Le bourg de Huelgoat est située à une altitude de 175 mètres, au fond la vallée de la Rivière d'Argent, un affluent de l'Aulne qui prend sa source dans lesMonts d'Arrée tout proches.
Le massif granitique de Huelgoat[3] est situé au nord-ouest dubassin de Châteaulin-Carhaix qui correspond à la terminaison occidentale dusynclinorium médian armoricain. Au niveau de la bordure de cesynclinorium, la région d'Huelgoat forme, au sein d'unanticlinal, un affleurement granitique dû à l'érosion des anciens terrains sédimentaires qui le recouvraient. Géologiquement, legranite àcordiérite caractéristique de la région du Huelgoat[4] est uneroche plutonique : sa mise en place suggère une montée diapirique unique (à la manière d'une montgolfière) datant de l'orogénèsehercynienne de trois unités granitiques qui se sont différenciées en profondeur, d'où la formation de trois unités concentriques : granite du Cloître (granite gris-bleuté à grain moyen, caractérisé par la présence de feldspathsporphyroïdes disséminés et de cordiérite bleu-violet sporadique[Note 1]), granite de Huelgoat s.s. (monzograniteporphyroïde[Note 2] à biotite et cordiérite[Note 3]), granite de La Feuillée (monzogranite grossier, àbiotite, passant vers l'est au niveau deBerrien à un granite à deuxmicas[Note 4]). Ces unités sont recoupées par des filons deleucogranites. Lemagma est remonté jusqu'à trois ou quatre kilomètres de profondeur où il s'est refroidi à travers les couches (roches sédimentaires)dévoniennes qui ont cristallisé dans le cadre d'unmétamorphisme de contact[5],[Note 5] (schistes à cristaux d'andalousite) entraînant desminéralisations post-magmatiques desulfures d'argent, de plomb et d'autres métaux, d'où les exploitations minières des siècles passés[6].
"Musée de l'Amiral" àPenhors : galène trouvée au Huelgoat.
Lescouches sédimentaires recouvrant le granite à l'ère secondaire et à l'ère tertiaire ont été érodées, permettant au granite de se rapprocher de la surface puis d'affleurer tout en subissant des pressions moindres, donc en se dilatant, d'où la formation dediaclases permettant à l'eau de s'infiltrer dans ces fissures de la roche. AuMiocène et auPliocène (ère tertiaire), facilitée par le climat tropical humide qui régnait alors dans la région, l'eau a altéré le granite le long des diaclases provoquant unearénisation alors que le reste du granite restait non attaqué (désagrégation du granite en boule). Au Quaternaire, lors des époques glaciaires froides et humides, descoulées de boue (coulées desolifluxion) ont emporté la majeure partie de l'arène granitique ; seuls les blocs de granite sain sont restés en place, entraînant la formation deschaos granitiques qui font tout le pittoresque de la région[6].
« On ne parle pas de Huelgoat sans parler de ses rochers. Ah ! il y en a ! de toutes les tailles, de toutes les formes. Dans la forêt, dans les champs, dans les prés, dans les rivières; sur les hauteurs, dans la vallée; isolés, par tas ! À tous les pas, on les rencontre. (...) La légende dit que ce semis titanesque est l'œuvre deGargantua. »
— A. Nora, La vie au patronage, Organisation catholique des œuvres de jeunesse[9]
Le lac d'Huelgoat vu de sa rive nord-ouest ; à l'arrière-plan, la ville d'Huelgoat.
Lechaos rocheux de la vallée du Fao (ou « Rivière d'Argent »), menacé auXIXe siècle sous l'action des tailleurs de pierre, a été sauvegardé sous la pression de la population locale, à partir de 1895.« On voit à St.-Guinés une pierre de 18 à 20 pieds de diamètre ; l'eau de pluie, sans cesse agitée par le vent, l'a creusée à 8 pouces de profondeur sur une largeur de 4 pieds : l'eau renfermée dans le bassin guérit toute espèce de maux, les maladies de la peau sur-tout : on la boit, on s'en lave, on voudroit s'y baigner. Le tronc qui l'avoisine, étoit toujours rempli[10] ». Le rocher de Saint-Guinec sur la commune du Huelgoat aujourd'hui fut rayé des cartes par les carriers dans les années d'après guerre[11]. Même la « Roche tremblante » a failli disparaître[12] sous l'action des carriers[13]. Elle tremble vraiment, la grosse pierre de Huelgoat. Cette masse de137 tonnes située en pleine forêt vacille facilement. Un indice : le point de contact est bas[14].
Dans lesannées 1930, environ150 tailleurs de pierre (« piker mein ») travaillaient dans les carrières du Huelgoat, une partie des carriers étant d'origine italienne[17]. Vers 1970, c'était encore la principale activité économique de la ville. La carrière de Coat-Guinec reste la principale exploitation encore en activité[18].
La commune est située dans lebassin Loire-Bretagne. Elle est drainée par le Fao, le ruisseau Dour Yvonnic[21] et divers autres petits cours d'eau[22],[Carte 1].
LeFao, d'une longueur de18 km, prend sa source dans la commune deLa Feuillée et se jette dans l'Aulne àPoullaouen, après avoir traverséquatre communes[23].
Plusieurs études ont été menées afin de caractériser les types climatiques auxquels est exposé le territoire national. Les zonages obtenus diffèrent selon les méthodes utilisées, la nature et le nombre des paramètres pris en compte, le maillage territorial des données et la période de référence. En 2010, le climat de la commune était ainsi de typeclimat océanique franc, selon une étude duCentre national de la recherche scientifique (CNRS) s'appuyant sur une méthode combinant données climatiques et facteurs de milieu (topographie, occupation des sols, etc.) et des données couvrant lapériode 1971-2000[25]. En 2020, le climat prédominant est classé Cfb, selon laclassification de Köppen-Geiger, pour la période 1988-2017, à savoir un climat tempéré à été frais sans saison sèche[26]. Par ailleursMétéo-France publie en 2020 une nouvelle typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique[27]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral doux », exposée à un climat venté avec des étés cléments[28]. Elle est en outre dans lazone H2a au titre de laréglementation environnementale 2020 des constructions neuves[29],[30].
Au, Huelgoat est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[34].Elle est située hors unité urbaine[35] et hors attraction des villes[36],[37].
Huelgoat est notéHuelquoet ouHuelcoyt en 1288,Uhelgoit en 1338,Chastel du Helquoit en 1373,Huelgoet en 1391 etUhelgoet en 1540, avant que la graphieHuelgoat ne devienne définitive[39]. La forme moderne de ce nom correspond au bretonUchel coed[40] ouuhel koad "bois élevé"[41], "haute forêt" ou "forêt du haut"[42](koad "bois, forêt"[43],uhel "haut"[44]).
L'ancien gué sur la Rivière d'Argent.Huelgoat : destruction d'unmenhir par des carriers pour en exploiter le granite vers 1900 (carte postale ND Photo).Le plan ducamp d'ArtusPorte naturelle duCamp d'Artus (passage étroit entre deux rochers).
Située au cœur de l'Armorique, la commune de Huelgoat ne dispose pas de preuves éclatantes d'une histoire de la plus haute époque. Très peu de recherches et de fouilles archéologiques sont intervenues pour éclairer le passé de la ville, sauf pour le camp d'Artus, fouillé en 1938 par Sir Christopher Wheeler.
Le « camp d'Artus »,oppidum celtique de typemurus gallicus[46], fut le plus important établissement, vaste de30 hectares, desOsismes, peuple gaulois. Il était situé à proximité immédiate de voies de communication importantes, créées ou réaménagées à la période romaine (voies gauloises puis romainesCarhaix (Vorgium)-L'Aber-Wrac'h (Tolente) et Carhaix (Vorgium)-Landerneau-Brest (Gesocribate). Le rempart principal est de typemurus gallicus tel que l'a décritJules César dansDe bello gallico, VII, 23. Une première phase d'occupation a concerné un camp exceptionnellement étendu, vaste d'une trentaine d'hectares. Dans un deuxième temps, la surface du camp a été réduite à sa partie nord où le rempart a été surélevé pour atteindre, voire dépasser,4 mètres de hauteur.
L'ossature du rempart principal est constituée par des poutres entrecroisées rendues solidaires à l'aide de tiges de fer. Ces poutres sont enfouies dans une masse de terre qui est maintenue, côté extérieur, par un mur de pierres dans lequel s'encastrent les poutres transversales, comme l'a décrit Jules César : « Tous les murs gaulois sont à peu près formés de cette façon : des poutres se croisant perpendiculairement sont posées (...) sur toute la longueur du mur. Elles sont séparées par un espace de2 pieds. Elles sont rendues solidaires entre elles et recouvertes par une masse de terre[47] ». Un réseau avancé de défenses complétait la protection du camp : talus, fossés, tours, portes étroites, ponts en bois, etc.
Le camp d'Artus continua à être occupé aux débuts de l'époque gallo-romaine, ce qui laisse penser que le territoire de Huelgoat fut fréquenté par les légions romaines, puis devint auhaut Moyen Âge une place-forte appelée château d'Artus, fortifiée par les comtes du Poher. La cité aurait été entourée alors de murailles[39].
De cette époque gauloise on notera le petit et discretLec'h cannelé i.e. à rainures longitudinales et présentant une cupule au sommet. Il est visible sur le bord du pont du moulin duChaos (à l'extrémité nord-est au pied de la céramique et de la plaque du sieur de Kervoac).
Le Castel Gibel (ou Guibel), qui domine le gouffre du Huelgoat, est probablement un ancienoppidum celte, transformé en château féodal au Moyen-Âge et probablement détruit parBertrand Duguesclin en 1373. Des restes de cette forteresse étaient encore visibles au début duXIXe siècle selon leChevalier de Fréminville. C'est à cet emplacement, dénommé désormais « Le Belvédère », queVictor Ségalen fut trouvé mort en 1919[49].
Au Moyen Âge, Huelgoat fut un carrefour entrean hent-meur (« la grande route », axe Lorient-Roscoff) etan hent ahes (« le chemin d'Ahes ») [Ahès est un nom ancien de Carhaix], axe ouest-est vers le centre de la Bretagne.
Beaucoup plus tard, la partie nord du camp d'Artus fut réutilisée pour la construction d'unemotte féodale.
LesGestes des saints de Redon, rédigés vers 869, rapportent la présence de deux ermites, Gerfred et Fidweten, dans les solitudes boisées de « Silva Wenoc », lieu identifié par les historiens comme étant le village de Coat-Guinec, dans l'actuelle commune du Huelgoat[50].
Au cours du Moyen Âge et des siècles qui suivirent, Huelgoat fait partie du territoire des ducs de Bretagne puis du royaume de France, partageant les aléas de ces états. Huelgoat fut longtemps un simple hameau de Plouenez (ou Ploumenez, la « paroisse de la montagne ») avant d'être une simple trève de la paroisse deBerrien. Le duc de Bretagne Jean II (1235-1309) fit construire un moulin (lemoulin du chaos est construit en 1339 et est possession ducale, puis royale[51]) et une prison au Huelgoat[52].
Huelgoat est depuis longtemps un lieu réputé pour ses foires et marchés. Dès 1250 environ, les ducs de Bretagne transférèrent à cet endroit les droits de foire détenus jusqu'alors par les moines de l'abbaye du Relec, ce qui provoqua l'essor de la localité : « Huelgoat e m'eus guelet e coal, ha goude-se e prad. Breman velan anezhi eur guer vrao a varc'had » (« J'ai vu Huelgoat en forêt, plus tard en prairie, je le vois maintenant devenu une belle ville de marché » (paroles attribuées à Isaac Laquedem (Juif errant) qui serait passé à trois reprises au Huelgoat)).
Le Moulin du chaos existait déjà en 1339, connu alors sous le nom de « Moulin du Duc »[53].
L'existence d'un château au Huelgoat auXIVe siècle est attestée par plusieurs documents : par exemple en 1373 le connétableBertrand Du Guesclin rend une ordonnance nommant Guillaume de Kermartin gouverneur du dit château[54] et autorise l'installation d'une garnison de 20 lances auchasteau deHuelcoît[45]. Huelgoat a même été un temps siège desénéchaussée puisque celle-ci est supprimée par le roi Charles IX par desLettres patentes données à Blois le 29 mars 1564[55], en même temps que celle de Landeleau au bénéfice de la juridiction de Châteauneuf-du-Faou, des audiences (plaids généraux) se tenant toutefois dans les trois lieux jusqu'en 1790. La cité semble avoir connu un certain déclin auxXVIe et XVIIe siècles.
La forêt du Huelgoat était à l'époque très étendue : dans une ordonnance rendue le 12 mai 1545, le roiFrançois Ier dit que« la coupe en sera faite en cinquante fois différentes »[56].
En 1640, une épidémie sévit au Huelgoat ; les officiers de justice ordonnent au sergent de ville« de faire tuer dans les vingt-quatre heures les chiens, pourceaux, et de nettoyer les rues, à peine de 100 livres d'amende »[57].
Les mines de plomb argentifère d'Huelgoat,Locmaria-Berrien etPoullaouen ont été exploitées probablement dès l'âge du bronze, puis par les Romains[59], mais surtout à partir duXVe siècle (Roch Le Baillif s'extasie en 1578 dans leDémostérion devant « les richesses minières du Vuelgoat [Huelgoat] que jadis nos Princes firent ménager et ouvrir »)[60]. L'étang ou lac du Huelgoat, vaste de15 hectares, fut créé dès leXVIe siècle pour servir de retenue d'eau pour les besoins de la mine deLocmaria-Berrien par un Allemand originaire de Saxe, Koenig. La digue a été renforcée entre 1720 et 1724[61], la compagnie minière devient aussi propriétaire dumoulin du chaos.
En 1732 la "Compagnie des mines de Basse-Bretagne" (la concession date de 1728) est créée au Huelgoat par un négociant morlaisien, François-Joseph Guillotou de Kerver[62].
La commune du Huelgoat est créée en 1790, accédant en même temps au statut de chef-lieu de canton, en dépit des protestations deBerrien, et devient siège de paroisse par la loi du 12 septembre 1791[66], Berrien en devenant une simple succursale avant d'en être totalement détachée en 1801.
Huelgoat et la mine de plomb argentifère décrits en 1834 et 1843
LeChevalier de Fréminville écrit que « la mine deplomb argentifère du Huelgoët consiste en un filon fort riche qui se dirige du nord au sud dans une gangue degneiss (...). Le principal minerai consiste en plomb sulfuré ougalène à grandes et à petites facettes ; c'est le minerai de cette dernière variété qui renferme le plus d'argent. (...) Les minéralogistes apprendront en outre avec intérêt que cette mine contient aussi de beaux échantillons deplomb carbonaté,phosphaté,arséniaté etchloraté »[67].
Il écrit aussi que « la mine, en pleine exploitation, se trouve à un fort quart delieue du bourg ; on y arrive par un chemin des plus agréables pratiqué sur le versant du vallon. Ce chemin, bien entretenu, est ombragé de frais bocages et bordé dans toute sa longueur par un ruisseau d'eau vive[en fait un canal] qui va mettre en mouvement les machines nombreuses employées à l'exploitation du minerai »[67].
La mine de plomb argentifère à la fin duXIXe siècle.Le canal de la mine.Huelgoat en 1867 (dessin deFélix Benoist).
Auguste Brizeux a visité les mines en septembre 1834 : « Je suis descendu dans ces voûtes, j'ai entendu au-dessus de moi, à mes côtés, le bruit des marteaux. Après bien des détours, des échelles, des trappes, j'arrivai et je trouvai un pauvre homme accroupi, frappant sans relâche contre cette dure terre pour quelques parcelles d'argent dont il n'emportera rien... Puis c'étaient de petits enfants qui brouettaient sans cesse, dans cette affreuse obscurité. Ah ! Que mon cœur s'est fendu. Oui, j'ai été tenté de maudire[68].
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Huelgoat en 1843 :
Les croyances superstitieuses étaient répandues, comme en témoigne Frank Davies[74] vers 1854 : « Une pauvre gamine de six ans de la région d'Huelgoat avait reçu de ses parents, comme c'était la coutume dans cette contrée, la garde d'un petit mouton noir. (...) Elle disparut et les paysans firent d'actives battues pendant des jours (...) et en arrivèrent à conclure que c'était leloup-garou. Six semaines s'étaient passées quand un charbonner la retrouva. Elle avait en fait poursuivi unloup qui emportait son mouton »[75].
Depuis la décennie 1870 les blocs erratiques par semant les abords de l'actuel chaos étaient intensément exploités (même la "pierre branlante" faillit disparaître, elle conserve la trace d'une amorce de découpage), ce qui suscita l'indignation d'intellectuels commeAnatole Le Bras etVictor Segalen. Le conseil municipal décida le d'acheter un « lot de rochers » afin de les conserver comme "curiosités". Le site fut classé en 1907, ce qui mit fin à l' exploitation par les carriers[76].
Affiche touristique représentant Huelgoat dans la décennie 1920.L'Hôtel de France au Huelgoat vers 1920.
La pauvreté est longtemps restée très grande. En témoigne cette description d'une chaumière huelgoataine vers 1895 faite par la comédienne Gabriela Zapolska :« Nous arrivons dans un petit hameau aux petites maisons basses, construites en pierres naturelles et couvertes d'un toit de chaume. Leurs fenêtres minuscules laissent à peine entrer le jour. […] Madame ne parle pas français. […] Cette bretonne est très laide avec son costume noir et ses sabots remplis de paille, avec ses bas troués et sa coiffe. […] »[58]. En 1888, une épidémie de variole hémorragique touche tout le canton du Huelgoat.
André Mori écrit en1885 : Huelgoat « est une colonie anglaise. On n'y rencontre que clergymens boutonnés, touristes en culottes et en bas de laine,babies vêtus de rouge et vieillesladies munies d'albums. (...) La vie est d'un incroyable bon marché : de là l'invasion anglaise »[81]. André Hallays confirme vers 1910 :« Huelgoat est une colonie anglaise »[82].
Gustave Geffroy écrit en 1905 : « Huelgoat est un point magnifique de la Bretagne, dont la réputation est faite, bien faite, et trp faite, car dès l'arrivée ce ne sont qu'hôtels agencés à la mode des villégiatures. Je suis venu ici un temps où le chemin de fer de Morlaix à Carhaix etConcarneau n'existait pas encore, et je crois bien qu'il n'y avait dans ce temps-là qu'un seul hôtel (...). Le pays n'avait encore été découvert que par quelques peintres. Les temps sont changés. De chaque hôtel sortent en ce moment des hommes à longs cheveux, à vastes chapeaux, qui tient, sous leurs bras,chevalets, toiles, boîtes à couleurs (...) »[83].
Au milieu duXIXe siècle, le centre de la Bretagne et tout particulièrement la région du Huelgoat, constituaient un « bloc d'analphabétisme »[84]; en1860 on dénombre environ 60 % d'analphabètes enHaute-Bretagne, mais 73 % enBasse-Bretagne. « Très clairement, à cette époque, on n'attache aucune importance à l'école. D'une part, parce que l'école enseigne dans une langue étrangère, le français, et d'autre part, parce que malgré certaines évolutions du monde agricole dès 1850, les enfants sont censés reproduire les activités des parents, censés reprendre la ferme »[85]. « L'usage quasi-exclusif de la langue bretonne, la pauvreté des campagnes, la grande taille des communes, la voirie déficiente » furent longtemps défavorables à un essor de la scolarisation. « Avec un demi-siècle de retard sur certaines régions de France, le Centre-Bretagne frémit. Mais nombreux sont encore en 1900 ceux qui ne savent, pour n'être jamais allé à l'école ou pour ne la fréquenter que très épisodiquement, ni lire, ni écrire, ni compter »[86]. Même si la citation qui précède concerne en fait la région de Pontivy, elle est valable aussi pour la région du Huelgoat. L'essor de l'école républicaine auXXe siècle, illustré par des exemples tels que ceux du Huelgoat, deLa Feuillée, deScaër, etc. n'en est que plus remarquable.
En1874, un rapport de l'inspecteur primaire atteste l'existence d'une école communale de filles (70 inscrites), concurrente de l'école libre également existante. La concurrence entre les deux écoles était rude : un rapport de l'inspecteur primaire de la circonscription de Châteaulin en date du, évoquant une lettre deMme Pouliquen, alors directrice de l'école publique de filles d'Huelgoat dit :
« Je savais déjà que, sur un mot d'ordre parti de Saint-Brieuc, lescongréganistes avaient utilisé les vacances pour enlever le plus d'élèves possible aux écoles publiques : avances, cajoleries,menaces, terreur, influence du clergé et action des dévotes, tout a été mis en place dans ce but. (...) Nous n'avons donc, il me semble, à user d'aucun ménagement avec ces ennemis[87]. »
La concurrence entre l'école laïque et l'école religieuse était alors impitoyable. Paradoxalement, il semblerait que cette rivalité des établissements scolaires ait engendré une émulation fructueuse, finalement favorable à l'essor éducatif.
Les locaux étaient précaires ; lors de sa session d'août1880, un rapport du Conseil général du Finistère écrit :
« La commune d'Huelgoat ne possède actuellement qu'une maison d'école de garçons qui se trouve dans un état de délabrement complet et menace ruine. L'école des filles se tient dans une chambre louée à cet effet et qui peut être à chaque instant retenue par son propriétaire qui n'a pas voulu passer de bail avec la commune. »
Ce n'est qu'en1910 qu'une école publique des filles, disposant de six classes, est enfin construite au lieu-dit "le Pouly". L'école des garçons avait été construite bien avant. Mais les locaux de la nouvelle école des filles, qui comprennent un internat de 80 pensionnaires, laissent à désirer : l'école est dépourvue d'eau courante (« l'accès à l'eau est à500 mètres avec accès très pénible, (...) les deux dortoirs sans communication avec la maison d'habitation » de la directrice[88], « leur distribution est si mal conçue qu'il faut traverser une cour et un préau pour aller de ce logement à l'escalier de chaque dortoir »)[89]. En 1911, l'école publique des filles accueille 390 élèves, contre 39 quelques années avant ; en 1920, l'école accueille 286 filles et 24 garçons. L'inspecteur écrit dans son rapport cette année-là : « Mme Pouliquen combat énergiquement la concurrence de l'école privée »[87].
Les deux écoles publiques du Huelgoat sont lors de véritables « séminaires laïques », particulièrement l'école des filles sous la direction de Louise Priser qui en est la directrice entre 1955 et 1973 :
« Pour nous l'école, c'était l'ascenseur social, même si l'ascenseur n'est pas monté très haut. (...) Les filles des communes voisines venaient en sixième au pensionnat. AuCours complémentaire, il y avait une sixième, une cinquième, une quatrième, une troisième et une troisième spéciale pour préparer les concours administratifs, notamment le concours de l'École normale. Seules celles susceptibles de réussir se présentaient. Ce qui engendrait un taux de réussite extraordinaire évidemment. Mais il faut dire que nous étions studieuses ! À la fin de la troisième, on passait leBEPC. Certaines restaient ensuite en troisième spéciale où elles préparaient l'École normale ou le concours des postes? C'était la "prépa" de l'époque[90]. »
Dès1921, Huelgoat organise des « fêtes bretonnes » : lemaréchal Foch honore de sa présence la première édition[94], à laquelle participe aussi le ministre des travaux publicsYves Le Trocquer dont la réception est ainsi décrite :
« C'est dans cet aimable cadre que se sont déroulées les grandes fêtes bretonnes auxquelles ont participé les gars et les jeunes filles de Haute et de BasseCornouaille, deBigoudénie, du Bas et du HautLéon, dupays de Tréguier, et une foule immense de curieux et de touristes. (...) Dès l'aube, le vallon, la cité et la montagne furent en joie, choses et gens comme remplis d'allégresse, avec ronflement desbinious et aux accents stridents et étranges desbombardes. Jamais ministre ne connut de plus gracieuse ni de plus somptueuse réception (...). Précédé des joueurs de binious et de bombardes, et du cortège splendide des gars et des jeunes filles encostume breton, et encadré des robustes cavaliers chevauchant leurs réputésbidets bretons fleuris et enrubannés, le ministre entra parmi les acclamations et suivi par une foule qui dansait, électrisée, par lesgniengniengnien des binious, dans la bonne ville de Huelgoat[95]. »
Jean-Marie Plonéis a étudié la vie rurale dans le canton du Huelgoat à cette époque[96]. Pendant l'Entre-deux-guerres et encore dans l'immédiat Après Guerre, Huelgoat garde un rôle commercial important et est aussi, grâce à ses écoles, un ilot de francisation dans un environnement rural encore bretonnant :
« Huelgoat était considérée comme une petite ville. Il était de bon ton de parler français. Alors que dans les petits bourgs autour, on parlait breton. Les enfants de Scrignac ou d'ailleurs avaient déjà appris à parler français à l'école primaire. À Huelgoat, ça faisait paysan, ça faisait ploc de parler breton. On entendait parler breton uniquement le jour de la foire[97]. »
Louis-Jacques Lallouët est élu maireSFIO d'Huelgoat en 1919 ; mais comme il adhère dès 1920, ainsi que la plupart des membres de sonConseil municipal à laSFIC (qui devint par la suite leParti communiste français) dès sa création, Huelgoat a eu la première municipalité communiste... plusieurs mois avantDouarnenez qui revendique ce titre[99].
Au début de la décennie 1930, l'entreprise d'extraction de granite Loirat fit venir au Huelgoat 82 italiens de la région desDolomites pour la fourniture de pierres de granite destinées à la construction de l'École navale àBrest[100].
Les foires du Huelgoat étaient fréquentées : les vaches se rassemblaient place du Lac, et les chevaux près de la chapelle des Cieux »[101].
Charrette sur la place centrale d'Huelgoat pendant la Deuxième Guerre mondiale.Résistants de la région pendant la Deuxième Guerre mondiale.Char américain à Huelgoat en 1944.
Les troupes allemandes, venant de Morlaix, occupent Huelgoat le. Dans Huelgoat même, du côté allemand, se trouve un bataillon d'infanterie (deux compagnies à l'école libre des filles, une à l'école publique des filles, une disséminée en ville et à l'hôtel du Lac), appuyé dans le village de Kervinaouet, dominant la ville à 1 500 mètres [de distance], par une batterie de cinq canons de 77[102]. L'école publique des filles est partiellement transformée en prison, des barreaux fixés aux fenêtres.
Un important maquisFTP, animé au début par Fernand Jacq jusqu'à son arrestation en juillet 1941, se développe aux alentours d'Huelgoat, y compris dans des communes comme Berrien et Poullaouen. « En 1943, la plupart des jeunes et des moins jeunes étaient résistants, et s'ils n'étaient pas résistants, ils soutenaient la résistance »[103]. Legénéral Ramcke lui-même, le chef des parachutistes allemands basés à Brest, a écrit : « Le point névralgique était près d'Huelgoat. Il y avait là dans les forêts épaisses, un des plus grands maquis de Bretagne »[104]. Trois résistants, Pierre Ruelen, Jean Volant et Émile Berthou, sont fusillés par les Allemands dans la forêt d'Huelgoat le.
René Postollec, franc-tireur partisan dans la compagnie du docteur Jacq, témoigne : « Avec mon frère, dès 1942, nous entrons dans la résistance active. Embuscades contre des ennemis isolés, récupération d'armes, vol de cette machine à écrire à lakommandantur d'Huelgoat qui nous permet d'éditer des tracts anti-Allemands. Nous n'en restons pas là : création du maquis de Trédudon, puis de celui dePlonévez-du-Faou avec Marcel Lozach, réception de parachutages sur le terrainFramboise àBolazec et enfin suppression demiliciens de la Spac à la solde de laGestapo »[105].
Le maquis de Beurc'h Coat, à l'est du bourg deBerrien, dans la forêt du Huelgoat, commandé par le capitaine Georges (Yves Rousvoal), dépendait du réseauLibé-Nord et fut fort début 1944 de 630 hommes. Il participa notamment à la libération du Huelgoat le[106]. Paul Marzin[107], qui commandait une des compagnies, en parle dans son recueilLa forêt étoilée[108]. Une plaque située au pied du chêne de Lestrezec en Berrien commémore le souvenir de deux résistants membres de ce groupe, Jean-Marie Riou et André Créoff, tués lors d'un combat par les Allemands le[109].
Le, la6edivision blindée « Super-Six » des États-Unis, commandée par lemajor-général Grow[111], engagée dans l'opération Cobra, a pour but de prendreBrest au plus vite[110]. La division avance àmarche forcée au travers du nord de la Bretagne, ignorant les places fortes allemandes. Elle est divisée en six groupes (horséléments du train), dont deux groupes de combat (Combat Command A et B) et un de réserve (Reserve Command[112]. Arrivant par l'est de Huelgoat, leCombat Command A (CCA) et leReserve Command (Res Comd) vont être engagés à la libération de la ville[113].
Le groupe CCA (6bataillons), parti deGourin le matin arrive sur la ville après avoir contourné la place forte deCarhaix et être passé parLandeleau etPlouyé[113]. Un groupe de reconnaissance arrive en premier en ville, vers 11h30, alors que seuls quelques Allemands y sont[113]. Ce groupe, mené par le général Grow, est composé d'une jeep, d'unhalf-track et de deux chars ; il disperse rapidement deux troupes de soldats allemands[114]. Un FFI est blessé, probablement par un tir ami[114]. Le groupe passe la ville et part vers l'ouest, où il rencontre le groupe d'artillerie allemand[113] situé à Kervinaouët[102].
Monument commémoratif en l'honneur des résistants fusillés en 1944.
« Le, vers 15 heures, le premier char entre dans la ville. Passant la chicane de la Rue des Cieux à hauteur de la chapelle, le premier char Sherman du68e tank bataillon guidé par quelquesFFI continue sa marche. Au carrefour, il tourne à gauche, canonne lakommandantur et mitraille une traction avant. Les chars et les half-tracks transportant l'infanterie du44e bataillon investissent la ville[116]. »
Le groupeRes Comd (6bataillons), parti deGouarec en début d'après-midi, passe par Poullaouen où il subit une escarmouche durant deux heures, qu'il repousse vers Huelgoat[110]. En fin d'après-midi, le groupe se dirige vers Huelgoat par la route de Poullaouen[113],[Note 8]. Or la route, dans undéfilé, été soigneusement miné et barré de rochers[110] : le groupe subit alors des tirs d'armes légères et de mortiers de la part d'un groupe estimé à 200 hommes. Du fait de la configuration des lieux, aucun tank ne peut être déployé et ce sont les unités d'infanterie du groupe qui sont mises à contribution[113]. Lors du combat, le groupe démine la route par des tirs et détruit un important dépôt de munitions dans la forêt[113].
L'action des deux groupes de la6e division n'est pas coordonnée, les uns ignorant la position des autres. Une communication radio est établie et les deux groupes, qui attaquaient le même ennemi, s'organisent par le biais duCombat Command Commander (l'état-major de combat)[113], présent avec CCA[110]. Le CCA se déploie au sud de la ville alors queRes Comd se regroupe en position défense sur les hauteurs à l'entrée du défilé, amenant alors à la victoire[113].
Le premier dimanche d'août 1944, deux prisonniers allemands conduits par des résistants sur le terrain des sports de Berrien et qui allaient être exécutés furent sauvés parJean Marin, revenu de Londres avec les Américains, qui ordonna de suspendre l'exécution, faisant valoir que si les Allemands s'étaient conduits en barbares, ce n'était pas une raison pour les imiter[119] !
Les forces allemandes restantes se replient vers Morlaix[120]. Le groupe CCA s'installe dans des hameaux dela Feuillée pour la nuit : le commandement s'installe à Kerbran[113], les troupes se regroupant à Kerberou[121]. Durant la nuit, une patrouille allemande harcèle le campement d'une compagnie en leur jetant des grenades[115]. Le premier peloton de reconnaissance du603eTank Destroyer Battalion, passe la nuit près de Huelgoat, dormant dans des trous[122]. Le groupeCombat Command B (6bataillons également) a ignoré Huelgoat : il passe au nord de la ville, allant directement versLe Cloître (Saint-Thégonnec)[113] où il se regroupe la nuit du 5 au 6 août après un combat[110].
Le 6 août 1944, trois groupes reprennent leur route vers Brest, au nord-ouest.Res Comd, resté en arrière sur Poullaouen, reprend sa marche en suivant la route de CCB, en passant par Huelgoat[123] au petit matin, où ils subissent un court feu de mortiers[122]. Le groupe D de reconnaissance du CCA, parti quelques jours plut tôt en reconnaissance surChâteauneuf-du-Faou et ayant perdu son chemin, passe à quatre kilomètres à l'ouest de Huelgoat où il est ravitaillé par les FFI puis recolle au train[120].
Le, le corps de Georges Le Scraigne, tué par les Allemands d'une balle dans la tête, est découvert sous un tas de paille dans le village de Kervinaouet[117].
« Après la libération de la ville, on trouva deux cadavres de résistants, sommairement enterrés allée Violette ; ils avaient été torturés à l'école des filles toute proche, occupée alors par les Allemands. Des gens se souviennent avoir entendus des hurlements » témoigne Paul Marzin, un résistant huelgoatin, en 1994[119].
Pendant la décennie 1950, le granit bleu du Huelgoat servit à la reconstruction deBrest, notamment pour le nouveau bâtiment de laPréfecture maritime[100].
En 1957, dans ledoyenné d'Huelgoat, selon une enquête faîte sous la direction duchanoine Boulard, moins de 4 % des hommes et de 14 % des femmes allaient à lamesse régulièrement ; leparti communiste obtint dans lecanton d'Huelgoat 53 % des voix en 1956 et en 1958[126].
Les écoles de garçons et de filles du Huelgoat, ainsi que lecours complémentaire, ont longtemps été réputées pour leur excellence et ont formé entre autres de nombreux futurs fonctionnaires, notamment des enseignants, dans les décennies d'après-guerre. « Beaucoup passaient des concours, le concours des postes, et le concours de l'École normale surtout. Beaucoup entraient à l'École normale, huit ou neuf de l'école du Pouly chaque année. Ces petites filles avaient un bon niveau. Elles venaient surtout du monde paysan ; il y avait quelques filles de commerçants, mais elles n'étaient pas nombreuses. (...). Peu de parents possédaient une voiture. Beaucoup venaient en taxi. Elles étaient tellement nombreuses qu'il n'y avait pas assez de places dans les dortoirs. Alors on leur prenait une chambre en ville. Elle avait bonne réputation notre école » témoigne Louise Priser[127], directrice de l'école des filles de 1955 à 1973. Son mari,Louis Priser, dirigeait l'école des garçons et était aussi écrivain.
Selon Marie Dubois, directrice de l'Office national des forêts en Bretagne, à la suite de laTempête Ciarán de 2023, « en forêt du Huelgoat, ce sont 15 000 m³ dechablis (arbres déracinés) qui ont été recensés»[128].Les dégâts sont toutefois nettement moindres que ceux de la tempête de 1987 où c'est 900 000 m3 d'arbres qui avaient été jetés à terre[129].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[130]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[131].
En 2022, la commune comptait 1 420 habitants[Note 9], en évolution de −4,7 % par rapport à 2016 (Finistère : +2,16 %,France horsMayotte : +2,11 %).
L'indépendance communale acquise tardivement (Huelgoat n'était antérieurement qu'une trève de la paroisse de Berrien) et la promotion immédiate au statut de chef-lieu de canton ont favorisé la croissance démographique continue de la commune tout au long duXIXe siècle et même, si l'on excepte le déclin temporaire dû à la Première Guerre mondiale, jusqu'en 1931, année d'un premier maximum démographique. La population a plus que doublé en un siècle. Le rôle administratif de la ville, son attractivité commerciale, y compris les foires et marchés, son essor touristique, expliquent cette augmentation de population.
De 1931 à 1968, la population évolue en dents de scie, reste presque stable globalement, le maximum absolu étant toutefois atteint en 1968 avec 2 456 habitants. Depuis 1968, le déclin économique de la ville, qui a perdu l'essentiel de son attractivité commerciale et touristique, s'accompagne d'un net déclin démographique continu, Huelgoat perdant 834 habitants en 41 ans, soit plus du tiers de sa population (-34 %). Entre 1999 et 2007[134], le taux de natalité est de 6,8 pour mille alors que le taux de mortalité est de 29 pour mille, d'où un très importantdéficit naturel qui va croissant (-2,2 % l'an entre 1999 et 2006). De 1998 à 2007, Huelgoat a connu en 10 ans 108 naissances pour 478 décès ! L'existence d'un important établissement hébergeant des personnes âgées perturbe toutefois les statistiques et explique aussi pour partie que 47,7 % des femmes et 31,9 % des hommes habitant la commune soient en 2007[134] âgés de 65 ans et plus.
L'Argoat est devenu attractif pour la population d'origine britannique (du moins avant leBrexit) : selon l'INSEE, en 2016, les cinqbassins de vie bretons où la part de la population de nationalité anglaise étaient les plus nombreux étaient dans l'ordre ceux deCallac (7,8 %), Huelgoat (6,8 %),Guémené-sur-Scorff (5,1 %),Rostrenen (4,7 %) etMerdrignac (3 %)[135], en partie à cause de la modicité des prix de l'immobilier en Bretagne intérieure.
Blason du Huelgoat : De gueules au cerf passant d'or, au chef ondé de sinople soutenu aussi d'or, chargé d'une moucheture d'hermine accostée de deux carpes posées en face et affrontées, le tout aussi d'or. Officiel : déposé en préfecture le. Blason présenté sur le site de l'office de tourisme de la commune[136]. Concepteur : Bernard Le Brun
La vocation touristique de Huelgoat ne date pas d'hier ; les Anglais, les premiers, y viennent nombreux au début du siècle dernier, attirés par la beauté naturelle du site[réf. souhaitée] : forêt légendaire, dernier vestige occidental,peut-être[Selon qui ?], de l'antiqueBrocéliande,chaos de rochers fantastiques, lieux archéologiques, lac, rivières poissonneuses[réf. souhaitée], etc.
Charles Le Goffic (1863-1932), dansCroc d'Argent[156], roman d'Huelgoat et de sa forêt, écrit :
« (...) Huelgoat! Sources, ruisseaux, torrents, forêts sacrées,(...) Huelgoat! Huelgoat! Sur la bruyère desséchée,
Lorsque le vent d'hiver menait sa chevauchée,
Tout l'horizon, de Lopéret à Ruguellou,
Se rebroussait comme une immense peau de loup.
(...) Huelgoat! Le Camp Romain, le Chaos, les menhirs.
J'entends bruire en moi l'essaim des souvenirs,
J'évoque saint Herbot au pied de sa cascade, (...)
Huelgoat! Le soir descend sur la forêt. Tout bruit
La forêt d'Huelgoat, plantée principalement de chênes et de hêtres s'étend sur environ1 000 hectares ;forêt domaniale, elle a longtemps abrité des sabotiers[161] mais elle a été ravagée par l'ouragan d'octobre 1987 et abrite un remarquable chaos granitique dans la vallée de la Rivière d'Argent principalement et une série de sites naturels étranges ayant souvent fait naître légendes et contes :
La Roche tremblante vue du sud, d'au-dessus, du côté où on peut la faire bouger.
La mare aux sangliers.
Le chaos duMénage de la Vierge.
La Grotte d'Artus.
Le chaos de rochers.
Les Arbres du Monde au Huelgoat, anciennement l'Arboretum du Poërop, était à l'origine un jardin thérapeutique de l'hôpital, qui s'est transformé, sous l'action de son ancien directeur Jean Merret, en un arboretum paysager de22 hectares abritant arbustes et arbres menacés de quatre continents.
Coucher de soleil sur le lac d'Huelgoat
Le lac du Huelgoat, d'une superficie de15 hectares, se déverse dans laRivière d'Argent (qui doit son nom aux anciennes mines), alimentant le moulin du Chaos et le chaos granitique. Un canal long de trois kilomètres achemine une partie de l'eau jusqu'aux anciennes mines et alimente un ouvrage d'EDF[162].
Lalégende de sainte Victoire, ancienne patronne du Huelgoat : un bas-relief lui est consacré dans la chapelle Notre-Dame-des-Cieux et elle était encore vénérée lors du pardon de 1857[157] (un dragon vivait dans une grotte et empestait mortellement les environs ; il fut chassé grâce à sainte Victoire. Après son martyre, elle fut enterrée dans un tombeau dans cette même grotte du dragon).
Lalégende du Gargantua huelgoatin n'est qu'un plagiat d'une légende léonarde racontée parPaul Sébillot[163], écrit pour enjoliver les publications touristiques de laBelle Époque.
Vue panoramique du chaos de rochers.
LeChaos du moulin serait l'œuvre de Gargantua : le géant irascible aurait jeté là des blocs de pierre pour se venger du mauvais accueil des habitants du Huelgoat ; un peu plus en aval, le « trou du diable » s'enfonce sous les rochers dans le bruit assourdissant de la rivière d'Argent ; plus loin, le « gouffre de Dahut » est profond d'une dizaine de mètres : c'est là que la fille du roi Gradlon précipitait ses amants d'une nuit, ce gouffre étant relié par des souterrains à la ville d'Ys. Autre référence à la légende arthurienne : la « grotte d'Arthus » où le roi Arthur et quelques chevaliers fidèles seraient enterrés.
Le chaos du Huelgoat : une autre légende explique ainsi l'origine du chaos du Huelgoat : il résulterait d'une dispute entre les habitants des deux villages dePlouyé et du Huelgoat, les populations des deux villages se seraient battues à coups de pierres géantes, et faute de force suffisante, ces pierres seraient retombées à mi-chemin, d'où le chaos.
La légende de la grotte du diable : un révolutionnaire deBerrien s'y serait réfugié pour échapper auxChouans et aurait allumé un grand feu pour échapper au froid. Il aurait porté un chapeau orné de plumes rouges et tenu une fourche à la main lorsque les Chouans pénétrèrent dans la grotte. Ceux-ci auraient cru à l'apparition du diable et auraient pris la fuite en criant « Au diable !... ». La légende raconte que l'obscurité totale de la grotte égarerait les plus téméraires[164].
Stèle en mémoire de Victor Segalen au-dessus du gouffre à l'emplacement de son décès.
Victor Segalen (1878-1919), médecin de marine, grand voyageur, écrivain et poète, est mort le 21 mai 1919 dans la forêt du Huelgoat, tenant sonShakespeare à la main, sur un promontoire surplombant le gouffre. Il est enterré au cimetière d'Huelgoat. Au-dessus du gouffre se trouve une stèle commémorative à l'emplacement où il est décédé.
Jack Kerouac, écrivain américain dit de la 'Beat Generation', descendait d'un émigré de la région, Urbain-François Le Bihan de Kervoach, fils du notaire royal François-Joachim Le Bihan sieur de Kervoac, notaire royal à Huelgoat (1666-1727)[166], né à Huelgoat[167].
Fernand Jacq(br)[168], né àGranville (Manche) en 1908, surnommé « le médecin des pauvres » avant laSeconde Guerre mondiale, membre du parti communiste, conseiller municipal d'Huelgoat à partir de 1935, fut un résistant actif, l'un des organisateurs des premiers réseaux F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans) dans le Finistère ; il fut arrêté le 3 juillet 1941, détenu àChâteaubriant au camp de Choisel et fusillé par les Allemands, enreprésailles de l'exécution à Nantes du Feldkommandant Hotz en 1941 par des résistants communistes, le 15 décembre 1941 à l'âge de 32 ans dans une clairière du bois de Blisière[169] àJuigné-des-Moutiers près deChâteaubriant. Militant de la langue bretonne, il dispensa, durant sa captivité, des cours de breton pour les autres otages du camp et mit en place une chorale bretonne. Le chant patriotique breton « Bro gozh » fut entonné par ses camarades otages, avec L'Internationale en breton, lors de son exécution.
Alphonse Penven, originaire du village de Coatmocun, ancien député du Finistère, membre duParti communiste, a été maire du Huelgoat de 1945 à 1983.
Plusieurs films ont été tournés au Huelgoat. Parmi eux :
La cité d'Is (1970) deMichel Subiela (la grotte d'Artus y est l'ermitage de saint Guénolé, la cabane ducharbonnier aujourd'hui disparue le refuge de Ti-marc), la Mare aux Sangliers le lieu de rencontre entre Dahut et l'assemblée des druides ;
Éliane Faucont-Dumont et Georges Cadiou, Huelgoat - Chaos des merveilles, Locus Solus édition, 2015(ISBN978 2 36833 085 2) - guide patrimoine avec cartes.
↑Ce granite, connu sous le nom commercial de Bleu de Brennilis, Bleu Cristallin ou Cristal Blue, est utilisé pour les revêtements de chaussées, les aménagements urbains, les monuments et mobilier funéraires.
↑Ce granite de nuance blanc gris, livre une excellentepierre de taille et même des blocs pour pierres ornementales de grande dimension. La carrière de Roz Perez à Brennilis l'exploite encore.
↑Minéral gris sombre, à section rectangulaire, d'un à deux centimètres, caractérisé par de multiples et fins clivages perpendiculaires à son allongement.
↑Ce granite n'a fourni que des moellons grossiers.
↑Ce métamorphisme de contact entre le granite de Huelgoat et les formations encaissantes est visible sur le côté gauche la D 764 en direction de Poullaouen, à environ 1,5 km de Huelgoat. « À proximité immédiate du contact avec les schistes probablement, le granite porphyroïde à cordiérite passe progressivement à un granite aplitique blanchâtre, de quelques mètres de puissance, riche en muscovite. La zone de contact même est soulignée par une roche hybride, très riche en mica blanc, avec îlots résiduels de cornéennes. La cornéenne proprement dite est essentiellement constituée de petits grains de quartz, de très nombreux cristaux de biotite, d'andalousite automorphe à faciès chiastolite et de quelques plages amiboïdes de cordiérite (Conquéré) ». CfS. Durand et H. Lardeux,Bretagne, Masson,,p. 73.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑abc etdÉlianeFaucon-Dumont et GeorgeCadiou,Huelgoat et les Monts d'Arrée : les rebelles de la montagne, 37540-Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton,, 160 p.(ISBN978-2-84910-738-6).
↑EdmondMonange, « Les mines de Poullaouen et Huelgoat »,Kreiz Breizh,no 11,.
↑Auguste Brizeux, "Le tour du Finistère, cité parLouis Le Guennec," Le Finistère monumental", time "Morlaix et sa région", réédition Les Amis de Louis Le Guennec, 1979
↑John Kemp, "Chasse et pêche en Basse Bretagne", 1859, Les Éditions du bout du monde, réédition de 1986
↑Frank Davies, en fait révérend E.W.L. Davies, vint chasser deux années de suite en Bretagne, probablement en 1854 et 1855, mais ne publia ses souvenirs en anglais que vingt ans plus tard en 1875.
↑Frank Davies, "Chasse aux loups et autres chasses en Bretagne", éditions des Montagnes Noires, 2012,(ISBN978-2-919305-22-3).
↑a etbCité par Françoise Livinec et Chloé Batissou, "L'école des filles (1910-1920), 100 ans d'utopie", Françoise Livinec éditions, 2010 [(ISBN978-2-9530112-9-6)]
↑Lettre de l'Inspecteur d'Académie de Rennes, en résidence à Quimper, au Préfet du Finistère, en date du, citée par Françoise Livinec et Chloé Batissou, "L'école des filles (1910-1920), 100 ans d'utopie", Françoise Livinec éditions, 2010 [(ISBN978-2-9530112-9-6)]
↑Témoignage d'Yvette Hourmant, élève à l'école publique des filles d'Huelgoat entre 1948 et 1957, cité par Françoise Livinec et Chloé Batissou, "L'école des filles (1910-1920), 100 ans d'utopie", Françoise Livinec éditions, 2010 [(ISBN978-2-9530112-9-6)]
↑André Siegfried, Tableau politique de la France de l'Ouest, 1913, réédité Bibliothèque idéale des Sciences humaines, éditeur Sciences humaines, 2009
↑YvesLe Febvre,La Terre des prêtres, Le Guilvinec, éditions Le Signor,,2eéd..
↑Jean-Marie Plonéis, "Une autre lecture de l'histoire du monde rural. Le canton de Huelgoat, au cœur des monts d'Arrée", Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXIII, 1984
↑Yvette Hourmant, dans "L'école des filles (1910-1920), 100 ans d'utopie", par Françoise Livinec et Chloé Batissou, Françoise Livinec éditions, 2010 [(ISBN978-2-9530112-9-6)]
↑a etbD'après Auguste Jézéquel, président du Comité Local de Libération, dans leBulletin municipal, numéro spécial,août 1944
↑Témoignage de Jean-Marie Le Scraigne, cité dans Françoise Livinec et Chloé Batissou,L'école des filles (1910-1920), 100 ans d'utopie, Françoise Livinec éditions, 2010 [(ISBN978-2-9530112-9-6)]
↑Cité par Éliane Faucont-Dumont et Georges Cadiou,Huelgoat et les Monts d'Arrée. Les rebelles de la montagne, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2008
↑Témoignage de René Postollec, Musée Mémoires 39-45 à Plougonvelin.
↑a etbFrançois Mallégol,Orages de guerre sur l'Arrée, Skol Vreiz, 2008,(ISBN978-2-915623-10-9).
↑Paul Marzin, peintre et poète, né en 1906 à Brest, décédé en 1996
↑"L'arrivée des Américains au Huelgoat", d'après les souvenirs de Bill Zimmer, lettre à Georges Cadiou, cité dans "Huelgoat Infos", Bulletin municipal, numéro spécial "août 1944"
↑ab etcÉric Rondel, "Crimes nazis en Bretagne (septembre 1941 - août 1944), Astoure éditions, 2012, [(ISBN978-2-36428-032-8)]
↑"Crimes nazis lors de la libération de Huelgoat", dans Éric Rondel, "Crimes nazis en Bretagne (septembre 1941-août 1944)", éditions Astoure, 2012,(ISBN978-2-36428-032-8).
↑a etbLa Libération du Finistère : Huelgoat, Supplément à Ouest-France du 9 septembre 1994, Ouest-France,.
↑Battle Book, A Combat History of Headquarters and Headquarters Battery, Division Artillery 6th Armored Division -Itinéraire
↑Jean Rohou, "Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne)", éditions Dialogues, Brest, 2012,(ISBN978-2-918135-37-1).
↑Louise Priser, née Guilloux le 8 mars 1918 à Poullaouen.
↑Antoine Décléty, « Après Ciaran, une course contre-la-montre en forêt pour valoriser le bois »,JournalLe Télégramme,(lire en ligne, consulté le).
↑« Tempête Ciaran. Le bilan est lourd en forêt de Huelgoat : 10 000 m³ de bois détruits »,JournalOuest-France,(lire en ligne, consulté le).
↑Jean Eugène Le Rumeur, né le àMorlaix, mort le à Morlaix.
↑Jacques-Louis Lallouët (1890-1953) fut élu maire socialiste du Huelgoat en 1919, âgé de seulement 29 ans. Avocat franc-maçon, il adhère en 1920 au Parti communiste naissant et devint le premier maire communiste de Bretagne. Exclu du Parti communiste, il participa à la fondation duParti autonomiste breton en 1927. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il défendit ses anciens camarades communistes arrêtés par legouvernement de Vichy tout en étant requis comme interprète par laKommandantur locale et rédigea des tracts antivychistes sous le pseudonyme de Jacques Misère :; après la Seconde Guerre mondiale, vivant àBrest, il fit partie de la municipalité deVictor Le Gorgeu, voir Jean-Jacques Monnier, "Résistance et conscience bretonne", Yoran Embanner, 2007 [(ISBN978-2-916579-09-2)]
↑Corentin Le Floch, né le auTrévoux, mort le au Huelgoat.
↑Jean-François-Marie Le Dilasser, né le àPoullaouën, mort le au Huelgoat.