La fin duXe siècle connaît le début d'une révolution économique et sociale qui trouve son apogée vers1100[5]. Les progrès agricoles, le début desdéfrichements et l'augmentation des capacités d'échanges entraînée par l'introduction dudenier d'argent par les premiersCarolingiens, entraînent une dynamique économique encore timide mais réelle. Dans le même temps, la fin des invasions et la poursuite des guerres personnelles entraînent la construction des premiers châteaux privés où les paysans peuvent trouver refuge. En parallèle, la nouvelle élite guerrière, les chevaliers, entre en concurrence avec l'ancienne aristocratie foncière carolingienne. Pour canaliser ces nouveaux venus et pour assurer la protection de leurs biens, l'aristocratie et l'Église soutiennent et exploitent le mouvement de lapaix de Dieu. C'est dans ce contexte qu'Hugues Capet peut instaurer la dynastie capétienne.
Il bénéficie tout d'abord de l'œuvre politique de son père qui parvient à contenir les ambitions deHerbert II de Vermandois, puis à en neutraliser la lignée. Cependant, cela ne peut se faire qu'en aidant les Carolingiens, pourtant totalement évincés de la course à la couronne depuis la déchéance deCharles le Simple, à se maintenir. En960, Hugues Capet hérite du titre de duc des Francs obtenu par son père en échange de la concession de la couronne àLouis IV d'Outremer. Mais, avant de parvenir au pouvoir, il doit se libérer de la tutelle desOttoniens et éliminer les derniersCarolingiens. C'est avec le soutien de l'Église, et en particulier de l'évêqueAdalbéron de Reims et deGerbert d'Aurillac, tous deux proches de la cour ottonienne, qu'il est enfin élu et sacréroi des Francs en987.
La relative faiblesse de Hugues Capet est paradoxalement un atout pour son élection par les autres grandes familles avec le soutien des Ottoniens, car il est peu menaçant aux yeux des grands vassaux et pour les ambitions impériales. Cependant, si effectivement le nouveau roi ne parvient pas à soumettre ses vassaux indisciplinés, son règne voit une modification de la conception du royaume et du roi. Ainsi, Hugues Capet renoue avec l'Église en s'entourant systématiquement des principaux évêques et se rapproche de l'aristocratie en s'alliant avec les grands princes territoriaux (le duc de Normandie ou le comte d'Anjou), ce qui renforce son trône. Cette histoire du premier Capétien nous est surtout connue grâce au moine lettréRicher de Reims.
LaFrancia occidentalis se trouve définitivement séparée de l'Empire et le premier Capétien, comme ses successeurs, met toute son énergie à créer une dynastie pérenne en consolidant son pouvoir sur son domaine et en y associant son filsRobert le Pieux le jour de Noël de l'an 987[6]. En 996, à la mort de son père, Robert le Pieux est couronné. Ainsi fondée, ladynastie capétienne règne sur la France sans interruption jusqu'à laRévolution, puis de laRestauration à1848. Cettemaison donne également naissance à des lignées de souverains enEspagne, enItalie, auLuxembourg, enHongrie, auPortugal et auBrésil[7].
L'étude du règne de Hugues Capet présente plusieurs problèmes causés par les lacunes documentaires. Aucun lettré de son temps n'a jugé nécessaire de rédiger sa biographie. Des éléments épars figurent dans l'histoire contemporaine rédigée par le moineRicher de Reims, dans laCorrespondance deGerbert d'Aurillac puis dans l'œuvre d'Abbon de Fleury, tous clercs et largement favorables au nouveau roi. Les événements confus qui se succèdent sont difficiles à reconstituer[8].
Ce surnom est peut-être une référence au porteur de la chape abbatiale, issue de lacappa ou cape desaint Martin. Hugues était en effet comme son père abbé laïc de nombreuses abbayes, notamment de lacollégiale Saint-Martin de Tours, d'où le surnom peut-être ironique decappatus, « chapé », c'est-à-dire bien pourvu en abbayes. Il semble que ce soitAdémar de Chabannes qui, le premier, ait désignéHugues le Grand comme « roi à la chape » dans sa chronique vers 1030[14].
Cependant, son pèreHugues le Grand est confronté à la montée en puissance deHerbert de Vermandois qui contrôle tour à tour le Vexin, la Champagne et Laon, octroie l'archevêché de Reims à son fils Hugues et s'allie à l'empereurHenri l'Oiseleur[16]. Le Robertien, qui avait déjà dû renoncer à la couronne en 923 au profit deRaoul de Bourgogne, faute d'héritier mâle susceptible de gérer sa principauté[16], place sur le trône en 936 le jeune CarolingienLouis IV, pourtant réfugié chez son oncle en Angleterre depuis la déchéance de son pèreCharles le Simple et dépourvu de toute possession en Francie[17], soulignant qu'il serait illégitime de pousser vers le trône quelqu'un qui serait issu d'un lignage étranger à celui de Charlemagne.
Cette manœuvre lui permet cependant de devenir le personnage le plus puissant en Francie de la première moitié duXe siècle : à son avènement, Louis IV lui donne le titre dedux Francorum (duc des Francs), ce qui annonce à nouveau le titre royal[17]. Le roi le qualifie officiellement (peut-être sous la pression) comme « le second après nous dans tous nos royaumes »[11]. Il gagne encore en puissance quand son grand rivalHerbert de Vermandois meurt en 943, car sa puissante principauté est alors divisée entre ses quatre fils[18].
Carte 1 : Le royaume de Francie au temps des derniers Carolingiens. D'aprèsTheis 1990,p. 168.
Sa puissance provient aussi de ses alliances : Hugues le Grand s'est marié une première fois avecEadhild, la sœur du roi d'AngleterreÆthelstan, un des plus puissants souverains d'Occident au début duXe siècle[19]. QuandOtton Ier, en restaurant l'Empire, en fait la première puissance d'Europe, Hugues le Grand épouse sa sœur[20] ! Cependant, la puissance dont doit hériter Hugues Capet a ses limites : ses vassaux sont eux-mêmes suffisamment puissants pour avoir une large autonomie et jouer une politique d'équilibre entre Carolingiens et Robertiens[21].
Le royaume recouvre l'ancienneFrancie occidentale dont les frontières avaient été définies aupartage de Verdun en843. Hugues est désormais le nouveau souverain du royaume de Francie, qu'on n'appelle plusFrancia occidentalis depuis la seconde moitié duXe siècle[n 6]. Les quatre fleuves (Escaut,Meuse,Saône etRhône) constituent ses limites au nord et à l'est, le séparant de l'empire ottonien. Au sud, les Pyrénées ne constituent pas une limite puisque lecomté de Barcelone fait partie du royaume français[23]. Le royaume, duché ou comté de Bretagne ne fait pas partie du royaume de France. D'ailleurs le seigneur de Bretagne ne participe pas à l'élection de Hugues Capet. Enfin, le tracé des côtes est très différent de celui que nous connaissons, car les golfes ne sont pas colmatés, en particulier dans lebassin d'Arcachon et le golfe deSaint-Omer, et les embouchures des fleuves évoluent encore. Qu'il s'agisse du littoralcharentais ou de laFlandre maritime, les côtes sont loin à l'intérieur des terres actuelles,« précédées d'immenses vasières, fréquemment envahies par la mer »[24].
Les rendements des terres cultivées peuvent atteindre jusqu'à cinq ou six pour un. Ces progrès dégagent de la main-d’œuvre pour d’autres activités.Pierre Bonnassie a montré que, après les grandes famines de 1005-1006 et de 1032-1033, la population devient de moins en moins exposée aux dérèglements alimentaires et, par voie de conséquence, aux épidémies : la mortalité diminue[31]. Il ne faudrait pas surestimer cette époque de renouveau économique et social car le changement n'en est qu'à sa genèse et la paysannerie est encore la victime de mauvaises récoltes, comme sous le règne deRobert le Pieux lors duquel se produisent, selonRaoul Glaber, des famines foudroyantes où le cannibalisme est de règle dans certaines régions (1005-1006 et 1032-1033)[31]. La croissance démographique et l'augmentation de la production agricole s'auto-entretiennent en un cercle vertueux : elles sont la clef du renouveau médiéval.
Le denier d'argent est l'un des principaux moteurs de la croissance économique depuis leIXe siècle. La faiblesse du pouvoir royal a entraîné la frappe de monnaie par de nombreux évêques, seigneurs et abbayes. Alors que Charles le Chauve comptait26 ateliers defrappe monétaire, Hugues Capet etRobert le Pieux n'ont plus que celui de Laon[33]. Le règne de Hugues Capet marque l'apogée de la féodalisation de la monnaie. Il en résulte une diminution de l'uniformité du denier et l'apparition de la pratique de la refrappe de la monnaie aux marchés (on se fie au poids de la pièce pour en déterminer la valeur). Par contre, l'augmentation des échanges est soutenue par celle du volume de métal disponible. En effet, l'expansion vers l'est de l'empire permet aux Ottoniens de pouvoir exploiter de nouveaux gisements d'argent. La marge de manœuvre de Robert le Pieux est faible. Or, la pratique durognage ou desmutations entraîne desdévaluations préjudiciables.
Parmi eux, Cluny connaît le développement et l'influence les plus remarquables. Sous la férule d'abbés dynamiques tels qu'Odon,Maïeul — un ami personnel de Hugues Capet — ou encoreOdilon, l'abbaye entraîne d'autres monastères qui lui sont rattachés, et constitue bientôt un ordre très puissant (en994, l'ordre de Cluny compte déjà trente-quatre couvents)[37]. L'une des grandes forces de Cluny est de recruter une bonne partie de ses membres et particulièrement ses abbés dans la haute aristocratie[38].
Ces monastères sont le fer de lance d'un profond mouvement deréforme monastique. Leur œuvre moralisatrice touche bientôt tous les niveaux de la société. En particulier, elle s'attaque à canaliser la chevalerie par le mouvement de laPaix de Dieu puis de laTrêve de Dieu. Ce mouvement, très influent, pousse à la création d'États stables et en paix. Ces réformateurs ont le souvenir de l'empire carolingien qui soutenait la réforme bénédictine, la fondation de nombreuses abbayes et leur épanouissement spirituel, s'appuyant largement sur l'Église pour gouverner. La montée en puissance des Ottoniens leur donne l'occasion d'œuvrer à la reconstitution d'un empire universel. Hugues Capet, abbé laïc mais soutenant activement la réforme, est un candidat idéal pour occuper le trône de Francie car il est aussi considéré comme insuffisamment puissant pour échapper à l'influence des Ottoniens.
Le contexte historique est celui de la « mutation féodale ». Cette notion queGeorges Duby centre autour de l'an mil est discutée parDominique Barthélemy pour qui cette évolution se déroule sur plusieurs siècles.
Autour d'elles prolifèrent les nouvelles coutumes (mals usos)[41]. Les vieuxpagi carolingiens sont éclipsés par un nouveau ressort territorial fondé sur le territoire du château (districtus)[42]. Les châteaux (les mottes) initialement conçus comme refuges, deviennent le signe de l'autorité, du développement économique et de l’expansion des terroirs.
Dès lors, cette nouvelle élite guerrière appuyée sur ces châteaux entre en conflit d'intérêts avec l'aristocratie et l'Église dont les revenus dépendent de l'économie paysanne[45]. Comtes, évêques et abbés qui appartiennent à de grandes lignées aristocratiques doivent réagir pour réfréner les ambitions qui entraînent nombre de guerres privées et pillages. Ces représentants des grandes familles exploitent et propagent le mouvement de lapaix de Dieu, né de l'exaspération des paysans et des clercs soumis à l'arbitraire des hommes en armes (milites)[46]. La codification et la moralisation de la conduite des chevaliers sur des critères religieux entraînent l'élaboration, par l'évêqueAdalbéron de Laon, d'une société divisée en trois ordres sociaux : ceux qui travaillent (laboratores), ceux qui prient (oratores) et ceux qui combattent (bellatores).
À partir de962, l'Occident est désormais dominé par levainqueur de la chrétienté face auxHongrois,Otton Ier, qui restaure le titre impérial et s'empare au passage de l'Italie. Le nouvel empereur accroît son influence sur laFrancie occidentale en portant son attraction sur certains évêchés frontaliers ; bien qu'élu de Lothaire, l'archevêque deReims (qui assure le choix des rois de Francie)Adalbéron de Reims tend à afficher ses sympathies impériales[50]. Pris en étau, le roiLothaire s'appuie sur d'autres évêchés (Langres,Châlons,Noyon) et sur le comte de FlandreArnoul Ier.
Denier de Hugues Capet, « duc par la grâce de Dieu » (Dux Dei Gratia), atelier de Paris (Parisi Civita), fin duXe siècle.
Lorsqu'il reçoit sa charge ducale (duc des Francs,dux francorum) en 960, Hugues Capet est moins puissant que son père (carte 1). En effet, il est jeune, politiquement inexpérimenté et, surtout, il est mis sous tutelle par son oncle Brunon de Cologne, proche du pouvoir ottonien[51].
Conséquence de cet affaiblissement, une forte poussée d'indépendance se produit chez les vassaux entreSeine etLoire. Le comteThibaud de Blois, pourtant un ancien fidèle de Hugues le Grand qui lui a confié la cité deLaon, s'assure une quasi-indépendance en se proclamant comte deBlois, en faisant fortifier ses principales villes et en s'emparant deChartres et deChâteaudun[52].
Les diplômes royaux desannées 960 montrent que les grands aristocrates ne sont plus uniquement fidèles au duc des Francs, comme au temps de Hugues le Grand, mais également au roi Lothaire. En effet, on retrouve certains d'entre eux dans les armées royales luttant contre leduché de Normandie pour le compte de Lothaire[53]. Enfin, il semblerait pour Hugues que sa place de numéro deux du royaume ait tendance à lui échapper. Deux chartes de l'abbaye deMontierender (968 et980) font référence àHerbert III de Vermandois, alors comte deChâteau-Thierry, de Vitry et abbé laïc de Saint-Médard deSoissons, portant le titre de « comte des Francs » et même de « comte du palais » dans une charte de Lothaire[53].
De son côté, Lothaire a aussi perdu du pouvoir face au renforcement de la monarchie ottonienne. Il fait pâle figure en participant au rassemblement des vassaux et parents d'Otton Ier en965. Pourtant, à partir de la mort de l'empereur en973, le roi veut renouer avec la politique de son grand-père : récupérer la Lorraine, « berceau des Carolingiens[52] ». Durant l'été978, pour des raisons obscures, il décide de passer à l'action. Le principal témoin du temps,Richer de Reims explique :
« Comme Otton possédait la Belgique (la Lorraine) et que Lothaire cherchait à s'en emparer, les deux rois tentèrent l'un contre l'autre des machinations très perfides et des coups de force, car tous les deux prétendaient que leur père l'avait possédée. »
En août978, accompagné des grands du royaume (dont le duc Hugues qui voit d'un bon œil une brouille entre Carolingiens et Ottoniens[55]), Lothaire pille par surpriseAix-la-Chapelle, résidence d'Otton II, et se permet le geste symbolique de retourner vers l'est l'aigle de bronze décorant latour du palais. Cet aigle, symboliquement tourné vers l'est du temps de Charlemagne, menaçait ainsi les Slaves de Moravie, mais il avait été tourné vers l'ouest par les Ottoniens, défiant ainsi la Francie occidentale[56]. Toutefois, Lothaire doit rapidement battre en retraite et se réfugier àÉtampes chez Hugues. Otton II s'engage à son tour dans l'offensive et conduit ses armées jusqu'aux portes de Paris.Charles de Lorraine, frère de Lothaire, est même couronné roi à Laon par l'évêque deMetz,Thierry Ier. Mais, devant Paris, Hugues Capet barre la route à l'empereur germanique qui, voyant l'hiver approcher (on était le) est contraint de s'enfuir. Les troupes de Lothaire et de Hugues Capet poursuivent Otton dont l'arrière-garde, ne pouvant franchir l'Aisne en crue àSoissons, est anéantie, « ainsi il en mourut plus par l'onde que par l'épée[57] ». Cette victoire permet à Hugues Capet de retrouver sa place de premier aristocrate du royaume franc[58].
En effet, pour que les Ottoniens puissent faire de la Francie un État vassal de l'empire, il faut impérativement que le roi des Francs ne soit pas de race carolingienne et qu'il soit suffisamment peu puissant et effacé pour accepter cette mise sous tutelle. Hugues Capet devient pour eux le candidat idéal, d'autant qu'il soutient activement la réforme monastique dans ses abbayes quand les autres prétendants continuent à distribuer des charges ecclésiales et abbatiales à leur clientèle. Une telle conduite ne pouvait que séduire les Rémois, très proches du mouvement clunisien.
Grâce à la correspondance de Gerbert, de nombreuses informations sur ces évolutions politiques ont pu être obtenues :
« Le roi Lothaire n'est le premier en France que par son titre. Hugues l'est, non par le titre, mais par ses faits et gestes. »
Appuyé par l'évêché de Reims, Hugues est désormais le nouvel homme fort du royaume. En979, alors que Lothaire souhaite assurer sa succession en associant au trône son fils aîné, c'est le duc des Francs qui prend en charge la réunion desprincipes regnorum, c'est-à-dire les grands du royaume. La cérémonie se déroule à Compiègne en présence du roi, d'Arnoul (un fils illégitime du roi Lothaire), d'Adalbéron de Reims sous la bénédiction de Hugues. L'assemblée acclameLouis V, selon le rite carolingien, et l'archevêque de Reims le sacre roi des Francs[n 10].
L'année suivante, Lothaire, voyant grandir l'emprise de Hugues, décide de se réconcilier avecOtton II : il accepte de renoncer définitivement à la Lorraine[63]. Mais Hugues, pour des raisons obscures, ne souhaite pas que Lothaire se réconcilie avec l'empereur germanique ; il s'empresse donc de prendre lecastrum (la forteresse) deMontreuil, puis de partir pourRome. Sur place, il rencontre l'empereur et le pape, en compagnie de ses fidèlesBouchard de Vendôme et Arnoul d'Orléans[64]. La tension monte entre Lothaire et Hugues. Le roi des Francs fait marier son fils Louis àAdélaïde d'Anjou qui lui apporte l'Auvergne et lecomté de Toulouse, de quoi prendre en tenaille les territoires du robertien par le sud (982). C'est un échec. Le couple se sépare deux ans plus tard[65].
À la suite de la mort d'Otton II (983) et profitant du jeune âge d'Otton III, Lothaire renonce à son rapprochement avec les Ottoniens et, s'alliant au duc de Bavière, il décide de reprendre l'offensive en Lorraine enmars985. Hugues se garde bien cette fois-ci d'être de l'expédition[66].
Lorsque le roi prendVerdun et fait prisonnierGodefroy (le frère de l'archevêque de Reims), Adalbéron et Gerbert demandent l'aide du duc des Francs. Mais la course folle de Lothaire s'achève puisqu'il meurt à son tour enmars986[67].
La contradiction de certains faits donnés par Richer ne nous permet pas de comprendre toute l'action politique de Hugues à la veille de son couronnement. Par exemple, on ne sait pas pourquoi il ne s'est pas opposé à l'association au trône de Louis, ni à sa succession en 986, alors qu'il s'est rendu à Rome pour rencontrer l'empereur germanique dans une intention hostile à Lothaire. Il semblerait que le duc des Francs, inquiet de la prise de Verdun et de l'appel d'Adalbéron, avait lui-même rassemblé une armée. Peut-être envisageait-il de marcher contre Lothaire et de s'emparer du trône[68] ?
En, les chroniqueurs, notamment Richer de Reims et Gerbert d'Aurillac, écrivent que, à Senlis, « s'éteignit la race des Charles ». Le roi défunt est aussitôt enterré à Saint-Corneille de Compiègne et non à Reims comme il le souhaitait[71]. Or, même si Louis V est mort sans enfant, il reste unCarolingien susceptible de monter sur le trône. Il s'agit de Charles de Lorraine, fils de Louis IV et frère de Lothaire. Cela n’a rien d'extraordinaire : ce n'est pas la première fois qu'un Carolingien est en concurrence avec un Robertien[72]. En fait, au temps du père de Hugues Capet, on ne concevait pas de rompre avec les Carolingiens tant qu’il en existerait, et le prince Louis était perçu comme jeune et pur[73]. En 987, les temps ont changé. Depuis une dizaine d'années, Hugues Capet concurrence ouvertement le roi, il semble avoir soumis les grands vassaux, mais, surtout, son adversaire Charles de Lorraine est accusé de tous les maux : il a voulu usurper la couronne (978), il est l'allié d'Otton II puis il a accusé d'adultère la reineEmma d'Italie, femme de son frère[74]. Adalbéron de Reims convoque les plus hauts seigneurs de la Francie à Senlis et leur dit :
« Nous n'ignorons pas que Charles [de Lorraine] a des partisans : ils soutiennent qu'il a des droits à la couronne, transmis par ses parents. Mais on ne doit porter sur le trône qu'un homme exceptionnel par la noblesse du sang et la vertu de l'âme. Or, Charles n'obéit pas à l'honneur, il a perdu la tête au point de s'être remis au service d'un roi étrangerOtton II et d'avoir pris femme dans une classe inférieure de la noblesse. »
« Le trône ne s'acquiert point par droit héréditaire, et l'on ne doit mettre à la tête du royaume que celui qui se distingue par ses qualités. Donnez-vous donc pour chef le duc Hugues, recommandable par ses actions, par sa noblesse et par ses troupes, en qui vous trouverez un défenseur, non seulement de l'intérêt public mais aussi des intérêts privés. »
« Le duc fut porté au trône et reconnu roi par les Gaulois, les Bretons, les Normands, les Aquitains, les Goths, les Espagnols (du comté de Barcelone) et les Gascons. »
Un des premiers soucis du nouveau roi couronné (rex coronatus) est d'assurer la perpétuation d'une dynastie. Il essaye de convaincre Adalbéron de sacrer son filsRobert. Mais l'archevêque, très proche du pouvoir ottonien qui préfère l'alternance des grandes familles sur le trône de Francie plutôt qu'une puissante dynastie capable de lui faire concurrence, refuse. Hugues, venant de recevoir une lettre deBorrell II,comte de Barcelone, lui demandant de le soutenir contreAl-Mansur qui vient de razzierBarcelone, fait valoir qu'il a besoin d'avoir un successeur au cas où l'expédition contre les Sarrasins tournerait mal. Adalbéron doit céder et Robert le Pieux est sacré, âgé d'une quinzaine d'années, le jour deNoël 987[83].
Hugues Capet rêve de le marier à une princesse byzantine, mais ce projet échouant, Robert doit épouser la veuve d'Arnoul II,comte de Flandre, et fille deBérenger II,roi d'Italie, membre de la famille carolingienne[83].Rozala d'Italie est de vingt ans son aînée. N'ayant pas réussi à avoir d'enfant avec elle parce qu'elle était trop âgée, Robert la répudie vers991/992[84].
Associé à la couronne (rex designatus, « roi désigné »), Robert assiste son père pour les questions militaires (conquête deLaon 988-991). D'autre part, sa solide instruction assurée parGerbert d'Aurillac àReims, lui permet de traiter des questions religieuses dont il est rapidement le garant (il dirige le concile deVerzy en991 et celui deChelles en994). Il est presque certain que, contrairement à son fils, Hugues est illettré et ne parle pas le latin mais le roman (latin vulgaire du Nord)[85].
Durant son règne, Hugues doit faire face à de nombreux opposants. En premier lieu, un de ses grands rivaux :Charles de Lorraine. Ce dernier réapparaît en 988 lorsqu'il s'empare de la ville deLaon, un des derniers bastions carolingiens. Pour se faire respecter, le roi assiège par deux fois la ville sans résultat[86]. Préoccupé par cet échec, Hugues contacte plusieurs souverains afin d'obtenir leur aide. Nous avons connaissance d'une lettre rédigée en, sous la plume deGerbert, dans laquelle le premier capétien ne se contente pas d'informer l'impératriceThéophano (régente de son fils Otton III) des actions deCharles de Lorraine. En effet, il lui propose une rencontre :
« Soucieux de confirmer pour toujours notre mutuelle amitié, nous avons décidé qu'Adélaïde, la compagne de notre trône, vous rencontrera le au village de Sternay et que nous observerons à perpétuité entre votre fils et nous, sans fraude ni dol, toutes les décisions bonnes et justes que vous y aurez prises ensemble. »
Toutefois, il semble queThéophano, étant à Meersburg (près dulac de Constance) au cours du mois d'août, ne se soit pas déplacée. Alors, Hugues décide de ruser.
Après la mort d'Adalbéron de Reims (989), il décide d'élire comme nouvel archevêque le carolingienArnoul (un fils illégitime du roiLothaire) plutôt queGerbert. On pense qu'il s'agit d'apaiser les partisans du Carolingien, mais la situation se retourne contre le roi puisque Arnoul livre Reims àCharles[86]. Les alliances se forment alors ; la guerre est ouverte : Charles est allié à l'archevêque de Reims et à Herbert de Vermandois, et Hugues reçoit le soutien d'Eudes de Blois en échange de Dreux. Quant au pape, il est sollicité par les deux adversaires, tandis que la cour d'Otton III reste neutre, malgré les demandes de Hugues[88]. La situation se débloque par la trahison d'Adalbéron, évêque de Laon, qui s'empare deCharles et d'Arnoul pendant leur sommeil et les livre au roi (991). Pour parvenir à ses fins, Adalbéron s'est fait recevoir à Laon en faisant croire à Charles et Arnoul qu'il voulait se réconcilier avec eux afin de récupérer son évêché. Bien accueilli à Laon, il jure sur le pain et le vin (le jour duDimanche des Rameaux[89] 29 mars ou le jour duJeudi saint[90]) de conserver sa foi à Charles, avant d'ouvrir les portes de la ville à l'ennemi durant la nuit[91] ! Le dernier Carolingien est emprisonné à Orléans, et meurt à une date inconnue[86].
Cette trahison, qui survient en plein mouvement de laPaix de Dieu (leconcile de Charroux date de 989), frappe vivement les imaginations dans la moitié sud du royaume :Adalbéron de Laon est totalement discrédité dans ces provinces et l'image de Hugues Capet est ternie[n 13]. La guerre impitoyable menée contreCharles de Lorraine pour Laon et Reims (988-991), connue par le récit deRicher de Reims et les lettres deGerbert, ont rendu le roi hostile aux yeux d'une partie de l'Église. La vision que nous avons de la politique du Capétien est exclusivement celle des religieux, d'où le recul à prendre vis-à-vis du jugement à donner sur Hugues Capet[78]. Les intérêts des uns et des autres, portés par des familles différentes, ne sont pas convergents. Des rivalités se font jour et les conflits entre princes sont relayés par leurs alliés religieux respectifs.Adémar de Chabannes nous donne une vision presque « manichéenne » du règne de Hugues Capet. Le même auteur nous fournit à la fois un portrait négatif et positif du souverain. C'est lui qui nous conte l'histoire d'un défi du comte Audebert à l'égard de Hugues etRobert« Qui vos reges constituerunt ? » (« Qui vous a fait roi ? »)[93].
Pendant longtemps, on a affirmé que les sujets méridionaux avaient systématiquement rejeté le premier Capétien. Récemment, des études ont émis des nuances. Il semblerait que le rejet soit plutôt d'ordre politique (la capture deCharles de Lorraine) plutôt que dynastique. En effet, le duc d'Aquitaine refuse de se soumettre à son roi,« réprouvant ce crime des Francs [la capture de Charles] » et l'évêque de Laon est comparé àJudas le « traître »[94]. Finalement, ils font la paix sur les bords de la Loire. Cette remarque est encore plus explicite dans la cité deLimoges. Les actes affirment que, jusqu'en 988, on reconnaît Hugues et même l'association deRobert puisqu'on les date de leur règne« regnante Ugo regeannoII et Rotberto filio suo anno primo » (« signé de la deuxième année du règne du roi Hugues et de la première de son fils Robert »). Mais cela ne dure pas, quelques mois plus tard, les chartes ne sont plus datées des règnes : il semblerait que le changement soit dû à la prise de connaissance de l'affaire de la capture deCharles de Lorraine et de la trahison deAdalbéron de Laon. Une fois mises au courant, les cités méridionales auraient rejeté la légitimité de Hugues et deRobert[95].
Liste des évêques présents au concile de Saint-Basle et/ou souscripteurs du diplôme de Corbie (988) et pour Saint-Crépin de Soissons[96]
Évêque
Saint-Basle
Diplôme de Corbie
Diplôme de Saint-Crépin
Amiens
X
X
X
Beauvais
X
X
X
Noyon
X
X
Laon
X
X
Soissons
X
X
X
Reims
X
X
Senlis
X
Paris
X
Sens
X
X
Orléans
X
Auxerre
X
Langres
X
Bourges
X
X
Autun
X
Mâcon
X
Arnoul, qui a trahi le roi pour ouvrir les portes de son archevêché deReims à son oncle Charles de Lorraine, dernier prétendant carolingien possible, est soutenu par le Saint-Siège. Hugues le fait juger au concile de Saint-Basle-de-Verzy (18 et). L'assemblée est composée de treize évêques (ce qui est peu) et présidée par l'archevêque Seguin de Sens, peu favorable au roi. En revanche, les débats sont soutenus par l'évêque Arnoul d'Orléans, un proche du roi. Responsable de la défense,Abbon de Fleury avance que le souverain ne peut convoquer de concile et que seul le pape est compétent pour juger l'affaire. Arnoul d'Orléans lui réplique par un très violent réquisitoire contre le Saint-Siège[97]. Arnoul est déposé. Quelques jours plus tard,Gerbert d'Aurillac est nommé archevêque de Reims.
Le papeJean XV n'accepte pas cette procédure et veut convoquer un nouveau concile à Aix-la-Chapelle, mais les évêques de Francie refusent et confirment leur décision àChelles (hiver 993-994)[98]. Gerbert, soutenu par d'autres évêques, prend position pour l'indépendance des Églises vis-à-vis deRome (qui est contrôlée par les empereurs germaniques). Afin d'éviter une excommunication des évêques ayant siégé au concile de Sainte-Basle, et donc un schisme, Gerbert préfère lâcher prise. Il abandonne l'archevêché et se rend en Italie. Toute l'habileté politique de Hugues Capet consiste, dès le début de l'affaire, à demander le soutien de l'empereur et du pape (qu'il n'obtient évidemment pas), et utiliser les divisions de l'Église pour mettre en première ligne les évêques francs qu'il émancipe en échange de leur soutien. L'usage de la voie conciliaire est donc un moyen habile de contrer l'influence de l'empereur, sans entrer directement en conflit.
En parallèle,Abbon de Fleury, qui avait vigoureusement défenduArnoul, écrit qu'à partir du règne de Hugues Capet, la théorie de la royauté forgée parHincmar de Reims est reprise : le roi règne avec les conseils des ecclésiastiques. Lui et ses contemporains, pour des raisons obscures et totalement opposées au jugement précédent, affichent à partir de ce moment un grand intérêt pour la royauté. Abbon rappelle qu'il faut être fidèle au roi et que chacun des grands seigneurs ne se trouve finalement être qu'un dépositaire du service dû au roi[99].
Oubliée sous les derniers Carolingiens, l'image du « roi idéal » fait son apparition :« Le pouvoir se situe toujours dans la sphère élevée du public et s'exerce comme office en vue du bien commun », ajoute Abbon. Il semble que, sur ce point, Hugues, pour redorer son blason aux yeux des évêques (en construisant des bâtiments religieux par exemple), ait dû légitimer ses actions contre les Carolingiens :
« Si Louis, de sainte mémoire, avait laissé une progéniture, celle-ci lui aurait légitimement succédé. »
Abbon entend sauvegarder pour l'avenir la mémoire capétienne qui reste encore fragile dans les mentalités duXIe siècle. Sous Hugues Capet et encore chezRobert II le Pieux, le souverain est largement conseillé et entouré par les évêques dans la tradition carolingienne.
Entrevue de Hugues Capet et du ducRichard Ier de Normandie. Grandes Chroniques de France, vers 1275-1280, Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève,Ms. 782.
Les historiens (notammentFerdinand Lot[n 14] ouJean-François Lemarignier) ont longtemps écrit qu'Hugues était un souverain très faible durant le règne duquel les châtelains avaient remplacé les princes familiers du palais et que laPaix de Dieu avait été décidée pour contrecarrer un rayonnement royal insuffisant[78]. Encore une fois, les études récentes ont nuancé ces propos trop négatifs. En 987, les contemporains ont dû avoir des doutes tant on craignait la remise en cause de l'ordre carolingien. Certains ont montré ouvertement leur hostilité (Charles de Lorraine, Eudes de Blois) et d'autres (surtout les ecclésiastiques) ont préféré patienter. On a vu qu'il y a encore, sous le règne de Hugues, des habitudes carolingiennes.
Les Catalans sont souvent montrés comme étant les premiers à avoir rejeté la légitimité de Hugues. Arraché aux musulmans par les Carolingiens, le comté de Barcelone a longtemps vénéré ces derniers. Pourtant, le premier capétien ne rend pas visite aux abbayes méridionales, et donc ces dernières ne font plus appel à lui pour confirmer leurs privilèges : il y a plutôt éloignement que rupture[102]. En outre,Michel Zimmermann a montré que la rupture entre la couronne de Francie et laCatalogne n'est pas nouvelle : « Depuis Charles le Simple et les derniers Carolingiens, on assiste à un manque d'empressement des souverains à réclamer la prestation de fidélité devant leur incapacité à fournir la protection en contrepartie. » Les comtes de Barcelone renoncent donc, après900, à faire le voyage pour l'hommage royal. On comprend désormais pourquoi la Catalogne refuse l'exigence de Hugues en[103]. Entre-temps, Barcelone a été assiégée en985 parAl-Mansur. Le comteBorell II fait appel à son protecteur le roi des Francs, mais Lothaire meurt au cours de l'année 986 et Louis V a un règne trop bref pour préparer une expédition. Au lendemain de l'avènement de Hugues Capet, Borrell renouvelle son appel et Hugues promet son aide en échange d'un hommage en Aquitaine, en vain[104].
Enfin, Hugues doit faire face, durant tout son règne, à l'opposition d'Eudes de Blois dont les possessions prennent en tenaille le domaine royal.
Au printemps991, le comte de Blois s'assure de la prise deMelun, alors tenue parBouchard de Vendôme, en soudoyant le châtelain et lesmilites (chevaliers) du château[105]. À la suite de ce coup de force, une coalition se forme entre le roi, le comte d'Anjou et le duc de Normandie : Melun est reprise dès l'été et Eudes bat en retraite. Ce dernier reprend les armes et prendNantes, aussitôt reprise par le comte d'AnjouFoulques Nerra.
Dessin desgisants disparus des rois Eudes et Hugues, collectionGaignières.
Eudes de Blois meurt en, laisse une veuve dont est éprisRobert le Pieux. Hugues Capet refuse cette union qui apporterait la Bourgogne à son fils, carBerthe de Bourgogne est sa cousine au troisième degré, et le mariage serait consanguin.
Durant l'été 996, déjà malade, Hugues se serait rendu avec son fidèle Bouchard au monastère deSouvigny où repose son amisaint Mayeul (mort en994).
Il n'est plus en guerre contre Eudes de Blois et a environ55 ans quand il meurt durant les neuf Calendes de l'an 996[n 15]. Il « disparaît »« sans faire de bruit » après avoir surmonté sans gloire les difficultés que lui créèrent ses ennemis.
Le roi était peut-être atteint de lavariole ; Richer témoigne : « Hugues, qui avait le corps tout couvert de pustules, s'éteignit dans son château nomméJudéis, « Les Juifs[3] ». Ce toponyme se réfère à un hameau aujourd'hui disparu, près de Chartres, au cœur de laBeauce[n 16].
Le roi défunt est sitôt transporté à l'abbaye de Saint-Denis où il est inhumé devant l'autel de la Sainte-Trinité aux côtés du roiEudes, son illustre grand-oncle[111].
En 1263, le roiSaint Louis décida d'un programme visant à réaliser des monuments funéraires pour marquer le rôle de nécropole royale dévolue à l'abbaye. Il commanda une série de quatorze mausolées ornés de gisants pour recouvrir les restes des dernierscarolingiens ainsi que les premierscapétiens. Parmi les tombeaux commandés figuraient ceux d'Eudes et Hugues Capet. Ceux-ci se trouvaient à la croisée du transept à côté de l'autel matutinal et derrière les tombeaux deRobert II le Pieux et de Constance d'Arles.
Hugues Capet, comme ses prédécesseurs, se fait appeler« rex Francorum » (roi des Francs) et non pas « roi de France », ce qui signifie qu'il se sent plutôt le souverain d'un peuple, les Francs (les hommes libres), que d'un territoire. Ces liens ne reposent pas sur une présence physique qui ferait connaître le roi dans l'ensemble du royaume. Il est même possible que le premier Capétien se désintéresse progressivement du sud du royaume puisque les abbayes ne font plus appel à lui pour la confirmation de leurs biens[13]. S'il est connu au nord de la Loire, cela est moins vrai dans les régions méridionales, comme le confirme le récit d'Abbon de Fleury de son voyage enGascogne :
« Me voici plus puissant en ce pays que le roi, car ici personne ne connaît sa domination. »
lecomté de Flandre : situé à l'extrême nord du royaume, il est dirigé parArnoul II le Jeune puisBaudouin IV Belle-Barbe. La famille comtale, traditionnellement proche du pouvoir carolingien, a soutenu la candidature de Charles de Lorraine en 987 ;
leduché de Normandie : situé à l'ouest de Paris, c'est un puissant duché géré efficacement par le ducRichard Ier qui y mène une politique de reconstruction religieuse. Le duc est un fervent opposant aux Carolingiens et l'allié des Robertiens. Il épouseEmma, sœur de Hugues Capet (960), et reconnaît ce dernier comme son seigneur (968) puis son souverain[113] ;
lecomté d'Anjou : riche et puissant, le comte d'AnjouFoulques Nerra est un appui fidèle du roi capétien qu'il soutiendra durant tout le règne ;
leduché d'Aquitaine : c'est la plus vaste des principautés territoriales (un quart du royaume), mais c'est aussi un conglomérat fragile composé du comté de Poitiers, du duché d'Aquitaine, de l'Auvergne… Par sa langue, ses coutumes, son climat, tout oppose l'Aquitaine au nord de la Francie. Le ducGuillaume IV d'Aquitaine se sent libre loin de Paris. Néanmoins, sa sœur Adélaïde est la reine des Francs ;
leduché de Bourgogne : il est tenu par le frère du roi,Henri le Grand à partir de965, à la suite de la mort de son autre frère Otton. Il est l'allié de Hugues. Ce duché reste tenu par un Capétien pendant tout le Moyen Âge, et constitue sous Hugues Capet un soutien au roi.
Carte 3 : Le rayonnement de Hugues Capet vers 995. D'aprèsSassier 1987,p. 238.
Les historiens se sont longtemps demandé pourquoi Hugues n'avait récupéré, à la suite de son couronnement, qu'un minuscule territoire qui allait constituer ledomaine royal. Il semblerait que son élection eût été plus une reconnaissance affective qu'une reconnaissance de sa puissance vis-à-vis des grands seigneurs[116]. En effet, ses plus proches voisins (duc de Normandie ou comte d'Anjou) sont plus riches que lui en terres et en hommes. Les possessions du nouveau roi sont réduites à des morceaux de l'ancien duché robertien, consolidé jadis par son père. Ces amputations ne sont absolument pas l'objet de pertes territoriales liées à la réclamation d'un frère cadet du roi[117].
Ce territoire est dominé par deux grandes villes,Paris etOrléans, puis par quelques villes moyennes,Étampes,Melun,Corbeil,Dreux etSenlis. Ces places fortes sont en réalité des chefs-lieux depagi au sein desquels le roi n'exerce que le pouvoir comtal[117]. Dans chacune de ces villes, Hugues Capet dispose d'un palais, d'une troupe de chevaliers et de revenus fonciers et économiques[n 17]. Chacune de ses possessions est disjointe des autres puisque de gênants vassaux (Montmorency,Montlhéry…) sont venus s'y intercaler[116].
Enfin, le premier capétien dispose aussi d'abbayes qui restent de puissants appuis économiques et stratégiques : Saint-Martin à Tours,Saint-Benoît-sur-Loire (Abbaye de Fleury),Saint-Maur-des-Fossés,Saint-Germain-des-Prés etSaint-Denis. Il ne reste quasiment rien du domaine carolingien, si ce n'est autour de Laon[116]. Il serait cependant illusoire de borner le rayonnement de Hugues Capet à son seul domaine royal. Son influence s'étend sur une région beaucoup plus vaste d'Orléans àAmiens (carte 3).
Comme on l'a dit, nous sommes assez mal renseignés sur le règne de Hugues Capet. On n'a conservé qu'un petit nombre d'actes émis par sa chancellerie : à peine une douzaine. C'est infime comparé aux plusieurs centaines de son contemporain Otton III[119].
Monogramme de Charlemagne,Karolus Rex (Charles roi), (IXe siècle).
Hugues Capet apparaît comme un souverain qui reste très « carolingien » dans certains de ses comportements[70]. Dans un premier temps, il associe son fils unique,Robert, à la couronne. Le prince, âgé d'environ15 ans, est acclamé puis sacré en la cathédrale d'Orléans par Adalbéron de Reims, le soir deNoël 987. Cette pratique était déjà usitée au temps des Carolingiens, mais le passé a montré que cette précaution n'empêchait pas l'élection d'un autre roi (Charles III en 922)[n 18]. De plus, Charles de Lorraine est toujours sur le devant de la scène et le roi a quelque peine à convaincre l'archevêque de Reims de le soutenir. Ce dernier, dont le rôle est capital pour légitimer le sacre, ne souhaite pas voir la nouvelle dynastie se renforcer précipitamment. Mais, face à l'argument de Hugues, qui affirme ne pas pouvoir laisser le royaume sans chef et sans succession assurée dans un univers hostile (les vassaux ennemis du roi, les Musulmans), l'archevêque doit céder[121].
Plus curieusement, on assiste au maintien par le roi lui-même et par son entourage d'une tradition impériale de la monarchie franque. Ainsi, une charte royale de Hugues Capet, datée de 992, le présente lui-même et son fils se déclarant « détenteurs du pouvoir sur l'Empire des Francs » (imperii Francorum (…)potiti)[122]. Un autre souvenir franc est la confection d'un manteau royal sur ordre de la reine Adélaïde, confié à la garde de Saint-Denis. Ce vêtement, appeléorbis terrarum, symbolise le monde. C'est un manteau impérial et sa signification est claire :« celui qui s'en pare porte le monde sur ses épaules, tel Atlas »[n 19],[122]. Jusqu'en988, tous les actes royaux du premier capétien suivent une pratique carolingienne selon laquelle la signature (souscription) est réalisée à la fois par la chancellerie et par le roi, qui y appose les signes royaux : son monogramme (modèle carolingien) et le sceau. Après cette date, encore un acte sur deux (connu) se fera de cette manière[123].
Enfin, le rétrécissement, tant décrié par certains historiens, des relations par actes au temps des premiers capétiens, est peu net. Sous les Carolingiens, les diplômes royaux sont rares en Normandie, Anjou, Poitou, Berry et Auvergne, et même inexistants en Gascogne, Bordelais et Toulousain. Au temps de Hugues Capet, on envoie moins de documents en Flandre et en Auvergne, mais on note une multiplication des actes vers la Normandie, la Touraine et le Berry. Il n'y a donc pas une véritable coupure avec les expéditions carolingiennes (excepté dans l'extrême sud)[125]. Bref, Richer présente le roi Hugues comme un « roi guerrier » qui accomplit des exploits avec son armée. Pour être un vrai Carolingien, il ne lui manque que le sang de Charlemagne[126] !
Charte de Hugues Capet cédant les terres deMaisons-Alfort à l'abbaye Saint-Maur-des-Fossés (988).
Jusqu'en 987, les clercs ne produisent plus de grands textes. Les règnes des derniers Carolingiens ne stimulent pas les penseurs et semblent mettre de côté les hommes d'Église. Avec Hugues Capet, la situation semble changer. Dans un de ses diplômes, le roi apparaît comme l'intermédiaire entre les clercs et le peuple (mediator cleri et plebis)[127]. D'ailleurs, Abbon de Fleury et Richer de Reims sont conscients du changement avec l'ancienne dynastie. Le moine de Reims ajoute qu'Hugues et Robert réagissent :
« Non par une impulsion précipitée mais comme ils avaient coutume en toutes choses, en prenant conseil de la façon la plus attentive. »
Carte 4 : Représentation des destinataires des actes de Hugues Capet. D'après J.-F. Lemarignier,Le gouvernement royal aux temps des premiers Capétiens (987-1108), Picard, Paris, 1965.
Et les deux rois eux-mêmes, sous la plume de Gerbert d'Aurillac, insistent sur cette nécessité deconsilium « ne voulant en rien abuser de la puissance royale nous décidons toutes les affaires de lares publica [la chose publique] en recourant aux conseils et sentences de nos fidèles »[128]. En fait, au besoin, les évêques du Nord assistent et soutiennent le roi lors de plaids royaux ou de synodes. Mais Hugues a besoin de l'appui de l'Église pour asseoir davantage sa légitimité, et parce que les contingents de cavaliers qui composent son armée proviennent en grande partie des évêchés[113].
Concernant les actes royaux, on a vu que le roi n'est réellement présent que dans la région située entre l'Oise et la Seine. Les diplômes royaux peuvent être également des chartes privées comportant un grand nombre de souscriptions. Avec Hugues Capet s'ouvre une nouvelle pratique dans la rédaction des actes. Jusqu'en 987, ils faisaient uniformément l'objet, on l'a souligné, d'une signature de la chancellerie jointe à celle du roi. Dorénavant, le roi doit faire souscrire certains de ses diplômes (un seul connu pour Hugues Capet) non par le seul chancelier, mais par les personnes qui l'entourent (les grands seigneurs).
Désormais, il semblerait que l'autorité royale ne serve plus, à elle seule, à valider la décision qui est prise[129],[123]. En effet, les actes émanant de la chancellerie sont principalement des privilèges qui confirment les domaines des établissements religieux (par exemple Saint-Maur-des-Fossés, 988) et les placent sous la protection du roi (carte 4) : les clercs estiment-ils inutile de demander la protection d'un souverain aussi faible[116] ? Cette remarque est aujourd'hui discutée puisqu'on considère que ce changement administratif traduit moins un affaiblissement royal qu'un changement de méthode progressif à partir de Hugues Capet[130]. Les derniers Carolingiens délivraient encore un nombre important de diplômes aux églises situées dans le Midi. Il s'agissait pour eux de mettre en place un sentiment de légitimité et de protection royale contre les musulmans proches, politique mise entre parenthèses depuis le milieu duXe siècle[131].
On prête à Hugues Capet et à la famille royale un certain nombre de constructions : le souverain continue la construction dumonastère Saint-Magloire entreprise par son père à Paris, tandis que la reine Adélaïde fait bâtir àSenlis une chapelle pour abriter les reliques de saint Frambourg et une autre àArgenteuil pour l'abbaye Notre-Dame[133]. Hugues Capet agit en étroite collaboration avec le centre culturel deSaint-Benoît-sur-Loire. Les évêques jouent également un rôle primordial ; on travaille dans certaines cités à reconstruire ou à agrandir les sanctuaires : c'est le cas, à la fin duXe siècle, deBeauvais et surtout deReims. À cet égard, Richer de Reims nous décrit la reconstruction de la cathédrale de Reims par l'archevêqueAdalbéron de Reims en976. Plusieurs travaux sont effectués : on abat les cryptes occidentales et l'ouvrage voûté carolingien à l'entrée, on le remplace par un clocher-porche, puis on y place le corps de saint Calixte avant de faire élever un autel avec un oratoire. Enfin, l'autel principal est décoré d'une croix d'or et on fait percer de nouvelles fenêtres pourvues de vitraux historiés[134]. En revanche, tous les contemporains ne partagent pas forcément cet engouement. En effet, pour le continuateur deFlodoard, qui poursuit la rédaction des annales depuis la mort de ce dernier, cette reconstruction est considérée comme un « sacrilège »[135].
Les centres urbains se développent également. ÀTours, le quartier Saint-Martin, protégé par soncastrum de pierre, engendre une agglomération dynamique avec de nombreuses boutiques. À Paris, à l'époque de Hugues Capet, la cité est tout entière occupée par le quartier épiscopal à l'est et le palais royal à l'ouest. Entre les deux, on note la présence d'un quartier dont les habitants fournissent le roi et l'évêque en produits précieux[136]. Sur les deux rives s'élèvent des bourgs monastiques autour desquels s'étendent des vignes, des ateliers et des ports fluviaux (Saint-Germain-des-Prés). Ailleurs, àChâteaudun, la collégiale Notre-Dame apparaît en1003 dans l'enceinte ducastrum édifié par le comte de Blois, mais cela reste un cas isolé puisque les châteaux privés restent rares. À la fin duXIe siècle, le timide éveil économique permet de poursuivre la composition urbaine des cités (caractérisée par une structure polynucléaire) : cité épiscopale,castrum etsuburbium hérités du haut Moyen Âge[137].
Saint Valery apparaissant à Hugues Capet (Grandes Chroniques de France,XIVe siècle),Paris, Bibliothèque nationale de France.
Hugues Capet, lui-mêmeabbé, comprend vite tout l'intérêt qu'il peut tirer de la réforme clunisienne. Il entretient des liens d'amitié avecMaïeul de Cluny, fait montre de dévotion aux cérémonies religieuses et de soutien à la réforme monastique. Il octroie, en 994 à l'abbé Heldric deSaint-Germain d'Auxerre, l'élection de l'abbé par les seuls moines, et non plus par l'évêque d'Auxerre[138]. Il est logiquement soutenu pour son élection par les réformateurs de l'Église et, en particulier, parGerbert d'Aurillac etAdalbéron de Reims, personnalités influentes et proches des Ottoniens, ce d'autant que les Carolingiens se sont montrés menaçants pour Otton II et Otton III.
Mais, une fois au pouvoir, il doit, aux yeux des Ottoniens, rester suffisamment faible pour que la Francie ne puisse s'ériger en contre-pouvoir. Par exemple, Adalbéron rechigne à sacrer son fils Robert, pourtant formé par son écolâtre Gerbert. Il faut toute l'habileté politique de Hugues Capet pour le convaincre. Ce dernier délègue ensuite à Robert le Pieux de réelles responsabilités religieuses et militaires qui l'imposent de fait comme son successeur. La réforme monastique ne pouvant pas emporter l'adhésion de tous les abbés et évêques laïcs, des divisions existent au sein de l'Église.Odilon de Cluny et le mouvement de laPaix de Dieu sont fortement critiqués par des personnalités ecclésiastiques de premier ordre, surtout au nord de la Loire, commeAdalbéron de Laon ouGérard de Cambrai. Les Ottoniens contrôlent leSaint-Siège et manœuvrent pour que, en Francie, le pouvoir reste partagé entre Carolingiens et Robertiens.
La trahison de l'archevêque Arnoul a porté un rude coup au crédit du roi. Cependant, ce dernier manœuvre avec habileté, utilisant la voie conciliaire pour contrer les décisions du Saint-Siège (qui est assujetti à l'empereur). De plus, en contraste avec le peu de moyens dont il dispose, la légitimité du roi s'affermit grâce au soutien de grands ecclésiastiques : ils voient bien que le roi, bien que faible, incarne la tradition d'une autorité supérieure, seule capable de maintenir l'ordre et la paix dans la société chrétienne. Les évêques aquitains et languedociens élaborent sans doute, faute de mieux, laPaix de Dieu au moment même où Hugues Capet commence à régner, mais leurs confrères du Nord, plus proches de la royauté, cherchent à lui apporter un soutien idéologique (Gérard de Cambrai, Adalbéron de Laon)[92].
À cet égard, Abbon de Fleury, qui avait vigoureusement défendu Arnoul au concile deVerzy, écrit que, à partir du règne de Hugues Capet, la théorie de la royauté, forgée parHincmar de Reims, est reprise : le roi règne en s'appuyant sur les conseils des ecclésiastiques. Lui et ses contemporains, pour des raisons obscures et paradoxales, assignent à partir de ce moment un grand intérêt à la royauté. Abbon rappelle qu'il faut être fidèle au roi et que chacun des grands seigneurs ne se trouve finalement être qu'un dépositaire du service dû au roi[99]. Oubliée sous les derniers carolingiens, l'image du « roi idéal » fait son apparition :« le pouvoir se situe toujours dans la sphère élevée du public et s'exerce comme office en vue du bien commun », ajoute Abbon. Il semble que, sur ce point, Hugues, pour redorer son blason aux yeux des évêques (en construisant des bâtiments religieux par exemple), ait dû légitimer ses actions contre les Carolingiens :
« Si Louis, de sainte mémoire, avait laissé une progéniture, celle-ci lui aurait légitimement succédé. »
Abbon entend sauvegarder pour l'avenir la mémoire capétienne, qui reste encore fragile dans les mentalités duXIe siècle. Contrairement aux derniers Carolingiens, les premiers capétiens s'attachent un clan d'évêques au nord-est de Paris (Amiens,Laon,Soissons,Châlons…), dont le soutien se montrera déterminant dans la suite des événements[128]. Hugues Capet et Robert le Pieux ont besoin de l'appui de l'Église pour asseoir davantage leur légitimité, entre autres parce que les évêchés fournissent de gros contingents pour l'armée royale[113]. Dans un de leurs diplômes, les deux rois apparaissent comme les intermédiaires entre les clercs et le peuple (mediatores et plebis)[127]. Et les deux rois eux-mêmes, sous la plume de Gerbert d'Aurillac, insistent sur cette nécessité deconsilium :« Ne voulant en rien abuser de la puissance royale nous décidons toutes les affaires de lares publica en recourant aux conseils et sentences de nos fidèles »[128]. Ce soutien de l'Église à la nouvelle dynastie se traduit au début duXIe siècle par laprophétie de saint Valery : deux auteurs originaires des monastères de Saint-Valery et de Saint-Riquier, dans le Nord, affirmèrent quesaint Valery apparut à Hugues Capet pour lui promettre que ses successeurs régneraient sur leroyaume des Francs« jusqu'à la septième génération »[139],[140]. Cetteprophétie de saint Valery était une réponse à l'affirmation formulée àSens au début duXIe siècle d'après laquelle lesCapétiens étaient des usurpateurs[141].
Finalement, malgré un pouvoir réel relativement faible et en dépit de la puissance des Ottoniens, Hugues Capet parvient à jouer des divisions au sein de la grande aristocratie et de l'Église pour obtenir suffisamment de soutiens à la transmission héréditaire de sa couronne. En même temps, la restauration du pouvoir royal s'inscrit dans un mouvement plus large : laPaix de Dieu est en train de fonder progressivement une société à trois ordres, dans laquelle le clergé, qui est dépositaire de la culture, se rend indispensable à l'exercice du pouvoir.
Le prix Hugues-Capet vise à récompenser depuis 1994 un ouvrage écrit sur « un roi de France, une reine de France, un prince capétien, l'un de leurs aïeux, de leurs conjoints, de leurs descendants, ou sur l'un des grands serviteurs du royaume »[142].
OlivierGuyotjeannin, « Les évêques dans l'entourage royal sous les premiers Capétiens »,Le roi de France et son royaume autour de l'an mil, Paris, Picard,,p. 91-98.
RichardLandes,« L'accession des Capétiens : une reconsidération selon les sources aquitaines », dans Dominique Iogna-Prat etJean-Charles Picard (dir.),Religion et culture autour de l'an Mil. Royaume capétien et Lotharingie : actes du Colloque Hugues Capet, 987-1987, la France de l'an mil, Auxerre, 26 et 27 juin 1987 ; Metz, 11 et 12 septembre 1987, Paris,Picard,, 350 p.(ISBN2-7084-0392-3,présentation en ligne),p. 151-166.
Guy Lanoë, « Lesordines de couronnement (930-1050) : retour au manuscrit »,Le roi de France et son royaume autour de l'an mil, Picard, Paris, 1992,p. 65-72.
MichelSot, « Les élévations royales de 888 à 987 dans l'historiographie duXe siècle »,Religion et culture autour de l'an Mil, Paris, Picard,,p. 145-150.
Thomas G. Waldman, « Saint-Denis et les premiers Capétiens »,Religion et culture autour de l'an Mil, Picard, Paris, 1992,p. 191-197.
Karl Ferdinand Werner, « Les Robertiens »,Le roi de France et son royaume autour de l'an mil, Picard, Paris, 1992,p. 15-26.
↑Dans ses écrits, la principale source de la fin duXe siècle,Richer de Reims, proche du pouvoir ottonien avait laissé entendre qu'Hugues Capet descendait du saxonWidukind afin de flatter les empereurs germaniques (revanche contre les Carolingiens)[10],[11],[12].
↑D'ailleurs, chaque abbé laïc portait par tradition unechape ou cape sur le dos. Il semble que ce soitAdémar de Chabannes qui, le premier, parle de « roi à la chape » dans sa chronique vers 1030[14].
↑Certains historiens prétendent que Charles le Simple a été le premier roi de Francie (et non deFrancia occidentalis), d'autres préfèrent Lothaire[22].
↑Ce laps de temps entre la mort de Hugues le Grand (956) et l'action de Lothaire en faveur de Hugues Capet (960) semble avoir été voulu par Brunon de Cologne qui souhaitait peut-être laisser une longueur d'avance à Lothaire[48].
↑Cette tradition rompt catégoriquement avec la vieille coutume franque qui consistait à partager le domaine paternel entre chacun de ses héritiers mâles (par exempleClovis ouLouis le Pieux)[49].
↑Dans uneécole cathédrale, l'écolâtre est le clerc qui est responsable de l'enseignement. Gerbert d'Aurillac deviendra pape sous le nom de Sylvestre II en999.
↑Richer date l'événement en 981. On ignore qui étaient les grands seigneurs du royaume présents lors de la cérémonie[58].
↑Il semblerait que le choix de Noyon fasse référence au couronnement de Charlemagne en 768 afin de légitimer le nouveau roi aux yeux des partisans carolingiens. Quant à Reims, il s'agirait d'une marque de reconnaissance à l'égard d'Adalbéron puisque la tradition du sacre à Reims n'est pas encore établie[81].
↑Le mouvement de la Paix de Dieu, au temps de Hugues Capet, n'a touché que la moitié sud du royaume. Par conséquent,Adalbéron de Laon (qui était lui-même opposé à l'idée de Paix de Dieu) est surtout critiqué au sud d'Orléans[92].
↑« (…) nous n'avons vu qu'un homme faible, incertain, n'osant faire un pas sans demander conseil, et dont la prudence dégénérait en pusillanimité[101]. ».
↑Yves Sassier prétend que le roi serait mort entre le 22 et le[3].
↑En 1839, dans la première édition contemporaine de lachroniquelatine deRicher de Reims, l'historien allemandGeorg Heinrich Pertz avance que le vocable « Les Juifs » désigne les médecins de Hugues Capet. Plusieurs auteurs (dontFerdinand Lot[108]) adoptent ensuite l'interprétation de Pertz mais l'attribuent à Richer lui-même, tout en prêtant au moine rémois des sentimentsantijudaïques. En 1957, l'historienBernhard Blumenkranz établit que Richer ne mentionne rien de tel puisque « Les Juifs » se réfère uniquement à la toponymie de la dernière demeure du souverain[109],[110].
↑Hugues Capet fréquente les palais de Senlis et de Compiègne, mais il en possède d'autres[118].
↑Cette tradition sera reprise jusqu'à Philippe Auguste à la fin duXIIe siècle[120].
↑Ce manteau était porté par les empereurs germaniques, par exemple Henri II, à partir de 1002.
↑Monique Depraetère-Dargery (dir.),L’Île-de-France médiévale,t. 2,L'amour de Dieu - La vie de château - Images de la ville, 2001 : « Dourdan. La ville natale supposée d'Hugues Capet […] » Son pèreHugues le Grand est mort auchâteau de Dourdan le.
↑Obituaires de Sens,TomeI.1, Abbaye de Saint-Denis,p. 329.[1].
↑Les langues d'Europe : le français au cœur des langues d'Europe : l'espéranto au cœur des langues d'Europe, Raymond Guéguen, Edilivre, 2007,186 pages,p. 47].
↑« Le roi Robert, arrivé à l'âge de sa dix-neuvième année, dans la fleur de sa jeunesse, répudia, parce qu'elle était trop vieille, sa femme Suzanne, Italienne de nation » Richer de Reims,Histoire,IV.
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