant cette période, on décrit le roi Hussein comme ayant cherché à restaurer son Royaume en Transjordanie, même si cela le fait entrer en conflit avec son fils, Abdallah, déjà désignéroi de Transjordanie[102]. Il est donc écarté versAqaba[102]. Les Britanniques décident ensuite de l'exiler de force àChypre, et il arrive àNicosie en 1925[102].
Ses fils viennent parfois lui rendre visite, même si ses relations avec eux sont tendues, sauf pourZeid, qui vient le voir le plus souvent[102]. Selon le gouverneur britannique de l'île,Ronald Storrs, se rendant le voir, il aurait trouvéZeid en train de lire à son père un commentaire d'al-Boukhârî sur leCoran[102]. Il sort rarement de chez lui, mène un style de vie austère et lit leCoran et des livres religieux[102]. Hussein lit aussi des journaux arabes le matin[102]. Cependant, il assiste toujours aux courses de chevaux et a ramené des chevaux arabes en exil qu'il traite« comme sa propre famille »[102]. Hussein accorde quelques interviews à la pressechypriote grecque pendant son exil[102]. Il reçoit également quelques visiteurs, tels que Sheikh Fuad al-Khatib, Muhammad Jamil Bayham, qui souhaite écrire sa biographie, ou le poète jordanien Mustafa Wahbi Tal, entre autres[102]. Hussein est ruiné mais la population localechypriote grecque etchypriote turque considère qu'il s'agit d'un homme richissime et essaie donc de se l'attacher et d'acquérir ses faveurs ; lui, de son côté, est empêtré dans des affaires judiciaires quant aux revenus de propriétés en Égypte, entre autres[102].
Il essaie d'être amical envers les différentes communautés ethniques de l'île, mais il est particulièrement proche desArméniens de l'île, les considérant comme des victimes, tout comme lui, desJeunes-Turcs[102]. Il n'a pas de lien renseigné avec la communautéchypriote turque, bien qu'ils existent peut-être et n'est pas mentionné comme s'étant rendu dans unemosquée turque deNicosie[102]. En 1926, il rencontre l'archevêque arménien de Nicosie, qui lui réserve un accueil chaleureux[102]. Par la suite, il fait don de tambours et d'instruments à la communauté arménienne de l'île, notamment à la Philharmonique de l'école arménienne Melkonian[102],[103],[104].
Il commence à tomber malade dès 1928, mais sa femme favorite,Adila Khanum, décède en 1929, ce qui aggrave son état de santé[102]. Elle est inhumée dans leHala Sultan Tekke, le plus grand sanctuaire musulman de l'île. Ses deux fils,Ali etAbdallah, assistent aux funérailles et commencent à préparer et à demander aux Britanniques son rapatriement, estimant qu'il ne lui reste pas longtemps à vivre et qu'ils doivent être à ses côtés[102].
À mesure que sa santé continue de se détériorer et qu'il est paralysé par une attaque cérébrale à l'âge de 79 ans en 1930[105], les Britanniques sont de plus en plus enclins à le renvoyer auMoyen-Orient. Ils craignent que sa mort ne suscite non seulement du ressentiment parmi lesArabes envers le Royaume-Uni, mais qu'elle ne compromette également leurs relations avec les dirigeantshachémites, tous alliés au Moyen-Orient[102]. LesSaoudiens expriment leur mécontentement face aux rumeurs de rapatriement d'Hussein, en particulier après qu'Hussein ait exprimé le souhait d'être enterré àLa Mecque, un événement que les Saoudiens craignent de voir entraîner des« rassemblements pro-Hachémites »[102]. Finalement, les Britanniques décident de le rapatrier àAmman, avecBagdad comme autre option envisagée. À son arrivée, il est accueilli par une foule nombreuse qui l'acclame et le suit jusqu'au Palais Raghadan[102]. Là, alors qu'il se trouve à Amman, il publie une série de textes dans al-Yarmouk, un journal arabe, où il défend ses actions et réaffirme qu'il est opposé aumandat britannique de Palestine[106].
Déjà très malade, il meurt le auprès de son fils, le roiAbdallahIer de Jordanie[107]. Après une procession réunissant plus de 30 000 personnes[108], il est enterré dans la madrasa al-Arghuniyya, sur l'esplanade des mosquées (al-Ḥaram aš-Šarīf)[6]. Fayçal, avec qui les relations sont les plus tendues, refuse d'assister à son enterrement, citant des« affaires d'état »[102]. Sur la fenêtre au-dessus de sa tombe est écrite l'inscription suivante :« هَذَا قَبْرُ أَمِيرِ ٱلْمُؤْمِنِينَ ٱلْحُسَيْن بْنُ عَلِي » (Haḏa qabru ʾamīri ʾal-mūˈminīna ʾal-Ḥusayn bnu ʿAlī) ce qui se traduit« Ceci est la tombe du Commandeur des Croyants, Hussein ben Ali »[109],[110].
Plusieurs poètes ont écrit sur lui, dontAhmed Chawqi, surnommé le Prince des Poètes[111], qui écrit un poème sur ses funérailles[112], et Mustafa Wahbi Tal, l'un des poètes jordaniens les plus connus[113],[114],[115], qui lui consacre un poème[116].
Son action dans legénocide arménien lui vaut d'être cité en2014 et2020 par les présidents arméniens,Serge Sarkissian etArmen Sarkissian comme un exemple detolérance et d'amitié entre lespeuples[117],[118],[119],[120], comme le souligne également le prince jordanienHassan ben Talal[121]. Hussein est cité dans le livreCrows of Desert du survivant arménien Levon Yotnakhparian, lorsqu'il discute de l'aide apportée par Hussein aux survivants et pour aider à sauver les victimes[77]. Ce livre donne ensuite naissance à un film du même nom[122].
Pour ses actions pendant legénocide arménien, Hussein est honoré du titre de« Juste du génocide arménien » par des chercheurs arméniens[123]. Le vendredi, à l'occasion du centenaire du génocide arménien, lecheikhlibanais Maher Hammoud fait référence à Hussein ben Ali dans son sermon condamnant le génocide[124].
Plusieurs mosquées portent encore son nom de nos jours, telles que la mosquée Hussein ben Ali àAqaba[125], la mosquée Hussein ben Ali àMa'an[126] ou la mosquée al-Husseini àAmman[127]. En 2020, un documentaire est réalisé sur lui et sa vie parAl-Arabiya[128], qui est visionné plus de cinq millions de fois surYouTube à la date de[129].
↑EncyclopædiaUniversalis, « HUSAYN IBN 'ALI », surEncyclopædia Universalis(consulté le).
↑1853 est l'année de naissance retenue en majorité par les notices d'autorité mais certaines sources indiquent d'autres années de naissance, notamment 1854[1], 1855 ou 1856[2].
↑Dans les faits, il n'a jamais abdiqué de son rôle de calife, malgré son exil (fin 1925), comme le témoigne sa sépulture. La date de fin de son califat traditionnellement donnée (1925) est en réalité une date tirée du fait qu'il perd le contrôle du Haramayn cette année là mais on peut situer la fin de son califat au jour de sa mort aussi, en 1931.
↑نضال داود المومني,الشريف الحسين بن علي والخلافة,(lire en ligne)
↑abcd ete(ar) جريدةالوطن etwebmaster, « «مملكة الحجاز».. وقــصـــة الـغــزو المـســلّـــح », surجريدة الوطن,(consulté le) :« وذكر الوثائقي أنه في 1924م، اندفع الشريف الحسين بن علي متشبثاً برداء النبوة ليعلن نفسه خليفة للمسلمين، فتلقى بيعة واسعة في الحجاز والشام، الأمر الذي زاد من غضب بن سعود، فكان إعلان الخلافة القشة التي قصمت ظهر البعير، فقرر بن سعود غزو الحجاز فوراً. »
↑a etbCentral File: Decimal File 867.9111, Internal Affairs Of States, Public Press., Newspapers., Turkey, Clippings And Items., March 22, 1924 - March 12, 1925. March 22, 1924 - March 12, 1925. MS Turkey: Records of the U.S. Department of State, 1802-1949: Records of the Department of State Relating to Internal Affairs of Turkey, 1910-1929. National Archives (United States).Archives Unbound, link.gale.com/apps/doc/SC5111548903/GDCS.GRC?u=usparisbis&sid=bookmark-GDCS.GRC&xid=9f4f5b1d&pg=5. Accessed 17 May 2023.
↑Dans l'islam, les descendants de Mahomet à travers Hussein ibn Ali sont nommés Sayyid tandis que les descendants de Mahomet à travers Hassan ibn Ali sont nommés Chérifs. C'est à cette catégorie qu'appartiennent les hachémites.
« [H]is father, the Sherif Ali Pasha…died at Istanbul about the year 1872… »
↑HasanKayali,Arabs and Young Turks : Ottomanism, Arabism, and Islamism in the Ottoman Empire, 1908-1918,University of California Press,, 311 p.(ISBN978-0-520-20446-1,lire en ligne), « 5.A Case Study in Centralization: The Hijaz under Young Turk Rule, 1908–1914, The Grand Sharifate of Husayn Ibn ‘Ali »
↑Certaines sources dont la fiabilité reste à démontrer mentionnent que Hussein a eu des diplômes islamiques dans des écoles hanafites. Ce serait cependant probable, puisqu'il s'agit alors de la branche majoritaire dans la hiérarchie de l'Empire Ottoman et qu'il semble étudier à Constantinople/Istanbul.
↑AlbertHourani (Thomas Leiper Kane Collection),Arabic thought in the liberal age, 1798-1939, London,, issued under the auspices of the Royal Institute of International Affairs by Oxford U.P,(ISBN0-19-285039-3,OCLC206913,lire en ligne)
↑OlivierHanne, « La révolte arabe en 1916 : mythe et réalité »,TELEMME - Temps, espaces, langages Europe méridionale-Méditerranée, SPM,,p. 331(lire en ligne, consulté le) :
« Dès l’automne 1916, il commence à imprimer sa marque dans leHejâz, puisque le corps sénatorial qu’il constitue le 7 octobre est composé notamment des muftis chafite et malékite, mais pas des représentants du rite hanafte – offciel dans l’empire ottoman – ni hanbalite – celui des wahhabites. Le 23 décembre, il se déclare indifférent à la monarchie et libre face aux puissances européennes et va jusqu’à décliner l’offre de débarquement franco-britannique (27 décembre). Son obsession reste le califat. Sa législation en est le signe puisqu’il lance la lutte contre le péché à Médine. Le 30 octobre 1916, les cafés ne peuvent rien vendre durant les heures de prières ; le 3 mai 1917, l’alcool est interdit. Il restaure en janvier 1917 les titres traditionnels arabo-musulmans (chérif, sayyid, shaykh) et abolit les titres turcs (effendi, bey, pacha…). »
↑HervéBleuchot,« Chapitre II. Formation des principaux rites du droit musulman : 2e-3e/viii-ixe siècles », dansDroit musulman : Tome 1 : Histoire. Tome 2 : Fondements, culte, droit public et mixte, Presses universitaires d’Aix-Marseille,coll. « Droit et religions »,(ISBN978-2-8218-5332-4,lire en ligne),p. 75–123
↑La centralisation déplaît aux élites bédouines, qui perdent leurs terres et leurs privilèges, l'interdiction de l'arabe déplaît au clergé et aux intellectuels arabes, qui considèrent cette interdiction comme une violation de l'islam (ce qui se retrouve dans la proclamation) et de la nation arabe, la modernisation de l'Empire ottoman effraie aussi beaucoup les bédouins, qui vivent encore majoritairement dans des espaces nomades et préservés de l'industrie ou du capitalisme. L'ouverture du Hedjaz, progressive, et le contact avec les Britanniques et les Français dans la Mer Rouge sont d'autres facteurs qui participent au choc qu'éprouvent les Arabes, et plus particulièrement les bédouins, vis-à-vis de l'Empire ottoman.De plus, un schisme religieux oppose entre eux les bédouins, entre la synthèse islamique plus ou moins traditionnelle poussée par les Hachémites de La Mecque et le wahhabisme porté par les Saoudiens du Nejd, beaucoup plus radical. Tant que les Hachémites parviennent à tenir les Saoudiens à distance de La Mecque, ils parviennent à se maintenir religieusement, mais quand les puissances européennes interviennent en faveur des Saoudiens, le wahhabisme s'impose et prend le pouvoir.
↑GabrielWillman, « From Pre-Islam to Mandate States: Examining Cultural Imperialism and Cultural Bleed in the Levant »,HIM 1990-2015,(lire en ligne) :
« When Sayyid Hussein bin Ali, the Sharif of Mecca, and the Hashemites organized an “Arab” revolt during World War II, he garnered support from across the entire region, including the Levant. By the fall of the Ottoman Empire, the Arabization of the Levant had reached the point that the traditional tribal leadership was willing to accept the rule of the Hashemite family of Arabia. »
↑MichaelLow, « Empire of the Hajj: Pilgrims, Plagues, and Pan-Islam under British Surveillance,1865-1926 »,Georgia State University,(DOI10.57709/1059628,lire en ligne)
↑a etbJoshuaTeitelbaum, « Sharif Husayn ibn Ali and the Hashemite Vision of the Post-Ottoman Order: From Chieftaincy to Suzerainty »,Middle Eastern Studies,vol. 34,no 1,,p. 103–122(ISSN0026-3206,lire en ligne, consulté le)
« Politically, Pan-Arabism was first endorsed by Sharif Hussein bin Ali (1908-1917), the Sharif of Mecca, who wanted to gain independence from the Ottoman Empire. »
↑PierreNevejans, « Agrégation d'histoire, agrégation de géographie et CAPES d'histoire-géographie Le Moyen-Orient de 1876 à 1980 »,Agrégation d’histoire, agrégation de géographie et CAPES d’histoire-géographie,(lire en ligne) :
« Le chérif Hussein accompagne son mouvement insurrectionnel d’une proclamation officielle où il accuse les Ottomans d’impiété, mais sans aborder la question du nationalisme arabe »
« Au Hedjaz, l’émir Hussein tente de faire le ménage pour donner une image correcte de son pays. Il fait tuer les chiens galeux, tente d’assurer la sécurité sur les routes pour ne plus livrer les pèlerins aux bandits qui pullulent, et cherche à dissimuler les marchés aux esclaves qui indignent les musulmans français. Officiellement interdits par le gouvernement turc en 1908, ces marchés sont tellement ancrés dans la culture locale qu’ils se poursuivent au vu et au su de tous. On y achète un homme, une femme ou un enfant pour une somme allant de 1 000 à 3 000 F. »
« - L'Assemblée ottomane usurpe l'autorité du sultan ottoman et son droit de choisir des candidats aux postes importants de l'État, tels que le poste de grand vizir et de cheikh al-Islam.
- Ils manipulent les fonds publics et nous accablent de prêts.
- Ils ont plongé l'Empire ottoman dans de vaines guerres européennes, dont il est sorti perdant, et ils ont utilisé ces guerres comme un moyen d'épuiser la richesse de la nation comme ils ont épuisé la richesse de l'État, puis ils ont utilisé ces guerres comme prétexte pour harceler tous ceux qui s'opposent à leur opinion dans leur politique et leur administration.
- Ils attisent la haine en adoptant une politique de turquisation des peuples de l'Empire ottoman et en créant un gouffre abyssal entre les Arabes et les Ottomans mais aussi entre les Arméniens et les Ottomans.
- Ils tuent les Arméniens, hommes, femmes et enfants, ce qui est contraire aux règles de la loi islamique et contredit les enseignements du prophète Mahomet de ne pas tuer de femmes, d'enfants et d'hommes non combattants pendant les batailles.
- Ils persécutent les Arabes et tentent de tuer la langue arabe dans tous les États arabes en abolissant son utilisation dans les écoles, les bureaux et les tribunaux, la tentative de tuer la langue arabe est l'un des plus grands maux qu'ils ont commis contre l'État et les Arabes, ce que je considère comme un meurtre de l'Islam lui-même et du Coran révélé en arabe.
- Le sanctuaire de la Mecque et le sanctuaire civil du Hijaz ne sont pas épargnés par leur mal, car ils les exposent à la peur, à la faim et à la ruine.
- Ils ont saisi l'occasion de déclarer la loi martiale et ont procédé à la pendaison et à l'exécution d'intellectuels et militaires arabes. Ils ont pendu 21 hommes en un jour, le but de ce grand nombre de meurtres est de semer la peur dans le cœur des Arabes pour qu'ils n'exigent pas la préservation de la langue arabe ou des droits politiques des Arabes.
- Ils confisquent les biens et l'argent d'un grand nombre de familles arabes dont les membres sont en colère contre l'Empire Ottoman pour des raisons politiques et les expulsent de leurs maisons avec femmes et enfants vers l'Anatolie sans parrain légal, les soumettant à la perdition de la famine, du froid et de la chaleur, le but de toute cette persécution hideuse est que quiconque survivra de la perdition de ces femmes et enfants sera comme les servantes et les esclaves des Turcs en Anatolie. »
↑ab etcLevonYotnakhparian, IshkhanChinpashean, LevonParian et BenjaminParian,Crows of the desert: the memoirs of Levon Yotnakhparian, Tujunga (Calif.), Parian photographic design,(ISBN978-0-9671782-0-2)
« Hussein for his part was willing to allow Jews to settle in Palestine and give them access to the Holy Places, but would not accept a Jewish state. »
↑Cleveland, William L. "A History of the Modern Middle East" (Westview Press, 2013) pg 145
↑LeonardoSchiocchet, « Far Middle East, brave new world : the building of the Middle East the Arab Spring »,The Perspective of the World Review,vol. 3,no 2,(lire en ligne)
↑Representation Of Hedjaz At The Peace Conference: Hussein Bin Ali's Correspondence With Colonel Wilson; Status Of Arabic Countries; King's Rejection Of 'Hedjaz' Title. Paris Peace Conference 1919: Representation Of Hedjaz, Feb. 24, 1919,Manuscript Number FO 608/97-0068 The National Archives (Kew, United Kingdom)
↑OlivierHanne, « La révolte arabe en 1916 : mythe et réalité »,TELEMME - Temps, espaces, langages Europe méridionale-Méditerranée, SPM,,p. 331(lire en ligne, consulté le) :
« Les Britanniques comprennent un peu tard que les conseils de T. E. Lawrence les ont fourvoyés et qu’ils ont soutenu un homme dont ils n’ont pas compris les perspectives. Ils l’abandonnent pour se tourner vers Ibn Séoud. Les troupes de Hussein sont massacrées en mai 1919, suivies par l’écrasement des al-Rachîd. Protégé par l’aviation anglaise, le Koweït survit aux raids des Ikhwân. Mais la puissance wahhabite a raison des Hachémites. En 1924, Hussein prend le titre califal, qui vient d’être aboli par les Mustafa Kemal, mais il perd La Mecque, puis Médine l’année suivante. Le roi du Hejâz est condamné à l’exil. Il meurt à Amman en 1931. »
↑MiltonViorst,Storm from the East: The Struggle Between the Arab World and the Christian West, Random House Publishing,(ISBN978-0307431851,lire en ligne)